Chapitre 1.2 Comment expliquer l’instabilité de la croissance économique ? Programme officiel : INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES : L’observation des fluctuations économiques permettra de mettre l’accent sur la variabilité de la croissance et sur l’existence de périodes de crise. On présentera les idées directrices des principaux schémas explicatifs des fluctuations (chocs d’offre et de demande, cycle du crédit), en insistant notamment sur les liens avec la demande globale. En faisant référence au programme de première, on rappellera le rôle des politiques macroéconomiques (nationales et européennes) dans la gestion des fluctuations conjoncturelles. On analysera les mécanismes cumulatifs susceptibles d’engendrer déflation et dépression économique et leurs conséquences sur le chômage de masse. Acquis de première : inflation, politique monétaire, politique budgétaire, politique conjoncturelle, chômage, demande globale NOTIONS : Fluctuations économiques, crise économique, désinflation, croissance potentielle, dépression, déflation. Exemples de Questions de mobilisation des connaissances : - Expliquez l’intérêt de calculer un taux de croissance potentielle Qu’est-ce qu’un choc économique ? Expliquez et illustrez la notion de choc d’offre Quelles sont les composantes de la demande globale ? Expliquez et illustrez la notion de choc d’offre Expliquez ce qu’est le cycle de crédit Quelles sont les principaux types de politiques macroéconomiques permettant de faire face aux fluctuations économiques ? Comment la politique monétaire peut-elle relancer la croissance ? Comment la politique budgétaire peut-elle relancer la croissance ? Expliquez les objectifs d’une politique de rigueur Expliquez quels sont les objectifs et les outils d’une politique monétaire/budgétaire restrictive Qu’est-ce qu’une situation de déflation ? Décrivez les effets cumulatifs engendrant déflation et dépression économique Quelles sont les conséquences d’une dépression sur l’emploi ? Exemples de Sujets de dissertation : I- Montrez comment, au sortir de la crise financière de 2008, les politiques budgétaires ont permis d’en atténuer les effets Comment les fluctuations économiques peubent trouver leur origine dans des chocs de demande ? Quels liens peut-on établir entre l’évolution de la demande et les fluctuations économiques ? Les fluctuations économiques A- La croissance est instable 1- De la crise à la reprise 2- Les grandes crises historiques B- Croissance effective et potentielle 1- Qu’est-ce que la croissance potentielle ? 2- l’écart entre croissance effective et potentielle II- Les explications Exogènes des fluctuations économiques A- Choc de demande 1- Les composantes de la demande 2- CHocs de demande 3- Exemple de chocs de demande Choc d’offre B1- Exemples de chocs d’offre négatifs 2- Exemples de chocs d’offre positif III- Les explications endogènes des fluctuations A- L’exemple du cycle du crédit B- Les phénomènes cumulatifs : cercle vicieux entre déflation et dépression IV- Les pouvoirs publics peuvent-ils limiter les fluctuations économiques ? A- Pourquoi les pouvoirs publics devraient-ils intervenir ? 1- car les marchés ne se régulent pas tout seul 2- Car le chomage de masse peut se développer B- La gestion des fluctuations économiques par les politiques conjoncturelles 1- La politique de relance 2- A- La politique budgétaire de relance B- la politique monétaire de relance La politique de rigueur Quelques rappels sur la monnaie les risques de la surchauffe : l’inflation les politiques monétaires et budgétaires restrictives Récession ou dépression ? Introduction « Ce qu'on nomme la crise n'est que la longue et difficile réécriture qui sépare deux formes provisoires du monde. » de Jacques Attali Extrait du Les Trois Mondes (pour une théorie de l'après-crise) L’économie n'est pas un long fleuve tranquille. Les sociétés n’aiment pas les crises car cela entrapine des ajustements douloureux en terme social et économique. Les gouvernements cherchent donc dans la mesure du possible un trend de croissance régulier. Néanmoins les crises sont parfois nécessaires, parfois inévitables car causées par le système lui-même ou par des chocs extérieurs. Problématique : le débat récurrent sur l’origine des cycles et les enjeux théoriques qui l’accompagnent (nouveaux classiques et nouveaux keynésiens), pose la question suivante : les cycles sont-ils produits par la dynamique et le fonctionnement des marchés ou sont-ils le résultat de chocs externes ? Nous verrons tout d’abord dans quelle mesure la croissance économique est irrégulière ; puis nous tenterons d’expliquer ces fluctuations et enfin nous verrons comment les pouvoirs publics peuvent les limiter. I- LES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES A- LA CROISSANCE EST INSTABLE Sur le long terme, la production a fortement augmenté d’année en année depuis le début de l’Histoire. Sur le court terme, en revanche, cette augmentation globale des richesses a connu des à-coups. 