Il s’agit désormais de prendre au sérieux la ruralité et de lui donner les mêmes chances que les autres
territoires. L'interterritorialité doit être désormais conceptualisée et approfondie. Les métropoles ne sont
pas intrinsèquement rayonnantes, c’est la raison pour laquelle les politiques favorisant l’interdépendance
des territoires sont indispensables. Il y aura lieu d’évaluer la mise en œuvre des contrats de réciprocité
récemment proposés. Un des enjeux à venir est d’imaginer un rapport renouvelé entre le rural et l’urbain
et passer de l’approche d’un aménagement du territoire concentrique à un aménagement réticulaire (en
réseau).
Il faut enrichir les politiques publiques structurelles qui, jusqu’à présent, sont des politiques de la densité
par des politiques fondées sur la sous-densité.
Enfin, pour la plupart des dispositifs nationaux, il y a lieu de favoriser la différenciation territoriale plus
que la loi uniforme et permettre les adaptations normatives.
Les politiques structurelles ascendantes favorisant la participation citoyenne
Il s’agit de favoriser l’émergence de projets territoriaux. La question de l'ingénierie territoriale est alors
fondamentale. C’est le moyen de pouvoir bâtir des projets de territoire structurants, pluridisciplinaires
et pluriannuels. La qualité, la pertinence et la pérennité de ces projets nécessitent une ingénierie
territoriale de qualité qui doit être organisée. A cet égard, on ne peut nourrir que la plus grande crainte
sur les moyens affectés à l’ingénierie avec les premières décisions de certaines régions fusionnées.
Pour les projets territoriaux, la participation des citoyens est indispensable tant dans l’élaboration que
dans la mise en œuvre de ces projets. Elle repose sur une gouvernance partagée entre élus et forces vives
des territoires. Elle nécessite également une gouvernance partagée entre les différents niveaux
institutionnels territoriaux.
Les besoins de services en milieu rural
Ce sont les mêmes qu’en milieu urbain ou spécifiques, tels que l’enfance, mobilité, santé …. En
revanche, les modalités de mise en œuvre sont parfois adaptées à la situation ou à l’Histoire locale :
certains relèvent des pouvoirs publics d’autres d’actions associatives qu’il y a lieu de soutenir…
S’agissant du financement de ces activités, la baisse des financements publics sur le fonctionnement plus
que de l'investissement soulève de réelles craintes alors que nous sommes dans une époque où l’on a
plus besoin de liens que d'équipements.
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Les trois derniers comités interministériels d’aménagement et de développement du territoire ont adopté
des mesures spécifiques très utiles pour le rural mais insuffisantes. En effet, des mesures éparses ne font
pas système.
Il est impératif d’avoir une volonté politique nationale affirmée en faveur des territoires non-
métropolitains. Nous demandons l’élaboration et l’adoption d’une loi d’orientation et de programmation
pour un aménagement du territoire équilibré et une plus grande cohésion sociale nationale. Elle
constituerait un geste politique fort à l’instar des lois sur la politique de la ville et comporterait des outils
spécifiques et des moyens sur une période d’au moins 10 ans.
Cela constituerait une réelle reconnaissance du fait rural, trop longtemps occulté par l’émergence ou la
prégnance du fait métropolitain. Elle pourrait constituer le déclencheur d’une véritable révolution
mentale.