La CUSSTR Hygiène du travail Le bruit Le bruit Page 1 sur 10 La CUSSTR Hygiène du travail Introduction Les ambiances de travail (bruits, éclairage, ambiance thermique…) sont des éléments essentiels pour une bonne exécution d’une tâche, tant leur impact sur l’individu (fatigue physique, stress, irritabilité) est important. La nuisance engendrée par les ondes sonores est communément appelée bruit. Celuici est plus ou moins gênant selon la source qui est à son origine et selon la sensibilité de celui qui le reçoit (critère de tolérance). Les ondes sonores sont caractérisées par leur aptitude (ou niveau de pression sonore) et leur fréquence. L’amplitude s’exprime en décibels (dB) selon une échelle logarithmique et la fréquence en hertz (Hz). Les fréquences en dessous de 20 Hz s’appellent les infrasons, au-delà de 20'000 Hz les ultrasons et entre ces deux valeurs les fréquences audibles (pour l’oreille humaine). L’oreille ayant une sensibilité variable selon les fréquences, une unité particulière d’amplitude pour la physiologie humaine a été introduite: le décibel A ou dB(A). Il est important d’être vigilant vis-à-vis des risques liés au bruit, car les conséquences physiologiques de ces nuisances (surdité partielle ou totale sont irréversibles). Bruits de référence 140 dB(A): 125 dB(A): 110 dB(A): 100 dB(A): 85 dB(A) : 60 dB(A) : 40 dB(A) : 15 dB(A) : 0 dB(A) : réacteur d’avion (à 25 m), seuil de douleur avion au décollage (à 100 m) concert d’un group de rock marteau-piqueur circulation automobile normale en milieu urbain conversation de quatre ou cinq personnes bibliothèque forêt seuil d’audition Le bruit ne doit pas compromettre la santé, le bien-être et la sécurité des travailleurs. En priorité, le niveau sonore doit être réduit au niveau le plus bas adapté aux conditions d’exploitation par des mesures prises à la source. Le développement de l’état de la technique est à prendre en considération. Les multiples aspects de la lutte contre les nuisances sonores sont à prendre en considération déjà lors de la planification, de la construction et de l’acquisition de machines et d’installations. Il est utile, lors de la phase de planification, de faire appel à un acousticien afin de maîtriser les problèmes de bruit d’une manière efficace et économique. Pour toute indication concrète, se référer à la norme européenne prEN 31690 (p. ex. programme informatique pour l’établissement d’un pronostic des nuisances sonores). Le bruit Page 2 sur 10 La CUSSTR Hygiène du travail Dangers principaux Effets sur l’être humain Les effets des nuisances sonores sur l’être humain sont multiples et peuvent être amplifiés par d’autres influences. Ces nuisances ont les deux effets principaux suivants: § Effets sur les organes de l’ouïe (effets auditifs), p. ex. lésions auditives dues au bruit. § Effets sur l’organisme en général (effets extra-auditifs), influences sur les organes et les systèmes d’organes. Les effets extra-auditifs concernent le bien-être, en particulier le système nerveux central (troubles du sommeil, etc.), le psychisme (rendement, concentration, nervosité, agressivité, etc.) et le système neurovégétatif (pression artérielle, irrigation sanguine, fréquence cardiaque, système digestif, métabolisme, « réactions de stress », etc.). Cadre légal Article 22 OLT 3 1 2 Le bruit et les vibrations doivent être évités ou combattus. Pour la protection des travailleurs, il importe en particulier: a. b. c. d. Le bruit de prendre des mesures en matière de construction des bâtiments; de prendre des mesures concernant les installations d’exploitation; de procéder à l’isolation acoustique ou à l’isolement des sources de bruit; de prendre des mesures concernant l’organisation du travail. Page 3 sur 10 La CUSSTR Hygiène du travail Consignes générales Valeurs limites et indicatives Valeurs limites du bruit présentant un risque pour l’ouïe Se fondant sur l’article 50, 3e alinéa, OPA, la CNA a fixé la valeur limite pour le bruit présentant un risque pour l’ouïe à 85 dB. Valeurs indicatives pour les nuisances sonores gênantes La gêne provoquée par un bruit dépend du genre de la source sonore, de la propagation des sons dans le local et de l’exposition des personnes