Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales

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Socio
6 (2016)
Déterminismes
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Ronan Le Roux et Arnaud Saint-Martin
Situations du déterminisme en
sciences humaines et sociales
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Référence électronique
Ronan Le Roux et Arnaud Saint-Martin, « Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales », Socio [En
ligne], 6 | 2016, mis en ligne le 11 mai 2016, consulté le 11 mai 2016. URL : http://socio.revues.org/2130
Éditeur : Éditions de la maison des sciences de l’homme
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DOSSIER
Situations
du déterminisme
en sciences
humaines et sociales
Ronan Le Roux et Arnaud Saint-Martin
Le déterminisme en sciences humaines et sociales (SHS) : un thème relégué
aux dissertations scolaires, loin du quotidien de la recherche ? En réalité,
si les publications qui le traitent explicitement pour lui-même restent
limitées en nombre et en extension 1 , il exerce une pression considérable
sur des humanités assiégées par divers paradigmes : cognitivisme, génomique, neurosciences, mais aussi, sur un plan plus méthodologique, les
approches « big data ». Cette pression, souvent amplifiée par les médias,
traverse et travaille les SHS peut-être plus qu’il n’y paraît à la vue des
seules publications. Ce ne sont pas les occasions d’aborder le thème du
1. Par exemple, à côté de dossiers spécifiques (comme le no 25 de la Revue d’histoire
des sciences humaines, 2011), des revues à voilure plus encyclopédique n’abordent pas
pour autant le thème du déterminisme dans sa généralité maximale (Labyrinthe, 2012 ;
Revue de synthèse, 2014).
Socio • 06 • mai 2016 • p. 9-24
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DOSSIER DÉTERMINISMES
déterminisme qui manquent, la difficulté résidant alors dans le travail de
synthèse plus que dans la justification de ce choix.
Évoquer les « situations » du déterminisme en SHS, c’est d’abord soulever deux questions liées : celle de l’état et celle de la localisation des formes
de la causalité dans les sciences sociales. Où en est le déterminisme, et
où est-il passé ? La première question projette la problématique du déterminisme dans la temporalité de ses évolutions historiques, la seconde
dans la cartographie où se distribuent les sciences, leurs objets et leurs
méthodes ; en résumé, le thème du déterminisme implique des problèmes
de voisinage disciplinaire et de division du travail savant, problèmes qui
ont une historicité. Dans l’espace des savoirs, des modèles concurrents
peuvent occuper la même place (par exemple, différentes explications d’un
même fait), tandis qu’un même type de modèle peut occuper plusieurs
places (on peut penser, par exemple, à la théorie des jeux, qui s’est diffusée
de manière transversale dans plusieurs disciplines). Les concurrences
explicatives interrogent vite les frontières et les particularités des SHS.
Y localiser et caractériser des formes de déterminisme implique en effet
bien souvent de les mettre en perspective avec les champs dont elles ont
toujours eu à se distinguer, les sciences de la nature tout particulièrement, mais pas seulement. Les conceptions déterministes (biologisme,
sociologisme, psychologisme) se construisent historiquement les unes en
fonction des autres : l’article de Marc Joly, dans le présent dossier, donne
un aperçu de cette dynamique.
Tensions aux frontières (1) :
les sciences de la nature
Les sciences de la nature sont productrices de modèles rationnels qui
intéressent souvent les sciences sociales : mécanique, thermodynamique,
électronique, biologie évolutionnaire, pour n’en citer que quatre dont
les transpositions par analogies plus ou moins directes, de l’économie à
l’anthropologie en passant par la psychologie et la sociologie, contribuent
à l’histoire de ces disciplines. Qu’est-ce qui spécifie alors des phénomènes
sociaux du point de vue causal ? Généralement, les transferts d’outillages
mentaux des sciences de la nature vers les sciences sociales sont suivis
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Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales
comme leur ombre par des reproches d’inconsistance, voire des soupçons
qu’est là mimée une scientificité inadaptée à son objet 2 . Pour autant, les
modèles mathématiques ne véhiculent pas nécessairement de conception
causale, axés qu’ils seraient sur la description plus que sur l’explication 3 ;
quoi qu’il en soit, l’examen épistémologique ne peut faire l’économie de
s’intéresser à l’articulation des modèles aux contextes théoriques de leur
discipline d’accueil. Si l’importation d’une théorie mathématique peut
occasionner au passage une renégociation de la Weltanschauung locale,
cela va certes souvent dans le sens d’une simplification abusive, mais
parfois aussi dans le sens d’ouvertures heuristiques. Ainsi, si en SHS le
déterminisme s’oppose généralement à la liberté humaine, en sciences de
la nature et en sciences de l’ingénieur il s’oppose à l’aléatoire ; or précisément, une digne prise en compte de l’aléatoire reste très balbutiante dans
des sciences sociales habituées à penser en termes de loi normale et de
moyenne statistique ; à l’horizon d’une acclimatation des méthodes probabilistes figure donc la perspective de sciences sociales non quételesiennes,
comme l’on parle de géométries non euclidiennes (voir par exemple les
travaux d’Éric Brian, 2014).
