❖ Petit dico du parfait volcanologue
Caldera : (d’un mot portugais signifiant
chaudière) ; vaste dépression volcanique
de forme circulaire au fond plat.
Coulée de lave : écoulement de maté-
riaux plus ou moins fluides selon la natu-
re des roches en fusion (les coulées de
basalte peuvent atteindre 100 km, les
coulées acides 6km seulement)
Lapilli : petits blocs de cendres agglomé-
rées.
Fontaine de lave : suite de soulèvements
violents de la colonne en fusion, jusqu’à
1km de hauteur au dessus de la bouche
éruptive
Flux pyroclastique : écoulement, parfois
partiellement fluide, à très haute tempéra-
ture, de matériaux éruptifs (pierres, la-
pilli...)
Nuée ardente : sorte d’avalanche (sèche)
de blocs de lave incandescente et de cen-
dres, en suspension dans des gaz érup-
tifs, qui dévale la pente du volcan.
Plinienne : du nom de Pline le Jeune qui
observa et décrivit cette éruption au cours
de laquelle son oncle mourut (cf. fiche
“savoir plus”).
LE VÉSUVE,
BERCEAU DE LA VOLCANOLOGIE
La présence au coeur du monde occiden-
tal du Vésuve est à l’origine de l’observa-
tion scientifique des volcans.
En 30 av. J.C. le géographe Strabon re-
connaît l’origine volcanique du Vésuve.
Les deux lettres de Pline le Jeune sont le
premier témoignage à caractère scienti-
fique sur une éruption volcanique.
La parution en 1774 de l’album illustré
sur les réveils du Vésuve de Sir William
Hamilton, ambassadeur britannique à la
cour de Naples, constitue la première
publication scientifique sur ce sujet. Il
observera l’évolution du Vésuve pen-
dant 30 années, de 1764 à 1794 et peut
être considéré comme le précurseur des
volcanologues modernes.
Au 19e siècle, le premier observatoire
scientifique du monde est installé sur les
pentes du Vésuve.
Conception et réalisation : Michèle GOZARD d’après un texte de Patrice MAURIES et les données de l’observatoire du Vésuve - Edition 2001
L’ACTIVITÉ DU VÉSUVE
LES DIFFÉRENTS TYPES D’ÉRUPTION
L’activité du Vésuve est caractérisée par trois types d’éruption, classées selon la
quantité de magma émise et les phénomènes observés.
Des éruptions cataclysmiques,dites “pliniennes” ❖, heureusement les moins
nombreuses.
L’éruption de 79 débute par l’émission d’un panache de poussière et de fumée qui
s’étale dans le ciel jusqu’à dissimuler le soleil. Puis des blocs de pierre et de la cen-
dre se mettent à tomber en abondance sur les pentes du Vésuve.
Les importantes quantités de vapeur d’eau que contient le nuage volcanique re-
tombent sous forme de pluies diluviennes qui, mêlées aux cendres et aux lapilli ❖
formant ainsi des torrents de boue chaude (lahars), dont l’un engloutit la ville
d’Herculanum, tandis que Pompéi, Stabies, Oplontis étouffaient sous les cendres, les
pierres et les gaz asphyxiants.
Des éruptions explosives,dites “subpliniennes”
Celle de 1631, la dernière en date,est intervenue après un “repos” d’environ 130
ans. Le 16 décembre au matin, une colonne éruptive de 13 à 19 km de haut s’é-
chappe d’une ouverture au flanc sud-ouest du volcan, immédiatement suivie d’une
importante chute de pierres et de lapilli. Durant la nuit, des explosions se succè-
dent, accompagnées de chutes de cendres et de gros orages. Le lendemain matin,
des nuées ardentes émises par le cratère central dévalent les flancs du Vésuve, dé-
truisant tout sur leur passage jusqu’à Torre del Greco. Le 17 au matin, une violen-
te explosion décapite le sommet du volcan et dans l’après-midi,des lahars achèvent
l’œuvre destructrice du volcan : en 48 heures, 6 villages détruits, 4.000 personnes
mortes ; et le cône du Vésuve a perdu 450 m de hauteur !
Des éruptions effusives,comme celle de 1944
Depuis le 1er mars, de nombreux signes laissent apparaître l’imminence d’une
éruption. Dans l’après-midi du 18, les secousses sismiques se font plus fortes et une
cheminée s’ouvre à la suite de violentes explosions. Pendant trois jours les laves li-
quides remplissent le cratère et débordent en formant plusieurs coulées. La plus
importante descend entre le Vésuve et l’ouest du Somma et s’arrête après avoir
détruit deux villages. Puis des fontaines de lave ❖ se manifestent, suivies d’explo-
sions de cendres qui montent en volutes jusqu’à 5 km de haut ; enfin explosions et
secousses s’atténuent et s’arrêtent le 29 mars. Le cratère présente un gouffre de
300m de profondeur, encore visible aujourd’hui. Il se bouche entièrement, faisant
disparaître le panache qui pendant des siècles caractérisait la baie de Naples.
ET LA PROCHAINE ÉRUPTION ?
Scénario d’une éruption annoncée
Les scientifiques pensent que la prochaine éruption sera explosive, comme celle de
1631. D’où le déroulement suivant (qui n’est qu’une hypothèse !):
- Ouverture d’une bouche éruptive : explosions, secousses sismiques modérées,
émission de pierres puis de cendres (quelques minutes à quelques heures).
-Emission d’une colonne éruptive12 à 20 km de haut, chutes de pierres et de cen-
dres jusqu’à 30 km à la ronde, fortes secousses continues (quelques heures).
- Emission de flux pyroclastiques, écroulement de la colonne éruptive, nuées ar-
dentes, forts tremblements de terre,raz de marée et possible écroulement du som-
met du cône (quelques heures).
-Phase finale :explosions répétées dues à la rencontre entre le magma et l’eau,
pluies chargées de cendres, coulées de boue, inondations, tremblements de terre
…(quelques jours à quelques mois).
Une surveillance de tous les instants
Devant l’extrême danger représenté par le Vésuve (700.000 personnes vivent sur
ses pentes, plusieurs millions dans l’aire concernée), on surveille attentivement les
secousses sismiques, d’éventuelles déformations du sol (par satellite), la composi-
tion chimique et la température des fumerolles, etc.
On saura donc prédire quand le volcan se réveillera; mais, dans l’état actuel de nos
connaissances, on ne pourra pas déterminer où s’ouvrira la bouche éruptive.Aussi
la seule mesure efficace pour éviter des pertes humaines est-elle l’évacuation pré-
ventive. Un plan d’urgence est mis en place en ce sens : espérons qu’il sera effica-
ce le moment venu !
L’éruption de 1631 - gravure de l’époque.
vésuve clefs - 2