
des établissements de crédits qui, à l’appel des pouvoirs publics et sous la pression des associations
militantes, s’étaient spécialisées dans le prêt social. On connaît la suite
.
Pour les libéraux, les subprimes n’auraient jamais vu le jour sans l’intervention des pouvoirs
publics. Il n’y aurait donc pas eu de crise si l’on était resté dans le seul cadre de la logique
économique. Le marché du crédit hypothécaire a été perverti par un choix politique que la rationalité
économique écartait. « C’est donc l’Etat qui a poussé à l’irresponsabilité les acteurs de la chaîne du
crédit », conclue Vincent Bénard, le directeur de l’Institut Hayek
.
B) Un contexte réglementaire qui aggrave la politique du crédit.
Contrairement à une idée reçue, la finance est une activité très réglementée, aux Etats-Unis
mais aussi à l’échelle internationale. Non seulement la force publique n’y est pas absente mais elle y
joue un rôle important, susceptible de pervertir l’activité qu’elle devrait se contenter de sécuriser. On
ne peut ici passer en revue toutes les réglementations rejetées par les libéraux ; aussi a-t-on retenu les
plus significatives dans la crise de 2007. Elles ne sont pas toutes de même nature mais concourent à
fragiliser l’activité économique et bancaire. Ainsi pointe-t-on par exemple le fait que les zones où la
réglementation foncière est la plus importante sont aussi celles où, les prix ayant augmenté, les
subprimes se sont le plus développées
.
Le plus important concerne directement la finance. Quatre règles sont particulièrement
dénoncées : La garantie d’Etat accordées aux deux F, très nocives puisqu’amenant les établissements
du monde entier à accepter leurs obligations et leurs produits titrisés, risqués mais garantis. Cette
couverture artificielle a permis la diffusion de créances à risques élevés et autres produits corrompus à
presque tout le système. Vient ensuite la critique des accords de Bâle de 1988, qui obligent les
Banques à conserver un montant minimal de 8% du total de leurs engagements, et les contraints à
réduire leurs prêts (ou augmenter leurs capitaux propres). Cela expliquerait le développement de la
titrisation : plutôt que de se rémunérer sur des prêts, les banques ont émis des emprunts dont elles se
servaient ensuite comme matière première pour la revente de produits financiers de plus en plus
complexes. Ce serait cette nouvelle réglementation qui, au lieu d’assainir l’activité des banques, aurait
produit une gestion capitaliste de plus en plus débridée et agressive. La règle du Mark to Market est
également dénoncée comme extrêmement nocive : en obligeant les banques à tenir compte de la valeur
boursière des actifs au jour le jour, elle amplifie artificiellement les risques de crise
. Enfin, la situation
de quasi monopole accordée à la SEC (Stock exchange commission) aux agences de notation
expliquerait qu’elles aient pu tranquillement accorder un triple AAA à des banques saturées de
subprimes et titrisations. Le fait que trois entreprises seulement sont habilitées par la SEC à noter les
obligations détenues par les institutions financières aggrave le conflit d’intérêt qui oppose les agences
aux entreprises qu’elles auditent mais auxquelles elles apportent aussi de plus en plus de conseils
rémunérés. Charles Gave considère qu’elles sont comme des guides de restaurant financés par les
restaurateurs ; elles ne sont pas payées par les acheteurs mais par les émetteurs de la dette
. En
Sur les 2F, cf. Franck Shostak, « Are fanny and Freddie too big to fail ?, Mises Institute, Mises Daily Article,
17 septembre 2008 ; P. A. Cleveland, « Freedie Mac : A mercantilist enterprise », Mises Institute, Mises Daily
Article, 14 mars 2005. Pour une analyse bine antérieure à la crise : S. Holmes, « Fanny Mae eases credit to aid
mortgage lending », New York Time, 30 septembre 1999, .
Vincent Bénard, « Subprime : marché accusé, Etat coupable », Le Figaro, 9 septembre 2008.
Cf. Wendell Cox, “Pourquoi les legislations anti-étalement urbain sont les principales responsables de la crise
des subprimes”, interview sur le http://www.crisepublique.fr/2008/04/interview-de-we.html.
Cf. Salin, op. cit., p. 51
Ch. Gave, op. cit., p. 84 et s.