1- DE LA CRISE A LA REPRISE En effet, la croissance effective est instable : à des périodes de croissance soutenue (expansion), succèdent des périodes de forts ralentissements, voire de recul de l’activité productive pendant une période plus ou moins longue (récession ou dépression). Déf : expansion : hausse du taux de croissance Déf : ralentissement économique : baisse du taux de croissance Déf : croissance : hausse de la production durable Déf : récession : baisse de la production sur 2 trimestres Déf : dépression : baisse durable de la production, soit plus de 3 ans, soit de plus de 10%. Très rare. La récession survient lorsque la croissance économique est négative pendant au moins six mois consécutifs. Lorsque la baisse de la production se prolonge, par exemple sur plusieurs années, on assiste à un phénomène de dépression économique. Déf : la crise : Au sens strict, le terme de « crise » désigne le point de retournement à la baisse de l’activité économique ; au sens large, il désigne l’ensemble de la période au cours de laquelle l’activité est déprimée, le chômage élevé, etc. ; la crise se termine alors grâce à la « reprise » = c’est la phase de ralentissement. Si ce ralentissement est fort, alors on peut aller jusqu’à la récession ; s’il est très fort, on aborde la dépression. Déf : On appelle fluctuations économiques l’ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération du rythme de la croissance économique. 2- LES GRANDES CRISES HISTORIQUES Depuis le début du XXème siècle, trois grandes crises ont marqué les économies mondiales : - La crise des années trente : elle début en 1929 Crise des années 70 liée aux chocs pétroliers La crise de 1993 La crise de 2000 (crise des start-up) La période actuelle (crise des subprime) B- CROISSANCE EFFECTIVE ET POTENTIELLE 1- QU’EST-CE QUE LA CROISSANCE POTENTIELLE ? L’analyse des fluctuations économiques repose notamment sur l’étude des différences entre la croissance effective (celle qui est mesurée au cours d’une période donnée) et la croissance potentielle. Les économistes considèrent en général que la croissance de long terme est indépendante de certains évènements conjoncturels et qu’elle dépend des quantités de facteurs de production disponibles dans l’économie et de l’état des technologies : W, K, et PT. Déf : La croissance économique potentielle est évaluée par le taux de croissance du PIB potentiel, c’est-à-dire du PIB maximal qui pourrait être réalisé grâce à la pleine utilisation des facteurs de production disponibles en l’état des technologies donné. Cette croissance de long terme dessine la croissance potentielle d’une économie càd le sentier de croissance de long terme que l’économie devrait suivre en l’absence de chocs exogènes ou de tensions auto-entretenues. Le PIB potentiel est donc une évaluation de la production maximale qu’il serait possible de réaliser sans tension inflationniste ; c’est une mesure des capacités d’offre de l’économie. 2- L’ECART ENTRE CROISSANCE EFFECTIVE ET POTENTIELLE La croissance effective est généralement différente de la croissance potentielle, l’économie alternant les périodes de surchauffe et de sous-emploi des facteurs de production. Les fluctuations économiques reflètent donc cette différence entre croissance potentielle et croissance effective, appelé écart ou gap. Lorsque la croissance effective est supérieure à la croissance potentielle, cela conduit à des tensions inflationnistes (on parle de « surchauffe »). Lorsque la croissance effective est inférieure à la croissance potentielle, on assiste à une montée du chômage. L’écart (« gap » en anglais) entre croissance effective et croissance potentielle permet donc d’appréhender l’instabilité de la croissance. Face à une situation où la croissance est insuffisante pour assurer le plein emploi, il convient de déterminer si cela résulte d’une croissance effective inférieure à la croissance potentielle (ce qui relève de la politique économique conjoncturelle) ou d’une croissance potentielle insuffisante (ce qui relève d’une politique économique structurelle). II- LES EXPLICATIONS