- Plus l’enquêteur est compétent sur le sujet, plus il posera des questions pertinentes,
et plus son interlocuteur ira loin : d’où l’importance, avant un premier terrain,
d’avoir fait un solide dépouillement documentaire…
- Habiter le village (si on travaille en milieu rural), séjourner longtemps dans les
services (si on travaille en milieu professionnel urbain), c’est indispensable. Une
bonne enquête implique du temps, et suppose « l’observation participante »,
autrement dit côtoyer les gens, bavarder avec eux, vivre (au moins un peu) avec
eux. On ne peut simplement descendre de voiture, faire trois entretiens, et repartir.
C’est le soir, après le travail, qu’on apprend beaucoup de choses. C’est dans la
durée que les gens s’habituent au chercheur, et commencent à lui faire confiance.
- Un entretien avec un nouvel interlocuteur est parfois le début d’une série
d’entretiens avec lui : il est toujours préférable d’avoir plusieurs entretiens avec un
interlocuteur intéressant ou compétent ou disponible…
L’entrée en matière
- Expliquer toujours l’objet de l’entretien ; et le faire en termes compréhensibles
pour l’interlocuteur, qui font sens pour lui (selon les interlocuteurs, on présentera
donc différemment l’enquête)
- Se présenter toujours personnellement (en disant son nom) au début
- Demander le nom de l’interlocuteur (au début ou à la fin, peu importe)
La conduite de l’entretien
- Prévoir à l’avance la première question, de type descriptif ou narratif, en
particulier biographique (« comment êtes-vous devenue matrone ? », ou « quel est
votre travail comme président du groupement » ?)
- Ne pas utiliser le canevas comme un questionnaire : ce n’est qu’un
pense-bête, qui permet de ne pas oublier certains points ; il faut éviter de poser des
questions trop proches de lui, et non adaptées à l’interlocuteur; on ne doit pas
nécessairement suivre le même ordre ; il faut pouvoir s’éloigner du canevas, et
parfois même l’oublier, quitte à y revenir ensuite…
- Ne pas aborder tous les thèmes du canevas avec tous les interlocuteurs : se
focaliser sur les thèmes qui relèvent des compétences de l’interlocuteur, ou qui
suscitent son intérêt, sur ce qui « le branche », et laisser tomber les thèmes du
canevas qui ne le concernent pas, ou sur lesquels on pense qu’il n’aura rien à
dire…
- Eviter les questions trop générales, trop abstraites, trop proches du canevas (« est-
ce que les femmes ont de l’autonomie dans l’espace économique » ?) : les
questions qu’on pose ne sont pas les questions qu’on se pose, elles doivent faire
sens pour l’interlocuteur
- Eviter les questions dont les réponses sont trop prévisibles (« est-ce que vous
trouvez que vous gagnez assez d’argent » ?) ou qui ne font guère de sens (« est-ce
que les marabouts peuvent avoir des jardins maraîchers » ?) ou qui engendrent des
réponses stéréotypées et artificielles (« est-ce que vous vous entendez entre
vous » ?)
- Certains entretiens sont manifestement improductifs : ne pas s’acharner, y mettre
fin dès que possible tout en respectant la bienséance…
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