La tension avec les sciences de la nature n’est pas seulement méthodologique, elle est aussi d’ordre ontologique : au fil des progrès de la biologie, les avancées en neurosciences, endocrinologie, génétique ou autres
réactivent cycliquement les revendications d’explication de certains faits
sociaux par l’ancrage biologique de l’humain. Il s’agit d’une concurrence
directe, au niveau des objets d’étude même, bousculant le partage entre
nature et culture. La variété des comportements humains complexes
ou de haut niveau soumis à l’assaut d’études visant à en rechercher les
2. Ces débats semblent apparaître systématiquement à chaque tentative de mathématisation. C’est peut-être en économie qu’ils sont les plus anciens, les plus importants
dans la structuration identitaire de la discipline, et les plus âpres. Les partisans de la
mathématisation sont souvent sous le double feu de leurs collègues non mathématiciens,
et des mathématiciens professionnels.
3. Ainsi que le résumait le mathématicien John Von Neumann selon un point de vue très
pragmatiste, « […] les sciences n’essayent pas d’expliquer, pas même d’interpréter, elles
se consacrent principalement à élaborer des modèles […], constructions mathématiques
qui, couplées à des interprétations verbales, décrivent des phénomènes observés »
(Von Neumann, 1955 : 157).
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DOSSIER DÉTERMINISMES
déterminants biologiques semble devoir s’étendre indéfiniment, comme
des dominos s’entraînant dans leur chute : après tout, si une équipe a
l’audace de chercher la signature génétique de tel ou tel aspect de notre
existence, pourquoi d’autres ne leur emboîteraient-elles pas le pas en
faisant monter les enchères ? Dans cette palette, on trouvera ainsi pêlemêle la violence, la propension à rire ou à sourire, la réussite scolaire,
l’orientation sexuelle, la toxicomanie, la « sensibilité aux événements
de la vie » (sic), parmi bien d’autres registres de comportements… Si la
finalité du réductionnisme n’est pas nouvelle, les moyens en revanche
le sont, provoquant des effets bien connus mêlant modes médicales et
fétichisme pour l’instrumentation high-tech : maintenant qu’on a les nouveaux séquenceurs ADN à très haut débit, les nouvelles IRM, vous allez
voir ! Chaque décennie rejoue ce scénario de promesses, tout de liaisons
dangereuses et ambiguës entre chercheurs, fabricants d’instrumentations, politiques, médias et grand public : qui dupe qui, quel commerce se
répète là de mythes qu’il s’agit de fabriquer, diffuser, renouveler, vendre,
sur l’origine et la prédestination de nos comportements ? Encore faut-il
comprendre les ressorts de cette industrie naturaliste : c’est qu’une grande
majorité de cette vague de recherches émergeant depuis les années 2000
repose en fait sur la recherche d’une relation non de causalité entre
génomes et comportements, mais de corrélation ; et des corrélations
ainsi obtenues, souvent sujettes à caution, s’opèrent des glissements rhétoriques qui accentuent la significativité des coefficients statistiques et
maquillent les hypothèses en faits établis. Par cette pratique du raccourci
(qui ne reflète pas nécessairement les coutumes et convictions du monde
biomédical dans son ensemble), on passe plus ou moins subtilement du
« terrain » (ou de la « prédisposition », ou « susceptibilité ») génétique à
un déterminisme sans complexe.
