RAPPORT DE SYNTHESE ENQUETE « QUÉBÉCOISE ^^Hi QTTI{ i^ • *>. <j y A ^l^iSHiK SANTÉ MENTALE DES JEUNES DE 6 À 14 ANS ' 1992 ••fetr^' ^ . INSPO - Montréal 3 5567 00002 6226 Hôpital Rivière-des-Prairies mTX Institut national de santé publique du Québec 4835. avenue Chrisiophn-Coinmb, bureau 200 Montréal (Québec) H2J3G8 Tél.: (514) 597-0606 ENQUÊTE QUÉBÉCOISE SUR LA SANTÉ MENTALE DES JEUNES DE 6 À 14 ANS 1992 RAPPORT S^PJ^^L n •• Rivière-des-Prairies DE SYNTHESE SANTÉ QUÉBEC ENQUETE QUEBECOISE SUR LA SANTE MENTALE DES JEUNES DE 6 À 14 ANS 1992 RAPPORT D E S Y r-J T H e S E Cette enquête a été réalisée par Santé Québec et l'hôpital Rivière-des-Praines grâce à une subvention du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et à la contribution financière de l'hôpital Rivière-des-Prairies. Les coûts de l'édition de ce rapport ont été assumés en partie par la Direction de la santé mentale (MSSS), Coordination du projet pour Santé Québec : Louise Guyon, Caroie Daveluy Responsabilité au service de recherche, hôpital Rivière-des-Prairies : Jean-Pierre Valla, Jean-Jacques Breton Les chercheurs de l'enquête : Lise Bergeron, Jean-Jacques Breton, Jean-Pierre Valla, service de recherche, hôpital Rivière-des-Prairies Coordination de l'édition : Caroie Daveluy, Santé Québec Édition, production et gestion : (J) Services d édition Interressources Les commentaires et les demandes de renseignements sur la présente publication peuvent être adressés à : Santé Québec 600, boul. René-Lévesque Ouest 10^ étage Montréal (Québec) H3B1N4 Service de recherche Hôpital Rivière-des-Prairies 7070, bouL Perras Montréal (Québec) H1E1A4 Téléphone : (514) 873-4749 Télécopieur : (514) 864-9919 (514) 323-7260, poste 2281 (514) 323-4163 Des exemplaires additionnels du présent rapport peuvent être obtenus en s'adressant à Santé Québec ou à l'hôpitcil Rivière-des-Prairies. Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec, 1994 Bibliothèque nationale du Canada, 1994 Tous droits réservés © Santé Québec, 1994 Hôpital Rivière-des-Prairies, 1994 ISBN 2-551-13381-5 Citation suggérée : Valla, J.P, Breton, J.J., Bergeron, L., Gaudet, N., Berlhiaume, C , Saint-Georges, M., Daveluy, C , Tremblay, V, Lambert, J., Houde, L., Lépine, S. Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans 1992. Rapport de synthèse. Hôpital Rivière-des-Prairies et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, gouvernement du Québec 1994. La santé mentale des jeunes est un sujet fort préoccupant, non seulement pour les intervenants des services psychiatriques, mais aussi, à une plus large échelle, pour Tensemble des parents et des éducateurs. Lampleur de certains phénomènes, comme le décrochage scolaire et le suicide, indique que les Jeunes, du moins un grand nombre d'entre eux, vivent une forme de détresse qui aura très certainement des implications importantes sur leur vie d'adulte. On peut sans exagération parler d'un problème de société. Afin d'aider de façon plus efficace ces enfants et ces adolescents, il était nécessaire d'avoir une meilleure connaissance de la fréquence des problèmes de santé mentale des jeunes Québécois ainsi que des facteurs les plus susceptibles de favoriser l'émergence de troubles mentaux. llEnquëte sur la santé mentale des jeunes visait ce double objectif en plus de comporter un volet sur les modalités d'utilisation des services existants. Fruit d'une collaboration entre Santé Québec et l'hôpital Rivière-des-Prairies, cette enquête se situe dans la continuité de l'enquête Santé Québec de 1987. Santé Québec est l'organisme responsable de réaliser, pour le compte du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et ses partenaires régionaux et sectoriels, des enquêtes de population permettant de recueilUr les données nécessaires à la planihcation et à Faméhoration des services de santé. Lhôpital Rivière-des-Prairies est un hôpital psychiatrique pour enfants affilié à l'Université de Montréal. Son service de recherche s'est vu confié par la Direction des services de santé mentale du MSSS le mandat de réaliser une première enquête provinciale sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans, en collaboration avec Santé Québec. Fidèle à sa façon habituelle de fonctionner, Santé Québec s'est associé à de nombreux experts du réseau de la santé, des services sociaux et des universités, à toutes les étapes de ce projet. Léquipe responsable s'est méthodiquement souciée de la qualité des informations recueillies. Cette enquête a ainsi permis d'obtenir des informations inédites qui viennent compléter les données existantes, issues pour la plupart des fichiers administratifs ou de recherches sur des problématiques spécifiques. Santé Québec et l'hôpital Rivière-des-Prairies souhaitent que ce rapport suscite d'autres travaux de recherche et, surtout, que ces nouvelles données soient utiles dès maintenant aux planificateurs et aux intervenants œuvrant auprès des enfants et des adolescents. Daniel Tremblay Directeur Santé Québec Jacques Mackay Directeur général Hôpital Rivière-des-Praihes Sommaire des résultats UEnquéte québécoise sur la santé mentale des enfants et des adolescents a été effectuée en 1992 auprès d'un échantillon de 2400 jeunes de 6 à 14 ans. Elle visait trois objectifs : (1) déterminer les prévalences des troubles mentaux les plus fréquents; (2) identifier les vanables associées à ces troubles; (3) étudier les modalités d'utilisation des services. PRÉVALENCES DES TROUBLES MENTAUX Les garçons de 6 à 8 ans, quel que soit l'informateur (jeune, parent ou professeur) présentent des prévalences significativement plus élevées d'au moins un trouble extériorisé que les filles du même groupe d'âge. Les différences de prévalences se révèlent particulièrement importantes pour l'hyperactivité. Selon le parent, les garçons présentent une prévalence d'au moins un trouble mental avec problèmes d'adaptation significativement plus élevée que celle des filles. Les garçons de 9 à 11 ans (comme ceux de 6 à 8 ans), présentent, quel que soit l'informateur, des prévalences significativement plus élevées d'au moins un trouble extériorisé que les filles. Tout comme les plus jeunes, les différences pour l'hyperactivité se révèlent particulièrement importantes. Selon l'informateur jeune, les filles présentent une prévalence d'au moins un trouble intériorisé significativement plus élevée que celle des garçons. Lhyperanxiété est significativement plus élevée chez les filles. Les filles de 12 à 14 ans présentent des prévalences significativement plus élevées d'au moins un trouble intériorisé, que l'informateur soit le jeune ou le parent. De plus, les filles identifient une prévalence d'au moins un trouble intériorisé avec problèmes d'adaptation significativement plus élevée que celle des garçons. Les différences liées au sexe se révèlent significatives pour la phobie simple, l'hyperanxiété, la dépression majeure et la dysthymie. La présence d'au moins un trouble extériorisé est rapportée significativement plus fréquemment par les garçons de 6 à 8 ans que par ceux de 9 à 11 ans. Les filles de 12 à 14 ans identiftent une prévalence d'au moins un trouble intériorisé significativement plus élevée que celles de 6 à 8 et de 9 à 11 ans. La prévalence d'au moins un trouble extériorisé est significativement plus élevée chez les garçons de 9 à 11 ans que chez ceux de 12 à 14 ans. Selon le professeur, ce sont les filles de 6 à 8 ans, comparativement à celles de 9 à 11 ans, qui ont significativement plus fréquemment ce type de trouble. La prévalence d'au moins un trouble mental varie en fonction de l'âge, du sexe et de l'informateur de 11 % à 24 %. Elle est rapportée significativement plus fréquemment par les hlles de 12 à 14 ans que par celles de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans. Les parents identifient une prévalence d'au moins un trouble significativement plus élevée chez les garçons de 6 à 8 ans que chez ceux de 12 à 14 ans. Les taux de comorbidité de deux troubles mentaux ou plus varient de 21 % à 34 % en fonction des groupes d'âge et de l'informateur. Lévaluation qualitative de la comorbidité révèle que, pour tous les groupes d'âge, les sujets anxieux présentent peu d'autres catégories de troubles mentaux, alors que ce n'est pas le cas pour les jeunes qui sont déprimés. Enfin, il existe une association importante entre l'hyperactivité et le trouble d'opposition/des conduites pour tous les groupes d'âge. Létude des prévalences selon le milieu urbain ou rural ne permet pas de conclure que les troubles mentaux varient selon le lieu de résidence. De façon générale, les jeunes rapportent des prévalences d'idées suicidaires, de tentatives de suicide et d'un comportement agressif (participation à une grosse bataille) plus élevées que celles rapportées par les parents. De plus, ces symptômes se révèlent significativement associés à des troubles mentaux précis et ne constituent donc pas une manifestation isolée. VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX Quatorze modèles découlent de l'analyse de régression logistique. Eanalyse quaUtative des similitudes et des différences entre ces modèles selon les groupes d'âge (6 à 8 ans, 9 à 11 ans, 12 à 14 ans) a conduit à classer les variables en considérant la force de l'association et la constance des associations à travers les groupes d'âge. Certaines variables sont associées aux troubles mentaux à un niveau élevé (RC > 4) dans au moins deux groupes d'âge. Le sexe, considéré individuellement ou en interaction avec l'âge, est associé aux troubles mentaux dans les trois groupes d'âge. Les garçons et les filles se différencient du point de vue du type de trouble. Les garçons de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans ont plus de chance d'avoir des troubles extériorisés que les hlles de ces groupes d'âge. En contrepartie, comparativement aux garçons du même âge, les hlles de 9 à 11 ans, de 13 ans et particulièrement celles de 14 ans constituent des groupes où la chance d'observer des troubles intériorisés est élevée. La présence d'une psychopathologie chez le parent, considérée isolément ou en interaction avec le sexe ou les antécédents familiaux, la situation d'enfant unique ou un rang plus élevé dans la fratrie sont aussi des variables associées aux deux types de trouble. Des associations modérées (2 < RC < 4) ou élevées (RC > 4) sont trouvées dans les trois groupes d'âge. Par ailleurs, les difhcultés scolaires sont associées exclusivement aux troubles extériorisés chez les enfants de 9 à 11 ans et les adolescents de 12 à 14 ans. Les variables suivantes sont fortement (RC > 4) associées aux troubles mentaux dans un seul groupe d'âge. Des associations modérées ou faibles sont observées dans les autres groupes. La présence d'une maladie physique chronique, considérée individuellement ou en interacrion avec le sexe, est associée aux troubles mentaux des jeunes des trois groupes d'âge. D'autre part, un niveau faible de compétence sociale chez le jeune est aussi associé, individuellement ou en interaction avec le sexe, aux troubles mentaux dans les trois groupes d'âge. Enfin, un niveau faible de scolarité chez le père est associé aux troubles mentaux chez les enfants de 6 à 8 ans. Les autres variables sont associées aux troubles mentaux à un niveau modéré (2 < R < 4) ou faible (RC < 2). Les plus importantes sont une fréquence élevée de comportements punitifs ou une fréquence faible de comportements de soin chez les parents, la maladie physique chez les membres de la famille, une structure familiale de type monoparental ou reconstitué, un nombre de cinq personnes et plus au foyer, la SOMMAIRE DES RÉSULTATS V présence d'antécédents familiaux de comportements suicidaires ou de troubles mentaux, les événements stressants vécus par les parents ou les adolescents, le statut d'activité de la mère et le revenu familial suffisant. Peu de variables sont reliées aux troubles mentaux identihés par deux ou trois informateurs pour le même trouble ; le sexe, le cheminement scolaire, la maladie physique chronique, l'anxiété généralisée et la dépression chez les parents ainsi que les comportements punitifs des parents. Certaines variables familiales et sociales sont associées exclusivement aux troubles mentaux idenrihés par les parents (phobie du parent, revenu familial) ou par les professeurs (structure familiale). UTILISATION DES SERVICES Près de 12 % des jeunes évalués lors de l'enquête ont reçu des services en milieu scolaire pour des problèmes émotionnels ou de comportement. Le pourcentage se situe à 7,4 % pour les services reçus à l'extérieur de l'école. Si l'on considère seulement les jeunes présentant au moins un trouble mental, de 20 % à 50 % des enfants de 6 à 11 ans et de 15 % à 30 % des adolescents de 12 à 14 ans ont reçu de l'aide pour des problèmes émotionnels ou de comportement. Ce sont les jeunes de 12 à 14 ans qui ont reçu le moins de services. Létude des déterminants de l'utilisation des services révèle que, lorsque c'est le parent qui informe sur les troubles mentaux, les jeunes présentant des problèmes d'adaptation associés aux troubles mentaux ou deux troubles mentaux ou plus (comorbidité) obtiennent en proportion significativement plus élevée des services que les jeunes qui n'ont pas ces caractéristiques. Enhn, une étude des barrières à la consultation indique que ce ne sont pas les barrières instrumentales telles que la distance, le manque de connaissance sur les services ou les barrières psychologiques qui entrent de plus en ligne de compte lorsque les parents ne demandent pas d'aide. Ce sont plutôt les croyances parentales comme le fait que cela passerait avec le temps ou le désir de régler le problème soi-même, qui sont invoquées par les parents pour expliquer qu'ils n'aient pas demandé d'aide alors qu'ils avaient pensé le faire. VI SOMMAIRE DES RÉSULTATS Remerciements Nous remercions les nombreux partenaires sans lesquels cette enquête n'aurait pu être réalisée ni ce Rapport de synthèse mené à terme : • M. Raynald Gagnon, ex-sous-mmistre à la programmation du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), pour son appui indéfectible au projet; • M'^^^ Colette Roherge ainsi que MM, Claude Voisme, Gilbert Matte, Gilles Brousseau et M"^*^ Lynefobin, de la Direction de la scmté mentale du MSSS, pour leur collaboration à ce projet; • M. Pierre-Paul Allaire, de la Direction de la coordination des réseaux du ministère de l'Éducation, pour Vappui officiel donné à l'enquête par son ministère; • M. facques Mackay, directeur général de Vhôpital Rivière-des-Prairies, pour le soutien apporté à toutes les étapes de la réalisation de l'enquête; • M^^ Aline Émond, ex-directeure de Santé Québec, pour son implication dans la structuration du projet et sa mise en œuvre; • M. Daniel Tremblay, directeur actuel de Santé Québec, pour son soutien et sa collaboration à l'achèvement du projet; • M"^^" Louise Guyon, qui a assumé la coordination du dossier pour Santé Québec, dans la phase préparatoire de l'enquête; • les membres du comité scientifique aviseur qui ont aidé à établir le protocole et les volets à étudier : M^^ Sylvie fuiras, du Groupe de recherche sur les aspects sociaux de la prévention (GRASP) de l'Université de Montréal, ainsi que MM. Richard Boyer, du Centre de recherche Fernand-Seguin de l'hôpital Louis-H.-Lafontaine, Robert Courtemanche, de la Direction de la méthodologie du Bureau de la statistique du Québec, fean-François Saucier, du département de psychiatrie de l'hôpital Sainte-fustine et Michel Tousignant, du Laboratoire de recherche en écologie humaine et sociale (LAREHS) de l'Université du Québec à Montréal; • les membres des groupes d'analyse qui ont agi à titre de consultants : M"^^^ Chantai Caron, Le Centre de recherche Université Laval Rohert-Giffard, Nicole Mardi-Gratton, du Groupe de recherche sur la démographie québécoise de l'Université de Montréal, Lily Hetchman, du département de psychiatrie de l'hôpital de Montréal pour enfants et Geneviève Turcotte, du service de la recherche, Les Centres jeunesse de Montréal, Françoise Turgeon-Krawczuk et Nicole Smolla, du service de recherche de Vhôpital Rivière-des-Prairies, ainsi que MM. Camil Bouchard, du Laboratoire de recherche en écologie humaine et sociale de l'Université du Québec à Montréal, Claude Gagnon, de VÉcole de psycho-éducation de l'Université de Montréal, fean-François Saucier, du département de psychiatiie de l'hôpital Sainte-Justine,fean Toupin, de la Faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke, Michel Tousignant, du Laboratoire de recherche en écologie humaine et sociale de l'Université du Québec à Montréal et Richard Tremblay, de l'École de psycho-éducation de l'Université de Montréal; • aux réviseurs de l'un ou Vautre des trois volumes du Rapport de recherche à partir desquels ce Rapport de synthèse a été rédigé : M^" Chantai Caron, du Centre de recherche Université Laval Rohert-Giffard, Colette Roherge, Lynefobin, Michelle Moreau, de la Direction de la santé mentale du MSSS, Odile Bédard, de la Régie régionale des services sociaux de Québec, Nicole Perreault, de VUnité de santé publique de l'hôpital du Lakeshore, fohanne Dugré, responsable de la psycho-éducation à la Commision des écoles catholiques de Montréal, Françoise Turgeon-Krawczuk et Nicole Smolla, du service de recherche et Francine Laurendeau du service social de Vhôpital Rivière-des-Prairies, MM. Régis Biais, du Groupe de recherche interdisciplinaire en santé (GRIS), de l'Université de Montréal, Gilles Brousseau, de la Direction de la santé mentale du MSSS, Robert Courtemanche, de la Direction de la méthodologie du Bureau de la statistique du Québec, André Gagnon, du Programme d'adopsychiatrie du centre hospitalier Pierre-fanet, Georges Letarte, de la Régie régionale de la santé et des services sociaux de Québec, Gilles Mireault, de VUnité de santé publique de Vhôpital de VEnfant-fésus, facques Mackay, directeur général de l'hôpital Rivière-des-Prairies, Roger Paquet, du Comité de la santé mentale du Québec, Gilles Plante, du département de psychiatrie de l'hôpital Notre-Dame, fean-François Saucier, du département de psychiatrie de Vhôpital Sainte-fustine, Yves Sauvageau, de VUnité de santé publique de la Régie ré^onale de la santé de la Montérégie, fean Toupin, de la Faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke, Michel Tousignant, du Laboratoire de recherche en écologie humaine et sociale de l'Université du Québec à Montréal et Daniel Tremblay, directeur de Santé Québec; • M"^^ Christiane Lemieux-Plante, responsable des tâches secrétariales au service de recherche de l'hôpital Rivière-des-Prairies, en collaboration avec M^^ Christiane Debien; • M^^ fanne Lavallière, de la Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux, pour sa collaboration au plan de communication ainsi qu'au lancement de Venquête et des Faits saillants; • les responsables de la firme de sondage SOM, les coordonnateurs, coordonnatrices et interviewers pour la qualité constante apportée à la collecte des données; • M^*^ Lucille Rica, de Santé Québec, pour sa précieuse collaboration à la révision de la version finale du Rapport de synthèse. Sincères remerciements à toutes ces personnes ainsi qu'aux 2400 familles et 1440 professeurs qui ont compris la pertinence de Venquête et si aimablement collaboré à la réalisation des entrevues. VIII REMERCIEMENTS Table des matières PRÉFACE . m SOMMAIRE DES RÉSULTATS IV REMERCIEMENTS VU INTRODUCTION . Références XVII XIX CHAPITRE 1 : Méthodologie 1 1.0 Introduction 1 1.1 Échantillonnage 1.1.1 Plan d'échantillonnage 1.1.2 Taux de réponse 1.1.3 Préparation de l'analyse 1 1 2 2 1.2 Variables et questionnaires 1.2.1 Troubles mentaux 1.2.2 Variables associées aux troubles mentaux 1.2.3 Désirabilité sociale du parent 1.2.4 Utilisation des services 2 2 3 3 3 1.3 Déroulement de l'enquête 1.3.1 Formation des interviewers 1.3.2 Collecte des données 1.3.3 Validation des questionnaires 8 8 8 8 1.4 Analyses statistiques 1.4.1 Préparation des analyses 1.4.2 Prévalences 1.4.3 Variables associées aux troubles mentaux 1.4.4 Utilisation des services , Références 9 9 9 9 10 • 11 CHAPITRE 2 : Caractéristiques de Véchantillon de la population de Venquête 13 2.0 Introduction 13 2.1 Caractéristiques de l'enfant ou de l'adolescent 13 2.2 Caractéristiques familiales 13 2.3 Caractéristiques sociodémographiques et socio-économiques 14 2.4 Conclusion • • 14 CHAPITRE 3 : Prévalence des troubles mentaux 3.0 Introduction 3.1 - 19 19 Contexte théorique 3.1.1 Sources d'information 3.1.2 Âge, sexe et gravité des troubles mentaux 3.1.3 Définition de la comorbidité 3.1.4 Évaluation quantitative et qualitative de la comorbidité 3.1.5 Milieu urbain et milieu rural 3.2 Résultats 3.2.1 Accord entre les informateurs 3.2.1.1 Introduction 3.2.1.2 Enfants et adolescents de 6 à 14 ans 3.2.1.3 Discussion 3.2.2 Prévalences des troubles mentaux 3.2.2.1 Introduction 3.2.2.2 Enfants de 6 à 8 ans 3.2.2.3 Enfants de 9 à 11 ans 3.2.2.4 Adolescents de 12 à 14 ans 3.2.2.5 Comparaison des trois groupes d'âge 3.2.2.5.1 Phobie simple 3.2.2.5.2 Angoisse de séparation 3.2.2.5.3 Hyperanxiété 3.2.2.5.4 Dépression majeure 3.2.2.5.5 Dysthymie 3.2.2.5.6 Hyperactivité 3.2.2.5.7 Trouble d'opposition 3.2.2.5.8 Au moins un trouble intériorisé 3.2.2.5.9 Au moins un trouble extériorisé 3.2.2.5.10 Au moins un trouble 3.2.3 Comorbidité des troubles mentaux 3.2.3.1 Évaluation quanUtative 3.2.3.2 Évaluation qualitative 3.2.3.2.1 Introduction 3.2.3.2.2 Comorbidité chez les enfants de 6 à 8 ans 3.2.3.2.3 Comorbidité chez les enfants de 9 à 11 ans 3.2.3.2.4 Comorbidité chez les adolescents de 12 à 14 ans 3.2.3.2.5 Associations de troubles mentaux selon les trois groupes d'âge 3.2.3.2.6 Associations de troubles mentaux selon le sexe 3.2.3.3 Discussion 3.2.4 Prévalence des troubles mentaux selon le milieu urbain ou rural 3.2.4.1 Introduction 3.2.4.2 Enfants de 6 à 8 ans 3.2.4.3 Enfants de 9 à 11 ans 3.2.4.4 Adolescents de 12 à 14 ans 3.2.4.5 Discussion . 20 20 21 22 22 23 23 23 23 23 24 24 24 24 26 30 31 31 32 32 32 32 32 32 33 33 33 33 33 34 34 34 36 38 40 40 41 42 42 42 42 43 43 Références 43 TABLE DES MATIÈRES CHAPITRE 4 : Prévalence des troubles mentaux selon la présence ou Vabsence de certains symptômes 47 4.0 Introduction . 47 4.1 Contexte théorique 4.1.1 Les tendances suicidaires 4.1.2 Agressivité Résultats 4.2.1 Idées suicidaires 4.2.2 Tentatives de suicide 4-2,3 Comportement agressif 47 47 48 49 49 50 51 Discussion 4.3.1 Idées suicidaires 4.3.2 Tentatives de suicide 4.3.3 Comportement agressif 53 53 54 55 4.2 4.3 Références 56 CHAPITRE 5 : Contexte théorique des variables associées aux troubles mentaux 57 5.0 Introduction 57 5.1 Concepts théoriques et données empiriques sur les variables associées aux troubles mentaux 5.1.1 Catégories de variable retenues dans l'enquête québécoise 5.1.1.1 Variables étudiées en épidémiologie 5.1.1.2 Nouvelles variables suggérées dans l'enquête 5.1.2 Catégories de variable pertinentes non retenues dans l'enquête québécoise 5.1.3 Apport des théories du développement à l'étude des variables associées aux troubles mentaux 5.1.4 Étude des variables associées aux troubles mentaux selon l'informateur 57 57 57 61 62 63 63 5.2 Problématique des facteurs de protection 64 5.3 Problématique de la désirabilité sociale des parents 64 Références 65 CHAPITRE 6 ; Description des résultats obtenus pour les variables associées et interprétation 69 6.0 Introduction 69 6.1 Analyse qualitative des similitudes et des différences entre les groupes d'âge . . . . 6.1.1 Première classe : variables associées aux troubles mentaux, à un niveau élevé, dans au moins deux groupes d'âge 6.1.1.1 Sexe de l'enfant ou de l'adolescent 6.1.1.2 Troubles mentaux du parent 6.1.1.3 Enfant unique et position dans la fratrie 6.1.1.4 Cheminement scolaire de l'enfant ou de l'adolescent 6.1.2 Deuxième classe : variables présentes dans deux ou trois groupes d'âge et associées aux troubles mentaux, à un niveau élevé, dans un seul groupe d'âge, . 6.1.2.1 Maladie physique chronique de l'enfant ou de l'adolescent. , 6.1.2.2 Scolarité des parents 6.1.2.3 Compétence sociale de l'enfant ou de l'adolescent 71 TABLE DES MATIÈRES 72 72 74 75 75 76 76 77 77 XI 6.1.3 Troisième classe : variables présentes dans deux ou trois groupes d'âge et associées aux troubles mentaux, à un niveau modéré, dans au moins un groupe d'âge 6,1.3.1 Relation parent-enfant ; comportements punitifs et de soin des parents . . 6.1.3-2 Santé physique au foyer 6.1.3-3 Événements stressants du parent • 6.1.4 Quatrième classe ; variables présentes dans un seul groupe d'âge et associées aux troubles mentaux à un niveau modéré 6.1.4-1 Événements stressants de l'enfant ou de l'adolescent 6.1-4.2 Structure familiale 6.1.4.3 Nombre de personnes au foyer 6.1.4.4 Âge de l'enfant ou de l'adolescent 6.1.4.5 Antécédents familiaux 6.1.4.6 Statut d'activité de la mère 6.1.4-7 Revenu familial suffisant 6-1.5 Cinquième classe : variables associées à un niveau faible, avec un type de trouble mental dans un groupe d'âge 6.1.5.1 Relation parent-enfant : attitudes favorisant l'autonomie 6.1.5.2 Niveau d'affectivité et de consensus dans le couple parental 6.1.5.3 Soutien social 6-1-6 Synthèse de l'analyse qualitative des similitudes et des différences entre les groupes d'âge 6.1.6.1 Similitudes et différences des tendances des associations entre les groupes d'âge 6.1 -6-2 Vanables associées aux troubles mentaux identifiés par un ou plus d'un informateur 82 6.2 Désirabilité sociale du parent. 87 6.3 Variables non associées significativement aux troubles mentaux. 87 6.4 Discussion des résultats 6.4.1 Généralisation des résultats 6.4.2 Limites des données de l'enquête 6.4.3 Comparaison des résultats de l'enquête québécoise avec les données d'autres études 6.4.4 Suggestions pour la prévention découlant des associations entre variables et troubles mentaux , 6.4.5 Implications des similitudes et des différences entre les variables associées aux troubles mentaux identifiés par un ou plus d'un informateur 87 88 88 78 78 79 79 79 79 79 80 80 80 80 80 80 80 81 81 81 81 89 93 93 Références 96 CHAPITRE 7 : Utilisation des services . 7.0 Introduction 7.1 Contexte théorique 7,1,1 La définition des besoins en santé mentale des jeunes 7 1,2 Les déterminants de l'uUlisation des services de santé mentale, , . .7-1-3 Lutilisation des services selon les enquêtes épidémiologiques contemporaines en santé mentale des jeunes 7.1.3-1 Lenquête réalisée en Ontario (Canada) 7.1,3.2 Les enquêtes épidémiologiques réalisées ailleurs qu'au Canada 99 99 100 100 100 101 101 101 TABLE DES MATIÈRES 7.2 Résultats 7.2.1 Utilisation des services par l'ensemble des jeunes 7.2.1.1 Services à l'école 7.2.1.2 Services à l'extérieur de l'école : lieux de consultation 7.2.1.3 Services à l'extérieur de l'école : catégories de professionnels de la santé, . 7.2.2 UUlisatîon des services par les jeunes présentant au moins un trouble mental, , . , 7.2.2.1 Introduction 7.2.2.2 Consultation d'un professionnel de la santé 7.2.2.3 Consultation d'un professionnel formé en santé mentale 7.2.2.4 Discussion 7.2.3 Étude des déterminants de l'utilisation des services 7.2.3.1 Utilisation des services selon la présence ou l'absence d'au moins un trouble mental 7.2.3.1.1 Introduction 7.2.3.1.2 Services à l'école 7.2.3.1.3 Services à l'extérieur de l'école 7.2.3.1.4 Discussion 7.2.3.2 Utilisation des services selon la présence de troubles intériorisés ou extériorisés 7.2.3.2.1 Introduction 7.2.3.2.2 Services à l'école 7.2.3.2.3 Services à l'extérieur de l'école 7.2.3.2.4 Discussion 7.2.3.3 Utilisation des services selon la présence d'au moins un trouble mental avec ou sans problèmes d'adaptation 7.2.3.3.1 Introduction 7.2.3.3.2 Services à l'école 7.2.3.3.3 Services à l'extérieur de l'école 7.2.3.3.4 Discussion 7.2.3.4 Utilisation des services selon la comorbidité 7.2.3.4.1 Introduction 7.2.3.4.2 Services à l'école 7.2.3.4.3 Services à l'extérieur de l'école 7.2.3.4.4 Discussion 7.2.3.5 Utilisation des services selon la perception d'un besoin d'aide 7.2.3.5.1 Introduction 7.2.3.5.2 Étude des trois groupes d'âge 7.2.3.5.3 Discussion 7.2.4 Utilisation des services selon les barrières perçues par les parents 7.2.4.1 Introduction 7.2.4.2 Raisons qui ont empêché les parents de demander de l'aide 7.2.5 Catégories de parents et prévalence des troubles mentaux des jeunes 7.2.5.1 Étude des trois groupes d'âge 7.2.5.2 Discussion 102 102 102 103 105 107 107 107 107 109 109 109 109 110 110 110 113 113 113 113 113 113 113 116 116 116 116 116 119 119 119 119 119 119 122 123 123 123 124 124 124 Références 126 CONCLUSION 129 Références 132 TABLE DES MATIÈRES XIII LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Tableau 2 : Thèmes et variables étudiés dans l'Enquête québécoise sur la santé mentale desjeunes de 6 à Mans 4 Caractéristiques de l'échantillon de la population de l'Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans 15 Tableau 3 : Enquêtes contemporaines sur la santé mentale des jeunes 20 Tableau 4 : Prévalences des troubles mentaux selon le groupe d'âge et le sexe 27 Tableau 5 : Comorbidité l'informateur Comorbidité l'informateur Tableau 6 : Tableau 7 : Tableau 8 : Tableau 9 : de quatre catégories de troubles mentaux selon chez les enfants de 6 à 8 ans de quatre catégories de troubles mentaux selon chez les enfants de 9 à 11 ans 37 Comorbidité de quatre catégories de troubles mentaux selon l'informateur chez les adolescents de 12 à 14 ans 39 Prévalence des troubles mentaux selon la présence ou l'absence d'idées suicidaires chez les adolescents de 12 à 14 ans 50 Prévalence des troubles mentaux selon la présence ou l'absence d'un comportement agressif envers autrui chez les garçons de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans et chez les adolescents de 12 à 14 ans 53 35 Tableau 10 : Classement des variables associées aux troubles mentaux des jeunes 73 Tableau 11 : Synthèse des variables associées aux troubles intériorisés et extériorisés chez les enfants et les adolescents de 6 à 14 ans selon la force d'association . . . 83 Tableau 12 : Synthèse des principales suggestions pour la prévention découlant des associations entre variables et troubles mentaux 94 Tableau 13 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'école (au cours des six derniers mois) selon les catégories de professionnels de la santé 103 Tableau 14 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'extérieur de l'école (au cours des six derniers mois) selon les lieux de consultation 104 Tableau 15 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'extérieur de l'école (au cours des six derniers mois) selon les catégories de professionnels de la santé 106 Tableau 16 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services d'un professionnel de la santé et pourcentages ayant reçu des services d'un professionnel formé en santé mentale à l'école et/ou à l'extérieur de l'école (au cours des six derniers mois) parmi ceux qui présentent au moins un trouble mental 108 Tableau 17 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence ou l'absence d'au moins un trouble mental 111 Tableau 18 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'extérieur de l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence ou l'absence d'au moins un trouble mental 112 Tableau 19 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence de troubles intériorisés ou extériorisés 114 XIV TABLE DES MATIÈRES Tableau 20 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'extérieur de l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence de troubles intériorisés ou extériorisés 115 Tableau 21 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence d'au moins un trouble mental avec un ou des problèmes d'adaptation et la présence d'au moins un trouble mental sans problèmes d'adaptation 117 Tableau 22 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'extérieur de l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence d'au moins un trouble mental avec un ou des problèmes d'adaptation et la présence d'au moins un trouble mental sans problèmes d'adaptation 118 Tableau 23 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence de plus d'un trouble mental ou la présence d'un seul trouble mental 120 Tableau 24 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'extérieur de l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence de plus d'un trouble mental ou la présence d'un seul trouble mental 121 Tableau 25 : Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'extérieur de l'école (au cours des six derniers mois) selon la perception d'un besoin d'aide 122 Tableau 26 : Raisons qui ont empêché les parents d'enfants et d'adolescents de 6 à 14 ans de demander de l'aide à l'extérieur de l'école (au cours de la vie) 124 Tableau 27 : Pourcentages d'enfants et d'adolescents de 6 à 14 ans avec au moins un trouble mental ayant reçu de l'aide (au cours des six derniers mois) à l'extérieur de l'école, n'ayant jamais reçu d'aide alors que le parent y a pensé ou n'ayant jamais reçu d'aide alors que le parent n'y a jamais pensé . . . . 125 1. La forme masculine employée dans le texte désigne aussi bien les femmes que les hommes. 2. Lexpression « troubles mentaux identifiés ou rapportés par le jeune, le parent ou le professeur » est utilisée pour simplifier la présentation des résultats. Dans les faits, l'informateur identifie les symptômes et les troubles mentaux sont déterminés a posteriori. TABLE DES MATIÈRES XV ntniduction Valla,j.P,M.D.,M-Sc., BreUmJ.j.,M.D.,M.Sc., Bergeron, L., M.Sc, Daveluy, C, M.Sc. Ce Rapport de synthèse présente un résumé des travaux entrepris par le service de recherche de l'hôpital Rivière-des-Prairies à partir de 1989 et des résultats de ces travaux. C'est en effet en 1989 que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec a confié à l'hôpital Rivière-des-Prairies, affilié à l'Université de Montréal, le mandat de réaliser une enquête sur la santé mentale des enfants et des adolescents québécois. Le MSSS s'est fait représenter par Santé Québec, dont l'un des mandats est de collaborer aux enquêtes provinciales qui portent sur des thèmes spécifiques. Les enquêtes font partie des stratégies utilisées pour étudier la distribution des maladies dans les popularions. Ce sont des études descriptives au cours desquelles un échantillon représentarif d'une population beaucoup plus grande est étudié une fois. Elles permettent de connaître la fréquence des problèmes, l'âge, le sexe, etc., des personnes affectées, le pourcentage de cas connus et de cas traités, l'étendue du spectre des phénomènes ainsi que les ressemblances et les différences entre cas traités et non traités; elles permettent aussi de réaliser une première identification des variables associées aux problèmes. Létude de la distriburion des maladies dans les populations, Tépidémiologie, a débuté en Angleterre au XVIF siècle (Rothman, 1981). Les travaux de cette époque ont montré qu'un tiers de la population mourait avant Tâge de cinq ans, surtout pendant la percée des dents. Eépidémiologie a connu ses premiers succès avec les maladies infecrieuses. Mais on s'est rapidement aperçu que les personnes exposées à un microbe ne contractent pas toutes une maladie et que les maladies ne sont pas idenriques chez tous. La vulnérabilité des individus et les condirions environnementales doivent donc également être prises en considérarion. Ce modèle, élaboré à parùr de l'étude de la tuberculose, s'applique également à des maladies chroniques non infecrieuses comme les maladies cardiovasculaires et les maladies mentales, pour lesquelles de nombreuses causes sont invoquées. En santé mentale, l'épidémiologie nord-américaine a longtemps considéré le stress d'origine environnementale comme la cause de tous les problèmes. Lors de la Seconde Guerre mondiale, comme les conscrits américains n'étaient acceptés dans l'armée qu'après un examen médical, ils étaient supposés être en bonne santé mentale. À la suite des combats, un certain nombre d'entre eux présentèrent cependant des réactions mentales. Elles furent considérées comme les conséquences du stress. Lassociation entre stress et maladie mentale conduisit à un rejet du modèle biomédical dans ces études épidémiologiques. La pauvreté fut considérée comme Téquivalent civil des stress militaires et devint la cause des problèmes de santé mentale. Cette approche sociologique de la santé mentale persista jusque dans les années 70 (Robins, 1990). Dans les enquêtes, on a longtemps étudié les conséquences du stress, la démoralisarion, plutôt que des problèmes de santé mentale spécifiques. Létude des troubles mentaux spécifiques est récente. L'Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes apporte pour la première fois de l'information précise sur la santé mentale des jeunes Québécois et de leurs parents. Les trois objecrifs de l'enquête ont été d'étudier, par groupe d'âge (6 à 8 ans, 9 à 11 ans, 12 à 14 ans) et par informateur (enfant, parent, professeur), chez les enfants et les adolescents québécois de 6 à 14 ans : (1) la prévalence des troubles mentaux les plus fréquents; (2) les caractéristiques de l'enfant, de sa famille et de son environnement social fréquemment associées aux troubles mentaux; (3) les modalités d'urilisarion des services couvrant la santé mentale. Il n'existait, jusqu'à la présente enquête, aucun moyen de connaître l'importance respecrive des différents facteurs (de risque) associés aux troubles mentaux des jeunes Québécois. Parmi les milliers d'expériences personnelles et les centaines d'études publiées, ou dont les médias font état, aucune jusqu'à la présente enquête n'a apporté d'information basée sur un échantillon représentatif, que ce soit sur la nature des problèmes de santé mentale de nos enfants et de nos adolescents ou sur la nature des facteurs qui augmentent le risque d'avoir ces problèmes. LEnquête québécoise sur la santé mentale des jeunes apporte la première vue d'ensemble systémarique qui étabUt l'importance respective des différents types de problème de santé mentale et des facteurs de risque potentiels. Létude des facteurs de protection a été jugée trop complexe dans une première enquête. Il faut en effet des conditions de vulnérabilité pour vérifier le caractère protecteur de tel ou tel facteur, Une étude pilote, réalisée par le service de recherche de l'hôpital Rivière-des-Prairies dès 1990, a permis de vérifier la faisabilité de l'enquête et de s'assurer de la qualité des instruments. Le protocole de l'enquête a été achevé au cours de l'année 1991. La collecte des données a été réalisée de février à juillet 1992 auprès de 2400 jeunes. Les faits saillants de la prévalence des troubles mentaux et de l'utilisation des services ont été présentés et rendus publics par le sous-ministre adjoint de la programmation du MSSS, lors d'une conférence de presse en juin 1993 (Breton et coll., 1993). Ces faits saillants ont été largement diffusés dans le réseau de la santé et des services sociaux et dans celui de l'éducanon. Ce rapport d'enquête s'adresse à trois publics : intervenants, planificateurs et chercheurs. Il constitue une source d'information pouvant contribuer à améliorer l'intervention dans les services de santé mentale, le milieu de l'éducation et les services s'adressant aux jeunes du milieu de la jusuce. Les planificateurs du MSSS et des ministères de l'Éducation et de la Justice pourront utiliser les données sur la prévalence des troubles mentaux, les variables associées et Lunlisation des services pour orienter et développer de façon plus rationnelle les ressources allouées à la santé mentale des jeunes Québécois, Les équipes de recherche en santé mentale des jeunes XVIII INTRODUCTION auront la possibilité, à la lecture des résultats, de formuler des hypothèses de recherche et d'élaborer des projets dont la réalisation contribuera à mieux cerner les problémariques et les enjeux concernant la santé mentale des jeunes. Enfin, cette synthèse des résultats de l'enquête s'adresse à tous ceux qui, au Québec, sont intéressés par la santé mentale des jeunes et qui souhaitent accéder à une information récente sur le sujet. Le rapport est divisé en sept chapitres : méthodologie, caractéristiques de la population de l'enquête, prévalence et comorbidité des troubles mentaux, association entre certains symptômes (idées suicidaires et tentatives de suicide) et les troubles mentaux, contexte théorique des variables associées aux troubles mentaux, résultats pour les variables associées et, finalement, utilisarion des services. À l'exception de la méthodologie et des caractéristiques de la popularion, chaque chapitre présente une introducùon thématique, les principaux résultats, la discussion des résultats, les pistes pour la recherche, l'intervention et la planificarion ainsi qu'une liste de références. Les instruments de l'enquête, trop volumineux pour être joints à ce rapport de synthèse, peuvent être consultés au service de recherche de l'hôpital Rivière-des-Prairies et à Santé Québec. Le présent rapport constitue la synthèse de trois volumes consacrés chacun à un sujet particulier. Le premier volume porte sur la méthodologie de l'enquête (Valla et coll., 1994). Le deuxième présente les résultats quant à la prévalence des troubles mentaux (Breton et coll., 1994a) et l'utilisation des services (Breton et coll., 1994b). Le troisième concerne les résultats de l'analyse des variables associées aux troubles mentaux (Bergeron et coll., 1994). Les lecteurs désireux d'avoir une information plus détaillée auront avantage à se procurer ces différents volumes, qui font l'objet de publicauons séparées. Références BERGERON, L., VALLA, J,P, BRETON, J,J., GAUDET, N., BERTHIAUME. C. (1994), Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans 1992. Rapport de recherche. Volume 3. Variables associées aux troubles mentaux. Hôpital Rivière-des-Prairies et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, (À paraître.) BRETON, J.J., VALLA, J.P, BERGERON, L, ÉMOND, A., DAVELUY. C, (1993), Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes. Faits saillants. Hôpital Rivière-des-Prairies et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, 25 pages. BRETON, J.J., BERGERON. L, VALLA.J.P, BERTHIAUME, C, GAUDET. N. (1994a). Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans 1992. Rapport de recherche. Volume 2, partie 1. Prévalence des troubles mentaux. Hôpital Rivière-des-Prairies et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. (À paraître,) BRETON, J.J., VALLA, J.P, BERGERON, L,, BERTHIAUME, C, GAUDET, N, (1994b), Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans 1992. Rapport de recherche. Volume 2, partie 2. Utilisation des services. Hôpital Rivière-des-Praines et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, (À paraître.) INTRODUCTION XIX ROBINS, L.N. (1990). « Psychiatrie Epidemiology - A historié review », Social Psychiatry and Psychiatrie Epidemiology, 25, 16-26. ROTHMAN, KJ, (1981), « Sounding Boards : The rise and fall of epidemiology, 1959-2000 A.D, », New EnglandJournal ofUedicine, 2, 600-602. VALLA, J.P, BERGERON, L., BRETON, JJ., GAUDET, N., BERTHL\UME, C , SAINT-GEORGES, M.. TREMBLAY, V, LAMBERT, J., LÉPINE, S. (1994). Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans 1992. Rapport de recherche. Volume!. Méthodologie. Hôpital Rivière-des-Prairies et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. (À paraître.) XX "" INTRODUCTION Chapitre 1 METHODOLOGIE Valla J.R, M.D., M.Sc, Bergeron, L,, M.Sc, Breton, j.]., M.D., M.Sc, Saint-Georges, M., M.Ps., Gaudet, N,. M.Sc, Berthiaume, C, M.Sc, Tremblay, V, M.Sc, Lambert, j . , Ph.D. Lépine, S., M.D. 1.0 Introduction Lobjecuf de cette partie est de résumer les différents aspects de la méthodologie de l'enquête, soit le plan d'échantillonnage, les variables et questionnaires, le déroulement de l'enquête ainsi que les analyses statistiques. Une description plus détaillée de la méthodologie est présentée dans le volume 1 du Rapport de recherche (Valla et coll., 1994a). 1•1 1.1.1 Échantillonnage Plan d'échantillonnage La population cible est l'ensemble des enfants et adolescents de 6 à 14 ans inclusivement, résidant au Québec, pouvant s'exprimer en français ou en anglais, et aptes à réaliser l'entrevue. Les sujets des réserves indiennes ou demeurant dans les secteurs ruraux très périphériques sont exclus pour des raisons de culture, d'accès ou de coût de déplacement. Ces exclusions ne représentent que 5,9 % des ménages québécois en milieu rural Le fichier des allocarions familiales de la Régie des rentes du Québec a été urilisé comme base de sondage. Cette liste est tout à fait appropriée puisqu'elle est complète et constamment mise à jour Une procédure d'échantillonnage stratifiée en fonction de la taille des municipalités régionales de comté (MRC) à l'intérieur des 16 régions administratives du Québec a été élaborée. La procédure retenue réduit le nombre d'entrevues à effectuer dans les endroits où la densité de la popularion est faible, en raison des coûts de déplacement, tout en assurant une répartition adéquate sur le territoire québécois. Un nombre de 2400 sujets a été déterminé pour rencontrer les critères de précision et de puissance établis pour l'enquête. CHAPITRE 1 • MÉTHODOLOGIE 1 1.1.2 Taux de réponse Le taux de réponse global des familles atteint 83,5 % et il est supérieur à 80 % pour chacun des groupes d'âge et pour chaque sexe. Le taux de réponse des familles francophones se situe à 85,3 % et celui des familles anglophones à 72,4 %. Le taux de réponse global de 93,3 % des professeurs démontre une excellente collaborarion des insrituteurs des écoles primaires du Québec. Pour chacun des deux groupes d'âge pour lesquels ils étaient sollicités (6 à 8 ans et 9 à 11 ans), et pour chaque sexe, le taux de réponse est supérieur à 90 %, La comparaison des réponses des familles qui ont participé à l'enquête et des réponses recueillies dans le court questionnaire rempli par les familles qui ont refusé n'a pas révélé de biais attribuable à la non-réponse. L1.3 Préparation de l'analyse La préparation de l'analyse a comporté deux étapes importantes, soit la pondération du fichier des répondants et l'estimation de l'effet de pian. Léchanrillon choisi n'étant pas réparti proportionnellement sur tout le territoire québécois, il a fallu rétablir l'équilibre par la pondération. D'autre part, à parùr du fichier des allocarions familiales, il a été possible d'ajuster les poids initiaux afin que l'échantillon soit représentarif de la population cible (groupes d'âge, sexe et régions administratives). La procédure d'échantillonnage s'éloignant quelque peu du modèle aléatoire simple, elle suscite une légère augmentation de Terreur d'échanrillonnage. Leffet de plan a été esumé à 1,14 (correspondant à un facteur de majorarion de 1,07). Leffet de plan a été pris en compte lors de l'analyse des données. 