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Géohéritage et risques associés au contexte de rifting
dans la région du Kivu
Auteur : NACISHALI NTERANYA Jean
(Bureau d’Etude Géologique et Environnementale en RDC, BEGE-RDC)
Contact: [email protected]
Dans la région du Kivu, deux
facteurs aggravent les risques naturels: les
facteurs naturels et les facteurs anthropiques. Cette région se trouve dans un
contexte particulier qui est la branche
occidentale du Rift Est Africain caractérisée par des mouvements d’extension intra
plaque et un volcanisme qui lui est associée. Au-delà des risques naturels, un héritage géologique particulier est associé à ce
contexte . L’objectif de l’exposé que nous
avons fait au cours de la conférence organisée par le BEGE-RDC dans le cadre de
la célébration de la Journée des Sciences
de la Terre en Afrique et au Moyen Orient
(DESAME 2016) était de cerner la relation entre le rifting, les risques et le géohéritage pour afin donner quelques perspectives de recherche dans le cadre des projets du Bureau d’Etude Géologique et
Environnementale en RDC, BEGE-RDC.
Le rift Est Africain s’étend du
Sud de la mer Rouge au nord du Zambèze
sur plus de 6000 km de longueur et 40 à
60 km de largeur. Il comprend deux
branches, dont une occidentale et une
orientale. La région du Kivu fait partie
intégrante de la branche occidentale et se
trouve à l'Est de la République Démocratique du Congo. Dans cette région, deux
volcans sont actifs: le Nyiragongo
(stratovolcan) et le Nyamulagira (volcan
bouclier). Ces deux volcans se retrouvent
tous dans le parc de Virunga. Le Nyiragongo s’est illustré ces dernières années
par son activité fissurale associé au rifting
en plus de son activité centrale caractérisée par un lac de lave permanant dans son
cratère. Son éruption de 2002 a conduit à
l’activation des failles dans la région du
Nord-Kivu. Cette activité fissurale en fait
un volcan dangereux du fait que le magma
est à même de sortir à travers les failles
traversant la ville de Goma. C’est ainsi
qu’on observe des nombreux cônes parasites le long de failles et les coulées anciennes en recouvre d’autres. C’est ainsi
que l’on observe que deux stratovolcans
âgés, Baruta et Shaheru, sont partiellement
recouvertes par le Nyiragongo au nord et
au sud. L’activité volcanique de 2002 a
eu des conséquences tant sur les biens que
sur les humains. En plus de ces conséquences, un certain nombre des bénéfices
sont associés aux activités volcaniques
tant anciennes que récentes dans la région
du Kivu. Par exemple, les produits issus
de ces activités sont couramment utilisés
comme matériaux de construction. Les
produits d’altération de ces produits présentent aussi d’énormes avantages. En
effet, les terrains situés dans ces zones
présentent une fertilité inégalable propice
au développement de l’agriculture dans la
région.
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Les activités connexes aux volcanismes dans la région sont les sources
hydrothermales, les fumeroles et les émanations de gaz (CO2 par exemple) à travers
les fractures et leurs accumulations dans
des zones qu’on appelle mazuku. Ce dernier constitue un danger permanant pour
les personnes mais peut permettre de tester
des méthodes directes et indirectes de
détection de fuite de CO2. Les sources
thermo minérales présentent aussi non
seulement un avantage scientifique mais
aussi un avantage économique. Ces
sources sont souvent alignées suivant les
directions de faille dans la région et peuvent ainsi être utilisées du point de vue
tectonique. Elles sont aussi souvent carbogazueses et des travertins sédimentent à
leurs alentours lorsqu’elles sont sursaturées par rapport aux différents minéraux.
Elles peuvent permettre d’évaluer la mobilité des éléments susceptibles de constituer
des sources de pollution suite à des interactions eaux enrichies en CO2-roches.
Elles constituent de ce fait des analogues
naturels pour l’évaluation des conséquences hydrogéochimiques au site
d’injection du CO2. Ces sources présentent
aussi un intérêt économique en ce sens
qu’elles présentent d’énormes potentialités
touristique et leurs ressources hydriques
sont consommées par les populations locales.