La causalité « multifactorielle » est le nom actuel du champ de bataille
entre naturalisme et culturalisme. Cet adjectif faussement œcuménique
relève peut-être d’une fragile diplomatie verbale plus que d’une épistémologie capable de faire sens de ce qui détermine nos comportements
supérieurs. Pourtant, alors même qu’une nouvelle génération de biologistes s’affranchit du dogme de la biologie moléculaire et révèle l’importance de l’influence de l’environnement sur les gènes (autrement dit :
des associations spécifiques entre gènes et comportements n’impliquent
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Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales
nullement que les gènes causent ces comportements, la réciproque est tout
aussi envisageable), le déterminisme génétique s’installe dans le discours
courant à travers des tests génétiques en ligne et des expressions comme
« c’est dans mon ADN » ; ainsi l’enracinement durable dans le grand public
d’un paradigme biologique plus ou moins caricaturé perdure-t-il après
qu’il se fut essoufflé dans son domaine scientifique d’origine. La « zone
grise » où sont produites les exagérations et extrapolations des résultats
de la recherche biologique commence à être bien connue, notamment le
rôle central qu’y jouent les relais médiatiques (Lemerle, 2014) 4 , non sans
profiter toutefois d’une négligence, voire d’une complicité caractérisée
des chercheurs 5 . Dans le présent dossier, l’article de Sébastien Lemerle
distingue trois formes (théorique, pratique, culturelle) dans les logiques
contemporaines de biologisation.
Tensions aux frontières (2) : cognitivisme,
philosophie et psychanalyse
Un peu moins dure que les sciences de la nature malgré les apparences, la
psychologie cognitive réactive une vieille rivalité entre psychologisme
et sociologisme, venant comme un renfort naturel de l’individualisme
méthodologique auprès de la microéconomie, de la théorie du choix
rationnel, ou encore de l’interactionnisme. Les points d’entrée du cognitivisme sont suffisamment nombreux et différenciés pour qu’on ne puisse
réduire son effet à une nouvelle hybridation disciplinaire à côté des plus
anciennes psychologie sociale, psychologie collective, psychosociologie,
etc. ; en d’autres termes, non seulement il y a de la sociologie cognitive
(et non une dissolution de la sociologie dans la psychologie cognitive,
Lahire et Rosental, 2008), mais celle-ci n’est pas unitaire (voir Clément
et Kaufmann, 2011 ; Déchaux, 2010 ; Strydom, 2007). On peut supposer
4. Voir également le blog « Allodoxia » d’Odile Fillod : <http://allodoxia.blog.lemonde.fr>.
5. Sur la génétique en particulier, voir par exemple le livre de Bertrand Jordan (2000),
ainsi que ses « Chroniques génomiques » dans la revue Médecine/sciences ; plus généralement, sur la surpublication de résultats statistiquement significatifs, voir les travaux
de John P. A. Ioannidis (Barthélémy, 2014).
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DOSSIER DÉTERMINISMES
que c’est dans l’exacte mesure où l’objet « processus cognitifs » ne sera le
monopole ni du psychologisme ni du sociologisme qu’il aura gagné en
réalisme, et qu’il représentera ainsi pour les SHS, autant qu’une menace,
une opportunité d’affirmer les déterminismes spécifiques qu’elles étudient,
au prix éventuel d’une reformulation qui n’est jamais un vain exercice
épistémologique.
Du côté de la philosophie, certains débats et questionnements concernent
l’épistémologie des sciences sociales, et plus profondément leurs postulats philosophiques. C’est bien sûr le cas pour le thème fondamental de
la liberté, négatif de celui du déterminisme. En fait, le déterminisme est
même sans doute la principale question par laquelle les sciences sociales
ne peuvent totalement s’affranchir de la philosophie, sorte de résidu ombilical probablement permanent, n’en déplaise aux positivistes forcenés :
car une science sociale totalement positive devrait être perpétuellement
cumulative pour échapper aux discussions philosophiques qui ressurgissent à chaque changement de paradigme ; on ne peut pas vraiment
dire que ce soit le cas de l’économie mathématique, si c’est à elle que l’on
pense. En résumé, le postulat épistémologique d’un déterminisme n’est-il
pas la condition de possibilité de toute science sociale ? Cela n’implique
pas que ce postulat serait défini une fois pour toutes : il peut se préciser, se
rectifier, s’expliciter au gré de la recherche. C’est un débat de fond : dans
quelle mesure une théorie de la liberté humaine ne trouve-t-elle sa place
qu’en creux, dans le sillage des SHS ? Dans quelle mesure, inversement,
le choix d’une conception philosophique du libre arbitre précède-t-il et
guide-t-il les modalités de déploiement d’une science de l’homme et de la
société ? Il n’y a là aucune dialectique toute tracée, comme en témoignent
par exemple la trajectoire intellectuelle d’un Georges Gurvitch (Bastide,
1955) ou encore la discussion toujours vive d’un concept comme celui
de « liberté négative » (Berlin, 1988). Mais la philosophie entend aussi
contribuer au débat concernant la nature de la causalité intentionnelle
(Clot-Goudard, 2014).
