sainteté au sens où l’on rapproche de la parole de Dieu et les uns des autres (et non au sens moral). C’est
pourquoi on pratique le Mikvé lors des recommencements.
D’ailleurs la racine du mot « mikvé » (« ») signifie l’espoir.
On ne s’étonnera donc pas que, branché sur cette signification, le baptême chrétien soit rattaché à la
conversion ou à la repentance car au sens étymologique, cela signifie : se retourner, changer de mentalité.
Bref orienter sa vie vers l’à-venir.
Mais il y a plus. Tom Cohen me disait qu’en bonne tradition juive, le Mikvé, le bain, le baptême, devait se
faire dans de l’eau vive, rattachée à une source. A l’image de Jean Baptiste qui baptise dans le Jourdain.
Pourquoi ? Parce que l’eau-vive est le symbole par excellence de… la Parole de Dieu, de la loi.
Le Mikvé et le baptême prennent ici le même sens, ne sont pas seulement orienter sa vie vers l’avenir,
mais aussi arrimer cet avenir à la Parole.
Nous y voilà à nouveau : l’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sortira de la
bouche de Dieu.
Quelle est donc cette Parole que symbolise l’eau baptismale comme celle du Mikvé ?
Dans l’évangile de Matthieu, elle est clairement cette parole fondatrice, parole de référence, à laquelle on
s’accroche quand la vie vous met à l’épreuve ou lorsqu’on est divisé en soi-même.
Après son baptême, dit le texte, Jésus est emmené au désert par l’Esprit et le diable le met à l’épreuve.
Le Diable, est une figure de la division. Il n’est que la représentation de ce qui nous habite souvent : on ne
sait pas, on est divisé, qu’est-ce qui va orienter mon existence ? Et la mise à l’épreuve de la vie et de la
liberté (je le disais déjà, comme ado affrontant la vie adulte) permet de mettre en évidence, à soi-même et
aux autres, ce qui nous structure intimement, quelle Parole nous détermine profondément.
Pour l’homme Jésus mis à l’épreuve, reprenant la tradition du Deutéronome : l’être humain ne vivra pas de
pain seulement mais de toute parole qui sortira de la bouche de Dieu.
C’est la vérification que ce qui l’habite est d’abord (et même totalement, c’est sa caractéristique) la Parole
de Dieu. Cette parole qui est plantée, annoncée, proclamée par le baptême, et dont l’eau est le symbole.
C’est dire, mais faut-il le préciser, que le baptême n’est pas tant le rituel de l’eau en soi, mais ce que nous
en ferons, la parole que nous relayerons auprès de nos enfants pour qu’ils soient structurés par elle
jusqu’à pouvoir s’orienter avec sagesse dans la vie.
Mais cette parole n’est pas la nôtre. Et, pour filer la métaphore de l’eau, comme l’eau vive nous vient
toujours d’ailleurs (n’est-elle pas déjà là dans les poèmes de la création ?), cette parole qui structurera nos
enfants à partir de leur baptême, nous vient d’ailleurs aussi, de ce Dieu qui ne nous laisse pas patauger
dans la vie ni nous perdre dans nos déserts mais nous donne une parole qui oriente notre marche.
Je tire trois caractéristiques de cette Parole, que je puise dans notre extrait du Deutéronome :
1- Dans notre passage, c’est d’abord une parole qui s’inscrit dans le réel et la pratique de la vie (v1).
Ce n’est pas une parole théorique, une espèce d’option intellectuelle, mais une parole-acte,
concrète, qui s’inscrit dans le « faire » de l’existence. « Tu feras la parole » pourrait-on paraphraser.
Car il n’y a pas d’un côté la parole (théorique) et de l’autre sa mise en pratique. Non, une seule
parole-acte.
2- Ensuite, la parole est une parole de mémoire : tu te souviendras (v2). C'est-à-dire une Parole qui
fait tradition et donc traduction (il faut sans cesse la traduire, la reformuler) et transmission.
L’outil biblique qui soutient cette mémoire, c’est l’Ecriture (cf les tables de la loi). Comme toute
Ecriture, elle appelle une lecture et donc une interprétation. Et qui dit interprétation dit débat,
rencontre avec d’autres pour y trouver ensemble le sens de notre actualité.