optimum est obtenu lorsque les deux membres du couple apportent la
même somme au revenu familial. Par ailleurs, lors de leur mise en place
dans tous les pays scandinaves, les politiques familiales se voulaient les
plus neutres possible quant aux formes de vie privée.
La question de l’égalité entre les hommes et femmes a été largement
débattue dans les pays nordiques. En Suède notamment, les mouvements
féministes présents dans les partis politiques traditionnels ont œuvré pour
mettre cette question au centre des débats au moment où les politiques
familiales se sont construites. Si les socio-démocrates ont porté la revendi-
cation de l’égalité entre les sexes, cette question a fait l’objet d’un large
consensus dans tous les partis politiques. Non seulement les femmes ont
participé aux débats publics sur cette question mais elles ont aussi intégré
les lieux de décision politique à tous les niveaux ainsi que les instances de
décision des syndicats et des organisations professionnelles. Cette partici-
pation à la vie publique et politique leur a permis de peser sur l’orientation
des politiques (Berqvist et Jungar, 2000).
Déjà dans les années trente alors que le modèle de la mère au foyer était
dominant, les Myrdal défendaient l’idée que pour accroître la natalité, il
convenait d’améliorer le niveau de vie des familles en même temps que la
condition des femmes. Constatant que les femmes qui travaillaient se
mariaient moins souvent et avaient moins d’enfants que les autres, ils con-
cluaient à la nécessité de réformes permettant aux femmes de concilier tra-
vail et famille. Les difficultés démographiques rencontrées par la Suède
dans les années trente ont été un levier pour la reconnaissance politique des
femmes et pour leur légitimité en tant que citoyennes, travailleuses et
mères. Cette situation a sans aucun doute contribué à donner à la famille
une place centrale dans les sociétés scandinaves, comme levier démogra-
phique et économique et comme valeur centrale de la société. C’est dans ce
contexte que les femmes se sont trouvées investies d’une forte responsabi-
lité en tant que mères, consommatrices de services comme l’exige une
société moderne, et en tant que productrices de biens et de services (Lalle-
ment, 2002). L’ouvrage publié en anglais avec la sociologue britannique
Viola Klein (Myrdal et Klein, 1956) marque un changement radical de
perspective par rapport à l’idéologie de la femme au foyer qui régnait à
l’époque. Les auteurs défendent l’idée que le rôle des femmes dans la
société passe à la fois par la maternité et par l’engagement professionnel, et
que la collectivité doit les aider pour qu’elles n’aient pas à faire un choix.
Ce livre a inspiré non seulement le Mouvement de femmes mais aussi les
partis socio-démocrates qui en ont fait leur référence. L’ouvrage a eu un
écho bien au-delà de la Suède (Clarke, 2002 ; Hirdman, 1994). Il reformu-
lait le dilemme des femmes entre travail et famille et l’inscrivait dans une
conception moderne de la famille et de la société où hommes et femmes
contribuent aux ressources du ménage, ont peu d’enfants mais des enfants
désirés, et où les responsabilités domestiques et parentales sont partagées.
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Les politiques familiales des pays nordiques et leurs ajustements
aux changements socio-économiques des années quatre-vingt-dix