EXOGENES DES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES La croissance effective s’éloigne du trend à long terme de la croissance suite à un choc économique. Le choc peut-être positif ce qui accroit la croissance effective au-dessus de la croissance potentielle il faut alors ralentir la croissance effective pour éviter certaines tensions (inflation, pénurie de main d’œuvre) par une politique de rigueur Le choc peut-être négatif ce qui diminue la croissance effective au-dessous de la croissance potentielle il faut alors relancer la croissance effective pour éviter certaines tensions (déflation, chômage, ralentissement de la croissance et faillites d’entreprises), par une politique de relance. Déf : choc économique : évènement exogène qui affecte l’offre ou la demande Un choc d’offre positif se caractérise par une hausse de l’offre d’un bien pour chaque niveau de prix. Il en résulte une hausse des quantités échangées et une baisse du prix d’équilibre de marché. Pour une même quantité vendue, les offreurs sont disposés à accepter un prix plus faible. choc de demande positif se caractérise par une hausse de la demande pour chaque niveau de prix. Il en résulte une hausse des quantités échangées et une hausse du prix d’équilibre de marché. Pour une même quantité achetée, les demandeurs sont disposés à payer un prix plus élevé. A- CHOC DE DEMANDE 1- LES COMPOSANTES DE LA DEMANDE PIB + M° = C + I + X° + Stocks Ou PIB + M° = Conso finale des ménages + Conso intermédiaires + FBCF public + FBCF privé + X° + Stocks 2- CHOCS DE DEMANDE Déf : un choc de demande est une variation d’une des composantes de la demande globale adressée aux producteurs. Si la demande globale augmente (=choc positif), ceci conduit à une augmentation des quantités demandées pour un niveau de prix donné. La courbe de demande se déplace donc vers la droite. Si la demande globale diminue (=choc négatif), ceci conduit à une diminution des quantités demandées pour un niveau de prix donné. La courbe de demande se déplace donc vers la gauche. Mécanisme : - Choc positif : D débouché pour les entreprises hausse de la production croissance et plein-emploi Choc négatif : D baisse des débouchés pour les entreprises baisse de la production crise et chômage 3- EXEMPLE DE CHOCS DE DEMANDE a- Hausse des taux d’intérêt (= politique monétaire restrictive) b- Baisse des dépenses publiques (= politique budgétaire restrictive) Ex : baisse du nombre de fonctionnaires Ex : baisse du montant de l’allocation de rentrée scolaire Ex : baisse du remboursement des soins de santé (ex : ticket modérateur) c- Hausse du taux des prélèvements obligatoires (= politique budgétaire restrictive) Ex : hausse de la TVA (ex : projet de TVA sociale) Ex : hausse des cotisations salariales d- Blocage des salaires ou du SMIC (= modification du partage de la valeur ajoutée, politique structurelle restrictive comme ce fut le cas en France à partir de 1983) e- Baisse des investissements Ex : les entreprises ont beaucoup investi dans la période précédente Ex : les anticipations sont pessimistes et les entreprises arrêtent d’investir Ex : les taux d’intérêt sont trop élevés ce qui accroît le coût de l’emprunt pour investir f- Baisse de la conjoncture mondiale D’où baisse des exportations Ex : le ralentissement de la croissance chinoise actuellement est dû au ralentissement de la croissance des exportations chinoises vers les Etats-Unis et l’Europe où la demande a fortement chuté. La Chine subit de plein fouet les effets de la crise de la dette en Europe, premier débouché des produits chinois. g- Incertitudes ou éclatement d’une bulle spéculative sur les marchés financiers h- Développement du chômage de masse épargne de précaution i- La hausse du prix des autres biens substituables : si le prix du beurre augmente, il se peut que la demande de margarine s’accroisse, car les consommateurs substituent de la margarine (relativement moins chère) à du beurre. j- Chocs politiques : tensions politiques… A l’inverse la réunification allemande constitue un choc de demande positif. B- CHOC D’OFFRE Déf : les chocs d’offre sont des variations importantes des conditions de la production ; ils impactent notamment la productivité ou le prix des facteurs de production. Un choc négatif va entraîner une baisse de la production = des quantités offertes pour un niveau de prix donné. La courbe de l’offre se déplace vers la gauche. Un choc positif va entraîner une hausse de la production = des quantités offertes pour un niveau de prix donné. La courbe de l’offre se déplace vers la droite. 