Mémoire sur la réforme de l`assurance-emploi - Tourisme Côte-Nord

Mémoire sur la réforme de l’assurance-emploi
Présenté à la Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi
Préparé conjointement par les ATR de la Côte-Nord
Septembre 2013
Description de Tourisme Côte-Nord | Manicouagan et Tourisme Côte-Nord | Duplessis
Tourisme Côte-Nord|Manicouagan et Tourisme Côte-Nord|Duplessis sont des associations
touristiques régionales (ATR). Les associations touristiques régionales, dont la structure a été
reconnue officiellement par le gouvernement en avril 1979, sont des organismes privés sans but
lucratif et autonomes, créés par leur milieu régional et regroupant des membres provenant des
divers secteurs touristiques (hébergement, attraits, équipements touristiques, événements,
commerces et services divers).
Interlocuteurs régionaux privilégiés en matière de tourisme auprès du gouvernement du
Québec et de Tourisme Québec, Tourisme Côte-Nord|Manicouagan et Tourisme
Côte-Nord|Duplessis sont maîtres d'œuvre en matière de concertation régionale, en accueil, en
information, en signalisation, en promotion et en développement touristique sur le territoire
des deux régions touristiques de la Côte-Nord, soit Manicouagan et Duplessis.
Au Québec, on compte 22 ATR qui regroupent au total plus de 9 719 organisations et
entreprises, contribuant ainsi au développement et à la mise en valeur de l'industrie touristique
québécoise.
L’industrie touristique, essentielle à la Côte-Nord
Entre 2006 et 2010, le nombre de visites touristiques dans la région de la Côte-Nord a augmenté
de 13%, passant de 393 000 à 444 000
1
. Ces performances sont le résultat d’efforts titanesques
de l’industrie touristique à développer l’économie régionale. Composée d’entreprises privées,
d’organismes à but non lucratif et d’organisations de soutien économique, l’industrie touristique
contribue à employer de nombreux travailleurs. Selon l’Institut de la statistique du Québec, le
secteur de l’hébergement et de la restauration emploie à lui seul plus de 3 500 personnes dans
la région
2
.
C’est donc dire que l’industrie touristique joue un rôle crucial pour la Côte-Nord, où elle
contribue fortement à vitaliser les villes et villages, à développer un sentiment de fierté au sein
de la population, à bâtir une économie durable respectueuse de l’environnement et des
communautés et à engendrer des retombées économiques importantes pour le milieu. Selon
Tourisme Québec, les dépenses touristiques annuelles sur la Côte-Nord seraient de plus de
80M$.
1
Tourisme Québec et Statistiques Canada, Plan stratégique de développement et marketing de la Côte-Nord 2013-
2018, page 8, tableau 1. ATR Manicouagan, ATR Duplessis, CRÉ Côte-Nord, Tourisme Québec.
2
Institut de la statistique du Québec, Emploi par industrie, selon les secteurs du SCIAN¹, Côte-Nord et Nord-du-Québec
et ensemble du Québec, 2008-2012, [en ligne], consulté le 7 mai 2013,
http://www.stat.gouv.qc.ca/regions/profils/profil09/societe/marche_trav/indicat/tra_industrie09.htm
Étant une industrie saisonnière, la plus grande part des bénéfices du tourisme se concrétisent en
période estivale. Toutefois, de par la qualité de l’emploi qu’elle procure aux travailleurs et de
par son importance économique pour la région, l’industrie touristique contribue à la rétention
des travailleurs sur la Côte-Nord. Elle réussit entre autre ce tour de force grâce au régime
d’assurance-emploi, qui permet à ces travailleurs saisonniers de retourner au travail dès le
début de la saison. Cela assure à l’industrie des travailleurs compétents et qualifiés permettant
le déploiement de ce secteur économique névralgique pour certains territoires de notre région.
Les MRC de la Minganie et de la Haute-Côte-Nord sont effectivement des territoires
l’industrie touristique assure une grande part du développement économique et social.
La réforme, des inquiétudes réelles pour l’industrie touristique
Tant d’efforts sont consentis à développer l’industrie touristique sur la Côte-Nord qu’il va de soi
pour les deux ATR d’appuyer les revendications des entreprises et organisations touristiques de
la Côte-Nord vis-à-vis la réforme. En effet, nous sommes d’avis que la Côte-Nord a su diversifier
son économie et assurer une qualité de vie à sa population grâce au tourisme et aux autres
industries saisonnières. En ce sens, les préoccupations des employeurs face à la réforme nous
interpellent au plus haut point; la rareté de la main d’œuvre en tourisme, combinée aux
exigences de plus en plus complexes de la clientèle touristique, mettent déjà les employeurs
devant d’énormes défis à relever. Les restrictions prévues de l’assurance-emploi aux travailleurs
saisonniers ne feront qu’accentuer la pression sur ces entreprises déjà dans une situation pour
le moins précaire.
