LA TREMBLANTE DU MOUTON,
UNE MALADIE ANCIENNE MAIS DACTUALITE
Les premières descriptions de la tremblante du mouton ont plus de 250 ans
(1732). Cette maladie des petits ruminants est longtemps restée mystérieuse. Elle
est mortelle et sans traitement connu. Elle fait partie du groupe des
Encéphalopathies Spongiformes Subaiguës Transmissibles. Appartiennent
également à ce groupe, l’ESB (Encéphalopathie Spongiforme Bovine) ou maladie de
la « vache folle » dans l’espèce bovine et la maladie de Creutzfeldt-Jakob dans
l’espèce humaine.
Mode de contamination ?
Question cruciale, mais non encore totalement résolue. L’agent infectieux est
probablement la protéine prion anormale. La transmission entre les individus ne fait
aucun doute. Les modalités de ces transmissions sont encore mal connues, même si
on peut affirmer que:
- le placenta apparaît comme un vecteur important de transmission de l’agent
infectieux, d’une brebis à sa descendance ou à ses congénères (susceptibles
d’ingérer le placenta). Les périodes d’agnelage et en corollaire les premières
semaines de vie des animaux sont des périodes critiques.
- l’introduction d’ovins porteurs de l’agent infectieux augmente le risque de
déclaration de la tremblante dans un élevage ;
- la protéine prion anormale s’avère être très résistante, et se maintient longtemps
dans l’environnement.
Cibles et évolution ?
La maladie affecte le système nerveux central, avec une durée d’évolution
(durée des signes cliniques), comprise entre quelques semaines et quelques mois.
La mort survient généralement sur des animaux âgés de 1 à 5 ans avec une grande
variabilité selon les animaux.
Symptômes ?
Les symptômes possibles sont divers et non systématiques :
- modifications du comportement ;
- troubles locomoteurs ;
- prurit ;
- mouvements anormaux tels que le tremblement : « tremblante » ;
- amaigrissement.
Diagnostic ?
Une des difficultés du diagnostic clinique de la maladie, résulte du fait que les
différents symptômes apparaissent ou pas avec une intensité variable. Autre
difficulté majeure, la confusion avec d’autres maladies du système nerveux.
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Le diagnostic certain de la tremblante nécessite l’examen en laboratoire. Les outils
disponibles pour cette confirmation sont des tests de recherche de la protéine prion
anormale et l’examen histologique de l’encéphale.
Une maladie d’actualité ?
Réputée non transmissible à l’homme, son contrôle n’avait auparavant pas
d’autre intérêt que d’en réduire l’impact économique dans les élevages ovins.
Récemment des éléments nouveaux sont apparus : découverte de l’ESB ;
démonstration en 1993 de la transmissibilité expérimentale par voie orale de cette
dernière à de nombreux mammifères dont les petits ruminants ; mise en évidence en
1996 de la relation entre l’ESB et un variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
L’hypothèse selon laquelle certains cas de tremblante pourraient être liés à l’ESB a
été avancée. Certains ont envisagé une zoonose potentielle qui serait une
« tremblante-ESB », bien que ce ne soit pas démontré jusqu’à ce jour.
Les tests actuels dits « rapides » pratiqués en abattoir et à l’équarrissage ne
permettent pas de différencier les deux types d’agents infectieux.
UNE CHANCE CHEZ LES OVINS :
LA RESISTANCE NATURELLE DE CERTAINS ANIMAUX
Il a été possible chez les ovins, de mettre en évidence une résistance
naturelle de certains animaux à la tremblante et de préciser l’origine de cette
résistance.
Cette variabilité de la résistance à la tremblante était liée aux versions (ou allèles)
d’un gène qui a été identifié (gène PRP, responsable de la synthèse de la protéine
PRP). Selon les allèles portés par l’animal, celui-ci sera plus ou moins résistant.
