partit sans savoir où il allait » (Hb 11,8). Mais plus que ça, dit la
lettre aux Hébreux, parlant d’Abraham, de Sara, d’Isaac et de Jacob :
« C’est dans la foi qu’ils sont tous morts sans avoir connu la
réalisation des promesses; mais ils l’avaient vue et saluée de loin,
affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs »
(Hb 11,13). Ça veut dire que nos ancêtres, dans la foi, ont pris des
risques énormes; ils ont fait confiance à la Parole de Dieu qui
désoriente et qui désinstalle. Ils n’ont pas eu peur de partir à
l’étranger, de changer leurs habitudes et de se mettre en marche sur
des routes non encore tracées, sur des sentiers inexplorés. À leur
exemple, ne pourrions-nous pas en faire autant?
2. La certitude de la foi : La foi ne peut jamais être une certitude. La
seule certitude que nous ayons, c’est de n’être jamais certain de rien.
Doris Lussier disait : « Je ne dis pas : Je sais; je dis : Je crois.
Croire n’est pas savoir. Je saurai quand je verrai, comme vous-
autres. Si j’ai à savoir… Et puis, après tout, comme je le disais un
jour à un ami qui est incroyant : tu sais, nos opinions respectives
sur les mystères de l’au-delà n’ont pas grande importance. Que
nous croyions ou que nous ne croyions pas, ça ne change
absolument rien à la vérité de la réalité : ce qui est est… et ce qui
n’est pas n’est pas, un point, c’est tout. Et il faudra bien nous en
accommoder ». Doris Lussier décrivait sa foi comme ceci : « Je n’ai
qu’une toute petite foi naturelle, fragile, vacillante, bougonneuse
et toujours inquiète. Une foi qui ressemble bien plus à une
espérance qu’à une certitude ». Et l’espérance, c’est la foi à son
meilleur, disait Charles Péguy, car l’espérance nous fait croire que
demain, ça ira mieux, quand aujourd’hui, tout va mal. Voilà la
merveille de l’espérance!
C’est l’espérance qui nous permet de « rester en tenue de service et de
garder nos lampes allumées » (Lc 12,35). Car pour attendre le maître
à son retour des noces (Lc 12,36), il faut savoir l’espérer. Si on est
certain de son retour, de la date et de l’heure de son arrivée, on ne peut
plus l’attendre; on saurait exactement comment s’effectuerait ce
retour. C’est pourquoi, l’évangéliste Luc formule cette béatitude :
« Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en
train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service,
les fera passer à table et les servira chacun à son tour » (Lc 12,37).
Pour veiller, il faut simplement espérer; sinon, à quoi ça sert de