dossier - Pratiques en Ophtalmologie

publicité
PRATIQUES EN
OPHTALMOLOGIE
R E V U E
D I D A C T I Q U E
M É D I C O - C H I R U R G I C A L E
juin-juillet 2011 • Volume 5 • n° 45 • 8 e
mise au point
point de vue
Injection d’acide
hyaluronique
Restauration des cavités
enophtalmes
Dr Pierre-Vincent Jacomet
Occlusions ­veineuses
r­ étiniennes ­œdémateuses
traitées
par Ozurdex®
Aspect SD-OCT
Dr Florence Coscas et al.
spécial cONGRès
Congrès de la Société française
d’Ophtalmologie (Paris, 7 -10 mai 2011)
Focus sur l’ARVO (Fort Lauderdale, Floride, 1-5 mai 2011)
d Actualités en strabologie pédiatrique (réunion de l’AFSOP)
d Rétine : injections intra-vitréennes, décollement de rétine, macula bombée
et œdème maculaire
d Cornée et surface oculaire : l’essentiel du congrès de l’ARVO
d Oculoplastie : cosmétologie et chirurgie péri-oculaire
d Glaucome : nouvelles voies diagnostiques et thérapeutiques
www.ophtalmologies.org
PRATIQUES EN
OPHTALMOLOGIE
R E V U E
D I D A C T I Q U E
M É D I C O - C H I R U R G I C A L E
• Directeur de la publication :
Dr Antoine Lolivier
• Chef du Service Rédaction : Odile Mathieu
• Rédactrice : Diana Alfonso
• Secrétaire de Rédaction : Annaïg Bévan
• Directrice de la production : Gracia Bejjani
• Assistante de Production : Cécile Jeannin
• Chef de Studio : Laurent Flin
•M
aquette et illustration :
Élodie Lecomte, Antoine Orry
• Chef de publicité : Emmanuelle Annasse
• Service Abonnements : Claire Lesaint
• I mpression : Imprimerie de Compiègne
60205 Compiègne
Rédacteur en chef
Dr Pierre-Vincent Jacomet (Paris)
Responsable editorial
Dr Michaël Assouline (Paris)
sommaire
www.ophtalmologies.org
Juin-Juillet 2011 • Vol. 5 • N° 45
n mise au point
Injection d’acide hyaluronique
Restauration des cavités énolphtalmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 134
Dr Pierre-Vincent Jacomet.
n DOSSIER spécial CONGRES SFO
n STRABOLOGIE
Actualités en strabologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 137
Dr Corinne Bok-Beaube
Comité de Rédaction
Dr Laurent Laloum (Paris)
(Conseiller éditorial de la rédaction)
Dr Cati Albou-Ganem (Paris),
Dr Corinne Bok-Beaube
Pr Antoine Brézin (Paris),
Dr Christine Brodaty (Paris),
Pr Alain Bron (Dijon),
Dr Catherine Favard (Paris),
Dr Eric Gabison (Paris),
Dr Jacques Laloum (Paris),
Dr Gérard Mimoun (Paris),
Dr Vincent Pierre-Kahn (Suresnes)
Comité scientifique
Pr Jean-Paul Adenis (Limoges),
Pr Christophe Baudouin (Paris),
Dr Yves Bokobza (Boulogne-Billancourt),
Dr Georges Caputo (Paris),
Dr Sylvie Chokron (Paris),
Pr Béatrice Cochener (Brest),
Dr Salomon-Yves Cohen (Paris),
Dr Howard Cohn (Paris), Pr Joseph Colin
(Bordeaux), Pr Gabriel Coscas (Créteil),
Dr Marie Delfour-Malecaze (Toulouse),
Pr Paul Dighiero (Poitiers),
Dr Serge Doan (Paris), Dr Olivier Gout
(Paris), Dr Jean-Claude Hache (Lille),
Pr Jean-François Korobelnik (Bordeaux),
Dr Yves Lachkar (Paris),
Dr Evelyne Le Blond (Grenoble),
Dr Dan Alexandre Lebuisson (Suresnes),
Pr Frédéric Mouriaux (Caen),
Pr Jean-Philippe Nordmann (Paris),
Dr Pascal Pietrini (Saint Herblain),
Pr José Sahel (Paris, Strasbourg),
Dr Monique Schaison (Paris),
Dr Eric Sellem (Lyon),
DrJean-Bernard Weiss (Paris)
Pratiques en Ophtalmologie
est une publication ©Expressions Santé SAS
2, rue de la Roquette
Passage du Cheval Blanc
Cour de Mai
75011 Paris
Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19
E-mail : [email protected]
Site : www. ophtalmologies.org
RCS Paris B 394 829 543
N° de Commission paritaire : 0314T88767
ISSN : 2106 – 9735
Mensuel : 10 numéros par an
Les articles de “Pratiques en Ophtalmologie” sont
publiés sous la responsabilité de leurs auteurs.
Toute reproduction, même partielle, sans
le consentement de l’auteur et de la revue, est illicite
et constituerait une contrefaçon sanctionnée
par les articles 425 et suivants du code pénal.
n rétine
Actualités en rétine chirurgicale et médicale.
Nouveautés à la SFO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 138
Dr Guillaume Leroux les Jardins
n rétine
La rétine médicale en direct de la SFO
Les injections intravitréennes dans notre pratique quotidienne. . . . p. 141
Dr Catherine Favard
n surface oculaire
Cornée et surface oculaire
Les nouveautés à l’ARVO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 147
Dr Eric Gabison, Dr Georges Azar
n Oculoplastie
Nouveautés en oculoplastie
Cosmétologie et chirurgie péri-oculaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 150
Dr Pierre-Vincent Jacomet
n glaucome
Glaucome à l’ARVO
Quoi de neuf en 2011? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 152
Dr Georges Azar, Dr Yves Lachkar
Glaucome à la SFO
Apport des dernières études . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 155
Dr Jacques Laloum
n point de vue
Occlusions veineuses rétiniennes œdémateuses traitées par Ozurdex®
Aspect SD-OCT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 158
Dr Florence Coscas, Pr Gabriel Coscas, Dr Agnès Glacet Bernard,
Dr Ilaria Zucchiatti, Pr Eric Souïed
n Rendez-vous de l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
n Bulletin d’abonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
p. 151
p. 154
www.ophtalmologies.org
Assemblé à ce numéro : 1 bulletin d’abonnement (4 pages).
Photos de couverture : © DR
mise au point
Injection d’acide hyaluronique
Restauration des cavités énophtalmes
Dr Pierre-Vincent Jacomet1
Introduction
Le syndrome de l’énucléé (Fig. 1) survient après une énucléation ou une
éviscération.
Il comporte une énophtalmie, une
bascule postérieure de la prothèse
oculaire avec majoration du creux
sus-palpébral, responsables d’une
gêne fonctionnelle et esthétique.
La prise en charge classique de ces
patients se fait habituellement par lipostructure avec prélèvement d’adipocytes au niveau abdominal ou de
la face interne des cuisses.
Cependant chez certains patients
nous observons une fonte complète
de la greffe adipocytaire avec réapparition précoce de la symptomatologie initiale.
Par ailleurs, il a été démontré dans
la littérature qu’un volume injecté
d’adipocytes supérieur à 3 ml entraînait un risque accru de nécrose
de la greffe par trouble de la vascularisation au sein du greffon.
Un traitement
alternatif
Une alternative intéressante
pour la prise en charge de ces
patients est l’utilisation de produits de comblement dont le
plus connu actuellement est
l’acide hyaluronique.
Couramment utilisé en esthé-
1
Fondation A. de Rothschild (Paris)
134
Figure 1 - Enophtalmie gauche majeure sur énucléation.
tique pour corriger les creux,
les plis et les sillons de la face,
l’acide hyaluronique qui est
présent naturellement dans le
derme est fabriqué par génie
génétique (bactéries génétiquement modifiées).
L’acide hyaluronique est très
hydrophile et peut absorber
jusqu’à 1 000 fois son poids en
eau, d’où son intérêt en esthétique pour redonner structure et
tonicité au derme.
Nous utilisons ce produit dans
sa composition fortement réticulée de façon à avoir un produit
dense avec une durabilité dans
le temps.
Les molécules d’acide hyaluronique sont sans spécificité
d’espèces ou de tissus, le risque
d’allergie est donc faible, les
contre-indications
classiques
sont cependant la femme enceinte ou allaitant, les maladies
auto-immunes, les antécédents
d’hypersensibilité à l’une des
molécules et les infections ou
inflammations au niveau du site
d’injection.
Technique opératoire
Cet acte peut être réalisé sous
anesthésie locale avec sédation.
Le patient est allongé, une désinfection du site d’injection est
réalisée.
Nous utilisons un cathéter long
de 20 gauges avec son mandrin
métallique, et la ponction est
réalisée au niveau du quadrant
inféro et/ou supéro-externe de
l’orbite de façon à prolonger le
cathéter en arrière de la bille de
la cavité énuclée (Fig. 2).
Après un test de reflux veineux
(en cas de positivité, retirer légèrement le cathéter de façon à ne
pas injecter dans un vaisseau),
l’acide hyaluronique est injecté
progressivement.
Une à deux ampoules de 1 ml
suffisent amplement pour la restauration du volume manquant
de la cavité orbitaire (Fig. 3).
Le résultat obtenu est immédiat
avec un renforcement de l’effet
volumateur dans les 72 heures
(Fig. 4).
Une petite réaction transitoire inflammatoire est parfois retrouvée
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
Injection d’acide hyaluronique
Figure 2 - Mise en place du cathéter dans la région inféro-
Figure 3 - Injection de 1 ml d’acide hyaluronique.
externe de l’orbite droite.
Figure 4 - Résultats avant-après injection de 2 ml d’acide hyaluronique.
en post-opératoire, ne nécessitant la plupart du temps aucun
traitement.
Conclusion
Les syndromes de l’énucléé sont
fréquents et la prise en charge
est souvent délicate, faisant appel à des procédures invasives.
L’utilisation d’acide hyaluronique fortement réticulé en injection dans la cavité orbitaire
mais aussi dans le creux sus-palpébral est une bonne alternative
et permet de restaurer facile-
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
ment le volume manquant avec
une bonne tolérance clinique et
une stabilité dans le temps. n
Mots-clés :
Enophtalmie, Acide hyaluronique,
Enucléation, Chirurgie.