1- EXEMPLES DE CHOCS D’OFFRE NEGATIFS a- La hausse du coût des matières premières Ex : chocs pétroliers de 1973 et 1979 On parle de « premier choc pétrolier » pour identifier l'augmentation massive des prix pratiquée par le cartel pétrolier de l'OPEP pour compenser les effets de l'effondrement du dollar qui a suivi son détachement de toute référence à l'or et son flottement au début des années 1970. La guerre avec Israël a été le prétexte à une augmentation massive des prix et à un contingentement de la production. Cette hausse a aggravé de façon sensible les effets du ralentissement conjoncturel mondial qui avait commencé à cette période. Ainsi, une hausse du prix du baril est décidée par les membres de l'OPAEP (Organisations des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole) : le prix du baril passe de 3 à 12 dollars entre octobre 1973 et janvier 1974. Le deuxième choc pétrolier s'est produit en 1979. On parle de « second choc pétrolier » pour qualifier le second cycle de hausses des prix. Sous les effets conjugués de la révolution iranienne, de la fuite du Shah et de la guerre Iran-Irak, le prix du pétrole est multiplié par 2,7 entre la mi-1978 et 1981. b- Hausse des salaires supérieure aux gains de productivité Ex : forte hausse du SMIC comme dans les années 70 c- Alourdissement de la fiscalité des entreprises Ex : d- Chocs climatiques : sécheresse, tsunami au Japon Ex : le tsunami au Japon du 11 mars 2011 a provoqué des dommages directs de 16 900 milliards de yens (147 milliards d’euros) selon le monde.fr. Ceci a donc détruit des capacités de production et donc réduit la croissance potentielle. Par ailleurs, le désastre a nui indirectement à l’activité économique en perturbant les transports, l’approvisionnement en électricité (arrêt de 15 réacteurs dans la région de Fukushima plus la suspension de nombreux autres par mesure de prudence). Ces effets ont accru le coût de production des entreprises japonaises qui ont alors dû réduire leur production. Selon le monde.fr en juin 2011, « la 3ème puissance économique mondiale a basculé dans la récession au premier trimestre 2011 et les organisations internationales ont nettement réduit leurs prévisions de croissance ». Mécanismes : en cas de chocs d’offre négatif, les coûts de production deviennent plus élevés et les entreprises les moins productives et compétitives font faillite. Ceci entraîne donc des plans sociaux et la montée du chômage. 2- EXEMPLES DE CHOCS D’OFFRE POSITIF a- Innovation de procédé Des innovations permettent des gains de productivité et abaissent les coûts unitaires de production, alors les entreprises sont plus compétitives et peuvent accroître leur part de marché : elles vendent davantage et peuvent augmenter leur production croissance Mécanisme : la hausse de la productivité permet d’augmenter la quantité produite à un coût donné ou réduire le coût de production pour une quantité de B&S donné ; l’entreprise réduit ses coûts ou augmente sa production à coût fixe. Elle accroît donc sa compétitivité-prix. Elle peut vendre moins cher sur les marchés, ce qui attire les consommateurs. b- Baisse des coûts salariaux Allègements des cotisations sociales pour la restauration, … Les économistes considèrent que ces chocs entraînent des conséquences qui disparaissent plus ou moins vite en fonction du degré de flexibilité des marchés. Pour certains cependant ils peuvent laisser des traces durables (effet d’hystérèse). III- LES EXPLICATIONS ENDOGENES DES FLUCTUATIONS Pour certains économistes, les fluctuations et notamment les récessions ne sont pas dues à des facteurs imprévus, peu maitrisables, tels que l’analyse en terme de choc le laisse entendre. Au contraire, elles sont hautement prévisibles puisqu’elles sont dues aux structures du capitalisme lui-même. Le capitalisme crée lui-même les conditions de sa perte. On peut expliquer les crises par le comportement des agents économiques qui cherchent à maximiser leur profit ou leur satisfaction. Ainsi dans un environnement opaque, ils prennent des décisions qui mènent à des phénomènes de surajustement de l’offre et de la demande. Ce sont des comportements qui exagèrent des prévisions optimistes ou pessimistes et qui entraînent l’apparition de bulles spéculatives et leur éclatement. Pour certains économistes, ces crises se résorbent par elles-mêmes ; pour d’autres, ces crises peuvent s’enfoncer dans la dépression et il faut alors l’intervention de l’Etat. A- L’EXEMPLE DU CYCLE DU CREDIT Ainsi la théorie du « cycle du crédit » est simple : les récessions sont causées par le comportement des banques qui d’abord prêtent trop facilement par excès de confiance, puis refusent de prêter par excès de méfiance. Le cycle du crédit : Baisse des taux d’intérêt Facilité de crédit Hausse des demandes de crédit à la consommation et pour financer l’investissement Expansion Euphorie et spéculation à la hausse des prix des biens et des actifs les banques sont prêtes à prendre plus de risque pour financer des nouveaux projets (investissement productif, immobilier…) surinvestissement, difficulté à vendre, ralentissement de la hausse des prix pénurie de capitaux, hausse légère d’abord des taux d’intérêt certains ménages peu solvables ne peuvent plus rembourser (car taux d’intérêt variable) retournement du cycle : CRISE éclatement des bulles sur les prix immobiliers (2008) / sur les prix des valeurs du Nasdaq (2001) : méfiance des banques qui deviennent plus tatillonnes sur l’octroi de crédit + hausse des taux d’intérêt credit crunch ralentissement de la croissance vente des biens et des valeurs mobilières à bas prix baisse des prix faillites, chômage baisse des prix qui permet une hausse de la demande reprise Le cycle du crédit contribue à expliquer le caractère endogène de l’instabilité de la croissance. En période d’expansion économique, surtout si la situation économique est saine (faible taux d’intérêt, faible inflation), le « paradoxe de la tranquillité » (H. Minsky) joue : les agents s’endettent, financent des investissements ou une consommation à crédit, ce qui dynamise la demande et renforce la croissance donc l’optimisme général. Cependant, le taux d’endettement des agents augmente, des crédits sont accordés à des agents moins solvables, des comportements spéculatifs se développent, des bulles peuvent se former sur les prix de certains actifs. En fixant des taux d’intérêt trop bas en période d’expansion, les banques centrales peuvent amplifier ces comportements, tout comme les banques commerciales lorsqu’elles prêtent à des agents économiques ayant des projets trop risqués. Ces excès peuvent conduire à une crise financière et plonger l’économie réelle dans la crise. Déf : credit crunch = restriction de l’offre de crédit par les banques. Ceci survient lorsque les banques sont elles-mêmes à court de fonds ou ceci peut venir d’un comportement excessivement prudent des banques qui par pessimisme refuse de financer des projets d’investissement. Afin d’éviter ces comportements qui prennent des risques exagérés, il est nécessaire que l’Etat encadre certaines activités. Ex : Les Accords de Bâle III publiés le 16 décembre 2010 sont des propositions de réglementation bancaire. La réforme Bâle III fait partie des initiatives prises pour renforcer le système financier à la suite de la crise financière de 2007 (crise « des subprimes »), sous l'impulsion du FSB (Financial Stability Board) et du G20. Elle part du constat que la sévérité de la crise s'explique en grande partie par la croissance excessive des bilans et hors bilan bancaires (via, par exemple, les produits dérivés), tandis que dans le même temps le niveau et la qualité des fonds propres destinés à couvrir les risques se dégradaient. En outre, de nombreuses institutions ne disposaient pas non plus de réserves suffisantes pour faire face à une crise de liquidité. Dans ce contexte, le système bancaire s'est révélé incapable d'absorber les pertes intervenues d'abord sur les produits structurés de titrisation et d'assumer ensuite la ré-intermédiation d'une partie des expositions de hors-bilan. Au pire de la crise, les incertitudes pesant sur la qualité des bilans, la solvabilité des banques et les risques liés à leur interdépendance (le défaut d'une institution pouvant entraîner celui d'une autre) ont provoqué une crise de défiance et de liquidité généralisée. La réévaluation des seuils prudentiels par les représentants de 27 banques centrales s'est traduite par le fait que « les banques devront avoir 4,5 % au titre du capital de base (core Tier One) auxquels s'ajoute un coussin dit « de conservation » de 2,5 %, soit 7 % au total. (source : wikipedia) B- LES PHENOMENES CUMULATIFS : CERCLE VICIEUX ENTRE DEFLATION ET DEPRESSION Face à la crise, les Etats ont mis en place des politiques de rigueur, voire de déflation qui alimentent maintenant la dépression. Les politiques économiques menées dans les années 1930 ont précipité les pays dans la déflation. Ce faisant, elles ont contribué à retarder la sortie de crise, voire à aggraver la crise débutée en 1929. La