on peut donc considérer que le nitrate d’origine agricole est l'élément nutritif qui contrôle
l’intensité des marées vertes de Bretagne » qui résultent de 3 facteurs : « 1) des flux
d'azote importants ; 2) un estran étendu et plat ; 3) un confinement hydrodynamique des
eaux côtières ».
Outre la responsabilité de l'État, celle de tous ceux qui ont proposé, enseigné,
développé, encouragé, soutenu le développement démesuré, déséquilibré et
absolument non durable du modèle agricole breton, apparaît également engagée: l'État,
les responsables de la profession agricole, les élus locaux et nationaux, sans oublier
banques, grands groupes coopératifs et industriels de l'agroalimentaire. Un système
économique agricole qui a conduit à la perte de la relation ancestrale au sol et produit
une concentration toujours plus grande des cheptels et des déjections associées,
entraînant l’élimination drastique de nombre d'exploitations et d'exploitants, un système
agricole qui ne profite pas aux éleveurs mais aux seuls groupes agro-industriels.
Pour Jean-François PIQUOT, porte-parole d’Eau & Rivières de Bretagne, « En 40 ans,
la Bretagne, région pauvre de bocage et de polyculture-élevage est devenue la plus
grande usine française de production animale (on y recense 60% des cochons, 60% des
oeufs, 45% des volailles, 25% des vaches laitières, 30% des gros bovins) sur moins de
5% de la SAU nationale. Une telle concentration animale n’est pas soutenable ! »
Pour Bernard Rousseau, administrateur responsable des politiques de l’eau à FNE : «
Après la politique de fermeture des captages d’alimentation en eau potable pour cause
de pollution des eaux par l’agriculture intensive, l’Etat va-t-il annoncer la fermeture des
plages bretonnes pour la même raison ? ». Il précise: « Aucune décision curative de
court terme, comme celles mises en œuvre depuis plusieurs décennies, notamment
avec le soutien de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, n’est de nature à régler le
problème. La fuite en avant actuelle a généré des investissements publics – de l’ordre
au moins du milliard d’euros – aussi lourds qu’inefficaces, ainsi que l’ont dénoncé la
Cour des Comptes en 2001, et plus de 30 rapports publics réalisés sur le sujet depuis
les années 80 ».
Quel plan d’action gouvernemental de lutte contre les algues vertes ?
Tous les gouvernements depuis 30 ans ont joué la « politique de l’autruche », comme l’a
courageusement admis récemment Chantal Jouanno. Le 8 décembre, les inspecteurs
généraux rendront leur rapport au 1er ministre afin de déterminer des propositions de
plan d’action destinées à lutter contre les algues vertes. Le 15 octobre 2009, après avoir
adopté un SDAGE où le problème des marées vertes est traité à minima, le comité de
bassin Loire-Bretagne, y compris ses représentants agricoles, a voté une motion attirant
« l’attention des pouvoirs publics sur les décisions politiques fondamentales » qu’appelle
une telle situation…. Après les sommes fabuleuses dépensées en vain, un peu légère,
l’arme de la motion !
Pour Jean-Claude Bévillard, Secrétaire National de FNE, chargé des questions
agricoles : « En Bretagne, comme ailleurs, il faut s’engager vers une agriculture à Haute
Valeur Environnementale, qui ne soit pas tributaire des importations de soja mais liée au
terroir. C’est toute une économie régionale (agriculture mais aussi industrie agro-
alimentaire et distribution) qui est à reconvertir. France Nature Environnement demande
une concertation de l’ensemble des acteurs pour jeter les bases d’une nouvelle politique
agricole en Bretagne. »