135
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
Dossier spécial Congrès
de la Société française
d’Ophtalmologie
Paris, 7 -10 mai 2011
Focus sur l’ARVO (Fort Lauderdale, Floride, 1-5 mai 2011)
1 Actualités en strabologie
Réunion de l’AFSOP
Dr Corinne Bok-Beaube1
Introduction
L’Association Francophone de Strabologie et d’Ophtalmologie Pédiatrique (AFSOP) a tenu sa réunion
les dimanche 8 et lundi 9 mai 2011.
Le Dr. Mickaël Brodski, neuro-ophtalmologiste, de la Mayo clinic, Rochester, USA, était invité.
L
e dimanche était consacré
à l’ophtalmopédiatrie avec
pour thème les pathologies du nerf optique. Le Pr D. Denis (Marseille) a fait une conférence sur « les résultats de l’IRM
cérébrale dans les colobomes
congénitaux ». Cette étude riche
en iconographie et novatrice
montre de nouveaux aspects
dans les associations pathologiques et ouvre une nouvelle voie
de recherche.
1 Service d’ophtalmologie Dr Galatoire. Fondation ophtalmologique A de Rothschild, Paris
Le Dr Brodski a fait une conférence sur « le nourrisson apparemment aveugle ». Il a exposé
les principaux signes d’appel
vers une suspicion de malvoyance et les différentes étiologies pouvant y conduire. Sa
conférence remarquable de
clarté a été suivie de communications sur le thème. Nous y
avons suivi divers cas cliniques
soulignant les étiologies diverses
de ces atteintes (infectieuses, tumorales, vasculaires, malformatives) et leur prise en charge.
Le lundi était consacré à la strabologie avec pour thème les
strabismes précoces.
Le Dr. Brodski a fait une conférence sur le « Le système visuo-vestibulaire de l’homme et
son rôle dans le strabisme » Il a
exposé les aspects récents de la
physiopathologie, avec ses idées
originales et innovantes en particulier l’exploration de deux voies
nouvelles : le rôle de la ­luminance
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
dans les voies rétinohypothalamiques et les mouvements oculaires en relation avec le système
optique accessoire.
Une table ronde sur le strabisme
précoce réunissant les spécialistes reconnus de cette pathologie a suivi. On peut retenir : les
aspects complexes mais mieux
connus de la physiopathologie,
le devoir de dépister et traiter
les amblyopies, l’importance
du traitement médical et l’intérêt de l’utilisation précoce du
Botox® dans le traitement des
ésotropies précoces, la place du
sanglage postérieur des muscles
droits médiaux (intervention du
fil de Cüppers) dans le protocole
chirurgical des ésotropies précoces, le tableau particulier des
exotropies précoces.
n
Mots-clés :
Strabologie, Ophtalmologie
­pédiatrique, Pathologies du nerf
optique, Strabisme
137
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
2 Actualités en rétine
­chirurgicale et médicale
Nouveautés à la SFO
Dr Guillaume Leroux les Jardins1
Introduction
Dans le domaine de la rétine chirurgicale, le temps fort cette année à la
SFO était la présentation du rapport
annuel 2011 sur les "Décollements
de rétine " coordonné par Georges
Caputo. Les autres auteurs principaux sont Florence Metge-Galatoire,
Carl Arndt et John Conrath.
Rapport annuel sur
les décollements de
rétine
Pour la première fois de l’histoire de la SFO, cet ouvrage est
proposé en format électronique
qui viendra à terme remplacer
le format papier. Les réactions
semblent être partagées devant
l’annonce de la fin prochaine du
support papier pour cette institution de l’Ophtalmologie française qu’est le rapport annuel de
la SFO.
Outre une présentation générale sur la physiopathologie et
la sémiologie des décollements
de rétine, Geoges Caputo et les
co-auteurs ont mis en relief les
nombreuses évolutions récentes
dans la prise en charge de ces
pathologies.
1Service d’Ophtalmologie, Groupe Hospitalier Cochin-Hôtel
Dieu, Paris
138
Figure 1 - Présentation du rapport annuel 2011 de la SFO coordonné par le docteur
Georges Caputo.
LA CHIRURGIE
Les progrès concernent principalement l’ensemble des outils
utilisés en chirurgie endoculaire (vitréotomes, instruments,
pompes et systèmes d’endo-illumination).
Depuis l’apparition en 2002 des
systèmes 25 gauges avec microtrocarts, sont apparus ensuite
sur le marché successivement le
23 G et le 27 G. On assiste à une
progression constante des indications des systèmes transconjonctivaux "sans sutures ".
Les 20 G et 23 G sont utilisables
pour les chirurgies du DR alors
que les systèmes 25 G et 27 G res-
tent principalement dédiés aux
chirurgies maculaires simples
(membrane épirétinienne, trou
maculaire).
Les améliorations sur les nouvelles machines de vitrectomie permettent désormais
une chirurgie plus sûre et plus
rapide. Les cycles ouverture/
fermeture du vitréotome sont
désormais optimisés pour diminuer les tractions sur le vitré,
et effectuer sans risque un véritable "rasage" en superficie de
la rétine. Dans les cas plus complexes, il est aussi désormais
possible d’effectuer des dissections fines uniquement avec le
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
vitréotome par aspirations/sections contrôlées au lieu d’utiliser
d’autres pinces et ciseaux.
Les nouveaux systèmes d’endo-illumination
(chandeliers,
instruments auto-éclairants) associés à des instruments plus rigides permettent d’envisager des
chirurgie de plus en complexes
avec les dispositifs 23 G (DR
tractionnels du diabétique par
exemple). L’utilisation de fibres
optiques plus performantes
(augmentation du champ et de
la puissance lumineuse) et de
filtres colorés permettent d’augmenter la visibilité peropératoire
tout en diminuant le risque de
phototraumatisme.
Malgré l’extension des indications du 23 G pour la prise en
charge des décollements de rétine, les cas les plus complexes
(nécessité d’utiliser de l’huile de
silicone, par exemple) restent
toutefois préférentiellement pris
en charge en 20 G "classique".
Dans le domaine des rétinopathies diabétiques proliférantes
avec DR tractionnels Pascale
Massin a souligné l’intérêt et
l’utilisation désormais courante
des anti-VEGF en préopératoire. L’IVT doit avoir lieu dans
la semaine avant la chirurgie et
permet de faciliter les dissections, de diminuer les saignements peropératoires ainsi que
les déchirures iatrogènes. Attention toutefois à ne pas retarder
la chirurgie, car au delà d’une
semaine après l’IVT, il semble
exister un risque accru de rétractions.
Actualités médicaleS
En plus de l’actualité en rétine
chirurgicale on a pu découvrir lors
de la SFO un nouveau syndrome
maculaire et une mise au point
sur la prise en charge des différents types d’œdème maculaire.
Le syndrome de la macula
bombée
David Gaucher et l’équipe de Lariboisière a présenté une nouvelle
entité appelée syndrome de la
macula bombée. Elle peut être retrouvé à l’OCT chez le fort myope
et correspond à une forme particulière du staphylome myopique .
Cet aspect en dôme maculaire est
associé à des atrophies de l’épithélium pigmentaire et des décollements séreux rétiniens qui peuvent être responsable d’une baisse
de vision.
Prise en charge de l’œdème
maculaire
Francine Behar-Cohen et Gisèle
Soubrane ont rappelé les données récentes sur la physiopathologie de l’œdème maculaire
et la meilleur compréhension de
l’action des corticoïdes via leurs
effets minéralo ou glucocorticoïdes. Elles ont souligné l’importance de bloquer les voies
du VEGF mais aussi les voies de
l’inflammation pour obtenir une
action maximale anti-œdémateuse. Ces constatations ouvrent
la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Pour la prise en charge des
œdèmes maculaires dans le
cadre d’une occlusion veineuse
perfusée, Gabriel Coscas a rappelé les stratégies récentes qui
consistent en l’utilisation précoce d’implant à délivrance
de déxaméthasone (AMM) ou
d’injections mensuelles d’anti-
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
VEGF. Le laser maculaire peut
compléter cette prise en charge.
Dans le cadre de l’œdème maculaire du diabétique, le contrôle
du diabète et de la tension artérielle reste obligatoire dans
tous les cas. Le laser reste le
traitement de l’œdème focal.
En cas d’œdème diffus, le laser
maculaire est efficace mais les
injections d’anti-VEGF (3 IVT à
un mois d’intervalle pour commencer) sont possibles. Les
corticoïdes retard intravitréens
sont efficaces mais ils exposent
plus au risque d’hypertonie,
d’enophtalmie et de cataracte
chez le patient phake. Ils sont
à utiliser de préférence en dernière intention.
Pour les œdèmes maculaires
sur uvéites non infectieuses,
plusieurs publications récentes
exposent l’efficacité de l’infliximab (anticorps monoclonal anti
TNF-alpha) en IVT et des injections périoculaires (sous-ténoniennes ou latéro-bulbaires) de
triamcinolone. Dans ces indications le bévacizumab semble
n
moins efficace.
Mots-clés :
Rétine chirurgicale, Décollement de
la rétine, Diabète,Syndrome de la
macula bombée, Corticoïdes.
139
DOSSIER
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
3 La rétine médicale
en direct de la SFO
Les injections intravitréennes (IVT)
dans notre pratique quotidienne
Dr Catherine Favard1
Introduction
Les traitements médicaux des pathologies rétiniennes évoluent
désormais presqu’aussi vite que
ceux du segment antérieur et nous
permettent d’améliorer la prise en
charge de ces pathologies, avec
notamment l’utilisation des injections intravitréennes (IVT).
DMLA
Lucentis® = Avastin® ?
Si de nouveaux traitements ne
sont pas encore disponibles
pour le traitement des néovaisseaux de la dégénérescence
maculaire liée à l’âge (DMLA),
le scoop était cette année les résultats d’une étude comparant
l’efficacité et l’inocuité du bévacizumab (Avastin®) par rapport
au ranibizumab (Lucentis®).
