d’intérêt offre une aubaine exceptionnelle qui peut être mise à profit pour réaliser des
investissements publics prioritaires et renforcer la croissance potentielle
.
En Europe, le plan Juncker mis en œuvre depuis 2015 tente de relancer l’investissement sans
augmenter la dépense publique en redéployant les crédits publics européens vers des mécanismes
de garantie dont l’effet de levier serait nettement supérieur à celui des subventions. Ce plan d'une
mise initiale de 21 milliards d'euros, dont 16 tirés du budget de l’Union européenne et 5 milliards de
la BEI, a prévu de mobiliser au total 315 milliards d'euros d'investissements européens et nationaux,
publics et privés sur trois ans entre 2015 et 2017.
Dans ce contexte, ce colloque s’interrogera sur les critères de choix des projets qui doivent s’inscrire
dans une procédure de sélection rigoureuse et permettre de retenir les investissements les plus
utiles au regard des besoins de la collectivité.
Depuis 2012
, la loi a instauré, pour tous les projets d’investissements civils financés par l’État, ses
établissements publics, les établissements publics de santé ou les structures de coopération
sanitaire, une exigence d’évaluation socioéconomique
préalable. En chiffrant les coûts et les
avantages que peuvent induire les investissements publics, l’évaluation socioéconomique apporte en
effet un éclairage essentiel aux décideurs publics. Elle permet de mesurer la rentabilité économique
et sociale d’un investissement pour la société dans son ensemble. Elle intègre ainsi, au-delà des
aspects financiers, des préoccupations relatives à l’environnement, au bien-être, à la soutenabilité.
Lorsque le financement de l’Etat, de ses établissements publics, ou des établissements de santé,
dépasse 20 M€ HT, l’évaluation socioéconomique doit notamment présenter des indicateurs
socioéconomiques et une cartographie des risques
. Lorsque le financement public dépasse 100
M€ HT, l’évaluation socioéconomique du projet fait l’objet d’une contre-expertise du CGI
(Commissariat Général à l’Investissement).
La question des indicateurs à retenir pour rendre compte les résultats de l’évaluation
socioéconomique et éclairer la décision publique a fait de tout temps l’objet de débats, notamment
entre les partisans d’un indicateur socioéconomique unique (VAN SE
, VAN SE par euro public investi
ou TRI SE
sont parmi les plus cités) et les tenants d’une échelle multicritères qui permet de rendre
compte de la complexité d’un projet et de répondre ainsi aux préoccupations des politiques.
Les méthodes de choix des critères à retenir peuvent être variées :
- en 2006, le CEREMA a publié une grille
de prise en compte du développement durable dans
un projet (RST02). Elle comprend 7 dimensions et 29 critères déclinés en 78 questions ;
- en 2013, la Commission Mobilité 21, chargée de choisir les projets de transport à réaliser
jusqu’en 2030, a hiérarchisé les projets à l’aide d’une évaluation multicritère non pondérée
https://www.project-syndicate.org/commentary/new-fiscal-reality-favors-public-investment-by-jean-pisani-
ferry-2016-11/french
Loi n° 2012-1558 du 31 décembre 2012 de programmation des finances publiques pour les années 2012 à
2017
L’évaluation socioéconomique, dans un souci de l’intérêt général, cherche à identifier les effets d’un projet
sur l’ensemble des acteurs impactés, tente de les quantifier et de les monétariser dans la mesure du possible.
Décret n°2013-1211 du 23 décembre 2013 relatif à la procédure d’évaluation des investissements publics.
Valeur actualisée nette socioéconomique
Taux de rentabilité interne socioéconomique
http://www.territoires-haute-normandie.net/iso_album/guide_utilisation_grille_rst02.pdf. Les 7 dimensions
de la grille sont gouvernance et démocratie participative, dimension sociale, interface équitable, dimension
économique, interface viable, dimension environnementale et interface vivable. Les réponses qualitatives à
une question sont 5 échelles : mal pris en compte, non pris en compte, moyennement pris en compte, assez
bien pris en compte, bien pris en compte.