Rapport de l`UNESCO sur la science, vers 2030 ÉTAT DES LIEUX

Rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030
ÉTAT DES LIEUX PAR RÉGION
Sous embargo jusqu’au 10 novembre 2015
Afrique (subsaharienne)
Pour l'Afrique subsaharienne, la période sur laquelle porte ce Rapport de l’UNESCO sur la
science, vers 2030 se caractérise par une forte croissance économique, par une activité
politique croissante en science, technologie et industrie (STI), ainsi que par l'apparition de
pratiques exemplaires dans ce domaine, même si la région dans son ensemble affiche
toujours une allocation de ressources relativement faible en faveur des STI. Ainsi, bien que la
part de l'Afrique subsaharienne dans la population mondiale ait gagné un point de
pourcentage entre 2007 et 2013, son PIB n'a augmenté que de 0,3 % et sa dépense brute en
R&D (DIRD) n'a progressé que de 0,1 %.
Parallèlement, l'Afrique présente des perspectives prometteuses de plus en plus
nombreuses. Ainsi, plusieurs pays, dont l'Éthiopie, le Ghana, le Mozambique et le Rwanda,
ont vu leur production scientifique s'accroître considérablement. Si l'Afrique du Sud
représentait 46 % des publications de l'Afrique subsaharienne en 2014, le niveau de
productivité scientifique (nombre d'articles par million d'habitants) de pays à revenu faible
comme le Bénin et la Gambie était comparable à celui d'économies à revenu intermédiaire.
Ces dernières années, les activités de R&D (DIRD exprimée en pourcentage du PIB) en
Éthiopie (0,61 % en 2013) et au Kenya (0,79 % en 2010) ont progressé et se situent à un
niveau semblable à celui d'une économie à revenu intermédiaire. Le Malawi a vu sa DIRD
augmenter pour atteindre 1,06 % du PIB ces dernières années ; par rapport à tous les autres
pays ayant un volume de population similaire, les scientifiques de ce pays publient en
quantité plus importante dans des revues de grande diffusion par rapport au PIB .
L'Afrique de l'Ouest dans son ensemble n'a pas progressé aussi rapidement que le reste du
continent en ce qui concerne le nombre de publications scientifiques. Toutefois, plusieurs
initiatives devraient favoriser la coopération, la mobilité et la production des scientifiques :
la mise en place récente de réseaux de centres d'excellence dans cette sous-région, dans des
disciplines allant des mathématiques appliquées aux sciences environnementales ou à
l'agriculture, par le biais de projets en coopération avec la Banque mondiale et l'Union
économique et monétaire ouest-africaine ; et le Réseau africain d’expertise en biosécurité
(ABNE), dont le siège est au Burkina Faso depuis 2010. L'Institut africain des sciences
mathématiques (African Institute for Mathematical Sciences [AIMS]) est un réseau
panafricain de centres d'excellence axés sur les études supérieures, la recherche et la
diffusion des connaissances en sciences mathématiques. À ce jour, il est présent en Afrique
du Sud (depuis 2003), au Sénégal (2011), au Ghana (2012), au Cameroun (2013) et en
Tanzanie (2014).
Le financement extérieur de la R&D est déterminant dans plusieurs pays d'Afrique,
notamment dans ceux dont le ratio DIRD/PIB est bien supérieur à celui d'autres pays en
développement. C'est par exemple le cas du Kenya (0,79 % en 2010, dont 47 % financés par
des fonds étrangers) ou encore du Mozambique (0,42 % en 2010, dont 78 % financés par des
fonds étrangers).
Les regroupements et les pôles d'innovation jouent un rôle essentiel dans la mise en relation
des divers intervenants publics et privés, ainsi que dans la hausse du niveau global
d'investissement en STI, tout particulièrement au Kenya, en Éthiopie, au Gabon et en
Ouganda. D'autres, comme le Malawi et le Mozambique, affichent un investissement en
R&D bien supérieur à ce que l'on attendrait d'eux, notamment parce qu'ils attirent un
volume important de fonds étrangers pour la recherche. Le Rwanda, pays enclavé,
développe son infrastructure en TIC et son interconnexion par le biais de réseaux à haut
débit mondiaux (basés en mer), et ce, en coopérant avec ses voisins tanzanien et ougandais.
Il existe aussi des initiatives de R&D dans le secteur manufacturier qui cherchent àpasser
le stade du développement expérimental. En Ouganda, le College of Engineering Design, Art
and Technology de Makerere développe un prototype de voiture électrique pour deux
passagers (baptisée Kiira EV), qu'il espère commercialiser.