En effet, l’étude CATT a montré
à 1 an, sur plus de 1 200 patients
traités par IVT mensuelles systématiques, un gain visuel de 8
lettres pour Avastin® contre 8,5
lettres pour Lucentis® et, pour
les patients traités par IVT re-
1Centre ophtalmologique Odéon, centre Iéna Vision, Fondation
Adolphe de Rothschild., Paris.
nouvelées en cas d’exsudation
après les 3 IVT initiales, un gain
de 5,9 lettres avec Avastin® contre
6,8 avec Lucentis. La différence
entre les deux traitements étant
inférieure à une ligne d’acuité,
elle n’est pas significative, avec
donc des résultats visuels identiques entre les 2 traitements.
Par ailleurs, le taux de mortalité,
le taux d’infarctus du myocarde
et d’accidents vasculaires cérébraux était identique (p > 0,2)
entre ces deux anti-VEGF. Cependant, la proportion de patients
hospitalisés était légèrement plus
importante chez les patients traités par Avastin® que par Lucentis®
(24,1 % vs. 19,0 % ; risk ratio : 1,29 ;
95 % confidence interval : 1,01 à
1,66), mais pour des complications non retrouvées comme faisant partie des effets secondaires
des anti-VEGF par des études
précédentes.
les dépenses de leur sécurité
sociale. En France, seul Lucentis® a une AMM et l’étude multicentrique française GEFALL
est actuellement en cours selon
le même protocole que l’étude
CATT, payée par les pouvoirs
publics pour comparer l’efficacité et l’inocuité de ces deux
anti-VEGF. Malheureusement,
la phase d’inclusion des patients
n’est pas encore terminée et les
résultats ne seront donc pas publiés avant 18 mois, avant d’envisager une éventuelle AMM
pour Avastin® dans la DMLA. La
polémique fait donc rage, d’autant plus que la consommation
d’IVT d’anti-VEGF devrait exploser avec l’AMM obtenue par Lucentis® pour traiter les œdèmes
maculaires (OM) diabétiques
(OMD) avec remboursement
prévu pour septembre prochain.
Le VEGF trap à l’horizon?
Mais quid du prix ?
Les IVT d’Avastin
coûtant
moins de 50 euros contre 900 euros pour Lucentis® ; l’Angleterre
et l’Italie avaient, depuis le début
des anti-VEGF, décidé de légaliser l’utilisation d’Avastin® dans
la DMLA néovasculaire (sans
attendre des résultats de l’étude
multicentrique, en considérant
les publications internationales
parues montrant son efficacité
et sa tolérance) pour réduire
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
®
Par ailleurs, le VEGF trap, protéine de fusion fixant le VEGF
avec une plus forte affinité que
les anticorps monoclonaux, tels
que Lucentis®, permet une efficacité identique, mais avec une
durée d’action qui pourrait être
prolongée à 2 mois selon les résultats à un an des études VIEW
américaines et mondiales publiées récemment. De nouveaux
traitements sont donc en perspective.
141
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
Tableau 1 : Traitements IVT de l’OMD : résultats visuels des études comparant les anti-VEGF,
les corticoïdes et le laser
DOSSIER
Etude
DRCRnet Laser
Anti-VEGF
RESOLVE
Lucentis®/mois systématique
Lucentis®/mois si nécessaire
RESTORE
RESTORE
Lucentis®+ laser
Macugen® DRSG/6 sem syst
BOLT Avastin®/6 sem
DRCRnet Lucentis®/mois
Corticostéroïdes
DRCRnet Kénacort®
Ozurdex® (700 µg dexaM)
FAME Iluvien®(0,5 µg/j dexaM)
HTO : Kénacort® 40 %/ Ozurdex® 13 %/ Iluvien® 33%
Cataracte : Kénacort® 33 %/Ozurdex® 26 %/Iluvien® 66 %
Gain AV  2 lignes (lettres) Nb IVT à 1 an
30 %(+3l)
61 % (+10,3 l)
37 % (+6,8 l)
43 % (+6,4 l)
37 % (+5,2 l) 31 % (+8 l)
54 % (+9 l)
10
7
7
9 à 1 an/ 6 à 2 ans
9
8-9 (3-4 à 2 ans)
33 % (+10-15 l)
35 % 20 % (+5,7 l)
3
3 (à 1 an)
1 (à 1 an)
Schéma 1 - Traitement en pratique de l’OMD.
IVT et OM diabétique
(Tab. 1 et schéma 1)
Le laser
Selon l’étude du DRCR net publiée en 2010, le laser est toujours indiqué pour le traitement
142
des OMD focaux avec exsudats
et microanévrismes. En cas
d’OM diffus ou mixte important en OCT, sans limite de niveau d’acuité, il faut maintenant
considérer en première intention un traitement par IVT d’an-
ti-VEGF. Un traitement par laser
réalisé dans les 6 mois après IVT
anti-VEGF est facilité par l’assèchement préalable de l’OM par
les IVT anti-VEGF et permet de
diminuer le nombre d’IVT antiVEGF.
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
DOSSIER
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
Figure 1 - OM diabétique. Disparition de l’OMD après 2 IVT d’Avastin®, acuité améliorée de 20/200 à 20/80.
Figure 2 - Femme de 62 ans, OM ET OVCR, acuité remontée de 20/500 à 20/125 après 1re IVT anti VEGF et disparition de l’OM.
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
143
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
Figure 3 - Répartition de l’OM 2 mois plus tard et 2e IVT Avastin® avec remontée de l’acuité à 20/50.
Les anti-VEGF
Lucentis® a obtenu l’AMM pour
traiter les OMD significatifs
en OCT, avec 3 injections initiales mensuelles, puis répétées
si l’acuité visuelle augmente
(et arrêtées en cas d’absence
d’amélioration visuelle) et répétées tant que l’acuité continue
d’augmenter ou si l’acuité chute
secondairement. En effet, les IVT
de Lucentis®, d’après les études
RESOLVE, RESTORE et le DCR
net, permettent à un an d’améliorer l’acuité visuelle de 2 lignes
ou plus dans environ 50 % des
cas.
Les stéroïdes
Les IVT de triamcinolone (Kénacort®) permettent un assèchement rapide de l’OM, mais ont un
bénéfice visuel grevé par les cataractes induites et ne sont donc
utiles que chez les sujets aphakes.
144
Traitement en pratique des OM des OVR
• OVR :
• Bilan initial : rétinos + OCT + AF
• si OM et AVI < 5/10 : traiter tôt
- Implant Ozurdex
- ou IVT antiVEGF X 1 renouvelable ou X3 systématique
• Suivi : rétino + OCT + TO (implants)/ 1 à 3 mois
- IVT anti-VEGF si OM persistant ou récidivé
- Implant si récidive OM
- Laser grid maculaire : si OM OBVR persistant
si OM OBVR récidivant après 3 mois
Arrêter de traiter si pas amélioration visuelle malgré disparition OM
• Contrôle AF /3 mois : surveiller ischémie
Traitement laser PPR si ischémie +++
Plus intéressants, les implants de
dexaméthasone (Ozurdex®) permettent une bonne amélioration
visuelle (35 % d’amélioration de
2 lignes ou plus) avec peu de cataracte et d’hypertonie induite,
mais sont sans AMM dans cette
indication pour le moment.
IVT et OM des
occlusions
veineuses (Tab. 2)
Les anti-VEGF
Comme dans les OMD, les IVT
d’anti-VEGF permettent d’améliorer significativement le pro-
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
DOSSIER
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
Figure 4 - A un an, après 3 IVT Avastin® récidive de l’OM et ischémie périphérique. Traitement par 4e IVT Avastin® et laser PPR périphérique.
Figure 5 - OM d’OBVR temporale inférieure traité par Implant Ozurdex ® et laser grid avec remontée de l’acuité de 20/63 à 20/40 à un
Pratiques
mois avec disparition
en Ophtalmologie
de l’OM.
• Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
145
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
nostic visuel des OM des occlusions de la veine centrale (OVCR)
(CRUISE study) et de branche
(OBVR)(BRAVO study) avec gain
visuel de 2 lignes ou plus dans
respectivement plus de 40 % et
60 % des cas. Pour les OBVR, le
traitement laser est efficace et
associé aux IVT permet également de diminuer le nombre
d’IVT nécessaires. Il n’est pas établi si 3 IVT initiales mensuelles
d’anti-VEGF sont plus efficaces
que des IVT répétées seulement
si persistance ou réapparition
d’un OM en OCT. Cependant,
les anti-VEGF n’ont pas encore
d’AMM dans cette indication.
Les stéroïdes
Les implants Ozurdex permettent aussi une bonne récupération visuelle, avec une durée
d’action de 4-6 mois et peu d’hypertonie et de cataracte induits
(étude GENEVA) et ils sont actuellement remboursés dans
cette indication. Le bénéfice visuel est d’autant meilleur que le
traitement est instauré tôt et, en
cas de baisse visuelle à 5/10 ou
moins, il faut envisager d’emblée
un traitement de l’OM par IVT.
De plus, ces implants sont aussi
efficaces en ce qui concerne la
durée d’action et la récupération
visuelle chez les sujets vitrectomisés. Il faut cependant rechercher l’apparition d’une ischémie
dans ces OVR avec OM traité par
IVT anti-VEGF ou corticoïdes et
pratiquer des contrôles angiographiques à la fluorescéine tous les
3/6 mois.
®
Le LASER PPR
Le traitement laser PPR périphérique reste toujours indiqué pour
146
Tableau 2 - Traitements IVT des OM des OVR : résultats visuels des
études comparant les anti-VEGF, les corticoïdes et le laser.
Etude
Gain AV  3 lignes (lettres)
OBVR
Lucentis 0,5 mg (BRAVO)
61 % (+18l)
Laser (BRAVO) 29 % (+12l)
Ozurdex® 700 µg (GENEVA)
40 % (+10l)
Kénacort (1-4mg) (SCORE)
27 %
Laser (SCORE)
29 %(+7l)
OVCR
Lucentis 0,5 mg (CRUISE)
51 %( +14l)
Controles non traités 17 %( +1l)
Controles traités IVT > 6 mois 33 % (+7l)
Ozurdex 700 µg(GENEVA)
28 % Iluvien (FAME)
20 % Meilleur gain visuel si IVT précoce avant 6 mois +++
traiter les territoires ischémiques
des OVR ou de la rétinopathie
diabétique.