déflation est un processus définit comme étant la diminution de la masse monétaire en circulation. Cette déflation a bien évidement pour origine le sur-endettement des Etats, des ménages et des entreprises. En effet pendant un certain temps nos pays ont compensés leur manque de revenues à distribuer par l'endettement des ménages et des Etats, créant ainsi artificiellement une demande qui n'était pas compensée par une production concomitante. Le résultat fut la production de déficits commerciaux, et la faible croissance. La déflation arrive lorsqu'il faut rembourser les dettes à ce moment là. Les Etats cherchent alors à réduire au maximum leurs dépenses, ainsi que les entreprises. Les revenus diminuent et la consommation baisse. Pour tenter de maintenir leurs ventes, les entreprises baissent leur prix… La dépression apparait lorsque la déflation s'est maintenue un certain temps, elle consiste en un changement de vision du futur des acteurs économiques. Ces derniers anticipent une baisse des prix et agissent de en fonction de ces prévisions. Les ménages se mettent par exemple à reporter à plus tard des achats car ils savent que les prix se mettent à baisser ; de la même manière, les entreprises se mettent à réduire leurs investissements parce qu'elles prévoient une baisse de la demande qui leur sera adressée. Ces prévisions pessimistes des acteurs économiques entrainent une mécanique négative de destruction de l'activité économique. Le parallèle est souvent fait entre la crise de 1929 et celle qui a commencé en 2008. De nombreux auteurs ont rapidement souligné que l'ampleur des chocs de départ (krach boursier puis crises bancaires) était du même ordre. Aujourd'hui, la question qui se pose est celle du risque d'un enchaînement déflationniste venant casser le redémarrage de l'économie après la crise comme dans les années 1930. C’est pourquoi de nombreux économistes pensent que la crise actuelle est loin d’être terminée et risque de s’aggraver. Une spirale déflationniste désigne un phénomène économique, dans laquelle une situation déflationniste engendre un cercle vicieux qui maintient ou accroît cette déflation.Dans une telle spirale, la baisse des prix mène à une réduction générale de la production, engendrant une baisse des salaires, un recul de la consommation, et donc de la demande, accroissant ainsi la baisse des prix. La Grande Dépression est considérée comme un cercle déflationniste. Les politiques protectionnistes des États suite au Krach de 1929 donna en fait naissance à une spirale de rétrécissement du commerce au niveau mondial, qui a créé des spirales déflationnistes dans presque tous les pays. Rappel jeudi noir : 24 octobre 1929 Un gouvernement peut essayer d'enrayer un cercle déflationniste en mettant en place une politique inflationniste, par exemple en augmentant la masse monétaire, et en réduisant les taux d'intérêt. Baisse des dépenses baisse des revenus baisse de la demande baisse des prix baisse de la production + baisse des salaires baisse de la consommation + baisse des investissements face à des anticipations de débouchés faibles… Dans une telle spirale, la baisse des prix mène à une réduction générale de la production, engendrant une baisse des salaires, un recul de la consommation, et donc de la demande, accroissant ainsi la baisse des prix. IV- LES POUVOIRS PUBLICS PEUVENT-ILS LIMITER LES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES ? A- POURQUOI LES POUVOIRS PUBLICS DEVRAIENT-ILS INTERVENIR ? 1- CAR LES MARCHES NE SE REGULENT PAS TOUT SEUL Sans intervention de l’Etat, l’économie peut entrer dans un cercle vicieux dans lequel la déflation, fréquemment observée en période de crise grave, renforce les difficultés économiques. La lenteur de l’ajustement de l’économie par la déflation a été soulignée par J.M. Keynes qui déclarait, dans une émission radiophonique du 14 janvier 1931 : « A long terme, nous sommes tous morts. Les économistes s'adonnent à une tâche trop facile, trop primitive, si, dans la saison des tempêtes, ils nous annoncent seulement que lorsque l'orage sera terminé, l'océan retrouvera son calme. ». L’intervention de l’Etat apparaît d’autant plus nécessaire que l’ajustement par la déflation peut ne pas se produire, notamment parce que les entreprises les plus vulnérables ne sont pas toujours les moins efficaces. 