Physique – Partie D – Chapitre 14 : Ouverture au monde quantique
1. Le rayonnement du corps noir
En 1864, l’expérience de Tyndall montre que lorsque la
température d’un corps augmente, le rayonnement qu’il émet
s’enrichit en radiations de courtes longueurs d’onde (le spectre
s’enrichit en radiation plus proche des U.V.) et l’intensité des
radiations augmente considérablement.
Les physiciens de la fin du 19ème siècle ont donc étudié le
rayonnement d’un corps en élaborant un modèle. Ce modèle
est appelé modèle du corps noir. Un « corps noir » est un
objet qui absorbe toute l’énergie électromagnétique qui lui
parvient. Cette absorption d’énergie a pour effet d’augmenter
sa température. Lorsque l’énergie qu’un corps noir absorbe est
égale à celle qu’il émet sous forme de rayonnement, un état
d’équilibre thermique est atteint et sa température devient constante.
En 1900, Max Planck montre en appliquant les théories de l’époque qu’à haute température et pour les
faibles longueurs d’onde, l’énergie émise devrait tendre vers l’infinie : c’est la « catastrophe
ultraviolette ». Il élabore alors une nouvelle théorie, appelée « théorie des quanta » : cette théorie est en
parfaite adéquation avec les observations expérimentales, à la fois aux faibles et aux grandes longueurs
d’onde ! Elle repose sur l’hypothèse suivante : l’énergie que peut échanger un corps noir ne peut prendre
que des valeurs discrètes, c’est-à-dire des valeurs non continues, appelée quanta d’énergie.
2. L’effet photoélectrique
En 1887, Hertz conçoit l’expérience suivante : une lumière éclaire une plaque métallique. Dans certaines conditions, si
l’énergie apportée par la lumière est suffisante, on observe que la plaque métallique émet des électrons.
En théorie classique on suppose que si l’on apporte une énergie suffisante à la plaque métallique celle-ci doit émettre des
électrons, deux possibilités peuvent être envisagées pour apporter une énergie suffisante :
– On peut augmenter l’intensité de la lumière émise ;
– On peut diminuer la longueur d’onde de la lumière émise (les UV sont plus énergétiques que les IR).
L’expérience prouve que seule une diminution de la longueur d’onde permet d’arracher des électrons à la plaque
métallique. Les électrons ne sont émis par la plaque qu’en dessous d’une longueur d’onde caractéristique du métal.
La théorie classique ne permet donc pas de rendre compte de cet effet appelé effet photoélectrique.
Au début du 20ème siècle, on sait que la lumière est modélisable par une onde. Mais en 1905, Albert Einstein émet
l’hypothèse, pour expliquer l’effet photoélectrique, que la lumière est également modélisable par des corpuscules appelés
photon transportant chacun un « quantum » d’énergie proportionnelle à la fréquence de l’onde (donc inversement
proportionnelle à la longueur d’onde de l’onde) : si les quanta d’énergie sont suffisants alors les photons peuvent interagir
avec la matière et arracher des électrons au métal. Dans le cas contraire, même en augmentant l’intensité, c’est-à-dire le
nombre de photons atteignant par seconde une surface donnée, aucun électron ne peut être arraché car chaque photon ne
transporte pas un quantum d’énergie suffisant !
3. Quantification des échanges d’énergie : aspect historique
Dès 1900, Max Planck, cherchant à modéliser le rayonnement d’un corps noir émet l’hypothèse que l’énergie que peut
échanger un corps noir ne peut prendre que des valeurs discrètes, c’est-à-dire des valeurs non continues.
Il postule alors que le rayonnement électromagnétique est constitué de « quanta » d’énergie et que chaque
quantum d’énergie (un quantum… des quanta !) est proportionnel à la fréquence de l’onde
électromagnétique. Il détermine la valeur du coefficient de proportionnalité, noté h et appelé constante de
Planck (c’est une constante universelle) : h = 6,626.10–34 J.s
En 1905, Einstein postule pour sa part, pour expliquer l’effet photoélectrique, que chaque quantum
d’énergie possède des propriétés de particules sans masse. Il nomme ces particules des photons. L’énergie
transportée par un photon est donc E = h. (Il reçoit le prix Nobel en 1921 pour ces travaux).
Il n’en reste pas moins que la lumière conserve ses propriétés ondulatoires : interférence et diffraction le prouvent.
En 1923, le français Louis de Broglie (prononcer « de Breuil ») pressent que si une onde peut posséder un caractère
corpusculaire (photon) alors un corpuscule doit également posséder des propriétés ondulatoires. Son « intuition » est
confirmée par une célèbre expérience de diffraction des électrons (expérience de Davisson et Germer).
Ondes et corpuscules sont donc deux aspects complémentaires permettant de décrire matière et énergie.
Ainsi la lumière peut être modélisée par une onde (expérience de diffraction) et par un corpuscule (effet photoélectrique).
Il en va de même pour les électrons et par extension pour toutes particules subatomiques !
Annexe : Corps noir, effet photoélectrique. Quantification
Albert Einstein
1879–1955
Prix Nobel 1921
Max Planck
1858–1947
Prix Nobel 1918