À cet égard, le Conseil de bande de la Première Nation des Innus Essipit est très éloquent. Dans
son mémoire qu’il a présenté à la Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi
(CNEAE), le Conseil affirme que le régime d’assurance-emploi a jusqu’ici contribué à ce que la
communauté puisse développer ses entreprises communautaires, dont le chiffre d’affaire
annuel dépasse 10 M$ et dont 54% des 184 emplois créés sont occupés par des Allochtones
3
. Ce
témoignage d’une communauté aussi dynamique sur le plan économique est inquiétant : avec
les restrictions appliquées au régime, tel que la diminution du nombre de semaines de
prestation pour les travailleurs saisonniers, la communauté craint de voir ses employés quitter
la région ou accepter de travailler à moindre salaire pour pouvoir demeurer dans leur milieu de
vie.
De son côté, l’Association québécoise de l’industrie touristique (AQIT) estime que ces membres,
présents dans toutes les régions du Québec, craignent également de voir partir leurs employés
et de connaître davantage de difficultés en terme de recrutement. Pour la compétitivité de
l’industrie touristique, l’AQIT affirme que les contraintes de recrutement nuisent au
développement et l’innovation, en forçant les propriétaires et investisseurs à assumer des
3
Conseil de la Première Nation des Innus Essipit, Pour une économie durable, Mémoire présenté à la
Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi, page 4.
ches d’opération alors qu’ils devraient pouvoir se concentrer sur le développement et la
promotion de leur entreprise.
Enfin, le témoignage que nous a livré un employé du réseau des lieux d’accueil de la Côte-Nord
n’est pas plus rassurant : « Auparavant, le gouvernement reconnaissait la situation économique
particulière de notre région et avait bonifié de cinq semaines, les prestations d’assurance emploi.
Ceci me permettait d’avoir un revenu en attendant le début de la prochaine saison touristique.
Quelques années plus tard, cette bonification a été abolie et le trou noir sans revenu au
printemps a été créé. La nouvelle réforme va accentuer ce fameux trou noir et occasionnera
beaucoup de problèmes financiers pour la majorité des travailleurs saisonniers. Du simple retard
dans les factures mensuelles et qui pourrait aller jusqu’à la perte de maison […] Je vais aussi
devoir devenir un menteur par ce que, si je mentionne à un employeur potentiel que j’adore mon
emploi touristique saisonnier et qu’au début juin je comptes-y retourner, c’est certain qu’il ne
m’engagera pas »
4
.
Des revendications qui font front commun
À l’instar de la coalition Action chômage Haute-Côte-Nord, du Conseil de bande de la Première
Nation des Innus Essipit et de l’Association québécoise de l’industrie touristique, les ATR de la
Côte-Nord formulent les demandes suivantes à la Commission nationale d’examen sur
l’assurance-emploi :
Recommander au gouvernement fédéral de tenir compte du caractère saisonnier de
l’économie de la Côte-Nord et d’y introduire des mesures transitoires et des projets-
pilotes en matière d’assurance-emploi;
Recommander au gouvernement fédéral de reconnaître un statut au travail saisonnier,
en faisant de ce statut un « travail convenable »;
Recommander au gouvernement fédéral d’implanter des mesures d’aide aux
infrastructures économiques de façon à soutenir le développement de l’industrie
touristique afin qu’elle soit en mesure de prolonger sa période d’exploitation et
contribuer à accroître le nombre d’emplois permanents;
Proposer au gouvernement du Québec d’adopter une charte de l’emploi saisonnier, afin
que l’industrie saisonnière puisse puiser sur des fondements solides afin de défendre
ses intérêts et celui des régions éloignées.
Pour la conclusion, peut-être devrions-nous revenir avec les impacts à court,
moyen et long terme. Peut-être faire le lien avec la contradiction entre cette
réforme et les investissements que Tourisme Québec effectue pour développer la
province et faire en sorte qu’on tire notre part du marché grandissant du
tourisme international. On ne peut arriver à un service de qualité, à la hauteur
des attentes, sans personnel compétent et récurant. Alternative?
4
Témoignage d’un employé du réseau d’accueil de la Côte-Nord livré à Tourisme Côte-Nord |
Manicouagan à l’été 2013. Pour des raisons de respect de la confidentialité, l’anonymat a été demandé.
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