Ni science ni philosophie, la psychanalyse n’est pourtant pas dépourvue
de points de contact avec les SHS (quelques exemples dans Kaufmann, 1998).
Si ces connexions impliquent assurément des questions de déterminisme,
la spécificité épistémologique de la psychanalyse rend malaisée une définition de ses rapports aux SHS : l’inconscient (qui n’est pas le non-conscient)
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Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales
et la pulsion (qui n’est pas biologique) sont des concepts qui résistent, quoi
qu’on en dise, à leur domestication par les SHS 6 ; leur portée explicative
– jamais totale – n’intervient qu’au niveau de la singularité absolue de
chacun(e), tandis que les SHS, lorsqu’elles ne concernent pas explicitement
que des groupes ou des individus idéal-typiques, ont un rapport ambigu au
matériau biographique (qu’il s’agit toujours de rapporter d’une manière ou
d’une autre à un contexte social objectivé). L’extraterritorialité épistémologique de la psychanalyse maintient une asymétrie irréductible avec les
SHS ; c’est que la psychanalyse n’a pas vocation à prendre place dans une
division du travail savant, elle est un envers de toute encyclopédie, quand
bien même des canaux d’échange tout aussi irréductibles existent : les SHS
peuvent avoir quelque chose à dire au sujet de l’inconscient (ainsi la linguistique et l’anthropologie, non sans remaniements, car la psychanalyse
commence là où ces disciplines laissent des angles morts, permettant de
les interroger en retour), la psychanalyse a quelque chose à dire sur ce qui
fait lien social. S’il résulte de ces intrications une ambiguïté indépassable,
car structurelle, sur la question du déterminisme, cela n’empêche pas une
certaine actualité des questionnements de part et d’autre (Connexions, 2014).
SHS et psychanalyse, après tout, ont en commun d’être des symptômes
historiques des conséquences de la modernité sur la vie humaine.
De la plupart des relations de voisinage que nous avons évoquées, un
aperçu plus concret pourrait être donné par l’exemple du suicide, objet sociologique inaugural. C’est qu’il n’y a pas seulement les querelles familiales
– divers reproches adressés au patriarche par chaque génération, surtout
pour n’avoir pas fait grand cas des motifs personnels des acteurs dans son
modèle explicatif 7 – ; avec les voisins, on semble ne pas pouvoir s’entendre,
tout du moins sur le sujet des causes du suicide : le voisin du dessus, philosophe, lorsqu’il ne propose pas une leçon de grammaire, persiste à parler
de liberté dans des élans inspirés ; le voisin de droite, biologiste, invoque
fébrilement le gène SAT1 et quelques autres biomarqueurs qui permet-
6. Comme partout il existe des chapelles, certaines se prêtant mieux que d’autres au
jeu de la compatibilité académique.
7. Pour un portrait de famille, voir par exemple Baudelot et Establet (2006). Le petitneveu ethnométhodologue est sans doute le plus rebelle, refusant le recours au concept
de suicide si celui-ci est absent de la culture locale considérée.
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DOSSIER DÉTERMINISMES
traient de prédire les comportements suicidaires ; le voisin du ­dessous,
psychanalyste, ne s’intéresse qu’au cas par cas et refuse de généraliser,
à moins qu’il ne baragouine d’un air entendu des choses énigmatiques
sur la « chute de l’objet ». Ce tableau caricatural ne devrait pas occulter
l’existence de tentatives opiniâtres. Maurice Halbwachs rouvrait ainsi la
porte aux facteurs psychiques dans son étude sur le suicide (Halbwachs,
1930). Le défi d’explications articulant différents déterminismes, ou du
moins cherchant à préciser leurs limites respectives, transcende tout de
même parfois les replis disciplinaires et continue d’alimenter la recherche.