A noter que les dernières recommandations de l’AFSSAPS en
janvier 2011 concernant les IVT
précisent qu’elle peuvent être
réalisées en salle blanche non
stérile et qu’il n’est pas nécessaire
d’arrêter les anticoagulants, de
dilater la pupille, de faire porter un masque au patient, qu’un
blepharostat suffit sans recouvrir
les cils, que vérifier la perfusion
du nerf optique au FO n’est pas
indispensable, de même que la
vérification du FO et de la tension
à J7. Par ailleurs, le consensus actuel est de ne plus prescrire d’antibioprophylaxie préopératoire
per os (quinolones) car sans utilité d’après les dernières études
publiées.
Conclusion
Les IVT d’anti-VEGF et de stéroïdes ont transformé le pronostic visuel des néovaisseaux de la
Nb trait/12 mois
9 IVT
2 impl
2,2 IVT
12IVT
0
6 IVT
2 impl
1 impl
DMLA, des OMD et des OM des
OVR, avec gain visuel d’autant
plus important que le traitement
est instauré tôt, mais au prix de
traitements par IVT multiples et
coûteuses. L’efficacité et la tolérance à long terme sont encore
à déterminer dans le cadre du
traitement des OMD et des OM
des OVR, et de nouvelles thérapeutiques sont en attente dans
le traitement des DMLA exsudatives et atrophiques. n
Mots-clés :
DMLA, Rétinopathie diabétique,
­Occlusion veineuse, Œdème
­maculaire, Injection intravitréenne,
anti-VEGF.
Bibliographie
• CATT Research Group, Martin DF, Maguire
MG et al, Ranibizumab and bevacizumab
for neovascular age-related macular degeneration, N Engl J Med. 2011 May 19 ; 364 :
1897-908.
• Diabetic Retinopathy Clinical Research
Network writing committee, on behalf of the
DRCRnet. Vitrectomy outcomes in eyes with
diabetic macular edema and vitreomacular
traction, Ophthalmology 2010 ; 117: 1087-93.
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
4 Cornée et surface oculaire
Les nouveautés à l’ARVO
Dr Eric Gabison1, Dr Georges Azar2
Introduction
Au congrès de l’ARVO (Association
for Research in Vision and Ophtalmologie) qui a eu lieu en mai 2011
à Fort Lauderdale en Floride, plusieurs conférences et communications orales et affichées ont traité
avec intérêt des nouveautés concernant diverses pathologies ophtalmologiques du segment antérieur.
Une attention particulière a concerné cette année les pathologies de
la surface oculaire et du segment
antérieur, notamment la sécheresse
oculaire.
L
a sécheresse oculaire et
la blépharite constituent
les deux pathologies le
plus fréquemment retrouvées
en matière de maladie de la
surface oculaire (ocular surface
disease ou OSD). Une étude rétrospective en 2011 portant sur
1 157 dossiers, menée dans 52
centres différents aux Etats-Unis
sur 8 semaines, a montré que la
sécheresse oculaire est le diagnostic général le plus fréquemment retrouvé (35 %), suivi de
la blépharite (30 %), puis d’un
diagnostic mixte de sécheresse
oculaire et de blépharite (29 % ).
Les autres diagnostics (6 %)
portaient sur la conjonctivite
et sur d’autres aspects de maladie de la surface oculaire. Des
études poussées concernant la
physiopathogénie ont particu-
1
2
Ophtalmologiste, Hôpital Bichat, Paris.
Ophtalmologiste, Hôpital St Joseph, Paris.
lièrement traité le rôle de l’inflammation, les études par la
microscopie confocale, la sensibilité cornéenne et l’osmo­larité
des larmes. De plus, un bon
nombre de communications
portait sur l’endothélium cor­
néen, notamment la culture et la
toxicité endothéliale, ainsi que le
rôle de l’inhibiteur de la Rho Kinase (ROCK) dans le traitement
des déficits héréditaires ou acquis en cellules endothéliales.
Inflammation
et sécheresse
oculaire
L’inflammation joue sans doute
un rôle primordial dans la physiopathogénie de la sécheresse
oculaire. Dans une étude réalisée aux Etats-Unis cette année
concernant le rôle de l’inflammation chez les sujets atteints
de la maladie de Sjögren, la
densité des cellules inflammatoires était significativement supérieure par rapport aux sujets
contrôles (1 453,9 ± 513,4 cells/
mm2 vs. 773,8 ± 312,4 cells/
mm2 ; p < 0,001). Les biopsies
conjonctivales et les analyses en
immuno-histochimie montrent
qu’il s’agit d’une variété particulière de population de lymphocytes intra-épithéliale (Intra
epithelial lymphocytes ou IEL) :
ce sont des lymphocytes T non
conventionnels présents dans
les pathologies de l’intestin, des
poumons, etc., qui entraînent
une diminution des cellules
à mucus avec effraction de la
couche mucineuse des épithéliums atteints. Des études im-
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
munohistochimiques plus poussées chez le rat ont montré une
augmentation de l’expression du
TGF-b1 (Transforming Growth
Factor‑b 1) stimulé par la Trombospodine-1 au niveau des cellules
épithéliales cornéo-conjonctivales, induisant ainsi la sécrétion
de l’interleukine-6 (IL-6). Des
implications thérapeutiques sur
cette cible sont actuellement en
cours. Le stress oxydatif, élément
important dans la sécheresse
oculaire, induit enfin une modification de la concentration des
protéines inflammatoires et antiinflammatoires normalement sécrétées dans les larmes, et notamment celle de la lactoferrine. Les
traitements antioxydants entrent
progressivement dans l’arsenal
thérapeutique des sécheresses
oculaires.
Rôle de la microscopie
confocale dans l’évaluation
de la sécheresse oculaire
Le rôle du dysfonctionnement
des glandes de Meibomius
(DGM) dans la surface oculaire
a intéressé un bon nombre de
communications. L’utilisation de
la microscopie confocale in vivo
chez les patients atteints de sécheresse oculaire dans le cadre
de la maladie de Sjögren a noté
une diminution significative de
la densité des unités acinaires
des glandes de Meibomius par
rapport aux sujets contrôles
(p < 0,001). Une composante lipidique est donc secondairement observée dans les sècheresses originellement étiquetées
“aqueuses".
147
DOSSIER
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
Par ailleurs, la barrière cornéenne épithéliale constitue
une cible bien définie dans la
sécheresse oculaire. En effet, des
études réalisées au microscope
confocal montrent une disruption importante de la barrière
épithéliale apicale des cornées
exposées à de l’air avec humidité
diminuée (études basées sur le
low humidity stress experience).
Il s’agit en effet de trous (ou
holes) dans la couche apicale,
dus à la destruction des jonctions serrées par stimulation des
métalloprotéinases (en particulier la MMP-9). L’utilisation de
tétracyclines, qui inhibent particulièrement ces enzymes, pourrait-elle diminuer ces altérations
de l’épithélium cornéen observées en microscopie confocale ?
Sensibilité cornéenne
Une notion ayant intéressé un
bon nombre de présentations
est l’étude de la sensibilité cornéenne dans la sécheresse oculaire. L’esthésiomètre de Cochet-Bonnet est de nouveau au
goût du jour… Son utilisation a
permis de mettre en évidence
une nette diminution de la sensibilité cornéenne corrélée à des
anomalies de la densité et du
calibre des nerfs cornéens dans
l’épithélium et le stroma après
expositions répétées des sujets à
un environnement sec.
L’étude de la morphologie des
nerfs cornéens dans le syndrome
sec après résection de la glande
lacrymale principale chez les rats
a montré une exagération quasi
constante de la tortuosité des
nerfs cornéens ce qui suggère
une altération de la morphologie des nerfs cornéens dans le
syndrome sec avec diminution
importante de la sensibilité cornéenne. Les douleurs ressenties
par nos patients atteints de sé148
cheresse seraient-elles liées à une
neuropathie cornéenne secondaire de type inflammatoire ?
L’étude de la sensibilité cornéenne a également intéressé
d’autres pathologies notamment la maladie de Parkinson
et la paralysie supranucléaire
progressive (PSP). Les résultats
montrent une diminution de la
sensibilité cornéenne dans ces
deux pathologies par rapport aux
sujets contrôles, sans anomalie
de la densité des nerfs cornéens
(p = 0,39). Chez ces patients, la
diminution du réflexe de clignement pourrait être secondaire à
une diminution de la sensibilité
cornéenne, à moins que ces anomalies de sensibilité ne soient
secondaires à la sécheresse oculaire induite par la diminution
du réflexe de clignement.
Osmolarité des
larmes
Plusieurs outils d’évaluation sont
utilisés dans l’évaluation du syndrome sec. En plus des fameux
break-up time (BUT) et du test
de Shirmer I et II, plusieurs
autres scores sont étudiés :
- le score OSDI (ocular surface
disease index) ;
- le score OSED (ocular surface
epithelial damage) ;
- le score ADDE (acqueous tear
deficient dry eye) ;
- le score SANDE (symptom as‑
sessment dry eye) qui met en évidence la fréquence et la sévérité
des symptômes) ;
- le score CFS (corneal fluores‑
cein score) ;
- la méniscométrie pour la mesure
du ménisque lacrymale (en mm).
Plusieurs études ont analysé
la corrélation de ces différents
scores avec l’osmolarité des
larmes mesurées à l’aide du
TearLab®, mais les résultats diffèrent d’une étude à une autre.
Alors que des études ont démontré une forte corrélation entre les
scores OSDI et SANDE d’une
part, et entre l’osmolarité des
larmes et la sévérité de la maladie d’autre part, d’autres études
trouvent peu de corrélation
entre l’osmolarité des larmes et
les scores CSF et OSDI.
La corrélation entre l’osmolarité des larmes et le nombre de
goblet cells a également été étudiée : une osmolarité significativement augmentée entre 275 et
375 mosm/l est corrélée avec un
nombre diminué de goblet cells
(Etude au High Powerfield).
D’autre part, une application directe de ces scores sur l’évaluation de la sévérité de quelques
maladies générales a intéressé,
dans différents centres mondiaux,
des patients atteints de diabète,
de polyarthrite rhumatoïde et de
GVHD (Graft versus Host Disease).