À l'heure où la région s'efforce de mettre en œuvre sa stratégie axée sur l'avenir intitulée
« Science, Technology and Innovation Strategy for Africa » (STISA-2024), elle s'appuie sur
une assise bien plus solide qu'il y a dix ou cinq ans.
États arabes
La période visée par ce Rapport a été marquée par le Printemps arabe et les instabilités
politiques qui s'en sont suivi dans une grande partie de la région arabe. Malgré cela, de
nombreux indicateurs de production de STI et d'initiatives en la matière reflètent une
augmentation, la région ayant notamment multiplié par deux ses efforts de publication. Elle
a également vu augmenter sa participation globale à l'activité de R&D (en moyenne 0,30 %
du ratio DIRD/PIB en 2013, contre 0,22 % en moyenne en 2007), même si l'on ne dispose pas
de données récentes pour tous les pays. Collectivement, les États arabes comptaient pour
1 % de la dépense mondiale en R&D en 2013, en hausse par rapport au 0,8 % de 2007, bien
que les pays arabes les plus riches n'aient joué qu'un rôle modeste dans cette progression.
Toutefois, on observe dans les États arabes les signes précurseurs d'une importance accrue
des STI. Alors que la participation des femmes à l'économie est généralement faible dans la
région, dans la science et la recherche, en revanche, des États arabes comme l'Égypte et
Bahreïn s'approchent davantage de la parité des sexes que l'Europe, par exemple (43 % de
femmes en Égypte et 41 % à Bahreïn). Dans dix pays arabes, les femmes représentent entre
34 % et 57 % des diplômés de l'enseignement supérieur en science, en ingénierie et dans
l'agriculture ce qui constitue une proportion relativement élevée.
Les États arabes mettent en œuvre des initiatives conjointes afin que les programmes
d'études des universités correspondent davantage aux besoins de l'économie. En 2014,
l'Organisation de la Ligue arabe pour l'éducation, la culture et la science (ALECSO) et
l'UNESCO ont décidé de mettre en place un observatoire en ligne de la science et de la
technologie, qui proposera un portail pour les projets de recherche mais répertoriera aussi
les universités et centres de recherche scientifique arabes, ainsi que les brevets, les
publications, et les mémoires de master et thèses doctorales au format numérique.
Avec 1 394 chercheurs par million d'habitants en 2013, la Tunisie est en tête des États arabes
pour la densité de chercheurs. Elle affiche aussi la plus grande densité de production
scientifique (276 articles par million d'habitants) en dehors des économies à rente
pétrolière.
L'Égypte a réussi à accorder une plus grande priorité politique à l'économie du savoir,
moteur d'une expansion économique si nécessaire. Jusque- inactif, le parc scientifique et
technologique Zewail (Zewail Park of Science and Technology) a été remis en route et un
observatoire des STI a été créé afin d'améliorer la collecte et l'analyse des données. Le
mandat constitutionnel de 2014 charge le gouvernement d'augmenter la dépense en R&D
afin que celle-ci s'élève à 1 % du PIB contre 0,68 % en 2013, niveau plutôt caractéristique des
économies à revenue intermédiaire.
Le Maroc, l'un des pays arabes les plus à la pointe de la technologie si l'on se fonde par
exemple sur la composante de haute technologie de sa production et de ses exportations
est également en tête pour ce qui concerne l'investissement en R&D du secteur privé.
Ailleurs dans la région, les gouvernements cherchent aussi à se rapprocher du secteur privé,
comme l'indique la stratégie des États arabes pour la science, la technologie et l'innovation
adoptée en mars 2014. Le Maroc a l'ambition de devenir le chef de file africain pour
l'énergie éolienne et l'énergie solaire. Il a inauguré le plus grand parc éolien d'Afrique à
Tarfaya en 2014 et aménage actuellement un énorme parc solaire à Ouarzazate.
Quelques-uns des pays arabes exportateurs de pétrole prennent des mesures visant à
favoriser le transfert de technologie et son assimilation, et ce, afin d'accroître la production
d'énergie renouvelable. Ainsi, par le biais de son Programme des énergies renouvelables et
de l'efficacité énergétique adopté en 2011, l'Algérie prévoit d'installer 22 gigawatts de
capacité de production électrosolaire d'ici à 2030 pour rester un important fournisseur
d'énergie malgré un possible épuisement de ses réserves de combustible fossile. Bien que
l'on constate de faibles niveaux d'investissement en R&D, d'autres économies à rente
pétrolière ont également intensifié leurs efforts en vue d'atteindre l'excellence scientifique.
