Histoire de l’OSE - Les grandes figures Georges LOINGER Août 1910 : naissance à Strasbourg de Georges Loinger, fils de Mina Werzberg et de Salomon Loinger. 1914 Première Guerre mondiale : son père est mobilisé dans l’armée autrichienne – l’Alsace fait partie du IIème Reich. Il ne reviendra qu’au début de 1919. Sa mère travaille et élève ses quatre enfants dont Georges est l’aîné. 1917 : Début de ses études au Lycée Fustel de Coulanges. Moyen en tout, mais déjà le meilleur en gymnastique et en sport. 1925 : Il entre au mouvement de jeunesse sioniste Hatikvah et en devient l’un des chefs. Il fait la connaissance de Flore, sa future épouse, cheftaine des petites filles. Il entreprend des études techniques pour devenir ingénieur. Il est le sportif de la communauté juive de Strasbourg et champion de natation. 1929: Son diplôme de l’Ecole pratique d’industrie en poche et son service militaire effectué, il travaille au port du Rhin dans une compagnie de navigation qui exploite la ligne Strasbourg-Bâle (Suisse) dont les propriétaires sont juifs. 1930 : Naissance et développement du nazisme de l’autre côté du Rhin. Le docteur Joseph Weill, un des grands médecins de Strasbourg, fait une conférence où il explique que Hitler prépare la guerre, qu’il la gagnera et persécutera les Juifs. Il conseille à Georges Loinger de se consacrer à l’éducation de la jeunesse juive et de la préparer physiquement aux épreuves qu’il croit très proche. 1932: Georges Loinger abandonne le métier d’ingénieur. Il part pour Paris afin de passer le diplôme de professeur d’éducation physique et sportive. Pour gagner sa vie, il devient surveillant général du séminaire de la rue Vauquelin qui forme les futurs rabbins. Il y introduit le sport. Un des professeurs, Marcus Cohn lui demande de l’assister dans la création du premier Lycée juif à Paris : l’école Maimonide. Août 1934: Mariage avec Flore Rosenweig. Elle deviendra la secrétaire de l’économe du nouveau Lycée. Georges a les pleins pouvoirs pour l’entraînement sportif et il crée un stade dans le parc de l’école. Il devient moniteur national d’éducation physique des Eclaireurs Israélites de France (EIF). Il crée un club sportif à Belleville pour les enfants des juifs, très nombreux dans ce quartier qui comprend une forte émigration des pays de l’Est. 28 mai 1937 : naissance de son fils Daniel. La baronne Edouard de Rothschild fait venir 123 enfants juifs allemands dont les parents sont internés et les installe au château de la Guette à Lagny (Seine-etMarne), près de Paris. 1938: Georges est mobilisé pendant six mois puis, après les accords de Munich (septembre), il est renvoyé dans ses foyers. 3 septembre 1939 : la France déclare la guerre à l’Allemagne. Il est de nouveau mobilisé dans son régiment en Alsace au bord du Rhin. Flore devient directrice de l’Oeuvre de la Guette et s’y installe avec Dany, puis se repli avec les 123 enfants à la Bourboule (Puy-de-Dôme), Hôtel des Anglais. Georges ne les reverra que deux années plus tard. 1940 : La France est vaincue en trente-quatre jours. Georges est fait prisonnier avec son régiment. Il rencontre par hasard son cousin Marcel Vogel, dans le camp de transit Stalag 7 A en Allemagne. Celui-ci est devenu assistant de l’officier qui s’occupe du ravitaillement. Georges devient interprète chef adjoint du camp. Fin de l’année 1940 : Georges décide son cousin à préparer leur évasion. Ils traversent l’Allemagne et passent le Rhin. Ils manquent d’être pris en longeant dans les Vosges, le seul camp de concentration qui se trouve près de Schirmeck, le Struthof. Poursuivis par une patrouille avec des chiens, ils parviennent à s’échapper. Avec l’aide d’Alsaciens paysans et cheminots, ils arrivent finalement en France, traversent la zone occupée et pénètrent en zone libre à Besançon (Doubs). 10 janvier 1941 : Georges arrive à la Bourboule, jour de l’anniversaire de Flore. Après un temps de réadaptation, il suit un stage à Megève (HauteSavoie) pour devenir chef chez les Compagnons de France. La direction n’a fait aucune enquête après avoir vu son livret militaire et son attestation de prisonnier évadé. Il est nommé chef Compagnon pour l’Auvergne. Il circule dans les écoles et les usines qui, toutes, devaient créer une section des Compagnons de France. Novembre 1941 : l’Œuvre de la Guette est dissoute. Les enfants sont pris en charge par l’OSE. Janvier 1942 : Georges est engagé comme moniteur chef itinérant dans les maisons de l’O.S.E. Novembre 1942 : suite au débarquement allié en Afrique du Nord, la zone Sud passe sous domination allemande. Décembre 1942 : naissance de son second fils, Guy. La famille habite la villa La Vallodie dans un hameau de la Creuse, Vieille-Ville. Janvier 1943 : réunion secrète de la direction de l’O.S.E. à Lyon, présentation de Georges Garel et de son projet de circuit clandestin. Georges Loinger est responsable de la filière de passages d’enfants vers la Suisse qu’il organise à partir d’Annemasse (Haute-Savoie). Durant l’année 1943-1944, il a réussi le passage d’environ 350 enfants. Puis un jour, son réseau Bourgogne l’avise que toutes les polices sont alertées et cherchent le passeur d’enfants d’Annemasse. Février 1944 : Descente de la Gestapo dans les bureaux de l’O.S.E. à Chambéry, ce qui accélère les passages en Suisse. 2 avril 1944 : Georges fait passer sa femme et ses deux enfants en Suisse. C’est la seule fois où il manque de se faire prendre lors d’un passage de frontière. Mai 1944 : Arrestation des « enfants du Pax » et de Marianne Cohn. Georges Loinger et Mola Racine sauvent les enfants emprisonnés. 1945: Après la Libération, nommés capitaines, Georges et Mola sont chargés de créer à Annemasse un centre d’accueil pour les prisonniers et déportés qui pourraient rentrer par la Suisse. 1946 : Georges développe le sport dans les maisons de l’OSE avec le club Sport et Joie. Il crée une école de moniteurs sportifs à Gournay-sur-Marne, près de Paris. 1947 : Il travaille pour l’Alyah Beth (immigration clandestine), en particulier pour l’organisation de l’opération Exodus. 1949 : Georges est nommé directeur de la ZIM (Compagnie nationale de navigation israélienne) pour la France et le Benelux. 1964 : Nomination au grade de Chevalier de la Légion d’honneur par le ministre de la Marine marchande. 1978 : Georges prend sa retraite. 1995 : Il devient président de l’association des Anciens de la Résistance juive de France. Avril : Flore s’éteint. 1999: Promotion au grade d’officier de la Légion d’honneur pour fait de Résistance. 2005 : Georges est élevé au grade de Commandeur. Katy Hazan (tous droits réservés) Extrait de Georges Loinger, Aux frontières de l’espoir, collection mémoires de la Shoah, FMS/Le Manuscrit, 2006