En parallèle de toute la difficulté d’une mise en évidence de déterminismes spécifiques, on peut se demander dans quelle mesure les SHS ne
sont pas également le théâtre d’un renoncement délibéré à toute démarche
explicative. L’interprétation, la compréhension et la description, défendues
contre le positivisme par divers auteurs et courants majeurs, depuis le
partage diltheyien en passant par Weber, la phénoménologie sociale et
l’ethnométhodologie, avaient vocation à participer à l’explication, à la
complexifier, à l’humaniser, si l’on veut, plus qu’à s’y opposer : il s’agissait
de réintégrer les représentations, intentions, langages, motifs, etc., sans
lesquels aucune explication ne tiendrait, mais au fond il s’agissait encore
d’expliquer. Le postmodernisme et ses différents avatars ont brouillé les
pistes, semblant voir dans le principe même d’une cartographie des positions
épistémologiques une coutume qu’il conviendrait de déniaiser en jouant
la désorientation. Pour que le fantasme d’une description empirique pure
(Latour, 2006) ne soit pas un retour ironique aux impasses du positivisme
logique ou de la phénoménologie, quelle autre solution que d’abandonner
toute théorisation, et donc toute explication ?
Mais le débat le plus explicite et aussi le plus récent vient sans doute des
approches actuelles par les données, apparues dans le sillage des « humanités numériques », mais porteuses d’enjeux qui défrayent la chronique
depuis plus d’une décennie dans les sciences de la nature : le big data a été
l’occasion de clamer que la surabondance de données suffisait désormais à
la recherche, et redéfinirait fondamentalement la science par l’évacuation
de la théorie. Plus besoins de modèles, plus besoin d’hypothèses concernant les mécanismes, on cesserait tout simplement de s’interroger sur le
déterminisme : laissons tourner les ordinateurs ! Cette position radicale,
plus radicale que l’inductivisme statistique (Benzécri, 1973), interpelle les
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Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales
SHS, d’une position un peu particulière puisqu’elle concerne surtout les
grands réseaux sociaux en ligne (à la fois terrains et instruments d’observation de tout ce qui s’y passe) et qu’elle pose la question de la propriété
des données (Auerbach, 2015). S’agit-il toujours de SHS ? De quelle sorte,
pour qui et pour quoi ? Pour ce dossier, deux spécialistes de ces questions,
Federica Russo et Jean-Christophe Plantin, ont bien voulu s’associer pour
faire le point dans leur article.
Ce tour d’horizon rappelle, si besoin était, à quel point les SHS sont
concernées dans leur identité même en fonction de la vocation explicative
qu’elles choisissent d’assumer ou de refuser. Alors, où est passé le déterminisme ? Est-il unique, multiple, « distribué », ou bien encore dilué dans
des pratiques qui se revendiquent anti-déterministes ? Est-il une fiction
ringarde et inutile dans les précaires réseaux de la « société liquide » ?
Déterministe toi-même !
C’est un fait de manuel que la sociologie (durkheimienne, à tout le moins)
s’est constituée par l’affirmation conjointe du primat de l’explication
du social par le social et de la supériorité épistémologique de l’idée de
déterminisme. Cette idée a sans doute été nuancée par l’observation de la
réalité sociale ou rendue plus subtile dans d’interminables gloses métasociologiques, elle a pu aussi être récusée par des approches sociologiques
se revendiquant « non déterministes » (ou même carrément « anti- »). Il
n’en demeure pas moins que la stratégie de l’analyse causale qui consiste
à chercher des déterminations en amont des phénomènes à expliquer est
restée un motif structurant de l’imagination sociologique (voir Menger, 1997).
Encore que la critique de l’idée de déterminisme soit une figure obligée.