concernées. La gêne ressentie peut être différente en fonction de l’attention nécessitée par l’activité exercée. Le seuil individuel de tolérance varie en fonction de l’état psychique. Lors de la fixation des valeurs indicatives, on a tenu compte des différentes activités. Pour les locaux de travail, des exigences quant à leurs caractéristiques acoustiques et des valeurs indicatives concernant le bruit de fond ont été définies. Remarque Ces valeurs indicatives, fondées sur la norme européenne prEN 31690, ont été fixées par un groupe de travail composé de représentants de l’OFIAMT, de l’AIPT et de la SUVA. Les valeurs de la norme EN 31690, inférieures à celles du présent document, constituent des objectifs à moyen et à long terme. Même si les valeurs indiquées en fonction des activités sont respectées, cela n’exclut pas les plaintes concernant le bruit. Il est connu que la composition spectrale (sonie, acuité, tonie) et la structure temporelle (composantes impulsives, raucité et intensité de variation) du son peuvent influencer fortement ses effets. Dans ces cas, des études spéciales sont nécessaires et des mesures particulières sont à prendre. Bruits de basses fréquences Pour l’appréciation des bruits de basses fréquences dans leur zone de nuisance, on ne peut appliquer entièrement les prescriptions de mesure et les procédés d’appréciation habituels. Ceci concerne avant tout l’endroit de la mesure et l’appréciation des fréquences: Un procédé de mesure et d’appréciation de l’émission sonore de basses fréquences dans des bâtiments et de sa transmission par des sons aériens et solidiens est décrit dans la norme DIN 45 680. Cette norme complète les procédés existants de mesure et d’appréciation des bruits et sert à combattre des gênes considérables. Valeurs indicatives en fonction des activités Ces valeurs indicatives sont des niveaux moyens énergétiques de la pression acoustique (Leq, niveau équivalent).Ils englobent toutes les émissions à un poste de Le bruit Page 4 sur 10 La CUSSTR Hygiène du travail travail, à l’exception de la communication propre au poste lui-même (conversations avec d’autres personnes, sonnerie de téléphone, signaux acoustiques, etc.). Si les exigences normales ne peuvent être satisfaites par des mesures non excessives visant à abaisser le niveau sonore, il y a lieu d’équiper de protecteurs d’ouïe les travailleurs exposés à un niveau sonore supérieur à 85 dB(A). Pour un niveau sonore plus bas, le port de protecteurs d’ouïe permet d’obtenir une réduction des nuisances. Les valeurs indiquées pour les exigences accrues doivent être considérées comme des objectifs. Elles sont fondées sur l’obligation légale prescrivant que les nuisances sonores doivent être réduites à leur niveau le plus bas possible, en tenant compte de l’état de la technique et de la situation concrète. Valeurs indicatives en fonction de l’activité Activité Groupe 1: Activités industrielles et artisanales Groupe 2: Travaux de bureau et activités comparables de production ou tâches de surveillance Groupe 3: Activités essentiellement intellectuelles, exigeant une grande concentration Niveau sonore continu équivalent Leq en dB(A) Exigences Exigences normales 1 accrues 2 < 85 ≤ 75 ≤ 65 ≤ 55 ≤ 50 ≤ 40 1 Exigences normales: valeurs indicatives à respecter de manière générale dans la plupart des cas. 2 Exigences accrues: valeurs indicatives pour les objectifs. En même temps, ce sont les valeurs à atteindre pour les activités présentant des exigences supérieures en matière de rendement et de qualité du travail ou nécessitant une attention particulière soutenue, etc. Exemples d’activités du groupe 1 Activités manuelles de routine nécessitant une attention temporaire ou peu élevée: § Travail simple sur machines. § Travail de fabrication sur machines, appareils ou installations. § Travail sur machines à coudre industrielles. § Travail sur machines d’imprimerie. § Travail sur automates de remplissage et d’emballage. § Travaux de services et d’entretien. Le bruit Page 5 sur 10 La CUSSTR Hygiène du travail Exemples d’activités du groupe 2 Activités intellectuelles répétitives nécessitant une concentration particulière, temporaire ou continuelle: § Gestion, saisie