1.2 Variables et questionnaires 1.2T Troubles mentaux La définition des troubles mentaux s'appuie sur la classificarion proposée dans la troisième édition révisée du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-ÎU-R) de l'Association américaine de psychiatrie. Une définirion succincte des neuf troubles mentaux étudiés dans l'enquête québécoise est présentée dans le tableau 1. Une synthèse des critères du DSM-lïl-R a été incluse dans le volume 1 du Rapport de recherche (Valla et coll., 1994a). Les troubles mentaux étudiés dans l'enquête sont reconnus pour être les plus fréquents dans les populations de jeunes de 6 à 14 ans. Ils peuvent être regroupés en deux grandes catégories, les troubles intériorisés et les troubles extériorisés. Les troubles intériorisés, vécus surtout sous forme de souffrance intérieure, comprennent quatre troubles anxieux, soit la phobie simple, l'angoisse de sépararion, l'hyperanxiété et l'anxiété généralisée, et deux troubles dépressifs, soit l'épisode dépressif majeur et la dysthymie. Les troubles extériorisés se manifestent surtout sous forme de comportements qui dérangent et sont facilement t CHAPITRE l • MÉTHODOLOGIE observables. Il s'agit du déficit de l'attenrion avec hyperactivité, du trouble d'opposirion et du trouble des conduites. Les troubles mentaux des enfants ont été évalués par les enfants eux-mêmes, leurs parents et leurs professeurs, alors que ceux des adolescents de 12 à 14 ans ont été étudiés en questionnant les adolescents et leurs parents. Le Diagnostic Interview Schedule for Children. Second Version (DlSC-2.25) (Shaffer et coll., 1991) a été présenté aux parents des jeunes de 6 à 14 ans et aux adolescents de 12 à 14 ans pour évaluer l'ensemble des troubles mentaux alors que les professeurs des enfants de 6 à 11 ans ont été interrogés sur les troubles extériorisés. Le DlSC-2.25 est un guide d'entrevue structuré qui peut être utilisé par des interviewers non formés en santé mentale. En plus des quesrions mesurant les troubles mentaux, il comprend une mesure de l'adaptation définie par trois questions sur le fonctionnement à la maison, avec les pairs et à l'école, posées après l'évaluation de chaque trouble mental, Lévaluation porte sur la période de six mois ou de 12 mois (pour le trouble des conduites) ayant précédé l'entrevue. Un second quesrionnaire, le Dominique (Valla et coll., 1994b), qui se présente sous forme d'une bande dessinée, a été proposé aux enfants de 6 à 11 ans. Ce questionnaire évalue les troubles intériorisés, à l'exception de l'anxiété généralisée et de la dysthymie, ainsi que les troubles extériorisés, mais il ne comporte pas de mesure de l'adaptation. Il n'exige pas non plus, de la part des interviewers, une formarion en santé mentale. De plus, en raison de certaines limites cognirives des enfants de ce groupe d'âge en ce qui concerne l'évaluation des périodes de temps, la durée des symptômes n'est pas mesurée. Les qualités psychométriques du DISC-2.25 et du Dominique sont présentées dans le volume 1 du Rapport de recherche (Valla et coll., 1994a). Les critères du DSM-lll-R de chaque trouble mental sont également présentés en annexe du volume 1. 1.2.2 Variables associées aux troubles mentaux La liste des variables étudiées dans l'enquête québécoise est présentée dans le tableau 1, accompagnée d'une brève définition des catégories consutuant chaque variable considérée dans les analyses. Les périodes au cours desquelles la variable a été évaluée sont aussi indiquées. La période de six mois désigne les six mois précédant l'entrevue. Le lecteur peut se référer au volume 1 du Rapport de recherche (Valla et coll., 1994a) pour obtenir une informarion plus détaillée sur la définition des variables et les qualités psychométriques des différents instruments. 1.2.3 Désirabilité sociale du parent La désirabilité sociale du parent, conceptualisée comme une variable de confusion (voir chapitre 5), a été évaluée dans l'ensemble de l'échantillon des jeunes de 6 à 14 ans par le Marlowe-Crowne Social Desirability Scale (Reynolds, 1992). 1.2.4 Utilisation des services Le tableau 1 présente la liste des catégones de variable mesurées ainsi que les pénodes. Le volume 1 du Rapport de recherche (Valla et coll., 1994a) donne une information détaillée sur les différents professionnels et services consultés. CHAPITRE I • MÉTHODOLOGIE 3 TABLEAU 1 Thèmes et vanables étudiés dans VEnquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans IDENTIFICATION ET DÉFINITION DE LA VARIABLE GROUPE D'AGE/ INFORMATEUR^^* SOURCE I SANTÉ MENTALE DES JEUNES 1. TROUBLES MENTAUX 1.1 TROUBLES INTÉRIORISÉS - PHOBIE SIMPLE : PEUR PERSISTANTE D'UN OBJET OU D'UNE SITUATION - ANGOISSE DE SÉPARATION : ANXIÉTÉ EXCESSIVE LORS D'UNE SÉPARATION D'AVEC UNE PERSONNE SIGNIFICATIVE (EX. PARENT) - HYPERANXIÉTÉ : ANXIÉTÉ EXCESSIVE AU SUJET D'UNE PERFORMANCE, DE SITUATIONS PASSÉES OU FUTURES - ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE : ANXIÉTÉ EXCESSIVE ET SYMPTÔMES PHYSIQUES - ÉPISODE DÉPRESSIF MAJEUR : HUMEUR DÉPRESSIV'T, IRRITABLE OU PERTE D'INTÉRÊT ET SYMPTÔMES (DURÉE : 2 SEMAINES OU PLUS) - DYSTHYMIE : TROUBLE DÉPRESSIF CHRONIQUE (DURÉE : 1 AN OU PLUS) 1.2 TROUBLES EXTÉRIORISÉS - DÉFICIT DE L'ATTENTION AVEC HYPERACTIVITÉ : DIFFICULTÉ À SE CONCENTRER SUR DES TÂCHES ET NIVEAU ÉLEVÉ D'AGITATION - TROUBLE D'OPPOSITION AVEC PROVOCATION : COMPORTEMENTS HOSTILES ET PROVOCANTS SANS VIOLATION GRAVE DES DROITS DÉS AUTRES - TROUBLÉ DES CONDUITES : COMPORTEMENTS QUI IMPLIQUENT LA VIOLATION DES DROITS DES AUTRES ET DES NORMES SOCIALES 2. IDÉES SUICIDAIRES, TENTATIVES DE SUICIDE, C O M P O R T E M E N T AGRESSIF 6 - 1 4 ANS (F) 1 2 - 1 4 ANS (A) 6 - I Î ANS(E) DISC-2,25 (SHAFFER ET COLL., 1991) DOMINIQUE (VALLA ET coLL,, 1994B) 6 - 1 4 ANS (P) 1 2 - 1 4 ANS (A) 6-11 DlSC-2.25 (SHAFFER ET COLL., 1991) ANS(PR) 6 - 1 1 ANS(E) 6-14 ANS (P) 1 2 - 1 4 ANS (A) 6-11 ANS (E) DOMINIQUE (VALLA ET COLL., 1994B) DISC-2.25 (SHAFFER ET COLL., 199I) DOMINIQUE (VALLA ET COLL., 1994B) 11 VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX 1. CARACTÉRISTIQUES DE L'ENFANT OU DE L'ADOLESCENT 1.1 ÂGE(6,7,8;9, 10, U; 12, 13, 14) 1.2 SÉXE (FILLE, GARÇON) 1.3 INDICE DE CHEMINEMENT SCOLAIRE (2 CATÉGORIES) : 1) C H E M I N E M E N T RÉGULIER; 2) C H E M I N E M E N T IRRÉGULIER : RETARD SCOUIRE OU PROGRAMME SPÉCIALISÉ POUR TROUBLES D'APPRENTISSAGE, ÉMOTIONNELS OU DU COMPORTEMENT 1.4 INDICE DE COMPÉTENCE SOCIALE : SCORE ÉTABU SELON LE NOMBRE D'AMIS ET LA FRÉQUENCE DE PARTICIPATION (6 MOIS) A DES ACTIVITÉS DE GROUPÉ (SCORE DE 0 À 1 9 ) 1.5 INDICES DE STRESS : 1) N O M B R E D ' É V É N E M E N T S V É C U S AU COURS DE 6 MOIS; 2) ÉCHELLE DE PERCEPTION DU NIVEAU DE STRESS VÉCU AU COURS DE 6 MOIS (SCORES DE 0 A 6 9 ) ; 3) NOMBRE D'ÉVÉNEMENTS VÉCUS AU COURS DE LA VIE ET PÉRIODES (SCORES DE 0 A 6 0 ) 6-14 ANS (P) ÉQUIPE DE RECHERCHE HRDP^^* MINISTÈRE DE I:ÉDUCATION (CONSULTANTS) 6-14 ANS (P) 12-14 ANS (A) CBCL 6-14 ANS (P) 12-14 ANS (A) 12-14 ANS (A) LEO (ACHENBACH ET EDELBROCK, 1983) (JOHNSON ET MCCUTCHEON,1980) 6-14 ANS (P) 1. p = parent, Pr = professeur, E = enfant, A adolescent 2 HRDP = hôpital Rivière-des-Prairies CHAPITRE 1 • MÉTHODOLOGIE TABLEAU 1 (suite) IDENTIFICATION ET DÉFINITION DE lA VARIABLE 1.6 INDICE DE SANTÉ PHYSIQUE (3 CATÉGORIES) : 1) AUCUNE MAb\DIE; 2) UNE OU PLUSIEURS MALADIES PHYSIQUES CHRONIQUES (DURÉE D'AU MOINS 6 MOIS) SANS DIMINUTION DE L'AUTONOMIE OU CONSOMMATION DE MÉDICAMENTS; 3) UNE OU PLUSIEURS MALADIES PHYSIQUES CHRONIQUES AVEC DIMINUTION DE I^AUTONOMIE OU CONSOMMATION DE MÉDICAMENTS GROUPE D'AGE/ INFORMATEUR^^* 6-14 ANS ( P ) SOURCE RAPPORT DE L'ENQUÊTE SANTÉ QUÉBEC 1987 ÉQUIPE DE RECHERCHÉ HRDPf^^ 2. CARACTÉRISTIQUES FAMILIALES SURF 2.1 STRUCTURE FAMILIALE (3 CATÉGORIES) : 1) DEUX PARENTS BIOLOGIQUES OU ADOPTIFS; 2) UN SEUL PARENT SANS CONJOINT (FAMILLE MONOPARENTALE); 3) UN SEUL PARENT AVEC CONJOINT (FAMILLE RECONSTITUÉE) 6-14 ANS (P) 2.2 NOMBRE DE PERSONNES AU FOYER (3 CATÉGORIES) ; 1)2 OU 3; 2) 4; 3) 5 OU PLUS 6-14 ANS (P) 2.3 POSITION DANS LA FRATRIE (4 CATÉGORIES) : 0) ENFANT UNIQUE; 1 ) 1^^; 2) 2^; 3) 3^ OU PLUS 6-14 ANS ( P ) 2.4 SEXE DES MEMBRES DE LA FRATRIE (4 CATÉGORIES) : 1) ENFANT UNIQUE; 2) AUTRES ENFANTS DE MÊME SEXE QUE LE SUJET; 3) AUTRES ENFANTS DU SEXE OPPOSÉ; 4) FRÈRES ET SŒURS 6-14 ANS (P) 2.5* MODE DE GARDE (2 CATÉGORIES) : 1) GARDE EXCLUSIVE; 2) GARDE CONJOINTE OU PARTAGÉE 6-14 ANS (P) CSSMM (CONSULTANTS) 2.6* NOMBRE D'ANNÉES VÉCUES AVEC LE PARENT ABSENT 6-14 ANS (P) MICHEL TOUSIGNANT 2.7* INDICE DE L'INTENSITÉ DES CONTACTS AVEC LE PARENT ABSENT (3 CATÉGORIES) : 1) AVOIR PASSÉ LA NUIT AU MOINS I FOIS PAR MOIS PENDANT 6 MOIS; 2) VISITE, TÉLÉPHONE, LETTRE AU MOINS 1 FOIS DURANT 6 MOIS; 3) AUCUN CONTACT 6-14 ANS (P) 2.8 TROUBLÉS MENTAUX DU PARENT AU COURS DE LA VIE (3 TYPES DE TROUBLE) : 1) ÉPISODE DÉPRESSIF MAJEUR; 2) PHOBIE; 3) TROUBLE PANIQUE OU ANXIÉTÉ GÉNÉRAUSÉE 6-14 ANS (P) 2.9 ANTÉCÉDENT FAMILIAL : COMPORTEMENTS SUICIDAIRES OU HOSPITALISATIONS POUR TROUBLES MENTAUX 6-14 ANS (p) 2.10* INDICES DE CONSOMMATION D'ALCOOL : 1) FRÉQUENCE (DE CHAQUE JOUR A JAMAIS) SUR 6 MOIS; 2) NOMBRE DE CONSOMMATIONS DURANT 7 JOURS; 3) PROBLÈMES LIÉS A ÙVLCOOL (6 MOIS) 6-14 ANS (P) 1, P = parent 2. HRDP = hôpital Rivière-des-Prairies * Vanables non incluses dans l'analyse de régression logistique. CHAPITRE 1 • MÉTHODOLOGIE (CECA PROJECT, 1990) ÉQUIPE DÉ RECHERCHE HRDP ÉQUIPE DE RECHERCHÉ HRDP SURF (CECA PROJECT, 1990) LAREHS, UQAM MICHEL TOUSIGNANT LAREHS, UQAM DISSA (KOVESS ET FOURNIER, 1990) DISSA (KOVESS ET FOURNIER, 1990) RAPPORT DE ÉENQUÊTE SANTÉ QUÉBEC 1987 TABLEAU 1 (suite) IDENTIFICATION ET GROUPÉ D'ÂGE/ DÉFINITION DÉ i ^ VARIABLE INFORMATEUR^^* 2.11* CONSOMMATION DE DROGUES : 6-14 ANS (P) SOURCE RAPPORT DE ÉENQUÉTE SANTÉ QUÉBEC CONSOMMATION DE DROGUES ILLÉGALES OU DE 1987 MÉDICAMENTS SANS PRESCRIPTION OU AU-DELA DE 1^ DOSÉ PRESCRITE, PLUS DE 5 FOIS AU COURS DE LA \aE 2.12 INDICES DU STRESS VÉCU PAR LE PARENT : 6-14 ANS (P) 1) NOMBRE D'ÉVÉNEMENTS AU COURS DE 6 MOIS; 2) PERCEPTION DU NIVEAU DE STRESS AU COURS DE 6 MOIS (SCORES DE 0 À 66) 2.13 RELATION PARENT-ENFANT : LES (SARASON ET COLL., 1978) 6-14 ANS (P) 1) COMPORTEMENTS ET ATTITUDES DU PARENT PERÇUS PAR LE PARENT : DÉVL\TION DE LA MOYENNE (COTÉ Z ) POUR LES ÉCHELLES DE SOIN, CONDUITES PUNITIVES QCAP (BERGERON ET COLL.. 1993) ET ATTITUDES FAVORISANT LAUTONOMIE (6 MOIS); 2) COMPORTEMENTS ET ATTITUDES DE LA MÈRE ET DU PÉRÉ PERÇUS PAR IJ\DOLESCENT : DÉVIATION DE U 12-14 ANS (A) MOYENNE POUR LES TROIS ÉCHELLES (6 MOIS) 2.14 RELATION DE COUPLE : QCAP (BERGERON ET COLL., 1993) 6-14 ANS (P) DAS SCORE AUX ÉCHELLES DE CONSENSUS ( 0 A 6 5 ) , (SPANIER, SATISFACTION (0 A 49), COHÉSION (0 A 24) ET BAILLARGEON ET COLL. AFFECTIVITÉ ( 6 MOIS) 1986) 2.15 INDICE DE SOUTIEN SOCIAL : 6-14 ANS (P) 1976; CAMIL BOUCHARD SCORE SUR UNE ÉCHELLE DE 9 POINTS MESURANT LE LAREHS, UQAM SOUTIEN ACTUEL REÇU DU CONJOINT OU D'AUTRES PERSONNES AU SUJET DE L:ENFANT (BOUCHARD ET DESFOSSÉS. 1989) 2.16 INDICE DE SANTÉ PHYSIQUE AU FOYER : 6-14 ANS (P) MESURE DE ÉÉTAT DE SANTÉ DÉFINIE PAR LA SOMME ÉQUIPE DE RECHERCHE HRDP^2^ DU NOMBRE DE MAI^DIES PHYSIQUES CHRONIQUES (DURÉE DE 6 MOIS OU PLUS) ET DU NOMBRE DE CATÉGORIES DÉ PERSONNES ATTEINTES 3 . CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES 6-14 ANS (P) RAPPORT DE L'ENQUÊTE SANTÉ QUÉBEC 1987 6-14 ANS (P) RAPPORT DE L'ENQUÊTE 3.1 TYPE D'HABITATION 3.2* LIEU DE NAISSANCE DE L'ENFANT CIBLE 3.3* ÂGE DE LA MÊRE ET DU PÈRE 3.4* LIEU DE NAISSANCE DE LA MÈRE ET DU PÈRE 3.5 LANGUE MATERNELLE DE L'ENFANT CIBLE 3.6* LANGUE D'USAGE A LA MAISON 4. CARACTÉRISTIQUES SOCIO-ÉCONOMIQUES 4.1 STATUT D'ACTIVITÉ DE LA MÈRE (4 CATÉGORIES) ET DU PÈRE (CATÉGORIES 1, 2, 4) ; 1) TRAVAILLE A TEMPS PLEIN; SANTÉ QUÉBEC 1987 2) TRAVAILLE À TEMPS PARTIEL; 3) TIENT MAISON; 4) AUTRES 4.2 SCOLARITÉ DE LA MÈRE ET DU PÈRE (3 CATÉGORIES) 1) SECONDAIRE OU MOINS; 2) COLLÉGIAL OU IJEQUIVALENT; 3) UNIVERSITAIRE 1 P = parent 2. HRDP = hôpital Rivière-des-Praines • Vanables non incluses dans l'analyse de régression logistique, CHAPITRE 1 • MÉTHODOLOGIE TABLEAU 1 (suite) IDENTIFICATION ET DÉFINITION DE LA VARIABLE GROUPE D'ÂGE/ INFORMATEUR'^^'' RUSSELL WILKINS DIVISION DÉ IJ\ SANTÉ. STATISTIQUE CANADA 4.3 INDICE DE REVENU FAMILIAL SUFFISANT (4 CATÉGORIES) : INDICE DÉFINI PAR LE REVENU FAMILIAL DE IA DERNIÈRE ANNÉE ET LE NOMBRE DE PERSONNES AU FOYER ; 1) TRÈS PAUVRE; 2) AUTRES PAUVRES; 3) MOYEN INFÉRIEUR; 4) MOYEN SUPÉRIEUR ET RICHE m UTILISATION DES SERVICES EN MILIEU SCOLAIRE 1. PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ CONSULTÉS ET PÉRIODES (3 CATÉGORIES) : ORTHOPÉDAGOGUE OU PSYCHO-ÉDUCATEUR, ORTHOPHONISTE, PSYCHOLOGUE OU TRAVAILLEUR SOCIAL 3 PERIODES ; l) 0-6 MOIS; 2) 6 MOiS-1 AN; 3) 1 AN OU PLUS 2. SATISFACTION AU SUJET DES SERVICES REÇUS : ÉCHELLE DE 4 POINTS DE TRÈS SATISFAIT A TRÈS INSATISFAIT A L'EXTÉRIEUR DV MILIEU SCOIAIRE 3. SERVICES UTILISÉS POUR DES PROBLÈMES DE SANTÉ MENTALE ( 1 0 CATÉGORIES) : URGENCE D'HÔPITAL, CUNIQUE EXTERNE D'UN HÔPITAL NON PSYCHIATRIQUE, CLINIQUE OU SERVICE EXTERNE DE PSYCHIATRIE DANS UN HÔPITAL, CENTRE DE SERVICES SOCL\UX (CSS), CENTRE LOCAL DE SERVICES COMMUNAUTAIRES (CLSC), CENTRE D'ACCUEIL POUR MÉSADAPTÉS SOCIO-AFFECTIFS, BUREAU DE CONSULTATION JEUNESSE, CENTRÉ D'ÉCOUTE TÉLÉPHONIQUE, BUREAU PRIVÉ D'UN PROFESSIONNEL DE LJ\ SANTÉ, AUTRE ENDROIT 3 PÉRIODES ; C E n i 1 4 . SATISFACTION AU SUJET DES SERVICES REÇUS : CE m 2 5. PROFESSIONNELS RENCONTRÉS POUR DES PROBLÈMES DE SANTÉ MENTALE ( 9 CATÉGORIES) : PÉDIATRE/OMNIPRATICIEN/MÉDECIN DE FAMILLE. PSYCHIATRE, PSYCHOLOGUE, TRAVAILLEUR SOCIAL, PROFESSIONNEL SPÉCIALISÉ POUR LES TROUBLÉS D'APPRENTISSAGE OU DE DÉVELOPPEMENT. INFIRMIER, CHÎROPRATICIEN/ACUPUNCTEUR/ NATUROPATHE/HOMÉOPATHE/GSTÉOPATHE, PRÊTRE/PASTEUR/ RELIGIEUX, AUTRE PROFESSIONNEL 3 PÉRIODES : C E lU 1 6 . SATISFACTION AU SUJET DES SERVICES REÇUS : CE m 2 7. PRINCIPALE RAISON POUR DEMANDER DE L'AIDE ( 5 CATÉGORIES) 8. PERSONNES QUI AVAIENT CONSEILLÉ DE DEMANDER DE L'AIDE ( 9 CATÉGORIES) 9. RAISONS QUI ONT EMPÊCHÉ DE DEMANDER DE L'AIDE (19 RAISONS) 1, P = parent CHAPITRE 1 • MÉTHODOLOGIE SOURCE (1993) 6 - 1 4 ANS (P) SURF (CECA PROJECT, 1990) 1.3 Déroulement de Fenquête 1.3.1 Formation des interviev^ers __^ La formation des interviewers a été réalisée par Téquipe de recherche de l'hôpital Rivière-des-Prairies en collaboration avec les responsables de la firme SOM, chargée de la collecte des données. La formation pour les entrevues téléphoniques a duré trois heures et comprenait une présentation de Tenquête ainsi qu'une révision du questionnaire téléphonique. La formation pour les entrevues face à face a duré cinq jours. Elle comprenait entre autres : une présentation des objectifs de l'enquête et des instruments, une présentation sur cassettes vidéo d'entrevues réelles et d'entrevues simulées, la simulation d'entrevues sous la supervision de l'équipe de formation et la réalisation d'une entrevue réelle auprès de 31 familles de la région de Montréal. 1.3.2 Collecte des données La collecte des données s'est échelonnée du mois de février au mois de juillet 1992. Les interviewers des centrales téléphoniques prenaient rendez-vous auprès du parent répondant, après avoir vérifié qu'il était admissible. Par la suite, deux intervàewers se rendaient à domicile, chacun réalisant en alternance une entrevue avec l'informateur parent et une entrevue avec l'informateur enfant ou adolescent. Le parent répondait verbalement à un premier questionnaire d'entrevue puis remplissait seul un second questionnaire. Lorsque le parent ne savait pas lire suffisamment (7,3 %), le questionnaire était rempli verbalement. Les enfants et les adolescents répondaient au questionnaire prévu pour leur groupe d'âge. A la fin de l'entrevue, un chandail était remis au jeune pour sa participation et il était demandé au parent de signer la formule de consentement autorisant l'entrevue téléphonique avec le professeur. Les entrevues avec les professeurs ont été réalisées après les entrevues face à face, par les interviewers des centrales téléphoniques. Un ensemble de procédures a été défini, en collaboration avec la Commission d'accès à l'information, pour assurer l'anonymat et la confidentialité des questionnaires. De plus, un protocole d'enquête a été approuvé par le comité d'éthique de l'hôpital Rivière-des-Prairies. Un groupe de pédopsychiatres a été créé afin d'étudier, sur demande des interviewers ou des coordonnateurs, les dossiers d'enquête des jeunes présentant un nsque de suicide ou se trouvant en situation de négligence grave. 1.3.3 Validation des questionnaires Les données ont été soumises à un ensemble de procédures de validation pour en assurer la validité maximale. Au cours de la collecte, les questionnaires ont été vérifiés par les interviewers puis par les coordonnateurs et enfin par une équipe de la centrale SOM. Une fois la saisie effectuée, les données ont été validées à l'aide d'une première batterie de programmes mis au point par SOM puis d'une seconde, élaborée par le service de recherche de l'hôpital Rivière-des-Prairies. 8 CHAPITRE 1 • MÉTHODOLOGIE Un questionnaire de vérification du travail des interviewers a été rempli à la suite des entrevues à domicile auprès de 10 % de Féchantillon, soit un total de 240 entrevues téléphoniques réalisées auprès des parents. Huit questions tirées des questionnaires de l'enquête et deux questions sur l'attitude des interviewers lors des entrevues à domicile ont été posées. Au total, 40 (16,7 %) des 240 personnes interrogées ont répondu différemment à au moins une des huit questions, les réponses aux questions factuelles se révélant les plus stables. 11 n'est pas possible de déterminer si les erreurs sont dues aux interviewers (erreurs de compréhension ou de rédaction) ou aux répondants. Le travail des interviewers a été jugé satisfaisant ou plutôt satisfaisant par 99,6 % des répondants, et ces derniers se sont sentis à l'aise et non jugés dans 98,7 % des cas. 1.4 Analyses statistiques 1.4.1 Préparation des analyses Lune des étapes préparatoires consistait à attribuer un poids à chacun des sujets afin que l'échantillon pondéré reflète fidèlement la population de référence (Rapport de recherche, volume 1, Valla et coll., 1994a). Lutilisation d'un système de pondération produit des calculs d'effectifs qui comportent une composante décimale. Dans le but d'alléger la présentation des résultats, les calculs d'effectifs ont été arrondis, ce qui explique que la somme des effectifs des sous-échantillons peut différer légèrement du total présenté dans le même tableau. 1.4.2 Prévalences Les analyses univariées (description des pourcentages) et bivariées (Khi-deux, test de McNemar) des prévalences des troubles mentaux ont été réalisées en considérant les trois groupes d'âge (6 à 8 ans, 9 à 11 ans, 12 à 14 ans) et le sexe. Pour chaque groupe d'âge, la prévalence est présentée selon les informateurs, soit l'enfant ou l'adolescent et le parent, et, pour les jeunes de 6 à 11 ans, le professeur. Lintervalle de confiance indique la précision des prévalences estimées à un niveau de probabilité de 95 %, soit 1 moins l'erreur alpha (alpha = 0,05). La méthode de calcul des prévalences pour le questionnaire DlSC-2 permet d'identifier les sujets avec un trouble et ceux qui, en plus du trouble, présentent un ou plus d'un problème d'adaptation. La méthode de calcul pour le Dominique, auquel ont répondu les enfants de 6 à 11 ans, conduit à la détermination des sujets qui présentent le plus de symptômes (au-dessus de deux écarts types de la moyenne). 1.4.3 Variables associées aux troubles mentaux Lanalyse de régression logistique (Hosmer et Lemeshow, 1989) a été utilisée pour l'étude des associations entre variables et troubles mentaux. Les variables non incluses dans Lanalyse de régression sont indiquées par un astérisque dans le tableau 1. Cette analyse a été effectuée selon les trois groupes d'âge (6 à 8 ans, 9 à 11 ans, 12 à 14 ans), et l'informateur. Quatorze modèles de régression ont été élaborés (p < 0,05). La variable dépendante est définie par la présence ou l'absence d'au moins un trouble CHAPITRE 1 • MÉTHODOLOGIE 9 intériorisé (phobie simple, hyperanxiété, angoisse de sépararion, épisode dépressif majeur) ainsi que par la présence ou l'absence d'au moins un trouble extériorisé (déficit de l'attention avec hyperactivité, trouble d'opposition, trouble des conduites). Les variables sont associées à chacune de ces catégories de trouble de façon indépendante. À cette étape-ci, les variables associées à la coexistence d'un trouble intériorisé et d'un trouble extériorisé ne sont pas relevées. Les variables indépendantes sont définies par les caractéristiques de l'enfant ou de l'adolescent, de la famille, les caractéristiques sociodémographiques et socio-économiques. Linteraction entre le sexe et les caractéristiques individuelles et familiales est étudiée ainsi que les interactions entre les antécédents familiaux et les troubles mentaux des parents, entre le revenu familial et la structure familiale et entre la scolarité des parents et le cheminement scolaire du jeune. La force de l'association est évaluée par le rapport de cotes (RC). Le concept de rapport de cotes ou ratio de cotes s'approche du concept de risque relatif. Il représente une approximarion de l'augmentation (ou de la diminution) de la chance que les troubles soient présents chez des sujets possédant une caractéristique donnée (x = 1), comparativement à des sujets qui ne possèdent pas la caractéristique (x = 0) (Bernard et Lapointe, 1987), Par exemple, un enfant unique a n fois plus de risque d'avoir des troubles extériorisés qu'un enfant qui a un ou des frères ou sœurs. Les cotes obtenues dans chacun des groupes sont elles-mêmes définies par des rapports de probabilité. De façon générale, la définition du rapport de cotes peut être formulée ainsi : 7t(x= 1)/1-7U(X= 1) 71 (x = 0) / 1 - 7Î (x = 0) OÙ 7t = probabilité d'avoir des troubles mentaux; 1 - 71 = probabilité de ne pas avoir de troubles mentaux; (x = 1) = présence de la caractéristique; (x = 0) = absence de la caractéristique. Lintervalle de confiance indique la précision des rapports de cotes, estimés à un niveau de probabilité de 95 %. 1.4.4 Utilisation des services La fréquence d'utilisation des services est décrite pour les services obtenus au cours des SIX derniers mois et sur toute la vie pour des problèmes émotionnels ou de comportement de l'enfant ou de l'adolescent. Il s'agit des services reçus à l'école et à l'extérieur de l'école. Une analyse de certains déterminants de l'utilisation des services, soit (1) la présence ou l'absence d'au moins un trouble mental, (2) la catégorie de troubles mentaux (intériorisés ou extériorisés), (3) la présence d'au moins un trouble mental avec ou sans problèmes d'adaptation, (4) la comorbidité et (5) la perception d'un besoin d'aide a été réalisée à l'aide d'un test d'homogénéité (Khi-deux). Une étude des barrières à la consultarion, idenrifiées par les parents qui ont pensé demander de l'aide et ne l'ont pas fait, a aussi été réalisée à l'aide d'un test d'homogénéité (Khi-deux). Des analyses multivariées au sujet des déterminants de l'urilisarion des services sont prévues au cours des deux prochaines années. 10 CHAPITRE 1 • MÉTHODOLOGIE Références ACHENBACH, T.M., EDELBROCK, C, (1983), Manualfor the Child Behavior Chechdist and Revised Child Behavior Profile. Department of Psychiatry University of Vermoni, Burlington, VT ASSOCIATION AMÉRICAINE DE PSYCHIATRIE (1989). Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. DSM-IU-R. Pans, Masson, BAILLARGEON, j , , DUBOIS, G., MARINEAU, R. (1986), « Traduction française de l'Échelle d'ajustement », Revue canadienne des sciences du comportement, 18(1), 25-34. BERGERON, L , VALLA, J.P, BRETON, j,J,, GAUDET, N., BERTHIAUME, C, (1993), Factor analysis and reliahility of parental behavior and attitudes questionnaire. Présentation au 40^ congrès annuel de l'Amencan Academy of Child and Adolescent Psychiatry, San Antonio, Texas, BERNARD, PM., LAPOINTE, C (1987). Mesures statistiques en épidémiologie. Presses de l'UniverSité du Québec, BOUCHARD, C , DESFOSSÉS, E, (1989), « Utilisation des comportements coercuifs envers les enfants : stress, conflits et manque de soutien dans la vie des mères », Apprentissage et socialisation, J2(l), 19-28. CHILD EGA PROJECT (1990), Service Vtilization and Risk Factor Interview. New York Psychiatrie Institute, Columbia University New York. HOSMER, D.W, LEMESHOW, S, (1989), Applied Logistic Régression. New York, John-Wiley & Sons, JOHNSON J . H . , McCUTCHEON, S,M. (1980). ^< Assessmg life stress m older children and adolescents : preliminary findings with the Life Events Checklist », in Sarason, I.G., Spieldberger, CD, (Eds,), Stress and anxiety. Washington, DC, Hémisphère. KOVESS, V, FOURNIER, L. (1990). « The DISSA : an abridged self-admmistered version of the DIS », Social Psychiatry and Psychiatrie Epidemiology, 25, 179-186. REYNOLDS, WM. (1982), « Development of reliable and valid short forms of the MarloweCrowne Social Desirability Scale », Journal of Clinical Psychology, 38(1), 119-125. SANTÉ QUÉBEC (1987). Sources et justifications des questions utilisées dans l'Enquête Santé Québec. Cahier technique 87-03. Québec, Les publications du Québec. SARASON, I.G.JOHNSON,J,H,,SlEGEL,J.M, (1978), « Assessing the impact of life changes : Development of the life expériences », Journal of Consulting and Clinical Psychology, 46, 932-946, SHAFFER, D,, FISHER, P, PIACENTINI, J,, SCHWAB-STONE, M., WICKS, J. (1991). Diagnostic Interview Schedule for Children (DlSC-2.25). Division of Child and Adolescent Psychiatry, New York State Psychiatrie Institute, New York, SPANIER, G.B, (1976). « Measuring Dyadic Adjustment : new scales for assessing the quality of marriage and similar dyads », Journal ofMarriage and the Family, 38, 15-28. VALLA, J.P, BERGERON, L, BRETON, J.J., GAUDET, N., BERTHL\UME, C , SAINT-GEORGES, M., TREMBLAY, V, LAMBERT, J,, LÉPINE, S, (1994a), Enquête québécoise sur la santé mentale desjames de 6 à 14 ans 1992. Rapport de recherche. Volume 1. Méthodologie. Hôpital Rivière-des-Prairies et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. (A paraître) VALLA, J.P, BERGERON, L,, BÉRUBÉ, H., GAUDET, N. (1994b). « A structured pictorial questionnaire to assess DSM-III-R based diagnoses in children (6-11 years) : Development, validity and reliability », Journal ofAbnormal Child Psychology, 22(4), 403-423. CHAPITRE 1 • MÉTHODOLOGIE 11 Chapitre 2 CARACTÉRISTIQUES DE LÉCHANTILLON DE LA POPULATION DE LENQUÊTE Bergeron, L., M.Sc, Breton, JJ., M.D., M.Sc, Valla, J.P, M.D., M.Sc, Berthiaume, C, M.Sc 2.0 Introduction Cette partie vise à décrire l'échantillon de la population étudiée dans l'enquête du point de vue de certaines caractéristiques de l'enfant ou de l'adolescent (lien avec le répondant, sexe et âge, cheminement scolaire), de la famille (structure famihale, santé mentale du parent), sociodémographiques (lieu de naissance de l'enfant, langue maternelle ou langue d'usage et âge des parents) et socio-économiques (statut d'activité et scolarité des parents, revenu familial suffisant). La description est effectuée pour chacun des trois groupes d'âge (6 à 8 ans, 9 à 11 ans, 12 à 14 ans) (tableau 2). 2.1 Caractéristiques de Tenfant ou de Fadolescent La majorité des jeunes ont un lien biologique avec le répondant. Le parent questionné était, à plus de 90 %, la mère biologique. Le sous-échantillon constituant chacun des trois groupes d'âge est composé d'environ 52 % de garçons et 48 % de filles. En majorité, les jeunes suivent un cheminement scolaire régulier Le pourcentage de jeunes qui ont un retard scolaire ou sont inscrits dans un programme spécialisé (cheminement irrégulier) augmente avec l'âge pour atteindre environ 27 % chez les adolescents. Parmi les jeunes ayant un cheminement scolaire irrégulier, plus des trois quarts ont redoublé au moins une année scolaire tout en demeurant en classe régulière. Les autres sont en classe spéciale au présecondaire ou sont intégrés dans un cheminement particulier au secondaire. 2.2 Caractéristiques familiales De 73,3 % à 81 % des jeunes de 6 à 14 ans vivent dans des familles biparentales. De 12,1 % à 14,3 % vivent avec la mère, mais pas avec un conjoint de la mère (famille monoparentale) et de 4,7 % à 6,4 % vivent avec la mère et son conjoint (famille reconsrituée). Le pourcentage d'enfants uniques se situe entre 9,7 % et 10,4 % selon le groupe d'âge. En majorité, les jeunes qui ont des frères ou des sœurs sont premiers ou deuxièmes de famille. CHAPITRE 2 . CARACTÉRISTIQUES DE LÉCHANTÎLLON DE lA POPUUnON DE LENQUÊTE 13 En ce qui concerne le nombre de personnes au foyer, de 35,5 % à 38,1 % des jeunes habitent dans des familles où il y a cinq personnes ou plus. La fréquence des troubles mentaux chez les parents, évaluée au cours de la vie, se situe entre : (1) 20,6 % et 24,4 % pour l'anxiété généralisée (le nombre de parents ayant un trouble panique est faible); (2) 18 % et 21 % pour la dépression; (3) 12,1 % et 13,6 % dans le cas de la phobie. La présence d'antécédents familiaux de comportements suicidaires ou de troubles mentaux est fréquente. De 35,1 % à 40,4 % des jeunes vivent dans des familles où il y a eu au moins une personne de la famille qui a déjà tenté de se suicider, s'est suicidée ou a eu des problèmes de santé mentale. Il s'agit ici de la famille élargie, incluant les catégories de personnes suivantes : un autre enfant que l'enfant questionné, le parent lui-même, ses parents, frères, soeurs, oncles, tantes et cousins. Les résultats suivants portent sur les familles où l'enfant habite avec un seul parent, biologique ou adoptif. La garde exclusive est le mode de garde des trois quarts des sujets (78,3 % à 84,3 %). De 14,4 % à 17 % des jeunes de ces familles ont vécu moins d'un an avec le parent absent du foyer avant la séparation des parents. De 14,3 % à 20,2 % des jeunes n'ont aucun contact avec le parent absent. 2.3 Caractéristiques sociodémographiques et socio-économiques En majorité, les jeunes sont nés dans la province de Québec (93,7 % à 95,4 %). Plus de 89 % des parents sont nés au Canada. La langue maternelle ou la langue d'usage à la maison est le français pour plus de 86 % des jeunes. En moyenne, les parents sont âgés de 34 à 42 ans. Plus du tiers des mères travaillent à temps plein. Environ une sur cinq travaille à temps partiel et une sur quatre demeure à la maison. Le profil des pères est différent puisqu'en majorité les pères travaillent à temps plein. Plus de la moitié des mères et des pères ont terminé la 5^ année du secondaire ou un niveau inférieur et autour de 20 % ont une formation collégiale ou l'équivalent. Les pourcentages de jeunes dont le père a terminé des études universitaires (17,6 % à 18,7 %) sont légèrement supérieurs aux pourcentages déjeunes dont la mère a ce niveau de formation (10,5 % à 14,1 %). La distribution des sujets selon l'indice d'un revenu familial suffisant montre que 22 % à 25 % des jeunes vivent dans des familles dont le niveau de revenu est faible (catégories pauvre et très pauvre). De 42,5 % à 44,5 % des jeunes vivent dans des familles dont le niveau de revenu se situe dans la catégorie moyen inférieur et de 30,3 % à 34 % vivent dans des familles situées dans la catégorie moyen supérieur et riche. 2.4 Conclusion Il est intéressant de constater que la majorité des jeunes de l'enquête vivent dans des familles de type biparental. Par ailleurs, les pourcentages relativement élevés de jeunes de familles monoparentales ou reconstituées n'ayant eu aucun contact avec le parent absent du foyer sont surprenants. Lensemble des catégories définissant le lieu de 14 CHAPITRE 2 • CARACTÉRISTIQUES DE LÉCHANTILLON DE LA POPULATION DE LENQUÊTE naissance des parents et la langue n'est pas présenté dans le tableau 2 en raison du nombre insuffisant de sujets par catégorie. TABLEAU 2 Caractéristiques de Véchantillon de la population de VEnquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans GROUPE D'AGE 6 A 8 ANS 9 A 11 ANS NB % 12 A 14 ANS NB^l^ %^2) 720 35 5 0 0 0 0 0 760 94,8 4,6 0,6 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,0 751 49 3 2 6 3 3 0 816 92.0 6,0 0.3 0,2 0,8 0,3 0,3 0,0 100,0 749 56 11 1 3 1 2 1 825 90,8 6,8 1,3 0,1 0,4 0,1 0,3 0,1 100,0 SEXE GARÇONS FILLES TOTAL 393 367 760 51,7 48,3 100,0 420 396 816 51,5 48,5 100,0 425 400 825 51,5 48,5 100,0 CHEMINEMENT SCOLAIRE RÉGULIER IRRÉGULIER TOTAL 668 42 710 94,1 5,9 100,0 694 122 816 85,1 14,9 100,0 597 226 824 72,5 27,5 100,0 616 81,0 631 77,4 604 73,3 93 6 12,2 0,7 98 20 12,1 2,5 118 13 14,3 1,6 36 2 4,7 0,2 46 7 5,6 0,9 53 14 6,4 1,7 5 3 0 760 0,7 0,4 0,0 100,0 6 5 3 816 0,7 0,6 0.3 100,0 13 7 3 825 1,6 0,8 0,4 100,0 79 261 284 136 760 10.4 34,3 37,4 17,9 100,0 79 307 271 154 811 9,7 37,8 33,4 19,0 100,0 85 304 300 132 821 10,4 37,0 36,5 16,1 100,0 VARIABLE NB % CARACTÉRISTIQUES DE L'ENFANT OU DE L'ADOLESCENT TYPE DE LIEN AVEC LE RÉPONDANT MÈRE BIOLOGiQUÉ PÈRE BIOLOGIQUE MÊRÉ ADOPTIVE PÈRE A D O P T I É CONJOINTE DU PÉRÈ CONJOINT DE LA MÈRE MEMBRE DE LA FAMILLE RESPONSABLE MANDATÉ TOTAL CARACTÉRISTIQUES FAMILIALES STUCTURE FAMILIALE DEUX PARENTS BIOLOGIQUES OU ADOPTIFS FAMILLE MONOPARENTALE - MÈRE - PÈRE FAMILLE RECONSTÎTUÉE AVEC CONJOINT - MÈRE -PÈRE FAMILLE RECONSTITUÉE AVEC CONJOINT ET ENFANT(S) DU CONJOINT - MÈRE - PÈRE AUTRE TOTAL POSITION DANS LA FRATRIE ENFANT UNIQUE PREMIER DEUXIÈME TROISIÈME OU PLUS TOTAL 1. Nb =* nombre de sujets dans chaque catégorie de la variable 2, % « Nb/nombre de sujets total dans le sous-échantillon (N) CHAPITRE 2 • CARACTÉRISTIQUES DÉ LÉCHANTILLON DÉ LA POPULAnON DE LENQUÊTE 15 TABLEAU 2 (suite) GROUPE D'ÂGE VARIABLE 12 A 14 ANS 9 À u ANS 6 À 8 ANS %^2) m^i) NB % NB % NOMBRE DE PERSONNES AU FOYER 2-3 PERSONNES 4 PERSONNES 5 PERSONNES OU PLUS TOTAL 132 339 288 760 17,4 44,6 38,0 100,0 143 363 310 816 17,5 44,5 38.1 100.0 165 367 293 825 19,9 44.5 35.5 100,0 MODE DE GARDE^^^ GARDE EXCLUSIVE GARDE CONJOINTE OU PARTAGÉE TOTAL 102 28 131 78,3 21,7 100,0 128 30 158 80,8 19,2 100,0 147 27 175 84,3 15,7 100,0 21 60 49 16,1 46,3 37,7 27 51 80 17.0 32,3 50,7 25 49 14,4 28,1 - _ _ - _ - - _ 131 100,0 158 100,0 40 61 175 22,8 34,7 100,0 NOMBRE D'ANNÉES VÉCUES AVEC LE PARENT ABSENT'^^' MOINS DE 1 AN 1 -4 ANS 5 ANS OU PLUS 5-8 ANS 9 ANS OU PLUS TOTAL „ FRÉQUENCE DES CONTACTS AVEC LE PARENT ABSENT DU FOYER^^^ Au MOINS UNE NUIT PAR MOIS Au MOINS UN CONTACT (VISITE, TÉLÉPHONÉ, LETTRÉ) AUCUN CONTACT TOTAL 88 22 68,3 17,4 109 20 68,3 12.7 111 26 64,5 15,3 18 129 14,3 100,0 30 159 19,0 100,0 35 172 20,2 100,0 TROUBLES MENTAUX DES PARENTS AU COURS DE LA VIE DÉPRESSION MAJEURE PANIQUE OU ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE PHOBIE 141 164 97 18,5 21,5 12,8 147 168 99 18,0 20,6 12,1 174 202 112 21,0 24.4 13,6 ANTÉCÉDENT FAMILIAL AUCUN Au MOINS UN TOTAL 493 266 760 64,9 35,1 100,0 529 286 816 64,9 35,1 100,0 491 333 825 59,6 40,4 100,0 681 66 748 91,1 8,9 100,0 726 68 794 91,4 8,6 100,0 735 76 810 90,6 9,4 100.0 587 67 654 89,8 10,2 100,0 634 76 710 89,3 10,7 100,0 619 80 699 88,6 11,4 100,0 743 17 760 97,8 2,2 100.0 792 23 816 97,2 2,8 100,0 797 28 825 96,7 3,3 100,0 CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ÉCONOMIQUES LIEU DE NAISSANCE MÈRE OU SUBSTITUT CANADA AILLEURS TOTAL PÈRE OU SUBSTITUT CANADA AILLEURS TOTAL SUJETS QUÈBEC'^'^VCANADA AILLEURS TOTAL 1 2. 3 4 Nb = nombre de sujets dans chaque catégorie de la variable % = Nb/nombre de sujets total dans le sous-échantillon (N) Familles monoparentales ou reconstituées De 93,7 % à 95,4 % sont nés dans la province de Québec. CHAPITRE 2 • CARACTÉRISTIQUES DÉ LÉCHANTILLON DE LA POPULATION DE LENQUÊTE TABLEAU 2 (suite) GROUPE D'AGE VARIABLE LANGUE lANGUÉ MATERNELLE FRANÇAIS AUTRES TOTAL LANGUE D'USAGE FRANÇAIS AUTRES TOTAL STATUT D'ACTIVITÉ DES PARENTS MÈRE TEMPS PLEIN TEMPS PARTIEL TIENT MAISON AUTRES TOTAL PÈRE TEMPS PLEIN AUTRES TOTAL SCOLARITÉ DES PARENTS MÈRE 5^ SECONDAIRE OU MOINS COLLÉGIAL UNIVERSITAIRE TOTAL PÈRE 5^ SECONDAIRE OU MOINS COLLÉGIAL UNIVERSITAIRE TOTAL REVENU FAMILIAL SUFFISANT TRÈS PAUVRE AUTRES PAUVRES MOYEN INFÉRIEUR MOYEN SUPÉRIEUR ET RICHE TOTAL AGE DES PARENTS MÈRE OU SUBSTITUT PÈRE OU SUBSTITUT 6 A 8 ANS ^^(.l) %U) 12 A 14 ANS NB % 9 À 11 ANS NB % 655 101 756 86,6 13,4 100,0 724 89 813 89,1 10,9 100,0 720 99 818 88,0 12,0 100,0 664 93 757 87.7 12,3 100,0 723 91 815 88,8 U,2 100.0 730 89 818 89,2 10,8 100,0 295 149 221 83 748 39,4 19,9 29,6 11,1 100,0 311 176 222 80 788 39,4 22,3 28,2 10,1 100,0 366 175 202 65 807 45,3 21,7 25,0 8,0 100,0 555 102 657 84,5 15,5 100,0 608 97 704 86,3 13,7 100,0 602 95 697 86,3 13,7 100,0 484 169 100 752 64,3 22,5 13,2 100,0 486 197 112 796 61,1 24,8 14,1 100,0 548 177 85 810 67,6 21,9 10,5 100,0 380 154 122 656 57,9 23,6 18,6 100,0 427 148 132 707 60,4 20,9 18,7 100,0 440 132 122 694 63,3 19,0 17,6 100,0 78 107 326 223 734 10,6 14,6 44,5 30,3 100,0 63 113 344 268 787 8,0 14,3 43,7 34,0 100,0 74 118 336 263 791 9,4 14,9 42,5 33,2 100,0 N(3) X S N 752 657 34,8 37,4 4,8 5.3 796 711 X S N 37,6 39,9 4,8 5,2 812 698 X 40,1 42,4 S 4,6 5,0 1. Nb = nombre de sujets dans chaque catégorie de la variable 2. % = Nb/nombre de sujets total dans le sous-échantiUon (N) 3. N = nombre total de sujets dans !e sous-échantillon CHAPITRE 2 • CARACTÉRISTIQUES DÉ LÉCHANTILLON DE LA POPUlAnON DÉ LENQUÊTE 17 Chapitre 3 PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX BretonJ.J.,M.D.,M.Sc, Bergeron, L., M.Sc, Valla,J.P,M.D.,M.Sc, Berthiaume, C, M.Sc. 3.0 Introduction Les troubles mentaux peuvent se regrouper en quatre catégories : (1) les troubles anxieux, soit la phobie simple, l'angoisse de sépararion, l'hyperanxiété et l'anxiété généralisée; (2) les troubles dépressifs, soit la dépression majeure et la dysthymie; (3) le déficit de l'attention avec hyperactivité; (4) le trouble d'opposition avec provocanon et le trouble des conduites^^\ Les troubles anxieux et les troubles dépressifs sont dits intériorisés parce que les sujets les vivent surtout sous forme de souffrance intérieure. Lhyperactivité, le trouble d'opposition et le trouble des conduites sont dits extériorisés, car ils se manifestent surtout sous forme de comportements qui dérangent et sont facilement observables. Les troubles mentaux des enfants de 6 à 11 ans ont été étudiés auprès des enfants euxmêmes, de leurs parents et de leurs professeurs, alors que ceux des adolescents de 12 à 14 ans ont été évalués en questionnant les adolescents et leurs parents. Afin de comparer les prévalences obtenues dans l'enquête québécoise, nous avons retenu cinq enquêtes de popularion sur les troubles mentaux des jeunes, réalisées au cours de la dernière décennie. Ces cinq enquêtes ont porté sur un échantillon représentatif de la popularion étudiée et ont fait appel à des quesrionnaires structurés permettant d'identifier les troubles mentaux selon les critères de la classihcarion DSMIII. Il s'agit des études réalisées en Nouvelle-Zélande (Anderson et coll., 1987), à Porto Rico (Bird et coll., 1988), en Ontario au Canada (Offord et coll., 1987), à New York (Vêlez et coll., 1989) et en Hollande (Verhulst et coll., 1985). Lmformation sur le lieu, Tannée de réahsation, le nombre et l'âge des sujets, les sources d'information, les critères de classificarion des troubles mentaux et les prévalences obtenues est résumée au tableau 3. Le chapitre débute par la présentation du contexte théorique de l'étude contemporaine de la prévalence des troubles mentaux. Les taux d'accord entre les informateurs questionnés lors de l'enquête québécoise sont ensuite décrits et discutés. Les prévalences des troubles mentaux des jeunes sont présentées, selon les trois groupes d'âge et le 1 Afin de simplifier la lecture du texte, le terme hyperactivité sera dorénavant utilisé pour désigner le déficit de l'attention avec hyperactivité et trouble d'opposition sera utilisé au lieu de trouble d'opposition avec provocation. CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX 19 sexe, et discutées en tenant compte des résultats des autres enquêtes. La comorbidité des troubles mentaux fait l'objet d'une présentation et d'une discussion qui tient compte de l'évaluation quanritative et qualitative de ce phénomène. Enfin, une brève présentation est faite des prévalences de troubles mentaux selon le milieu urbain ou rural, suivie d'une discussion. 3.1 Contexte théorique 3.1.1 Sources d'information Les jeunes et un des deux parents ont été retenus comme informateurs dans les cinq enquêtes mentionnées ci-dessus et les professeurs, dans quatre de ces enquêtes. C'est donc dire que l'étude contemporaine des troubles mentaux des jeunes repose sur la collaboration de plusieurs informateurs. Le recours à différentes sources d'information soulève par ailleurs le problème du désaccord entre les informateurs. Diverses stratégies ont été utilisées pour regrouper les sources d'information lors des enquêtes contemporaines sur la santé mentale des jeunes (tableau 3). Aucune de ces enquêtes ne présente la prévalence des troubles mentaux selon chaque informateur. Offord et coll. (1989a), lors d'une étude sur les variables associées aux troubles mentaux des jeunes de l'Ontario, mentionnent des taux d'accord sur la présence d'un trouble mental ou plus de 9,6 % et 3,9 % pour les garçons et filles de 4 à 11 ans (parent et professeur) et TABLEAU 3 Enquêtes contemporaines sur la santé mentale des jeunes ÉTUDE ANNÉE 1983 ÉCHANTILLON 3294 ÂGE 4-16 SOURCES D'INFORMATION CRITÈRES PARENT ; 4-16 ANS DSM-III ET (OFFORD ET PROFESSEUR : 4-11 ANS STRATÉGIE COLL., 1987) ADOLESCENT : 12-16 ANS STATISTIQUE ENFANT DSM-ÎII ET PARENT CAS MODÉRÉS PROFESSEUR OU GRAVES ONTARIO HOLLANDE (VERHULST ET 19831984 334 (2 ÉTAPES) 8 ET U COLL.. 1985) DSM-III ET CAS GRAVES NOUVELLEZÉLANDE 19831984 792 11 (ANDERSON ENFANT DSM-Ul SELON PARENT UN INFORMATEUR PROFESSEUR DSM-III SELON ET COLL., 1987) PORTO RICO (BiRD ET COLL., 1988) PRÉVALENCES 18,1 % 26,0 % 7,0% 17,6% 7,3% DEUX INFORMATEURS OU PLUS 19851986 777 4-16 (2 ÉTAPES) PARENT : 4-16 ANS DSM-m DSM-m ET PROFESSEUR : 6-16 ANS ÉCHELLE DE ENFANT ; 6-16 ANS 49,5 % 17,9 % GRAVITÉ (CGAS<61) NEW YORK (VELEZ ET COLL,, 1989) 20 1983 776 9-18 ENFANT ET ADOLESCENT PARENT DSM-m ET STRATÉGIE STAnsnQUE 19,4% (9-12 ANS) 16,4 % (13-18 ANS) CHAPITRE 3 . PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX de 16,1 % et 16,8 % pour les garçons et filles de 12 à 16 ans (parent et jeune). Il s'agit de niveaux d'accord faibles, tout comme ceux qu'on trouve dans des études réalisées auprès de jeunes qui ne fréquentent pas les services de pédopsychiatrie (Bird et coll., 1992; Costello et coll., 1988; Edelbrock et coll., 1986). L'accord est plus élevé lorsque les jeunes sont plus âgés et qu'il s'agit de comportements observables plutôt que de symptômes névrotiques (Edelbrock et coll., 1986; Verhulst et Akerhuis, 1989). Enfin, l'accord est supérieur s'il s'agit de deux adultes plutôt que d'un enfant et d'un adulte (Achenbach et coll., 1987). Le recours au jugement du clinicien, souvent uùlisé pour les études en milieu clinique, comporte des limites sur le plan méthodologique et ne peut être utilisé lors d'une enquête de population en raison du nombre élevé de sujets. Aucune des méthodes utilisées pour regrouper l'information ne fait actuellement consensus et il est improbable qu'on puisse définir des règles permettant d'identifier le meilleur informateur pour un trouble mental particulier (Bird et coll., 1992). Cependant, les connaissances acquises sur les différences de perception entre informateurs et sur les facteurs liés à ces différences de perception peuvent contribuer à la formularion de recommandauons uriles dans une perspective de santé publique. La réalité du désaccord entre informateurs, l'absence de consensus sur une stratégie pour regrouper l'informarion et la perrinence d'une meilleure connaissance des différences de perception sont à l'origine de la présentation des prévalences selon chaque informateur interrogé au Québec, 3.1.2 Age, sexe et gravité des troubles mentaux Âge et sexe La présentation des prévalences selon trois groupes d'âge et le sexe se justihe par des considérations théoriques, empiriques et cliniques. La psychopathologie développementale, qui intègre la norion de développement à l'étude des troubles mentaux, devient une composante essentielle de l'épidémiologie de la santé mentale des enfants et des adolescents (Rutter, 1988, 1989). Lappartenance sexuelle implique une interacrion de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux qui exerce une influence sur la prévalence des troubles mentaux (Earls, 1987). Cette différence devient particulièrement importante au moment de l'adolescence. Les adolescentes se révèlent plus sensibles à leur monde intérieur que les adolescents (Offer et Boxer, 1991) et elles éprouvent plus fréquemment des sentiments dépressifs (Rutter, 1986). Sur le plan empirique, les enquêtes démontrent que les prévalences varient selon les groupes d'âge, les enfants plus âgés présentant généralement plus de troubles mentaux, et selon le sexe, les garçons ayant généralement plus de troubles extériorisés que les filles (Bird et coll., 1988, 1989; Offord et coll., 1987, 1989a; Vêlez et coll., 1989). La présentarion des prévalences selon trois groupes d'âge et le sexe permet de mieux cibler les interventions dans les services cliniques. En milieu scolaire, les trois groupes d'âge choisis correspondent aux deux cycles du primaire et au premier cycle du secondaire. La connaissance des besoins des jeunes en foncrion de sous-groupes selon l'âge et le sexe favorise de plus une meilleure planification des services. CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DÉS TROUBLES MENTAUX 21 Échelle de gravité des troubles mentaux La définition des critères de la classificarion DSM-ill, publiée en 1980, a été faite de façon à ce que le plus possible de malades aient accès à des services. Une telle façon de procéder a cependant comme conséquence, lors de l'utilisation des quesrionnaires structurés, d'idenrifier des troubles mentaux chez des personnes qui n'en ont pas. Lutilisation d'une échelle de gravité permet alors de diminuer le nombre de ces personnes faussement reconnues comme présentant un trouble mental (faux positifs). Plutôt que d'urihser une échelle évaluant le foncrionnement global du jeune, nous avons eu recours aux trois questions posées à la fin de l'évaluation de chaque trouble mental dans le DlSC-2.25 et utilisées lors de l'étude pilote qui a précédé l'enquête (Bergeron et coll., 1992). Ces trois quesrions portent sur les conséquences des symptômes sur le fonctionnement à la maison, avec les amis et à l'école. 3.1.3 Définition de la comorbidité Il est nécessaire de distinguer clairement deux types de comorbidité : (1) la comorbidité apparente ou artificielle, les troubles étant paruellement ou totalement confondus les uns avec les autres; (2) la comorbidité vraie ou réelle, les troubles mentaux étant disrincts les uns des autres. La comorbidité vraie se définit comme la coexistence de deux troubles mentaux (ou catégories de troubles mentaux) distincts chez un même individu. Il s'agit d'un phénomène fréquent, tant parmi la popularion adulte (Kessler et coll., 1994) que parmi la popularion des enfants et des adolescents (Anderson et coll., 1987; Bird et coll., 1988; Offord et coll., 1989b). La comorbidité des troubles mentaux a une incidence sur la formulation du plan de traitement et peut, de façon particulière, conduire à des erreurs dans le traitement pharmacologique (Achenbach 1990-1991), Diverses explications ont été avancées pour expliquer le phénomène de la comorbidité observée : modèles conceptuels et diagnosriques urilisés pour classiher les troubles mentaux (Achenbach 1990-1991); frontières imprécises ou inappropriées entre les troubles mentaux et complexité du réseau des causes et des conséquences des troubles mentaux (Caron et Rutter, 1991). Létude de la comorbidité en milieu clinique est soumise à des biais dus à la gravité de la maladie comme déterminant de l'utilisarion des services et aux poliriques d'admission des services (Berkson, 1946), Il est nécessaire de recourir à des études de population pour une évaluation adéquate de la comorbidité des troubles mentaux. 3.1.4 Évaluation quantitative et qualitative de la comorbidité Lévaluation quantitative de la comorbidité se réalise de deux façons. En premier lieu, on établit un taux de comorbidité, soit une fracrion dont le dénominateur est le nombre de sujets qui présentent au moins un trouble mental (ou catégorie de trouble mental) et le numérateur, le nombre de sujets qui présentent deux troubles mentaux (ou catégories de troubles mentaux) ou plus. Ainsi, lors d'une enquête, le taux de comorbidité est de 50 % si, parmi les 400 sujets qui ont au moins un trouble mental, 200 en présentent deux ou plus. En second lieu, il est possible de considérer tous les troubles mentaux ou les catégones de troubles mentaux évalués lors d'une enquête et d'établir le rapport de la comorbidité observée sur la comorbidité attendue. La 22 CHAPITRE 3 - PREVALENCE DES TROUBLÉS MENTAUX comorbidité attendue se définit comme le taux de comorbidité qu'on peut trouver par chance. La comorbidité observée est celle qu'on trouve lors de l'analyse des résultats, Lévaluation qualitative concerne la comorbidité attendue et observée de seulement deux troubles mentaux (ou catégories) précis. En premier lieu, on s'assure que le taux de comorbidité observé de ces deux troubles (ou catégories) est significativement plus élevé que le taux de comorbidité attendue. Dans un deuxième temps, il est possible d'étudier les pourcentages d'association entre ces deux troubles précis (ou catégories). 