Etudes de l’osmolarité
des larmes chez les
diabétiques
L’atteinte du système nerveux
autonome retrouvée dans le diabète induit une diminution de
la sécrétion basale des larmes et
du réflexe de clignement, tous
les deux responsables d’une osmolarité plutôt élevée. Or, on
a trouvé une faible corrélation
entre cette osmolarité et le score
OSDI. Ceci serait dû à une diminution de la sensibilité cornéenne chez les diabétiques, ce
qui entraîne un score OSDI relativement bas chez cette population. Par conséquent, une osmolarité élevée n’est pas forcément
accompagnée d’un score OSDI
augmenté chez les diabétiques.
Etude de l’osmolarité dans
la polyarthrite rhumatoïde (PR)
Le projet d’inclusion de l’osmolarité des larmes pour évaluer
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
l’activité de la PR est actuellement en cours. En effet, Le score
d’activité de la maladie DAS 28
qui évalue la vitesse de sédimentation (VS), le nombre d’articulations douloureuses et gonflées,
ainsi que l’évaluation globale
par le patient de l’activité de sa
maladie, semble être significativement corrélé avec l’osmolarité
des larmes (p = 0,016).
domaine de la surface oculaire.
Au vu des études de plus en plus
contradictoires, il serait souhaitable de standardiser les techniques de mesure ou de trouver
d’autres marqueurs biologiques,
moins capricieux, liés à l’osmolarité.
Etude de l’osmolarité
dans le GVHD
Les inhibiteurs de la Rho
kinase (ROCK) : La fin des
kératoplasties dans les
pathologies endothéliales
héréditaires ou acquises ?
De même, l’inclusion de l’osmolarité des larmes dans les critères d’évolution de la maladie
GVHD est actuellement en cours
d’étude. Cette osmolarité pourrait éventuellement s’ajouter au
rash cutané, au taux de bilirubine et à la diarrhée dans l’évaluation des stades de la maladie.
Ces dernières années, l’osmolarité des larmes a été l’objet d’un
intérêt très important dans le
Préalablement étudiée à l’ARVO
2010, l’inhibiteur de la Rho Kinase Y-27632 a également mérité
une attention particulière cette
année. En effet, l’utilisation de
cette molécule en culture cellulaire induit une amélioration de
l’adhésion et de la prolifération
des cellules cornéennes endothéliales (CECs). Ces cellules
ainsi cultivées plus facilement
pourraient être injectées en
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
chambre antérieure permettant
ainsi leur transplantation sans
substrat (p < 0,01).
Cette année, la même équipe
japonaise a démontré qu’un collyre de Rock inhibiteur pouvait
permettre la repopulation des
cellules endothéliales chez les
primates et également dans une
première étude chez l’homme !
Des études sont en cours pour
évaluer l’efficacité et la tolérance
d’un traitement pareil dans diverses pathologies cornéennes
endothéliales.
Irait-on vers une remise au goût
du jour des implants de chambre
n
antérieure ?
Mots-clés :
Cornée, Sécheresse oculaire,
­Inflammation, Blépharite, Osmolarité,
Diabète, Polyarthrite rhumatoïde,
RHO Kinase.
149
DOSSIER
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
5 Nouveautés en oculoplastie
Cosmétologie et chirurgie péri-oculaire
Dr Pierre-Vincent Jacomet1
Introduction
Cette année encore, la SFO a accordé une large place à la pathologie
orbito-palpébro-lacrymale, reflétant
un intérêt toujours grandissant pour
cette spécialité. Différents thèmes
ont été abordés.
La cosmétologie
palpébrale
Cette discipline était à l’honneur
le samedi, avec organisation
d’une conférence-débat qui a
permis d’éclairer les différents
aspects de ces nouvelles pratiques. En vogue depuis de nombreuses années en médecine anti-âge, l’approche esthétique de
la région péri-oculaire connaît
un véritable engouement, tant
auprès de nos patientes que de
nos patients, de plus en plus
nombreux.
La cosmétologie palpébrale con­
siste ainsi à améliorer l’esthétique
du regard par divers procédés
non invasifs, avec peu d’évictions sociales. Dans cette gamme
de soins, on retrouve comme
chef de file la toxine botulique
et les produits de comblement.
Les indications principales en
1 Fondation Ophtalmologique A. de Rothschild, Paris.
150
oculoplastique restant le traitement des rides du lion (entre les
sourcils), du front et de la patte
d’oie au niveau du canthus latéral pour la toxine botulique. Les
produits de comblement, utilisés
pour la restauration des volumes,
sont essentiellement représentés
par l’acide hyaluronique, produit
entièrement résorbable. L’indication reine étant le comblement
du sillon naso-génien et des
plis d’amertume au niveau de la
commissure latérale des lèvres.
Le comblement de fines rides ou
ridules est possible en utilisant
des acides hyaluroniques faiblement réticulés. La région la plus
délicate à traiter reste la région
des cernes. Les œdèmes et hématomes sont plus fréquents, avec
un risque de sur-correction non
négligeable. On veillera à utiliser
des acides hyaluroniques faiblement réticulés ; de plus, l’injection et le travail de cette zone
pourront être grandement facilités par l’utilisation de canules
très fines (25 à 30 gauge) souples
non traumatisantes.
D’autres
traitements
sont
possibles par laser et peeling
chimique, mais surtout réservés à des praticiens possédant le
matériel nécessaire, formés à ces
traitements et à même de gérer
les suites opératoires. Enfin, en
parallèle, l’oculoplasticien doit
pouvoir renseigner ses patients
sur la cosméceutique palpébrale,
qui connaît un essor florissant au
vu de la multiplicité des crèmes
et pommades anti-rides, anticernes, anti-creux… (le résultat promis n’est pas forcément
prouvé scientifiquement).
La chirurgie
péri-Oculaire
La journée du dimanche était
consacrée à l’écoute des nombreuses communications dans le
cadre de la Société Ophtalmologique Plastique Reconstructrice
Esthétique Française (SOPREF).
Les thèmes des tables rondes
concernaient la traumatologie
orbito-palpébrale et la prise en
charge des larmoiements.
Enfin, pendant ces 5 jours de
congrès, la SFO a organisé différents ateliers permettant aux
participants de renforcer leurs
formations sur la chirurgie palpébrale, les larmoiements atypiques et l’injection de toxine
n
botulique palpébrale
Mots-clés :
Oculoplatie, Paupière, Esthétique,
Acide hyaluronique, Chirurgie
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
rendez-vous de l’industrie
implants
CROMA Lance EYE-Cee® One
C
ette lentille intraoculaire hydrophobe de nouvelle génération est issue d’une nouvelle technologie de polymérisation du matériau acrylique hydrophobe. La technologie
utilisée pour la polymérisation de l’ L’EYE-Cee® One permet
l’élimination de ces polymères non fixés rendant le matériau
plus dense, plus stable et totalement exempt de micro vacuoles. Le bord carré à 360° y compris à la jonction haptiqueoptique empêche la migration cellulaire, prévient la PCO et
favorise l’adhésion capsulaire.
n
ciens partenaires. En effet, les produits sont commandés en
ligne, puis retirés dans la boutique d’un professionnel optique
reconnu, ce qui garantit le respect de la filière de l’optique. Il
permettra étalement aux opticiens de bénéficier d’une rémunération pour chaque commande retirée dans leur boutique.
Le patient titulaire d’une prescription de l’ophtalmologiste
effectue sa commande en ligne pour après retirer ses lentilles
de contact dans les 24h chez une des opticiens partenaires
du site.
Pour en savoir plus : www.ophtalmic-online.fr
n
ERRATUM
Contactologie
Lancement de Ophtalmic Online, un site de vente en ligne
A
partir deu 27 juin 2011, Ophtalmic Compagnie propose
aux opticiens de rejoindre le réseau de partenaires du
site Ophtalmic Online. Face à la progression des ventes sur
Internet observée sur le marché de l’optique, la compagnie
lance ce nouveau site, basé sur la vente de produits d’optique,
qui garantit néanmoins un passage obligatoire chez les opti-
Dossier paralysies oculomotrices,
Pratiques en ophtalmologie no 44
Mai 2011
D
ans l’article « Les paralysies oculomotrices : Le diagnostic
clinique, étiologique et épidémiologie » il fallait lire en
p.117 col de gauche, 3e paragraphe « S’il y a un doute sur un
anévrysme, il faut demander une artériographie devant une
angio-IRM normale » (au lieu de « une angiographie devant
une angio-IRM normale »).
n
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
6 Glaucome à l’ARVO
Quoi de neuf en 2011?
Dr Georges Azar1, Dr Yves Lachkar1
Introduction
Différents sujets sur le glaucome ont suscité l’intérêt de communications orales
et affichées à l’ARVO cette année. Des études conduites tantôt sur le rat, tantôt
sur l’homme, ont étudié de nouveaux mécanismes génétiques et des bases physiopathologiques nouvelles dans le domaine du glaucome.
A cet égard, une étude conduite sur l’homme a trouvé une plus grande concentration d’hyaluronidase dans l’humeur aqueuse de patients atteints de glaucome
comparés aux sujets normaux. Par contre, la concentration des inhibiteurs de la
hyaluronidase paraît moindre par rapport aux sujets sains.
D’autres études plus pratiques ont évalué l’effet des lasers thérapeutiques, à
citer le cyclodiode, le SLT et le laser Excimer.
Le rôle des agents anti-cicatrisants dans la chirurgie filtrante a longuement été
discuté. Il en est de même pour la neuroprotection.
Lasers
thérapeutiques
L’efficacité de la cyclophotocoagulation transclérale au laser diode dans le traitement du
glaucome réfractaire a été un sujet d’intérêt à l’ARVO 2011.
Une étude prospective randomisée a comparé l’efficacité du laser
diode conventionnel au laser micropulsé (mode On-Off). Portant
sur des sujets ayant une pression
intraoculaire (PIO) > 21 mm Hg
sous traitement médical maximal avec ou sans antécédent
chirurgical, cette étude a montré
un taux de succès de 78 % dans le
laser conventionnel contre 85 %
avec le laser micropulsé mais
sans différence significative. Cependant, des complications à
1 Institut du glaucome, service du Dr Yves Lachkar, Hôpital St
Joseph, Paris.
