Un petit nombre de ces lecteurs souffrent d’un trouble spécifique les empêchant d’acquérir
certains mécanismes de base indispensables à la lecture (Bisaillon, 2004). Ces sujets qui
représenteraient entre 3 et 6%, selon les études, sont qualifiés de dyslexiques (Ruter & al.,
1976 ; Lewis & al., 1994).
Le problème majeur des enfants dyslexiques est un déficit des capacités métaphonologiques
qui entraîne des difficultés majeures en lecture (Badda & al, 2010). En effet, les enfants
dyslexiques souffrent d’un déficit du système de représentation mentale et de traitement
cognitif de sons de la parole, ce qui nuit à l’apprentissage des correspondances
graphèmes/phonèmes et à leur manipulation au cours de la lecture (Ramus, 2002 ; Snowling,
2000 ; Sprenger-Charolles & Colé, 2003). Ainsi, les sujets dyslexiques, en dépit d’une
intelligence et d’une compréhension orale normales, sont confrontés à l’échec en raison de
leurs importantes difficultés à reconnaître les mots écrits. Il est important de souligner que le
dépistage en milieu scolaire se dégage comme une nécessité indispensable pour le
développement et la santé de l’enfant (Ahami, 2002 ; 2005 ; Ahami & al, 2006 ; Badda & al,
2008).
Par ailleurs, une revue de littérature concernant les traitements et méthodes de rééducation
de la dyslexie nous a permis de constater qu’il existe plusieurs méthodes de rééducation et
d’entraînement, dont une partie découlent directement des différentes théories de la dyslexie.
Toutefois, selon Ramus (2002 ; 2003), un très grand nombre de traitements et méthodes
préconisés pour la dyslexie n’ont fait l’objet d’aucune étude scientifique, ni d’un point de vue
théorique, ni du point de vue de l’évaluation de l’efficacité du traitement. Par conséquent, tous
ces traitements non évalués sont à considérer avec la plus grande prudence (Ramus, 2003).
En tenant compte de l’état actuel des connaissances scientifiques, il semble que la stratégie
de remédiation la plus adaptée en règle générale, reste celle basée sur l’entraînement de la
conscience phonologique et sur un enseignement adapté de la lecture. Néanmoins, comme le
souligne Ramus (2005), compte tenu de la comorbidité entre la dyslexie et d’autres troubles
développementaux, lorsque le profil neuropsychologique de l’enfant l’exige, d’autres
traitements peuvent s’avérer utiles.
En outre, un entraînement phonologique est pertinent sur le plan de l’intervention
pédagogique pour faciliter l’apprentissage ultérieur mais également sur le plan curatif
(Stanké, 2000). La rééducation d’enfants marocains arabophones dont le profil évoque une
dyslexie en langue maternelle, via le logiciel « Itinéraire Combinatoire » a permis d'améliorer
significativement leurs performances dans les différentes épreuves de lecture à voix haute en
arabe et, également, dans les différents tests permettant d'estimer le niveau de conscience
phonémique de ces sujets, dans les deux répertoires arabe et français (Badda & al, 2010).
Selon le rapport élaboré par le conseil supérieur de l’enseignement sur l’état et les
perspectives du système de l’éducation et de formation au titre de l’année 2008 (PNEA,
2008), il semble qu’il existe à l’enseignement primaire marocain, un nombre considérable
d’élèves marocains présentant des difficultés importantes d’apprentissage de lecture en arabe
langue maternelle et en français langue seconde. Parmi des élèves dont les difficultés
s’expliquent par un contexte socioéconomique défavorable, il est possible, à l’intérieur de
cette population, de distinguer un autre groupe d’enfants dont les difficultés seraient
spécifiques à l’identification des mots écrits (Badda, 2008).
Le pourcentage trop faible de la population d’enfants marocains présentant des troubles
dyslexiques par rapport aux enfants normaux lecteurs, n’a pas attiré l’attention des
responsables du département de l’enseignement scolaire pour trouver des solutions à leurs