de données, dactylographie, travail sur ordinateur. § Travail avec des installations de commande, d’observation et de surveillance. § Vente, service à la clientèle. § Travail en bureau d’exploitation ou de contremaître. § Essais et contrôles à des postes aménagés à cet effet. § Travaux de montage délicats, montage de circuits imprimés. Exemples d’activités du groupe 3 Activités nécessitant une concentration particulière et une pensée créative: § Travail scientifique (création ou étude de textes). § Calcul technique ou scientifique ou de gestion d’un degré de complexité élevé. § Développement de programmes et analyse de systèmes. § Rédaction, traduction, dictée, saisie ou correction de textes complexes. § Travail en salles de radio, centrales d’alarme ou téléphoniques. Valeurs indicatives pour le bruit de fond dans les locaux de travail Le bruit de fond (bruits étrangers) est constitué de tous les bruits provenant des installations techniques (p. ex. ventilations, compresseurs, chauffage, etc.) et les bruits provenant de l’extérieur (ateliers dans le voisinage, trafic). Le tableau suivant contient les valeurs indicatives pour le bruit de fond. Le bruit Page 6 sur 10 La CUSSTR Hygiène du travail Valeurs indicatives du bruit de fond Local Petit bureau (max. 3 personnes) Bureau moyen Salle de réunion et de conférences Bureau paysager Bureau équipé de plusieurs machines Local d’ordinateurs Bureau d’atelier Salle de commande Cabine de commande Laboratoire Local de pause ou de permanence Local de repos ou d’infirmerie Cantine Salle d’opération Salle de cours Appartement de service (la nuit) Niveau sonore continu équivalent Leq en dB(A) Exigences Exigences normales accrues 40 35 40 35 40 35 45 40 45 40 50 45 60 55 60 55 70 65 50 45 60 55 40 35 55 50 40 35 40 35 35 30 Voir aussi le tableau: "valeurs indicatives en fonction de l’activité". Valeurs indicatives concernant l’acoustique des locaux de travail Les locaux où sont installés des postes de travail permanents doivent satisfaire à l’un des trois critères suivants: § Coefficient d’absorption acoustique moyen αs ≥ 0,25. § Temps de réverbération T (en fonction du volume du local, voir tab. C). § Diminution du niveau de pression sonore par doublement de la distance DL 2 ≥ 4 dB. L’annexe de ce commentaire contient des indications complémentaires concernant ces trois paramètres. Le bruit Page 7 sur 10 La CUSSTR Hygiène du travail Valeurs indicatives du temps de réverbération Volume du local [m3] Temps de réverbération maximal T* [s] < 50 50 - 200 200 - 1 000 1 000 - 5 000 5 000 - 20 000 > 20 000 0,5 0,5 - 0,8 0,8 - 1,2 1,2 - 1,4 1,4 - 1,6 1,6 * Valeur moyenne dans la gamme de fréquence de 125 à 4 000 Hz. Limite inférieure de la gamme de volume: faible temps de réverbération. Limite supérieure de la gamme de volume: temps de réverbération supérieur. Atténuation du bruit (alinéa 2) Lorsqu’un problème de bruit complexe doit être résolu, il est recommandé d’analyser les différentes possibilités d’atténuation, afin d’obtenir une vue d’ensemble des solutions envisageables. Les différents domaines d’interventions et les mesures d’atténuation possibles sont décrits dans un tableau (voir annexe). mesures au niveau de la construction (alinéa 2, lettre a) Correction acoustique des bâtiments Ces mesures diminuent la propagation des sons par la structure des bâtiments (parois, plafonds, fenêtres, portes) vers des locaux ou des bâtiments voisins. Elles comprennent des mesures d’atténuation du son aérien et du son solidien. En vertu de l’article 32 de l’ordonnance sur la protection contre le bruit (OPB), les exigences minimales décrites dans la norme SIA 181 doivent être respectées. Son solidien Les mesures principales contre la propagation des sons par la structure des bâtiments sont l’utilisation de planchers flottants et la séparation des corps d’un bâtiment (joints de dilatation). Les machines et installations génératrices de bruit et par cela de vibrations doivent elles-mêmes être équipées de dispositifs absorbant les vibrations. Son aérien Dans les grands locaux, on s’efforcera d’insonoriser les machines ou automates bruyants pour protéger les travailleurs se trouvant dans le local. Les postes de