La simple référence au déterminisme peut en embarrasser plus d’un. Dire
d’un raisonnement qu’il est « déterministe » équivaut parfois à l’écarter
sans autre forme de procès. Le déterminisme serait une position philosophique grossière, le déterministe serait un savant dépassé et potentiellement dangereux. L’étiquette fonctionne comme un anathème. Et cela ne
date pas d’hier. On se rappelle par exemple les critiques du déterminisme
portées depuis le pôle de l’individualisme méthodologique et – c’est la
même chose – le « réalisme totalitaire » (Bourricaud, 1975) de la sociologie
« hyperfonctionnaliste » de Pierre Bourdieu (Boudon, 1977). On ne m
­ anquait
17
DOSSIER DÉTERMINISMES
ni de suffixes ni de superlatifs à l’heure des luttes de « paradigmes » : l’« homo
sociologicus » enfermé par un habitus prévisible était le terreau d’un « sociologisme » auquel était opposé l’individu en capacité de s’autodéterminer
par des choix. C’est peu dire que le coauteur des Héritiers (1964) et de La
reproduction (1970) ne s’est pas retrouvé dans ces caractérisations. Il s’est
efforcé par la suite de réajuster le schème de la « structure structurante/
structure structurée », par l’introduction d’un peu plus de jeu et de probabilisme dans la sociogenèse comme dans les conditions d’instanciation
de l’habitus, entre La misère du monde (1993) et les Méditations pascaliennes
(1997). Mais la réputation de « déterminisme » ne s’efface pas si aisément,
et il est toujours de bon ton de résumer la sociologie de Bourdieu dans ces
termes. Ces vignettes un peu défraîchies de l’histoire des SHS françaises
continuent pourtant de hanter les leçons sur « les grands paradigmes des
sciences sociales ». Il n’y a plus de querelles d’écoles, le pluralisme des
années 1990 n’est plus qu’un souvenir, mais cette histoire-bataille crispe
encore les consciences. Pour les étudiant-e-s à qui ces bouts d’histoire sont
transmis chaque année, c’est l’occasion de se positionner dans l’espace des
possibles intellectuels. C’est de même l’opportunité d’apprendre des difficultés et parfois des errements d’auteurs en prise avec les formes multiples
du déterminisme, à l’image d’un François Furet tombé dans le « piège
déterministe » alors qu’il tentait d’expliquer la Terreur révolutionnaire
(voir l’article de Jérôme Lamy dans le présent dossier).
Nombreux sont les théoriciens de la chose sociale à considérer que
le déterminisme sociologique et/ou social n’est plus de saison parce
qu’il ne correspond plus à la réalité des sociétés contemporaines (mais
a-t-il jamais convenu ?). Il est rejeté dans les limbes de la métaphysique
sociale du siècle dernier. Y référer relèverait de l’anachronisme ou de la
nostalgie. Les diagnostics varient, mais le fond reste le même : à l’heure
de l’« hypermodernité », de la « modernité liquide », pour ne pas parler de
la « postmodernité » flaccide et vidée de ses grands récits, les processus
sociaux non linéaires ni téléologiques domineraient. Énoncer des lois
macros ou chercher des explications causales à l’action des individus
en référence à un modèle de socialisation, c’est dès lors une méthode de
sociologues has been. Une « sociologie pragmatique » se propose ainsi de
« relancer le projet sociologique » en partant notamment d’une critique du
déterminisme classique et supposément « mécanistique » dans l’analyse de
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Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales
l’action pour mettre en avant une conception de l’activité sociale comme
« accomplissement pratique », hic et nunc, dans une « indétermination
relative » (Barthe et al., 2013).
La montée en puissance du thème de la contingence dans les SHS est
symptomatique d’une crise du référentiel déterministe. Pour autant, il
serait bon de se mettre d’accord sur les implicites de l’adhésion au « contingentisme », qui est souvent non théorisée et intuitive, posée comme allant
de soi. La confusion dans les termes redouble lorsque la contingence est
invoquée comme paravent d’une position métaphysique « indéterministe », qui a pour corollaire un rejet de l’analyse causale. Il faut lire entre
les lignes pour comprendre si la référence à la contingence procède d’une
position d’ordre ontologique, l’indéterminisme, ou bien si la contingence
est « épistémique », c’est-à-dire qu’elle renvoie aux limites de ce que nous
savons (et partant, ignorons) du « fonctionnement causal » du monde qui
nous entoure – auquel cas, cette contingence épistémique-là est tout à
fait compatible avec une position ontologique déterministe (Ballinger,
2013). En d’autres termes, ce n’est pas parce que les événements ne sont
pas prévisibles strictement dans l’état actuel de nos connaissances qu’ils le
seront à jamais : l’adhésion au déterminisme épistémique est une forme
d’optimisme et de confiance dans la science.