3.1.5 Milieu urbain et milieu rural Les enquêtes épidémiologiques réalisées auprès d'enfants ou d'adolescents au sujet de l'influence du milieu de résidence sur la prévalence des troubles mentaux révèlent généralement des prévalences plus élevées en milieu urbain qu'en milieu rural (Offord et coll., 1987; Rutter et coll., 1975; Zahner et coll., 1993). Linterprétarion de ces résultats comporte cependant un certain nombre de difficultés. La définition du milieu urbain ou rural varie d'un pays à l'autre en fonction des paramètres choisis par les organismes responsables des recensements de la popularion. D'autre part, certains auteurs tiennent compte des variables de confusion comme la race et la classe sociale. D'autres considèrent que les prévalences non ajustées traduisent des niveaux de psychopathologie dont la planification des services doit de toute façon tenir compte (Zahner et coll., 1993). Lors de l'enquête québécoise, le milieu urbain ou rural a été défini par Statistique Canada selon le nombre d'habitants et la densité de popularion, à parrir des données du recensement de 1991. La présentarion des prévalences, selon le milieu urbain ou rural, ne tient pas compte des variables de confusion susceptibles de modifier les résultats. 3.2 Résultats 3.2.1 Accord entre les informateurs 3.2.1.1 Introduction Les taux d'accord observés sont présentés pour chaque trouble mental et pour la présence d'au moins un trouble, selon les groupes d'âge et le sexe. Le taux d'accord est calculé par paires d'informateurs. Le taux d'accord est le rapport entre le nombre de sujets qui présentent le trouble mental selon chaque informateur et le nombre de sujets qui ont le trouble mental selon l'un et/ou l'autre informateur. 3.2.1.2 Enfants et adolescents de 6 à 14 ans Pour les enfants de 6 à 8 ans, le taux d'accord le plus élevé est observé entre le parent et le professeur au sujet de l'hyperactivité. 11 atteint 18 %. Il n'existe aucun accord sur le trouble des conduites quelle que soit la paire d'informateurs considérée. Laccord entre enfant et parent sur la présence d'au moins un trouble mental est de 13,9 %. CHAPITRE 3 • PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX 23 Pour les enfants de 9 à 11 ans, les taux d'accord entre parents et professeurs s'élèvent à 13,6 % pour l'hyperactivité et à 23,8 % pour le trouble d'opposiuon. Il n'existe aucun accord au sujet du trouble des conduites entre l'enfant et le professeur, et entre le parent et le professeur. Laccord sur la présence d'au moins un trouble mental entre l'enfant et le parent s'établit à 15,3 %. C'est pour la phobie simple que l'accord est le plus élevé entre l'adolescent et le parent (12 %). Il n'existe aucun accord au sujet de l'anxiété généralisée, de la dysthymie et du trouble d'opposition. Laccord au sujet du trouble des conduites atteint 10,8 %. Il se situe à 18 % pour la présence d'au moins un trouble mental. Ce dernier pourcentage est supérieur à ceux qui ont été obtenus pour les deux autres groupes d'âge. 3.2.1.3 Discussion Les taux d'accord sont faibles, tout comme ceux qui ont été trouvés en Ontario (Offord et coll., 1989a). Les deux informateurs adultes s'entendent mieux que l'informateur enfant et un informateur adulte sur la présence des troubles mentaux, ce qui est conforme aux études connues (Achenbach et coll., 1987). Lamélioration de l'accord sur la présence d'au moins un trouble mental chez les sujets plus âgés est conforme aux études antérieures (Edelbrock et coll., 1986; Offord et coll., 1989; Verhulst et Akerhuis, 1989). Les différences entre les informateurs se révèlent importantes et démontrent la nécessité de quesrionner le jeune, les parents et les professeurs lors de Tévaluarion des troubles mentaux. 3.2.2 Prévalence des troubles mentaux 3.2.2.1 Introduction Les prévalences esumées de chacun des troubles mentaux sont maintenant décrites. De plus, les prévalences d'au moins un trouble intériorisé, d'au moins un trouble extériorisé et d'au moins un trouble mental sont présentées. La présentarion des prévalences est faite pour chaque groupe d'âge, chaque informateur et selon le sexe. Une étude comparative de la prévalence des troubles mentaux selon les trois groupes d'âge est également réalisée. 3.2.2.2 Enfants de 6 à 8 ans Informateur enfant Lhyperactivité (5,6 %) et l'angoisse de sépararion (5,1 %) se révèlent les troubles mentaux les plus fréquents chez les garçons. La phobie simple (4,7 %) et l'angoisse de séparation (4,6 %) sont les troubles mentaux les plus fréquents chez les filles. La prévalence d'hyperaciivité est significativement plus élevée chez les garçons que chez les filles et la prévalence de phobie simple est significativement plus élevée chez les filles que chez les garçons. La prévalence d'au moins un trouble extériorisé est significativement plus élevée chez les garçons que chez les filles (tableau 4). 24 CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX Informateur parent Selon les parents, la phobie simple (12,5 %) et Thyperactiviié (9,6 %) se révèlent les troubles mentaux les plus fréquents chez les garçons. Également, la phobie simple (16,9 %) et l'hyperacrivité (4,1 %) sont les troubles mentaux les plus prévalents chez les filles. Les garçons présentent des prévalences d'hyperactivité et de trouble d'opposition significativement plus élevées que celles des filles et les filles, une prévalence d'angoisse de sépararion significativement plus élevée que celle des garçons. Les prévalences d'au moins un trouble extériorisé avec ou sans problèmes d'adaptation et d'au moins un trouble mental avec un ou plusieurs problèmes d'adaptation se révèlent significauvement plus élevées chez les garçons que chez les filles (tableau 4). Informateur professeur C'est l'hyperactivité qui s'avère le trouble mental extériorisé le plus fréquent chez les garçons (12,1 %) et chez les filles (7,5 %). Lhyperactivité avec au moins un problème d'adaptation se révèle significativement plus élevée chez les garçons que chez les hlles, tout comme la prévalence d'au moins un trouble extériorisé avec ou sans problèmes d'adaptation (tableau 4). Discussion Les garçons de 6 à 8 ans constituent un groupe plus à risque que les filles du même groupe d'âge pour les raisons suivantes : (1) les garçons rapportent une prévalence d'au moins un trouble extériorisé signihcativement plus élevée que les hlles; (2) les parents considèrent que les troubles mentaux sont plus souvent associés à des problèmes d'adaptarion chez les garçons que chez les filles (13,6 % et 7,5 %) et la différence est signihcative; (3) selon les professeurs, les garçons présentent deux fois plus d'hyperactivité avec au moins un problème d'adaptation et deux fois plus de troubles extériorisés avec ou sans problèmes d'adaptation que les filles et ces différences sont significatives. La prévalence plus élevée d'hyperactivité chez les garçons que chez les hlles a aussi été retrouvée en Ontario chez les enfants de 4 à 11 ans (Offord et coll., 1987), à Porto Rico (Bird et coll., 1989) chez les enfants de 6 à 11 ans et en Hollande (Verhulst et coll., 1985) chez les enfants de 8 ans. La différence est significative dans l'étude de Porto Rico. Il est intéressant de constater qu'au Québec également, l'enfant, tout comme le parent, rapporte une prévalence significativement plus élevée d'hyperactivité (et le professeur une prévalence significativement plus élevée d'hyperactivité avec un ou des problèmes d'adaptarion) chez les garçons que chez les filles. Le fait que les parents rapportent significativement moins (p < 0,05) de symptômes dépressifs chez les garçons que les garçons eux-mêmes a des implications pour l'intervention en milieu chnique. Il semble que les garçons taisent leur tristesse intérieure ou l'expriment sans que les parents la saisissent. Les parents des garçons de 6 à 8 ans étant peu susceptibles de signaler des symptômes dépressifs, la recherche de ces symptômes est particulièrement importante lors de l'évaluation individuelle du garçon de 6 à 8 ans. En milieu scolaire, il est opportun d'avoir à l'esprit que l'absence CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX 2S de comportements perturbateurs chez les garçons de cet âge ne signifie pas nécessairement l'absence de troubles mentaux. Le fait que le trouble des conduites soit peu identifié par les parents a également des implications pour l'évaluation. Cette observation démontre l'importance de l'examen individuel des enfants de 6 à 8 ans présentant des troubles de comportement. Pour ce qui est de l'intervention, le manque d'accord entre les enfants et les parents au sujet des symptômes de trouble des conduites peut être urilisé pour justifier la perrinence de l'engagement des parents dans le processus thérapeutique. 3.2.2.3 Enfants de 9 à 11 ans Informateur enfant Le trouble d'opposition (9,1 %) et l'hyperactivité (6,9 %) s'avèrent les troubles mentaux le plus fréquemment rapportés par les garçons. Lhyperanxiété et la dépression majeure sont les troubles mentaux le plus souvent rapportés par les filles (5,8 % et 2,9 %). Les garçons rapportent significarivement plus d'hyperacuvité, de trouble d'opposition et de trouble des conduites que les filles. Par ailleurs, les filles identifient une prévalence d'hyperanxiété significativement plus élevée que celle des garçons. La prévalence d'au moins un trouble extériorisé est significativement plus élevée chez les garçons que chez les filles, alors que la prévalence d'au moins un trouble intériorisé est significativement plus élevée chez les filles que chez les garçons (tableau 4). Informateur parent Les parents rapportent que 12 % des garçons souffrent de phobie simple et 7,3 % d'hyperactivité. Les troubles mentaux les plus fréquents chez les filles sont la phobie simple (13,3 %) et l'hyperanxiété (2,5 %), Les parents rapportent des prévalences d'hyperactivité avec ou sans problèmes d'adaptation significativement plus élevées chez les garçons que chez les filles. La prévalence d'au moins un trouble extériorisé est significativement plus élevée chez les garçons que chez les filles (tableau 4). Informateur professeur Lhyperactivité et le trouble d'opposition se révèlent les troubles mentaux extériorisés les plus fréquents chez les garçons (13,2 % et 4,6 %). Seulement 2,9 % des filles sont hyperactives et aucune ne présente un trouble d'opposition ou un trouble des conduites. Les professeurs rapportent significativement plus d'hyperactivité avec ou sans problèmes d'adaptation et significativement plus de trouble d'opposition avec ou sans problèmes d'adaptation chez les garçons que chez les filles (tableau 4). La prévalence d'au moins un trouble extériorisé est significativement plus élevée chez les garçons que chez les filles. 2B CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX TABLEAU 4 Prévalences des troubles mentaux selon le groupe d'âge et le sexe TROUBLE MENTAL INFORMATEUR 6 À 8 ANS 9 A 11 ANS 12 k 14 ANS % % % SEXE P'.i) PHOBIE SIMPLE DSM-III-R D S M - I U - R ET ADAPTATION JEUNE GARÇONS FILLES 1,7 M,7 PARENT GARÇONS FILLES 16,9^>^ 0,8 1,9 12,02>3 13,3 GARÇONS FILLES - - PARENT GARÇONS FILLES 2,0 2,9 1,3 2,4 JEUNE GARÇONS FILLES 5 i l > 2 , !>3 4,6^^^ 1,4 2,3 1,6 1,2 JEUNE 4,6^^2 *16,13>I,3>2 5,1 10,1 0,9 *4,2 1,1 1,7 ,002 ,000 ,001 ,039 : NS NS ANGOISSE DE SÉPARATION DSM-III-R PARENT D S M - l l l - R ET ADAPTATION GARÇONS FILLES 0,9 *3 5i>2+3 JEUNE GARÇONS FILLES - - PARENT GARÇONS FILLES 0,7 1,6 0,9 0,5 JEUNE GARÇONS FILLES 4,2^>3 3,5 PARENT GARÇONS FILLES JEUNE GARÇONS FILLES 1,8 3,1 - PARENT GARÇONS FILLES 1,8 1,7 GARÇONS FILLES _ PARENT GARÇONS FILLES 1,6 1.3 JEUNE GARÇONS FILLES _ PARENT GARÇONS FILLES 1,6 1,1 1,6 1,0 JEUNE GARÇONS FILLES 4,ri>3 4,I2>3 2,5 0,8 0,9 2,9 1,2 1,1 1,1 1,5 1,8 1,1 0,6 0,7 1,4 0,5 .001 ,033 NS ,035 : NS NS HYPERANXIÉTÉ DSM-Ill-R DSM-III-R ET ADAPTATION 2,0 *5,8 3,0 2,5 : 2,1 1,7 0,4 *2,6 4,4 6,33>2 0,2 *1,7 3,7 4j3>i.2 ,002 NS NS ,023 NS ,021 ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE DSM-III-R DSM-III-R ET ADAPTATION JEUNE _ 1,9 1,3 - 0,2 1.5 2,4 2,0 0,2 1,0 2,2 2.0 _ NS NS _ NS NS DÉPRESSION MAJEURE DSM-III-R D S M - I I I - R ET ADAPTATION PARENT GARÇONS FILLES JEUNE GARÇONS FILLES - - PARENT GARÇONS FILLES 0,8 0,6 1.2 1,1 0,7 *4,3 1,6 2,4 0,7 *3,5 1,6 2.4 ,007 NS NS NS NS NS 6 à 8 ans : n - 760 jeunes et parents; 692 professeurs. 9 à 11 ans : n = 816 jeunes et parents; 731 professeurs. 12 à 1 4 a n s : n = 825 jeunes et parents. , , , rr 1 Le test Khi-deux est utilisé pour comparer les groupes d'âge (NS = non significatil). Dans le cas d'une dUlérence Signiiscative, les prévalences significativement les plus élevées sont indiquées (3>2 indique une prévalence plus élevée chez tes 12 à 14 ans que chez les 9 à 11 ans). , ,„ , , , , , . , * Le test Khi-deux révèle une diflérence significative entre les garçons et les filles. Lasténsque indique la prévalence la plus élevée CHAPITRE 3 • PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX 27 TABLEAU 4 (suite) TROUBLE MENTAL INFORMATEUR 6 À 8 ANS 9 À 11 ANS 12 Â 14 ANS % % % SEXE p(l) DYSTHYMIE DSM-m-R JEUNE GARÇONS FILLES PARENT GARÇONS FILLES DSM-IU-R ET AD.APTATION JEUNE GARÇONS FILLES PARENT GARÇONS FILLES - - 0,4 0,0 0.6 0.0 0,9 - _ - 0,4 0,0 0,6 0,0 0.4 1,0 0,9 0,4 *2,1 1 93>1.3>2 l 73>l+2 NS ,002 NS ,004 HYPERACTIVITÉ DSM-lII-R JEUNE GARÇONS FILLES PARENT GARÇONS FILLES PROFESSEUR GARÇONS FILLES DSM-lU-R ET ADAPTATION JEUNE GARÇONS FILLES PARENT GARÇONS FILLES PROFESSEUR GARÇONS FILLES *5,6 *6.92>3 1,8 1,5 *9,6 *7,3 4,1 12,1 7,5^>2 _ *3^4i>3 2,3 *11,1 6,3^>^ 2,1 *13,2 2,9 _ *6,3 1,5 *12,5 2,4 *2,8 0.7 *5,1 1,9 _ 2,1 0,5 *3,8 1,2 - ,038 NS NS NS NS ,010 ,034 NS NS ,017 TROUBLE D'OPPOSITION DSM-m-R JEUNE PARENT GARÇONS 45l>3 *9 i^-^r 2>3 FILLES 2,5 2^3 3.5 1,7 M,6 0,0 GARÇONS FILLES PROFESSEUR GARÇONS FILLES DSM-IU-R ET ADAPTATION JEUNE GARÇONS FILLES PARENT GARÇONS FILLES PROFESSEUR GARÇONS FiLLES *4,1 1.4 2,1 1,1 _ *3,9 1,1 2,1 1,1 _ ~ ,000 NS NS NS NS NS _ - 0,0 0,9 _ - 3.5 1.7 3,1 2,8 NS NS NS NS *4,6 0,0 0,5 0,9 3,1 2.8 _ - TROUBLE DES CONDUITES DSM-ni-R JEUNE GARÇONS FILLES PARENT GARÇONS FILLES PROFESSEUR GARÇONS FiLLES 1,7 2,1 0,2 0,2 1.4 0.0 *3,0 0,6 0,9 0,0 1,2 0,0 3,2 1,4 0.8 0,5 _ - NS NS NS NS NS - 6 à 8 a n s n = 760 jeunes et parents; 692 professeurs. 9 à 11 ans : n = 816 jeunes et parents; 731 professeurs, 12 à 14 ans : n = 825 Jeunes et parents. 1 Le test Khi-deux est utilisé pour comparer les groupes d'âge (NS = non significatiO. Dans le cas d'une différence significative, les prévalences significativement les plus élevées sont indiquées t3>2 indique une prévalence plus élevée chez les 12 à 14 ans que chez ies 9 à 11 ans). • Le test Khi-deux révêle une différence significative entre les garçons et les filles. Lastérisque indique la prévalence la plus élevée, 28 CHAPITRE 3 . PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX TABLEAU 4 (suite) TROUBLÉ MENTAL DSM-III-R ET ADAPTATION INFORMATEUR SEXE 6 À 8 ANS % 9 Â 1 1 ANS % 12 À 14 ANS % p(l) JEUNE GARÇONS FILLES - - 2,1 0,9 - PARENT GARÇONS FILLES 0,2 0,2 0,9 0,0 0,8 0,2 NS NS PROFESSEUR GARÇONS FILLES 1,4 0,0 1,0 0.0 - NS JEUNE GARÇONS FILLES 11.2i>2 GARÇONS FILLES 15.9l^2>3 AU MOINS UN TROUBLE INTÉRIORISÉ DSM-IU-R PARENT DSM-III-R ET ADAPTATION 11.3 20,8 6,0 no.3 15,0 15,7 6,5 *22 3-^^-^' ^^^ ,019 ,000 10,0 n7,7 ,050 NS 2,2 *9,0 - 4,6 4,6 5,8 8,5 NS NS *13,02>3 3,6 5,7 3,0 ,003 NS 7,3 4,2 NS NS _ NS .007 JEUNE GARÇONS FILLES - - PARENT GARÇONS FILLES 5,6 5,3 JEUNE GARÇONS FILLES •8,8 4,0 PARENT GARÇONS FILLES •11,2 4,9 PROFESSEUR GARÇONS FILLES *13,5 8,0l>2 JEUNE GARÇONS FILLES A u MOINS UN TROUBLE EXTÉRIORISÉ DSM-UI-R DSM-III-R ET ADAPTATION PARENT GARÇONS FILLES PROFESSEUR GARÇONS FILLES *9.9 2,9 *12,5 6,7l>2 *8,4 3,6 *14,8 2,9 *7,4 3,0 *13,8 2,4 3.7 2,3 _ 6,0 3,8 NS NS _ NS ,011 A u M O I N S UN TROUBLE DSM-UI-R DSM-III-R ET ADAPTATION JEUNE GARÇONS FILLES 16,8 13,7 16,0 13,1 PARENT GARÇONS FILLES 23,7^>^ 23,9 20,2 17,9 15,0 19,6 ,014 NS JEUNE GARÇONS FILLES _ 5,5 *10,6 _ GARÇONS FILLES *13,6 7,5 PARENT 9,7 6,9 11,1 *24 2-^^^' -^^^ 9,8 10,2 NS .000 NS NS 6 à 8 a n s : n = 760jeunes et parents; 692 professeurs, 9 à U ans : n = 816 jeunes et parents; 731 professeurs, 12 à 14 ans : n = 825 jeunes et parents, 1. Le test Khi-deux est utilisé pour comparer les groupes d'âge (NS = non significatiO, Dans le cas d'une différence significative, les prévalences significativement les plus élevées sont indiquées (3>2 indique une prévalence plus élevée chez les 12 à 14 ans que chez les 9 à 11 ans), , , , , * Le test Khi-deux révèle une différence significative entre les garçons et les filles, Lastérisque indique la prévalence la plus élevée. CHAPITRE 3 - PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX Z9 Discussion Les garçons de 9 à 11 ans constituent un groupe plus à risque que les filles du même groupe d'âge pour les raisons suivantes : (1) les garçons rapportent des prévalences significativement plus élevées d'hyperactivité, de trouble d opposition et de trouble des conduites que les filles; (2) selon les parents, la prévalence de Thyperactivité chez les garçons est significativement plus élevée que celle des filles, tout comme la prévalence d'au moins un trouble extériorisé; (3) selon les professeurs, la prévalence d'au moins un trouble extériorisé, avec ou sans problèmes d'adaptarion est cinq à six fois plus élevée chez les garçons. Les différences se révèlent significatives. Les résultats des enquêtes de l'Ontario au sujet des enfants de 4 à 11 ans (Offord et coll., 1987), de Porto Rico auprès des enfants de 6 à 11 ans (Bird et coll., 1989) et de la Nouvelle-Zélande au sujet des jeunes de 11 ans (Anderson et coll., 1987) démontrent également que les garçons présentent plus d'hyperactivité et de trouble d'opposition ou de trouble des conduites que les filles. Ce risque accru lié au sexe se reflète (tout comme pour les enfants de 6 à 8 ans) dans la dispensation des ser\aces de pédopsychiatrie. Les garçons de 6 à 11 ans présentant un trouble mental reçoivent plus de services que les filles (Breton et coll., 1975; Lapone, 1987; Mackay et coll., 1968, Valla, 1983; Valla et coll., 1993). En milieu scolaire, psychologues et orthopédagogues pourraient accorder aux professeurs une aide portant sur les attitudes susceptibles d'améliorer la prise en charge de classes où il y a près de un élève sur dix (8,1 % des enfants de 9 à 11 ans) qui est hyperactif. Lhyperactivité étant un trouble fréquemment rencontré dans les services cliniques (Valla et coll., 1993), la collaboration établie entre les professionnels de ces services, ceux des écoles et les professeurs se révèle certainement pertinente et pourrait prendre plus d'ampleur Le fait que les filles de 9 à 11 ans rapportent deux fois plus d'hyperanxiété que n'importe quel autre trouble mental démontre la pertinence d'établir une bonne communication avec les filles de ce groupe d'âge. Il devient alors possible de diminuer les inquiétudes excessives qu'elles ressentent au sujet d'événements passés ou futurs. 3.2.2.4 Adolescents de 12 à 14 ans Informateur adolescent Chez les garçons, la phobie simple (4,6 %) et le trouble des conduites (3,2 %) se révèlent les troubles mentaux les plus fréquents. La phobie simple (16,1 %) et la dépression majeure (4,3 %) se révèlent les troubles mentaux le plus souvent idenrifiés par les filles. Les filles rapportent des prévalences significativement plus élevées de phobie simple, d'hyperanxiété, de dépression majeure et de dysthymie que les garçons. La différence demeure significative pour ces troubles mentaux lorsque la présence d'au moins un problème d'adaptation est prise en compte, à l'exception de la dysthymie. Les prévalences d'au moins un trouble mental et d'au moins un trouble intériorisé rapportées par les filles sont significativement plus élevées que celles qui sont rapportées par les garçons, Les garçons rapportent une prévalence d'hyperacuvité significativement plus élevée que les filles (tableau 4). 30 CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX Informateur parent La phobie simple (5,1 %) et l'hyperactivité (5,1 %) sont les deux troubles mentaux les plus fréquents chez les garçons; la phobie simple (10,1 %) suivie de l'hyperanxiété (6,3 %) s'avèrent les troubles mentaux les plus prévalents chez les filles. Les prévalences d'hyperactivité avec ou sans problèmes d'adaptation se révèlent significativement plus élevées chez les garçons que chez les filles. Par ailleurs, la prévalence d'au moins un trouble intériorisé est significativement plus élevée chez les filles que chez les garçons (tableau 4). Discussion Les filles de 12 à 14 ans constituent un groupe plus à risque que les garçons du même groupe d'âge pour les raisons suivantes : (1) elles rapportent deux fois plus de troubles mentaux que les garçons (24,2 % et 11,1 %) et deux fois plus de troubles mentaux avec au moins un problème d'adaptation (10,6 % et 5,5 %), et ces différences sont significatives; (2) les filles rapportent significativement plus d'hyperanxiété, de dépression majeure et de dysthymie que les garçons quoique ces derniers identifient significativement plus d'hyperactivité; (3) les parents rapportent une prévalence d'au moins un trouble intériorisé significativement plus élevée chez les filles que chez les garçons. En Ontario, les filles de 12 à 16 ans présentent une prévalence plus élevée de trouble émorionnel que les garçons (13,6 % et 4,9 %) et il en est ainsi de la somatisarion (10,7 % et 4,5 %) (Offord et coll., 1987). Par ailleurs, une prévalence plus élevée de dépression n'a pas été retrouvée chez les filles de 12 à 16 ans en Ontario (Flemming et coll., 1989). Ce sont les adolescentes, dont une sur quatre présente au moins un trouble mental, qui sont les plus atteintes parmi les six groupes (garçons et filles des trois groupes d'âge) étudiés lors de l'enquête. Elles ont entre 12 et 14 ans et commencent leur puberté. Cette étape, qui implique un réaménagement de leur vie relationnelle, joue sûrement un rôle imponant. Les parents et les personnes significatives de l'entourage doivent prendre conscience de la prévalence élevée de ces troubles phobiques et anxiodépressifs afin d'accorder à ces jeunes adolescentes tout le soutien dont elles ont grandement besoin. Les première et deuxième années de l'école secondaire constituent une période de transirion difficile dans un contexte où les relations deviennent moins personnalisées. Les adolescentes, en raison de la prévalence élevée de troubles mentaux intériorisés, se révèlent particulièrement à risque. Le souci d'une bonne communication à tous les paliers de l'organisation scolaire pourrait les aider Lorganisation de groupes d'adolescentes, en première année du secondaire, pourrait également être envisagée. 3.2.2.5 Comparaison des trois groupes d'âge 3.2.2.5.1 PHOBIE SIMPLE Les garçons de 12 à 14 ans rapponent une prévalence significativement plus élevée de phobie simple que ceux de 9 à 11 ans, alors que les filles de 12 à 14 ans rapportent une prévalence significativement plus élevée de phobie simple que celles de 6 à 8 a n s e t d e 9 à 11 ans. CHAPITRE 3 • PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX 31 Le parent, quant à lui, rapporte significarivement plus de phobie simple chez les garçons de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans que chez ceux de 12 à 14 ans et plus chez les filles de 6 à 8 ans que chez celles de 12 à 14 ans (tableau 4). 3.2.2.5.2 ANGOISSE DE SÉPARATION Les garçons de 6 à 8 ans rapportent une prévalence d'angoisse de séparation significativement plus élevée que ceux de 9 à 11 ans et de 12 à 14 ans, alors que les filles de 6 à 8 ans rapportent une prévalence significativement supérieure à celles de 12 à 14 ans (tableau 4). Selon le parent, les filles de 6 à 8 ans ont une prévalence plus élevée d'angoisse de séparation que la prévalence combinée des filles de 9 à 14 ans. La différence est significative. Ces résultats sont conformes à ceux qui ont été obtenus lors de l'enquête de Porto Rico (Bird et coll., 1989). 3.2.2.5.3 HYPERANXIÉTÉ Les garçons de 6 à 8 ans rapportent une prévalence significativement plus élevée d'hyperanxiété que ceux de 12 à 14 ans, alors que les parents rapportent que les filles de 12 à 14 ans ont une prévalence d'hyperanxiété significativement plus élevée que celles de 9 à 11 ans. Lorsqu'on tient compte des problèmes d'adaptation, les parents rapportent significativement plus de trouble d'hyperanxiété chez les filles de 12 à 14 ans que chez celles de 6 à 11 ans (tableau 4). 3.2.2.5.4 DÉPRESSION MAJEURE Les garçons de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans rapportent une prévalence significativement plus élevée de dépression majeure que ceux de 12 à 14 ans (tableau 4). 3.2.2.5.5 DYSTHYMIE Les parents rapponent une prévalence significativement plus élevée de dysthymie chez les filles de 12 à 14 ans que chez celles de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans et, lorsqu'on tient compte des problèmes d'adaptation, une prévalence significativement plus élevée chez les filles de 12 à 14 ans que la prévalence combinée des filles de 6 à 11 ans. 3.2.2.5.6 HYPERACTIVITÉ Les garçons de 9 à 11 ans rapponent une prévalence d'hyperactivité significativement plus élevée que ceux de 12 à 14 ans. La même constatation a été faite lors des enquêtes ontarienne (Offord et coll., 1987) et portoricaine (Bird et coll., 1989). Les professeurs, quant à eux, rapportent que ce sont les filles de 6 à 8 ans, comparativement à celles de 9 à i l ans, qui ont le plus fréquemment ce trouble mental. Lorsque les problèmes d'adaptation sont pns en compte, les parents rapportent significarivement plus d'hyperacrivité chez les garçons de 6 à 8 ans que chez ceux de 12 à 14 ans, alors que, selon le professeur, ce sont les filles de 6 à 8 ans qui ont le plus fréquemment ce trouble mental comparativement à celles des 9 à 11 ans (tableau 4). 3.2.2.5.7 TROUBLE D'OPPOSITION Les garçons de 6 à 8 ans et de 9 à U ans rapportent significativement plus de trouble d'opposiuon que ceux de 12 à 14 ans et les garçons de 9 à 11 ans significativement plus que ceux de 6 â 8 ans (tableau 4). 32 CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX 3.2.2.5.8 AU MOINS UN TROUBLE INTÉRIORISÉ La présence d'au moins un trouble intériorisé est rapportée significativement plus fréquemment par les garçons de 6 à 8 ans que par ceux de 9 à 11 ans, alors que les filles de 12 à 14 ans rapponent une prévalence de ces troubles significativement plus élevée que celles de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans (tableau 4). Selon le parent, la différence significative se trouve entre les garçons de 6 à 11 ans et ceux de 12 à 14 ans. 3.2.2.5.9 AU MOINS UN TROUBLE EXTÉRIORISÉ La présence d'au moins un trouble extériorisé est rapportée plus fréquemment par les garçons de 9 à 11 ans que par ceux de 12 à 14 ans. Selon le professeur, ce sont les filles de 6 à 8 ans, comparativement à celles de 9 à 11 ans, qui ont le plus fréquemment ce type de trouble. Le même résultat est constaté lorsque les problèmes d'adaptation sont pris en compte. Ces résultats sont significarifs (tableau 4). 3.2.2.5.10 AU MOINS UN TROUBLE La présence d'au moins un trouble est rapportée significativement plus fréquemment par les filles de 12 à 14 ans que par celles de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans. Les parents, quant à eux, rapportent une prévalence d'au moins un trouble significativement plus élevée chez les garçons de 6 à 8 ans que chez ceux de 12 à 14 ans (tableau 4). 3.2.3 Comorbidité des troubles mentaux 3.2.3.1 Évaluation quantitative Taux de comorbidité Les taux de comorbidité de deux troubles mentaux ou plus ont été calculés pour chaque groupe d'âge selon les informateurs enfant et parent. Pour les enfants de 6 à 8 ans, les taux de comorbidité sont de 34 % selon l'informateur enfant et de 25 % selon l'informateur parent. Pour les enfants de 9 à 11 ans, les pourcentages s'élèvent à 27 %, tant selon l'enfant que selon le parent. Quant aux adolescents, les pourcentages s'établissent à 21 % selon l'adolescent et à 26 % selon le parent. Les taux de comorbidité ont également été calculés pour deux catégories de troubles mentaux ou plus. Ces catégories sont : les troubles anxieux (phobie simple, angoisse de sépararion, hyperanxiété et anxiété généralisée), les troubles dépressifs (dépression majeure et dysthymie), l'hyperacrivité et le trouble d'opposition/des conduites. Les pourcentages se situent à 22 % selon l'enfant et à 19 % selon le parent pour les enfants de 6 à 8 ans. Ils s'élèvent, selon ces deux mêmes informateurs, à 24 % et 20 % chez les enfants de 9 à 11 ans et à 18 % et 22 % chez les adolescents. Comorbidité attendue et observée Pour tous les troubles mentaux, quels que soient le groupe d'âge et l'informateur, la comorbidité observée est deux fois plus élevée que la comorbidité attendue. Les différences sont significatives à un niveau de 0,001. CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX 33 Pour les quatre catégories de troubles mentaux, quels que soient le groupe d'âge et l'informateur, la comorbidité observée est de deux fois ou plus supérieure à la comorbidité attendue. Les différences sont significatives à un niveau de 0,001. 3.2.3.2 Évaluation qualitative 3.2.3.2.1 INTRODUCTION Lévaluation qualitative de la comorbidité a été réalisée pour les six associations possibles à partir des quatre catégories de troubles mentaux ; troubles anxieux et troubles dépressifs; troubles anxieux et hyperactivité; troubles anxieux et trouble d'opposition/ des conduites; troubles dépressifs et hyperactivité; troubles dépressifs et trouble d'opposirion/des conduites et, enfin, hyperacrivité et trouble d'opposirion/des conduites. Le rapport comorbidité observée et comorbidité attendue est établi pour chaque associarion afin d'évaluer si le taux de comorbidité observée est significativement plus élevé que le taux de comorbidité attendue. Dans un deuxième temps, chacune des associauons est considérée sous l'angle de l'une ou l'autre des deux catégories afin d'étudier les deux modèles de comorbidité pour chaque association. 3.2.3.2.2 COMORBIDITÉ CHEZ LES ENFANTS DE 6 À 8 ANS Troubles anxieux et troubles dépressifs Quel que soit l'informateur, le pourcentage de comorbidité observée se révèle significativement plus élevé que le pourcentage de comorbidité attendue. Létude des modèles de comorbidité révèle que, tant selon l'enfant que selon le parent, les enfants déprimés sont souvent anxieux alors que les enfants anxieux présentent peu de dépression, surtout selon l'informateur parent (tableau 5). Troubles anxieux et hyperactivité Que l'informateur soit l'enfant ou le parent, le pourcentage de comorbidité observée est significativement plus élevé que le pourcentage de comorbidité attendue. Quel que soit l'informateur, seulement un enfant anxieux sur dix souffre également d'hyperactivité alors que deux à trois enfants hyperacrifs sur dix se révèlent aussi anxieux (tableau 5). Troubles arixieux et trouble d'opposition/des conduites Selon l'informateur enfant, le pourcentage de comorbidité observée est significarivement plus élevé que le pourcentage de comorbidité attendue. La différence n'est cependant pas significative selon l'informateur parent. Quel que soit l'informateur, un enfant anxieux présente rarement un trouble d'opposition/des conduites. Par contre, trois fois sur dix, un enfant présentant de l'opposition/trouble des conduites est aussi anxieux (tableau 5). Troubles dépressifs et hyperactivité La différence entre les pourcentages de comorbidité observée et de comorbidité attendue se révèle significative quel que soit l'informateur 34 CHAPITRE 3 • PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX TABLEAU 5 Comorbidité de quatre catégones de troubles mentaux selon Vinformateur chez les enfants de6 à8 ans^^^ TROUBLES ANXIEUX TROUBLES ANXIEUX SELON CENFANT SELON LE PARENT tN = 70)^2) % (^^ 130) % - TROUBLÉS DÉPRESSIFS 13,7^3) HYPERACTIVITÉ TROUBLE D'OPPOSITION/ SELON ÈENFANT (N = 25) SELON LE PARENT (N = 8) SELON CENFANT (N = 29) SELON LE PARENT (N = 52) % % % 52,0 37,9 SELON ÈENFANT SELON LE PARENT % (N = 34) % (N = 22) % 26,5 33,0 33,7 30,3 38,1 6,7 26,4 15,6 40,2 59,0 _ _ 3^2 - 10,8 13,2 43,0 42,8 - 16,5 5,2 35,6 41,1 48,1 DÉS CONDUITES 1 Un ensemble de 760 enfants de 6 à 8 ans et leurs parents ont rempli les questionnaires 2, Taille de l'échantillon. 3 Parmi les 70 enfants présentant au moins un trouble anxieux, 13,7 % présentent également au moins un trouble dépressif en TROUBLE D'OPPOSITION/ DES CONDUITES j-jYPERACnViTÉ TROUBLES DÉPRESSIFS 25,6 Selon les deux informateurs, près d'un enfant déprimé sur deux est hyperacrif. Selon l'enfant, un enfant hyperactif sur trois est aussi déprimé, alors que le parent identifie peu de dépression chez l'enfant hyperacrif (tableau 5). Troubles dépressifs et trouble d'opposition/des conduites La différence entre les pourcentages de comorbidité observée et de comorbidité attendue se révèle significative quel que soit l'informateur Les deux informateurs considèrent que de trois à quatre enfants déprimés sur dix ont aussi un trouble d'opposition/des conduites, alors que les enfants présentant un trouble d'opposition/des conduites se révèlent moins déprimés (tableau 5). Hyperactivité et trouble d'opposition/des conduites Quel que soit l'informateur, le pourcentage de comorbidité observée se révèle significativement plus élevé que le pourcentage de comorbidité attendue. Selon les deux informateurs, l'hyperactivité et le trouble d'opposition/des conduites se révèlent fréquemment associés quel que soit le modèle considéré (tableau 5). 3.2.3.2.3 COMORBIDITÉ CHEZ LES ENFANTS DE 9 À 11 ANS Troubles anxieux et troubles dépressifs Lorsque l'enfant est quesrionné, le pourcentage de comorbidité observée se révèle significativement plus élevé que celui de la comorbidité attendue. La différence se révèle également significative lorsque c'est le parent qui répond aux questions. Selon l'informateur enfant, parmi les sujets présentant au moins un trouble anxieux, un sur cinq présente également au moins un trouble dépressif et, selon l'informateur parent, seulement un sur vingt. Par contre, parmi les sujets ayant au moins un trouble dépressif, selon l'enfant, un sur trois présente également au moins un trouble anxieux et, selon le parent, un sur deux (tableau 6). Troubles anxieux et hyperactivité Quel que soit l'informateur, la différence entre les pourcentages de comorbidité observée et de comorbidité attendue se révèle significative. Parmi les enfants anxieux, de un à deux sur dix se révèlent aussi hyperacrifs, alors que de deux à quatre enfants hyperactifs sur dix se révèlent aussi anxieux (tableau 6). Troubles anxieux et trouble d'opposition/des conduites La différence entre les pourcentages de comorbidité observée et de comorbidité attendue est staUstiquement significative quel que soit l'informateur, enfant ou parent. Les enfants anxieux présentent rarement des problèmes d'opposition/des conduites. Les sujets avec problèmes d'opposition/des conduites sont souvent anxieux selon le parent, mais non selon l'enfant (tableau 6). Troubles dépressifs et hyperactivité Quel que soit l'informateur, la différence entre les pourcentages de comorbidité observée et de comorbidité attendue est significative. CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX TABLEAU 6 Comorbidité de quatre catégories de troubles mentaux selon Vinformateur chez les enfants de 9 à 11 ans^^^ TROUBLES ANXIEUX TROUBLES ANXIEUX SELON SELON t:ENFANT (N = 47)^2' % LÉ PARENT (N= 116) % TROUBLES DÉPRESSIFS 21,0<3) HYPERACTIVITÉ TROUBLE D'OPPOSITION/ DES CONDUITES SELON CENFANT SELON LE PARENT SELON L'ENFANT SELON LE PARENT SELON LENFANT (N = 29) % (N = 10) % (N = 35) % (N = 39) % (N = 55) % 26,6 37,2 12,0 34,8 31,2 9,0 14,9 23,5 37,4 56,7 34,6 - TROUBLE D'OPPOSITION/ DES CONDUITES HYPERACTIVITÉ TROUBLES DÉPRESSIFS 54,6 4,9 - 19,5 12.3 37,7 33,2 - 13,9 6,9 28,5 53,1 59,1 1. Un ensemble de 816 enfants de 9 à 11 ans et leurs parents ont rempli les questionnaires, 2. Taille de l'échantillon 3. Parmi les 47 enfants présentant au moins un trouble anxieux, 21,0 % présentent également au moins un trouble dépressif 35,3 - SELON LE PARENT (N = 24) % Selon les deux informateurs, de trois à quatre enfants déprimés sur dix sont aussi hyperacrifs. Selon l'informateur enfant, les sujets hyperacrifs sont aussi déprimés, alors que le parent ne considère pas que l'enfant hyperactif soit déprimé (tableau 6). Troubles dépressifs et trouble d'opposition/des conduites La différence entre les pourcentages de comorbidité observée et de comorbidité attendue se révèle significative, que l'informateur soit l'enfant ou le parent. Les enfants déprimés, une fois sur quatre (selon l'enfant) et une fois sur deux (selon le parent) ont des problèmes d'opposition/des conduites, alors que les enfants avec problèmes d'opposition/des conduites sont moins fréquemment déprimés (tableau 6). Hyperactivité et trouble d'opposition/des conduites Quel que soit l'informateur, le pourcentage de comorbidité observée se révèle significativement plus élevé que le pourcentage de comorbidité attendue. Lhyperactivité et le trouble d'opposition/des conduites s'avèrent fréquemment associés, quel que soit le modèle considéré (tableau 6). 3.2.3.2.4 COMORBIDITÉ CHEZ LES ADOLESCENTS DE 12 À 14 ANS Troubles anxieux et troubles dépressifs Quel que soit l'informateur, la différence entre les pourcentages de comorbidité observée et de comorbidité attendue est significative. Selon les deux informateurs, les adolescents anxieux se révèlent peu déprimés, mais, par contre, un adolescent déprimé sur deux est anxieux (tableau 7). Troubles anxieux et hyperactivité Selon l'adolescent, le pourcentage de comorbidité observée n'est pas significativement plus élevé que le pourcentage de comorbidité attendue. La différence se révèle cependant significative lorsqu'il s'agit de l'informateur parent. Quel que soit l'informateur, peu d'adolescents anxieux sont hyperactifs. Selon le parent, quatre jeunes hyperacrifs sur dix se révèlent aussi anxieux (tableau 7). Troubles anxieux et trouble d'opposition/des conduites Selon l'adolescent, la différence entre les pourcentages de comorbidité observée et de comorbidité attendue n'est pas significative. Cette différence le devient cependant lorsqu'il s'agit de l'informateur parent. Les deux informateurs considèrent qu'un adolescent anxieux présente rarement un trouble d'opposition/des conduites, alors que le modèle trouble d'opposition/des conduites et troubles anxieux est plus fréquent, surtout selon le parent (tableau 7). Troubles dépressifs et hyperactivité Selon l'adolescent, le pourcentage de comorbidité observée n'est pas significativement plus élevé que le pourcentage de comorbidité attendue. La différence est significative selon le parent. " " CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX TABLEAU 7 Comorbidité de quatre catégories de troubles mentaux selon Vinformateur chez les adolescents de 12 à 14 ans(1) TROUBLES ANXIEUX SELON IJVDOLESCÈNT (N = 100)^2) % TROUBLES ANXIEUX TROUBLES DÉPRESSIFS 13,7^^) SELON LE PARENT (N = 97) TROUBLÉS DÉPRESSIFS SELON ÙVDOLESCENT SELON LE PARENT (N = 22) SELON llADOLESCENT (N = 1 5 ) SELON LE PARENT (N = 2 9 ) % % % (N = 24) % SELON I!ADOLESCENT SELON LE PARENT (N = 2 8 ) % (N = 27) % - 49,5 57,7 15,2 40.6 17,7 50,4 12,7 - - 8,4 17,7 22,0 33,6 10,2 32,8 HYPERACTIVITÉ 2,1 10,5 4,4 21.5 - TROUBLE D'OPPGSÎTION/ DES CONDUITES 4,2 14,5 18,5 47,4 17,1 1. Un erisemble de 825 adolescents de 12 à 14 ans et leurs parents ont rempli les questionnaires, 2. Taille de l'échantillon, 3. Parmi les 100 adolescents présentant au moins un trouble anxieux, 13,7 % présentent également au moms un trouble dépressif. GO TROUBLE D'OPPOSITION/ DES CONDUITES HYPERACTIVITÉ 32,1 - % Selon l'adolescent, dépression et hyperactivité se révèlent peu associées, quel que soit le modèle considéré. Les deux modèles d'association se révèlent plus fréquents lorsque le parent est questionné (tableau 7). Troubles dépressifs et trouble d'opposition/des conduites La différence entre les pourcentages de comorbidité observée et de comorbidité attendue se révèle significative, que l'informateur soit l'enfant ou le parent. Un jeune déprimé sur deux, selon le parent, et un sur cinq, selon l'adolescent, présentent également un trouble d'opposition/des conduites. Le modèle trouble d'opposition/des conduites et dépression s'applique à un jeune sur trois, selon le parent, et à un sur cinq, selon l'adolescent. Hyperactivité et trouble d'opposition/des conduites Quel que soit l'informateur, le pourcentage de comorbidité observée se révèle significativement plus élevé que le pourcentage de comorbidité attendue. Lhyperactivité et le trouble d'opposition/des conduites s'associent fréquemment selon le parent, mais non selon l'adolescent, quel que soit le modèle considéré (tableau 7). 3.2.3.2.5 ASS0CL\T10NS DE TROUBLES MENTAUX SELON LES TROIS GROUPES D'ÂGE Selon l'informateur enfant, aucune des six associations ne révèle des rapports entre comorbidité observée et comorbidité attendue significativement différents entre les groupes d'âge. Toutefois, une tendance est observée pour l'association entre troubles dépressifs et hyperacrivité, le niveau de significarion atteignant 0,06. Les plus jeunes ont une associarion troubles dépressifs et hyperactivité plus fréquente que les plus âgés. Selon l'informateur parent, les adolescents présentent plus souvent une associarion de troubles anxieux et de trouble d'opposirion/des conduites que les plus jeunes. Le niveau de significarion atteint 0,06. Létude des autres associations ne révèle pas de différence significative entre les rapports comorbidité observée et comorbidité attendue selon les groupes d'âge. 3.2.3.2.6 ASSOCIATIONS DE TROUBLES MENTAUX SELON LE SEXE Enfants de 6 à8 ans Selon l'informateur enfant, le rapport comorbidité observée et comorbidité attendue pour l'hyperactivité et le trouble d'opposition/des conduites se révèle significativement plus élevé chez les garçons que chez les filles. 11 n'existe pas d'autre différence significative. Selon l'informateur parent, il n'existe aucune différence significative. Enfants de 9 à 11 ans Selon l'enfant, il n'existe pas de différence significative. Selon le parent, il existe une tendance pour l'association hyperactivité et trouble d'opposirion/des conduites (p < 0,07). Le rappon comorbidité observée et comorbidité attendue se révèle plus élevé chez les garçons que chez les filles. 40 C H A P I T R E 3 • PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX Adolescents de 12 à 14 ans Quel que soit l'informateur, les rapports comorbidité observée et comorbidité attendue ne diffèrent significativement pour aucune des six associations, 3.2.3.3 Discussion Évaluation quantitative Les taux de comorbidité, selon les groupes d'âge, de deux catégories de troubles mentaux ou plus sont moins élevés que les taux de comorbidité de deux troubles mentaux ou plus (19 % à 24 % et 21 % à 34 %). Ce résultat s'explique par le fait que la comorbidité des troubles appartenant à une même catégorie (angoisse de séparation et hyperanxiété par exemple) n'est pas prise en compte lorsque l'analyse porte sur les catégories de troubles mentaux (Caron et Rutter, 1991). Les taux de comorbidité de deux troubles mentaux ou plus se comparent avec le taux de 32 % trouvé en Nouvelle-Zélande (Anderson et coll., 1987). Ils se révèlent deux fois moins élevés que celui qui a été obtenu lors de l'enquête effectuée en Ontario (68,2 %) (Offord et coll., 1989b). Les taux de comorbidité de deux catégories de troubles mentaux selon les trois groupes d'âge sont légèrement inférieurs à celui de 39 % obtenu pour les enfants de 11 ans lors de l'enquête de Nouvelle-Zélande (Anderson et coll., 1987)*^^^ et se révèlent moins élevés que le pourcentage de 46,1 % obtenu pour les enfants de 4 à 16 ans lors de l'enquête de Porto Rico (Bird et coll., 1988). Évaluation qualitative Les deux informateurs s'entendent sur le fait que les sujets anxieux présentent peu de troubles mentaux associés. Ces sujets sont rarement déprimés ou hyperactifs et présentent rarement des problèmes d'opposirion/des conduites associés. Les troubles anxieux constituent une catégorie de troubles mentaux monofithique alors que les autres catégories se trouvent plus souvent associées entre elles. Pourtant, cette catégorie comporte quatre troubles mentaux (phobie simple, angoisse de séparation, anxiété généralisée, hyperanxiété) alors que les autres catégories n'en comprennent que deux, soit la dépression majeure et la dysthymie pour les troubles dépressifs et les troubles d'opposition et des conduites pour le trouble d'opposition/des conduites ou encore un seul trouble pour la catégorie hyperactivité. Le nombre élevé de troubles mentaux dans la catégorie troubles anxieux devrait augmenter les possibihtés d'associarion avec les autres troubles mentaux. Ce n'est pas ce qui est observé lors de l'analyse des associations de comorbidité. Lensemble des troubles anxieux constitue ainsi une catégorie bien définie sur le plan conceptuel et diagnostique, dont les troubles se manifestent de façon relativement autonome en comparaison des trois autres catégories de troubles mentaux. Les enfants déprimés sont souvent anxieux ou hyperactifs et présentent aussi fréquemment un trouble d'opposirion/des conduites. Ces associations dépression et autres troubles mentaux se retrouvent pour tous les groupes d'âge. La dépression chez 2 Ce pourcentage de 39 % est obtenu à partir des résultats présentés par les auteurs sur la comorbidité des catégones de troubles mentaux, CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX 41 l'enfant ou l'adolescent ne s'exprime pas de façon monolithique, mais en associarion avec les autres catégories de troubles mentaux. La même constatation a été faite lors de l'enquête de Nouvelle-Zélande (Anderson et coll., 1987). Ce résultat demeure difficile à interpréter, mais il est probable qu'il traduise une comorbidité réelle élevée pour ce qui est de l'associarion entre ce trouble intériorisé qu'est la dépression et deux catégories de troubles extériorisés (hyperactivité et trouble d'opposition/des conduites). Lhyperactivité est associée à la dépression chez les enfants de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans selon l'enfant, mais non selon le parent. La comorbidité hyperacrivité et dépression a aussi été trouvée, surtout chez les jeunes de 9 à 12 ans, lors de l'enquête de Porto Rico (Bird et coll., 1993). 11 s'avère ainsi opportun, lors de l'évaluarion clinique d'un enfant hyperacrif, de porter attention aux symptômes de dépression lors de l'entrevue individuelle d'autant plus que ces symptômes ne seront probablement pas rapportés par les parents des enfants de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans. À l'adolescence, tant pour l'adolescent que pour le parent, l'hyperactivité se révèle peu associée à la dépression. Il est connu que l'hyperactivité continue souvent à l'adolescence et il est possible que ceux qui demeurent hyperactifs soient des sujets ayant présenté peu de symptômes dépressifs associés entre 6 et 11 ans. La comorbidité élevée entre hyperactivité et trouble d'opposition/des conduites, quel que soit le modèle considéré, se retrouve à tous les groupes d'âge (à l'exceprion des adolescents de 12 à 14 ans selon l'informateur adolescent) et est en conformité avec les résultats des autres enquêtes (Anderson et coll., 1987; Bird et coll., 1993; Offord et coll., 1989). Ce résultat ne peut être interprété avec certitude, mais il suggère que d'autres études, surtout longitudinales, sont nécessaires pour établir la validité de chacune de ces catégories. 