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Etienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844), spécialiste de l’anatomie comparée,
apporte une contribution majeure aux idées de Lamarck. A l'âge de 23 ans, il énonce le
principe de l’unité de plan d’organisation des êtres vivants. La loi des connexions préside
comme cause à l’ordre et à l’harmonie qui règnent dans le monde vivant, tandis que la loi de
balancement rend compte de la compensation des caractères anatomiques. Dès 1833, il
explique, dans un essai, pourquoi des animaux peuvent être différents malgré un plan
d’organisation commun. Geoffroy Saint-Hilaire a eu le mérite d'envisager, pour la première
fois, des liens de descendance entre les espèces disparues et les espèces actuelles.
Le darwinisme : l'homme et le singe ont même origine.
L'année 1859 marque une date-clé dans l’histoire des idées sur l’évolution des espèces.
C’est celle de la publication par Charles Darwin (1809-1882) de : "De l’Origine des espèces
au moyen de la sélection naturelle". Darwin propose une théorie évolutionniste matérialiste
qui fait intervenir la variation et la sélection. Ses idées sont débarrassées de tout préjugé
théologique ou philosophique. La sélection naturelle résulte du fait qu’à chaque génération, il
naît plus d’individus que ne peuvent en supporter les ressources de l’environnement, une idée
empruntée au pasteur et économiste Thomas Malthus (1766-1834). Comment fonctionne-t-
elle? Les individus d’une même espèce sont différents entre eux. Ils sont pourvus de
caractères distincts qui en avantagent certains ou en défavorisent d’autres, selon les conditions
du milieu et selon les partenaires sexuels. Ceux qui survivent sont les plus aptes qui vont se
reproduire et transmettre leurs caractères à la génération suivante. Selon Darwin, qui ignorait
encore les processus de l'hérédité, la micro-évolution suffit à expliquer l'apparition de
nouvelles espèces, voire de nouvelles lignées, ce qui correspond, en fait, à la macro-évolution.
Un tel schéma implique des transformations progressives, plus ou moins régulières. C'est le
gradualisme. Pour Darwin il n'existe pas de changements rapides ou de sauts au cours de
l'évolution. En 1871, Darwin situera l'origine de l'homme dans un pays chaud, à l'Eocène en
s'écartant du groupe des singes catarrhiniens.
Darwin n’est pas seul à avoir proposé que les espèces évoluent sous l’influence de la
sélection naturelle. Avant lui, Alfred Russel Wallace (1823-1913) avait fait une proposition
analogue. Wallace publia en 1855, antérieurement à « De l’Origine des espèces », un article
célèbre "Sur la loi qui a présidé à l’introduction de nouvelles espèces", publication qui est une
préfiguration de la théorie de l’évolution. Wallace qui était convaincu de la réalité de
l’évolution dès 1845, rechercha alors les facteurs responsables du changement évolutif. Il
conclut que ce dernier est dû à la lutte pour l’existence qu'il qualifia de sélection
"stabilisante". Il exposa sa thèse très clairement dans un article de 1858. Bien que Wallace
parvint avant Darwin aux conclusions exposées dans « De l’Origine des espèces », son article
fut lu devant la Linnean Society de Londres, après celui de Darwin, le 1er juillet 1858.
Wallace n'en tint pas rigueur à Darwin, dont il défendit la théorie pour laquelle il proposa le
terme darwinisme.
Un autre défenseur des idées de Darwin fut le biologiste Ernst Haeckel (1834-1919)
dont les travaux exercèrent une immense influence dans le monde scientifique, non seulement
en Allemagne où il était plus connu que Darwin, mais dans toute l'Europe. Son ouvrage le
plus célèbre, "Anthropogénie", fut traduit dans de nombreuses langues. Haeckel situe l'origine
de l'homme à l'Eocène, dans un continent aujourd'hui disparu qu'il appelle la Lémurie, et fait
du Pithécanthrope, découvert par Dubois à Java en 1891, une forme de passage entre les
grands singes et l'homme, le chaînon manquant. Sa contribution majeure à l'histoire de
l'origine des espèces, a été la théorie de la récapitulation : l'ontogenèse récapitule la
phylogenèse c'est-à-dire le développement d'un individu retrace toute l'histoire de sa lignée.