Le déterminisme, c’est celles et ceux qui en parlent le moins qui le pratiquent le plus. Ne s’encombrant pas de prolégomènes épistémologiques,
leurs analyses ont recours à des procédés explicatifs afin de rendre compte
de phénomènes qui s’y prêtent. Car les faits sont têtus et les héritages
sociologiques persistants, comme le souligne Christine Détrez dans son
article sur les déterminismes dans les pratiques culturelles adolescentes.
Aux proclamations tonitruantes sur la « fin du déterminisme », il est donc
sans doute plus fécond d’opposer le travail de l’enquête.
Fortunes publiques du déterminisme
Les SHS n’évoluent pas dans un vacuum. Les formes et les registres de déterminisme qu’elles ont contribué à façonner circulent dans la société. Ils
informent et équipent les représentations communes de la vie sociale, non
sans raccourcis ou courts-circuits interprétatifs. Entre autres exemples des
distorsions de sens, la pénible polémique qu’a occasionnée la publication
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DOSSIER DÉTERMINISMES
récente de l’essai de Philippe Val, Malaise dans l’inculture (2015). L’auteur y
pourfend un inscrutable « sociologisme », c’est-à-dire, dans les grandes
lignes, la négation organisée en science de toute liberté et responsabilité
individuelles, au nom, dit-il, d’une « bien-pensance » manichéenne et
d’une « pensée victimaire » et « moraliste » émanant de sociologues qui
chercheraient des « excuses » aux ennemis de l’ordre social, en premier
lieu les terroristes. Une telle caricature lasse et laisse perplexe, elle peut
aussi consterner le commun des sociologues qui n’a jamais pratiqué pareil
déterminisme (Lahire, 2016). Et la campagne de dénigrement de s’étaler
dans les médias 2.0 acquis au buzz et au clash, permettant à des commentateurs peu informés de vociférer contre ce qu’ils imaginent être les SHS
– et de crier toujours plus fort au lendemain des attentats du 13 novembre
2015, en brodant sur le thème des « excuses sociologiques ». Bien qu’ils
ciblent un épouvantail, il faut néanmoins prendre acte de l’influence de
ces discours à l’emporte-pièce d’un « café du commerce des penseurs » et
de la doxa intellectuelle (Pinto, 2009), car la dissémination de clichés et de
conceptions pseudo-déterministes associées à telles ou telles disciplines
des SHS réifiées par des -ismes (« sociologisme », « psychologisme », « culturalisme », etc.) participe, volens nolens, de la configuration des problèmes
publics et plus généralement à l’intelligence ordinaire du social.
Il n’est rien de surprenant à cela. Ce qu’Harold Garfinkel (2007 : 150)
appelait la « connaissance de sens commun des structures sociales »
s’appuie en certains cas sur des catégorisations savantes devenues ordinaires,
comme celles de « classe » ou, en France, sur les catégories socioprofessionnelles répertoriées dans la nomenclature experte de l’INSEE de 1982 (voir
Deauvieau et al., 2014). Ces catégories outillent la perception commune
des classements et des hiérarchisations sociales et, de proche en proche,
sont projetées dans des conceptions plus ou moins verrouillées ou figées
de l’espace social. Ainsi les cadres seront-ils associés à tels comportements
et à une culture homogène par des individus se rangeant dans les strates
sociales inférieures, et vice versa. Le déterminisme est ici dilué dans les pré-,
di- et même révisions de l’ordre social ; il constitue, en d’autres termes, une
opération cognitive élémentaire, la source d’une sociologie spontanée des
déterminismes sociaux, que les SHS ont par conséquent contribué à former.
Ce déterminisme « pop » essaime un peu partout. L’atteste, parmi
tant d’autres indices, l’inclusion des schèmes interprétatifs de base de La
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Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales
distinction (Bourdieu, 1979) dans la trame narrative du film « symptômal »
et à succès Le goût des autres (2000). Si les chercheurs rechignent pour la
plupart à référer aux formes les plus chargées épistémologiquement de
déterminisme social, les acteurs sociaux ordinaires, eux, ne sont pas
aussi hésitants. Ils le sont d’autant moins lorsqu’ils (se) vivent dans des
situations de vulnérabilité et/ou de lutte sociale, ou bien encore cherchent
à comprendre leur trajectoire à l’aide de cadres explicatifs issus des SHS.