3.2.4 Prévalence des troubles mentaux selon le milieu urbain ou rural 3.2.4.1 Introduction Létude porte sur les prévalences globales selon le DSM-Ill-R et les prévalences selon le DSM-llï-R avec au moins un problème d'adaptarion. Les prévalences des quatre catégories de troubles mentaux sont étudiées. Le sexe est également pris en compte. Les résultats sont décrits, sans référence à des tableaux. 3.2.4.2 Enfants de 6 à 8 ans Il n'existe aucune différence significative en fonction du milieu urbain ou rural pour les prévalences selon le DSM-lIl-R, le DSM-lII-R avec au moins un problème d'adaptation et les prévalences des catégories de troubles mentaux. Il n'existe pas de différence significative entre les prévalences des garçons de milieu urbain ou rural. 11 en est ainsi des filles. 3.2.4.3 Enfants de 9 à II ans Selon l'informateur enfant, la prévalence de 20,1 % de troubles mentaux en milieu rural est significativement plus élevée que celle de 12,4 % en milieu urbain. Lorsqu'on examine les catégories de troubles mentaux, les différences se révèlent significarives 42 CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX pour les troubles dépressifs (p < 0,05) et le trouble d'opposition/des conduites (p<0,05), 3.2.4.4 Adolescents de 12 à 14 ans Il n'existe aucune différence significative, quel que soit l'informateur, le sexe et les catégories de troubles mentaux. 3.2.4.5 Discussion Les prévalences de troubles mentaux en milieu urbain ou rural ne sont pas statistiquement différentes, quels que soient le groupe d'âge et l'informateur, à l'exception des prévalences rapportées par les enfants de 9 à 11 ans. Ce dernier résultat demeure isolé. Il n'est pas possible de conclure que les troubles mentaux varient selon le lieu de résidence. En Ontario, les prévalences en milieu urbain dépassent celles qu'on trouve en milieu rural, les différences devenant significatives pour l'hyperactivité et la présence d'au moins un trouble mental (Offord et coll., 1987). Cependant, la définition du milieu urbain et rural est différente en Ontario et tient compte du nombre d'habitants dans les zones (25 000 ou plus pour le milieu urbain). Au Québec, il n'y a pas de différence significative entre les filles de milieu urbain et rural ou entre les garçons de ces deux milieux, ce qui n'est pas conforme aux résultats obtenus en Angleterre (Rutter et coll., 1975) et aux États-Unis (Zahner et coll., 1993). Létude britannique compare une zone urbaine (centre de Londres), où des études antérieures avaient déjà fait état de prévalences élevées de troubles mentaux chez les enfants, à un milieu rural très homogène (île de Wight). Il est difficile de généraliser de tels résultats à l'ensemble d'un territoire, que ce soit une grande région, une province ou encore un pays. Létude de Zahner et coll. (1993) exclut les petites villes dans la définirion du milieu rural, ce qui n'a pas été fait au Québec. Or, lors de l'étude de Zahner et coll. (1993), la prévalence dans les petites villes est aussi élevée que celle des grandes villes, et il est plausible que si ces perites villes avaient fait partie de la définition du milieu rural, la différence entre milieu urbain et rural n'aurait pas été significative. Ainsi, l'interprétation des résultats doit toujours tenir compte de la définition des deux miheux étudiés. Références ACHENBACH, TM., McCONAUGHY, S.H., HOWELL, C.T (1987). « Child/adolescent behavioral and emotional problems : implications of cross-informant corrélations for situational specificity », Psychological Bulletin, 101(1), 213-232, ACHENBACH, T.M. (1990-1991). « "Comorbidity" in Child and Adolescent Psychiatry : Categoncal and Quantitative Perspectives », Journal of Child and Adolescent Psychopharmacology, 1(4), 271-278. ANDERSON, J.C, WILLL\MS, S,, McGEE, R., SILVA, PA. (1987), « DSM-llI disorders in préadolescent children », Archives of General Psychiatry, 44, 69-76. CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX BERGERON, L,, VALLA.J.P, BRETON, J.J, (1992). « Pilot study for the Québec child mental heakh survey Part I, Measurement of prevalence estimâtes among 6 to 14 year olds », Canadian Journal of Psychiatiy, 37(6), 374-380. BERKSON, j , (1946), « Limitations of the application of fourfold table analysis to hospital data », BwmetBull, 2, 47-53. BIRD, H,R,, CANINO, G, RUBIO-STIPEC, M., GOULD, M,S., RIBERA, J., SESMAN, M,, WOODBURY, M,, HUERTAS-GOLDMAN, S,, PAGAN. A,, SANCHEZ-LACAY, A,, MOSCOSO, M. (1988). « Estimâtes of the prevalence of childhood maladjustment m a community survey m Puerto Rico », Archives of General Psychiatry, 45, 1120-1126. BIRD, H,R,, GOULD, M.S,, YAGER, T, STAGHEZZA, B., CANINO, G (1989), « Risk factors for maladjustment in Puerto Rican children », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 28(6), S47-S50. BIRD, H.R., GOULD, M.S., STAGHEZZA, B. (1992), « Aggregatmg data from multiple informants in child psychiatry epidemiological research », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 31(1), 78-85, BIRD. H.R,, GOULD, M.S., STAGHEZZA, B. (1993). « Patterns of Diagnostic Comorbidity in a Community Sample of Children Aged 9 through 16 years », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 32(2), 361-368, BRETON, JJ,, SABATIER, C, VAILLANCOURT, G , BRAULT, D., LACERTE, M., VAN DEN EYNDE, B-, LEMIEUX, R, (1975). « Pédopsychiatrie communautaire : réflexions sur une expérience de quatre ans en milieu défavorisé », L'union médicale du Canada, 104, 619-624, CARON, C , RUTTER, M, (1991). « Comorbidity in Child Psychopathology : Concepts, Issues and Research Stratégies », Journal of Child Psychology and Psychiatry, 32(7), 1063-1080, COSTELLO, E.j,, COSTELLO, A.J,, EDELBROCK, C , BURNS, BJ., DULCAN, M.K., BRENT, D., JANISZEWSKI, S. (1988). « Psychiatrie Disorders in Pédiatrie Primary Care », Archives of General Psychiatry, 45, 1107-1116, EARLS, E (1987), « Sex différences in psychiatrie disorders : origins and developmental influences », Psychiatrie Developments, l, 1-23. EDELBROCK, C , COSTELLO, A.J., DULCAN, M.K., CALABRO CONOVER, N., KALA, R (1986). « Parent-child agreement on child psychiatrie symptoms assessed via structured interview », Journal of Child Psychology and Psychiatry, 27(2), 181-190. FLEMMING, JE,, OFFORD, DR,, BOYLE, M,H, (1989). « Prevalence of childhood and adolescent dépression in the community Ontario Child Health Study », British Journal of Psychiatry, 155 647-654. KESSLER, R.C, McGONAGLE, K,A,, ZHAO, S., NELSON, CB,, HUGHES, R C , ESHLEMAN S WITTCHEN, H,U,, KENDLER, K.S. (1994). « Lifetime and 12-month prevalence of DSM-III-R psychiatrie disorders in the United States », Archives of General Psychiatry, 51, 8-19. LAPORTE, D, (1987). « Bilan d'une "clinique satellite" : l'expérience de cinq ans d'une équipe pédopsychiatnque en milieu défavorisé », Santé mentale au Québec, 12, 29-40. MACKAY, J,, BIGRAS, J,, MELVYN, C , BELAIR, C (1968). « Analyse statisUque et psychodynamique de la population canadienne-française qui consulte en pédopsychiatrie : étude préliminaire », Revue de l'association des psychiatres du Canada, 13, 341-351. OFFER, D,, BOXER, A,M, (1991). « Normal adolescent development : Empincal research findings », in Lewis, M, (Ed.). Child and Adolescent Psychiatry A comprehensive textbook. Williams & Wilkms, 266-278. 44 CHAPITRE 3 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX OFFORD, DR., BOYLE, M,H., SZATMARI, P, RAE-GRANT, N.L, LINKS, PS,, CADMAN, D.T, BYLES, J,A,, CRAWFORD, J,W,, MUNROE-BLUM, H,, BYRNE, C , THOMAS, H,, WOODWARD, C.A, (1987), « Ontario Child Heakh Study II, Six-Months Prevalence of Disorder and Rates of Service Utilization », Archives of General Psychiatry, 44, 832-836, OFFORD, D.R, BOYLE, M,H,, RACINE, Y (1989a). « Ontario Child Health Study : Correlates of disorder »,Journalof the American Academy of Child and Adolescent Psychiatiy, 28(6), 856-860, OFFORD, DR,, BOYLE, M.H,, FLEMING, J,E,, MUNROE-BLUM, H,, RAE-GRANT, N I , (1989b), « Summary of Selected Results », Canadian Journal of Psychiatry, 34(8), 483-491. RUTTER, M,, COX. A,, TUPLING, C , BERGER, M,, YULE, W, (1975), « Attamment and adjustment in two geographical areas, 1- The prevalence of psychiatrie disorder », British Journal of Psychiatry, 126,493-509. RUTTER, M, (1986). « The developmental psychopathology of dépression : Issues and perspectives », in Rutter, M., Izard, CE., Read, PB, (Eds,). Dépression in Young People : Developmental and Clinical Perspectives. The Guilford Press, 3-33, RUTTER, M. (1988). « Epidemiological approaches to developmental psychopathology », Archives of General Psychiatry, 45, 486-495. RUTTER, M. (1989). « Isle of Wight revisited : twenty-five years of child psychiatrie epidemiology », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatiy, 28(5), 633-653, VALLA, J.P (1983), « Élaboration d'une hypothèse épidémiologique à partir des problèmes rencontrés dans des familles québécoises lors de consultations pédopsychiatriques », Santé mentale auQuébec,8, 110-116, VALLA.J.P, BERGERON, L., BRETON, J.J., GAUDET, N., BERTHIAUME, C (1993). « Informants, correlates and child disorders in a clinical population », Canadian Journal of Psychiatry, 38(6), 406-411. VELEZ, CN., JOHNSON, J., COHEN, P (1989). « A longitudinal analysis of selected risk factors for childhood psychopathology », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 28(6), 861-864. VERHULST, E C , BERDEN, G,FM,, SANDERS-WOUDSTRA, J,A.R. (1985). « Mental health in Dutch children. IL The prevalence of psychiatrie disorder and relationship between measures », ActaPsychiatricaScandinavica, 72, 1-45, VERHULST, F C , AKKERHUIS, GW. (1989), « Agreement between parents' and teachers' ratings of behavioral/emotional problems of children aged 4-12 », Journal of Child Psychology and Psychiatry, 30(1), 123-136. ZAHNER, G E . P , JACOBS, J.H,, FREEMAN, D.H., TRAINOR, K,F (1993). « Rural-Urban child psychopathology in a northeastern U.S. state : 1986-1989 », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 32(2), 378-387, CHAPITRE 3 • PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX 4S PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX SELON LA PRÉSENCE OU L'ABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES Breton,JJ., M.D., M.Sc 4.0 Introduction Létude de la prévalence des troubles mentaux des jeunes du Québec selon la présence ou l'absence de certains symptômes permet d'évaluer s'il existe une association significative entre un symptôme particulier et un trouble mental précis ou au moins un trouble mental. De plus, une telle analyse permet d'étabhr la prévalence esrimée de ce symptôme selon les groupes d'âge et le sexe. Létude a été faite pour les idées suicidaires, les tentatives de suicide et un comportement agressif, soit la parricipation à une grosse bataille au cours de la dernière année. Ces symptômes ont été choisis parce qu'ils correspondent à des problématiques jugées importantes par les intervenants des réseaux de la santé et des services sociaux, de l'éducarion, de la justice et par les planificateurs et la société en général. En première partie du chapitre, les résultats de certaines études réalisées au Québec sur les tendances suicidaires et l'agressivité des jeunes sont succinctement passés en revue. Ensuite, les résultats de l'enquête québécoise au sujet de l'associarion des idées suicidaires, tentatives de suicide et d'un comportement agressif à des troubles mentaux sont présentés pour certains groupes. Il s'agit des garçons et des filles de 12 à 14 ans pour les idées suicidaires et les tentatives de suicide et des garçons de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans et des garçons et des filles de 12 à 14 ans pour le comportement agressif Les résultats ne sont pas présentés pour les autres groupes parce que les symptômes ne sont pas suffisamment fréquents. Enfin, le chapitre se termine par une discussion des résultats obtenus pour les idées suicidaires, les tentatives de suicide et le comportement agressif. 4.1 Contexte théorique 4.1.1 Les tendances suicidaires Le taux de suicide chez les adolescents québécois de 15 à 19 ans est passé de 9,8 pour 100 000 habitants en 1979 à 17,9 en 1987. Le taux québécois a donc doublé alors qu'au Canada il est demeuré stable, se situant à 12 pour 100 000 habitants en 1978 et à 12,8 en 1987. Par contre, le taux de suicide chez les jeunes du Québec s'est stabilisé au cours des dernières années et se situe à 18,5 en 1992. À notre connaissance, les enfants des écoles primaires n'ont fait l'objet d'aucune étude. Plusieurs études sur les idées suicidaires et les tentatives de suicide ont été réalisées CHAPITRE 4 • PRÉVALENCE DÉS TROUBLES MENTAUX SELON LA PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES 47 dans les écoles secondaires et les cégeps au Québec. Les jeunes qui fréquentent le cégep n'ayant pas été étudiés lors de l'enquête québécoise, seules les recherches en milieu secondaire sont passées en revue. La première a été réahsée par Tousignant et coll. (1988) auprès de 2327 élèves de six écoles secondaires de l'île de Montréal. 11 s'agit d'élèves inscrits en troisième, quatrième et cinquième années du secondaire. La seconde étude a été réalisée par Côté et coll. (1990) auprès de 2850 jeunes fréquentant quatre écoles secondaires de la région de Trois-Rivières, au centre du Québec. Ces jeunes sont en première, deuxième, troisième, quatrième et cinquième années du secondaire. Létude de Tousignant révèle que 13,2 % des jeunes ont eu des idées suicidaires sérieuses au cours des dernières années, soit 17,3 % des filles et 8,7 % des garçons. Parmi ces jeunes avec des idées suicidaires, 6,7 % ont fait des tentatives de suicide. Létude réalisée dans la région de Trois-Rivières (Côté et coll., 1990) révèle une prévalence de 15,4 % déjeunes présentant des tendances suicidaires au cours des dernières années. Le rapport est de 1,4 fille pour 1 garçon. Parmi ces 15,4 %, 4 % n'ont que des idées suicidaires, 7,9 % ont pensé à des moyens pour s'enlever la vie et 3,5 % ont fait des tentatives de suicide. Parmi ceux qui ont fait des tentatives de suicide, le rapport s'établit à deux filles pour un garçon. Lassociation des tendances suicidaires et de la dépression a été étudiée à l'aide d'une liste à cocher par l'adolescent. Parmi les adolescents suicidaires, 64,5 % ont présenté des senriments dépressifs au cours de la semaine précédant la soumission du quesrionnaire, alors que seulement 15,9 % des jeunes non suicidaires ont été déprimés au cours de la même période. 4.1.2 Agressivité Les études longitudinales réalisées à l'École de psycho-éducation de l'Université de Montréal démontrent que de 4 % à 10 % des enfants de maternelle et du premier cycle de l'école primaire présentent fréquemment des comportements agressifs et que de deux à trois fois plus de garçons que de filles présentent de tels comportements (Gagnon, 1989; Tremblay, 1990). Une étude de l'évolurion des comportements agressifs de 1161 garçons de maternelle fréquentant les écoles situées dans des secteurs économiquement défavorisés de la Commission des écoles catholiques de Montréal révèle des résultats intéressants. À l'âge de 9 ans, ceux qui présentent des comportements agressifs stables d'une année à l'autre démontrent significativement plus de comportements antisociaux non agressifs et d'hyperactivité que les garçons des autres groupes dont l'agressivité est instable ou inexistante. De plus, l'échec scolaire est significativement plus fréquent chez ces jeunes agressifs stables tout comme l'appartenance à une famille monoparentale (Loeber et coll., 1989). Tremblay et Desmarais (1986) ont démontré que l'agressivité élevée (au-delà du 75^ percentile) et une faible popularité (en deçà du 25^ percentile), telles qu'elles sont évaluées par les pairs en première année du primaire, permet de prédire l'existence, au milieu de l'adolescence, d'un dossier ouvert sous la Loi des jeunes contrevenants pour les garçons et sous la Lot de la protection de la jeunesse pour les filles. 48 CHAPITRE 4 • PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX SELON LA PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES Les études réalisées à l'université Concordia démontrent que l'agressivité des jeunes peut avoir des conséquences sur le cheminement scolaire, l'intelligence, la compétence sociale et l'état de santé mentale et physique. Le cheminement scolaire de trois cohortes de garçons et filles francophones évalués par leurs pairs en première et quatrième années du primaire et en première année du secondaire a été étudié. Le suivi a été réalisé trois ans plus tard. Les jeunes se réparrissaient de la façon suivante : 122 jeunes agressifs, 150 jeunes repliés sur euxmêmes, 182 élèves agressifs et repliés sur eux-mêmes et, enfin, 299 enfants témoins, pour un total de 753 sujets. Les pourcentages de jeunes agressifs et repliés sur eux-mêmes et déjeunes agressifs fréquentant une école régulière se révèlent significativement moins élevés (52 % et 59 %) que les pourcentages des jeunes repliés sur eux-mêmes et ceux des élèves témoins (75 % et 83 %) (Ledinghman et Schwartzman, 1984). Dans une étude de suivi, réahsée auprès des mêmes sujets cinq à sept ans après la première évaluation, les jeunes agressifs et les jeunes agressifs et repliés sur eux-mêmes obtenaient des résultats significarivement moins élevés aux tests d'intelligence que les sujets témoins. Les sujets agressifs et repliés sur eux-mêmes obtenaient des scores de compétence sociale significativement moins élevés que les sujets témoins. De plus, une proportion significativement plus élevée de sujets agressifs que de sujets témoins avaient reçu des traitements psychiatriques sur une période de quatre années. Les traitements psychiatriques avaient également été significativement plus fréquents chez les jeunes agressifs que chez les jeunes des autres groupes. Les filles agressives avaient reçu significativement plus de traitements médicaux que celles des autres groupes (Moskowitz et Schwartzman, 1989; Schwartzman et coll., 1988). 4.2 Résultats 4.2.1 Idées suicidaires Adolescents Selon les adolescents, au cours des six derniers mois, 7,2 % des adolescents, soit 4,4 % des garçons et 10 % des filles, ont eu des idées suicidaires. La différence selon le sexe est significarive. La prévalence augmente avec l'âge, de 0,7 % à 12 ans à 5 % à 13 ans et à 8,1 % à 14 ans pour les garçons et de 5,4 % à 12 ans à 11,3 % à 13 ans et à 13,4 % à 14 ans pour les filles. Selon les adolescents, la proportion des garçons qui présentent un trouble dépressif est six fois plus élevée chez ceux qui ont pensé à se tuer que chez ceux qui n'y ont pas pensé. La proportion de filles ayant un trouble dépressif est 5,5 fois plus élevée chez celles qui ont pensé à se tuer que chez celles qui n'ont pas eu cette idée. La différence entre ces proportions est significative chez les filles (tableau 8). La proportion de garçons présentant au moins un trouble mental est six fois plus élevée chez les adolescents qui ont pensé à se tuer que chez ceux qui n'y ont pas pensé. La différence entre ces proportions est significative. La proportion de filles souffrant d'au moins un trouble mental est 2,5 fois plus élevée chez les filles qui ont pensé à se tuer que chez celles qui n'ont pas eu cette idée. La différence est significative (tableau 8). CHAPITRE 4 • PREVALENCE DES TROUBLÉS MENTAUX SELON lA PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTOMES 49 TABLEAU 8 Prévalence des troubles mentaux selon la présence ou Vabsence d'idées suicidaires^^^ chez les adolescents de 12 à 14 ans PRÉSENCE D'IDÉES SUICIDAIRES N^2) % GARÇONS ABSENCE D'IDÉES SUICIDAIRES N % p(3) PRÉSENCE D'IDÉES SUICIDAIRES N % FILLES ABSENCE D'IDÉES SUICIDAIRES N % P SELON L'ADOLESCENT DÉPRESSION ET/OU DYSTHYMIE Au MOINS UN TROUBLE (18) (18) 5,1'^^^ 55,2 (393) (393) 0,8 9,1 ,084 ,000 (39) (39) 22.3 55,1 (354) (348) 4,1 20,7 .000 ,000 (16) (18) 22,4 48,7 (395) (389) 1,0 13,2 ,000 ,000 (27) (26) 10,1 49,3 (359) (349) 2,9 ,061 17,4 ,000 SELON LE PARENT DÉPRESSION ET/OU DYSTHYMIE Au MOINS UN TROUBLE 1 Depuis six mois, a du qu'il pensait à se tuer 2. Nombre de sujets avec présence ou absence d'idées suicidaires 3 Le [est Khi-deux est utilisé pour vérifier l'association entre la présence ou !*absence d'idées suicidaires et la présence ou l'absence de troubles mentaux. 4 Lire comme suit . parmi les 18 gargons qui rapportent des idées suicidaires, 5,1 % ont un trouble de dépression et/ou de la dysthymie Selon les parents, au cours des six derniers mois, 5,5 % des adolescents, soit 4,2 % de garçons et 6,8 % de filles, ont pensé à se tuer. Les prévalences diminuent avec l'âge chez les garçons (5,2 %, 4,8 % et 2,4 %), mais augmentent chez les filles (5,2 % 7,4 %, et 7,6 %). Selon les parents, la proportion de garçons présentant un trouble dépressif est 22 fois plus élevée chez les garçons qui ont pensé à se tuer que chez ceux qui n'y ont pas pensé. La différence entre les proportions est significarive. La proportion de filles présentant un trouble dépressif est 3,5 fois plus élevée chez les filles qui ont pensé à se tuer que chez celles qui n'y ont pas pensé (tableau 8). La proportion de garçons présentant au moins un trouble mental est 3,5 fois plus élevée chez les garçons qui ont pensé à se tuer que chez ceux qui n'ont pas eu cette idée. La différence est significative. La proportion de filles présentant au moins un trouble est trois fois plus élevée chez les filles qui ont pensé à se tuer que chez celles qui n'ont pas eu cette idée. La différence est significative (tableau 8). 4.2.2 Tentatives de suicide Adolescents Selon les adolescents, au cours de la vie, 1,9 % des garçons (n = 8) et 6,8 % des filles (n = 27) rapportent avoir essayé de se tuer. La différence selon le sexe est significative. Trois des huit garçons ont fait leur tentative de suicide au cours des six derniers mois, deux en essayant de se pendre et un en se coupant. Dix des 27 filles ont essayé au cours des six derniers mois, six en essayant de se couper, deux en prenant des médicaments et deux à l'aide d'une autre méthode. La prévalence pour les deux sexes est de 4,1 % sur la vie et de 1,5 % pour les six mois ayant précédé l'entrevue. so CHAPITRE 4 . PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX SELON LA PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES La proporuon des filles présentant un trouble dépressif est 8,5 fois plus élevée chez les filles qui ont tenté de s'enlever la vie que chez celles qui ne l'ont pas fait (42,8 % contre 5,1 %). La proporrion des adolescentes présentant au moins un trouble mental est 2,5 fois plus élevée chez les adolescentes qui ont fait une tentative de suicide au cours des six derniers mois que chez celles qui n'ont pas eu ce comportement (58,2 % contre 23,3 %). Ces différences entre les proportions sont significatives (tableau non présenté). Selon les parents, 0,7 % des garçons (n = 3) et 0,8 % des filles (n = 3) ont essayé de se tuer au cours de toute la vie. 4.2.3 Comportement agressif Rappelons que l'étude du comportement agressif a été réahsée auprès des garçons de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans à l'aide du questionnaire Dominique, en utilisant un des dessins illustrant le trouble des conduites. La partie supérieure du dessin montre Dominique menaçant un autre enfant et la partie inférieure montre Dominique échangeant des coups de poing avec un autre garçon. Pour les adolescents et les parents de tous les jeunes, une question du DlSC-2.25 au sujet d'un des symptômes du trouble des conduites a été utihsée. Cette question est la suivante : « Au cours de la dernière année, as-tu (a-t-il/elle, pour la version parent) participé à une grosse bataille où on se donnait des coups de poing et où on se frappait ? » Enfants de 6 à8 ans Au questionnaire Dominique, 8 % des enfants, soit 13,8 % des garçons et 1,8 % des filles, rapportent avoir participé à une bataille. La différence selon le sexe est significative. La proportion de garçons présentant un trouble des conduites est de 12,5 % chez les garçons qui ont participé à une grosse bataille, alors qu'elle est nulle chez ceux qui n'ont pas participé à ce genre de bataille. La proporrion des garçons présentant au moins un trouble mental est 3,5 fois plus élevée chez les garçons qui ont participé à une bataille que chez ceux qui n'ont pas participé à une bataille. Ces différences de proporrion sont significatives (tableau 9). Selon les parents des enfants de 6 à 8 ans, 4,7 % des enfants, soit 7,8 % des garçons et 1,3 % des filles, ont participé à une grosse bataille au cours de la dernière année. La différence selon le sexe est significative. La proporrion de garçons présentant un trouble des conduites est plus élevée chez les garçons qui ont participé à une grosse bataille que chez ceux qui n'ont pas parricipé à ce genre de bataille. La proportion des garçons présentant au moins un trouble mental est deux fois plus élevée chez les garçons qui se sont battus que chez ceux qui n'ont pas eu ce comportement. Ces différences sont significatives (tableau 9). Enfants de 9 à 11 ans Au quesrionnaire Dominique, 13,7 % des enfants, soit 23,9 % des garçons et 3 % des filles, rapportent avoir participé à une bataille. La différence selon le sexe est significarive. CHAPITRE 4 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX SELON LA PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES 51 La proportion des garçons présentant un trouble des conduites est 9,5 fois plus élevée chez les garçons qui ont participé à une grosse bataille que chez ceux qui ne l'ont pas fait. La proportion des garçons présentant au moins un trouble mental est 3,5 fois plus élevée chez les garçons qui ont présenté ce comportement agressif que chez ceux qui n'ont pas présenté ce comportement. Ces différences de proportion se révèlent significatives (tableau 9). Les parents des enfants de 9 à 11 ans rapportent que 5,1 % des jeunes, soit 9 % des garçons et 0,9 % des filles, ont participé à une grosse bataille au cours de la dernière année. La différence selon le sexe est significative. Selon les parents, la proportion des garçons présentant un trouble des conduites est 15 fois plus élevée chez les garçons qui ont participé à une grosse bataille que chez ceux qui ne l'ont pas fait. La proportion de garçons présentant au moins un trouble mental est 2,5 fois plus élevée chez les garçons qui ont présenté de l'agressivité que chez ceux qui n'en ont pas présentée. Ces différences sont significatives (tableau 9). Adolescents Selon les adolescents, au cours de la dernière année, 13,8 % des jeunes, soit 21 % des garçons et 6,1 % des filles, rapportent avoir parricipé à une grosse bataille. Il y a ainsi 3,5 fois plus de garçons que de filles qui ont présenté un tel comportement, et la différence est significative. Selon les adolescents, la proportion de garçons présentant un trouble des conduites est 15 fois plus élevée chez les garçons qui ont participé à une grosse bataille que chez ceux qui ne l'ont pas fait. Les filles ayant présenté ce comportement rapportent 17 fois plus de trouble des conduites que les filles qui n'ont pas participé à une grosse bataille. Ces différences de proportions sont significarives (tableau 9). La proporrion des garçons présentant au moms un trouble mental est 2,5 fois plus élevée chez les garçons qui ont participé à une bataille que chez ceux qui ne l'ont pas fait. La proporrion des filles présentant au moins un trouble est deux fois plus élevée chez les filles qui ont fait preuve d'agressivité que chez celles qui n'ont pas été agressives. Ces différences sont significatives (tableau 9). Selon les parents, 5,6 % des adolescents, soit 8 % des garçons et 2,9 % des filles, ont participé à une grosse bataille au cours de la dernière année. La différence selon le sexe est significative. La proportion de garçons présentant un trouble des conduites est 4,5 fois plus élevée chez les garçons qui ont fait preuve d'agressivité que chez ceux qui n'ont pas été agressifs. Les parents ne rapportent aucun trouble des conduites chez les filles qui ont parricipé à une grosse bataille alors que la prévalence s'établit à 0,5 % chez celles qui n'ont pas présenté ce comportement (tableau 9). La proporrion de garçons présentant au moins un trouble mental est 4,5 fois plus élevée chez les garçons qui ont présenté ce comportement violent que chez ceux qui ne l'ont pas eu. La proporrion des filles présentant au moins un trouble est trois fois plus élevée chez les filles qui ont présenté un comportement agressif que chez celles qui n'ont pas fait preuve d'un tel comportement. Ces dernières différences de proportion sont significatives (tableau 9). OZ CHAPITRE 4 . PREVALENCE DES TROUBLES MENTAUX SELON LA PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES TABLEAU 9 Prévalence des troubles mentaux selon la présence ou Vabsence d'un comportement agressif^^^ envers autrui chez les garçons de 6 à8 ans et de 9 à 11 ans PRÉSENCE D'UN COMPORTEMENT AGRESSIF N^2) % 6 A 8 ANS ABSENCE D'UN COMPORTEMENT AGRESSIF N % pt3) 9 À 11 ANS ABSENCE D'UN PRÉSENCE D'UN COMPORTEMENT COMPORTEMENT AGRESSIF AGRESSIF N % N % p SELON L'ENFANT TROUBLÉ DES CONDUITES AU MOINS UN TROUBLE (54) (54) 12.5^"^) (339) 43.9 (339) 0,0 12,5 ,000 ,000 (100) (100) 9,6 35,5 (320) (320) 1,0 9,9 ,000 ,000 (29) (28) 3.1 41,7 0,0 22.2 .002 .029 (38) (36) 6,1 46,2 (381) (369) 0.4 17.5 .001 .000 SELON LE PARENT TROUBLE DES CONDUITES AU MOINS UN TROUBLE (361) (346) Prévalence des troubles mentaux selon la présence ou Vabsence d'un comportement agressif^^^ envers autrui chez les adolescents de 12 à 14 ans PRÉSENCE D'UN COMPORTEMENT AGRESSIF N^2) % GARÇONS ABSENCE D'UN COMPORTEMENT AGRESSIF N % p(3) PRÉSENCE D'UN COMPORTEMENT AGRESSIF N % FILLES ABSENCE D'UN COMPORTEMENT AGRESSIF N % P SELON L'ADOLESCENT TROUBLE DES CONDUITES (89) (85) 12.1^5) (334) (325) 22,1 0,8 8,2 ,000 ,001 (24) (24) 12,4 52,6 (376) (363) 0,7 22.3 ,000 ,002 A U MOINS UN TROUBLE (31) (31) 2,8 49,8 (386) (372) 0,6 11,5 ,203 ,000 (U) ( 9) 0,0 56,9 (386) (366) 0,5 18,5 ,832 ,009 SELON LE PARENT TROUBLE DES CONDUITES AU MOINS UN TROUBLE 1. Au cours de la dernière année, a participé à une grosse bataille où on se donnait des coups de pomg et où on se frappait. 2. Nombre de sujets avec présence ou absence de comportements agressifs. 3. Le test Khi-deux est utilisé pour vérifier l'association entre la présence ou l'absence d'un comportement agressif et la présence ou l'absence de troubles mentaux. 4 Lire comme suk ; parmi les 54 garçons qui rapportent des comportements agressifs, 12,5 % présentent un trouble des conduites. 5, Lire comme suit : parmi les 89 garçons qui rapponent des comportements agressifs. 12.1 % présentent un trouble des conduites. 4.3 Discussion 4.3.1 Idées suicidaires La prévalence de 7,2 % d'idées suicidaires rapportée par les adolescents, au cours des six derniers mois, est inférieure à celles qui ont été rapportées lors des deux autres études québécoises (Tousignant et coll., 1988; Côté et coll., 1990). Lors de ces deux études en milieu scolaire québécois, la fréquence des idées suicidaires a été évaluée sur une période de trois années. Ce facteur peut expliquer, au moins partiellement, les CHAPITRE 4 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX SELON LA PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES 53 prévalences plus élevées dans ces études. Lors de l'enquête ontarienne auprès de 3294 jeunes en 1983 (Offord et coll., 1987), la fréquence d'idéation suicidaire, sur une période de six mois, se compare à celle du Québec. En effet, 6,7 % des garçons et 7,5 % des filles de 12 et 13 ans rapportent des idées de suicide Qoffe et coll., 1988). Les filles interrogées lors de l'enquête québécoise signalent deux à trois fois plus d'idées suicidaires que les garçons. Cette différence selon le sexe a été retrouvée lors des études de Côté et coll. (1990) et de Tousignant et coll. (1988). Cependant, la prévalence selon le sexe vane peu dans l'étude ontarienne (Joffe et coll., 1988). Les parents rapportent moins d'idées suicidaires chez leurs filles que leurs filles ellesmêmes. Ce résultat se comprend si l'on considère que ces parents idenrifient moins de troubles dépressifs et de troubles mentaux que leurs filles. Les parents et les adolescents rapportent des idées suicidaires qui se révèlent significativement associées à un trouble dépressif lors de l'analyse staristique. La même associarion d'idées suicidaires et de symptômes dépressifs a été constatée lors de la recherche de Côté et coll. (1990). En Ontario, les idées de suicide des garçons et des filles se révèlent associées à la présence de troubles mentaux. Ces résultats obtenus tant au Québec qu'en Ontario indiquent clairement que les idées suicidaires des jeunes doivent être prises au sérieux. Le jeune qui exprime de telles idées doit être questionné franchement et, advenant le moindre doute sur le risque suicidaire ou sur l'existence d'un trouble mental, orienté vers des services spécialisés. 4.3.2 Tentatives de suicide La prévalence de 4,1 % de tentatives de suicide sur la vie rapportée par les adolescents se compare à celle de 3,5 % obtenue chez les élèves de première, deuxième et troisième secondaire lors de l'étude de Trois-Rivières (Côté et coll., 1990). Elle est inférieure à la prévalence de 6,7 % trouvée en troisième, quatrième et cinquième secondaire à Montréal (Tousignant et coll., 1988). Cette différence peut s'expliquer par une fréquence moindre de tentatives de suicide au début du secondaire (Côté et coll., 1990). Il y a plus de filles que de garçons qui ont tenté de se suicider au cours des six derniers mois et sur toute la vie. Cette prédominance des filles se retrouve dans les autres études québécoises (Côté et coll., 1990; Tousignant et coll., 1988). En Ontario cependant, 3,5 % des garçons et 3,8 % des filles ont essayé de s'enlever la vie sur une période de six mois Ooffe et coll., 1988). Cette absence de différence entre les sexes n'est pas en conformité avec les résultats des études québécoises et des études en général. Les adolescents rapportent une prévalence de tentatives de suicide neuf fois plus élevée que celle qui est rapportée par les parents. Ce résultat démontre que souvent les parents ne savent pas que leur jeune a fait une tentative de suicide. Létude de Tousignant et coll. (1988) révèle que seulement une tentative sur cinq a entraîné une visite à un service d'urgence. Ce résultat suggère qu'un bon nombre de ces tentatives de suicide ne sont pas constatées par les personnes de Fentourage. Les études de Montréal (Tousignant et coll., 1988) et de Trois-Rivières (Côté et coll., 1990) ont par ailleurs bien montré que les jeunes, en majorité, se confient plutôt à des pairs qu'à leurs parents ou à d'autres adultes. 54 CHAPITRE 4 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX SELON U PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES Les résultats de l'enquête québécoise et des autres études sur les tendances suicidaires en milieu scolaire suggèrent des problèmes sérieux de commumcarion entre le jeune suicidaire et les membres de sa famille. Nul doute que le jeune qui pense sérieusement à se suicider présente une souffrance intérieure intense qui peut se manifester par des modifications de son comportement. 11 y a lieu que les parents s'inquiètent si le jeune se montre moins intéressé à réaliser ses activités courantes, présente du retrait, de l'irritabilité, des passages à l'acte et une intensificarion de ses relarions avec les pairs. Ces symptômes peuvent être des manifestarions de préoccupations suicidaires. 11 s'agit d'une situation parriculièrement difficile pour les parents qui ne doivent pas hésiter alors à questionner franchement leur jeune et, advenant le moindre doute, à demander de l'aide. 4.3.3 Comportement agressif Les résultats doivent être interprétés avec beaucoup de prudence puisqu'il s'agit de l'étude d'un seul comportement agressif, soit la participation à une grosse bataille. 11 n'est pas possible de comparer les prévalences de ce comportement à celles des autres études québécoises où l'évaluation de l'agressivité implique la prise en compte d'un ensemble de comportements. Il s'agit de plus d'une étude transversale, qui ne permet évidemment pas d'étudier la continuité du comportement agressif dans le temps. La fréquence de la parricipation à une grosse bataille est nettement plus élevée chez les garçons que chez les filles, ce qui est en conformité avec les études longitudinales de l'École de psycho-éducarion (Gagnon, 1989 ; Tremblay, 1990). Les jeunes des trois groupes d'âge rapportent des prévalences de ce comportement agressif nettement plus élevées que celles qui sont rapportées par les parents. 11 s'agit d'un symptôme de trouble des conduites, et le manque d'accord entre jeunes et parents est le même que celui qu'on a constaté pour la prévalence du trouble des conduites (voir chapitre 3). Tout comme d'autres symptômes de trouble des conduites, l'imphcarion dans une grosse bataille survient généralement à l'extérieur de la maison, ce qui suggère que les jeunes sont de meilleurs informateurs au sujet de ce symptôme que les parents. Lexamen individuel du jeune se révèle donc important pour une évaluarion complète, et le manque d'accord entre le jeune et ses parents peut être urilisé pour jusrifier la pertinence de la parricipation de ces derniers au processus thérapeutique. Lassociarion trouvée entre la participation à une grosse bataille et un trouble des conduites ou la présence d'au moins un trouble mental constitue un résultat particulièrement intéressant. Des analyses secondaires se révèlent nécessaires pour mieux comprendre les caractéristiques du jeune qui participe à une grosse bataille et présente un trouble mental et celles du jeune qui a le même comportement agressif et ne présente pas de troubles mentaux. Il n'en demeure pas moins que le résultat démontre que la violence des jeunes tout comme les idées suicidaires et les tentatives de suicide ne consrituent pas des manifestations isolées en soi, mais peuvent être associées à des troubles mentaux. Ainsi l'agressivité physique doit être prise au sérieux. Si le questionnement du jeune, de ses parents et du professeur révèle qu'il existe d'autres problèmes de comportement, des indices d'inadaptarion sociale ou des manifestarions d'anxiété et de dépression, l'orientation vers une ressource spécialisée, avec l'accord et la collaborarion des parents, est indiquée. CHAPITRE 4 • PRÉVALENCE DÉS TROUBLES MENTAUX SELON LA PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES 55 Références CÔTÉ, L., PRONOVOST, J,, ROSS, C. (1990), « Étude des tendances suicidaires chez les adolescents de niveau secondaire », Santé mentale au Québec, XV(1) 29-45. GAGNON, C. (1989), « Comportements agressifs dès le début de la fréquentation scolaire », Apprentissage et Socialisation, 12(1), 9-18. JOFFE, R.T, OFFORD, DR,, BOYLE, M.H, (1988), « Ontario Child Health Study : Suicidai Beha\Tor in Youth Age 12-16 Years », American Journal o/Ps_yt:hia£ry. 145(11), 1420-1423. LEDINGHAM, JE.. SCHWARTZMAN, A,E. (1984), « A 3-year follow-up of aggressive and withdrawn behavior m childhood : preliminary findings », Journal ofAbnormal Child Psychology, 12(1), 157-168, LOEBER, R, TREMBLAY, R E , GAGNON, CCHARLEBOÎS.P (1989), « Contmuity and desistance in disruptive boys' early fighting at school », Development and Psychopathology, 1, 39-50. MOSKOWITZ, O.S., SCHWARTZMAN, A.E. (1989), « Paintmg group portraits : studymg Ufe outcomes for aggressive and withdrawn children », Journal of Personality, 57(4), 723-745. OFFORD, D.R,, BOYLE, M.H., SZATMARI, P, RAE-GRANT, N.L, LINKS, PS,, CADMAN, D.T, BYLES, J.A,, CRAWFORD, J.W, MUNROE-BLUM, H,, BYRNE, C , THOMAS, H., WOODWARD, C.A. (1987). « Ontario Child Health Study 11. Six-Months Prevalence of Disorder and Rates of Service Utilization », Archives of General Psychiatry, 44, 832-836. SCHWARTZMAN, A.E., SERBIN, L.A., MOSKOWITZ, D,S,, LEDINGHAM, J E . (1988). « Lévolution des enfants difficiles », Santé mentale au Québec, XI11(2), 94-102, TOUSIGNANT, M., HAMEL, S., BASTIEN, M.F (1988), « Structure familiale, relations parentsenfants et conduites suicidaires à l'école secondaire », Santé mentale au Québec, XIU(2) 79-93. TREMBLAY, RE,, DESMARAIS-GERVAIS, L, (1986). « La prédiction de l'inadaptation sociale de l'enfance à l'adolescence », in Tremblay R.E., LeBlanc, M., Schwartzman, A.E, (Eds). La conduite délinquante des adolescents à Montréal (1974-1985). Étude descriptive et prédictive. École de psychoéducation, Faculté des Arts et des Sciences, Université de Montréal, 135-175. TREMBLAY, R.E., GAGNON, C , VITARO, F, LeBLANC, M., LARRÏVÉE, S., CHARLEBOIS, P, BOILEAU, H. (1990). « La violence physique chez les garçons ; un comportement à comprendre et à prévenir », Interface, mars-avril, 12-18. 56 CHAPITRE 4 • PRÉVALENCE DES TROUBLES MENTAUX SELON lA PRÉSENCE OU LABSENCE DE CERTAINS SYMPTÔMES CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX Bergeron, L., M.Sc, Valla, J.P, M.D., M.Sc 5.0 Introduction Cette partie porte sur les principaux concepts théoriques et résultats qui sous-tendent les choix concernant les catégories de variable mises en relarion avec les troubles mentaux des jeunes. 5.1 Concepts théoriques et données empiriques sur les variables associées aux troubles mentaux 5.1.1 Catégories de variable retenues dans l'enquête québécoise Les principales variables considérées comme des facteurs de risque ou des indicateurs de risque (Offord et coll., 1989a) ont été regroupées en trois catégories : (1) les caractéristiques de l'enfant ou de l'adolescent ; (2) les caractérisriques familiales ; (3) les caractéristiques socio-économiques et sociodémographiques. 5.1.1.1 Variables étudiées en épidémiologie La revue des variables s'appuie sur les résultats de 11 études épidémiologiques effectuées chez des enfants et des adolescents de la population (Anderson et coll., 1989; Bird et coll., 1989; Cadman et coll., 1987; Earls et Jung, 1987; Garrison et coll., 1992 [écoles pubhques]; Gersten et coll., 1991; Maziade et coll., 1990; McGee et Williams, 1991; Offord et coll., 1989b; Szatmari et coll., 1993; Vêlez et coll., 1989) et de trois études qui urihsent des échanrillons cliniques avec groupes témoins (Weissman et coll., 1984, 1987; Last et coll., 1991). Les dernières enquêtes menées au Canada, dans la province d'Ontario (Offord et coll., 1989b), à Porto Rico (Bird et coll., 1989) ainsi qu'en Nouvelle-Zélande (Anderson et coll., 1989) et l'étude longitudinale de New York, échelonnée sur huit ans (Vêlez et coll., 1989), sont les études les plus comparables à l'enquête québécoise : (1) les critères de la classification des troubles mentaux proposés par l'Associauon américaine de psychiatrie (DSM-111 ou DSM-IlI-R) sont utilisés dans la définition des cas; (2) les échantillons sont sélecrionnnés au hasard dans les popularions; (3) les troubles mentaux les plus fréquents ont été évalués; (4) les analyses sont multivariées. Toutefois, le groupe d'âge et le nombre de sujets CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX 57 interrogés présentent des différences importantes : 4 à 16 ans, n = 2679 (Offord et coll.); 4 à 16 ans, n = 777 (Bird et coll.); II ans, n = 792 (Anderson et coll.); 9 à 18 ans (temps 2) et 11 à 20 ans (temps 3), n = 776 (Vêlez et coll.). De plus, les instruments de mesure de la santé mentale et des vanables associées ne sont pas nécessairement les mêmes d'une étude à l'autre, et ils diffèrent de ceux qui ont été retenus dans le protocole de l'enquête québécoise. Par ailleurs, dans les deux études qui portent sur des enfants et adolescents de 4 à 16 ans, l'analyse des vanables associées aux troubles mentaux a été effectuée soit sur l'ensemble des jeunes de 4 à 16 ans (Bird et coll., 1989), soit en regroupant les enfants de 4 à 11 ans et les adolescents de 12 à 16 ans, pour vérifier les interacrions entre le groupe d'âge et les autres variables entrées dans le modèle d'analyse multivariée (Offord et coll., 1989b). Dans l'étude longitudinale de New York, les facteurs de risque, évalués chez les sujets de 9 à 18 ans (temps 2), ont été associés à la psychopathologie au temps 3, en considérant l'ensemble de l'échantillon de sujets âgés à ce moment de 11 à 20 ans. Enfin, à l'exception de Offord et coll. (1989b), les chercheurs ont combiné l'information provenant des informateurs (enfant, parent, professeur) de la santé mentale des enfants et des adolescents dans l'analyse des variables associées. Malgré les différences méthodologiques, des tendances générales se dégagent du point de \aie des catégories de variable et du type d'association, et ce sont elles qui sont perrinentes pour l'interprétarion des résultats. Quelques recherches qui ne sont pas de nature épidémiologique ont également été citées pour compléter cette revue. La revue des variables étudiées en épidémiologie suggère la possibilité que de multiples facteurs puissent intervenir dans le développement ou le maintien de la psychopathologie chez les jeunes. La plupart des variables sont reliées aux troubles intériorisés et extériorisés. Toutefois, pour certaines variables, entre autres le retard scolaire (Offord et coll., 1989b; Vêlez et coll., 1989) et la compétence sociale (McGee et Williams, 1991), l'association est plus forte avec les troubles extériorisés tels l'hyperacrivité (avec ou sans déficit de l'attention), le trouble des conduites et le trouble d'opposition. Caractéristiques de l'enfant ou de Vadolescent Lâge et le sexe sont des indicateurs biologiques du développement, ou marqueurs, à la différence des facteurs qui augmentent le risque de psychopathologie chez certains sujets et sont absents chez d'autres. Du point de vue de l'âge, les dernières enquêtes (Bird et coll., 1989; Offord et coll., 1989b) permettent de comparer les tendances des prévalences de troubles mentaux obtenus chez les enfants de 4 à 11 ans et les adolescents de 12 à 16 ans. La prévalence d'angoisse de séparation est plus élevée dans le groupe d'enfants de 6 à 11 ans que chez les enfants de 4 à 5 ans et les adolescents de 12 à 16 ans. Par ailleurs, la prévalence de dépression est plus élevée chez les adolescents de 12 à 16 ans que chez les enfants de 4 à 5 ans et de 6 à 11 ans (Bird et coll., 1989). En contrepartie, la prévalence du déficit de Tattention est plus élevée chez les enfants et les adolescents de 6 à 16 ans que chez les enfants de 4 à 5 ans (Bird et coll., 1989). Enfin, les prévalences de trouble des conduites ont tendance à être plus élevées chez les adolescents de 12 à 16 ans que chez les enfants de 4 à U ans (Offord et coll., 1989b). 