Qualité des soins et réanimation 139
sont les caractéristiques de l’exercice, les variables démographiques (sexe, âge)
et la personnalité. Bien des aspects de la pratique professionnelle ont changé
dans les dernières années : perte d’autonomie, diminution des ressources,
exigence de haut degré de compétence et de ressources techniques [14].
La charge de travail, un environnement stressant comme celui des unités de
réanimation, la sévérité des patients, les conits entre membres de l’équipe ou
avec les patients sont des facteurs de risque [13].
2. EPUISEMENT PROFESSIONNEL DES MÉDECINS RÉANIMA-
TEURS
La première étude incluait 253membres de la Société de médecine intensive
des Etats-Unis (Society of Critical Care Medicine). Les auteurs[15] rapportaient
des scores élevés de fatigue émotionnelle et de dépersonnalisation ainsi qu’une
diminution du sentiment de réussite professionnelle. Dans une récente enquête
réalisée chez les réanimateurs français (internes, chefs de clinique, assistants,
médecins permanents) un degré élevé d’EP fut identié chez 46,5 % des cas:
dépersonnalisation (37%) un degré élevé d’épuisement émotionnel (19 %),
diminution du sentiment d’accomplissement personnel (39%)[16]. L’enquête
n’a pas identié l’âge comme un facteur indépendant d’EP alors que parmi les
médecins travaillant pour l’amélioration de l’organisation des soins, les plus
âgés ont des degrés moindres d’EP[16]. Parmi les facteurs démographiques,
les femmes sont plus exposées. Dans l’enquête française effectuée dans des
services de réanimation adulte d’hôpitaux publics le sexe féminin était un risque
indépendant[16].
Aux Etats-Unis, dans un échantillon randomisé et stratié de 6000médecins
dans le soin primaire non chirurgical, le risque est de 60% supérieur chez les
femmes[17]. La charge de travail excessive est habituellement associée au syn-
drome d’EP. La charge de travail des réanimateurs est physiquement exigeante,
n’autorise que des temps de repos limités, et s’associe à un manque de sommeil.
Des signes objectifs de stress peuvent apparaître : cétonurie, arythmie, trouble
du rythme cardiaque. L’enquête française rapporte que la fréquence de gardes
sur place, un délai excessif depuis la dernière semaine de vacances, le fait d’avoir
été de garde la veille de l’enquête sont associés à un plus grand degré d’EP[16].
Une mauvaise organisation du travail augmente le stress et produit l’EP. Dans
l’enquête de Shanafelt et al. effectuée chez des résidents de médecine interne la
fréquence des gardes de 24h et un temps de repos insufsant et sont associés
à un degré élevé d’EP[18].
Par contre les caractéristiques des patients n’apparaissaient pas comme
des facteurs de risque indépendants ni dans l’étude américaine, ni dans l’étude
française. Comme il est montré sur le Tableau I, il a été rapporté que les conits
avec d’autres médecins réanimateurs ou des inrmières étaient associés à
un syndrome d’EP[16]. A l’opposé, avoir de bonnes relations était un facteur
protecteur[16]. Les relations entre inrmières et médecins ont été identiées
depuis 1981[19] comme des facteurs de stress chez les réanimateurs et les
inrmières. Dans une étude transversale chez les résidents d’orthopédie, la
dépersonnalisation était signicativement corrélée avec le stress des difcultés
relationnelles, que ce soit avec les autres médecins ou les inrmières. Étudiant
la relation entre le stress et l’EP chez les médecins britanniques, Mc Manus et