Pour les faibles, les invisibles et les dominés, la connaissance des déterminismes s’exerçant sur l’action individuelle et collective peut en effet servir
d’arme, de guide ou de surmoi. Le déterminisme peut également servir
la connaissance de soi, dans les rets du biographique et de l’intime. C’est
peut-être l’une des clés du succès éditorial des essais et romans d’autoanalyse « sociologique » qui, de Retour à Reims de Didier Eribon (2009) à
En finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis (2014), mettent en scène les
dilemmes et les tourments subjectifs de la condition du transfuge, sur
lequel les déterminismes de classe, de genre et de race continuent de peser.
Quoique ces récits en « je » de majesté ne révolutionnent rien dans l’ordre
des savoirs (ces mécanismes-là sont connus), ils rencontrent un public avide
de réponses et de vérités crues sur les duretés du monde social. Quand ils
ne se regardent pas, les sociologues aiment à commenter ces trajectoires
de mobilité sociale qui, d’une façon ou d’une autre, déjouent les plans du
déterminisme social. Ainsi Les armoires vides d’Annie Ernaux (1974) est-il
un roman à thèse sociologique (et d’ailleurs déjà informé par la sociologie, celle de Pierre Bourdieu), pour qui entend démonter les rouages de la
stratification sociale et partant les conditions objectives de probabilité d’y
échapper peu ou prou (Baudelot, 2014).
La mise au jour sociologique des déterminations sociales suscite et entretient aussi la curiosité. Un exemple particulièrement parlant est fourni par
les enquêtes de Baptiste Coulmont sur les usages sociaux et sociologiques
des prénoms (Coulmont, 2014). Ces derniers sont d’utiles révélateurs des
pratiques d’identification : ils résultent de choix déterminés, et en cela ils
sont des marqueurs générationnels, des structures de la parenté, de genre,
de classe, d’origine ethno-raciale. Les prénoms sont une « trace ambiguë »
(Coulmont, 2014 : 107-108), relevant à la fois de l’officiel et du rapport subjectif à soi. Ces résultats, le sociologue ne les garde pas pour lui. Chaque
fin d’année scolaire, Baptiste Coulmont actualise les données relatives à
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DOSSIER DÉTERMINISMES
la corrélation entre le taux de réussite au baccalauréat et l’origine sociale
à travers les prénoms. Les chiffres et les graphiques sont disponibles sur
le blog très consulté du sociologue 8 . La presse nationale s’en fait l’écho, en
fait même un marronnier, dans une surenchère de titres tonitruants et
de classements des prénoms qui réussissent : « Bac 2015 : donne-moi ton
prénom, je te dirai ta mention » (Le Figaro étudiant, 8 juillet 2015) ; « Bac :
voici les prénoms qui décrochent le plus de mention très bien » (L’Express,
8 juillet 2015) ; « Du prénom à la mention au bac : des déterminismes sociaux
toujours puissants » (Le Monde, 10 juillet 2015), etc. De Femme actuelle à
RTL, en passant par les sites dédiés au choix des prénoms et les réseaux
sociaux, l’enquête fait souche dans les esprits. C’est une expérimentation
sociologique à ciel ouvert, puisque désormais les résultats objectivés
entrent dans des boucles d’usage, inspirent peut-être les futurs parents
désireux que leur progéniture brille au lycée, ou à l’inverse provoquent des
commentaires amers d’un « Dylan, bac +5, fier détenteur d’une mention
au bac (preuve s’il en est que malgré votre déterminisme nauséabond, on
peut encore réussir en s’appelant Dylan en France) » (Le Monde, 10 juillet
2015). Fait significatif d’une diffusion du « déterminisme sociologique »,
Baptiste Coulmont peut toujours faire de la pédagogie en insistant sur
le fait qu’il ne suffit pas de choisir le « bon prénom » pour obtenir une
mention « très bien », les opinions et les stéréotypes continuent de se
répandre sur les avantages (et désavantages) comparés de se prénommer
Théophile ou Bryan, Alix ou Anissa. Tour à tour ludiques, naïfs ou préoccupés, ces usages ordinaires de l’expertise sociologique témoignent d’une
confiance (et aussi peut-être d’une part de superstition) dans les chiffres
et le sens que le sociologue leur confère. Ils renseignent sur les modalités
de l’incorporation socioculturelle des langages, des résultats et des acquis
théoriques des SHS (Merton et Wolfe, 1995), dont le déterminisme est un
sous-texte récurrent.
8. <http://www.coulmont.com/bac>.
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Situations du déterminisme en sciences humaines et sociales
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