152
type d’hypotonie, uvéite, phtyse,
amincissement scléral et baisse
de l’acuité visuelle (BAV) ont été
beaucoup plus fréquemment
retrouvées avec le laser conventionnel, ce qui montre l’efficacité et la sûreté du laser diode
micropulsé dans le traitement
du glaucome réfractaire.
Le SLT (Selective Laser Trabeculoplasty) a également été l’objet
de plusieurs débats. Une étude
portant sur 30 patients d’âge > 18 ans ayant un glaucome à angle
ouvert (glaucome à angle ouvert
primitif, syndrome pseudo-exfoliatif et glaucome pigmentaire),
sans antécédent de laser ni antécédent chirurgical et ayant
reçu un traitement par SLT (70
à 90 impacts, 3 quadrants sur 4,
0,9-1,2 mJ) a noté une réduction
de la PIO de 6 mmHg environ
(> 20 %, avec p < 0,05) ayant duré
15 mois au moins. La reprise
de ce même traitement jusqu’à
2 fois a allongé davantage la période de cette réduction pressionnelle (de 30 mois environ)
réduisant ainsi le nombre de
collyres nécessaires et retardant
la chirurgie filtrante. D’autres
études prospectives évaluant
l’efficacité à long terme du SLT
sont actuellement en cours.
Le rôle du laser Excimer dans le
glaucome a également été étudié. En effet, la trabéculostomie
au laser Excimer (Excimer Laser
Trabeculostomy ou ELT) paraît
une nouvelle technique chirurgicale dans le glaucome chronique à angle ouvert. Par cette
technique, des micro-ouvertures
sont réalisées ab interno à travers le trabéculum dans le canal
de Schlemm. Une étude portant
sur 166 patients en 2010 a trouvé
une baisse pressionnelle significative ayant duré un an après le
laser avec moins de complications intra- et post-opératoires
qu’avec la trabéculectomie. De
plus, elle n’intervient dans aucune des procédures chirurgicales futures si jugées nécessaires.
Nouveaux agents
anti-cicatrisants
potentiels
Le rôle des anti-métabolites a
largement été étudié dans les
chirurgies filtrantes il y a déjà
quelques années. Une formu-
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
lation spéciale d’acide hyaluronique-5 Fluorouracil (HA-5FU)
a été étudiée dans le traitement
des bulles de filtration fibrosées. Injectée en sous-conjonctival, cette formulation paraît
aussi efficace que l’injection de
5FU seul en termes de réduction pressionnelle. Cependant,
moins de needlings ont été réalisés avec le HA-5FU par rapport au 5FU seul (12 % vs 50 % ;
p = 0,004), suggérant l’efficacité
de cette technique.
d’expliquer le rôle de la dexaméthasone (DXM) comme agent
anti-inflammatoire. En effet,
l’administration de la DXM chez
le rat diminue l’expression du
SPARC, gène codant pour une
protéine matricielle associée à
un état profibrotique, localisé
sur le bras long du chromosome
5 (5q22.1-q.32). Ce gène jouerait
un rôle primordial dans la physiopathologie du glaucome cortico-induit.
étude portant sur 107 patients
(dont 62 normaux et 45 avec un
glaucome à pression normale),
la mesure de l’épaisseur choroïdienne à l’aide de l’EDI-OCT
(Enhanced Depth Imaging-Optical Coherence Tomography) a
montré une nette diminution de
cette épaisseur à 3 mm en nasal
de la fovéa. Les anomalies choroïdiennes joueraient-elles alors
un rôle dans la pathogénie du
glaucome à pression normale ?
L’application clinique potentielle d’autres agents est actuellement en cours. Alors que le
resvératrol, un polyphénol de la
classe des stylbènes, est actuellement en cours d’étude chez
le lapin, le rôle des anti-VEGF
comme agent anti-cicatrisant
varie selon les séries. Dans une
étude prospective randomisée
à double aveugle ayant porté
sur 134 patients ayant un glaucome chronique à angle ouvert
ou un glaucome à pression normale, l’injection intracamérulaire de 50 μl de bévacizumab
(25 mg/ ml) était accompagné
d’un taux de succès de 85 % avec
un moindre nombre de needlings performé (vs. 69 % avec
injection de NaCl).
Imageries
en glaucome
Neuroprotection
D’autres études comparant le
ranibizumab à la mitomycin C
ont par contre trouvé un chiffre
plus élevé de PIO post-opératoire et un plus grand nombre
d’intervention sur la bulle avec
le ranibizumab. Ainsi, le rôle
des anti-VEGF comme agent
anti-cicatrisant paraît encore
très controversé et nécessite un
nombre d’études plus approfondi.
Quelques études plus basiques
conduites chez le rat ont essayé
Comme chaque année, les
études morphologiques utilisant
l’OCT, le GDx et le HRT ont fait
l’objet de plusieurs débats. Une
étude évaluant la morphologie
du nerf optique de 186 sujets utilisant l’OCT en domaine spectral, a trouvé un épaississement
hétérogène localisé de la couche
des fibres nerveuses rétiniennes
(RNFL) dans 6 yeux glaucomateux. Aucun sujet contrôle ne
présentait ce type d’épaississement. Il s’agit d’un changement
morphologique qui n’a jamais
été décrit auparavant et dont la
pathogénie et les conséquences
sont encore méconnues.
Par ailleurs, la corrélation entre
les paramètres de l’HRT tels
que le RA (Rim Area), le RV (Rim
Volume), le CSM (Cup Shape
Measure) et le GPS (Glaucoma
Probability Score) a bien été
démontrée avec le VFI (Visual
Field Index), un nouvel index de
quantification de l’endommagement du champ visuel.
Une nouvelle notion ayant intéressé un bon nombre de présentations est l’épaisseur de la choroïde chez les patients atteints
de glaucome. En effet, dans une
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
La neuroprotection est un sujet d’actualité en matière de
glaucome. En effet, plusieurs
études analysent actuellement
à l’échelle moléculaire les différentes cibles thérapeutiques futures éventuelles.
Le sAPPa (s Amyloid Precursor
Protein a) paraît une cible thérapeutique intéressante. Plusieurs
études portant sur le rat ont établi son rôle neuroprotecteur en
cas de glaucome, via ses effets
antioxydants.
Par ailleurs, l’une des molécules
actuellement en cours d’étude
est le sunitinib, un inhibiteur du
récepteur de la tyrosine kinase. Il
s’agit d’un agent anticancéreux,
qui paraît être un promoteur de
la survie des cellules ganglionnaires in vitro, et les protège de
la toxicité du NMDA in vivo, d’où
son rôle anti-apoptotique.
Finalement, l’inhibiteur de la
Rho Kinase (ROCK) a mérité
une attention particulière dans
un bon nombre de présentations cette année. En effet, le
profil pharmacocinétique de
la molécule patente (ATS907)
et de son métabolite primaire
(ATS907M1) a largement été
153
DOSSIER
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
étudié après administration topique et ponction de chambre
antérieure chez le lapin. Cette
molécule paraît très efficace en
termes de baisse pressionnelle.
La tolérance locale est relativement bonne, avec une légère
hyperémie transitoire notée immédiatement après installation.
De plus, l’analyse histologique
des yeux de rats traités par les
inhibiteurs du ROCK pendant 6
mois a montré une augmentation significative du nombre de
cellules ganglionnaires par rapport aux yeux ayant eu un autre
hypotonisant ou un placebo.
Cependant, d’autres études plus
poussées paraissent évidemment nécessaires pour valider
les inhibiteurs du ROCK et les
classer dans l’arsenal thérapeutique anti-glaucomateux. n
Mots-clés :
Glaucome, Laser, Anti-cicatrisants,
Imagerie, Neuroprotection,
agenda
Ophtabus : Le tour de France du dépistage
des maladies de la vision
Congrès sur l’imagerie en ophtalmologie
avec l’institut Vu explorer
Du 29 juin au 24 juillet 2011
14 octobre 2011 au centre de congrès CAP 15, Paris
En partenariat avec AG2R la Mondiale, les opticiens VISION
PLUS, l’association Ophtabus présentera « Le dépistage par
télémédecine » des maladies de la vision. A travers le Système
d’analyse rétinienne assistée par ordinateur (CARA, de ses
sigles en Anglais), une agence itinérante de 21 étapes autour
de France dépistera des maladies telles que la DMLA, la
rétinopathie diabétique, le glaucome ou le Naevus choroïdien.
Pour en savoir plus : www.ophtabus.fr
Les cours théoriques aborderont
parmi d’autres : angiographie, OCT,
échographie, UBM, analyse des fibres
optiques, champs visuels, biométrie,
électrophysiologie… Vous pourrez
également trouver des ateliers pratiques sur OCT, Echo, UBM,
GDX, HRT.
Pour en savoir plus : www.vuexplorer.fr
Bulletin d’abonnement à Pratiques en Ophtalmologie
• Déductible de vos frais professionnels dans son intégralité
• Pris en charge par le budget formation continue des salariés
A nous retourner accompagné de votre règlement à : Expressions Santé
2, rue de la Roquette – Passage du Cheval Blanc, Cour de Mai - 75011 Paris
Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax. : 01 49 29 29 19 - E-mail : [email protected]
4 Je m’abonne pour 10 numéros
q Abonnement 60 E TTC (au lieu de 80 E prix au numéro)
q Institutions 75 E TTC
q Etudiants 40 E TTC (joindre photocopie de la carte d’étudiant)
PO45
Frais de port (étranger et DOM TOM)
q + 13 E par avion pour les DOM-TOM et l’UE
q + 23 E par avion pour l’étranger autre que l’UE
q Pr q Dr q M. q Mme q Mlle
Nom : . ....................................................................................................................
Prénom : . ..............................................................................................................
Adresse d’expédition : .....................................................................................
..................................................................................................................................
..................................................................................................................................
Code postal : . ......................... Ville : ...............................................................
Tél. : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _ ;Fax : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _
Mail : ......................................................................................................................
