
Pour une refonte des "Urgences"
La situation la plus fréquente
Comme dit en préambule notre but n’est pas de décrire en détail la situation actuelle d’un SAU, qui a déjà
fait l’objet d’innombrables publications. L’affirmation habituelle est que les moyens sont de toute façon
insuffisants. Nous voulons proposer une organisation fondamentalement différente, plus efficiente
construisant un parcours de prise en charge répondant au mieux à la nature de la plainte qui aura motivé
le recours au SAU. L’actuelle névrose obsessionnelle de la recherche d’un lit, ne devient qu’un élément du
parcours. Cette névrose disparaît si notre objectif est atteint.
Les grandes lignes du fonctionnement d’un service d’urgence restent les mêmes. A savoir trois secteurs
plus ou moins distincts.
Le déchoquage ou SAUV : Equipé pour accueillir les urgences vitales
Le secteur traumatologie : Comme son nom l’indique, essentiellement dédié à la traumatologie
dont la très grande majorité est simple et nécessite peu de ressources.
Le secteur médecine : Tout le reste ! qui va rassembler de l’AVC à l’alcoolisme aigu , en passant
par la douleur abdominale, l’infarctus du myocarde, la gène respiratoire, le malaise, le clochard
qui se gratte, le préservatif qui s’est déchiré, le déprimé qui n’arrive pas à dormir, la personne
âgée qui ne peux plus rester chez elle (tout particulièrement le vendredi à partir de 17h) la
colique néphrétique, la tentative de suicide, la fièvre qui dure depuis 15 jours, et on pourrait
continuer à l’infini cet inventaire à la Prévert…
Ce secteur est assez universellement appelé "la cour des miracles", en référence à ces quartiers de "non
droit" du Paris d’avant Haussmann ou s’entassait toute la misère sociale, hors de porté des soldats du
guet qui n’osaient pas s’y aventurer. La métaphore est éloquente !
Pour s’occuper de ce secteur on trouve des médecins urgentistes, le plus souvent, d’expérience et de
formation inégale, du "très plus" au "plus ou moins" qui se débattent comme ils le peuvent au milieu de
ce flot de patients multiples et variés en essayant de hiérarchiser de trier d’orienter, s’appuyant sur
examens complémentaires et avis de spécialistes. Ils sont assistés de paramédicaux qui naviguent
comme ils peuvent entre brancards qui envahissent toutes les surfaces horizontales disponibles, patients
qui déambulent, familles qui réclament. Pas facile, parce qu’on attend beaucoup aux urgences, et qu’à
force d’attendre (patients, familles, ambulanciers, policiers, pompiers) on en devient désagréable, et on
s’en prend au personnel qui fait pourtant ce qu’il peut. Et puis il y a le téléphone. On passe énormément
de temps au téléphone dans ce secteur. D’ailleurs un observateur extérieur aurait l’impression que c’est
l’activité dominante pour le personnel tant médical que soignant. L’objectif très dominant de ces appels
vise la recherche d’un avis spécialisé et … d’un lit !!