Débat sur l`immigration et la fin de vie entre Alain Claeys, Député PS

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Débat sur l’immigration et la fin de vie entre Alain Claeys, Député PS, et JeanFrédéric Poisson, Député UMP des Yvelines et Président du Parti ChrétienDémocrate (à partir de la 16ème minute)
http://www.lcp.fr/emissions/politique-matin/vod/165552-la-matinale-du-mardi-16-decembre-2014
Jean-Frédéric Poisson, qu’avez-vous pensé du discours de François Hollande sur
l’immigration et le droit de vote des étrangers ?
Il faut 3/5 de votes ou un référendum pour instaurer le droit de vote des étrangers. Je ne pense pas
que le gouvernement trouve une majorité au Parlement ni dans l’opinion publique. Il y a un problème
d’équilibre à trouver sur cette question.
Sur l’immigration, j’ai plus envie de regarder l’avenir que le passé. J’entends que la France est un
pays qui s’est peuplé aussi par le phénomène migratoire, tout cela est juste. Cela dit, quand j’entends
le Président de la République dire ce qu’il a dit hier, il y a un certain nombre de choses qu’il omet. La
première, c’est que ce n’est pas la peur qui gouverne la société française. C’est une forme de
désespérance, une forme d’exaspération. Ce n’est pas tout à fait la même chose ! En tout cas, il y a
des déséquilibres territoriaux tels que beaucoup de compatriotes ne comprennent pas comment
on peut dire, comment le chef de l’Etat peut dire, que l’immigration est une chance pour la
France. Ce message, je pense, est décalé pour un certain nombre de nos compatriotes, qui ne vivent
pas l’immigration comme une chance, mais qui la vivent au quotidien comme une agression. Il faut
entendre ces Français–là. Ils ne sont pas tous d’affreux abrutis violents ! Non, c’est la réalité qu’ils
vivent. Pour avoir moi-même passé quelques années dans les banlieues nord de paris, j’en ai des
souvenirs d’adolescent extrêmement précis. Donc tout cela existe, il faut le reprendre en compte.
Sur Schengen, de deux choses l’une : ou bien nos voisins européens qui ont une partie des frontières
de l’Europe sous leur charge sont capables de les faire respecter, ou alors ils n’en sont pas capables.
S’ils n’en sont pas capables, leur propre incapacité rejaillit sur nous.
Vous pensez que ce côté négatif de l’immigration que vous soulignez, alors que l’immigration
est souvent présentée comme extrêmement enrichissante, prend le dessus ?
Ca peut ! Je le constate dans un certain nombre de quartiers, et on le voit dans les résultats
électoraux, les reportages télévisés, les études universitaires, les études sociologiques, les sondages,
on le voit partout. Ce n’est pas vrai pour tout le monde. Mais je dis simplement qu’à vouloir avoir
des discours généralisateurs, un peu trop moralisateurs, notamment de la part du chef de
l’Etat, sur ce sujet, on omet cette réalité-là et il faut la prendre en compte.
Vous êtes opposé au droit de vote des étrangers ?
Oui, fondamentalement opposé, pour des rasions à caractère constitutionnel d’abord : c’est que le
droit de vote est attaché à la citoyenneté. Les européens peuvent voter, mais c’est parce que l’on a
inventé une citoyenneté européenne à mon avis très artificielle. On a tiré très largement sur cette
notion de citoyenneté, au point presque de la casser pour intégrer les ressortissants européens. Cette
citoyenneté doit rester la barrière infranchissable pour l’autorisation du droit de vote. Je suis
parfaitement opposé à toute évolution en faveur du droit de vote des étrangers.
Fin de vie : que pensez-vous de ce rapport ?
Je salue l’effort de mes collègues Alain Claeys et Jean Leonetti pour leur travail sérieux, effectué avec
une vraie volonté d’apaisement.
Malgré tout, je pense qu’il est dangereux, du point de vue de la sédation, de provoquer
l’inconscience d’un patient. Tout d’abord, la provoquer pourquoi ? Première question. Je ne suis
pas seul à imaginer cela. Je fais référence aux propos de Suzanne Rameix ou Jean-Claude Fondras
qui sont deux grands spécialistes d’éthique médicale très connus et pas soupçonnés d’être
particulièrement conservateurs sur ces questions-là qui se demandent : comment fait-on la limite ?
Comment apprécie-t-on cette limite entre le fait de provoquer le sommeil de quelqu’un, pour
employer des mots simples, et la tentative et l’action euthanasique ? Cette limite-là, elle est
quasiment impossible à déterminer. Je comprendrais que l’on réserve le fait d’endormir de manière
définitive, parce qu’il s’agit bien de cela, un patient, si c’était pour des patients qui ont des pronostics
de vie très courts, à quelques heures ou quelques jours de la fin de leur vie programmée ou
envisagée, éventuellement et moyennant des tas de précautions.
Quelles sont vos propositions pour la fin de vie ?
Le problème, c’est que la loi de 2005 adoptée à l’unanimité par le Parlement en réalité n’a pas été
appliquée. C’est une loi qui n’est pas connue, qui n’est pas appropriée par les personnels soignants,
médecins ou hospitaliers. Je propose donc que la loi Leonetti soit appliquée, qu’elle soit mieux
connue et que les personnels médicaux, les médecins et les soignants, la pratiquent, c’est-àdire qu’ils accompagnent jusqu’au bout, qu’ils soulagent la douleur, toutes ces choses que l’on
applique dans les services médicaux.
Deuxièmement je propose que la loi s’applique, c’est-à-dire que l’on déploie les soins palliatifs le
plus possible. Or on est en arrêt, et on a tous les ans le débat sur le budget de la santé : on manque
de crédits, et ces situations douloureuses ne sont pas vécues comme il faut parce qu’il n’y a pas les
moyens pour soulager la douleur réellement.
Troisièmement, je propose qu’on ne bouge pas cette loi de 2005 parce qu’elle traite, de mon point de
vue, tous les cas. Encore une phrase : il y a eu un jugement très spectaculaire rendu suite au procès
d’un vieux monsieur qui avait mis fin aux jours de son épouse qui avait un ou deux ans de moins que
lui. Ils avaient 89 et 87 ans. Qu’a dit la justice ? L’homme a été condamné sans exécution de peine.
Cela veut dire que dans les cas très douloureux, il y a une forme d’équilibre national qui permet de
traiter ces cas, et la loi actuelle le permet, c’est en tout cas ce que je crois.
Jean-Frédéric Poisson, vous êtes toujours candidat à la primaire 2016 ? Vous pensez que vos
idées ne sont pas assez représentées ?
Moi qui suis très modérément libéral, je pense en effet qu’il y a un risque que la primaire de la droite
se résume à une course au libéralisme !
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