Tab. 1 : Allèles, génotypes et résistance à la tremblante
Allèles ARR AHQ ARQ VRQ
Génotypes
Complets
ARR
ARR
ARR
AHQ
ARR
ARQ
ARR
VRQ
AHQ
AHQ
AHQ
ARQ
AHQ
VRQ
ARQ
ARQ
ARQ
VRQ
VRQ
VRQ
Simplifiés R/R R/S S/S
Comportement
par rapport à
la tremblante
Résistant Intermédiaire Sensible
Constater que les animaux de génotype résistant à la tremblante (R/R), même en
milieu très contaminant, ne contractent pas la maladie, ouvre une voie de lutte
extrêmement intéressante. En orientant la sélection dans le sens de la résistance
génétique, il est possible d’éradiquer la tremblante. Ajoutons que :
- les fœtus porteurs d’un allèle ARR (donc R/R et R/S) sont protégés (même si la
mère est malade)
- les animaux résistants ne sont pas des porteurs sains et donc ne sont pas des
vecteurs de propagation, en l’état actuel des connaissances.
Actuellement, la seule autre voie d’éradication de la tremblante, est l’abattage massif
(ce qui est pratiqué dans le cas de l’ESB) très difficilement envisageable à l’échelle
de l’élevage ovin français et qui ne supprime pas le risque de contaminations
ultérieures (grande persistance de l’agent infectieux dans l’environnement).
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LE PROGRAMME NATIONAL D’AMELIORATION GENETIQUE
POUR LA RESISTANCE A LA TREMBLANTE DU MOUTON :
EXPLOITER LA RESISTANCE NATURELLE
Afin de lutter contre la tremblante ovine, le MAAPAR (Ministère de
l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et des Affaires Rurales) a mis en place
un programme national visant à augmenter la résistance génétique du cheptel ovin
français.
Choix et objectifs ?
S’appuyant sur les bases de sélection, le programme national permet :
1) d’éliminer l’allèle de sensibilité (VRQ) ;
2) de repeupler les élevages atteints par la tremblante avec des animaux
résistants;
3) de sélectionner l’allèle de résistance (ARR) ;
4) de diffuser des béliers ARR/ARR pour la production d’agneaux de
boucherie.
- Le travail dans un premier temps avec les maîtres d’œuvre des schémas de
sélection vise à maximiser l’efficacité des moyens mis en œuvre, et plus
précisément à bénéficier :
1) du cumul des progrès réalisés chaque année,
2) du pouvoir de diffusion direct et indirect des bases de sélection,
3) d’un savoir-faire en matière de sélection: la résistance à la tremblante est
un nouvel objectif de sélection s’ajoutant aux autres objectifs affichés par la race,
4) d’une identification pérenne bien maîtrisée,
5) d’une capacité à gérer, transférer et valoriser l’information (généalogies,
performances, génotypes des animaux),
6) de structures pour préserver variabilité et niveau génétique du cheptel
français.
- La voie mâle est privilégiée dans un souci d’efficacité et de diffusion rapide de la
résistance.
Concrètement ?
En 2002, les éleveurs se sont engagés dans ce programme, selon un contrat,
pour cinq ans. Les reproducteurs adultes mâles (et femelles pour quelques races
très sensibles) et les animaux pour le renouvellement ont été génotypés. Sur la base
de cette information, s’est opérée la sélection en vue d’éliminer l’allèle VRQ et
d’accroître la fréquence de l’allèle ARR (accouplements raisonnés, élimination
financée des animaux sensibles). En quelques chiffres, la campagne 2002 a vu
quelque 72000 génotypages financés et plus de 3000 ovins abattus et indemnisés.
Pour les campagnes à venir, le génotypage des jeunes pour le renouvellement
et la diffusion, est proposé, permettant une élimination des animaux sensibles et une
sélection des animaux résistants futurs reproducteurs. Excepté en 2003, pour les
brebis, l’élimination ne sera plus financée, la sélection s’opérant sur des animaux
jeunes (quelques mois).
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