58 CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX En ce qui concerne le sexe, les troubles extériorisés sont plus fréquents chez les garçons que chez les filles. Vêlez et coll. (1989) trouvent des prévalences du trouble des conduites et du déficit de l'attention significativement plus élevées chez les garçons de 9 à 14 ans que chez les filles de ce groupe d'âge. Cette tendance est observée par Offord et coll. (1989b) chez les enfants de 4 à 11 ans et les adolescents de 12 à 16 ans, indépendamment de l'informateur Dans le même sens, Bird et coll. (1989) menrionnent des prévalences plus élevées du trouble d'opposirion et du déficit de l'attention chez les garçons que chez les filles de 4 à 16 ans. La différence n'est significative que pour le trouble d'opposition. En contrepartie, la tendance est moins claire pour les troubles intériorisés. Vêlez et coll. (1989) observent une prévalence significarivement plus élevée d'hyperanxiété chez les filles de 13 à 18 ans que chez les garçons du même âge, ainsi qu'une prévalence plus élevée de l'épisode dépressif majeur chez les filles âgées de 11 à 18 ans. À l'inverse, l'étude de Bird et coll. (1989) ne révèle aucune différence significative entre les filles et les garçons pour l'angoisse de séparation et l'épisode dépressif majeur ou la dysthymie. D'autre part, un niveau faible de compétence sociale est surtout relié à des troubles extériorisés tels que le trouble des conduites, le trouble d'opposition et le déficit de l'attention (McGee et Williams, 1991). Un nombre plus élevé d'événements stressants vécus par les jeunes et évalués sur une période de six mois (Bird et coll., 1989), de 12 mois (Garrison et coll., 1992) ou de deux ans (Vêlez et coll., 1989) est associé à la présence de troubles extériorisés (trouble des conduites, opposirion, déficit de l'attenrion) et intériorisés (hyperanxiété, épisode dépressif majeur/dyslhymie). Le retard scolaire (redoubler au moins une année) a été associé à l'hyperactivité, avec ou sans déficit de l'attention (Bird et coll., 1989; Offord et coll., 1989b; Vêlez et coll., 1989), au trouble des conduites (Offord et coll.; Vêlez et coll.), à l'épisode dépressif majeur/dysthymie (Bird et coll.; Vêlez et coll.) et à l'hyperanxiété (Vêlez et coll.). Léchée scolaire a plutôt été conceptualisé comme un indicateur de risque qu'un facteur de risque. Patterson et coll. (1992) ont proposé un modèle théorique où l'échec scolaire est une conséquence des comportements antisociaux présents chez les enfants d'âge préscolaire qui susciterait, en interacrion avec d'autres variables (ex. le rejet par les pairs), le développement des comportements délinquants chez les garçons à l'adolescence. Des données empiriques récentes (Tremblay et coll., 1992) provenant d'un échantillon de sujets sélectionnés dans des écoles publiques (n = 163 filles et 161 garçons) montrent un lien de causalité entre certaines mesures des troubles du comportement et des compétences scolaires des enfants à l'âge de 7 ans, leurs compétences scolaires à l'âge de 10 ans et la personnalité délinquante à l'âge de 14 ans. Chez les filles comme chez les garçons, la performance scolaire est directement liée à la personnalité délinquante. 11 semble, selon ces études, que le cheminement scolaire soit l'un des facteurs qui contribuent à orienter vers des troubles graves de la conduite des enfants présentant déjà des problèmes de comportement. Enfin, dans l'enquête menée en Ontario (Offord et coll., 1989b), la présence d'une maladie physique chronique (durée de six mois ou plus) est associée à des troubles extériorisés (trouble des conduites et hyperactivité) et intériorisés (troubles émorionnel et somatique). Dans cette étude, la maladie physique interagit avec l'âge. Les enfants de 4 à 11 ans atteints d'une maladie ont huit fois plus de chance que les autres d'avoir CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX 59 de l'hyperactivité. Les adolescents de 12 à 16 ans atteints d'une maladie ont aussi plus tendance à avoir ce trouble que ceux qui ne sont pas atteints, mais l'associarion est faible. Caractéristiques familiales La présence d'un seul parent au foyer augmente la probabilité des troubles de conduite et d'opposiuon (mère seule) (Vêlez et coll., 1989) ainsi que la probabilité d'un épisode dépressif majeur (Garnson et coll., 1992) chez les adolescents. Par ailleurs, le fait de vivre dans une famille plus nombreuse (habituellement quatre enfants et plus) a été associé à des taux plus élevés de trouble des conduites et de comportements délinquants chez les garçons (Offord et Fleming, 1991). La relation entre la présence d'une psychopathologie chez les parents et les troubles mentaux des jeunes a surtout été étudiée dans le but de déterminer le rôle de la transmission générique de la psychopathologie. Ce type de recherche a surtout été effectué auprès d'échantillons cliniques, ce qui hmite la généralisarion des résultats à la population (Offord et Fleming, 1991). Les travaux de Weissman et coll. (1984, 1987) ont mis en évidence un lien entre la présence de troubles intériorisés chez les parents et la présence de troubles intériorisés et extériorisés chez leurs enfants. Une première étude (Weissman et coll., 1984) révèle que les enfants ou les adolescents (6 à 17 ans) dont les parents ont eu un trouble dépressif (avec ou sans trouble anxieux : agoraphobie, anxiété généralisée, panique) ont plus tendance à avoir de l'angoisse de séparation, un épisode dépressif majeur, un trouble des conduites ou un déficit de l'attention. La seconde étude (Weissman et coll., 1987) montre des pourcentages significativement plus élevés d'épisode dépressif majeur chez les enfants dont les parents ont déjà eu une dépression comparativement aux enfants dont les parents n'ont jamais eu ce type de problème. De plus, l'âge moyen du début du trouble dépressif, à peu près le même pour les garçons et les filles, indique que les symptômes liés à la dépression apparaissent plus tôt chez les enfants de parents déprimés (12 ou 13 ans contre 16 ou 17 ans). Plus récemment, Last et coll. (1991) ont évalué la santé mentale des membres des familles de 52 enfants ayant des troubles anxieux, 40 enfants avec un déficit de l'attention et un groupe contrôle de 54 enfants n'ayant jamais eu une psychopathologie. Le risque de troubles anxieux était significativement plus élevé chez les mères d'enfants ayant déjà eu des troubles anxieux ou un déficit de l'attenrion au cours de leur vie. Enfin, les quelques données provenant d'études menées dans la population révèlent des associations entre des antécédents de troubles psychiatriques chez la mère et la dépression chez l'enfant (Bird et coll., 1989). Dans l'enquête ontarienne, Offord et coll. (1989b) ont urilisé deux indicateurs pour évaluer la santé mentale du parent quesrionné et celle du conjoint : (1) avoir été traité pour une maladie nerveuse et (2) avoir été arrêté par la police ou accusé formellement d'une infraction à la loi. Dans le sous-échantillon des jeunes dont les parents ont été « traités pour les nerfs », les garçons présentent six fois plus de risque que les filles d'avoir un trouble des conduites. Les garçons de parents « traités pour les nerfs » présentent cinq fois plus de risque d'avoir un trouble somauque que ceux dont les parents n'ont jamais été traités pour ces problèmes. Aucune interaction significative n'est notée pour les troubles émotionnels : les jeunes dont les parents ont été traités présentent deux fois plus de CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX risque que les autres d'avoir ces troubles. D'autre part, les difficultés des parents avec la loi sont liées au trouble des conduites chez les filles et les garçons. Les mésententes entre parents ont été associées au trouble des conduites et aux comportements délinquants, parriculièrement chez les garçons (Wolkind et Rutter, 1985). Plus récemment, Bird et coll. (1989) trouvaient une relation significative avec le trouble d'opposirion et une absence de relation avec la présence d'au moins un diagnostic. La théorie de l'apprenrissage par imitation (Bandura, 1977) a été invoquée pour expliquer l'infiuence des conflits relationnels entre les parents sur le développement des troubles du comportement chez l'enfant (Wolkind et Rutter, 1985). Lenfant intérioriserait le modèle d'interaction sociale proposé par les parents. Toutefois, les mécanismes impliqués demeurent hypothériques. Caractéristiques socio-économiques et culturelles Les dernières enquêtes montrent que le type d'association ainsi que la force d'associarion entre les variables socio-économiques et la psychopathologie chez les jeunes dépendent de l'indice socio-écomomique choisi, de la mesure des troubles mentaux, de la source d'information et du groupe d'âge. Un faible niveau de scolarité chez la mère ou le père a été relié à la présence d'angoisse de séparation et du trouble d'opposition chez les adolescents (Vêlez et coll., 1989). Un niveau faible de revenu annuel (< 10 000 $) a été associé aux troubles émorionnels dans le cas où les parents évaluent la santé mentale des enfants et des adolescents, et au trouble des conduites ainsi qu'au déficit de l'attenrion lorsque l'informateur est le professeur (4 à 11 ans) ou l'adolescent (12 à 16 ans). Pour les troubles émotionnels et des conduites, l'association est plus importante chez les enfants de 4 à 11 ans que chez les adolescents (Offord et coll., 1989b). En ce qui concerne les caractéristiques culturelles, les données épidémiologiques qui portent sur la santé mentale des jeunes ne font pas ressortir de différences significatives entre les immigrants et les non-immigrants (Munroe-Blum et coll., 1989). Létude de la santé mentale des immigrants est une problématique complexe et les résultats d'une enquête demeurent limités. Léchanrillon représentatif de la population n'offre pas nécessairement la possibilité de prendre en compte l'hétérogénéité culturelle des communautés d'immigrants, qui représente une dimension essentielle dans ce type d'étude (Tousignant, 1992). Toutefois, le phénomène de l'immigrarion devenant de plus en plus présent au Canada et dans la province de Québec (Tousignant, 1992), il est apparu important d'évaluer certains indicateurs (lieu de naissance de l'enfant et des parents, langue maternelle) dans l'enquête afin de comparer, de façon globale mais non négligeable, l'état de santé mentale des immigrants et des non-immigrants. 5.1.1.2 Nouvelles variables suggérées dans l'enquête La situation d'enfant unique, la position dans la fratrie, la relarion parent-enfant, les événements vécus par les parents et le soutien social que les parents reçoivent pour leur enfant représentent des variables dont la pertinence pour la compréhension des troubles mentaux des jeunes est suggérée par certains modèles théonques ainsi que par des données empiriques provenant d'études autres qu'épidémiologiques (les échantillons ne sont pas représentatifs d'une population). CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX 61 La situation des enfants qui occupent un rang élevé dans la fratrie rejoint le problème des familles nombreuses (Rutter et Cox, 1985), condition qui semble favoriser les troubles du comportement (Offord et Fleming, 1991). Les mécanismes impliqués ne sont pas connus. D'autre part, il existe peu de données sur le lien entre la situarion d'enfant unique et la psychopathologie des enfants et des adolescents. Certaines hypothèses suggérées pour expliquer la situation de premier de famille peuvent s'appliquer à la situation d'enfant unique. Ces hypothèses proposent une tendance de certains parents à être anxieux face à leur rôle de parent. Cette anxiété susciterait un niveau élevé de contrôle des comportements de l'enfant. Dans le cas de l'enfant unique, l'anxiété des parents et les attitudes de contrôle peuvent se maintenir et avoir une influence importante sur la santé mentale de l'enfant. La relation parent-enfant a été moins étudiée en association avec les diagnostics du DSM-llï ou DSM-lll-R que d'autres caractéristiques de l'environnement telles que les variables socio-économiques. Les comportements autoritaires et les interacrions coercitives entre parent et enfant ont été plus clairement associés aux difficultés psychologiques et aux comportements antisociaux (Maccoby et Martin, 1983; Patterson, 1982; Patterson et coll., 1992). Cependant, deux autres dimensions conceptuelles qui définissent les relations parent-enfant permettent leur étude systémarique : (1) le concept de soin (Parker, 1983), qui se traduit par le soutien apporté à l'enfant (Rollins et Thomas, 1979); (2) les atritudes favorisant l'autonomie de l'enfant (Margolies et Wemtraub, 1977; Schaefer, 1965; Parker, 1983; Rollins et Thomas, 1979). Ces concepts ont été pris en compte dans l'enquête. Enfin, les hypothèses démontrant la pertinence du stress vécu par les parents ainsi que du sourien social parental pour la santé mentale de l'enfant sont suggérées à partir des concepts proposés par Bronfenbrenner (1979) et Belsky (1984; Belsky et Voudra, 1989). Les expériences stressantes vécues par les parents auraient une infiuence sur leur bien-être psychologique et, en retour, sur leurs comportements et attitudes à l'égard de l'enfant. Dans ce sens, certaines données épidémiologiques montrent une associarion entre le nombre d'événements et la présence de problèmes de santé mentale chez les parents d'enfants et d'adolescents de 4 à 16 ans (Canino et coll., 1990), D'autre part, bien que le sourien social soit considéré comme un facteur atténuant les effets du stress (Gotriieb, 1981), il a été peu étudié dans les recherches épidémiologiques. Belsky et coll. (Belsky, 1984; Belsky et Voudra, 1989) ont formulé l'hypothèse que le sourien reçu du conjoint et du réseau social, en réduisant l'impact des événements stressants, permet au parent de conserver un bien-être psychologique, lequel en retour maintient la qualité des relations entre parent et enfant. Limportance du sourien reçu du conjoint a été confirmée dans une étude récente (Simons et coll., 1993). Cependant, le rôle du réseau social élargi est moins clair 5.1.2 Catégories de variable pertinentes non retenues dans l'enquête québécoise D'une part, les variables neurobiologiques, peu étudiées en épidémiologie, n'ont pas été évaluées dans les dernières enquêtes. Il n'existe pas de protocoles qui font consensus parmi les chercheurs. La recherche en laboratoire, habituellement urihsée pour mesurer ces vanables, présente certaines limites méthodologiques lorsqu'il s'agit 6Z CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX d'études de popularion portant sur un nombre élevé de sujets et de variables. D'autre part, une variable psychobiologique telle que le tempérament, qui a été reliée à la psychopathologie chez les jeunes (Earis et Jung, 1987; Maziade et coll., 1990), pose un problème de définition du construit. Il existe une confusion entre le concept de tempérament et les caractéristiques définissant la psychopathologie (Offord et Fleming, 1991). De plus, l'étude de cette variable, dans une enquête auprès des jeunes de 6 à 14 ans, imphque une évaluarion rétrospective du tempérament. La méthodologie la plus appropriée consiste à évaluer le tempérament chez de très jeunes enfants (Earls et Jung, 1987). Enfin, la mesure du quotient intellectuel n'a pas été intégrée dans le protocole de l'enquête pour des raisons de faisabilité. Lévaluarion du Ql implique la participation de spécialistes et exige un temps considérable. 5.1.3 Apport des théories du développement à l'étude des variables associées aux troubles mentaux Létude des variables associées à la psychopathologie selon le groupe d'âge (6 à 8 ans, 9 à 11 ans, 12 à 14 ans), dans une recherche épidémiologique descriptive telle que l'enquête, permet de prendre en compte le niveau d'organisation intellectuelle, émorionnelle et sociale correspondant à un groupe d'âge donné. Cette nouvelle approche proposée dans l'enquête québécoise, comparativement aux dernières enquêtes, est conforme à l'orientation des recherches centrées sur les dimensions développementales de la psychopathologie proposée ces dernières années (Achenbach, 1990; Cicchetti, 1990; Rutter, 1988, 1989). Les théories du développement démontrent l'importance de la maturarion et de l'évolurion dans l'organisarion de l'expérience cognitive, émotionnelle et sociale. À la différence de la psychologie développementale, l'épidémiologie ne vise pas à étudier le développement de l'individu, mais celui des maladies. Cependant, le développement de l'enfant introduit des changements continuels, ce qui rend la compréhension de la psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent différente de celle de l'adulte (Achenbach, 1982). En effet, Linfluence des facteurs associés à la psychopathologie peut présenter certaines variations selon l'âge. Toutefois, seule une étude longitudinale effectuée auprès des mêmes sujets permettrait d'approfondir les dimensions développementales de la psychopathologie. 3.1.4 Étude des variables associées aux troubles mentaux selon l'informateur Les résultats de l'enquête menée en Ontario (Offord et coll. 1989b) ont montré que la faible fidélité entre informateurs ne se hmite pas aux troubles mentaux, mais se générahse aux variables reliées à ces troubles. Des tendances similaires ont été observées lors de Fétude pilote de l'enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes (Bergeron et coll., 1992). Ces données suggèrent la possibilité que la perceprion de chaque informateur à l'égard des problèmes de santé mentale soit reliée différemment aux caractérisriques qui lui sont associées. Deux raisons sous-tendent le choix d'étudier les variables associées aux troubles mentaux en foncrion de l'informateur Premièrement, du point de vue méthodologique, cette approche évite le biais introduit par la définirion d'une nouvelle distriburion des prévalences des troubles obtenue par CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX 63 la combinaison de l'information provenant des différentes sources d'information. Les associations peuvent varier selon la stratégie de combinaison de l'information choisie. Les inférences sur les catégories de variable susceptibles d'être reliées aux troubles mentaux deviennent alors difficiles à interpréter (Offord et coll., 1989b). Deuxièmement, les approches d'intervention pour les problèmes de santé mentale des enfants et des adolescents impliquent généralement l'enfant, le ou les parents et, dans le cadre scolaire, le professeur Une connaissance plus précise des caractéristiques reliées aux troubles mentaux identifiés par ces différents informateurs devrait permettre aux professionnels de la santé mentale de prendre en compte cette information dans la planification de leur évaluation et de leur intervenrion thérapeurique. Enfin, les différences observées entre informateurs ne sont pas encore expliquées. En conséquence, l'ensemble des variables associées aux troubles mentaux, idenrifiés par l'un ou l'autre informateur, doit être considéré comme apportant une contriburion à la compréhension de ces troubles. 5.2 Problématique des facteurs de protection Le concept de facteur de protection a été introduit dans le domaine de la santé mentale des jeunes afin d'expliquer les différences individuelles dans la façon dont les jeunes répondent ou s'adaptent à des conditions menaçant leur bien-être. La question est : pourquoi, dans des situarions similaires, certains enfants ou adolescents présentent une psychopathologie alors que d'autres conservent une bonne santé mentale ? Des hypothèses ont été proposées au sujet de certaines variables qui peuvent être considérées comme des facteurs de protection : le sexe masculin, un quotient intellectuel moyen, un tempérament facile, des compétences scolaires, l'appartenance à une famille dans laquelle existe un niveau élevé de cohésion et une bonne relation avec un parent (Offord et Fleming, 1991). Cependant, l'étude systémarique des facteurs de protecrion demande d'évaluer leur impact dans des condirions susceptibles d'augmenter la vulnérabilité à la psychopathologie (Rutter, 1990). Cette problémarique est complexe et n'a pas été beaucoup étudiée, ce qui explique que les facteurs de protection n'ont pas été analysés dans l'enquête québécoise. 53 Problématique de la désirabilité sociale des parents La désirabilité sociale, étudiée surtout chez l'adulte en relation avec des mesures de la personnalité, est généralement définie comme une tendance à se conformer à des atritudes et comportements socialement acceptés. La désirabilité sociale des parents peut être reliée à la fois à leur évaluation de certaines variables associées à la santé mentale de leurs enfants, telles leur propre santé mentale et la relation parent-enfant, et à leur évaluation des troubles mentaux des enfants. La vérification de ce phénomène de confusion, dans l'enquête, permet de nuancer les associarions trouvées entre les vanables et la psychopathologie des jeunes. B4 CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX Références ACHENBACH, T.M. (1982). « Research methods in developmental psychopathology », in Kendall, P C , Butcher, J.N. (Eds,), Handbook of research methods in clinical psycholog/. New York, John Wiley and Sons, 569-589. ACHENBACH, TM. (1990), « What is "developmental" about developmental psychopathology? » in Roll, J., Masten, A.S,, CicchetU, D., Nuechterlein, K.H., Weimraub, S, (Eds.). Risk and protective factors in the development of psychopathology. New York, Cambridge University Press, 29-48. ANDERSON, J., WILLIAMS, S., McGEE, R,, SILVA, P (1989). « Cognitive and social correlates of DSM-Ill disorders in préadolescent children », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 28(6), 842-846. BANDURA, A. (1977). Social learning theory. Englewood Cliffs, NJ, Prentice-Hall, BELSKY, J. (1984), « The déterminants of parenting : A process model », Child Development, 55, 83-96. BELSKY, J., VONDRA, J. (1989). « Lessons from child abuse : The déterminants of parenting », in Cicchetti, D., Carlson, V. (Eds.). Child maltreatment : Theory and research on the causes and conséquences of child abuse and neglect. New York, Cambridge University Press, 153-202, BERGERON, L., VALLA, J.P. BRETON, J J . (1992). « Pilot study for the Québec Child Mental Health Survey Part II : correlates of DSM-III-R criteria among 6 to 14 year olds », Canadian Journal of Psychiatry, 27(6), 381-386. BIRD, H.R., GOULD, M.S., YAGER, T., STAGHEZZA, B., CANINO, G, (1989). « Risk factors for maladjustment in Puerto Rican children », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 28(6), 847-850. BRONFENBRENNER, U. (1979). The ecology ofhuman development : Experiments by nature and design. Cambridge, Harvard University Press. CADMAN, D.T, BOYLE, M.H., SZATMARI, P, OFFORD, D.R. (1987). « Chronic illness, disability and mental and social well-being : Findings of the Ontario Child Health Study », Pediatrics, 79(5), 805-813. CANINO. GJ., BIRD, H.R, RUBIO-STIPEC, M., BRAVO, M., ALEGRL\, M. (1990), « Children of parents with psychiatrie disorder in the community », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 29(3), 398-406. CICCHETTI, D. (1990). « A historical perspective on the discipline of developmental psychopathology », in Roll, J., Masten, A.S., Cicchetti, D., Nuechterlein, K.H., Weintraub, S. (Eds.). Risk and protective factors in the development of psychopathology. New York, Cambridge University Press, 1-28. EARLS, F, JUNG, K.G. (1987). « Tempérament and home environment characteristics as causal factors in the early development of childhood psychopathology », Journal of the American Academy ofChûd and Adolescent Psychiatry, 26(4), 491-498. GARRISON, C.Z., ADDY, C L , JACKSON, K.L, McKEOWN, RE., WALLER, J.L, (1992). « Major dépressive disorder and dysthymia in young adolescents », American Journal of Epidemiology, 135, 792-802. GERSTEN, J . C , BEALS. J., KALLGREN, C.A. (1991), « Epidemiology and préventive interventions : Parental death in childhood as a case example », American Journal of Community Psychology, 19(4), 481-500. GOTTLIEB, B.H. (1981). « Social networks and social support » in Sage studies in community mental health. Volume 4. Beverly Hills, Sage Publications. CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARLVBLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX 65 LAST, c e , BEIDEL, D.C (1991). « Anxiety », in Lewis, M, (Ed,), Child and adolescent psychiatry : A comprehensive textbook. Baltimore. Maryland, Williams and Wilkins, 281-292. MACCOBY, E,E,, MARTIN, J.A, (1983). « Socialization in the context of the family : Parent-child interaction », m Hethenngton, E.M, (Ed.), Socialization. personality and social development. Volume W Handbook of child psychology. Tourth édition. New York, John Wiley and Sons, 1-101. MARGOLIES, PJ,, WEINTRAUB, S. (1977). « The revised 56-item CRPBI as a research instrument : reliability and factor structure », Journal of Clinical Psychology, 33, 472-476. MAZIADE, M., CARON, C , CÔTÉ, R, MERETTE. C , BERNIER, H., LAPLANTE, B.. BOUTIN, P, THIVIERGE, j . (1990). « Psychiatrie status of adolescents who had extrême tempéraments at âge 7 », American Journal of Psychiatry, 147. 1531-1536. McGEE, R,, WILLIAMS, S, (1991). « Social compétence m adolescence : Preliminary fmdmgs from a longitudinal study of New Zealand 15-year-olds », Psychiatry, 54, 281-291. MUNROE-BLUM. H.. BOYLE, M.H., OFFORD, D.R,, KATES, N, (1989), « Immigrant children : psychiatrie disorder, school performance, and service utilization », American Journal of Orthopsychiatry, 59(4), 510-519. OFFORD, D,R., BOYLE, M.H., RACINE, Y, (1989a). Ontario Child Health Study : children at risk. Ministry of Community and Social Services, Queen's Primer for Ontario. OFFORD, D.R., BOYLE, M.H., RACINE. Y (1989b). « Ontario Child Health Study : Correlates of disorder », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 28(6). 856-860. OFFORD, DR,, FLEMING, J.E. (1991). « Epidemiology », m Lewis, M. (Ed.). Child and adolescent psychiatry : A comprehensive textbook. Baltimore, Maryland, Williams and Wilkins, 1156-1168. PARKER, G. (1983). Parental overprotection. A risk factor in psychosocial development. New York, Grune and Stratton. PATTERSON, G.R, (1982). Coercive family process. Eugène, OR, Castalia Press, PATTERSON, G.R.. REID, J.B., DISHION. T j . . (1992). A Social Interactional Approach. Volume IV Antisocial Boys. Eugène, OR, Castalia Press. ROLLINS, B.C., THOMAS, D.L. (1979). « Parental support, power and control techniques in the socialization of children », in Burr, WR., Hill. R., Nye. EL and al. (Eds,), Contemporary théories about the family. Volume 1. New York, Free Press. RUTTER, M., COX, A. (1985). « Other family influences », in Rutter, M., Hersov, L, (Eds,), Child and adolescent psychiatry modem approaches. Second édition. Blackwell Scientific Publications, 5881, RUTTER, M, (1988). « Epidemiological approaches to developmental psychopathology », Archives of General Psychiatry, 45, 486-495. RUTTER, M. (1989). « ïsle of Wight revisited : Twenty-five years of child psychiatrie epidemiology >> Journal of the American Academy of Child and Adolescent, 28(5), 633-653. RUTTER, M. (1990), « Psychosocial resilience and protective mechanisms », in Roll, J., Masten, A.S-, Cicchetti, D., Nuechterlein, K.H,, Weintraub, S. (Eds.), Risk and protective factors in the development of psychopathology. New York, Cambridge University Press, 181-214. SCHAEFER, E.S. (1965), « Children's reports of parental behavior : an inventory », Child Development, 36(2), 413-424. SIMONS, R,L,, LORENZ, FO,, WU, C L , CONGER, R.D. (1993), « Social network and marital support as mediators and moderators of the impact of stress and dépression on parental behavior », Developmental Psychology, 29(2), 368-381. CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLES MENTAUX SZATMARI, P. BOYLE, M.H., OFFORD, D.R, (1993). « Familial aggregation of emotional and behavioral problems of childhood in the gênerai population », American Journal of Psychiatry, 150, 1398-1403. TOUSIGNANT, M, (1992). Les origines sociales et culturelles des troubles psychologiques. Paris, Presses Universitaires de France. TREMBLAY, R.E,. MASSE, B., PERRON, D., LeBLANC, M,, SCHWARTZMAN, A,E,, LEDINGHAM, J.E. (1992). « Early disruptive behavior, poor school achievement, delinquent behavior, and delinquent personality : Longitudinal analysis », Journal of Consulting and Clinical Psychology, 60(1), 64-72. VELEZ, CN., JOHNSON, J., COHEN, P (1989), « A longitudinal analysis of selected risk factors for childhood psychopathology », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 2S(6),S6l-S64. WEISSMAN, M.M., GAMMON, G.D., JOHN, K., MERIKANGAS, K,R,, WARNER, V, PRUSOFF, B.A., SHOLOMSKAS, D. (1987). « Children of depressed parents », Archives of General Psychiatry, 44, 847-853. WOLKIND, S., RUTTER, M, (1985). « Séparation, loss and family relationships », in Rutter, M., Hersov, L. (Eds.). Child and adolescent psychiatry modem approaches. Second édition. Blackwell Scientific Publications, 34-57. CHAPITRE 5 • CONTEXTE THÉORIQUE DES VARIABLES ASSOCIÉES AUX TROUBLÉS MENTAUX 67 DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION Bergeron, L., M.Sc, Valla, J.P, M.D., M.Sc, Breton, JJ..M.D., M.Sc, Gaudet, N., M.Sc 6.0 Introduction Lobjectif de cette partie est d'exposer les résultats pour les variables associées aux troubles mentaux des jeunes. Il ne s'agit pas ici de présenter des prévalences, mais bien de dégager les caractérisriques des jeunes, de leur famille et de leur milieu, qui sont associées à la présence de troubles mentaux. Pour ce faire, on a eu recours à l'analyse de régression logistique et au calcul des rapports de cotes (RC) qui expriment la force d'association entre les caractérisriques ou variables et les troubles mentaux en contrôlant les autres variables. La constance de l'associarion est définie par la répétition de l'association observée dans plus d'un modèle de régression et dans plus d'un groupe d'âge. Le lecteur doit se reporter au volume 1 du Rapport de recherche (Valla et coll., 1994) pour obtenir une information plus détaillée concernant la méthode d'analyse de régression logisrique et de calcul des rapports de cotes. Cette analyse de régression logistique a été effectuée pour chacun des trois groupes d'âge (6 à 8 ans, 9 à 11 ans, 12 à 14 ans) selon le type de trouble (intériorisé, extériorisé) et la source d'information (enfant ou adolescent, parent, professeur). Quatorze modèles ont été obtenus. La description détaillée des vanables mises en évidence dans chacun des modèles et de la force de l'association entre chaque variable et les troubles mentaux, indiquée par le rapport de cotes et son intervalle à un niveau de confiance de 95 %, est présentée dans le volume 3 du Rapport de recherche (Bergeron et coll., 1994). La synthèse des résultats proposée dans ce document découle d'une comparaison qualitative des différents modèles de régression logistique entre les trois groupes d'âge concernant : (1) les catégories de variable mises en évidence dans les modèles de régression logistique; (2) le type de trouble mental auquel chacune des variables est reliée; (3) l'informateur qui a identifié les troubles; (4) la force d'associarion exprimée par le rapport de cotes (RC); (5) les tendances des associarions. Aucune analyse starisrique n'a été effectuée pour quanrifier les écarts entre les groupes d'âge ou entre les informateurs. Cette analyse qualitative des similitudes et des différences entre les groupes d'âge a permis de classer les vanables selon la force d'association expnmée par le rapport de cotes et la constance du niveau d'association à travers les groupes d'âge (voir Rapport de recherche, volume 3, Bergeron et coll., 1994). CHAPITRE 6 • DESCRIPnON DES RÉSULTATS OBTENUS FOUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTAnON 69 Rappelons que certaines variables évaluées dans le protocole de l'enquête n'ont pas été mises en relation avec les troubles mentaux pour deux raisons : (1) le nombre insuffisant de sujets dans chacune des catégones définissant la variable (lieu de naissance des parents, consommation d'alcool ou de drogues par les parents); (2) la spécificité de certaines problémariques concernant les familles monoparentales ou reconsrituées (mode de garde, durée et intensité des contacts avec le parent absent du foyer). Lors de l'élaboration du modèle de régression logisrique (voir Rapport de recherche, volume 1, Valla et coll., 1994), les caractéristiques socio-économiques et sociodémographiques étaient entrées à la suite des caractéristiques individuelles et familiales. Cet ordre d'entrée, appuyé sur l'hypothèse d'une influence plus directe des caractéristiques personnelles et familiales sur l'enfant ou l'adolescent, peut masquer certaines associarions indirectes entre les caractéristiques sociales et les troubles mentaux. Une analyse de régression logistique a été effectuée, à titre exploratoire, dans le but de vérifier la force d'associarion de ce groupe de caractéristiques lorsqu'il est considéré de façon indépendante. À l'exception de la scolarité des parents, peu d'associations significatives ont été observées. Dans le domaine de l'épidémiologie de la santé mentale des enfants et des adolescents, il n'existe pas de consensus sur les critères d'interprétarion de la force des associations indiquée par les rapports de cotes. Certains auteurs (Fleiss et coll., 1986) mentionnent que la limite inférieure acceptable est 2,5 ou 3 pour le domaine de l'épidémiologie. Cependant, l'épidémiologie de la santé mentale des jeunes est un domaine récent. Les études étant plutôt descriptives, effectuées dans le but de formuler des hypothèses, les règles d'interprétation ne sont pas bien définies. La force des associations trouvées dans l'enquête a donc été interprétée en fonction des rapports de cotes obtenus dans les dernières enquêtes, qui se situent généralement autour de 2 ou 3 et dépassent rarement 4 ou 5 (Offord et coll., 1989; Vêlez et coll., 1989). Dans ce document, les rapports de cotes inférieurs à 2 (1 < RC < 2) ont été interprétés comme une faible association. Les rapports de cotes situés entre 2 et 4 (2 < RC < 4) ont été interprétés comme une association plutôt modérée et ceux qui sont situés à 4 ou au-dessus de 4 (RC > 4) comme une forte association. Donc, une variable associée significativement (p < 0,05) aux troubles mentaux dans le modèle de régression logisrique peut avoir un niveau d'association faible, modéré ou élevé. Linterprétation de l'importance des variables, basée sur le rapport de cotes, demeure hypothétique et doit se situer dans les limites de la précision des esrimations. En effet, pour la plupart des variables associées fortement ou modérément aux troubles mentaux, le rapport de cotes représentant la limite inférieure de l'intervalle de confiance se situe au-dessous de 2. Ceci signifie que, pour la majorité de ces variables, il existe une possibilité (niveau de confiance de 95 %) que la valeur réelle du rapport de cotes soit inférieure à 2 et qu'elle suggère une faible associarion. D'autre part, pour certaines variables fortement (RC > 4) associées aux troubles mentaux, l'étendue de l'intervalle de confiance suggère un manque de précision des esrimations. Ces situarions s'observent surtout dans le cas des interactions entre le sexe et d'autres variables indépendantes (âge, cheminement scolaire, compétence sociale, maladie physique chronique, anxiété généralisée du parent, etc.). Le lecteur peut se reporter au volume 3 du 76 CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION Rapport de recherche (Bergeron et coll., 1994) pour obtenir une information plus détaillée sur les problèmes relatifs aux intervalles de confiance des rapports de cotes. Le terme chance, d'usage courant (Bernard et Lapointe, 1987), plutôt que le terme cote, a été retenu pour décrire le résultat du rapport de cotes afin de simplifier la présentarion. Le terme risque a été urihsé à quelques reprises, Dans ce contexte-ci, ce terme signifie la chance que les troubles mentaux soient présents et ne se rapporte pas à la mesure du risque relarif, lequel est défini par le rapport entre la prévalence de la maladie chez les sujets exposés au facteur de risque et la prévalence chez les sujets non exposés. La majorité des rapports de cotes obtenus dans l'enquête sont supérieurs à 1, ce qui signifie une augmentation de la chance d'avoir des troubles mentaux. Cependant, pour les mêmes groupes de comparaison urilisés dans l'analyse de régression logistique (ex. garçons par rapport aux filles), les rapports de cotes peuvent être inférieurs à 1 dans certains modèles. Ils signifient alors une diminution de la chance que le jeune se retrouve avec des troubles mentaux. Dans ces cas, de façon générale, la descripuon du rapport de cotes inverse (RC > 1) est présentée dans le texte dans le but de mettre en évidence la probabilité plus élevée d'avoir des troubles mentaux en présence d'une caractéristique donnée. Lenquête visant surtout à dégager des indicateurs de risque, l'information obtenue sur les caractéristiques associées à l'augmentation de la chance que les troubles mentaux soient présents chez les jeunes est plus pertinente. La présentation des résultats se divise en quatre sections. La section 6.1 porte sur l'analyse quahtative des similitudes et des différences entre les groupes d'âge. La classification des variables est présentée en premier, au tableau 10, afin de permettre au lecteur de voir quelles variables ressortent le plus dans les différents groupes d'âge. La descriprion détaillée des forces d'associarion et des tendances des associarions est présentée en second. Cette informarion renvoie au tableau 11, qui regroupe les variables retenues dans chacun des 14 modèles de régression logisrique (voir colonnes du tableau) selon la force d'association. Le nombre de sujets ayant participé à l'enquête est indiqué dans ce tableau. Les sections 6.2 et 6.3 portent respectivement sur la désirabihté sociale du parent et les variables non associées significativement aux troubles mentaux des jeunes. La secrion 6.4 concerne la discussion des résultats et comprend les sous-secrions suivantes : généralisation des résultats (6.4.1); limites des données de l'enquête (6.4.2); comparaison des résultats de l'enquête québécoise avec les données d'autres études (6.4.3); suggesrions pour la prévention découlant des associations entre variables et troubles mentaux (6.4.4); implications des simihtudes et des différences entre les variables associées aux troubles mentaux idenrifiées par un ou plus d'un informateur (6.4.5). 6.1 Analyse qualitative des similitudes et des différences entre les groupes d'âge Cette secrion a pour but de décrire l'ensemble des données obtenues des 14 modèles de régression logistique. Cette information est indiquée au tableau 11 et présentée CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LÉS VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 71 pour chacune des variables associées significativement aux troubles mentaux. Pour chaque variable (ex. maladie physique chronique), le groupe de sujets possédant la caracténsrique qui augmente la chance d'observer des troubles mentaux chez ces mêmes sujets est décrit dans le texte en comparaison avec le groupe de sujets ne possédant pas cette caractéristique (ex. présence ou absence d'au moins une maladie physique chronique), À quelques reprises, la présence d'une caractéristique considérée comme un indicateur de risque potentiel diminue la chance de trouver des troubles mentaux chez les jeunes. Cette information est menrionnée ainsi que l'informarion concernant la précision des estimarions. Les cas où l'étendue de l'intervalle de confiance, soit l'écart entre les rapports de cotes situé aux limites supérieure et inférieure, est égale ou supérieure à 10 sont indiqués. Les variables sont regroupées selon les classes suggérées au tableau 10. Ce classement demeure hypothérique et doit être interprétée dans les fimites suggérées par les intervalles de confiance des rapports de cotes (voir Rapport de recherche, volume 3, Bergeron et coll., 1994). Toutefois, il est raisonnable de penser qu'une association significative entre une variable et les troubles mentaux observés dans plus d'un modèle de régression logistique et dans plus d'un groupe d'âge renforce l'hypothèse d'un lien entre cette variable et la psychopathologie des jeunes. 6.1.1 Première classe : variables associées aux troubles mentaux, à un niveau élevé, dans au moins deux groupes d'âge 6.1.1.1 Sexe de l'enfant ou de l'adolescent Des schémas différents sont observés pour les troubles intériorisés et extériorisés. Chez les enfants de 6 à 8 ans, l'effet d'interaction met en évidence que les garçons ont plus tendance que les filles à avoir des troubles extériorisés. Lécart entre garçons et filles est plus marqué chez les jeunes de 8 ans, les garçons ayant près de sept fois plus de chance que les filles de présenter ces troubles. Toutefois, l'étendue de l'intervalle de confiance suggère un manque de précision de l'estimation et la possibilité (niveau de confiance de 95 %) que la valeur du rapport de cotes, dans la population des enfants de 8 ans, soit inférieure à deux (association faible). D'autre part, la chance d'avoir des troubles extériorisés est presque six fois plus élevée chez les filles de 6 ou 7 ans que chez celles de 8 ans, donc diminution de la fréquence de ces troubles chez les filles de 8 ans. Dans le groupe d'enfants de 9 à 11 ans, les garçons ont aussi plus tendance que les filles à avoir des troubles extériorisés. Les garçons ont cinq fois plus de chance que les filles de présenter ces troubles. En ce qui concerne les troubles inténorisés, la différence entre filles et garçons apparaît dans le groupe des enfants de 9 à 11 ans. Les filles ont plus de chance de mentionner ces troubles que les garçons, mais l'association est faible. Cette tendance des filles à mentionner les troubles intériorisés à une fréquence plus élevée que les garçons s'observe aussi à l'adolescence. La variable sexe interagit alors avec Fâge. À 12 ans, l'association entre le sexe et les troubles intériorisés n'est pas significative. À 13 ans, l'association est significative, les filles ayant trois fois plus de chance que les garçons de menrionner ce type de trouble. À 14 ans, la chance est augmentée de 14 fois chez les filles par rappon aux garçons. Cependant, comme pour plusieurs des résultats 72 CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION TABLEAU 10 Classement des vanables associées aux troubles mentaux des jeunes CLASSE 1 ASSOCL^TÎON^^V GROUPE(S) D'AGE ÉLEVÉE/ Au MOINS 2 GROUPES D'AGE VARIABLE^^^ SEXE (INTERACTION AVEC AGE) PSYCHOPATHOLOGIE DU PARENT (INTERACTIONS AVEC SEXE, ANTÉCÉDENTS FAMILL^UX) ENFANT UNIQUE/ POSITION DANS LA FRATRIE TROUBLE(S)^3V GROUPE(S) D'AGE EXT, : INT. ET EXT. ; INT. : 6-8 ANS 9-U ANS 12-14 ANS INT. ET EXT. ; 6-8 ANS 9-11 ANS 12-14 ANS INT. ET EXT. ; 6-8 ANS 9-11 ANS iNT. : 12-14 ANS CHEMINEMENT SCOLAIRE (INTERACTION AVEC SEXE) 2 3 4 5 ÉLEVÉE/ 1 GROUPE D'AGE MODÉRÉE/ Au MOINS 1 GROUPE D'ÂGE MODÉRÉE/ 1 GROUPE D'AGE FAIBLE/ 1 GROUPE D'AGE EXT. ; 9-11 ANS 12-14 ANS MALADIE PHYSIQUE CHRONIQUE (INTERACTION AVEC SEXE) iNT. ET EXT. : 6-8 ANS iNT, ; 9-11 ANS EXT. : 12-14 ANS SCOLARITÉ DES PARENTS iNT, ET EXT, : INT. : 6-8 ANS COMPÉTENCE SOCL\LE (INTERACTION AVEC SEXE) 12-14 ANS EXT, ; 6-8 ANS INT. ET EXT, ; 9-11 ANS INT. : 12-14 ANS COMPORTEMENTS PUNITIFS DES PARENTS EXT. INT. ET EXT. COMPORTEMENTS DE SOIN DES PARENTS (INTERACTION AVEC SEXE) EXT. : 6-8 ANS iNT : 9-11 ANS iNT ET EXT. : 12-14 ANS : 6-8 ANS : 9-11 ANS 12-14 ANS SANTÉ PHYSIQUE AU FOYER EXT. ; INT. : 9-11 ANS 12-14 ANS ÉVÉNEMENTS STRESSANTS DU PARENT iNT, : 6-8 ANS 12-14 ANS ÉVÉNEMENTS STRESSANTS DES JEUNES iNT ET EXT. ; 12-14 ANS STRUCTURE FAMILL\LÉ (FAMILLE MONOPARENTALE VS AFFECTIVITÉ DANS LE COUPLE) EXT. ; INT. : NOMBRE DE PERSONNES AU FOYER EXT, AGE (9 ou lOvs 11 ANS) INT. 6-8 ANS 9-11 ANS ANTÉCÉDENTS FAMIUAUX : 6-8 ANS : 9-11 ANS EXT, : 9-11 ANS STATUT D'ACTIVITÉ DE LA MÈRE iNT, : 12-14 ANS REVENU FAMILIAL iNT. ; 12-14 ANS ATTITUDES DES PARENTS ENVERS lj\UT0N0MIE EXT, AFFECTIVITÉ ENTRE LES PARENTS INT. ET EXT. CONSENSUS ENTRE LES PARENTS EXT. SOUTIEN SOCIAL PARENTAL EXT. : 6-8 ANS : 9-11 ANS : : 6-8 ANS 6-8 ANS 1, Élevée : RC > 4; modérée : 2 < RC < 4; faible : RC < 2, 2, Variable considérée individuellement ou en mteraction avec d'autres vanables. 3, Im. : trouble intériorisé; Ext, ; trouble extériorisé. CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 73 obtenus, la limite inférieure de l'intervalle de confiance suggère la possibilité (niveau de confiance de 95 %) que la valeur réelle du rapport de cotes soit inféneure à deux (association faible). Si l'on considère le sous-échantillon des filles, celles de 14 ans ont deux fois plus de chance que celles de 12 ans de menrionner des troubles intériorisés. 6.1.1.2 Troubles mentaux du parent Des associations significarives entre les troubles mentaux des parents et ceux de leurs enfants s'observent dans les trois groupes d'âge. La phobie est le seul trouble mental des parents qui soit associé exclusivement à leur évaluation des troubles mentaux des jeunes. La dépression des parents, en interaction avec les antécédents familiaux, est reliée aux troubles intériorisés identifiés par les enfants de 6 à 8 ans. Lanxiété généralisée, en interaction avec le sexe, est associée aux troubles extériorisés idenrifiés par les enfants de 9 à 11 ans, La dépression est associée aux troubles idenrifiés par les adolescents indépendamment du sexe ou des antécédents familiaux. La tendance générale des associarions révèle que les troubles mentaux ont plus de chance d'être présents chez les jeunes dont les parents ont déjà eu un trouble mental que chez ceux dont les parents n'ont jamais eu ces problèmes. Cependant, il y a des différences entre les groupes d'âge, du point de vue du type d'association. Dans le groupe d'enfants de 6 à 8 ans, la présence de phobie chez les parents est modérément associée aux troubles intériorisés et extériorisés des enfants. Une associarion modérée est aussi observée entre les troubles intériorisés des enfants et la dépression des parents en interaction avec les antécédents familiaux. Le rapport de cotes le plus élevé se situe dans le sous-échanrillon des parents ayant des antécédents familiaux de comportements suicidaires et de troubles mentaux. Dans ce groupe, les enfants de parents qui ont déjà eu une dépression ont trois fois plus de chance d'avoir des troubles intériorisés que ceux dont les parents n'ont jamais eu de dépression. La présence de dépression chez les parents dont les antécédents familiaux mettent en évidence des problèmes de santé mentale augmente le risque que les enfants identifient des troubles intériorisés. Chez les enfants de 9 à 11 ans, une associarion modérée est trouvée entre l'anxiété généralisée des parents, considérée individuellement, et les troubles intériorisés et extériorisés des enfants. Linteraction entre le sexe de l'enfant et l'anxiété généralisée chez les parents révèle des associations élevée et modérée. Les troubles extériorisés ont six fois plus de chance d'être présents chez les garçons que chez les filles dont les parents n'ont jamais eu d'anxiété généralisée. D'autre part, lorsque l'on considère seulement le sous-échantillon de filles, celles-ci ont trois fois plus de chance d'avoir des troubles exténorisés si les parents ont déjà eu de l'anxiété généralisée que si ceux-ci n'ont jamais eu ce type de trouble. Toutefois, pour ces deux comparaisons, les intervalles de confiance du rapport de cotes suggèrent un manque de précision de l'esrimarion. La dépression des parents est plus faiblement associée aux troubles mentaux des enfants de ce groupe d'âge qu'aux troubles mentaux des jeunes des deux autres groupes. Dans le groupe des adolescents de 12 à 14 ans, la présence de phobie chez les parents est modérément associée aux troubles mténonsés et extériorisés des jeunes. Une 74 CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION associarion modérée est aussi observée entre la dépression des parents et les troubles intériorisés, alors qu'une forte association est trouvée dans le cas des troubles extériorisés. Dans ce dernier cas, les troubles extériorisés ont cinq fois moins de chance d'être présents chez les adolescents dont les parents ont déjà eu une dépression que chez ceux dont les parents n'ont jamais eu ce problème. Cette association est inattendue. 