Filière Ovine n°2, juin 2002
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Conséquence du génotype observé sur la sensibilité génétique à la tremblante chez le
mouton (sur base du modèle anglais)
Génotype observé Conséquence du génotype observé
ARR/ARR Mouton qui est génétiquement le plus résistant à la scrapie
ARR/AHQ ARR/ARH
ARR/ARQ
Mouton que est génétiquement résistant à la scrapie mais qui
nécessite une attention particulière pour son utilisation dans
les programmes de sélection
ARQ/ARH ARQ/AHQ
AHQ/AHQ ARH/ARH
AHQ/ARH ARQ/ARQ
Mouton qui génétiquement présente une faible résistance à la
scrapie. Son utilisation dans les schémas de sélection doit être
évitée sinon proscrite
ARR/VRQ Mouton qui est sensible à la scrapie
AHQ/VRQ ARH/VRQ
ARQ/VRQ VRQ/VRQ
Mouton très sensible à la scrapie. Il doit être au moins castré
sinon abattu.
A l’exception d’un cas de plus en plus inexpliqué de mouton Suffolk rapporté par un auteur
japonais en 1995, aucun animal homozygote ARR, c'est à dire porteur de deux copies de
l'allèle ARR (ARR/ARR), n’a jamais été détecté parmi les animaux atteints de tremblante par
l’ensemble des chercheurs travaillant sur ce thème dans le monde. Ces ovins ARR/ARR
semblent également résistants à une inoculation expérimentale par l’ESB. A l’inverse, les
animaux VRQ/VRQ sont hautement sensibles à la tremblante. En outre, l’ensemble des
résultats disponibles indique que les ovins ARR/ARR ne sont pas des porteurs de
contamination en situation naturelle. En conditions expérimentales, les moutons ARR/ARR
inoculés avec l’agent de l’ESB n’apparaissent pas non plus comme des porteurs sains de cet
agent. L’utilisation de béliers ARR/ARR apparaît donc comme un moyen privilégié de
protection des élevages, sachant par ailleurs que les ovins hétérozygotes ARR, c’est à dire
porteurs d’une seule copie de l’allèle ARR sont très peu sensibles à la tremblante.
Enfin, à ce jour, il n’existe aucune preuve qu’un ou d’autres gènes soient impliqués dans la
sensibilité à la tremblante.
Faut-il sélectionner contre la sensibilité à la tremblante chez le mouton ?
Compte tenu des génotypes observés et des résultats actuels de la recherche, il apparaît qu’une
sélection en faveur des génotypes induisant une résistance puisse être envisagée.
Pour illustrer l’opportunité de sélectionner sur la résistance à la tremblante, l’INRA a
récemment mis en place des programmes prototypes de sélection génétique pour la résistance
à la tremblante. Les chercheurs de cet institution ont notamment observé :
Pour la race Lacaune (lait), initialement assez résistante, il a été possible de faire augmenter
prudemment la fréquence de l’allèle de résistance chez les béliers d’insémination artificielle,
sans perte sur les autres aptitudes génétiques des animaux pour les caractères de production.
Ainsi, en cinq ans (de 1996 à 2001), en ne choisissant comme pères à béliers que des animaux
porteurs d’au moins une copie de l’allèle ARR, la proportion de béliers sensibles ARQ/ARQ a
diminué de 24 à 7 %, tandis que la proportion de béliers totalement résistants ARR/ARR a
augmenté de 28 à 46 %, les porteurs de l’allèle d’hypersensibilité VRQ étant tous éliminés.
Pour la Manech tête rousse, race initialement assez sensible, la stratégie a été de constituer
très rapidement un cheptel de reproducteurs résistants (dit cheptel sanitaire), mais de valeur
génétique générale inférieure au cheptel de reproducteurs utilisés jusqu’ici (dit cheptel
génétique). Le cheptel sanitaire a permis de répondre sur le court terme aux besoins des
élevage atteints de tremblante tandis que pour le moyen et long terme, le cheptel génétique est
amélioré pour la résistance à la tremblante (à partir de la génération 2003, 100 % des béliers
du cheptel génétique seront porteurs de ARR), tout en poursuivant la sélection laitière et la
gestion de la variabilité génétique