PHARMAZIE UND MEDIZIN
PHARMACIE ET MÉDECINE
d’éviter des infl uences externes néfas-
tes (hygrométrie, port de lunettes pour
se protéger des poussières, etc.). Trop
souvent encore, on recourt à des vaso-
constricteurs pour traiter des troubles
oculaires légers sans prendre la peine
de se renseigner. Or, les vasoconstric-
teurs sont contre-indiqués dans l’œil
sec! Si l’application régulière et suffi -
sante de larmes artifi cielles ne produit
pas l’effet souhaité au bout de quel-
ques semaines ou s’il s’agit d’un pro-
blème chronique, une visite chez
l’ophtalmologue s’impose. Ceci vaut
également pour les porteurs de lentille
de contact qui se plaignent durablement
d’avoir les yeux secs et/ou rouges.
Larmes artifi cielles
Il n’existe pas à ce jour de larmes arti-
fi cielles qui s’attaquent aux causes de
l’œil sec; le traitement local est symp-
tomatique et vise à la meilleure substi-
tution possible du fi lm lacrymal. Il faut
souligner à ce propos que pratique-
ment toutes les larmes artifi cielles ne
remplacent que la partie aqueuse du li-
quide lacrymal. Elles ne sont effi caces
qu’en présence d’une production nor-
male de mucine et d’une couche lipidi-
que stable. Le produit de substitution
doit avoir un maximum de similitude
avec le liquide lacrymal naturel et être
le moins irritant possible. La viscosité
du produit est déterminante pour le
temps de séjour. Les produits à base
de d’alcools polyvinyliques, de poly-
vidones et de dérivés de cellulose ont
une faible viscosité et un temps de sé-
jour réduit. Les carbomères et l’acide
hyaluronique, en revanche, possèdent
une viscosité plus élevée, une meilleu-
re adhérence et un temps de séjour
plus long à la surface de l’œil. Les pro-
duits à base d’acide hyaluronique s’im-
posent progressivement sur le marché.
En plus d’une bonne adhésion, ils ont
une action bénéfi que sur la surface
épithéliale et favorisent la réépithélisa-
tion. Les agents conservateurs peuvent
irriter les yeux et provoquer des réac-
tions allergiques. Le chlorure de ben-
zalkonium, le cétrimide et le thiomer-
sal sont cytotoxiques et causent plus
souvent des irritations locales que le
Polyquad®. De récentes études mon-
trent que les larmes artifi cielles conte-
nant des tampons phosphates peuvent
causer la formation de dépôts cristal-
lins d’hydroxyapatite (une forme de
phosphate de calcium) sur la cornée.
Chez plusieurs patients touchés, la ca-
pacité visuelle n’a pu être maintenue
que par une opération de l’œil. Les ta-
bleaux 8 à 12 indiquent si la teneur en
phosphate d’un produit est supérieure
ou inférieure à la concentration phy-
siologique de 1,45 mmol/l. Les pro-
duits dont la teneur de phosphate dé-
passe 1,45 mmol/l ne doivent pas être
utilisés sur une période prolongée.
Des produits destinés à remplacer
spécifi quement la part de mucine ou la
couche lipidique du liquide lacrymal
sont encore à l’étude. Il n’y a pas en-
core de preuves que l’apport de lipi-
des, p. ex. sous forme de «Visine®
Trockene Augen» (commercialisé en
Allemagne), améliorerait les anomalies
de la couche lipidique.
Choisir les larmes artifi cielles
Les tableaux 8 à 10 montrent, par or-
dre de viscosité croissante, des pro-
duits de substitution pour la phase
aqueuse du fi lm lacrymal. Les produits
à base d’acide hyaluronique seule fi gu-
rent dans le tab. 11. Les instructions
Tab. 5. Critères d’envoi chez le médecin
– Troubles très intenses
– Suspicion de glaucome à angle aigu: rougeur, douleurs oculaires,
notamment accompagnées de céphalées
– Suspicion de cause infectieuse: troubles aigus uni- ou bilatéraux,
forte rougeur de la conjonctive, évent. paupières collées
– Troubles persistants chez les porteurs de lentilles de contact
– Suspicion de modifi cations à l’intérieur ou à l’extérieur de l’œil,
p. ex. amétropie, ectropion (éversion du bord libre de la pau-
pière), cils incarnés
– Autres maladies, possibilité d’une cause médicamenteuse de l’œil
sec
– Troubles ne se résolvant pas avec l’application de larmes artifi -
cielles
– Paupières collées le matin: bien nettoyer les yeux, p. ex. avec
Lidcare®.
– Instillation dans le sac conjonctival inférieur: abaisser légèrement
la paupière inférieure, instiller, puis fermer l’œil et bouger les
yeux pendant quelques secondes.
– L’embout du compte-gouttes ou du tube ne doit pas entrer en
contact avec les mains ou les yeux.
– Songer à utiliser éventuellement un accessoire d’instillation
(«drop aid»).
– Refermer immédiatement les fl acons multidoses après l’emploi et
ne pas utiliser un fl acon entamé depuis plus d’un mois (excep-
tions: voir liste des produits).
– Les fl acons unidose sont exclusivement destinées à un usage uni-
que.
– Une brève gêne visuelle peut apparaître après l’application de
pommades ou de gouttes très visqueuses. Rendre attentif à l’appel
à la «prudence lors de la conduite de véhicules ou de l’utilisation
de machines» dans la notice.
– En cas d’utilisation concomitante d’autres médicaments ophtal-
miques, appliquer d’abord ces derniers, puis attendre au moins
10 minutes.
Tab. 7. Conseils pratiques à l’usage des patients
Degré de sévérité Traitement
Grade 1
Troubles subjectifs
légers
Larmes artifi cielles de faible viscosité:
alcools polyvinyliques, polyvidones, dérivés de cellulose
Si effi cacité insuffi sante, passer à des produits de plus forte viscosité.
Application: 4 ⫻ par jour
Agents conservateurs autorisés si le patient le désire
Grade 2
Trouble fonctionnel
manifeste
Larmes artifi cielles de plus forte viscosité:
carbomères, acide hyaluronique
Application: jusqu’à 1 ⫻ par heure, pommade ou gel la nuit
Recommander des produits sans agent conservateur
Grade 3
Troubles sévères de
l’hydratation de l’œil
Il est impératif de consulter un médecin pour rechercher et
traiter des causes locales ou systémiques.
Utiliser des larmes artifi cielles non conservées jusqu’à 1 ⫻ par
heure dans l’attente de la visite médicale.
Tab. 6. Traitement de l’œil sec
– Âge du patient?
– Œil: aspect, type et intensité des troubles, un seul œil est-il touché
ou les deux?
– Durée des troubles?
– Quand les troubles surviennent-ils: toujours/uniquement dans
une situation donnée ou à une certaine période de l’année?
– Autres problèmes oculaires?
– Autres troubles, p. ex. nez sec, bouche sèche?
– Autres maladies, allergies, médicaments?
– Facteurs de risque externes, p. ex. travail à l’ordinateur, air
conditionné, air sec dans les locaux en hiver, lentilles de contact?
Tab. 4. Anamnèse
l’œil sec, correspondant à peu près au
grade 1–2 (cf. tab. 6). Il est important
de bien informer le patient, qui sou-
vent ne comprend pas pourquoi des
yeux larmoyants seraient la consé-
quence d’une insuffi sance lacrymale.
Les explications seront éventuellement
complétées de conseils sur la manière
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Journal suisse de pharmacie, 13/2006
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