Le volcanisme associé su rifting
dans la région du Kivu présente des nombreux avantages scientifiques dans la mesure où il permet d’accéder à des matériaux constituant les couches internes du
globe terrestre, dès lors des échantillons
pour faire des études pétrologiques sont
disponibles à la surface. Dans la région du
Kivu, le volcanisme est lié soit au point
chaud et/ou au rifting. De ce fait des
études pétrologiques sont nécessaires afin
de mieux discriminer le contexte magmatique à l’échelle locale. Ce volcanisme
libère aussi l’énergie interne de la terre et
le Rift Est Africain nous permet de comprendre la tectonique de plaque et d’établir
le modèle d’évolution du rifting intracontinental vers la formation d’une dorsale
océanique.
Que ça soit le volcanisme ancien
ou récent, il présente des potentialités géo
touristiques importantes dans la région du
Kivu. A titre d'exemple, nous pouvons
citer le cas du Lac Vert au nord Kivu qui
se trouve dans un cratère et continue à
fasciner jusqu’à ce jour la communauté
scientifique. D’autres exemples existent,
comme le cratère égueulé de Keshero (au
Nord-Kivu) ou même certains volcans dits
éteints de Kahuzi et Biega (au Sud-Kivu).
Le volcan Nyiragongo avec son panache
de gaz et son lac de lave constitue non
seulement une curiosité scientifique mais
aussi touristique. Citons en outre, les tunnels de laves qu’on retrouve au Nord-Kivu
ou les coulées pahoehoe et chaotiques
qu’on retrouve dans cette région.
L E CA HI E R DU B E G E - R D C ,
30 MARS 2016, Nº1
Les zones de rifting sont des
zones d’accumulation de sédiment susceptible de contenir des hydrocarbures si les
conditions sont réunies. Cas du pétrole
dans le graben albertin. A l’est de la République Démocratique du Congo, dans la
branche Ouest du Rift Est Africain, il y a
50.000 Km2 de bassin sédimentaire constitué de : Graben Albertin, Graben Tanganyika, Graben de l’Upemba, Graben de
Bangwelo, Graben de Moero. Ces zones
de dépression constituent des bassins sédimentaires ouverts à l’exploration des hydrocarbures. Au-delà de ça, les lacs des
fossés d’effondrement qu’on retrouve à
l’Est de la RDC constituent aussi un héritage lié au rifting. Le lac Kivu constitue
une particularité du fait de son gaz (CO2,
CH4 par exemple) contenu issu des activités volcaniques et de la dégradation de la
matière organique. Même si ce gaz constitue une menace pour les populations riveraines, il présente aussi des potentialités
économiques dont énergétiques.
La région du Kivu est aussi
tectoniquement active et plusieurs risques
sont alors associés à la configuration
structurale et géomorphologique de la
région. C’est ainsi que, les activités sismiques se font de plus en plus ressentir et
certains mouvements de masse gravitaires
sont provoqués par ces séismes. Parmi les
différents facteurs aggravants les risques
naturels dans la région du Kivu, la tectonique et la géomorphologie jouent un rôle
non négligeable.
Au vu de ces faits, dans le cadre
des projets du Bureau d’Etude Géologique
et Environnementale en RDC, un certain
nombre de perspectives s’annonce. Il
s’agit, de la caractérisation pétrologique
des roches magmatiques (en vue de discriminer le contexte magmatique) dans la
région; la cartographie des sources hydrothermales dans la région, leur usage du
point de vu tectonique, évaluation de leurs
potentialités énergétiques; la cartographie
des failles et identification des failles actives dans la région; la sensibilisation de la
population sur les facteurs et mesures
préventives de risques naturels dans la
région; l’étude de l’altération de roche
magmatique et séquestration du CO2;
l’étude des analogues naturels et les accumulations naturelles de CO2 dans la région; l’étude des accumulations sédimentaires dans la région et évaluation de leurs
potentialités en hydrocarbure; la promotion du géo tourisme dans la région; la
caractérisation des produits d’altération de
roche volcanique dans la région en vue de
leur usage en génie civil, céramique ainsi
que la caractérisation des produits volcaniques (cendres) en vue de leur usage dans
l’amélioration de la fertilité de sol (notion
d’application de l’agro géologie).
REFERENCE (Voir page 12)
L E CA HI E R DU B E G E - R D C , M A R S 20 1 6
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