6.1.1.3 Enfant unique et position dans la fratrie La variable position dans la fratrie a été définie par quatre catégories incluant la situation d'enfant unique. La variable enfant unique est constituée de deux catégories, être ou non enfant unique (voir Rapport de recherche, volume 1, annexe 3, Valla et coll., 1994). La tendance des associations est différente entre les enfants de 6 à 11 ans et les adolescents de 12 à 14 ans. Chez les enfants de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans, c'est la condition d'enfant unique qui augmente le plus la chance d'observer des troubles intériorisés et extériorisés lorsque l'on compare cette condition à la situation d'être premier de famille (6 à 8 ans, troubles intériorisés) ou à la présence de frères ou de soeurs (9 à 11 ans, troubles intériorisés; 6 à 11 ans, troubles extériorisés). La force de l'association est modérée chez les jeunes de 6 à 8 ans et ceux de 9 à 11 ans pour les troubles intériorisés. Dans le groupe d'enfants de 9 à 11 ans, une forte association est observée pour les troubles extériorisés, les enfants uniques ayant neuf fois plus de chance que les autres d'avoir ces troubles. Létendue de l'intervalle de confiance suggère un manque de fiabihté de l'estimation. Cependant, la limite inférieure de l'intervalle (RC = 3,54) indique que dans la population des jeunes de 9 à 11 ans, à un niveau de confiance de 95 %, la chance d'observer des troubles extériorisés demeure trois fois plus élevée chez les enfants uniques que chez ceux qui ont des frères ou des soeurs. Une forte associarion entre la position dans la fratrie et les troubles mentaux est trouvée dans le groupe des adolescents, mais celle-ci ne concerne que les troubles intériorisés identifiés par les parents. Dans ce groupe d'âge, c'est le rang parmi les frères ou sœurs qui augmente la chance d'avoir des troubles intériorisés. Ces troubles ont quatre fois plus de chance d'être présents chez les jeunes qui occupent le troisième rang ou un rang plus élevé que chez les enfants uniques, premiers ou deuxièmes de famille. 6.1.1.4 Cheminement scolaire de Lenfant ou de l'adolescent Chez les enfants de 9 à 11 ans, le cheminement scolaire est fortement associé aux troubles extériorisés idenrifiés par les parents et les professeurs. Selon la source d'information, les enfants qui ont un retard scolaire ou sont intégrés dans un programme spéciahsé pour troubles d'apprenrissage, troubles émorionnels ou du comportement ont respectivement de quatre à six fois plus de chance de présenter des troubles mentaux que les enfants dont le cheminement scolaire est régulier. Lintervalle de confiance du rapport de cotes obtenu pour les troubles évalués par les parents pose un problème de précision, mais la limite inférieure de l'intervalle (RC = 3,07) suggère que, dans la popularion des enfants de 9 à 11 ans, la chance (niveau de confiance de 95 %) d'observer des troubles exténonsés demeure trois fois plus élevée chez CHAPITRE 6 • DESCRIPnON DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 75 les enfants ayant des difficultés scolaires que chez les enfants ayant un cheminement régulier. À l'adolescence, le cheminement scolaire est modérément associé aux troubles exténorisés menrionnés par les parents et fortement associé, en mteraction avec le sexe, aux troubles exténonsés mentionnés par les adolescents. La tendance des associations est la même que chez les enfants de 9 à 11 ans, la chance d'avoir ces troubles est augmentée par les difficultés scolaires. Linteraction entre le sexe et le cheminement scolaire, chez les adolescents de 12 à 14 ans, révèle deux comparaisons significarives. D'une pan, l'écart le plus marqué entre les garçons et les filles se situe parmi les jeunes qui présentent un retard scolaire ou sont inscrits dans un programme spécialisé pour troubles d'apprentissage, troubles émotionnels ou du comportement (cheminement scolaire irrégulier). Dans cette condition, les troubles extériorisés ont 16 fois plus de chance d'être présents chez les garçons que chez les filles. Bien que cette association soit importante, Tintervalle de confiance est très étendu, ce qui suggère un manque de précision concernant la valeur du rapport de cotes dans la population des jeunes de 12 à 14 ans ayant un cheminement scolaire irrégulier. De plus, la limite inférieure de cet intervalle (RC = 1,41) indique qu'une faible association demeure possible (niveau de confiance de 95 %) dans cette population. D'autre part, lorsque l'on considère le sous-échanrillon des garçons, ceux dont le cheminement scolaire est irréguher ont deux fois plus de chance de présenter des troubles extériorisés que les garçons dont le cheminement scolaire est régulier 6.1.2 Deuxième classe : variables présentes dans deux ou trois groupes d'âge et associées aux troubles mentaux, à un niveau élevé, dans un seul groupe d'âge 6.1.2.1 Maladie physique chronique de l'enfant ou de l'adolescent Chez les enfants de 6 à 8 ans, la maladie physique chronique (indice de santé physique) d'une durée de six mois et plus est associée aux troubles intériorisés et, en interaction avec le sexe, aux troubles extériorisés. La maladie physique chronique est associée aux troubles intériorisés chez les enfants de 9 à 11 ans et aux troubles extériorisés chez les adolescents de 12 à 14 ans. Dans les trois groupes d'âge, cette variable est reliée aux troubles mentionnés par les jeunes. Le lien avec les troubles menrionnés par les parents se limite aux enfants de 6 à 8 ans. La force et le type d'association trouvés chez les jeunes de 6 à 8 ans et ceux de 9 à 14 ans présentent des différences. Dans le groupe d'enfants de 6 à 8 ans, la force d'association est faible ou élevée, alors qu'elle est modérée dans les deux autres groupes. Parmi les enfants de 6 à 8 ans, ceux qui ont eu au moins une maladie physique chronique ont plus de chance que les autres d'avoir des troubles intériorisés ou extériorisés, qu'il y ait eu ou non diminurion de l'autonomie ou consommation de médicaments au cours de la période de la maladie. Linteraction entre le sexe et la maladie physique chronique révèle trois comparaisons significatives. Parmi les enfants atteints d'une maladie physique chronique, les garçons ont 22 fois plus de chance que les filles d'avoir des troubles extériorisés. Toutefois, l'intervalle de confiance du rapport de cotes est très étendu, ce qui signifie un manque de fiabilité de l'esrimation. En effet, 7B CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION dans la population des enfants de 6 à 8 ans atteints d'une maladie physique chronique, la valeur du rapport de cotes peut se situer entre 4,58 et 104,94 en considérant un niveau de confiance de 95 %. Bien que le niveau de précision pose des problèmes, la hmite inférieure suggère la possibilité que l'associarion demeure élevée dans cette popularion. Une deuxième comparaison montre que, parmi l'ensemble des garçons de 6 à 8 ans, les garçons atteints d'une maladie physique chronique ont trois fois plus de chance que les autres de présenter des troubles extérionsés. Contrairement à cette tendance, une troisième comparaison révèle que les filles qui n'ont aucune maladie physique chronique ont sept fois plus de chance d'avoir ce type de trouble que les filles atteintes d'une maladie. Dans les groupes d'enfants de 9 à 11 ans et d'adolescents de 12 à 14 ans, la présence d'au moins une maladie physique chronique accompagnée d'une diminution de l'autonomie ou de la consommarion de médicaments augmente de deux fois la chance que les troubles intériorisés (9 à U ans) ou extériorisés (12 à 14 ans) surviennent chez les jeunes. 6.1.2.2 Scolarité des parents Chez les enfants de 6 à 8 ans, la scolarité du père est associée aux troubles intériorisés et extériorisés identifiés par les parents. La force d'associarion est élevée pour les troubles intériorisés et modérée pour les troubles extériorisés. Les troubles intériorisés ont quatre fois plus de chance d'être présents lorsque le père a une formarion collégiale (ou l'équivalent) ou a fait des études secondaires, terminées ou non, que dans le cas où il a une formarion universitaire. Les troubles extériorisés ont trois fois plus de chance d'être présents lorsque le père a fait des études secondaires, terminées ou non, que dans le cas où il a terminé des études universitaires ou collégiales (ou l'équivalent). La scolarité de la mère est associée exclusivement aux troubles intériorisés rapportés par les adolescents de 12 à 14 ans. La force d'association est modérée, les troubles ayant deux fois plus de chance de se présenter chez les adolescents dont la mère a terminé des études universitaires ou fait des études secondaires, terminées ou non, que dans le cas où elle a terminé des études collégiales (ou l'équivalent). 6.1.2.3 Compétence sociale de l'enfant ou de l'adolescent Le niveau de compétence sociale est associé aux troubles intériorisés ou extériorisés selon le groupe d'âge et la source d'information. Cette variable est exclusivement reliée aux troubles mentaux rapportés par les parents ou les professeurs. Lassociation entre la compétence sociale et les troubles extériorisés des enfants de 6 à 8 ans est faible. Une faible association est aussi observée avec les troubles intériorisés chez les jeunes de 9 à 11 ans et de 12 à 14 ans. Une forte associarion avec les troubles extériorisés est obtenue dans le groupe d'enfants de 9 à 11 ans où la compétence sociale interagit avec le sexe. La tendance des associarions est la même dans les trois groupes d'âge. Les troubles mentaux ont plus de chance d'être présents chez les jeunes ayant un niveau faible de compétence sociale que chez ceux dont la compétence sociale se situe à un niveau moyen. Chez les enfants de 9 à 11 ans, l'effet d'interacrion révèle que, pour un niveau faible de compétence sociale, les garçons ont cinq fois plus de chance que les filles CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTAnON 77 d'avoir des troubles extériorisés, Bien que cette association soit forte, l'étendue de l'intervalle de confiance indique un manque de précision de l'esrimarion et sa limite inférieure suggère la possibilité (niveau de confiance de 95 %) que la valeur réelle du rapport de cotes se situe au-dessous de deux (faible association). 6.1.3 Troisième classe : variables présentes dans deux ou trois groupes d'âge et associées aux troubles mentaux, à un niveau modéré, dans au moins un groupe d'âge 6.1.3.1 Relation parent-enfant : comportements punitifs et de soin des parents La constance des associations entre les groupes d'âge varie selon les construits définissant la relation parent-enfant. Il sera d'abord quesrion des comportements punitifs des parents, puis des comportements de som à l'égard de l'enfant. Les comportements punitifs des parents, tels qu'ils sont perçus par eux, sont associés aux troubles extériorisés chez les enfants de 6 à 8 ans et aux troubles intériorisés et extériorisés chez les enfants de 9 à 11 ans et les adolescents de 12 à 14 ans. Les comportements punitifs du père, rapportés par les adolescents, ne sont rehés qu'aux troubles extériorisés. La force d'association est faible pour les troubles extériorisés des enfants de 6 à 8 ans et pour les troubles intériorisés des jeunes de 9 à 11 ans et de 12 à 14 ans. Des associations modérées sont obtenues chez les jeunes de 9 à 14 ans pour les troubles extériorisés identifiés par les parents. Les comportements punirifs perçus par les parents ne sont reliés qu'aux troubles mentaux évalués par les adultes, parents dans les trois groupes d'âge et professeurs chez les jeunes de 6 à 11 ans. En contrepartie, la perception par les adolescents des comportements punitifs de leur père est associée exclusivement à la perceprion qu'ils ont de leurs troubles extériorisés. La tendance des associarions concernant les comportements punirifs est la même pour les deux types de trouble, dans les trois groupes d'âge. La chance que les troubles soient présents est plus élevée chez les jeunes dont les parents expriment des comportements punitifs à une fréquence élevée (score Z plus faible d'au moins un écart type de la moyenne) que chez les jeunes dont les parents se situent à la moyenne. Les comportements de soin des parents, tels qu'ils sont perçus par ceux-ci, sont associés aux troubles extériorisés des enfants de 6 à 8 ans mentionnés par les professeurs et, en interaction avec le sexe, aux troubles intériorisés des enfants de 9 à 11 ans rapportés par les parents. À l'adolescence, ce sont les comportements de soin de la mère et du père, tels qu'ils sont perçus par les adolescents, qui contribuent aux modèles. La force d'associarion est plutôt faible, sauf pour les comportements de soin du père en interaction avec le sexe. La même tendance se retrouve dans le groupe des enfants de 6 à 8 ans et chez les adolescents. Une faible fréquence de comportements de som (score Z plus faible d'au moins un écan type de la moyenne) augmente la chance d'observer des troubles mentaux chez les jeunes. Leffet d'interacrion entre les comportements de soin du père et le sexe à l'adolescence montre que, pour un même niveau faible de soin du père, les filles ont trois fois plus de chance que les garçons d'avoir des troubles intériorisés. 78 CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION Dans le groupe déjeunes de 9 à 11 ans, l'interaction entre les comportements de soin perçus par les parents et le sexe de l'enfant fait ressorrir une tendance inverse de celle qui s'observe dans les deux autres groupes d'âge. Dans le sous-échantillon de filles, une fréquence faible de comportements de soin diminue la chance que celles-ci présentent des troubles intériorisés. Cependant, comme on l'a mentionné précédemment, la force de l'association est faible. 6.1.3.2 Santé physique au foyer La santé physique au foyer, définie par la fréquence des maladies physiques chez les membres de la famille, est modérément associée aux troubles extériorisés chez les jeunes de 9 à 11 ans et faiblement associée aux troubles intériorisés chez les adolescents. Cette variable n'est reliée qu'aux troubles idenrifiés par les parents. La même tendance se retrouve dans les deux groupes d'âge, la chance que les troubles soient présents est plus élevée dans les familles où le nombre de maladies est de quatre et plus que dans les familles où le nombre de maladies est inférieur à quatre. 6.1.3.3 Événements stressants du parent Les deux variables retenues pour étudier le stress vécu par les parents ne sont associées qu'aux troubles intériorisés des jeunes. La présence de deux événements stressants (vs un ou aucun) est reliée aux troubles intériorisés identifiés par les enfants de 6 à 8 ans, alors que la perception par les parents du niveau de stress causé par les événements est associée aux troubles intériorisés des adolescents, identifiés par les parents. La force d'associarion est modérée chez les jeunes de 6 à 8 ans et faible chez les adolescents. 6.1.4 Quatrième classe : variables présentes dans un seul groupe d'âge et associées aux troubles mentaux à un niveau modéré 6.1.4.1 Événements stressants de l'enfant ou de l'adolescent Les événements stressants vécus par les jeunes ne sont reliés qu'aux troubles intériorisés et extérionsés des adolescents. Une faible associarion est obtenue entre les troubles intériorisés et le nombre d'événements stressants (présence ou absence de deux événements ou plus) perçu par les parents ainsi que le niveau de stress subjecrif perçu par les adolescents. Une association modérée est trouvée entre le nombre d'événements (présence ou absence de deux événements ou plus) perçu par les parents et les adolescents et les troubles extériorisés. Dans toutes ces conditions, un niveau plus élevé de stress augmente la chance que les troubles mentaux soient présents chez les jeunes. 6.1.4.2 Structure familiale La structure familiale n'est associée qu'aux troubles extérionsés des enfants de 6 à 8 ans idenrifiés par les professeurs. La force de l'associarion est modérée, les troubles extériorisés ayant près de trois fois plus de chance d'être présents chez les enfants qui vivent dans une famille monoparentale ou reconstituée que chez ceux qui vivent avec CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 79 deux parents biologiques ou adoprifs. D'autre part, les enfants de 9 à 11 ans qui vivent dans une famille de type monoparental ont deux fois plus de chance d'avoir des troubles intériorisés que ceux qui vivent dans une famille biparentale où les parents expriment de l'affectivité envers le conjoint à un niveau moyen. 6.1.4.3 Nombre de personnes au foyer Le nombre de personnes vivant au foyer est associé exclusivement aux troubles extériorisés des enfants de 6 à 8 ans. La force de l'association est modérée. La chance que les enfants aient ces troubles est deux fois plus élevée dans les familles composées de cinq personnes et plus que dans les familles moins nombreuses. 6.1.4.4 Age de l'enfant ou de l'adolescent Lâge est modérément associé aux troubles intériorisés idenrifiés par les enfants de 9 à 11 ans. Les enfants de 9 ou 10 ans ont deux fois plus de chance que ceux de 11 ans de présenter ces troubles. Toutefois, dans ce groupe d'enfants de 9 à 11 ans, l'âge n'interagit pas avec le sexe comme c'est le cas chez les enfants de 6 à 8 ans et les adolescents de 12 à 14 ans (voir 6.1.1.1). 6.1.4.5 Antécédents familiaux Des antécédents familiaux de comportements suicidaires ou de troubles mentaux sont associés significativement aux troubles extériorisés identifiés par les professeurs, chez les enfants de 9 à 11 ans. La force d'association est modérée. Les enfants qui ont des antécédents familiaux ont deux fois plus de chance que les autres de présenter ces troubles. 6.1.4.6 Statut d'activité de la mère Seul le statut d'activité de la mère est associé significativement aux troubles mentaux. Cette variable est exclusivement reliée aux troubles intériorisés des adolescents, rapportés par les parents. Les jeunes dont la mère travaille à temps plein ont deux fois plus de chance d'avoir des troubles intériorisés que ceux dont la mère tient maison. 6.1.4.7 Revenu familial suffisant Comme pour le statut d'acrivité de la mère, l'indice d'un revenu familial suffisant n'est associé qu'aux troubles intérionsés identifiés par les parents. Ces troubles ont trois fois plus de chance d'être présents chez les adolescents de famille ayant un revenu moyen ou élevé que chez les adolescents de famille dont le niveau de revenu est faible ou très faible (voir catégorie pauvre ou très pauvre : Rapport de recherche, volume 1, annexe 3, Valla et coll., 1994). 6.1.5 Cinquième classe : variables associées à un niveau faible, avec un type de trouble mental dans un groupe d'âge 6.1.5.1 Relation parent-enfant : attitudes favorisant l'autonomie La perception par les parents de leurs atritudes à l'égard de l'autonomie de l'enfant est reliée exclusivement aux troubles extériorisés des enfants de 6 à 8 ans idenrifiés par les CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION professeurs. Lassociation est faible. Contrairement aux attentes, la chance que ces troubles soient présents est plus élevée chez les enfants dont les parents ont ces attitudes plus fréquemment que la moyenne. 6.1.5.2 Niveau d'affectivité et de consensus dans le couple parental Deux des quatre dimensions de l'échelle sur la relation de couple sont associées significativement aux troubles mentaux des enfants de 6 à 11 ans. Aucune association n'est obtenue chez les adolescents. Dans le groupe d'enfants de 6 à 8 ans, le consensus entre les parents est relié aux troubles extérionsés mentionnés par les parents. Lassociation est faible. Chez les enfants de 9 à 11 ans, l'affectivité que les parents expriment l'un envers l'autre est associée aux troubles intériorisés, idenrifiés par les parents, et aux troubles extériorisés, évalués par les enfants. Lassociation est modérée pour les troubles intériorisés et faible pour les troubles extériorisés. Les associarions entre les troubles mentaux et ces deux dimensions de la relation de couple présentent la même tendance : les enfants ont plus de chance d'avoir des troubles mentaux dans les familles où le niveau de consensus ou d'affectivité dans le couple est faible (au moins un écart type au-dessous de la moyenne) que dans les familles où le niveau est moyen. 6.1.5.3 Soutien social Le niveau faible (vs moyen) de soutien social reçu par le parent pour l'enfant est faiblement associé aux troubles extériorisés identifiés par les enfants de 6 à 8 ans. 6.1.6 Synthèse de l'analyse qualitative des similitudes et des différences entre les groupes d'âge 6.1.6.1 Similitudes et différences des tendances des associations entre les groupes d'âge Les variables des classes 1, 2 et 3 (tableau 10) se retrouvent dans plus d'un groupe d'âge et constituent, avec celles de la classe 4, l'ensemble des variables associées modérément et fortement aux troubles mentaux des jeunes. Du point de vue des similitudes entre les groupes d'âge, la chance que les troubles mentaux soient présents est augmentée par : (1) la présence (vs l'absence) de troubles mentaux chez les parents; (2) un cheminement scolaire irrégulier, défini par un retard scolaire ou l'intégration dans un programme spécialisé (vs un cheminement régulier); (3) un niveau faible de compétence sociale (vs un niveau moyen); (4) la présence d'une maladie physique chronique, sans diminurion de l'autonomie ou consommation de médicaments chez les enfants de 6 à 8 ans et avec cette caractéristique chez les jeunes de 9 à 14 ans; (5) la scolarité du père de niveau 5^ secondaire ou inférieur (vs le niveau universitaire) chez les enfants de 6 à 8 ans ainsi que la scolarité de la mère de niveau 5^ secondaire ou inférieur (vs le niveau collégial) chez les adolescents de 12 à 14 ans; (6) la fréquence élevée (vs la fréquence moyenne) de comportements punirifs des parents; (7) un niveau de stress plus élevé chez les parents; (8) un nombre de quatre maladies ou plus au foyer (vs un nombre inférieur à quatre). CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 81 Les associations observées pour le sexe et les variables enfant unique et posirion dans la fratrie présentent des différences. Concernant le sexe, la chance que les troubles exténorisés soient présents est plus élevée chez les garçons que chez les filles, dans le groupe d'enfants de 6 à 11 ans. Par ailleurs, les troubles intériorisés ont plus de chance de se retrouver chez les filles que chez les garçons dans les groupes de jeunes de 9 à 11 ans et de 13 à 14 ans. D'autre part, la situarion d'enfant unique (vs celle de premier de famille ou la présence de frères ou de soeurs) augmente la chance d'avoir des troubles mentaux chez les enfants de 6 à 11 ans, alors qu'à l'adolescence c'est le rang plus élevé (troisième ou plus) dans la fratrie qui augmente la chance d'avoir des troubles mentaux. 6.1.6.2 Variables associées aux troubles mentaux identifiés par un ou plus d'un informateur Peu de variables sont reliées aux troubles identifiés par deux ou trois informateurs pour le même type de trouble. Parmi celles-ci, le sexe, considéré individuellement ou en interacrion avec d'autres variables (âge, compétence sociale, maladie physique chronique et cheminement scolaire des jeunes, anxiété généralisée et comportements de soin des parents) est présent dans les modèles obtenus pour les troubles extériorisés identifiés par les enfants de 6 à 8 ans et 9 à 11 ans, leurs parents et leurs professeurs. Le cheminement scolaire est relié aux troubles extériorisés des enfants de 9 à 11 ans, identifiés par les parents et les professeurs, ainsi qu'aux troubles extériorisés des adolescents, idenrifiés par leurs parents et par eux-mêmes, lorsqu'il est considéré en interacrion avec le sexe. La dépression du parent, individuellement ou en interacrion avec les antécédents familiaux, est associée aux troubles intériorisés idenrifiés par les enfants de 6 à 8 ans et leurs parents. Lanxiété généralisée des parents, incluant l'interaction avec le sexe, est associée aux troubles extériorisés idenrifiés par les enfants de 9 à 11 ans et leurs parents. Les comportements punirifs des parents sont reliés aux troubles exténonsés des jeunes de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans, identifiés par les parents et les professeurs, alors que les comportements de som de la mère, perçus par les adolescents, sont associés aux troubles extériorisés identifiés par les adolescents et leurs parents. D'autre part, certaines variables sont associées exclusivement aux troubles mentaux des jeunes menrionnés par un type d'informateur Le soutien social est relié aux troubles extériorisés mentionnés par les enfants de 6 à 8 ans. Lâge est associé aux troubles intériorisés mentionnés par les enfants de 9 à 11 ans. Le nombre de personnes au foyer et la phobie du parent, le statut d'activité de la mère et le revenu familial sont reliés aux troubles mentaux des jeunes mentionnés par les parents. La structure familiale et les attitudes des parents favorisant l'autonomie de l'enfant sont reliées aux troubles extériorisés des enfants de 6 à 8 ans menrionnés par les professeurs. Les autres variables sont reliées aux troubles mentaux mentionnés par l'un ou l'autre informateur selon les modèles de régression logisrique obtenus. 82 CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION TABLEAU 11 Synthèse des variables associées aux troubles intériorisés et extériorisés chez les enfants et les adolescents de 6 à 14 ans selon la force d'association^^^ 6 A 8 ANS(N = INT. E s. 760) EXT, p E P 12 A 14 ANS (N = 825) 9A H ANS(N = 8 ] 6 ) iNT, PR(2) E P E P EXT. INT, EXT. A PR P A DE CARACTÉRISTIQUES CENFANT/ADOLESCENT ** ÂGE ** SEXE « * ** * ** CHEMINEMENT SCOLAIRE * INDICE DÉ COMPÉTENCE SOCIALE ** « ** * * * NOMBRE D'ÉVÉNEMENTS STRESSANTS DU JEUNE - 6 DERNIERS MOIS * ÉCHELLE DE PERCEPTION SUBJECTIVE DU STRESS (SELON CADOLESCËNT) INDICE DE SANTÉ PHYSIQUE ** ** NOMBRE D'ÉVÉNEMENTS STRESSANTS DE Ù\DOLESCENT - 6 DERNIERS MOIS (SELON CADOLESCENT) * * *« ** INTERACTIONS *** SEXE ET ÂGE * ** ** * SEXE ET CHEMINEMENT SCOLAIRE * * »: SEXE ET COMPÉTENCE SOCIALE SEXE ET INDICE DE SANTÉ PHYSIQUE CO P *** 1. i£s 14 colonnes du tableau correspondent aux 14 modèles de régression logistique. La comparaison entre ces modèles n'est justifiée que sur le plan qualitati 2. Les professeurs de 692 enfants de 6 â 8 ans et de 7,31 enfants de 9 à 11 ans ont panicipé à l'étude. * l < rapport des cotes < 2 * * 2 < rapport des cotes < 4 * * • 4 < rapport des cotes TABLEAU 11 (suite) 6 A 8 ANS(N = 760) INT. E 9 À 11 ANS (N = 816) iNT, EXT. P E P PR(2) E 12 A 14ANS(N = 823) iNT, E;XT. P E P PR A EXT, p A p CARACTÉRISTIQUES FAMILIALES ** STRUCTURE FAMILL\LE ** NOMBRE DE PERSONNES AU FO^TR POSITION DANS LA FRATRIE ** * ** «* ENFANT UNIQUE ** PHOBIE DU PARENT * «* ANXIÉTÉ GÉNÉRAUSÉE DU PARENT NOMBRE D'ÉVÉNEMENTS STRESSANTS DU PARENT *** ** * TROUBLE DÉPRESSIF DU PARENT ** *» ** ** *** ** ** * ÉCHELLE DE PERCEPTION SUBJECTIVE DU STRESS DU PARENT RELATION PARENT-ENFANT : ÉCHELLE * * * ** * DE COMPORTEMENTS PUNITIFS RELATION PARENT-ENFANT : ÉCHELLE DE COMPORTEMENTS DE SOIN * RELATION PARENT-ENFANT : * ATTITUDES FAVORISANT L^UTONOMIE 1, Les 14 colonnes du tableau correspondent aux 14 modèles de régression logistique. Li comparaison entre ces modèles n'est justifiée que sur le plan qualitatif 2. Les professeurs de 692 enfants de 6 à 8 ans et de 731 enfants de 9 à 11 ans ont participé à l'étude. * l < rappon des cotes < 2 •* 2 < rapport des cotes < 4 * * * 4 < rapport des cotes * ** TABLEAU 11 (suite) 9 A H ANS (N = 816) 6À8ANS(N = 760) E iNT, EXT INT, P E P PR(2) E 12 À 14 ANS (N = 825) iNT. EXT. P E P PR A EXT P A P * RELATION PÈRE-ENFA^^r : ÉCHELLE DE COMPORTEMENTS PUNITIFS (SELON CADOLÉSCENT) * RELATION MÈRE-ENFANT : ÉCHELLE DE COMPORTEMENTS DE SOIN (SELON I>DOLESCENT) ** ÉCHELLE D'AFFECnVlTÉ DANS LE COUPLE * * ÉCHELl-E DE CONSENSUS DANS LE COUPLE * INDICÉ DE SOUTIEN SOCIAL ** SAMTÉ PHYSIQUE AU FOYF,R * ** ANTÉCÉDENT FAMILIAL INTERACTIONS *** SEXE ET ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE DU PARENT * SEXE ET SOIN SEXE ET SOIN DU PÈRE ** (SELON I^DOLESCENT) ANTÉCÉDENT FAMILIAL ET TROUBLE ** DÉPRESSIF DU PARENT 1. l_es 14 colonnes du tabieau correspondent au.x 14 modèles de régression iogistique. La comparaison entre ces modèles n'est justifiée que sur le plan qualuaiif 2. Les professeurs de 692 enfants de 6 à 8 ans et de 731 enfants de 9 à 11 ans ont participé à l'étude. * 1 < rappon des cotes < 2 * • 2 < rapport des cotes < 4 * * * 4 < rappon des cotes en * TABLEAU 11 (suite) 6 À 8 ANS(N = 9 À 1 1 ANS(N = 816) EXT. INT, E 760) P E F INT, PR(2) E 12 À 14 ANS (N = 825) iNT, EXT, P E P PR A EXT, p CARACTÉRISTIQUES SOCIO-ÉCONOMIQUES ET SOCIODÉMOGRAPHIQUES ** STATUT D'ACTIVITT DE LA MÈRE ** SCOLARITÉ DE LA MÈRE SCOIARITÉ DU PÈRE *** ** INDICE D'UN REVENU FAMILIAL SUFFISANT L Les 14 colonnes du tableau correspondent aux 14 modèles de régression logisuque, La comparaison entre ces modèles n'est justifiée que sur le plan qualitatif. 2. Les professeurs de 692 enfants de 6 à 8 ans et de 731 enfants de 9 à 11 ans ont participé à l'étude, * 1 < rappon des cotes < 2 ** 2 < rapport des cotes < 4 • • * 4 < rapport des cotes ** A P 6.2 Désirabilité sociale du parent Les troubles dépressifs des parents se confondent avec la désirabilité sociale dans leur évaluation des troubles intériorisés des enfants et des adolescents. Les deux variables, considérées individuellement, sont significativement associées à ces troubles. Un niveau plus élevé de désirabilité sociale est lié à une diminution de la probabilité que les troubles soient rapportés par les parents. Toutefois, lors de la vénfication de l'effet de confusion, la désirabilité sociale devient non significative par l'entrée de la dépression des parents dans le modèle de régression logistique, alors que la dépression demeure significative. La désirabilité sociale ne semble pas masquer l'association entre la mesure de la dépression chez les parents et celle des troubles intériorisés des jeunes. Un effet similaire est observé pour la perception que les parents ont de leurs comportements punirifs envers l'enfant. Ces comportements se confondent avec la désirabilité sociale, dans le cas des troubles extériorisés des jeunes. Les deux variables prises isolément sont significativement reliées à ces troubles. Un niveau plus élevé de désirabilité sociale diminue la probabilité que les troubles extériorisés soient idenrifiés par les parents. Cependant, la désirabilité sociale devient non significative lorsque l'on inclut les comportements punitifs dans le modèle, lesquels restent significativement associés aux troubles extériorisés. 6.3 Variables non associées significativement aux troubles mentaux Aucune associarion significative n'a été trouvée pour le type d'habitarion, la langue maternelle, le statut d'activité du père ni les sous-échelles de cohésion et de satisfaction de la relarion de couple. Plusieurs des effets d'interaction étudiés (voir Rapport de recherche, volume 1, annexe 3, Valla et coll., 1994) n'ont pas été observés. Le sexe n'interagit pas de façon significative avec la phobie ou la dépression des parents ni avec les comportements punirifs des parents et leurs attitudes à l'égard de l'autonomie de l'enfant. 11 n'y a pas non plus d'effet d'interacrion entre les antécédents familiaux et la phobie ainsi que l'anxiété générahsée des parents, entre le revenu familial et la structure familiale et entre la scolarité de la mère ou du père et le cheminement scolaire du jeune. 6.4 Discussion des résultats Cette parrie vise trois objecrifs : (1) mettre en évidence les variables qui contribuent le plus à la psychopathologie des jeunes ; (2) vérifier la cohérence des données de l'enquête avec les résultats provenant surtout des études épidémiologiques ; (3) suggérer des idées quant à l'urilisarion des données de l'enquête pour la prévenrion. La discussion sera d'abord centrée sur la généralisarion des résultats et les limites des données de l'enquête. Cette informarion doit être prise en compte autant dans le cadre de la planification des services de santé que dans celui de la recherche. Les associations entre les différentes caractérisriques individuelles, familiales et sociales et les troubles mentaux des jeunes seront ensuite discutées à la lumière des informations CHAPITRE 6 • DESCRIPnON DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 87 provenant d'études épidémiologiques et de certains modèles théoriques. Finalement, la discussion portera sur les implications des associations observées entre variables et troubles mentaux pour la recherche et la prévention. La synthèse proposée dans ce document fait ressortir les principaux éléments de l'interprétarion des résultats. Une discussion plus élaborée pour chacune des variables est présentée dans le volume 3 du Rapport de recherche (Bergeron et coll., 1994). 6.4.1 Généralisation des résultats Les données de l'enquête se généralisent à la popularion cible, soit l'ensemble des enfants et adolescents de 6 à 14 ans inclusivement, résidant au Québec et pouvant s'exprimer en français ou en anglais. Cette population exclut les familles des réserves indiennes et celles des zones très périphériques. De façon générale, les résultats de l'enquête sont cohérents avec les données des autres études. Toutefois, les associations exclusives entre certaines variables et un type de trouble, particulièrement entre les troubles extériorisés et le cheminement scolaire, la structure familiale, le nombre de personnes au foyer sont plus clairement démontrées dans l'enquête québécoise. Cette exclusivité de l'associarion soulève la quesrion de la spécificité du lien entre ces variables et une catégorie de trouble. Jusqu'à présent, les résultats ne sont pas suffisamment constants d'une étude à l'autre pour conclure qu'il existe un lien spécifique. 6.4.2 Limites des données de l'enquête Lenquête est une étude descriptive et représente une première étape du processus de compréhension des troubles mentaux à parrir d'un échanrillon représentarif de la population des jeunes de 6 à 14 ans de la province de Québec, qui consritue la population cible. Les données obtenues ont permis d'identifier les variables associées à la psychopathologie afin d'émettre des hypothèses concernant les facteurs de risque potentiels. Des analyses secondaires sont envisagées dans le but de vérifier certaines quesrions soulevées par cette première étape d'analyse. Parmi les analyses déjà suggérées, l'étude des interactions entre les caractérisriques socio-économiques et certaines caractéristiques familiales telles que la santé mentale et le stress des parents ainsi que la relarion parent-enfant donnerait une idée plus précise du rôle des variables socio-économiques. D'autre part, le regroupement des différentes variables associées aux troubles mentaux en un indice cumulatif du risque potentiel permettrait de vérifier la force d'association entre un tel indice et la présence de troubles. Il sera possible aussi de vérifier les variables associées aux diagnostics les plus fréquents. Cependant, les résultats de l'enquête ne permettent pas de conclure que les variables mises en évidence sont des causes de la psychopathologie ou, pour plusieurs, qu'elles sont des facteurs de risque. En effet, des variables telles que la fréquence des comportements punitifs et le stress des parents ainsi que la relarion de couple peuvent être influencées par la santé mentale de l'enfant. Une seconde limite des données de l'enquête concerne l'absence de certaines catégones de vanable susceptibles d'être reliées aux troubles mentaux des jeunes, particulièrement les variables neurobiologiques et cognitives, qui sont moins accessibles aux protocoles de recherche épidémiologique. C H A P I T R E 6 . DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LÉS VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION Une troisième limite des données obtenues à cette première étape concerne l'analyse des associations entre les variables et deux grandes catégories de trouble. Bien que le regroupement des diagnostics en troubles intériorisés et extériorisés soit pertinent du point de vue conceptuel (Reynolds, 1992), les associations observées ne rendent pas compte des différences possibles entre les facteurs liés à chacun des troubles mentaux. Une quatrième limite porte sur le manque de validité concernant la mention d'événements stressants au cours des six mois précédant l'entrevue autant pour les événements vécus par les parents que pour les événements vécus par les jeunes, particulièrement les adolescents. Toutefois, certaines analyses effectuées a posteriori ont suggéré la possibilité que, dans une bonne proportion, les événements rapportés soient valides, mais que la période dépasse les six derniers mois. Les associations obtenues avec les troubles mentaux ne riennent donc pas compte de façon claire d'une période de six mois. Une cinquième limite concerne les intervalles de confiance des rapports de cotes. Comme on l'a indiqué précédemment, pour la plupart des variables associées fortement ou modérément aux troubles mentaux, le rapport de cotes représentant la limite inférieure de l'intervalle de confiance se situe au-dessous de deux et suggère une faible association. D'autre part, un manque de précision des estimations a été noté, particulièrement dans le cas des interactions entre le sexe et d'autres variables indépendantes (âge, cheminement scolaire, compétence sociale, maladie physique chronique, anxiété généralisée du parent, etc.). Linterprétation de la force d'association des différentes variables mises en relation avec les troubles mentaux demeure hypothérique et doit se situer dans les hmites de la précision des esrimations. Une sixième limite tient à la complexité de l'étude de la psychopathologie des jeunes. Le nombre élevé de variables indépendantes ainsi que la multitude de tests effectués au cours des analyses peuvent être à l'origine de certains résultats inattendus tels que : (1) l'absence d'une différence significative entre les filles et les garçons de 12 ans pour les troubles intériorisés et (2) la chance moins élevée de trouver des troubles extériorisés chez les adolescents dont les parents ont un trouble dépressif. La compréhension des troubles mentaux des jeunes implique de mulriples facteurs liés entre eux, interagissant probablement avec le développement normal. Les protocoles de recherche épidémiologique qui tentent de rendre compte de l'ensemble de ces dimensions sont récents. Enfin, les modèles de régression logistique obtenus doivent être compris dans les limites de la méthodologie proposée dans l'enquête, incluant la démarche d'élaborarion du modèle de régression. 6.4,3 Comparaison des résultats de l'enquête québécoise avec les données d'autres études Comme on l'a indiqué dans le contexte théorique (voir chapitre 5), la comparaison des résultats de l'enquête québécoise avec les données des autres études vise surtout à faire ressortir les tendances générales concernant les catégories de variable suggérées des études empinques et de certains modèles théoriques. En ce qui concerne les caractéristiques de l'enfant ou de l'adolescent, le sexe, considéré individuellement ou en interacrion avec l'âge, est l'une des variables le plus fortement CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 89 associées aux troubles mentaux, et cette association élevée se retrouve dans les trois groupes d'âge. De façon générale, la fréquence plus élevée de troubles extériorisés chez les garçons de 6 à 11 ans que chez les filles de ce groupe d'âge est conforme aux résultats mentionnés par Bird et coll. (1989), Offord et coll. (1989) et Vêlez et coll. (1989). D'autre part, la fréquence de troubles intériorisés plus élevée chez les filles que chez les garçons, à l'adolescence, va dans le sens des tendances observées par Vêlez et coll. (1989). Cependant, l'information qu'ajoutent les données de l'enquête québécoise est que la différence entre les filles et les garçons pour les troubles intériorisés apparaît entre 9 et 11 ans. Le cheminement scolaire, considéré individuellement ou en interacrion avec le sexe, est une autre caracténsrique de l'enfant ou de l'adolescent fortement associée aux troubles mentaux. Les résultats correspondent aux tendances observées dans d'autres études épidémiologiques où le retard académique est associé à des troubles extériorisés (Bird et coll., 1989; Offord et coll., 1989b; Vêlez et coll., 1989). Toutefois, contrairement à certaines études où des associarions ont été obtenues entre le retard académique et les troubles intériorisés (Bird et coll.; Vêlez et coll.), les données de l'enquête font nettement ressortir un lien exclusif avec les troubles extériorisés. 11 est possible que certaines différences méthodologiques concernant la définition de la variable cheminement scolaire, la mesure de la santé mentale des jeunes et l'analyse des variables selon l'informateur ayant identifié les troubles mentaux contribuent à la spécificité de l'association. Le niveau élevé d'association entre la présence d'une maladie physique chronique et les troubles extériorisés chez les enfants de 6 à 8 ans est en accord avec la tendance indiquée par Offord et coll. (1989) pour l'hyperactivité. Linterprétation du lien entre la maladie physique et les troubles mentaux est limitée puisque certains troubles, tels les troubles anxieux, peuvent susciter une plus grande vulnérabilité à la maladie physique. Bien que la direction de ce lien ne peut être établie, sa présence confirme les données des études, et cette cohérence suggère l'importance de cette variable dans la compréhension des problèmes de santé mentale des jeunes. La relation entre un niveau faible de compétence sociale et les troubles extériorisés confirme les données de McGee et Williams (1991). Comme dans cette étude, l'associarion est moins claire pour les troubles intériorisés. Les problèmes de validité des fréquences d'événements stressants sur une période de six mois limitent l'interprétation des associations entre cette variable et les troubles mentaux en fonction de cette période. Toutefois, les associarions trouvées permettent de faire l'hypothèse d'un lien entre la présence d'événements stressants et la psychopathologie chez les adolescents, lien qui est en accord avec les données provenant d'autres études épidémiologiques (Garnson et coll., 1992; Vêlez et coll., 1989). Les caractéristiques familiales les plus importantes sont la présence de troubles mentaux chez les parents, la situation d'enfant unique chez les enfants de 6 à 11 ans et le rang plus élevé dans la fratrie chez les adolescents de 12 à 14 ans. Lassociation entre les troubles mentaux des parents et ceux de leurs enfants confirme les tendances observées par Weissman et coll. (1984, 1987) et Last et coll. (1991), dans des échanrillons cliniques, ainsi que par Bird et coll. (1989) et Offord et coll. (1989), dans des C H A P I T R E 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION échantillons de la popularion. Bien que la comparaison avec les résultats provenant de populations cliniques soit limitée, le lien entre la psychopathologie des parents et la santé mentale des enfants a surtout été étudié dans ces populations. Par ailleurs, il semble que les enfants de 6 à 11 ans soient davantage affectés par la situation d'enfant unique, alors que les adolescents sont plus vulnérables lorsqu'ils occupent un rang plus élevé (troisième ou plus) dans la fratrie. Les mécanismes sousjacents à ces associations ne peuvent être dégagés des résultats de l'enquête. Bien que l'association avec les troubles mentaux des jeunes soit de niveau modéré ou faible, il a été suggéré qu'une fréquence élevée de comportements punitifs chez les parents puisse contribuer grandement à la psychopathologie des enfants et des adolescents. Les résultats sont en accord avec les hypothèses et les données empiriques qui ont démontré une relation entre les conduites punitives et coercitives des parents et les troubles du comportement ainsi que les difficultés émotionnelles chez l'enfant (Maccoby et Martin, 1983; Patterson, 1982; Patterson et coll., 1992). Cependant, les données de l'enquête québécoise mettent en évidence l'existence d'une relarion entre ces conduites parentales et les troubles mentaux des jeunes définis selon le DSM-lll-R, hen qui, jusqu'à présent, n'avait pas été étabh dans le cadre d'une enquête. La contriburion de la dimension soin de la relarion parent-enfant est plus importante chez les adolescents. Les filles dont le père exprime peu de comportements de soin s'avèrent plus vulnérables aux troubles intériorisés que les garçons. Le rôle du parent du sexe opposé dans le développement psychologique et social a surtout été mis en évidence par les théories psychanalyriques. Les mécanismes sont complexes et n'ont pas encore été vérifiés. Toutefois, ce résultat met en évidence l'importance du soutien affecrif, de l'aide et des renforcements de la part du père dans la compréhension des troubles intériorisés chez les filles. Parmi les autres caractéristiques familiales modérément associées aux troubles mentaux des jeunes dans au moins un groupe d'âge, les plus importantes sont la présence de maladie physique au foyer, une structure familiale de type monoparental ou reconsritué, un nombre de cinq personnes ou plus au foyer ainsi que la présence d'antécédents familiaux de comportements suicidaires et de troubles mentaux. Lassociation entre un nombre de cinq personnes ou plus au foyer et les troubles extériorisés chez les jeunes de 6 à 8 ans est en accord avec les observarions de Offord et Fleming (1991). D'autre part, vivre dans une famille de type monoparental ou reconsritué, c'est-à-dire celle où l'on trouve la présence d'un seul parent biologique ou adoprif, augmente la chance que les troubles extériorisés soient présents chez les enfants de 6 à 8 ans, mais cette situarion ne semble pas affecter de façon signihcative les jeunes de 9 à 14 ans. Vêlez et coll. (1989) ont observé une associarion entre la situarion où le jeune vit avec un seul parent et les troubles extériorisés. Cependant, dans cette étude, le lien est observé chez les adolescents alors que dans l'enquête québécoise l'association est spécifique au groupe d'enfant de 6 à 8 ans. Létat de santé de la famille n'a pas été relié à la santé mentale des jeunes dans les dernières enquêtes. La comparaison des résultats avec des données provenant d'autres études épidémiologiques est Hmitée. La variable antécédent familial, évaluée dans le protocole de l'enquête, représente un indice global défini par un ensemble de personnes consrituant la famille élargie (mère et père du parent questionné, frères, soeurs, tantes, CHAPITRE 6 • DESCRIPnON DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 91 oncles, cousins et cousines). Les associations observées chez les enfants de 6 à 11 ans suggèrent une plus grande vulnérabilité des jeunes de ce groupe d'âge à la présence d'antécédents familiaux de problèmes de santé mentale. Malgré les limites de l'indice urilisé, ces résultats montrent la pertinence d'intégrer l'ensemble des facteurs génériques et environnementaux dans la compréhension de la psychopathologie des jeunes. En ce qui concerne les événements stressants vécus par les parents, le manque de validité des fréquences d'événements pour une période de six mois limite l'interprétarion des associations trouvées avec les troubles mentaux en fonction de cette période. Toutefois, l'existence d'un lien suggère la possibilité que le niveau de stress vécu par les parents soit compris dans l'ensemble des variables associées à la psychopathologie des enfants et des adolescents. Enfin, les dimensions affectivité et consensus de la relation de couple ainsi que le sourien social parental sont faiblement associés aux troubles mentaux. Le lien trouvé pour la relation de couple est conforme aux tendances mises en évidence par Bird et coll. (1989). D'autre part, l'association entre le soutien social et les troubles extériorisés des enfants de 6 à 8 ans rejoint la pertinence accordée à cette variable dans les études. Cependant, il est possible que le soutien social interagisse avec d'autres caractéristiques famihales telles que la santé mentale des parents et la relation parent-enfant. Ces analyses n'ont pas été effectuées lors de la première étape. La contribution des caractéristiques socio-économiques s'avère moins évidente que celle de certaines des caractéristiques individuelles et familiales mentionnées précédemment. La relarion entre la psychopathologie des jeunes et un faible niveau de scolarité du père est plus claire dans le cas des troubles extériorisés. Ces troubles ont plus de chance d'être présents chez l'enfant si le père a un niveau de 5^ secondaire ou inférieur que dans les autres conditions. Cette tendance a été observée par Vêlez et coll. (1989) pour l'ensemble de l'échantillon des jeunes de 11 à 20 ans. Cependant, contrairement à cette étude, les données de l'enquête ne montrent aucune associarion entre la scolarité du père et les troubles mentaux des adolescents. À l'adolescence, c'est plutôt la scolarité de la mère qui est liée aux troubles mentaux. Le lien entre un niveau de 5^ secondaire ou inférieur (vs un niveau collégial) et la présence de troubles intériorisés va dans le sens des observations de Vêlez et coll. (1989). Toutefois, dans l'enquête, la probabilité significativement plus élevée de trouver ces troubles chez les adolescents dont la mère a une formation universitaire (vs une formation collégiale) est un résultat inattendu. Selon des analyses effectuées a posteriori, il ne semble pas que l'associarion entre le niveau de scolarité de la mère et la psychopathologie des adolescents varie en fonction du sexe de l'adolescent, de la santé mentale de la mère ou du revenu familial. Bien que l'interprétation de ce résultat soit limitée, cette association suggère que les enfants dont les parents ont un niveau de scolarité plus élevé peuvent présenter une certaine vulnérabilité aux troubles intériorisés tels que la dépression ou les troubles anxieux. Tout comme la scolanté, le statut d'activité de la mère est lié aux troubles intériorisés des adolescents de 12 à 14 ans. Un statut défini par le travail à temps plein (vs tenir maison) augmente la possibilité que les troubles intériorisés soient présents chez les adolescents. Le statut des parents, tel qu'il a été évalué dans le protocole de 92 CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION l'enquête, n'a pas été vérifié dans les enquêtes récentes. Linterprétation de ce résultat est limitée. Le revenu familial suffisant est une autre variable socio-économique associée aux troubles intériorisés des adolescents. Le niveau faible de revenu est habituellement considéré comme indicateur de risque et est surtout relié à la présence de troubles extériorisés (Offord et coll., 1989; Vêlez et coll., 1989). Les résultats de l'enquête proposent une tendance inverse. La comparaison avec les données des autres études demeure limitée puisque l'indice de revenu familial tient compte du nombre de personnes vivant au foyer Les données de l'enquête québécoise suggèrent la possibilité que le profil socio-économique observé pour les troubles intériorisés présente des différences avec celui qui est généralement proposé pour les troubles exténonsés. Enfin, le rôle des variables socio-économiques pour la psychopathologie des jeunes n'est pas très bien établi dans les études. Lhypothèse la plus plausible peut se situer dans une perspective écologique du développement humain (Bronfenbrenner, 1979). Elle suggère que le milieu socio-économique a probablement une infiuence indirecte sur la santé mentale de l'enfant à travers certaines caractéristiques des parents et de la famille, particulièrement la relarion parent-enfant. 