Au Qatar et en Arabie Saoudite, les publications scientifiques ont fait un bond considérable,
aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif, comme l'indiquent différents indicateurs de
citation et de pertinence (par exemple, la part dans le décile supérieur d'articles).
Sur les quelque 50 sources de rayonnement synchrotron au monde, seules quelques-unes se
situent dans des pays en développement. Le Centre international de rayonnement
synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au Moyen-Orient (SESAME) la
première source du genre dans la régiondevrait être opérationnelle mi-2016 par le biais
d'un projet de collaboration réunissant l'Autorité palestinienne, Bahreïn, Chypre, l'Égypte,
l'Iran, Israël, la Jordanie, le Pakistan, et la Turquie, sous l'égide de l'UNESCO.
Asie et Pacifique
Cette vaste région, qui accueille les trois-cinquièmes (59 %) de la population mondiale et
compte pour près de la moitié de la production économique (45 %) et de la dépense en R&D
(42 %) du monde, abrite à la fois quelques-unes des puissances technologiques les plus
dynamiques et, en Asie intérieure et dans l'océan Pacifique, les participants les moins
investis dans la progression mondiale vers des économies à plus forte valeur ajoutée
technologique.
Par le simple fait de sa taille et de son essor, la Chine a vu augmenter considérablement sa
part dans de nombreux agrégats régionaux relatifs aux STI, qu'il s'agisse des effectifs de
chercheurs, du volume de publications, de l'investissement en R&D ou du volume de
brevets. Ces dernières années, la part de la Chine exprimée en pourcentage des volumes
mondiaux a progressé comme suit :
Chercheurs : 2009 : 16,7 % 2013 : 19,1 %
Publications : 2008 : 9,9 % 2014 : 20,2 %
DIRD : 2007 : 10,2 % 2013 : 19,6 %
D'après la base de données Web of Science de Thomson Reuter, la Chine s'apprête d'ici
quelques années à prendre la tête du classement pour le volume de publications
scientifiques. Mais son ambition de devenir rapidement une économie véritablement ae
sur l'innovation pourrait être mise à l'épreuve par le contexte actuel de ralentissement de la
croissance mondiale.
Le Japon connaît une période d'activité politique extraordinaire visant à relever le triple défi
qui se pose à lui, à savoir le vieillissement de sa population active, ses efforts pour sortir du
nucléaire suite à la catastrophe de Fukushima et la revitalisation de son moteur de
croissance anémique. Si le Japon reste l'une des économies manufacturières les plus
dynamiques en matière de R&D, son quatrième plan fondamental pour la science et la
technologie (2011) accorde une priorité manifeste à l'« innovation verte » ainsi qu'à
l'innovation favorisant une vie plus saine. La part des nouvelles énergies renouvelables (à
l'exception de l'énergie hydroélectrique) dans la production électrique totale du Japon a
augmenté, allant de 1,0 % en 2008 à 2,2 % en 2013, mais la transition vers les nouvelles
énergies renouvelables devrait encore s'accélérer grâce à la déréglementation, aux
réductions d'impôt et à l'aide financière visant à favoriser l'investissement privé, ainsi qu'à la
R&D dans l'énergie renouvelable. Le Japon fait également son retour dans le domaine de la
technologie et de l'ingénierie aéronautique, puisque le Mitsubishi Regional Jet espère être
compétitif sur le marché mondial des avions de taille moyenne conçus pour le transport de
passagers, et ce, grâce à son rendement du carburant élevé, à son faible impact sur
l'environnement et à son niveau de bruit minimal.
L'énergie renouvelable est également devenue une priorité de la politique en STI en
Océanie. Les Fidji, Nauru et les Tonga ont défini des objectifs d'énergie renouvelable se
situant entre 50 % et 90 % de la consommation énergétique totale de ces prochaines
années. Les Îles Cook, quant à elles, se sont fixé l'objectif d'atteindre 100 % d'énergie
renouvelable d'ici à 2020.
La République de Corée étant maintenant l'une des économies les plus actives au monde en
matière de R&D (sa DIRD représentait 4,15 % du PIB en 2013), son troisième plan
fondamental pour la science et la technologie 2013-2017 a modifié la priorité du
gouvernement vers la promotion de la recherche fondamentale ainsi que de l'esprit
d'entreprise et de la créativité dans l'activité de production. Parallèlement, plus d'un tiers
(35 %) du budget du gouvernement destiné à soutenir les industries stratégiques sur la
riode 2013-2017 (6 200 milliards de wons sud-coréens, soit 5,5 milliards de dollars des
États-Unis environ) est alloué à de nouveaux secteurs de croissance industrielle, comme
l'énergie solaire, les lanceurs spatiaux, etc.