travail non bruyants (postes de commande, bureaux d’exploitation ou de contremaître, etc.) sont à séparer des locaux contenant des postes de travail bruyants. Les machines et Le bruit Page 8 sur 10 La CUSSTR Hygiène du travail installations très bruyantes (p. ex. broyeurs à déchets, compresseurs d’air) sont à installer dans des locaux séparés. Le même principe est valable pour les travaux générant un bruit considérable (p. ex. travaux de tôlerie). Correction acoustique des locaux Par correction acoustique des locaux, on désigne tous les moyens à l’aide desquels on réduit la réverbération d’un local (p. ex. plafonds acoustiques) et la propagation directe du bruit dans ce même local (p. ex. cloisons absorbantes). Les parois mobiles ne sont pas, en elles-mêmes, des mesures de correction acoustique des locaux, mais elles en sont des compléments utiles. Un plafond absorbant les bruits fait partie des règles actuelles de l’art en matière de construction. Il faut évaluer la nécessité d’un tel plafond de cas en cas. Les locaux contenant des postes de travail permanents doivent satisfaire au moins à un des critères mentionnés au chapitre « Valeurs indicatives concernant l’acoustique des locaux de travail ». Mesures concernant les installations d’exploitation (alinéa 2, lettre b) En premier lieu, on prendra des mesures limitant le bruit à sa source. Lors de la planification d’une construction ou d’une transformation, les machines et les installations doivent être prises en considération dans un concept de protection contre le bruit. Par le choix ou l’achat de machines et par l’utilisation de procédés silencieux, les émissions sonores peuvent être maintenues à un bas niveau. Il y a lieu d’exiger des fournisseurs de machines et d’installations des valeurs d’émission basses, garanties dans le contrat de vente. Les valeurs d’émission de certains types de machines se trouvent dans les directives VDI-ETS-Richtlinien. Les mesures techniques de lutte contre le bruit décrites ci-dessous correspondent à l’état actuel de la technique: § Les emplacements de transfert de matériel sont à concevoir de sorte qu’ils génèrent peu de bruit, par exemple en amortissant les points d’impact et en minimalisant la hauteur de chute. § Les échappements d’air comprimé sont à équiper d’un silencieux. En fonction de la situation concrète dans un local (affectation, niveau de bruit), les entrées et sorties d’air en seront également équipées. § Utilisation d’outils pneumatiques munis de silencieux (p. ex. visseuses pneumatiques). § Utilisation de pistolets de nettoyage à l’air comprimé ne générant que peu de bruit (munis d’un détendeur ou de buses silencieuses) Le bruit Page 9 sur 10 La CUSSTR Hygiène du travail Isolation des installations bruyantes ou division des locaux (alinéa 2, lettre c) Dans les grands locaux où du personnel travaille, les machines ou les automates bruyants seront, selon les possibilités, munis de capots. Des exemples de réalisations concrètes sont présentés dans le feuillet CNA 66026. Mesures d’organisation du travail (alinéa 2, lettre d) Si les mesures techniques ne suffisent pas à réduire le bruit au-dessous des valeurs admissibles, les travailleurs seront protégés par des mesures d’organisation ou par des équipements individuels. Par des mesures d’organisation, on réduit l’exposition des travailleurs aux risques pour leur santé. En premier lieu, il s’agit de réduire leur temps de séjour dans les lieux bruyants. Les nuisances sonores provoquant un risque ou une gêne pour l’ouïe peuvent être diminuées de manière significative par l’utilisation de moyens de protection individuels. Références § § § § feuillet SUVA 1903: « Valeurs limites d’exposition aux postes de travail ». feuillet SUVA 66058 « Nuisances sonores à l’emplacement de travail ». feuillet SUVA 66008 « Acoustique des locaux industriels ». Dangers du bruit pour l’ouïe à l’emplacement de travail. 139 pages, Réf. SBA 146.f (N’existent qu’en allemand, p. ex. § VDI-ETS-Richtlinien Holzbearbeitungsmaschinen VDI 3740, spanende Werkzeugmaschinen VDI 3742, handgeführte Werkzeuge VDI 3761 etc.). § Feuillet CNA 66026 (n’existe qu’en allemand: « Lärmbekämpfung durch Kapselung ») Le bruit Page 10 sur 10