6.4.4 Suggestions pour la prévention découlant des associations entre variables et troubles mentaux Le tableau 12 résume les principales suggestions qui découlent des résultats de l'enquête. Ces idées représentent un début de réfiexion permettant surtout de déterminer les personnes et les milieux concernés. 6.4.5 Implications des similitudes et des différences entre les variables associées aux troubles mentaux identifiés par un ou plus d'un informateur Un premier niveau d'implicarion concerne le domaine de la recherche. Le parent étant le principal évaluateur des variables associées aux troubles mentaux dans l'enquête, l'association exclusive entre une variable telle que la phobie du parent, qui provient d'une évaluarion subjective, et les troubles mentaux des jeunes idenrifiés par les parents suggère la possibilité d'un biais lié à l'informateur. En effet, les troubles mentaux des parents peuvent avoir une influence sur la façon dont ils évaluent la santé mentale de leurs enfants. Ce type de biais concernant la santé mentale du parent limite l'interprétation des associarions. Par ailleurs, les variables qui sont associées aux troubles mentaux identifiés par au moins un autre informateur que le parent réduisent la possibilité que l'association observée soit due uniquement au biais de l'informateur Les résultats de l'enquête montrent un certain nombre de variables reliées aux troubles mentaux mentionnés par deux ou trois informateurs pour le même type de trouble, dans le même groupe d'âge. Les plus importantes sont le sexe, considéré isolément ou en mteraction avec d'autres variables (compétence sociale, maladie physique chronique, cheminement scolaire, anxiété généralisée des parents), la situation d'enfant unique, la dépression des parents ainsi que les comportements punitifs et de soin des parents. Le sexe, la situarion CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 93 TABLEAU 12 Synthèse des principales suggestions pour la prévention découlant des associations entre variables et troubles mentaux^^^ GROUPE CIBLE SUGGESTIONS SEXE 6 - 1 4 ANS GARÇONS FILLES IMPORTANCE DE CONSIDÉRER LES DIFFÉRENCES ENTRE GARÇONS ET FILLES CONCERNANT LE PÏTE DE TROUBLE MENTAL ET LES PÉRIODES OU CES DIFFÉRENCES S'OBSERVENT : LES GARÇONS DE 6 - 1 1 ANS SE DIFFÉRENCIENT DES FILLES POUR LES TROUBLES EXTÉRIORISÉS, ALORS QUE LES FILLES DE 9 - 1 4 ANS SE DIFFÉRENCIENT DES GARÇONS POUR LES TROUBLES INTÉRIORISÉS, 6 - 1 4 ANS FILLES LES PARENTS, PROFESSEURS ET PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ DEVRAIENT MAINTENIR UNE ATTITUDE VTGil^NTE A L'ÉGARD DES SIGNES D'ANXIÉTÉ ET DE DÉPRESSION PLUS DIFFICILES À DÉPISTER, TROUBLES MENTAUX DES PARENTS INTERVENTION AUPRÈS DES PARENTS QUI PRÉSENTENT DES TROUBLES MENTAUX EN CONSIDÉRANT U POSSIBILITÉ QUE I:INFLUENCE DÉ CES TROUBLES PUISSE ÊTRE DIFFÉRENTE SELON C^GE DE ÉENFANT : 6-8 ANS 12-14.^NS PHOBIE ET TROUBLE DÉPRESSIF; 9 - 1 1 ANS ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE. ENFANT UNIQUE 6 - 1 1 ANS D N T E R V E N T I O N POURRAIT VISER DEUX DIMENSIONS ; (1) LA QUALITÉ DE LA REb\T!0N PARENT-ENFANT EN OFFRANT AUX PARENTS UN SOUTIEN DANS LEUR ROLE DE PARENT; (2) L^ QUALITÉ DE lA RELATION ENTRE L'ENFANT ET LES PAIRS : FAVORISER LES CONTACTS ET LES ACTIVITÉS AVEC LES PAIRS DÈS lA PETITE ENFANCE, SOIT Â LA GARDERIE, À LA PRÉ-MATERNELLE, A LA MATERNELLE ET AU PRIMAIRE, CHEMINEMENT 9 - 1 1 ANS GARÇONS FiLLES SCOLAIRE I M P O R T A N C E D ' O F F R I R U N S O U T I E N S C O U I R E E T P S Y C H O L O G I Q U E P R É C O C E P O U R LES J E U N E S AYANT DES DIFFICULTÉS S C O U I R E S . 1 2 - 1 4 ANS GARÇONS M A L A D I E P H Y S I Q U E C H R O N I Q U E C H E Z LES J E U N E S 6-14 ANS GARÇONS FILLES NÉCESSITÉ D'APPORTER UN SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE AUX JEUNES ATTEINTS D'UNE MALADIE PHYSIQUE CHRONIQUE. COMPÉTENCE SOCIALE DES JEUNES 6-14 ANS GARÇONS FILLES AMÉLIORATION DES COMPÉTENCES SOCIALES CHEZ CERTAINS JEUNES AFIN DE LEUR PERMETTRE DÉ T R O U V E R LES R E N F O R C E M E N T S SOCIAUX N É C E S S A I R E S A LEUR BON FONCTIONNEMENT PSYCHOLOGIQUE ET SOCIAL, U FAMILLE ET LE MILIEU SCOLAIRE SERAIENT DES MILIEUX PRIVILÉGIÉS FOUR FAVORISER I:APPRENT!SSAGE SOCIAL, 1 LR synthèse des suggestions se limite aux vanables le plus fortement associées aux troubles mentaux des jeunes et à celles qui représentent des indicateurs plus accessibles à des programmes d'intervention. 94 CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION TABLEAU 12 (suite) GROUPE CIBLE SUGGESTIONS RELATION PARENT-ENFANT 6-14 ANS GARÇONS FILLES LINTERVENTION VISANT L^ QUALITÉ DE IA RELATION PARENT-ENFANT DEVRAIT PORTER SUR LES DEUX DIMENSIONS SUIVANTES : t l ) LA DIMINUTION DES COMPORTEMENTS PUNITIFS OU DES INTERACTIONS COERCITIVES; (2) IA PARTICIR-^TIGN DU PERE A LA DIMENSION SOIN DE LENFANT, PARTICULIÈREMENT A LÉGARD DES FILLES DE 1 2 - 1 4 ANS. SANTÉ PHYSIQUE AU FOYER 9 - 1 1 ANS 1 2 - 1 4 ANS GARÇONS FILLES UN SOUTIEN APPROPRIÉ DEVRAIT ÊTRE APPORTÉ AUX PARENTS MALADES. 1 La synthèM: des suggestions se limite aux vanables le plus fortement associées aux troubles mentaux des jeunes et â celles qui représentent des indicateurs plus accessibles à des programmes d'intervention. d'enfant unique, le cheminement scolaire et la maladie physique chronique sont des variables factuelles. Les autres variables dépendent de l'évaluation subjective du parent. Lassociarion avec les troubles mentaux menrionnés par d'autres informateurs que le parent augmente la certitude qu'un lien existe entre ces variables et la psychopathologie des jeunes. Le second niveau d'implication concerne le domaine de l'intervention. Le traitement des troubles mentaux des enfants et des adolescents exige habituellement la collaborarion du jeune, des parents et, dans le cadre scolaire, du professeur. La connaissance des facteurs associés aux troubles mentionnés par chaque informateur peut aider à comprendre les facteurs qui augmentent la tendance des informateurs à percevoir et à idenrifier des troubles mentaux chez les enfants et les adolescents. Les données de l'enquête révèlent que, dans l'un ou l'autre groupe d'âge, ce sont surtout les caractéristiques individuelles telles que l'âge, le sexe, la maladie physique chronique, les événements stressants ou le cheminement scolaire qui sont associées aux troubles idenrifiés par les jeunes. Les caractéristiques familiales et socio-économiques semblent plutôt associées aux troubles idenrifiés par les parents ou les professeurs, à l'exception de certaines caractérisriques familiales. En effet, la dépression chez des parents ayant des antécédents familiaux ainsi que le niveau de stress des parents et la situation d'enfant unique augmentent la chance que les enfants de 6 à 8 ans identifient des troubles mentaux. La dépression des parents est aussi fortement liée aux troubles extériorisés perçus et idenrifiés par les adolescents. CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 95 Références BERGERON, L,, VALLA, j , P , BRETON, J.J, (1992). « Pilot study for the Québec Child Mental Health Survey Fart U, Correlates of DSM-ilI-R critena among 6 to 14 year olds », Canadian journal of Psychiatry, 27(6), 381-386. BERGERON, L, VALLA, J.P, BRETON, J.J., GAUDET N., BERTHIAUME, C, (1994), Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans 1992. Rapport de recherche. Volume 3. Variables associées aux troubles mentaux. Hôpital Rivière-des-Praines et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. (A paraître.) BERNARD, RM,, LAPOINTE, C (1987). Mesures statistiques en épidémiologie. Québec, Presses de rUniversité du Québec, BIRD, H.R,, GOULD, M,S,, YAGER, T, STAGHEZZA, B., CANINO, G, (1989), « Risk factors for maladjustment m Puerto Rican children », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 28(6), S47-S50. BRONFENBRENNER, U. (1979). The ecology ofhuman development : Experiments by nature and design. Cambodge, Har\^ard University Press, FLEISS, J.L,, WILLIAMS, J.B.W, DUBRO, A.F (1986). « The logistic régression analysis of psychiatrie data ajournai of Psychiatrie Research, 20(3), 195-209, GARRlSON,C,Z,, ADDY, C L , JACKSON, K.L., McKEOWN, R.E., WALLER, J,L, (1992), « Major dépressive disorder and dysthymia in young adolescents », American Journal of Epidemiology, 135, 792-802. LAST, C.G., BEIDEL, D.C (1991). « Anxiety », in Lewis, M, (Ed,). Child and adolescent psychiatry : A comprehensive textbook. Baltimore, Maryland, Williams and Wilkins, 281-292. MACCOBY, E.E., MARTIN, J.A. (1983), « Socialization in the context of the family : Parent-child interaction », in Hethenngton, E,M, (Ed.). Socialization, personality and social development. Volume IV. Handbook of child psychology. Fourth édition. New York, John Wiley and Sons, 1-101, McGEE, R., WILLIAMS, S. (1991). « Social compétence in adolescence ; Preliminary findings from a longitudinal study of New Zealand 15-year-olds », Psychiatry, 54, 281-291. OFFORD, DR,, BOYLE, M,H,, RACINE, Y, (1989), « Ontario Child Health Study : Correlates of disorder », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 28(6), 856-860. OFFORD, D.R,, FLEMING, J.E, (1991). « Epidemiology », in Lewis, M, (Ed.). Child and adolescent psychiatry : A comprehensive textbook. Baltimore, Maryland, Williams and Wilkms, 1156-1168, PATTERSON, G,R. (1982), Coercive family process. Eugène, OR, Castalia Press, PATTERSON, G.R., REID. J,B,, DISHION, TJ,, (1992), A Social Interactional Approach. Volume iV Antisocial Boys. Eugène, OR, Castalia Press, REYNOLDS, WM. (1992), « Dépression m children and adolescents », in Reynolds, W.M. (Ed.). Intcrnalizing disorders in children and adolescents. New York, John Wiley and Sons, 149-254. VALLA.J.P, BERGERON, L,. BRETON, JJ,, GAUDET N., BERTHIAUME, C , SAINT-GEORGES, M,. TREMBLAY, V. LAMBERT J.. LÉPINE. S, (1994), Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans 1992. Rapport de recherche. Volume L Méthodologie. Hôpital Rivière-desPrairies et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. (À paraître.) VALLA.J.P. BERGERON, L,, BRETON,JJ., GAUDET N,, BERTHIAUME, C. (1993). « Informants, correlates and child disorders in a clinical population », Canadian Journal of Psychiatry, 38(6) 406-411, CHAPITRE 6 • DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION VELEZ, CN., JOHNSON, J,, COHEN, P (1989). « A longitudinal analysis of selected nsk factors for childhood psychopathology », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 2S(6),S6l-S64. WEISSMAN, M,M,, LECKMAN.J.F, MERIKANGAS, K.R., GAMMON, G,D,, PRUSOFF, B.A, (1984), « Dépression and anxiety disorders in parents and children », Archives of General Psychiatry, 41, S45-S52. WEISSMAN, M.M., GAMMON, G.D., JOHN, K., MERIKANGAS. K,R,, WARNER, V, PRUSOFF, B.A,, SHOLOMSKAS, D, (1987), « Children of depressed parents », Archives of General Psychiatry, 44. 847-853. CHAPITRE 6 . DESCRIPTION DES RÉSULTATS OBTENUS POUR LES VARIABLES ASSOCIÉES ET INTERPRÉTATION 87 Chapitre 7 UTILISATION DES SERVICES Breton,J.J., M.D., M.Sc, Valla,J.P M.D.,M.Sc, Bergeron, L., M.Sc, Berthiaume, C, M.Sc 7.0 Introduction Une enquête de popularion constitue une des trois approches auxquelles le planificateur peut faire appel pour cerner les besoins en santé mentale dans une perspective de planification des services. Les deux autres approches pouvant contribuer à connaître les besoins sont : (1) le recours aux indicateurs du système de santé; (2) la recherche d'un consensus (Pineault et Daveluy, 1986). Lenquête constitue une approche féconde pour la définirion des besoins en santé mentale puisqu'elle suscite de nouvelles données à la fois sur la morbidité, la prévalence des troubles mentaux, les variables associées à la morbidité et les modaUtés d'utilisation des services. Létude d'un échantillon représentarif de la popularion permet de généraliser les résultats à l'ensemble de cette population, ce qui se révèle particulièrement urile pour la planificarion des services et des programmes (Kleinbaum, Kupper et Morgenstern, 1982). Létude de l'urilisarion des services a été réalisée pour les services obtenus au cours des six derniers mois et sur toute la vie pour les problèmes émotionnels ou de comportement de l'enfant ou de l'adolescent. Lévaluarion a été réahsée en questionnant les parents sur le type de professionnel de la santé rencontré à l'école et, à l'extérieur de l'école, sur le lieu de consultation tout comme le type de professionnel rencontré*^^\ Le niveau de satisfacrion des parents, selon les professionnels et les endroits, a également été étudié. De plus, une étude a été faite sur les barrières à la consultarion, perçues par les parents qui ont pensé demander de l'aide et ne l'ont pas fait. Le contexte théorique de la fréquence et des déterminants de l'utilisation des services par les jeunes présentant des troubles mentaux et les connaissances acquises lors des enquêtes épidémiologiques contemporaines en santé mentale des jeunes som présentés et discutés dans la première partie du chapitreLa partie sur les résultats commence par une descriprion de l'utilisation des services (1) par l'ensemble des jeunes et (2) par les jeunes présentant au moins un trouble mental. Une discussion suit chacune de ces descriptions. Lanalyse des déterminants 3. Un jeune peut avoir reçu des services à l'école et à l'extérieur de l'école. CHAPITRE 7 • UTIUSATION DES SERVICES de l'urilisation des services est présentée, soit (1) la présence ou l'absence d'au moins un trouble mental, (2) la catégorie de troubles mentaux (intérionsés ou extériorisés), (3) la présence d'au moins un trouble mental avec ou sans problèmes d'adaptation, (4) la comorbidité et (5) la perception d'un besoin d'aide; chaque déterminant fait l'objet d'une discussion. Enfin, la présentarion et la discussion des barrières à la consultation perçues par les parents complètent la présentation des résultats. 7.1 Contexte théorique 7.1.1 La définition des besoins en santé mentale des jeunes Les résultats d'une enquête épidémiologique sur la santé mentale des jeunes doivent contribuer, en plus de l'amélioration des connaissances scienrifiques, à la définition des besoins en santé mentale et à la planificarion (Costello et coll., 1993). La définition des besoins en santé mentale s'appuie habituellement sur la prévalence des troubles mentaux (Anderson et coll., 1987; Offord et coll., 1987; Vêlez et coll., 1989; Verhulst et coll., 1985). Lévaluation des besoins peut également tenir compte des problèmes d'adaptation associés aux troubles mentaux. Cette approche a été urihsée lors de l'enquête réalisée à Porto Rico (Bird et coll., 1988). Lors de cette dernière enquête, la prévalence diminue de façon notable lorsque la mésadaptarion, évaluée à l'aide d'une échelle sur le fonctionnement global du jeune, est prise en compte. 11 devient alors possible d'urihser les problèmes d'adaptarion comme une échelle de gravité des troubles mentaux. C'est la stratégie qui a été retenue pour l'enquête québécoise. 7.1.2 Les déterminants de l'utilisation des services de santé mentale Les déterminants de l'urilisation des services comprennent les facteurs liés aux professionnels de la santé, à la morbidité (fréquence, gravité, urgence), aux caractéristiques des utilisateurs (âge, sexe, éducarion, revenu, attitudes et valeurs) et enfin, les facteurs organisationnels et institutionnels (quanrité et types de ressources, régime d'assurance maladie, etc.) (Pineault et Daveluy, 1986). Les facteurs liés aux professionnels de la santé ne sont pas étudiés dans une enquête de population. Lévaluation de ces facteurs nécessite une enquête auprès des professionnels eux-mêmes. Les facteurs liés à la morbidité et aux caractérisriques des utihsateurs constituent les deux premiers objecrifs de l'enquête québécoise. Létude des facteurs organisationnels et institutionnels a été réalisée en partie en quesrionnant les parents sur les barrières perçues au sujet de la demande d'aide. Le lieu de résidence, en milieu urbain ou rural, a également été pris en compte. Les facteurs organisationnels se révèlent particulièrement importants lors de l'interprétation des résultats d'enquêtes épidémiologiques de santé mentale réalisées dans des pays différents. Par exemple, l'absence de régime d'assurance maladie universel aux États-Unis favorise une surutiiisation des ressources hospitalières et une sous-utilisation des ressources dans la communauté pour le traitement des enfants présentant des troubles mentaux. Cette situation est attribuable aux poliriques de remboursement qui favorisent les ressources hospitalières (Burns et Fnedman, 1990; Burns, 1991). 100 CHAPITRE 7 • UTIUSATION DES SERVICES 7.1.3 Lutilisarion des services selon les enquêtes épidémiologiques contemporaines en santé mentale des jeunes 7.1.3.1 L'enquête réalisée en Ontario (Canada) Lutilisarion des services a été évaluée auprès des parents de 3294 jeunes de 4 à 16 ans (Offord et coll., 1987). Lévaluarion a porté sur les secteurs de soins suivants : (1) les services de santé mentale; (2) les services ambulatoires de médecine; (3) les services spécialisés en milieu scolaire. Il s'agissait de la fréquentation de ces services au cours de la période de six mois qui a précédé l'enquête. Le pourcentage déjeunes qui ont fréquenté les services de santé mentale s'étabht à 6,5 % et le pourcentage des jeunes présentant au moins un trouble mental est trois fois plus élevé (16,1 % contre 4.3 %) que celui des jeunes sans trouble mental. Les services ambulatoires de médecine ont été fréquentés par 59.3 % des jeunes. 11 n'y a pas de différence entre le pourcentage de jeunes de 4 à 16 ans avec au moins un trouble mental et le pourcentage de jeunes sans trouble mental qui ont fréquenté ce secteur de soins. Les services spécialisés en milieu scolaire ont été urilisés par 15,4 % des jeunes Ontariens. Ces services ont été fréquentés par 24,1 % déjeunes avec un trouble mental et 13,5 % déjeunes sans trouble mental. La différence est significative. 7.1.3.2 Les enquêtes épidémiologiques réalisées ailleurs qu'au Canada Létude longitudinale de New York Lévaluation de l'utilisarion des services a été réalisée auprès des parents de 760 jeunes de 12 à 20 ans (Cohen et coll.. 1991). Certains jeunes ont aussi été questionnés. Il s'agissait des services obtenus, au cours de la dernière année, pour des problèmes émorionnels ou de comportement, peu importe le secteur de soins. Les résultats indiquent que 58 % des jeunes ayant un trouble mental grave ont consulté comparativement à 29 % des jeunes sans trouble mental grave. Lorsque le recours aux services englobe l'ensemble des jeunes, sans tenir compte de la présence ou de l'absence d'un trouble mental, les jeunes de 12 à 16 ans ont consulté surtout les professeurs, suivis des psychologues et des membres du clergé. Les travailleurs sociaux et les psychiatres ont été consultés par 5 % des jeunes de 12 à 16 ans. Les diagnostics de trouble des conduites et de trouble d'opposition permettent de prédire l'utilisation subséquente des services de santé mentale (Cohen et coll., 1991). Lors de la même enquête, l'étude des déterminants démographiques révèle des différences significatives d'utilisation des services de santé mentale selon le groupe d'âge (12 à 16 ans > que 17 à 20 ans), le revenu (familles avec revenu élevé > que familles avec revenu moyen) et le lieu de résidence (famille des grandes villes > que familles des zones rurales) (Cohen et Hessenbart, 1993). Lenquête de Nouvelle-Zélande Lévaluation a été réalisée auprès des parents de 792 jeunes de 11 ans au sujet des services obtenus pour des problèmes émorionnels ou de comportement (Anderson et coll., 1987). Lévaluation porte sur une période de deux ans. Lenquête démontre que 29 % des enfants de 11 ans présentant un trouble mental ont reçu des services CHAPITRE 7 • UTIUSAnON DES SERVICES «" ' comparativement à 8 % des enfants sans trouble mental. Les pourcentages sont plus élevés lorsqu'il y a comorbidité ou encore hyperactivité. Lenquête de Porto Rico Lévaluation a été réalisée auprès des parents de 777 jeunes de 4 à 16 ans au sujet des services de santé mentale. La période d'évaluation n'est pas précisée (Bird et coll., 1990). En plus des critères du DSM-111, les chercheurs ont utilisé une mesure de l'adaptation, soit le Children Global Assessment Scale (CGAS). Le pourcentage d'urilisarion n'est que de 0,5 % lorsqu'il n'y a pas de diagnosric et que le jeune foncrionne bien (CGAS > 70). Le pourcentage de jeunes recourant aux services de santé mentale s'élève à 5,1 % pour les cas probables (critères du DSM-III et CGAS entre 70 et 61) et à 26,2 % pour les cas définis (cntères du DSM-111 et CGAS < 61). Lenquête réalisée en Hollande Lurihsation des services a été évaluée auprès de jeunes de 8 et 11 ans au sujet des services de santé mentale au cours des 12 mois qui ont précédé la collecte des données (Verhulst et coll., 1985). Parmi les 39 enfants jugés par les cliniciens comme présentant un trouble modéré ou grave, sept (19 %) ont été aidés dans un service de santé mentale. 7.2 Résultats 7.2.1 Utilisation des services par l'ensemble des jeunes 7.2.1.1 Services à l'école Orthopédagogue En milieu scolaire, les pourcentages de jeunes des trois groupes d'âge qui ont obtenu les services d'un orthopédagogue au cours des six derniers mois se révèlent significativement différents. Le pourcentage des enfants de 6 à 8 ans (11.1 %) et celui des enfants de 9 à 11 ans (9,8 %) sont significativement plus élevés que le pourcentage des adolescents de 12 à 14 ans (5,5 %) (tableau 13). Psychologue ou travailleur social Les pourcentages de jeunes qui ont obtenu des services d'un psychologue ou d'un travailleur social ne se révèlent pas significativement différents selon les groupes d'âge. Par contre, on observe une augmentation progressive des pourcentages lorsqu'on compare les plus jeunes aux plus âgés (tableau 13). Orthophoniste Il existe une différence significative, selon les groupes d'âge, au sujet des services en orthophonie au cours des six derniers mois. Le pourcentage des enfants de 6 à 8 ans est significativement plus élevé que le pourcentage des enfants de 9 à 11 ans ou des adolescents de 12 à 14 ans (tableau 13). 102 CHAPITRE 7 • UTILISATION DES SERVICES TABLEAU 13 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans^^^ ayant reçu des services à Vécole (au cours des six derniers mois) selon les catégories de professionnels de la santé ORTHOPÉDAGOGUE PSYCHOLOGUE OU TRAVAILLEUR SOCIAL ORTHOPHONISTE Au MOINS UN PROFESSIONNEL 6 À 8 ANS 9 À 11 ANS 12 A 14 .ANS % % % p(2) 9.82>3 5,5 ,001 2,7 4,2 4,7 NS 23l>2,l>3 0,9 0,5 ,001 12,2 9,3 ,013 ii,ri>3 14,3l>^ PENDANT LA PÉRIODE 1. Un échantillon de 760 enfants de 6 à 8 ans, 816 enfants de 9 à 11 ans, 825 adolescents de 12 à 14 ans et de parents ont rempli les questionnaires. 2. Le test Khi-deux est utilisé pour comparer les groupes d'âge (NS = non significatiO Dans le cas d'une différence significative, les pourcentages significativement élevés sont indiqués (3 > 2 indique un pourcentage plus élevé chez les 12 à 14 ans par rapport aux 9 à 11 ans). Au moins un professionnel de la santé au cours des six derniers mois Les pourcentages déjeunes ayant obtenu de l'aide d'au moins un professionnel se révèlent significativement différents. Le pourcentage des enfants de 6 à 8 ans (14,3 %) est significativement plus élevé que celui des jeunes de 12 à 14 ans (9,3 %) (tableau 13). Taux de satisfaction Quel que soit le professionnel, le taux de sarisfacrion des parents des trois groupes d'âge dépasse 80 %. Le taux est supérieur à 90 % pour les services de l'orthophoniste. Discussion Les résultats démontrent que les pourcentages d'enfants du premier cycle du primaire qui reçoivent des services à l'école sont plus élevés que ceux du deuxième cycle du primaire et du premier cycle du secondaire. Ces résultats s'expliquent probablement par le désir de favoriser un cheminement scolaire optimal, en intervenant dès le début de la scolarité. Au deuxième cycle du primaire, la diminution des services en orthophonie est marquée. En effet, trois fois moins d'enfants reçoivent des services de rééducation pour des problèmes de langage. La différence est significative. Il est possible qu'un certain nombre d'enfants de 9 à 11 ans présentent toujours des problèmes de langage et ne reçoivent plus d'aide. Les taux de satisfaction des parents sont élevés, ce qui est rassurant pour les spécialistes oeuvrant en milieu scolaire. 7.2.1.2 Services à l'extérieur de l'école : lieux de consultation Lanalyse du pourcentage déjeunes ayant obtenu des services à l'un ou l'autre endroit, selon les trois groupes d'âge, révèle que les pourcentages sont significativement différents pour les services reçus à l'urgence. Les jeunes de 12 à 14 ans ont consulté en plus grand nombre à l'urgence que les jeunes de 6 à U ans (tableau 14). CHAPITRE 7 • UTILISATION DES SERVICES 103 Le bureau privé (médecin, psychologue ou autre professionnel) s'avère le lieu de consultation le plus fréquenté, au cours des six derniers mois, par les jeunes des trois groupes d'âge. Le centre local de services communautaires (CLSC) arrive au deuxième rang. Lorsqu'on considère les autres lieux de consultation, les profils diffèrent légèrement selon les groupes d'âge. Le taux de satisfacrion rapporté par les parents dépasse généralement 80 % et varie peu d'un groupe d'âge à l'autre. Les taux dépassent 90 % pour les services obtenus en bureau privé. C'est pour les services obtenus en clinique externe de psychiatrie que les taux de satisfacrion sont les moins élevés. Ils sont de 69,1 % pour les parents des enfants de 6 à 8 ans, de 70,3 % pour les enfants de 9 à 11 ans et de 79,9 % pour ceux des adolescents de 12 à 14 ans. Discussion Les résultats obtenus au sujet des services à l'urgence s'expliquent par la fréquence plus élevée des tentatives de suicide à l'adolescence. Le fait que les services en bureau privé soient utilisés pour des problèmes émotionnels ou de comportement de façon TABLEAU 14 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans^^^ ayant reçu des services à l'extérieur de Vécole (au cours des six derniers mois) selon les lieux de consultation 6 À 8 ANS 9 À U ANS 12 A 14 ANS % % % BUREAU PRIVÉ 2,1 2.7 1.9 NS CENTRÉ LOCAL DE SERVICES 1,2 0,5 1,2 NS 0,8 0,5 0,3 NS URGENCE D'UN CENTRE HOSPITALIER 0,4 0,1 lj3>U2 CLINIQUE OU SERVICE EXTERNE 0,8 0,2 0,7 NS 0,6 0,3 0,4 NS 0,4 0,2 0,2 NS BUREAU DE CONSULTATION JEUNESSE 0,0 0,0 0.2 NS CENTRE D'ACCUEIL POUR 0,0 0,2 0.1 NS AUTRES 0,5 0,2 0,1 NS Au MOINS UN ENDROIT 5,5 4,2 5,7 NS p(2) COMMUNAUTAIRES ( C L S C ) CLINIQUE EXTERNE D'UN CENTRE HOSPITALIER ,038 DE PSYCHIATRIE D'UN CENTRE HOSPITALIER CENTRE DE SERVICES SOCIAUX (CSS) CENTRE D'ÉCOUTE TÉLÉPHONIQUE MÉSADAPTÉS SOCIO-AEFECTIFS PENDANT U PÉRIODE 1. Un échantillon de 760 enfants de 6 â 8 ans, 816 enfants de 9 â 11 ans, 825 adolescents de 12 à 14 ans et de parents ont rempli les questionnaires. 2. Le test Khi-deux est utilisé pour comparer les groupes d'âge (NS = non significatiO. Dans le cas d'une différence significative, les pourcentages significativement élevés sont indiqués (3 > 2 indique un pourcentage plus élevé chez les 12 à 14 ans par rapport aux 9 à 11 ans) 104 CHAPITRE 7 • UTIUSATION DES SERVICES privilégiée par les parents suggère que le libre choix du professionnel et la souplesse des horaires correspondent aux attentes des parents. Les CLSC sont moins utilisés alors que la présence d'équipes pluridisciplinaires à l'intérieur de ces points de service favorise probablement une prise en charge plus complète des problèmes de santé mentale des jeunes. Les taux moins élevés de sarisfaction des parents pour les services externes de psychiatrie peuvent s'expliquer en partie par le fait que, en majorité, les parents ne choisissent pas d'aller en psychiatrie. Les listes d'attente y sont souvent longues. H est possible également que les parents et les jeunes n'obtiennent pas suffisamment d'explications des professionnels œuvrant dans ces services pour bien comprendre le traitement. Une étude rétrospective sur l'évaluation des soins a démontré une corrélation positive et significarive entre la compréhension par le parent et l'amélioration du traitement de l'enfant (Breton et coll., 1975). 7.2.1.3 Services à l'extérieur de l'école : catégories de professionnels de la santé Lanalyse des pourcentages déjeunes ayant obtenu des services de l'un ou l'autre des professionnels, selon les trois groupes d'âge, ne révèle pas de différence significative (tableau 15). Les pourcentages sont en général inférieurs à 2 %. Ce sont les pédiatres, omniprariciens, médecins de famille et les orthopédagogues, psycho-éducateurs, ergothérapeutes que les jeunes de 6 à 8 ans ont surtout rencontrés. Les orthopédagogues, psycho-éducateurs, ergothérapeutes arrivent en première place pour les jeunes de 9 à 11 ans et les pédiatres, omnipraticiens, médecins de famille pour ceux de 12 à 14 ans. Globalement, le pourcentage de jeunes de 6 à 14 ans qui ont reçu des services à l'extérieur de l'école s'établit à 7,4 % : 2,4 % des parents mentionnent un heu de consultation et un professionnel au cours des six derniers mois, 2,5 % précisent un lieu seulement et 2,5 % un professionnel seulement. Les taux de satisfaction se révèlent généralement élevés, tout comme ceux qui ont été constatés pour les professionnels en milieu scolaire. Ce sont les services du psychiatre qui ont été les moins appréciés, surtout par les parents des enfants de 6 à 8 ans où le taux est légèrement inférieur à 50 %. Il augmente à 66,5 % pour les parents d'enfants de 9 à 11 ans et à 74,3 % pour les parents des adolescents de 12 à 14 ans. Discussion Les pédiatres, omniprariciens et médecins de famille sont consultés pour des problèmes émotionnels ou de comportement. Lurihsation fréquente des services médicaux par les parents d'enfants présentant des troubles mentaux a été constatée au Québec à parrir des statisriques de la Régie d'assurance-maladie du Québec (Avis sur la protection et le développement de la santé mentale des jeunes, 1985). La même constatation a été faite en Ontario (Woodv^ard et coll., 1988). Aux États-Unis, l'étude de Jacobson et coll. (1980) a démontré que le nombre moyen de visites médicales est de deux à quatre fois plus élevé pour les enfants de 18 ans ou moins présentant un diagnostic psychiatrique que pour ceux sans diagnosric psychiatrique. De plus, les jeunes avec un trouble mental se retrouvent de façon plus constante (sur plusieurs années) dans les services médicaux que ceux sans trouble mental (Hankin et coll., 1984). CHAPITRE 7 • UTILISATION DES SERVICES 105 TABLEAU 15 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans^^^ ayant reçu des services à Vextérieur de Vécole (au cours des six derniers mois) selon les catégories de professionnels de la santé 6 A8ANS 9 A 11 ANS 12 A 14 ANS % % % p(2) Pyi'CHOLOGUE 1.3 1,2 1.3 NS P É D L \ T R E , OMNIPRATICIEN. 1,6 1,1 1,4 NS 1,6 1,6 0,8 NS TRAVAILLEUR SOCIAL 0,7 0,8 0,8 NS PSYCHIATRE 0,0 0.2 0,3 NS CHIROPRATICIEN, ACUPUNCTEUR, 0,3 0,4 0,3 NS 5,3 5,1 5.1 NS MÉDECIN DE EAMiLLE O R T H O P È D A G O G U E , PSYCHOÉDUCATEUR, ERGOTHÊRAPEUTE NATUROPATHE, HOMÉOPATHE, OSTÉOPATHE A u MOINS UN PROFESSIONNEL PENDANT LA PÉRIODE 1. Un échantillon de 760 enfants de 6 à 8 ans, 816 enfants de 9 à 11 ans, 825 adolescents de 12 à 14 ans et de parents ont rempli les questionnaires. 2. Le test Khi-deux est utilisé pour comparer les groupes d'âge (NS = non significatiO Ces résultats indiquent clairement l'importance d'une formarion adéquate de ces médecins au sujet des problèmes de santé mentale des jeunes. La formation pendant les études de pédiatrie peut jouer un rôle important à cet égard. Une étude réahsée auprès de 789 jeunes de 7 à 11 ans fréquentant deux services de pédiatrie a démontré que les pédiatres sous-estiment la fréquence des problèmes de santé mentale des jeunes (Costello et coll., 1988). Les pédiatres devraient consulter plus souvent un professionnel en santé mentale et le professionnel auquel les pédiatres adressent des jeunes pour évaluarion ou pour traitement devrait accorder une plus grande importance à la communication avec le médecin qui lui a adressé le jeune (Tuna, 1989). Le taux de satisfaction des parents au sujet des médecins dépasse 90 % pour les trois groupes d'âge et atteint 98,2 % pour les parents des enfants de 6 à 8 ans, ce qui traduit probablement une relarion de confiance construite sur une période de plusieurs années. Le taux de satisfaction au sujet des psychiatres, qui se trouvent en très grande majorité dans les cliniques externes de psychiatrie, est en relation avec le fait que ces services sont moins appréciés. Les parents ne les choisissent généralement pas. De plus, une telle orientation signifie que le problème est grave. Nonobstant ces aspects, il est possible que les parents trouvent que le psychiatre n'explique pas assez les problèmes ou qu'il n'est pas assez accessible. Le pourcentage de 7,4 % de jeunes qui ont reçu de l'aide à l'extérieur de l'école pour des problèmes émotionnels ou de comportement n'est pas élevé, mais doit être interprété en tenant compte des 10 % de jeunes qui ont bénéficié de services d'au moins un professionnel en milieu scolaire. 106 CHAPITRE 7 • UTIUSATION DES SERVICES 7.2.2 Utilisation des services par les jeunes présentant au moins un trouble mental 7.2.2.1 Introduction Les services urilisés à l'école ou à l'extérieur de l'école par les jeunes présentant au moins un trouble mental sont décrits. Les pourcentages de jeunes ayant eu recours aux services sont présentés pour les services de tous les professionnels de la santé et pour ceux qui ont été obtenus des professionnels formés en santé mentale. Ces derniers comprennent la catégorie des orthopédagogues, psycho-éducateurs et ergothérapeutes, les psychologues, les travailleurs sociaux et les psychiatres. Il s'agit des services reçus au cours des six mois qui ont précédé l'enquête. La présentation est faite pour chaque groupe d'âge, en tenant compte du sexe, selon l'évaluation des troubles mentaux par l'enfant, le parent et le professeur pour les enfants de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans, et par l'adolescent et le parent pour les adolescents de 12 à 14 ans. 7.2.2.2 Consultation d'un professionnel de la santé Comparaison des trois groupes d'âge Selon l'informateur parent, les pourcentages des garçons des trois groupes d'âge qui ont obtenu l'aide d'un professionnel de la santé se révèlent significativement différents (tableau 16). Le pourcentage des garçons de 6 à 8 ans est significativement plus élevé que celui des garçons de 12 à 14 ans. Il n'existe pas de différence significative, selon les trois groupes d'âge, lorsqu'il s'agit de l'informateur jeune ou du professeur Selon ce dernier informateur et le parent, un garçon de 6 à 8 ans sur deux présentant un trouble mental a obtenu des services en milieu scolaire ou à l'extérieur de l'école au cours de la période de six mois qui a précédé l'enquête (tableau 16). Comparaison selon le sexe Selon l'informateur parent, il existe une différence significative entre le pourcentage des garçons de 6 à 8 ans et le pourcentage des filles du même groupe d'âge qui ont reçu des services (tableau 16). En fait, deux fois plus de garçons que de filles de ce groupe d'âge ont bénéficié de l'aide d'un professionnel de la santé. Il n'existe pas de différence significative, selon le sexe, lorsque c'est le professeur qui évalue les troubles extériorisés des enfants. On constate tout de même que près de deux fois plus de garçons que de filles ont reçu des services. Selon l'informateur jeune, à l'adolescence seulement 14,9 % des filles présentant un trouble mental ont reçu des services d'un professionnel de la santé. 7.2.2.3 Consultation d'un professionnel formé en santé mentale Comparaison des trois groupes d'âge Lorsque c'est le jeune qui répond aux quesrions, les pourcentages de filles, selon ies trois groupes d'âge, qui ont reçu des services d'un professionnel formé en santé mentale se révèlent significativement différents. Le pourcentage des filles de 6 à 8 ans (26,3 %) est significativement plus élevé que celui des filles de 12 à 14 ans (9,3 %) CHAPITRE 7 • UTILISATION DES SERVICES 107 (tableau 16). Il n'existe pas de différence significative lorsque l'un ou l'autre des deux informateurs adultes répond aux questions. Les pourcentages déjeunes diminuent peu lorsque seulement la consultation d'un professionnel en santé mentale est étudiée. Ainsi, parmi tous les professionnels mentionnés dans le questionnaire aux parents, ce sont surtout les professionnels formés en santé mentale qui ont été consultés lorsque le jeune présentait un problème émotionnel ou de comportement. Comparaison selon le sexe Selon l'informateur parent, tout comme pour la consultation d'un professionnel de la santé, le pourcentage des garçons de 6 à 8 ans qui rencontrent un professionnel formé en santé mentale (36,9 %) se révèle significativement plus élevé que le pourcentage des filles du même groupe d'âge (15 %) (tableau 16). Il n'existe pas d'autre différence significative, selon le sexe, pour la consultarion d'un professionnel formé en santé mentale. À l'adolescence, lorsque c'est le parent qui évalue les troubles mentaux, près de deux fois plus de filles ont obtenu des services que lorsque c'est l'adolescente qui répond au questionnaire (16,4 % contre 9,3 %). Selon l'informateur adolescent, les filles ont consulté en nombre deux fois plus grand un professionnel de la santé (30.4 %) qu'un professionnel formé en santé mentale (16,4 %). TABLEAU 16 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans^^^ ayant reçu des services d'un professionnel de la santé et pourcentages ayant reçu des services d'un professionnel formé en santé mentale à Vécole etJou à Vextérieur de l'école (au cours des six derniers mois) parmi ceux qui présentent au moins un trouble mental 6 À 8 ANS CONSULTATION D'UN PROFESSIONNEL DE LA SANTÉ CONSULTATION D'UN PROFESSIONNEL FORMÉ EN SANTÉ MENTALE 9 À 11 ANS 12 À 14 ANS SEXE % % % p(2) JEUNE GARÇONS FILLES PARENT GARÇONS FILLES PROFESSEUR GARÇONS FILLES 21,4 32.3 *48.8l>3 22.8 49.2 25,5 20,6 21.2 38.1 26.9 37.5 33.0 27.7 14.9 25.9 30,4 - NS NS .030 NS NS NS JEUNE GARÇONS FILLES PARENT GARÇONS FILLES PROFESSEUR GARÇONS FILLES 15,9 26,3^>3 *36,9 15,0 39,0 19,2 18,2 16,2 34.1 23,0 35,1 27,2 20,1 9,3 21.7 16,4 _ - NS .047 NS NS NS NS INFORMATEUR 1 6 â 8 ans ; n = 760 jeunes et parents; 692 professeurs. 9 à l i ans : n = 816 jeunes et parents; 731 professeurs. 12 à 14 ans : n = 825 jeunes et parents. 2. Le test Khi-deux est utilisé pour comparer les groupes d'âge (NS = non significatiO. Dans le cas d'une différence significative, les prévalences significativement les plus élevées sont indiquées (3 > 2 indique une prévalence plus élevée chez les 12 à 14 ans que chez les 9 â 11 ans) • Le test Khi-deux révèle une différence significative entre les garçons et les filles. Lastérisque indique la prévalence la plus élevée. 108 CHAPITRE 7 • UTIUSATION DES SERVICES 7.2.2.4 Discussion Il est difficile, en raison de la différence de méthode d'évaluation des services, de comparer les résultats obtenus au Québec à ceux de l'Ontario. L'évaluation en Ontario a été faite pour trois secteurs de soin alors qu'au Québec il s'agit des services obtenus pour des troubles émorionnels ou de comportement, peu importe l'endroit. Nonobstant ces différences, les taux d'urilisarion par les jeunes présentant au moins un trouble mental se révèlent à peu près semblables. En Ontario, 16 % des jeunes de 4 à 16 ans ont obtenu des services de santé mentale et 24 %, des services spécialisés en milieu scolaire. De plus, 50 % des jeunes ayant un trouble mental ont obtenu des services ambulatoires de médecine. Au Québec, 20 à 50 % des enfants de 6 à 11 ans et 15 à 30 % des adolescents de 12 à 14 ans présentant un trouble mental ont reçu de l'aide pour des problèmes émorionnels ou de comportement. Les pourcentages d'enfants de 9 à 11 ans se comparent également à celui de 29 % des enfants de 11 ans ayant au moins un trouble mental qui ont obtenu de l'aide pour des problèmes émorionnels ou de comportement en Nouvelle-Zélande (Anderson et coll., 1987). À Porto Rico (Bird et coll., 1990), le pourcentage des jeunes de 4 à 16 ans ayant un trouble mental bien défini et qui ont reçu des services de santé mentale s'élève à 26%. À l'adolescence, il est intéressant de constater que deux fois moins de filles obriennent des services de professionnels en santé mentale que des services de tous les professionnels de la santé. Il s'agit de la diminurion la plus importante lorsqu'on considère les trois groupes d'âge et les deux sexes. Une étude québécoise a révélé que les adolescentes présentant des symptômes d'agressivité et de reph consultent plus dans les services médicaux que les adolescents (Schwartzman et coll., 1988). La majorité des jeunes qui obtiennent des services consultent des professionnels formés en santé mentale pour leurs problèmes émotionnels ou de comportement. Ce profil s'explique surtout par l'importance des services reçus des orthopédagogues et des psychologues ou travailleurs sociaux en milieu scolaire. Il traduit une réponse intéressante du milieu québécois aux jeunes présentant un trouble mental en recherche d'aide pour des problèmes émotionnels ou de comportement. Il n'est pas possible de comparer ce résultat à ceux qui ont été obtenus lors d'autres enquêtes réahsées ailleurs. 7.2.3 Étude des déterminants de l'utilisation des services 7.2.3.1 Utilisation des services selon la présence ou l'absence d'au moins un trouble mental 7.2.3.1.1 INTRODUCTION La présentation est faite en tenant compte de chaque groupe d'âge et du sexe pour les services reçus à l'école et à l'extérieur de l'école au cours de la période de six mois qui a précédé la collecte de données. Il s'agit des services reçus pour des problèmes émorionnels ou de comportement. CHAPITRE 7 • UTIUSATION DÉS SERVICES 109 7.2.3.1.2 SERVICES À LÉCOLE Selon l'évaluation des troubles mentaux faite par le parent, la différence de pourcentage des garçons de chaque groupe d'âge qui ont reçu des services, selon la présence ou l'absence d'au moins un trouble mental, est significative à un niveau de 0,001 (tableau 17). Les pourcentages de garçons présentant un trouble mental et ayant obtenu des services sont de 34,6 % pour le groupe des 6 à 8 ans, de 30,4 % pour le groupe des 9 à 11 ans et de 22,6 % pour le groupe des 12 à 14 ans. Quel que soit le groupe d'âge, trois fois plus de garçons ayant au moins un trouble mental ont reçu des services que de garçons sans trouble mental. Selon l'informateur parent, la différence est significative pour les filles de 9 à 11 ans et celles de 12 à 14 ans. Selon le professeur, qui a répondu au questionnaire portant sur les troubles extériorisés, les différences se révèlent significatives pour les garçons et non pour les filles (tableau 17). Enfin, selon le jeune, la différence de pourcentage, selon la présence ou l'absence d'un trouble mental, est significative pour les filles de 6 à 8 ans et les garçons de 12 à 14 ans. 7.2.3.1.3 SERVICES À LEXTÉRIEUR DE LÉCOLE Selon l'informateur parent, les différences de pourcentage déjeunes ayant obtenu des services, selon la présence ou l'absence d'un trouble mental, se révèlent significarives pour les garçons et les filles de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans et pour les filles de 12 à 14 ans (tableau 18). Selon le professeur, les différences se révèlent significatives pour les garçons du premier cycle du primaire et les filles et les garçons du deuxième cycle du primaire. Selon le jeune, les différences de pourcentage de jeunes ayant obtenu des services selon la présence ou l'absence d'un trouble mental ne sont pas significatives (tableau 18). 