Vivre sa ville Bien-être Sophrologie, taï-chi, do-in, yoga « Le lac troublé ne reflète pas la lune » Elles n’ont jamais été aussi modernes. À Boulogne-Billancourt comme ailleurs, les disciplines du corps et de l’esprit sont dans l’air du temps. Sophrologie, taï-chi, do-in, gymnastique douce, yoga. Autant de réponses aux aléas de la vie citadine. Les résultats sont réels, parfois spectaculaires, à condition d’abord, d’être patient. Le culte du « moi » a encore de beaux jours devant lui. Mais sa finalité a évolué. Bronzer idiot ou « body-buildé » comme dans les années 80, ne suffit plus. Face aux aléas de la vie citadine, le corps, à l’aube du 21e siècle, devient avant tout un instrument au service du mieux-être. La quête de l’équation parfaite, entre physique et mental, constitue le véritable « Graal » de ces temps difficiles. Elle fait le bonheur des disciples de lointains maîtres asiatiques pour qui le corps et l’esprit n’ont guère de secret. Sophrologie, do-in, taï-chi et médecines douces connaissent un succès croissant dans les salles. Sans parler du bon vieux yoga qui opère un retour en force. Est-ce bien surprenant ? Le taï-chï, une discipline de vie à long terme douleurs et de blocages, poursuit Patrick Herbert. Les organes principaux de la santé se trouvent dans le tronc. Aucune perception fine n’est possible dans un corps tendu ou perclus. Le taïchi permet de prendre conscience de cette évidence par le mouvement. Le problème, en région parisienne, c’est que la plupart des gens ne vivent qu’à 10 % de leur potentiel corporel et l’ignorent complètement.» Là se situe sans doute le danger. Pressés d’oublier leur stress, leurs douleurs et leurs tracas quotidiens, nombre d’inscrits attendent des miracles de pratiques séculaires basées sur l’effort et une discipline de vie à long terme. Quadragénaire actif, voire hyperactif, citadin, désireux de dominer les problèmes de la vie moderne, souvent de sexe féminin : tel « Un proverbe chinois très populaire dit que “le lac troublé ne reflète pas la lune”. Si l’on n’est pas bien dans son corps, on ne saurait être bien dans sa tête », constate Patrick Herbert, professeur de taï-chi au karaté club Murakami. Cette discipline, longtemps méconnue en Occident, consiste en une thérapie préventive de la douleur. Elle passe par un travail approfondi sur les « méridiens de circulations de l’énergie interne » que l’on retrouve dans d’autres médecines douces (acupuncture, allopathie, etc.) Tout commence par une éducation physique des systèmes nerveux et musculaires. Ensuite, le patient atteint une précision et une coordination de mouvements proches de celle de la gymnastique. « Le bienêtre, chez l’individu, découle de l’absence de Équilibre, bien-être, absence de douleur, on retrouve ces sensations enviables chez des seniors volontaires, adeptes des disciplines du corps et de l’esprit. Grâce à une pratique régulière, ils parviennent à retarder les désagréments liés à l’âge quand ils n’ont pas, purement et simplement, le sentiment de rajeunir. Très active, l’ANRABB (Association des nouveaux retraités et assimilés de Boulogne-Billancourt) propose une dizaine d’activités sportives parmi lesquelles « l’Atelier du corps » (gymnastique douce en musique) et le do-in (automassages sur des points précis du corps), au sein d’une structure au nom édifiant : Mouvance. Le beau sexe regroupe pas moins des deux tiers des adhérents de Mouvance. Ces dames sexagénaires, voire plus âgées, exécutent sans difficultés apparentes certains exercices d’assouplissement qui arracheraient une grimace à un « quadra » sédentaire. Certes les étirements sont doux, les courses et les sautillements amples et fluides, mais une condition physique minimum s’avère indispensable. « Quand on avance en âge, il est important de rester actif, constate Marie-Thérèse, à la fois bénévole et adhérente de l’association. Pour ma part, j’ai choisi la gymnastique douce pour le corps et des cours basés sur des exercices de mémoire pour l’esprit. » Démarche quasi identique chez Odette, figure emblématique du club depuis près de deux décennies. « J’ai subi deux terribles accidents – ski et chute dans un escalier – qui ont nécessité un appareillage aux deux jambes et la pose de trois vis dans la hanche, explique-t-elle. Dès lors, plus question de pratiquer la gym comme avant à l’ACBB. Très malheureuse, j’ai écouté les conseils d’une amie qui m’a parlé de Mouvance. Je n’ai pas eu à le regretter. » tensions corporelles et psychiques avec, in fine, des applications concrètes : gestion rationnelle du stress, meilleur sommeil, confiance en soi accrue, davantage d’esprit d’initiative, projection dans