La République de Corée est parvenue à faire progresser la part de la recherche
fondamentale dans sa DIRD en pleine expansion, atteignant ainsi 11 % en 2013, soit un
niveau plus de deux fois supérieur à celui de 2007. Elle met actuellement en place une
technopole à Daejeon. Baptisée « International Science Business Belt », celle-ci accueillera
18 universités, ainsi que plusieurs parcs scientifiques et centres de recherche, y compris un
accélérateur d'ions lourds. Elle devrait être achevée d'ici à 2021, pour devenir un
environnement urbain d'envergure mondiale réunissant la science, l'éducation, la culture et
l'art.
De nombreuses économies œuvrent pour repousser les confins du développement
économique axé sur les STI. Elles cherchent en particulier à adapter leurs systèmes
scientifiques et de R&D pour appuyer les moteurs de croissance de demain, comme la
biologie moléculaire, la nanotechnologie ou encore les sciences des matériaux,
l'innovation dépend davantage des progrès en recherche fondamentale et nécessite donc
que l'on accorde une place prépondérante à la collaboration entre la science et l'industrie.
En Malaisie, les responsables politiques s'efforcent d'encourager le développement des
services à forte valeur ajoutée pour venir compléter une activité importante du pays, savoir
la fabrication de produits électroniques.
La fin de la croissance axée sur le prix des ressources incite un grand nombre d'économies
normalement très différentes telles que l'Iran, l'Asie du Sud-Est ou encore l'Australieà
promouvoir l'investissement en R&D du secteur privé. Ces pays doivent toutefois parvenir
en parallèle à maintenir l'investissement public dans la recherche publique ainsi que les
ressources humaines de R&D nécessaires pour en tirer le meilleur parti.
L'Australie fait figure d'exception parmi les économies avancées, en ce qu'elle ne dispose pas
de données à jour concernant sa DIRD et ses effectifs de chercheurs. Ces dernières années,
le système universitaire a pris les rênes de la recherche financée par des fonds publics,
supplantant les institutions de recherche publique du pays. Le gouvernement se concentre
sur les sciences océaniques et les sciences médicales. Parallèlement, le financement public
de la recherche s'est réorienté vers un système de subventions et privilégie de plus en plus
la recherche adaptée aux besoins du secteur privé, même s'il reste des questions en suspens
quant à la manière de combler le fossé qui sépare les besoins de l'industrie et ceux du milieu
universitaire.
Qu'il s'agisse des aspirations de la Malaisie à devenir un pôle d'enseignement supérieur, des
projets de communauté économique de l'ASEAN, de la place prépondérante accordée par la
Nouvelle-Zélande à la diplomatie scientifique ou encore des initiatives pour le
développement durable menées par la Communauté du Pacifique, la région a tendance à
privilégier la coopération et la mobilité transfrontalières.
En mettant en place sa communauté économique fin 2015, l'Association des nations de
l'Asie du Sud-Est (ASEAN) cherche à faire de la région (qui représente près de 9 % de la
population mondiale) une plateforme de production unique, soutenue par des programmes
conjoints, comme le plan d'action de l'ASEAN pour la science, la technologie et l'innovation,
qui prône une approche intégrée de la science, de la technologie et de l'innovation, et qui
créé de nouvelles perspectives de coopération scientifique régionale pour ses membres à
revenu plus faible. En décembre 2014, le Cambodge a lancé son premier plan directeur
national pour la science et la technologie 2014-2020, avec le soutien de l'Agence coréenne
de coopération internationale (KOICA, 2014), dans le but de favoriser l'innovation dans
l'agriculture, dans d'autres secteurs de production primaire et dans les TIC.
En Inde, l'investissement en R&D, y compris dans le secteur privé, est en hausse bien qu'on
ne constate pas d'intensification notable ces dernières années. En termes de volume,
toutefois, la place de l'Inde dans la R&D mondiale est comparable à celle des grandes
économies européennes. L'innovation est fortement concentrée dans certaines régions ainsi
que dans certains secteurs industriels, comme les produits pharmaceutiques et les services
dans le domaine des TIC ces derniers ont d'ailleurs un impact considérable à l'échelle
internationale par le biais des relations commerciales et des IDE. À l'inverse, l'innovation
dans l'industrie pharmaceutique indienne reste principalement sous contrôle national (pour
ce qui concerne la propriété des brevets, par exemple). L'Inde se caractérise aussi par
l'émergence de l'« innovation frugale », qui s'accompagne du développement d'un marché
local pour les inventions favorables aux démunis, à l'image du matériel médical abordable
ou encore de la Nano Twist, la toute dernière minivoiture fabriquée par Tata.
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