Règlement
q Chèque à l’ordre d’Expressions Santé
q Carte bancaire N° :
Expire le :Cryptogramme :
*(bloc de 3 chiffre au dos de votre carte)
Signature obligatoire e
154
L’abonnement à la revue Pratiques en ophtalmologie vous permet de bénéficier
Pratiques
en d’Expressions
Ophtalmologie Santé
• Juin 2011
d’un accès illimité et gratuit à l’intégralité
des sites
: • vol. 5 • numéro 45
neurologies.fr diabeteetobesite.org geriatries.org cardinale.fr onko.fr rhumatos.fr ophtalmologies.org
7 Glaucome à la SFO
Apport des dernières études
Dr Jacques Laloum1
Introduction
La journée de la Société Française
de Glaucome et les autres réunions
réalisées sous son égide ont été
l’occasion de découvrir les nouvelles voies diagnostiques et thérapeutiques, et de préciser, grâce
à l’apport des dernières études publiées, les lignes de force de cette
affection.
Hypertonies
Le bilan des facteurs de risque
est primordial. Si on divise les
hypertones en trois groupes selon les facteurs de risque (un
tiers avec le risque le plus faible,
un tiers avec un risque moyen, et
un tiers avec le risque le plus élevé), il faut traiter 98 patients du
premier groupe pendant 13 ans
pour éviter une seule conversion
glaucomateuse, alors qu’il suffit d’en traiter 19 du deuxième
groupe. L’évaluation des facteurs de risque a été précisée par
le poolage de deux études multicentriques (USA et Europe). Un
calculateur utilisant ces résultats est disponible sur internet.
Il permet une estimation rapide
du risque glaucomateux chez les
patients hypertones.
1
Ophtalmologiste. Paris
Fluctuations de
la pression intraoculaire (PIO)
Les glaucomateux ont une modification du rythme nycthéméral de la PIO. Une mesure à
différentes heures de la journée
avant de commencer un traitement permet de relever l’importance du pic et l’amplitude des
fluctuations.
L’importance des fluctuations
est retrouvée dans certaines
études comme un facteur de
risque indépendant.
Examens
complémentaires
Le champ visuel garde toute sa
place dans le suivi du glaucome.
L’apparition de logiciels de suivi
constitue un progrès majeur. Ces
logiciels, incapables d’indiquer
un aggravation du glaucome
avant 5 examens, soulignent
l’importance d’une fréquence
suffisante pour un suivi correct.
Les analyseurs d’événement signalent les points dont le déficit
dépasse la variabilité attendue
par rapport à deux examens de
référence. Les analyseurs de tendance calculent pour chaque
point une courbe de régression
linéaire dont la pente indique
l’aggravation. Ce calcul peut
aussi être affecté à un groupe
de points correspondant à un
même faisceux de fibres visuelles.
Enfin, un indice permet d’estimer et de prévoir la réserve de
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
champ visuel du patient, indépendamment de l’opacification
des milieux.
L’OCT des fibres visuelles prend
une place de plus en plus importante dans les examens de structure. Les paramètres de la papille
semblent moins utiles que ceux
des fibres visuelles. Dans la région maculaire, la cartographie
d’épaisseur du complexe cellulaire ganglionnaire, ou de la rétine entière, semble particulièrement utile pour les diagnostics
précoces.
L’objet des examens complémentaires de suivi devient une
quantification de l’aggravation
et non plus son simple diagnostic. Ils permettent aussi,
par l’amélioration de la reproductibilité (Gdx et HRT) le diagnostic de glaucome, non pas
en affirmant le caractère pathologique d’une atteinte, mais en
démontrant une progression de
cette atteinte. D’où l’importance
d’établir une base de référence.
L’OCT du segment antérieur a
deux avantages : il permet un
examen dans l’obscurité, et apprécie l’épaisseur de la racine de
l’iris, donc la dynamique semble
jouer un rôle important dans la
pathogénie des fermetures de
l’angle. Il ne visualise pas les
structure situées derrière l’épithélium pigmenté de l’iris, au
contraire de l’UBM.
L’UBM prend son intérêt quand
le mécanisme de la fermeture
n’est pas seulement au bloc pupillaire, en particulier après IP,
en cas de suspicion de syndrome
iris-plateau.
L’examen de référence pour affirmer la fermeture de l’angle
155
DOSSIER
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
spécial Congrès de la Société française d’Ophtalmologie
DOSSIER
reste cependant, malgré les progrès des appareils, la gonioscopie dynamique.
Un travail (primé) sur l’Ocular
Responder Analysis confirme
que les cornées de patients glaucomateux et non glaucomateux
présentent des caractéristiques
biomécaniques différentes, à
épaisseur de cornée comparable.
Traitement
Le seul traitement éprouvé reste
la baisse pressionnelle. L’importance du rôle de cette baisse
pressionnelle sur la progression
du glaucome a encore été soulignée par une étude canadienne
récente : une baisse de 20 % de
la PIO divise par 3 la progression
du déficit périmétrique (évaluée
par le MD).
L’observance reste un problème
central dans cette affection
chronique : seulement 56 % des
patients prennent 75 % de leur
traitement. Elle doit être appréciée par des questions ouvertes,
non culpabilisantes et ne mettant pas le patient en difficulté.
Elle est améliorée par les explications, et la fréquence des
consultations.
L’utilisation des génériques en
France est encore très inférieure
à ce qu’elle est en Allemagne.
Leur tolérance et même leur efficacité n’est pas toujours identique (galéniques différentes).
Un doute sur l’efficacité, ou une
mauvaise tolérance doit faire repasser au produit princeps. Les
156
différences de dénominations
sont une cause de confusion :
demander au patient d’apporter
les flacons est souvent utile.
La chirurgie du glaucome a été
abordée sous son aspect le plus
spécifique : l’importance centrale du suivi postopératoire. Ce
suivi intensif recherche les complications postopératoires immédiates.
Un Seïdel peut ainsi nécessiter
une reprise :
- en urgence si l’effacement de
la chambre antérieure au centre
est menaçant ;
- mais de toute façon très rapidement s’il persiste, car il menace
en quelques jours la viabilité de
la filtration.
De façon générale, la plupart des
gestes postopératoires visent
à combattre la fibrose précoce
ou le risque de fibrose à moyen
terme.
Glaucome à pression
normale (GPN)
Dans trois études sur le GPN
(1981, 1992, et 2002) une imagerie cérébrale pratiquée à titre
systématique a découvert une
lésion intra-crânienne dans une
proportion significative de cas.
L’inclusion de l’IRM au bilan
initial de tout GPN semble donc
logique.
L’association
GPN-syndrome
d’apnée du sommeil (SAS) n’est
pas rare. La recherche d’un GPN
doit être systématique en cas de
SAS, car le traitement par pression positive augmente la PIO
nocturne et diminue le débit
sanguin oculaire.
Les Dips nocturnes a longtemps
été mis en avant comme facteur
aggravant, à corriger. Une limite
est que ces Dips s’avèrent utiles
sur le plan général et doivent
donc être respectés.
Le traitement médical du GPN
vise une PIO cible très basse,
mais une étude récente montre
dans des cas d’atteinte bilatérale
que les asymmétries périmétrique et pressionnelle ne pas
corrélées. Ce résultat conforte
l’idée que la pathogénie du GPN
n’est pas totalement pressiondépendante.
Un autre volet de la même étude,
comparant l’aggravation du
champ visuel chez des patients
traités par timolol vs brimonidine, montre un avantage net à
la brimonidine, peut-être lié à
un effet neuroprotecteur.
Conclusion
Les progrès technologiques n’enlèvent pas à la clinique son rôle
central dans le diagnostic et la
surveillance du glaucome.
Amélioration de l’observance,
attention à la qualité de vie du
patient, réévaluation régulière
du rapport bénéfice-risque du
traitement : la qualité de la relation avec le patient est aussi primordiale dans la prise en charge
de cette affection chronique. n
Mots-clés :
Glaucome, Facteurs de risque,
­Thérapeutique, Examens
­complémentaires, Chirurgie,
­Glaucome à pression normale.
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
point de vue
Occlusions veineuses rétiniennes
œdémateuses traitées par Ozurdex®
Aspect SD-OCT
n L’équipe d’ophtalmologistes du CHI de Créteil a étudié les effets de l’injection intra-vitréenne
de l’implant Ozurdex® chez des patients porteurs d’occlusion veineuse rétinienne, deuxième
cause d’atteinte vasculaire de la rétine.
Dr Florence Coscas1, 2, Pr Gabriel Coscas1, 2, Dr Agnès Glacet Bernard1, Dr Ilaria Zucchiatti1, Pr Eric Souïed1
Introduction
Les occlusions veineuses rétiniennes constituent la deuxième
cause d’atteinte vasculaire de
la rétine, après la rétinopathie
diabétique et sa prévalence augmente régulièrement avec l’âge
(1).
L’œdème maculaire (OM) persistant est la principale complication des occlusions veineuses
rétiniennes, dans les formes
bien perfusées, limitant la récupération visuelle dans la moitié
des cas (2).
Les limites de
l’administration classique
de corticostéroïdes
L’effet bénéfique de l’administration de corticostéroïdes
dans les occlusions veineuses
rétiniennes (OVR) est connu de
longue date, mais ce traitement
était limité par les nombreux effets secondaires d’une administration prolongée par voie systémique (3, 4). Depuis une dizaine
d’années, plusieurs publications
ont souligné l’efficacité des in-
1 Centre hospitalier Intercommunal de Créteil
2 Centre ophtalmologique de l’Odéon, Paris
158
jections intra-vitréennes de corticostéroïdes, principalement la
triamcinolone, chez les patients
porteurs d’occlusion veineuse,
mais avec des effets secondaires
importants comme l’hypertonie
oculaire et la cataracte (5, 6). De
plus, la préparation extemporanée hors AMM à partir d’un
flacon de cristaux apportait une
grande incertitude sur la quantité réellement injectée, et parfois une réaction toxique liée aux
excipients, non adaptés aux milieux oculaires (7).
Un progrès significatif a été
apporté par la préparation de
stéroïdes spécialement étudiés
pour l’injection intra-vitréenne.
L’étude SCORE a démontré,
pour la première fois, de manière significative, un bénéfice
après traitement de l’OM par
injection intra-vitréenne de
triamcinolone “sans conserva­
teur” dans les occlusions de
la veine centrale de la rétine
(OVCR) (8). Cependant, dans les
occlusions de branche veineuse
(OBVR), ce traitement ne s’est
pas montré supérieur à la photo-coagulation au laser en grille
maculaire (9).