2- CAR LE CHOMAGE DE MASSE PEUT SE DEVELOPPER En période de ralentissement, le recul de l’activité économique engendre chômage de masse et baisse du revenu des ménages. Les jeunes éprouvent alors beaucoup plus de difficultés que leurs prédécesseurs pour trouver un emploi. Les tensions sociales et politiques augmentent, donnant du crédit aux mouvements qui prônent des changements radicaux dans l’organisation économique et sociale. B- LA GESTION DES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES PAR LES POLITIQUES CONJONCTURELLES Il existe 2 types de politiques économiques conjoncturelles : - La politique budgétaire qui agit sur le budget de l’Etat (recettes et dépenses) La politique monétaire qui agit sur le taux d’intérêt directeur, sur le taux de réserve obligatoire des banques et sur le marché monétaire (open market policy). Elles peuvent avoir 2 objectifs différents : - La relance si croissance effective est inférieure à la croissance potentielle La rigueur si la croissance effective est supérieure à la croissance potentielle 1- LA POLITIQUE DE RELANCE Lorsque la croissance de la demande globale ralentit, voire devient négative, l’écart entre la croissance effective et la croissance potentielle se creuse. Les politiques conjoncturelles peuvent soutenir la croissance effective. A- LA POLITIQUE BUDGETAIRE DE RELANCE Elles consistent en une politique budgétaire de relance - par une hausse du déficit de l’Etat. Ainsi, à l’occasion de la crise de 2008, les Etats ont laissé se creuser les déficits publics et ont en général mis en œuvre des plans de relance. par une baisse des impôts et cotisations sociales, notamment pour les plus pauvres Notion : propension à consommer Alors le mécanisme de relance keynésienne est le suivant : Hausse des revenus hausse de la consommation hausse des débouchés pour les entreprises hausse de la production croissance du PIB + hausse de l’offre d’emploi baisse du chômage B- LA POLITIQUE MONETAIRE DE RELANCE Il s’agit d’une politique monétaire de soutien à l’investissement et au système bancaire par la baisse du taux d’intérêt et/ou l’injection de liquidités. Ainsi, à l’occasion de la crise de 2008, les banques centrales américaine et européenne – la Fed et la BCE - ont abaissé très rapidement leurs taux d’intérêt directeurs et ont fourni la liquidité demandée par le marché 2- LA POLITIQUE DE RIGUEUR QUELQUES RAPPELS SUR LA MONNAIE La valeur d’une monnaie est définie de deux manières : - Valeur interne = le pouvoir d’achat Déf : le pouvoir d’achat est la quantité de B&S qu’une unité monétaire peut acheter Cette valeur peut varier selon l’inflation ou la déflation. Si les prix augmentent, alors on peut moins acheter avec un euro : la monnaie, l’épargne en particulier, perd alors de la valeur. Si le taux d’inflation est de 5%, alors la monnaie perd 5% de sa valeur. Si donc l’individu souhaite conserver son pouvoir d’achat, il faut que son revenu augmente de 5%. D’où l’exigence des particuliers de recevoir un taux d’intérêt qui couvre au moins le taux d’inflation : Taux d’intérêt nominal = Taux d’intérêt réel + Taux d’inflation Rappel : les sources de l’inflation : L'inflation par les coûts fait suite à un choc de l'offre. Une augmentation trop forte des salaires peut engendrer une inflation par les coûts : c'est le cas lorsque les salaires augmentent plus vite que les gains de productivité, les entreprises pour récupérer leurs profits augmentent les prix. La notion de boucle prix/salaire est la thèse des néocambridgiens (Kaldor, PasinettiŠ). L'inflation par les coûts peut également résulter d'une augmentation de la fiscalité. L'inflation par les coûts peut prendre la forme d'une inflation importée (chocs pétroliers, dévaluation) L'inflation peut également résulter d'un accroissement de la demande globale. l'inflation peut résulter d'une augmentation de la demande, l'offre étant à court terme inélastique. Dans la théorie keynésienne, l'inflation par la demande surgit lorsque l'économie se trouve en situation de plein-emploi (Comment financer la guerre, Keynes 1940). Les keynésiens introduisent la notion de Gap inflationniste : tant que l'économie n'a pas atteint le plein emploi, l'offre est parfaitement élastique et tout accroissement de la demande entraîne un accroissement de la production. En revanche, dès lors que les facteurs de production sont pleinement utilisés, toute augmentation de la demande se traduit par une hausse du niveau général des prix. Selon les tenants de la théorie quantitative, l'inflation par la demande s'explique par une création monétaire excessive. C'est l'équation de Fisher : MV = PT. Aujourd'hui, Milton Friedman, qualifié de néoquantitativiste, n'hésite pas à affirmer que « l'inflation est partout et toujours un phénomène