7.2.3.1.4 DISCUSSION La présence d'un trouble mental chez les garçons de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans a plus d'impact sur l'obtention des services que la présence d'un trouble mental chez les filles des deux mêmes groupes d'âge. À l'adolescence, lorsque ce sont les filles qui répondent au quesrionnaire, les pourcentages de filles qui ont reçu des services selon la présence ou l'absence d'un trouble mental ne sont pas significatives. La perceprion de troubles mentaux par les filles de 12 à 14 ans n'est pas en relarion avec l'obtention des services. Il est intéressant de constater que les différences deviennent significatives lorsque c'est le parent qui rapporte les troubles mentaux. Linfluence de la variable sexe, surtout au primaire, peut s'expliquer par la prévalence plus élevée de troubles extériorisés chez les garçons. Ces troubles mentaux entraînent des problèmes de comportement plus nombreux qui, selon une étude de Costello et Jamszewski (1990), se révèlent significativement plus fréquents chez les enfants traités en pédopsychiatrie que dans des services de pédiatrie. 110 CHAPITRE 7 • UTIUSATION DES SERVICES TABLEAU 17 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence ou Vabsence d'au moins un trouble mental PRÉSENCE H(1> % PRÉSENCE ABSENCE N 12 À 14 ANS 9 A 11 ANS 6 A 8 ANS % p(2) N % PRÉSENCE ABSENCE N % p N % ABSENCE N % p ÉCOLE SELON LE JEUNE GARÇONS FILLES 16,7^3) (66) (50) 25.0 (327) (317) 16,3 9,0 ,936 ,002 (67) (52) 18,0 13,8 (353) (344) 13.4 9,1 .356 .320 (46) (93) 19,7 9,1 (365) (293) 8,8 6,3 ,031 ,384 (89) (85) 34,6 15,7 (287) (270) 10,4 10,3 ,000 .199 (82) (69) 30,4 21.4 (324) (316) 10,1 7.6 ,000 ,001 (61) (74) 22,6 15,2 (347) (302) 8,0 4.9 .001 ,003 (46) (26) 44,0 18,5 (298) (303) 11,9 9.8 ,000 .194 (52) (10) 32,8 8,0 (302) (343) 10,1 10,3 .000 .824 SELON LE PARENT GARÇONS FILLES SELON LE PROFESSEUR GARÇONS FILLES 1 Nombre d'enfants avec présence ou absence d'au moins un trouble menuil 2 l.£ test Khi-deux est utilisé pour vérifier l'association entre l'utilisation des services et la présence ou l'absence des troubles mentaux. 3. Lire comme suit : parmi les 66 garçons qui rapportent au moins un trouble mental, 16,7 % ont reçu des services à l'école. TABLEAU 18 ro Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à Vextérieur de Vécole (au cours des six derniers mois) selon la présence ou l'absence d'au moins un trouble mental 6 Â 8 ANS PRÉSENCE 9 A 11 ANS ABSENCE N % p(2) PRÉSENCE N % 12 A 14 ANS ABSENCE N % p PRÉSENCE N % ABSENCE N % p EXTÉRIEUR DE CÉCOLE SELON LE JEUNE GARÇONS FILLES (66) (50) 9,1 10,5 (327) (317) 10,2 5,3 ,792 ,176 (67) (52) 7,5 11,6 (353) (344) 7,6 5.2 ,972 ,091 (46) (93) 12,6 9,4 (365) (293) 5,9 6.8 .111 ,447 (89) (85) 27,2 11,0 (287) (270) 4,7 4,3 .000 ,033 (82) (69) 19,3 14,6 (324) (316) 4.2 4,4 ,000 ,003 (61) (74) 13,4 25,5 (347) (302) 6,4 3,6 ,075 ,000 (46) (26) 19,5 14,0 (298) (303) 7.7 4,9 ,016 ,072 (52) (10) 17,9 25,0 (302) (343) 4.3 5,5 ,001 .015 SELON LE PARENT GARÇONS FILLES SELON LE PROFESSEUR GARÇONS FILLES 1, Nombre d'enfants avec présence ou absence d'au moins un trouble mental. 2, ht test Khi-deux est udltsé pour vérifier l'association entre l'utilisation des services et la présence ou l'absence des troubles mentaux 7.2.3.2 Utilisation des services selon la présence de troubles intériorisés ou extériorisés 7.2.3.2.1 INTRODUCTION Cette étude est réalisée pour les jeunes qui présentent des troubles intériorisés et ceux qui ont des troubles extériorisés. Les troubles intériorisés comprennent la phobie simple, l'angoisse de séparation, l'hyperanxiété, l'anxiété généralisée, la dépression majeure et la dysthymie. Lhyperactivité, le trouble d'opposition et le trouble des conduites font partie des troubles extériorisés. Le professeur n'est pas retenu pour cette étude puisqu'il n'évaluait pas les troubles intériorisés des enfants fréquentant l'école primaire. La présentation est faite pour chaque groupe d'âge en tenant compte du sexe. 7.2-3.2.2 SERVICES À LÉCOLE Selon l'informateur parent au sujet des troubles mentaux, les différences de pourcentage déjeunes qui ont reçu des services, selon la présence de troubles intériorisés ou extériorisés, se révèlent significatives pour les garçons de 9 à i l ans et ceux de 12 à 14 ans. Les autres différences de pourcentage ne sont pas significatives (tableau 19). 7.2.3.2.3 SERVICES À LEXTÉRIEUR DE LÉCOLE Quel que soit l'informateur, les différences de pourcentage de jeunes ayant obtenu des services, selon la présence de troubles mentaux intériorisés ou extériorisés ne sont pas significatives (tableau 20). 7.2.3.2.4 DISCUSSION Ce résultat démontre que ce n'est pas la présence de troubles mentaux intériorisés ou extériorisés qui permet de comprendre, du moins de façon constante, les différences de pourcentage déjeunes obtenant des services. Ce résultat est important parce qu'il démontre que d'autres variables doivent être prises en compte pour mieux comprendre ce qui fait que certains jeunes présentant un trouble mental obriennent des services. Létude des trois déterminants qui suivent apporte une information intéressante à cet égard. 7.2.3.3 Utilisation des services selon la présence d'au moins un trouble mental avec ou sans problèmes d'adaptation 7.2.3.3.1 INTRODUCTION Il s'agit des problèmes d'adaptarion à la maison, à l'école ou encore avec les pairs. Pour les enfants de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans, seul l'informateur parent est retenu. En effet, les enfants de ces deux groupes d'âge n'évaluaient pas les problèmes d'adaptarion lorsqu'on leur a soumis le Dominique. Le professeur n'est pas retenu non plus puisqu'il ne pouvait évaluer adéquatement les problèmes à la maison. La présentarion est faite pour chaque groupe d'âge en tenant compte du sexe. C H A P I T R E 7 • UTILISATION DES SERVICES 113 TABLEAU 19 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à Vécole (au cours des six derniers mois) selon la présence de troubles intériorisés ou extériorisés 6 À 8 ANS Au MOINS UN TROUBLE MENTAL INTÉRIORISÉ N^i) % EXTÉRIORISÉ N % 9 A 11 ANS Au MOINS UN TROUBLE MENTAL p(2) INTÉRIORISÉ N % 12 A MANS Au MOINS UN TROUBLE MENTAL EXTÉRIORISÉ N % p INTÉRIORISÉ N % EXTÉRIORISÉ N % p ÉCOLE SELON LE JEUNE GARÇONS FILLES (32) (36) 11,2^^^ 29,2 (22) (9) 20,9 9,0 .361 .252 (13) (37) 5,7 13,5 (42) (U) 20,8 18.8 ,241 .685 (21) (81) 14,3 9,3 (17) (7) 22,0 0,0 ,566 ,428 (46) (67) 24.3 14,9 (27) (11) 34,7 7,3 ,,377 .533 (45) (54) 15,9 21,4 (20) (5) 41.3 27.1 ,037 .779 (27) (56) 0.0 12,9 (16) (4) 37,6 0,0 ,001 ,469 SELON LE PARENT GARÇONS FILLES 1 Nombre d'enfants et d'adolescents ayant au moins un trouble mental mténonsé ou exiénonsé 2 Le test Khi-deux est utilisé pour vérifier Fassociation entre rutilisaiion des services et la présence de troubles inicnonsés et exténonsés, 3, Lire comme suit : parmi les 32 garçons qui présentent au moiris un trouble iniénonsè, 11,2 % ont reçu des services â l'école. TABLEAU 20 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à Vextérieur de Vécole (au cours des six derniers mois) selon la présence de troubles intériorisés ou extériorisés 6 A 8 ANS Au MOINS UN TROUBLE MENTAL INTÉRIORISÉ N^l) % EXTÉRIORISÉ N % 9 A H ANS AU MOINS UN TROUBLE MENIAL p(2) INTÉRIORISÉ N % 12 À 14 ANS Au EXTÉRIORISÉ N % p MOINS U N T R O U B L E M E N T A I INTÉRIORISÉ N % F>rrÉRiORiSE N % p EXTÉRIEUR DE L'ÉCOLE SELON LE JEUNE GARÇONS FILLES (32) (36) 8,5 8,1 (22) (9) 0,0 28,1 ,187 ,129 (13) (37) 7,7 13,0 (42) (11) 7,8 10,3 ,987 ,823 (21) (81) 5.3 9,6 (17) (7) 15,3 0,0 ,332 ,420 (46) (67) 19.6 10.4 (27) (11) 33,4 8,0 .219 ,818 (45) (54) 7,6 11,1 (20) (5) 13,5 27,1 ,484 ,324 (27) (56) 7,3 17,8 (16) (4) 12,9 17,4 ,567 ,983 SELON LE PARENT GARÇONS FILLES 1 Nombre d'enfants et d'adolescents ayant au moins un trouble mental inténorisé ou e-xténorisé. 2 l.e test Khi-deiLx est utilisé pour vérifier l'a^^sociation entre l'utilisation des services et ta présence de troubles mténonsés et extériorisés en 7.2.3.3.2 SERVICES À LÉCOLE Selon l'informateur parent, les différences de pourcentage déjeunes ayant obtenu des services, selon la présence d'au moins un trouble mental avec un ou des problèmes d'adaptation et la présence d'au moins un trouble mental sans problèmes d'adaptation, se révèlent significatives pour les garçons de 6 à 8 ans et les garçons et filles de 9 à 11 ans (tableau 21). Au deuxième cycle du primaire, quatre fois plus de garçons (49 %) et cinq fois plus de filles (42,8 %) obriennent des services si s'ajoute au trouble mental au moins un problème d'adaptation. Les différences de pourcentage sont significatives, À l'adolescence, quel que soit l'informateur, les différences de pourcentage ne sont pas significatives (tableau 21). 7.2.3.3.3 SERVICES À LEXTÉRIEUR DE LÉCOLE Selon le parent, les différences de pourcentage, lorsque l'adaptarion est prise en considération, sont significatives pour les garçons de 9 à 11 ans et les filles de 12 à 14 ans. Selon l'informateur adolescent, les différences ne sont pas significarives (tableau 22). 7.2.3.3.4 DISCUSSION Les résultats démontrent clairement l'mnuence du phénomène de l'adaptarion sur la prestation des services à l'école primaire. Linfiuence marquée des problèmes d'adaptarion pour l'obtention des services par les garçons peut s'expliquer par la prévalence élevée des troubles extériorisés chez les garçons, qui entraînent plus de problèmes d'adaptation (voir chapitre 3). Au deuxième cycle du primaire, alors que les filles présentent moins de troubles extériorisés qu'au premier cycle (et moins de problèmes d'adaptation), il est intéressant de constater que le pourcentage de filles qui reçoivent des services est significativement plus élevé. Il est possible qu'au premier cycle on temporise en espérant que cela va s'arranger, alors qu'au deuxième cycle il y a prise de conscience et rattrapage pour les services aux filles présentant des troubles exténorisés avec problèmes d'adaptation. À l'école primaire, les jeunes qui présentent des troubles mentaux sans problèmes d'adaptation, troubles mentaux qu'on pourrait qualifier de silencieux, obtiennent de façon significative moins de services. Bien que l'existence de troubles extériorisés et de problèmes d'adaptation suggère généralement la nécessité d'une intervention, il est opportun de réafiser que la détresse des jeunes qui souffrent de troubles anxieux ou dépressifs peut jusrifier également une intervenrion de la part des services spécialisés en milieu scolaire. Linfluence du phénomène de l'adaptation sur l'obtenrion des services de santé mentale a également été constatée lors de l'enquête de Porto Rico (Bird et coll., 1990). 7.2.3.4 Utilisarion des services selon la comorbidité 7.2.3.4.1 INTRODUCTION Linfluence de la comorbidité, soit la présence de plus d'un trouble mental, est maintenant étudiée. Le professeur n'est pas retenu puisqu'il n'a pas évalué tous les troubles mentaux. La présentation est faite pour chaque groupe d'âge en tenant compte du sexe. 116 C H A P I T R E 7 • UTILISATION DES SERVICES TABLEAU 21 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à Vécole (au cours des six derniers mois) selon la présence d'au moins un trouble mental avec un ou des problèmes d'adaptation et la présence d'au moins un trouble mental sans problèmes d'adaptation >ATION ^ ^ ^ ^ ^ 9 À 11 DES 6 À 8 ANS Au MOINS UN TROUBLE MENTAL m AVEC PROBLEMES D'ADAPTATION ^il) % 5 n Ul SANS PROBLÈMES D'ADAPTATION N % 12 À 14 ANS Au MOINS UN TROUBLE MENTA ANS Au MOINS UN TROUBLE MENTAI p(2) AVEC PROBLÈMES D'ADAPTATION N % SANS PROBLÈMES D'ADAPTATION N % p AVEC PROBLÈMES D'ADAPTATION N % SANS PROBLÈMES D'ADAPTATION N % (23) (41) 24.0 12.7 (23) (52) 15,4 6,3 ,494 .317 (40) (38) 28,9 22,7 (21) (35) 10,8 7,2 .132 ,084 p ÉCOLE SELON CADOLESCENT GARÇONS FILLES SELON LE PARENT GARÇONS FILLES (51) (27) 44,1^3) 25,4 (38) (58) 21.8 11.3 ,040 .120 (40) (26) 49,0 42.8 (42) (42) 13.0 8,0 ,001 ,001 1. Nombre d'enfants et d'adolescents ayant au moins un trouble mental avec ou sans problèmes d'adaptation. 2. Le test Khi-deux est utilisé pour vénfier l'association entre l'utilisation des services et la présence des troubles mentaux avec ou sans problèmes d'adaptation. 3. Lire comme suit : parmi les 51 garçons pour lesquels le parent rappone au moins un trouble mental avec un ou des problèmes d'adaptation, 44,1 % ont reçu des services à l'école. TABLEAU 22 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à Vextérieur de Vécole (au cours des six derniers mois) selon la présence d'au moins un trouble mental avec un ou des problèmes d'adaptation et la présence d'au moins un trouble mental sans problèmes d'adaptation 6 A 8 ANS AVEC PROBLÈMES D'ADAPTATION N^l' % SANS PROBLÈMES D'ADAPTATION N % 12 A 14 ANS 9 À 11 ANS AU MOINS UN TROUBLE MENTAI A U M O I N S U N T R O U B I I : MliNTAI pU) AVPC PROBLÈMES D'ADAPTATION N % SANS PROBLÈMES D'ADAPTATION N % Au MOINS UN TROUBLE MENTAi p AVEC PROBliMES D'ADAPTATION N % SANS PROBI EMES D'ADAPTATION N % (23) (41) 18,2 9,3 (23) (52) 7.1 9.5 ,286 ,973 (40) (38) 18,3 40,2 (21) (35) 4,1 9,7 ,146 ,005 p EXTÉRIEUR DE L'ÉCOLE SELON ÈADOLESCENT GARÇONS FILLES SELON LE PARENT GARÇONS FILLES (51) (27) 29,6 20,6 (38) (58) 23,9 6,5 ,581 ,067 (40) (26) 31.2 25,0 (42) (42) 8.1 8,1 ,013 ,070 1. Nombre d'enfants et d'adolescents ayant au moins un trouble mental avec ou sans problèmes d'adaptation. 2. Le test Khi-deux est utilisé pour vénfier l'association entre l'utilisation des services et la présence des troubles mentaux avec ou sans problèmes d'adaptation. 7.2.3.4.2 SERVICES À LECOLE Selon l'informateur parent, les pourcentages de garçons de 6 à 8 ans, de garçons de 9 à 11 ans et de filles de 9 à 11 ans qui ont obtenu des services sont significauvement plus élevés lorsqu'il y a comorbidité de troubles mentaux que lorsqu'il n'y a qu'un trouble mental. Les différences de pourcentages sont également significatives pour les filles de 12 à 14 ans. Selon l'informateur jeune, la seule différence significative se trouve chez les filles de 6 à 8 ans (tableau 23). 7.2.3.4.3 SERVICES À LEXTÉRIEUR DE LÉCOLE Selon le parent, les différences de pourcentage de jeunes qui ont obtenu des services, en tenant compte du phénomène de la comorbidité, se révèlent significatives pour les filles de 6 à 8 ans, les garçons de 9 à 11 ans, et les garçons et filles de 12 à 14 ans. Selon l'informateur jeune, les différences ne sont significatives ni pour les garçons ni pour les filles (tableau 24). 7.2.3.4.4 DISCUSSION Les résultats démontrent que, selon l'évaluation des troubles mentaux par le parent, la comorbidité exerce une influence sur l'obtention des services à l'école primaire pour les deux sexes et à l'école secondaire pour les filles. La différence de pourcentage pour les filles inscrites au premier cycle du secondaire est significarive à un niveau de 0,001. Ces résultats démontrent clairement l'influence du phénomène de la comorbidité lorsque c'est le parent qui évalue les troubles mentaux. La comorbidité entre parriculièrement en ligne de compte pour les filles de 12 à 14 ans. Il est plausible que cette coexistence de troubles mentaux, constatée lors de l'enquête chez les adolescentes, se soit développée sur quelques années. Les parents auraient probablement eu intérêt à consulter plus tôt. Lorsque c'est le jeune qui rapporte les troubles mentaux, la comorbidité n'exerce pas d'influence. Ce résultat indique que la perception des troubles par les jeunes de 6 à 14 ans (à l'exception des filles de 6 à 8 ans) n'est pas suffisamment prise en compte pour la prestarion des services. 7.2.3.5 Utilisation des services selon la perception d'un besoin d'aide 7.2.3.5.1 INTRODUCTION La fréquence d'urilisation des services est étudiée selon la perception par le parent d'un besoin d'aide et la perception par l'adolescent d'un besoin d'aide pour lui-même. Létude est réalisée pour les services reçus à l'extérieur de l'école, sur lesquels les parents et les adolescents (bien que partiellement pour ces derniers) exercent un certain contrôle. La présentarion est faite pour chaque groupe d'âge selon le sexe. 7.2.3.5.2 ÉTUDE DES TROIS GROUPES D'ÂGE Quel que soit le groupe d'âge, les pourcentages des jeunes ayant reçu des services sont significativement plus élevés si le parent perçoit un besoin d'aide que s'il n'a pas cette perception. Les différences sont significatives à un niveau de 0,001. Les différences ne CHAPITRE 7 • UTIUSATION DES SERVICES 118 Isa TABLEAU 23 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à Vécole (au cours des six derniers mois) selon la présence de plus d'un trouble mental ou la présence d'un seul trouble mental PLUS D'I^N TROUBLE MENTAL NO) % 12 A 14 ANS 9 A U ANS 6 À 8 ANS UN SEUL TROUBLE MENTAL N % p(2) PLUS D'UN TROUBLE MENTAL N % U N SEUL TROUBLE MENTAL N % p PLUS D'UN TROUBLE MENTAL N % UN SEUL TROUBLE MENTAL N % p ÉCOLE SELON LE JEUNE GARÇONS FILLES (22) (17) 21,0*^3) 46,9 (44) (33) 14,6 13.5 .541 .015 (23) (10) 19.4 0.0 (44) (42) 17,3 17.0 .840 .197 (8) (21) 39.0 8,9 (37) (72) 15,4 9,2 ,146 .968 (24) (20) 53,1 26,0 (66) (65) 28.0 12,6 .040 ,178 (29) (13) 49.4 45.6 (52) (56) 19,7 16,9 .009 .030 (18) (19) 26.2 40.0 (43) (54) 21,2 6,3 ,689 ,001 SELON LE PARENT GARÇONS FILLES 1 Nombre d'enfants et d'adolescents avec un seul trouble mental ou plus d'un trouble mental. 2, Le test Khi-deux est utilisé pour vérifier l'association entre l'utilisation des services et la présence d'un seul trouble menial ou de plus d'un trouble mental 3. Lire comme suit : parmi ies 22 garçons qui rapportent plus d'un trouble mental, 21.0 % ont reçu des services à l'école TABLEAU 24 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à Vextérieur de l'école (au cours des six derniers mois) selon la présence de plus d'un trouble mental ou la présence d'un seul trouble mental 6 À 8 ANS PLUS D'UN TROUBLE MENTAL N^^' % 9 A 11 ANS UN SEUL TROUBLE MENTAL N % p(2) PLUS D'UN TROUBLE MENTAL N % 12 À M A N S UN SEUL TROUBLÉ MENTAL N % p PLUS D'UN TROUBLE MENTAL N % U N SEUL TROUBLE MENTAL N % p EXTÉRIEUR DE L'ÉCOLE SELON LE JEUNE GARÇONS FILLES (22) (17) 19,2 4,4 (44) (33) 4,1 13,8 ,059 .338 (23) (10) 7.1 0,0 (44) (42) 7,7 14,3 .938 .242 (8) (21) 24.9 9,2 (37) (72) 9.9 9,4 ,267 .971 (24) (20) 33,4 26,0 (66) (65) 24,9 6,5 ,456 ,023 (29) (13) 38,2 16.3 (52) (56) 8,6 14.2 ,002 .862 (18) (19) 33,6 64,6 (43) (54) 4,9 11,5 ,005 ,000 SELON LE PARENT GARÇONS FILLES L Nombre d'enfants et d'adolescents avec un seul trouble menial ou plus d'un trouble mental 2. Le test Khi-deux est utilisé pour vérifier l'association entre l'utilisation des services et la présence d'un seul trouble mental ou de plus d'un trouble mental ro sont pas significatives lorsqu'il s'agit de la perceprion d'un besoin d'aide des garçons et des filles de 12 à 14 ans (tableau 25). 7.2.3.5-3 Discussion Ce résultat a été fréquemment retrouvé lors de l'étude des déterminants de l'urilisarion des ser\aces de santé mentale par les adultes (Leaf et Bruce, 1987). En épidémiologie de la santé mentale des jeunes, Bird et coll. (1990), à Porto Rico, ont constaté que le pourcentage déjeunes de 4 à 16 ans perçus par les parents et les professeurs comme ayant besoin d'aide augmente de façon significative lorsque le fonctionnement se détériore (critères DSM411 et CGAS < 70). Laugmentarion n'est cependant pas significative lorsque ce sont les jeunes Portoricains de 12 à 16 ans qui expriment leur perceprion d'un besoin d'aide. Ce résultat est semblable à celui de l'enquête québécoise et confirme un corpus de connaissances bien établies dans les milieux cliniques au sujet de l'inQuence de la perception d'un besoin d'aide sur la motivation et le processus d'engagement thérapeutique. TABLEAU 25 Pourcentages des enfants et des adolescents de 6 à 14 ans ayant reçu des services à Vextérieur de Vécole (au cours des six derniers mois) selon la perception d'un besoin d'aide PERCEPTION D'UN BESOIN D'AIDE Oui^i' N<3) N0N^2^ % N % p(4) 6 A 8 ANS SELON LE PARENT GARÇONS FILLES (56) (36) 29,1^5) 23.5 (332) (331) 6,2 4.1 .000 .000 (64) (41) 25,7 26,4 (356) (352) 4,3 3,5 ,000 ,000 (74) (59) 25,8 35.3 (350) (339) 3.2 2,6 ,000 .000 (78) (101) 11.6 10.8 (345) (298) 6.2 6.3 ,118 ,163 9 A 11 ANS SELON LE PARENT GARÇONS FILLES 12 A 14 ANS SELON LE PARENT GARÇONS FILLES SELON ÈADOLESCENT GARÇONS FILLES 1. 2. 3. 4. 5. Oui moyennement, assez et beaucoup besoin d'aide. Non ; peu ou pas besoin d'aide Nombre d'enfants selon qu'il y ait ou non perception d'un besoin d'aide. Le lest Khi-deux est utilisé pour vérifier l'association entre la perception d'un besoin d'aide et Tudlisation des services. Lire comme suit parmi les 56 garçons de 6 à 8 ans dont le parent perçoit un besoin d'aide. 29.1 % ont reçu des services. 122 CHAPITRE 7 • UTILISATION DES SERVICES 7.2.4 UUlisation des services selon les barrières perçues par les parents 7.2.4.1 Introduction Létude des barrières à l'urilisation des services rient compte de trois catégories de parents : (1) ceux qui ont demandé et reçu de l'aide; (2) ceux qui ont pensé demander de l'aide et ne l'ont pas fait; (3) ceux qui n'ont jamais pensé demander de l'aide. Létude est faite pour l'urilisarion des services à l'extérieur de l'école, sur laquelle les parents exercent un certain contrôle. Il s'agit des services obtenus au cours de la vie du jeune. Une descriprion est faite des raisons qui ont empêché les parents de demander de l'aide. De plus, chaque catégorie de parent est étudiée en tenant compte de la prévalence des troubles mentaux de leurs jeunes. La présentarion est faite selon les trois groupes d'âge et ne tient pas compte du sexe. 7.2.4.2 Raisons qui ont empêché les parents de demander de l'aide Quel que soit le groupe d'âge, la pensée que ça passerait avec le temps est la raison le plus fréquemment rapportée par le plus grand nombre de parents. Cette raison est moins fréquemment mentionnée par les parents des adolescents que par les parents des enfants des deux autres groupes d'âge. Lespoir de régler le problème par soimême consritue la deuxième raison avancée par les parents. Les parents des enfants de 6 à 8 ans et de 9 à 11 ans la rapportent en plus grand nombre que les autres parents. Quel que soit le groupe d'âge, l'idée que le problème n'était pas assez important consritue la troisième raison rapportée par les parents. Ensuite, les parents disent qu'ils ne savaient pas trop où s'adresser, ce qui est rapporté par plus de parents d'adolescents que de parents des deux autres groupes d'âge. Enfin, le fait qu'on ne s'inquiétait pas à l'école est menrionné par plus de parents d'enfants du premier cycle du primaire que par ceux d'enfants du deuxième cycle et que par ceux des adolescents (tableau 26). Le manque de confiance envers les services à l'extérieur de l'école est rapporté par moins de 6 % des parents. Le désaccord du conjoint n'est rapporté que par 5 % ou moins des parents et les réacrions négatives de la famille ne sont menrionnées que par moins de 1,5 % des parents des enfants de 6 à 8 ans et par aucun des parents des deux autres groupes d'âge. Par ailleurs, près de 13 % des parents d'adolescents expriment la crainte de la réacrion du jeune et 10 %, l'idée qu'il ne voudrait pas consulter. Ces raisons tiennent beaucoup moins pour les autres parents (tableau 26). Quel que soit le groupe d'âge, les barrières physiques à l'utilisarion des services entrent peu en ligne de compte. Lincertitude au sujet de l'endroit où s'adresser est la raison la plus menrionnée, mais seulement 7,1 %, 10,6 % et 19,2 % des parents des jeunes de 6 à 8 ans, 9 à 11 ans et 12 à 14 ans respectivement invoquent cette raison. Le coût, la distance, le transport ou le problème de langue entrent peu en ligne de compte (tableau 26). CHAPITRE 7 • UTIUSATION DES SERVICES 123 TABLEAU 26 Raisons^^^ qui ont empêché les parents d'enfants et d'adolescents de 6 à 14 ans de demander de l'aide à Vextérieur de l'école (au cours de la vie) 6A8ANS (N = 63) 9 A i l ANS (N = 54) 12 A 14 ANS (N = 68) % % % 40.0 57.0 29,8 v o u s VOULIEZ RÉGLER LE PROBLÈME VOUS-MÊME 30.1 30,2 24.1 LE PROBLÈME N'ÉTAIT PAS ASSEZ IMPORTANT 23.2 29.3 24,0 7.1 10,6 19.2 12.6 6,1 6.0 VOUS NE POU\IEZ OBTENIR DE RENDEZ-VOUS 5,1 2,9 4,9 VOUS N'A\aEz PAS CONFL\NCE 2.9 6,2 2.8 VOTRE CONJOINT(E) (S'IL Y A LIEU) N'ÉTAIT PAS D'ACCORD 2.9 5.0 1,9 ÇA AURAIT PRIS TROP DE TEMPS 2.9 1,4 1,1 VOUS AVIEZ PEUR DE L^ RÉACTION DE VOTRE ENFANT 2,7 6,3 12,6 VOUS AVIEZ PEUR QUE ÇA SE SACHE 17 0,0 2,7 VOTRE ENFANT NE VOUIAIT PAS Y ALLER 1,4 1,7 10,0 VOUS VOUS INQUIÉTIEZ DES RÉACTIONS DE LA FAMILLE 1,4 0,0 0,0 ÇA AURAIT COÛTÉ TROP CHER 1,2 3.6 2.8 VOUS CRAIGNIEZ QUE VOTRE ENFANT PASSE POUR FOU 0,0 1,5 4.2 VOUS TROUVIEZ QUE C'ÉTAIT TROP LOIN 0.0 0,0 0.0 IL Y AVAIT UN PROBLÈME DE TRANSPORT 0,0 1.6 0.0 IL Y AVAIT UN PROBLÈME DE LANGUE 0,0 1.6 0,0 10,8 3,8 12,9 RAISONS VOUS PENSIEZ QUE ÇA PASSERAIT AV^C LE TEMPS VOUS NE SA\TEZ PAS TROP OU VOUS ADRESSER O N NE S'INQUIÉTAIT PAS À I^ÉCOLE AUTRES 1. Nombre total de parents qui ont rapporté des raisons. Un parent pouvait indiquer plus d'une raison. 7.2.5 Catégories de parents et prévalence des troubles mentaux des jeunes 7.2.5.1 Étude des trois groupes d'âge Quel que soit le groupe d'âge, lorsque c'est le parent ou le professeur qui communique l'information au sujet des troubles mentaux, les différences de prévalence de troubles mentaux des jeunes, selon les catégories de parents^"^\ se révèlent significatives. Les différences de prévalence de troubles mentaux ne sont pas signicatives cependant lorsque c'est le jeune qui répond au questionnaire (tableau 27). 7.2.5.2 Discussion Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, ce ne sont pas les barrières instrumentales ou psychologiques qui empêchent les parents de consulter Ce n'est pas non plus le manque de confiance envers les services. Les parents québécois ont généralement une 4. Trois catégones de parents : (1) ceux qui ont reçu de l'aide; (2) ceux qui n'ont pas reçu d'aide alors que le parent y a pensé; (3) ceux qui n'ont pas reçu d'aide alors que le parent n'y a jamais pensé. 124 CHAPITRE 7 - UTILISATION DES SERVICES TABLEAU 27 Pourcentages d'enfants et d'adolescents de 6 à 14 ans avec au moins un trouble mental ayant reçu de Vaide (au cours des six derniers mois) à l'extérieur de Vécole, n'ayant jamais reçu d'aide alors que le parent y a pensé ou n'ayant jamais reçu d'aide alors que le parent n'y a jamais pensé A REÇU 3E ÈAIDE % TROUBLES MENTAUX PARENT ^ A PENSÉ N % PARENT N'Y A JAMAIS PENSÉ N % p{2) 6 A 8 ANS SELON ÈENFANT (61) 18,4^3) (65) 19,6 (561) 13,1 .279 SELON LE PARENT (59) 57,3 (64) 43,6 (541) 16,4 ,000 SELON LE PROFESSEUR (51) 25.1 (55) 17,6 (503) 8,0 .000 SELON CENFANT (56) 19,8 (56) 22,9 (626) 13,0 .083 SELON LE PARENT (54) 48,2 (54) 31,5 (606) 12,8 .000 SELON LE PROFESSEUR (44) 27,3 (51) 16,9 (546) 6,2 .000 SELON ÈADOLESCENT (56) 25,8 (69) 17,8 (574) 16,2 ,228 SELON LE PARENT (60) 44.9 (68) 34,4 (563) 10.7 ,000 9 À 11 ANS 12 À 14 ANS 1. Taîlle de l'échantillon. 2. Le test Khi-deux est utilisé pour vérifier l'association entre la santé mentale et l'utilisation des services. 3. Lire comme suit ; parmi les 61 enfants qui ont reçu de l'aide. 18,4 % rapportent au moins un trouble mental attitude positive envers le système de santé si on regarde le taux de sarisfacrion élevé au sujet des services. Ce sont plutôt les croyances parentales. La croyance que ça passera avec le temps est largement répandue dans le public, surtout lorsque l'enfant est jeune. Les études longitudinales réalisées au Québec sur le devenir des enfants d'âge préscolaire jugés agressifs par les éducatrices ou les mères indiquent que cette agressivité persiste si elle est associée à d'autres indices de mésadaptation sociale (Loeber et coll., 1989; Moskowitz et Schwartzman, 1989). Lidée de l'infiuence bénéfique du temps sous-tend également le concept de « crise d'adolescence » selon lequel la majorité des adolescents présentent une phase de déséquilibre entraînant des problèmes psychologiques passagers et ne nécessitant pas d'intervention. Cette conceprion de l'adolescence est maintenant largement reconnue comme inexacte (Offer et Schonert-Reichl, 1992). Il est plausible que certains symptômes passent avec le temps. Mais si ces symptômes sont nombreux et impliquent des problèmes d'adaptation, une telle évolution est peu probable surtout si les circonstances de vie ne se modifient pas. Les parents croient aussi qu'ils pourront régler le problème eux-mêmes. Cet espoir peut se comprendre, mais si les problèmes imphquent beaucoup d'émorions de la part des parents, comme c'est habituellement le cas, U peut s'avérer difficile de prendre assez de distance pour bien comprendre et modifier les situations problémariques. CHAPITRE 7 - UTILISATION DES SERVICES 125 Lanalyse des prévalences des troubles mentaux des jeunes selon les catégories de parents se révèle particulièrement éloquente. Les jeunes des parents qui ont pensé consulter mais ne l'ont pas fait présentent des prévalences de troubles mentaux qui se rapprochent des prévalences des jeunes dont les parents ont demandé et reçu de l'aide. Un tel résultat remet en question les croyances au sujet de l'infiuence du passage du temps et de la capacité des parents à régler le problème. En somme, lorsqu'un parent est inquiet et qu'il perçoit des problèmes émotionnels ou de comportement, la recherche d'une aide peut certainement être encouragée. Références ANDERSON.J.C, WILLIAMS, s., McGEE, R., SILVA, PA. (1987). .< DSM-ill disorders m préadolescent children. Prevalence in a large sample from the gênerai population ». Archives of General Psychiatry, 44, 69-76. BIRD, H.R,, CANINO, G,, RUBIO-STIPEC, M., GOULD, M S , RIBERA. J , SESMAN, M., WOODBURY, M.. HUERTAS-GOLDMAN. S., PAGAN, A,. SANCHEZ-LACAY, A., MOSCOSO, M. (1988). « Estimâtes of the prevalence of childhood maladjustment m a community survey m Puerto Rico ». Archives of General Psychiatry, 45, 1120-1126. BIRD, H.R,, YAGER, T.J,, STAGHEZZA. B.. GOULD, M.S,, CANINO. G., RUBIO-STIPEC. M, (1990), « Impairment in the epidemiological measurement of childhood psychopathology m the community », Journal of the Amencan Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 29(5), 796-803. BRETON, J.J,, BRIONES, L. LEMYZE. P, DE LA DURANTAYE, A. (1975), « Évaluation des soins en pédopsychiatrie. Résultats d'une étude exploratoire », Revue de VAssociation des psychiatres du Canada, 20(3), 201-208, BURNS, B,J., FRIEDMAN. R,M. (1990), « Examining the research base for child mental health services and policy », The Journal of Mental Health Administration, 17(1), 87-98. BURNS, B.J. (1991). « Mental health ser\'ice use by adolescents in the 1970s and 1980s », Journal of the American Academy of Ghild and Adolescent Psychiatry, 30(1). 144-150. COHEN, P. KASEN, S,, BROOK. J.S,, STRUENÎNG, E,L, (1991). « Diagnostic predictors of treatment patterns m a cohort of adolescents », Journal o( the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry. 30(6), 989-993, COHEN, P, HESSENBART, C.S. (1993). « Démographie factors m the use of children's mental health services », Amencan Journal of Public Health, 83(1), 49-52, COSTELLO, E.J,, BURNS, BJ,, ANGOLD, A,. LEAF. PJ. (1993). « How can epidemiology improve mental health services for children and adolescents? », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 32(6), 1106-1114. COSTELLO, E,j,, COSTELLO, A,J.. EDELBROCK. C , BURNS, BJ,, DULCAN, M.K,, BRENT, D., JANISZEWSKI, S. (1988). « Psychiatrie disorders m pédiatrie pnmary care, Prevalence and risk factors », Archives of General Psychiatry, 45, 1107-1116. COSTELLO, E.J, JANISZEWSKI, S, (1990). « Who gets treated? Factors associated with referral m children with psychiatrie disorders », Acta Psychiatrica Scandinavica, 81, 523-529. GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, MINISTÈRE DES AFFAIRES SOCIALES (1985). « Les ressources du Québec pour répondre aux besoins de santé mentale des jeunes », in La santé mentale des enfants et des adolescents. Vers une approche plus globale, 63-147. 12B CHAPITRE 7 . UTIUSATION DES SERVICES HANKIN, J,R., STARFIELD. B.H., STEINWACHS, D.M,, BENSON. P, LIVINGSTON, G., KATZ, H.P (1984). « The relationship between specialized mental health care and patterns of primary care use among children enrolled in a prepaid group practice », Research in Community and Mental Health, 4, 203-220. JACOBSON, A.M., GOLDBERG, ED., BURNS, BJ.. HOEPER, E.W, LLANKIN, J.R., HEWITT, K. (1980). « Diagnosed mental disorder in children and use of health services in four organized health care settings », American Journal of Psychiatry, 137(5), 559-565. KLEINBAUM, D G , . KUPPER, L.L.. MORGENSTERN, H. (1982). « Typology of observational study designs », in Kleinbaum, D.G., Kupper, L.L., Morgenstern, H. (Eds.). Epidémiologie Research. New York, Van Nostrand Remhold, 62-95. LEAF, RJ., LIVINGTON BRUCE, M., TISCHLER, G.L., HOLZER, CE., III (1987). « The relationship between démographie factors and attitudes toward mental health services », Journal of Community Psycholog}', 15. 275-284. LOEBER, R., TREMBLAY, R.E., GAGNON, C , CHARLEBOIS, P (1989). « Continuity and desistance in disruptive boys' early fighting at school », Development and Psychopatholog/, 1, 39-50. MOSKOWITZ, D,S., SCHWARTZMAN, A.E. (1989). « Painting group portraits : Studying Ufe outcomes for aggressive and withdrawn children », Journal of Personality, 57(4), 723-746. OFFER, D., SCHONERT-REICHL, K.A. (1992). « Debunkmg the myths of adolescent : findings from récent research », Journal of American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 31(6), 1003-1014. OFFORD, D.R,, BOYLE, M.H., SZATMARI, P e t aL (1987). « Ontario Child Health Study IL SixMonths Prevalence of Disorder and Rates of Service Utilization. », Archives of General Psychiatry, 44, 832-836, PINEAULT, R., DAVELUY, C. (1986). La planification de la santé. Concepts, méthodes, stratégies. Agence dArc. SCHWARTZMAN, A.E., SERBIN, LA., MOSKOWITZ, D.S., LEDINGHAM, J.E, (1988). « Lévolution des enfants difficiles », Santé mentale au Québec, 13(2), 94-102. TUNA, J.M. (1989). « Mental health services for children. The state of the art », American Psychologist, 44(2), 188-199, VELEZ, C-N., JOHNSON, J., COHEN, P (1989), « A longitudinal analysis of selected risk factors for childhood psychopathology », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 28(6), 861-864. VERHULST, F C , BERDEN, G.FG., SANDERS-WOUDSTRA, J.A.R. (1985). « Mental health in Dutch children. II. The prevalence of psychiatrie disorder and relationship between measures. », Acta Psychiatrica Scandinavica, 72, 1-44. WOODWARD, C.A., BOYLE, M.H., OFFORD, D.R., CADMAN, D.T., LINKS, PS., MUNROEBLUM, H., BYRNE, C , THOMAS, H, (1988). « Ontario Child Health Study : Patterns of ambulatory médical care utilization and their correlates », Pediatrics, 82(3), 425-434. CHAPITRE 7 • UTIUSATION DES SERVICES 127 Conclusion Valla, J.P, M.D., M.Sc, Breton,JJ., M.D., M.Sc. Bergeron. L., M.Sc, HoudcL,M.D. LEnquête québécoise sur la santé mentale des jeunes visait à établir la prévalence des principaux troubles mentaux chez les enfants et les adolescents de 6 à 14 ans en fonction du sexe et de trois groupes d'âge, à déterminer les variables associées à ces troubles et à étudier l'utilisation des ser\aces à la disposition des jeunes pour les aider à surmonter leurs problèmes de santé mentale. Cette approche a été choisie pour tenir compte du développement de l'enfant. La prévalence d'au moins un trouble mental, estimée selon les critères du DSM-lll-R, varie en fonction de l'âge, du sexe et de l'informateur entre 11 % et 24 %. Elle diminue généralement de moitié lorsque l'adaptation est prise en compte. La limite principale de l'étude des prévalences est posée par la mesure de la santé mentale des jeunes. Les instruments choisis pour l'enquête québécoise sont les plus modernes et l'utilisation d'un instrument adapté aux enfants de 6 à 11 ans est un ajout aux enquêtes antérieures qui a permis d'évaluer la perception que les jeunes enfants ont de leurs problèmes. Cependant, la déterminarion des prévalences se situe dans le cadre de l'évolution des instruments d'évaluation des troubles mentaux. Les comparaisons inter-groupes appuyées sur les mêmes critères sont particulièrement perrinentes pour la planification des services. Dès l'âge de 6 à 8 ans, les garçons présentent plus de troubles extériorisés que les filles et autant de troubles intériorisés. Cependant, les troubles des garçons paraissent plus graves. Les garçons sont moins souvent phobiques, mais plus fréquemment dépnmés que les filles et ils ont davantage de problèmes d'adaptation. Les différences entre les filles et les garçons augmentent dans le groupe des 9 à 11 ans, comparativement au groupe des 6 à 8 ans. Les garçons présentent toujours davantage de troubles extériorisés que les filles, mais leurs troubles intériorisés diminuent de moitié. Cependant, la dépression demeure aussi fréquente chez les garçons de 9 à 11 ans que chez les garçons de 6 à 8 ans. Chez les filles, l'hyperanxiété devient plus fréquente. Chez les adolescents de 12 à 14 ans l'écart entre les filles et les garçons devient encore plus marqué. Même si les troubles extériorisés diminuent de moitié chez les garçons de 12 à 14 ans, ils restent deux fois plus élevés que chez les adolescentes. La prévalence de la dépression, qui devient très faible chez les garçons de 12 à 14 ans, augmente considérablement chez les filles, et la prévalence de l'hyperanxiété demeure plus élevée chez les filles de 12 à 14 ans que chez les garçons. Les adolescentes de 12 à 14 ans consrituent le groupe qui présente la prévalence de troubles mentaux la plus forte. Elle est deux fois plus élevée que celle des garçons du même âge. Même si CONCLUSION 129 si les phobies contribuent beaucoup à cette prévalence globale, la fréquence des problèmes d'adaptation chez les adolescentes de 12 à 14 ans confirme que ce groupe présente un risque élevé de psychopathologie. Les parents et les professeurs rapportent de façon générale davantage de troubles mentaux, surtout exténorisés, que les jeunes eux-mêmes. La prévalence des idées suicidaires et des tentatives de suicide, qui sont associées à des troubles mentaux précis montre que les parents sous-estiment les troubles intériorisés de leurs jeunes. Le deuxième objectif de l'enquête québécoise était d'étudier les variables associées aux troubles mentaux. Ces variables sont nombreuses, ce qui est à la fois conforme aux hypothèses suggérées par les modèles théoriques et concordant avec les résultats provenant des autres enquêtes. La cohérence des résultats de l'enquête québécoise avec les connaissances actuelles augmente la probabilité que les variables identifiées soient de bons indicateurs, ou les véritables facteurs de risque pour la santé mentale des enfants et des adolescents de la province. Toutes les données ont été recueillies en une seule fois. Il est donc impossible de savoir si les variables identifiées dans l'enquête précèdent les troubles mentaux et pourraient en être la cause, si elles les accompagnent et pourraient en être la conséquence, ou si elles leur sont simplement associées sans qu'il existe de lien causal. Lexistence de certaines variables précède incontestablement les troubles mentaux de l'enfant (le sexe, l'âge, la position dans la fratrie, l'éducation des parents, les antécédents psychiatriques familiaux), tandis que d'autres (les difficultés scolaires) peuvent être interprétées comme une conséquence des troubles extériorisés. Lanalyse statistique (régression logistique) des variables associées aux troubles mentaux a permis d'établir, pour chacun des groupes d'âge, la force de l'association entre la santé mentale et telle ou telle variable. Ces variables ont été regroupées en caractéristiques individuelles, familiales et sociales. Le sexe, surtout en interaction avec d'autres variables (l'âge, la faible compétence sociale, la maladie physique chronique, le cheminement scolaire problémarique) est l'une des variables les plus fortement associées à la psychopathologie. La vulnérabilité des garçons de 6 à 8 ans peut être augmentée par la présence d'une maladie physique chronique, celle des garçons de 9 à 11 ans par de faibles compétences sociales et celle des adolescents (12 à 14 ans) par les difficultés scolaires, Le nombre d'événements stressants vécus par les adolescents est également en relation avec les troubles mentaux. Les caractérisriques familiales les plus fortement associées aux troubles mentaux des jeunes sont la présence de troubles mentaux chez les parents, la situation d'enfant unique, le rang élevé dans la fratrie et les comportements punirifs fréquents de la part des parents, Les caractérisriques familiales modérément associées aux troubles mentaux des jeunes sont la structure familiale monoparentale ou reconsrituée, un nombre de personnes au foyer égal ou supérieur à quatre, le nombre d'événements stressants vécus par les parents, la présence de maladies physiques au foyer, les antécédents familiaux de comportements suicidaires ou de maladie mentale. 130 CONCLUSION La contriburion des caractérisriques socio-économiques aux troubles mentaux des jeunes est moins importante que celle des caractérisriques individuelles et famihales. Ce résultat tend à surprendre. Les grandes études classiques (Fans et Dunham, 1967, Hollingshead et Redlish, 1958) nous ont habitués à considérer que la maladie mentale est associée à la pauvreté, voire qu'elle en est la conséquence. Ces premiers travaux confondaient maladie mentale et hospitalisation en milieu psychiatrique, oubliant la foncrion d'asile tradirionnellement jouée par les établissements pour malades mentaux auprès des plus démunis (par exemple les sans-abri). Les travaux modernes ont réévalué la relation entre la maladie mentale et la pauvreté Qensen et coll.. 1990; 'Wolkind et Rutter, 1985). Les modèles théoriques suggèrent plutôt une influence indirecte des conditions socio-économiques défavorables sur la santé mentale des enfants par l'intermédiaire du stress parental de la relation parent-enfant et d'une éventuelle pauvreté des stimulations environnementales, qu'une influence directe. Lanalyse statistique par groupe d'âge des variables associées aux troubles mentaux a également permis d'identifier la constance (à travers les groupes d'âge) de l'association entre la santé mentale et telle ou telle variable. Plusieurs variables sont associées aux troubles mentaux des jeunes quel que soit leur âge. Ce sont le sexe, la maladie physique chronique, la compétence sociale, la psychopathologie des parents, ainsi que les comportements punitifs et les comportements de soin des parents. D'autres variables sont associées aux troubles mentaux des jeunes uniquement dans certains groupes d'âge. Le fait d'être un enfant unique est associé aux troubles mentaux chez les plus jeunes (6 à 8 ans et 9 à 11 ans), alors qu'à l'adolescence (12 à 14 ans), c'est au contraire un rang plus élevé dans la fratrie qui est associé aux troubles mentaux. Une association entre le cheminement scolaire et les troubles mentaux n'apparaît qu'à partir de 9 à 11 ans et se poursuit à l'adolescence. Les événements stressants vécus par le jeune, le statut d'activité des parents et le revenu familial ne sont associés aux troubles mentaux que chez les adolescents de 12 à 14 ans. Lidenrificarion des variables associées aux troubles mentaux des jeunes a d'importantes implicarions pour la prévention et l'intervenrion. Lenquête souligne que l'efficacité des interventions visant à améliorer la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans est en relation avec l'imphcarion du milieu familial, que ces interventions soient individuelles, communautaires ou scolaires. Lenquête montre en effet à quel point la famille est importante pour la santé mentale des jeunes. En termes de prévention, l'enquête fait ressortir l'importance du développement des compétences intellectuelles et sociales chez les jeunes et des compétences parentales des adultes. Certaines situations pathogènes, comme la psychopathologie des parents, pourraient faire l'objet de programmes spécifiques; en présence d'une maladie physique chronique chez le jeune, une aide psychologique pourrait être envisagée systémariquement. Les principaux résultats de l'étude de l'urihsarion des services mis à la disposition des jeunes pour les aider à surmonter leurs problèmes de santé mentale sont les suivants. Une majorité des enfants et des adolescents qui présentent un trouble mental n'urilisent pas les services. Parmi ceux qui présentent un trouble mental et ne reçoivent pas de services, il y a des jeunes qui, compte tenu de l'importance de leurs problèmes, CONCLUSION 131 pourraient en bénéficier, en particulier chez les adolescentes de 12 à 14 ans, parmi lesquelles l'enquête met en évidence une sous-urilisation des services par rapport aux autres groupes d'âge. Cependant, une majonté des enfants et des adolescents qui présentent plus d'un trouble mental (comorbidité) ou un trouble qui retentit sur la vie quotidienne (problèmes d'adaptanon), c'est-à-dire les jeunes dont on peut penser qu'ils sont les plus malades, utilisent les services qui sont mis à leur disposition. On peut penser que le système ne foncrionne pas de façon inadéquate, même s'il ne foncrionne pas de façon parfaite. Il n'existe pas de consensus sur les critères permettant d'identifier les jeunes ayant besoin de services. La définirion de ces critères pour les jeunes Québécois élargirait grandement l'intérêt de l'enquête. De tels critères permettraient en effet d'établir des relations entre les besoins de services et les données épidémiologiques provenant de l'enquête, qu'il s'agisse de prévalences, de facteurs de risque ou d'utilisation des services. Il apparaît donc souhaitable, en vue d'exploiter au mieux les résultats de l'enquête, qu'un groupe de travail composé de professionnels de l'intervention, de planificateurs et de chercheurs soit constitué. La distribution des soins et les programmes de prévention pourraient ainsi être articulés non seulement sur la prévalence des troubles mentaux, mais également sur les facteurs susceptibles de faire varier ces prévalences. Il serait également souhaitable qu'à parrir des résultats de l'enquête, qui consrituent un tableau général, se développent des recherches visant la compréhension de facteurs de risque et de causes spécifiques des maladies mentales chez les jeunes Québécois. Références __^ PARIS, R.E.L,. DUNHAM, H.W (1967). Mental disorders in urban areas : An ecological study of schizophrenia and other psychoses. Chicago, University of Chicago Press, HOLLINGSHEAD, A.B., REDLISH, FD, (1958), Social class and mental illness. New York, Wiley JENSEN, PS,, BLOEDAU, L., DEGROOT. J.. USSERY, T. DAVIS, H. (1990), « Children at nsk : I. Risk factors and child symptomatology », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 29(1), 51-59 WOLKIND. S,, RUTTER, M, (1985), Socioculturalfactors, in Rutter, M., Hersov, L. (Eds.), Child and adolescent psychiatry, modem approaches. Second édition. Blackwell ScientiRc Publications 82-100, 132 CONCLUSION l^^l^^ E-2554 L _ _ G u y o n , Louise Daveluy7XàroTê~em " mentale des jeunes de 6 à 14 ans ^*Tf ' NOM K 3266 Ex . 2 . L'Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans a été réalisée en 1992 à travers le Québec auprès de 2400 familles et 1440 professeurs. Ce rapport de synthèse en présente les principaux résultats. Pour la première fois, des renseignements sont disponibles sur la fréquence des troubles anxieux, des troubles dépressifs et des troubles liés aux comportements perturbateurs chez les jeunes du Québec. En plus de fournir de l'information sur les caractéristiques du jeune, de sa famille et du milieu socioéconomique associées à ces troubles mentaux, le rapport renseigne sur les modalités d'utilisation des services de santé par les jeunes. Cette enquête permet de présenter le point de vue du jeune, celui des parents, auquel s'ajoute, dans le cas des enfants de 6 à 11 ans, celui de leurs professeurs. j Ce rapport de synthèse sera parriculièrement utile aux intervenants, planificateurs et chercheurs qui oeuvrent dans le domaine de la santé mentale. * En collaboration avec %;-i^ le ministère de la Santé et des Services sociaux 'Oit ^•