Les évolutions
récentes
Plus récemment, le nouvel implant intra-vitréen, à libération
prolongée de dexaméthasone
(Ozurdex®) a montré son efficacité entraînant la diminution de
l’œdème maculaire et une amélioration de l’acuité visuelle,
aussi bien dans les OVCR que
dans les OBVR (10). La libération progressive de la substance
active semble permettre une action prolongée et durable entre 4
et 6 mois, ainsi qu’une atténuation des éventuelles complications liées aux glucocorticoïdes,
avec un risque plus faible de développement d’hypertonie oculaire résistante et de cataracte.
Notre étude a eu pour but d’étudier les effets de l’injection intra
vitréenne de l’implant Ozurdex®
dans une série (14) de patients
porteurs d’occlusion veineuse
rétinienne, avec une attention
toute particulière sur l’évolution
de l’OCT dès les premiers jours
qui suivent l’injection et au cours
des mois suivants pour analyser l’efficacité et l’innocuité de
l’Ozurdex®. Nous rapportons l’un
des cas observés.
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
Occlusion veineuse rétinienne œdémateuse traitée par Ozurdex®
Figure 1 - Progression d’une occlusion rétinienne œdémateuse traitée par Ozurdex®.
A. OCT et FA initiaux : œdème maculaire cystoïde (CRT 890 µm), avec limitante externe bien visible et non altérée, interface AI/AE épaissi et
hyper-réflectif et nombreux points hyper réflectifs. B. Un jour après l’injection d’Ozurdex® (OCT et IR): réduction de l’œdème cystoïde (CRT
533 µm) C. Suivi huit jours après (OCT et IR): la regression des espaces cystoïdes est assez complète. Il y a une régression plus lente du fluide
subrétinal (CRT 485 µm). D. Suivi un mois après (OCT et FA) : La régression du fluide est complète et la rétine s’est aplatie (CRT 261 µm). La
dépression foveolaire et la couche nucléaire interne sont devenus pratiquement normales, les points hyper réflectifs sont disparus, le ELM et
l’interface IS-OS sont devenus réguliers et clairement visibles. La couche RPE est normale.
Etude de cas
Cas clinique
Mr E.E., 52 ans, de sexe masculin, se présente pour la première
fois en novembre 2010 pour une
perte d’acuité visuelle (20/80)
de l’œil gauche, due à une occlusion de branche veineuse de
la rétine (OBVR).
L’angiographie à la fluorescéine montre une occlusion de
branche à un croisement artério-veineux situé à 2 diamètres
papillaires du disque optique,
associé à quelques hémorragies
superficielles, une dilatation et
diffusion des capillaires et un
œdème maculaire cystoïde bien
perfusé, limité à la moitié inférieure de la zone avasculaire
centrale. L’aire maculaire était
bien perfusée, mais la périphérie
montrait la présence de zones
ischémiques périphériques, en
arrière de l’équateur.
L’épaisseur rétinienne centrale
(CRT) était de 890 µm (Spectralis SD-OCT). L’autre œil
était normal avec une acuité de
20/20 et un fond d’œil normal.
La pression intraoculaire était
normale dans les 2 yeux.
L’anamnèse était positive seulement pour une hypertension
artérielle bien contrôlée.
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
Après 6 semaines de suivi
spontané sans récupération,
le traitement par l’implant intra-vitréen de dexamethasone
(Ozurdex®, ayant récemment
reçu son AMM et remboursement à 100 % par la Sécurité
Sociale) été proposé. La vision
est remontée à 20/63 immédiatement après la première injection, associée à une réduction
de l’œdème maculaire cystoïde
et une épaisseur rétinienne
centrale à 533 µm.
Sur une période de 4 mois, le
patient ne subit aucune rechute
avec augmentation continue de
l’acuité visuelle à 20/32.
159
point de vue
Effets de l’implant
intra-vitréen
L’examen au SD-OCT a montré
une rapide et presque complète
régression des espaces cystoïdes
dès le premier jour et une plus
lente régression du fluide sous
rétinien et de l’épaisseur rétinienne centrale.
L’épaisseur rétinienne centrale
a progressivement diminuée
de la valeur initiale de 890 µm
à 495 µm à une semaine et une
épaisseur normale (261 µm) à
1 mois. La dépression fovéolaire
et la couche nucléaire externe ont
regagné un aspect quasi normal.
L’analyse précise des couches
nucléaires externes montrait initialement une interface amincie,
une interface AI/AE infiltrée et
hyper réflective avec de nombreux points hyper-réflectifs.
Après une complète résolution du
liquide sous-rétinien et de l’aplatissement de la rétine, les points
hyper-réflectifs ont disparu, et
l’interface ELM et le IS-OS est devenue régulière et clairement visibles ; la couche de l’épithélium
pigmentaire était normale.
La vision du patient est restée
stable au quatrième mois, sans
effet indésirable, avec une PIO
normale et pas de signe d’évolution de cataracte. Aucune récurrence l’œdème maculaire n’a été
observée.
Conclusion
La prise en charge de l’occlusion de
branche veineuse de la rétine est
basée sur 2 objectifs principaux :
• l’identification et le traitement
médical des facteurs de risques
modifiables (3) ;
• la découverte et prise en charge
des complications visuelles traitables (2, 11, 13).
160
L’œdème maculaire est une
complication majeure à la fois
des occlusions veineuses ischémiques et non-ischémiques.
La prise en charge de l’œdème
maculaire aura beaucoup de similitudes dans les cas d’ OBVR
et d’OVCR, mais avec quelques
différences, incluant dans les
OBVR un risque plus faible de
détérioration progressive et de
conversion vers l’ischémie ainsi
qu’un risque plus faible de néovascularisation.
L’étude GENEVA montrait un
résultat fonctionnel et anatomique (SD-OCT) positif et significatif à 6 mois, ainsi que, après
une seconde injection, avec un
suivi à 1 an. Les données de tolérance montraient un faible taux
de cataracte et un faible taux
d’élévation persistante de PIO.
Dans notre série, aucun effet indésirable lié à l’injection n’a été
observé.
Une seule injection d’un implant
à libération lente et prolongée de
corticoïde peut être le traitement
de première intention avec un
retraitement par cet implant en
fonction du suivi du patient, ou
par des injections mensuelles renouveles d’anti-VEGF, pendant 3
à 6 mois, dépendant de la résolution de l’œdème maculaire.
Cependant les anti-VEGF ne
sont pas encore approuvés dans
cette indication (les 3 injections
anti-VEGF en phase d’induction
viennent d’obtenir une AMM européenne dans cette indication).
Le laser, appliqué dans les zones
les moins épaisses de la rétine,
reste encore une alternative en
cas de réponse insuffisante aux
traitements précédents observé
lors du suivi.
Dans notre étude (12), 3 récidives de l’œdème maculaire ont
été observées pendant la période de suivi incluant l’examen
du quatrième mois, avec une
acuité visuelle stable et une rétine amincie, sans indication de
réinjection dans 11/14 de cas. De
plus, dans notre série, le traitement a eu un effet immédiat sur
l’acuité visuelle et sur l’œdème
maculaire consécutif aux occlusions veineuses rétiniennes.
A partir du début du traitement,
un suivi allant jusqu’à 2 ans sera
nécessaire dans les cas sans
complication. Une surveillance
sera nécessaire afin de dépister
une éventuelle conversion vers
l’ischémie et pour dépister une
récidive de l’œdème maculaire.
Une surveillance de l’iris est nécessaire essentiellement dans les
OVCR avec angiographie de l’iris
en cas de doute.
En conclusion, l’implant de
Dexaméthasone
peut
être
considéré comme sûr et efficace
dans le traitement de l’œdème
maculaire consécutif aux OVR
et peut procurer de manière
immédiate une augmentation
de la vision et une régression
de l’œdème maculaire. D’autres
études avec un suivi à plus long
terme sont nécessaires pour
établir la durée de récupération
visuelle et le besoin d’un traitement additionnel.
n
d Pour lire la bibliographie :
www.ophtalmologies.org
Mots-clés :
Rétine, Occlusion ­veineuse rétinienne,
­Oedème maculaire, Ozurdex®,
Corticostéroïdes, Implant.
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2011 • vol. 5 • numéro 45
PRATIQUES EN
OPHTALMOLOGIE
R E V U E
D I D A C T I Q U E
sur le web
M É D I C O - C H I R U R G I C A L E
Retrouvez Pratiques en ophtalmologie en ligne,
votre rendez-vous mensuel en ophtalmologie
Donnez votre avis en répondant à l’enquête de satisfaction
sur www.ophtalmologies.org
Sur le site www.ophtalmlogies.org, retrouvez :
d le dernier numéro de Pratiques en Ophtalmologie feuilletable en ligne,
d les archives de la revue (articles en pdf, revues en version numérique),
d la rubrique Matériel, avec tous les articles et fiches de la revue présentant et expliquant
les modalités pratiques et techniques du dernier matériel en ophtalmologie,
d la rubrique Experts, avec tous les articles de la revue dans lesquels des experts
donnent leur point de vue sur un sujet précis en ophtalmologie,
d l’actualité de l’ophtalmologie, régulièrement mise à jour,
d l’agenda des congrès à venir en ophtalmologie, en France et dans le monde
(tous les renseignements utiles, les dates limites de soumission de vos abstracts),
d les liens utiles,
d les petites annonces, consultation et multidiffusion des annonces
sur ophtalmologies.org et offres-sante.fr
d la newsletter
Abonnez-vous à la revue Pratiques en ophtalmologie et accédez aux archives
du magazine + feuilletez les numéros sur www.ophtalmologies.org
(accès gratuit réservé aux abonnés*)
*L’abonnement à la revue Pratiques en ophtalmologie vous permet de bénéficier en outre d’un accès illimité et gratuit
à l’intégralité des sites d’Expressions Santé : www.neurologies.fr - www.geriatries.org www.diabeteetobesite.org - www.cardinale.fr - www.onko.fr - www.rhumatos.fr
A très bientôt sur www.ophtalmologies.org !
Téléchargement