l’avenir, bref, autant d’atouts dans la vie de tous les jours, à la maison comme au bureau. « Nous travaillons sur deux axes, explique Patrick Ehrhard, sophro-thérapeute et master-spécialiste en sophrologie caycédienne (du nom de l’inventeur de cette discipline) : clinique et social. La démarche pourrait se résumer à cette définition : une expérience vécue de l’épanouissement de l’unité de la personne à travers son corps et son esprit. » Pour atteindre cet objectif, il propose une mise en harmonie de la respiration et de mouvements corporels spécifiques, ainsi que des visualisations par la pensée, notamment en amont d’événements particulièrement stressants : opération, examen, performance sportive, entretien d’embauche... Les séances, d’environ une heure, sont suivies d’échanges collectifs ou individuels Moins fondée sur le corps, en apparence du moins, mais tout autant sur l’esprit, la sophrologie s’est imposée, au cours de deux dernières décennies, comme l’une des médecines douces les plus prisées des Français. À Boulogne-Billancourt, la demande va crescendo. Cette science se veut celle de l’éveil de la conscience à soimême et au monde. Véritable outil de développement personnel, elle permet la canalisation des énergies positives, la résolution de Boulogne~Billancourt ➛ janvier 2004 Information afin d’évaluer le « ressenti ». Ces exercices peuvent être « dupliqués » à domicile par le patient. « La sophrologie respecte à la fois le vécu de la personne et son désir de vie, insiste Patrick Ehrhard. À l’instar de la psychanalyse, il est important de s’assurer que le corps et l’esprit travaillent toujours ensemble et en harmonie. Mais notre science est perçue, à juste titre, comme beaucoup plus douce et accessible.» L’approche n’en reste pas moins strictement thérapeutique. La preuve, Patrick Ehrhard travaille au grand jour, au sein d’une association municipale dûment répertoriée. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des médecins lui envoyer certains patients. Mais la sophrologie fonctionne encore beaucoup par le biais du « bouche à oreille ». « J’ai longtemps suivi des séances avec un autre praticien il y a une dizaine d’années, raconte Sylvie. Depuis, je n’avais jamais retrouvé quelqu’un avec lequel je partageais un réel “feeling”. Avec Patrick Ehrhard, tout a changé.» Au terme de trois ans de pratique nouvelle, Sylvie est en mesure d’établir un bilan fiable de l’impact de la sophrologie dans sa vie : « Au-delà de la partie visible, respiration et relaxation, la sophrologie implique un véritable retour sur soi-même. On se penche sur son passé, son vécu, son patrimoine personnel afin de mieux comprendre la nature des problèmes. Cette démarche permet de faire rejaillir un certain nombre d’émotions que l’on croyait enfouies au plus profond de son être. Une sorte d’introspection salutaire qui ne peut s’envisager que sur le long terme. » À l’évidence, le mieux-être passe aussi par la patience. ■ Thierry Niemen Renseignements pratiques Taï-chi : Karaté club Murakami. 76, rue d’Aguesseau. Contacts : M. Herbert (tél. : 06 07 28 78 30) ou Mlle Pibot (tél. : 06 21 33 63 52). Gymnastique douce : Mouvance. Contact : Marie-Thérèse Parisis. Tél. : 01 46 05 84 96. (ANRABB : Centre Georges-Gorse. 22, rue de la Belle-Feuille. Salle 429.) Sophrologie : Compagnie Patrick Ehrhard. 23-27, rue des Peupliers. Tél. : 01 46 21 20 33. La sophrologie, outil de développement personnel Patrick Ehrhard propose une mise en harmonie de la respiration et des mouvements corporels spécifiques. 54 apparaît le portrait-robot de l’adepte du taïchi. Exactement celui de Martine, adhérente chez Patrick Herbert depuis une dizaine d’années. « Le taï-chi, c’est un cheminement personnel, plus ou moins long, n’hésite-t-elle pas à affirmer. J’y suis d’abord venue pour me sentir mieux. Au bout d’un certain temps, on comprend que cette discipline constitue la base de tous les mouvements liés aux arts martiaux. L’énergie vitale passe par les articulations. Avec le taï-chi, celles-ci travaillent toutes. Un aspect fondamental quand on sait que dans la vie de tous les jours la moindre douleur articulaire annihile l’essentiel de notre dynamisme. Aujourd’hui, j’ai trouvé un réel équilibre. Au point de ressentir un manque quand je reste quelque temps sans pratiquer.» Gymnastique douce pour retarder les désagréments de l’âge Et aussi Selon Patrick Herbert, aucune perception fine n’est possible dans un corps tendu ou perclus. Yoga : ACBB. 129, rue de Bellevue. Tél. : 01 41 10 25 30. Taï chi chuan : CAB (Centre d’animation de Boulogne). 11, rue de Clamart. Tél. : 01 46 08 19 39 ou 26 02. Boulogne~Billancourt ➛ janvier 2004 Information 55