monétaire » (Inflation, et système monétaire, Friedman). Cette inflation monétaire résulte elle-même de diverse causes dont la monétarisation du déficit budgétaire. L'inflation par la demande peut être accentuée par les comportement d'anticipation des agents. On parle de prophétie autoréalisatrice. - Valeur externe = le taux de change Déf : le taux de change est le prix d’une monnaie exprimée par une autre devise Le taux de change varie désormais sur le marché financier international selon l’O&D. Cf chapitre Eco 2.2. LES RISQUES DE LA SURCHAUFFE : L’INFLATION Inversement, en cas de croissance économique effective trop forte par rapport au potentiel de croissance de l’économie, des tensions inflationnistes peuvent se manifester et être à l’origine d’un cercle vicieux aux conséquences néfastes. L’inflation se traduit en effet - par une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie, qui mine la confiance qu’ont les agents en elle, par une baisse du pouvoir d’achat des ménages qui pourrait être source de ralentissement de l’activité si les revenus n’augmentent pas au même rythme que les prix, par une perte de compétitivité-prix au niveau international, ce qui peut avoir des effets négatifs sur les échanges extérieurs et donc la production réalisée à l’intérieur du pays. Par un transfert de richesse des prêteurs, épargnants notamment, vers les emprunteurs, lorsqu’elle n’est pas compensée par une hausse des taux d’intérêt. LES POLITIQUES MONETAIRES ET BUDGETAIRES RESTRICTIVES En cas de croissance économique effective trop forte par rapport au potentiel de croissance de l’économie d’un pays, une politique de freinage de la demande globale par un excédent budgétaire de l’Etat (baisse des dépenses de l’Etat) et par une hausse des taux d’intérêt de la banque centrale doit permettre de réduire les tensions risquant de déboucher sur une inflation trop rapide : c’est une politique de désinflation, c’est-à-dire de ralentissement de l’inflation. Ainsi, le début des années 1980 a été marqué dans de nombreux pays développés par des politiques budgétaire et/ou monétaire désinflationnistes. RECESSION OU DEPRESSION ? Video : http://www.dailymotion.com/video/x8f0sx_quelle-est-la-difference-entre-rece_news Article : Par Christine Kerdellant, publié le 03/03/2009 à 15:11. L’Express Quelle différence y a-t-il entre une récession et une dépression ? " La récession, c'est quand votre voisin perd son job. La dépression, c'est quand vous perdez le vôtre. " Le mot est de Harry Truman, le 33e président américain. Depuis que la crise des subprimes a ébranlé nos économies, en août 2007, le " R-word " a été longtemps tabou. Mais, quand nous nous sommes enfin résolus à le prononcer, un an plus tard, un nouveau spectre était apparu : le " Dword ". La dépression, c'est le mal absolu : une diminution du PIB de plus de 10 %, ou qui dure plus de trois ans, selon la définition la plus courante. La dernière, à l'échelle mondiale, date de 1929-1933, quand le PIB des quatre premiers pays industrialisés plongea de 25 % (avec des taux de chômage supérieurs à 25 % et, aux Etats-Unis, une baisse de 89 % du Dow Jones et 9 000 faillites bancaires). A cette aune, un seul pays développé l'a connue depuis lors. Ce n'est pas le Japon, malgré sa décennie perdue (durant la pire année, 1998, son PIB n'a baissé que de 3,4 %), c'est la Finlande : - 11% entre 1991 et 1993, effondrement de l'URSS oblige. Nous n'en sommes pas là. Certes, l'économie américaine a chuté de 6,2 % au dernier trimestre de 2008 et, en France, les perspectives pour 2009 s'obscurcissent : le gouvernement annonce un repli prévisible du PIB de 1,5 %, et le président de l'Unedic, au moins 300 000 chômeurs supplémentaires. Mais, entre l'anxiété de la récession et l'angoisse de la dépression, l'écart est grand : c'est celui qui sépare la bourrasque du cyclone, le désordre du chaos, la déprime de la... dépression. Et, pour l'éviter, les Etats ont tiré les leçons de l'Histoire : ils ne laisseront pas une banque de dépôt faire faillite, ne mèneront pas une politique budgétaire restrictive... Mais ils ne feront pas tout. La différence entre récession et dépression tient, en réalité, dans une sensation impalpable et impossible à décréter. La différence, c'est l'ouvrier qui achète tout de même une voiture neuve, le retraité qui continue de partir en croisière, le commerçant qui rénove malgré tout son magasin. La différence, c'est la croyance en la reprise. La tristesse, disait Spinoza, " diminue notre puissance d'agir ". La différence, c'est la confiance.