Climat : les migrations animales et végétales plus rapides que prévu
Une étude établit un lien direct entre migrations des espèces animales et végétales et réchauffement
climatique. Si la nature démontre une grande capacid'adaptation, les scientifiques craignent une
accélération du changement climatique.
Quelques 17,6 kilomètres et 12,2 mètres d'altitudes. C'est ce que parcourraient en moyenne en une
décennie les espèces animales et végétales pour s'adapter au changement climatique et gagner en
fraîcheur. Soit trois fois plus vite en latitude et deux fois plus vite en altitude que présumé, révèle une
étude britannique, publiée dans la revue Science le 19 août.
La compilation des données de 54 études scientifiques et de cartes d'habitat de plus de 2.000 espèces,
établies au cours des quatre dernières décennies, ont permis aux scientifiques de démontrer le lien
entre hausse des températures et déplacement des populations animales et végétales. Car si des
suspicions existaient, peu d'études démontraient que le déplacement des espèces était lié directement
au climat, et non à la destruction d'écosystèmes par l'homme. L'étude se focalise surtout sur l'Europe et
les Etats-Unis, et n'inclut pas les espèces marines, en raison de la disponibilité des données.
Presque tous concernés
Les chercheurs n'ont pas constaté de différences entre groupes taxinomiques : les plantes se déplacent
au même rythme que les insectes, les oiseaux et les mammifères. En revanche, certaines espèces se
déplacent beaucoup plus vite que d'autres. C'est le cas du papillon commun qui s'est déplacé de 200
kilomètres en deux décennies, du centre de l'Angleterre à l'Ecosse. Ou des papillons de nuit à Bornéo
qui ont pris 67 mètres d'altitude en quelques décennies. Ainsi, pour gagner un habitat plus frais de
0,5°C, les espèces doivent parcourir en moyenne 50 à 60 kilomètres ou moins de 100 mètres en
altitude. Mais le taux de migration en altitude est beaucoup plus lent, ont constaté les chercheurs. ''Soit
les espèces se trouvent coincées au sommet des montagnes, soit elles se déplacent latéralement vers
des zones plus froides'', présume Chris Thomas, de l'université de York.
À l'inverse, 22 % des espèces étudiées se sont déplacées vers des zones plus chaudes, ce qui laisse
penser qu'elles seraient plus tolérantes aux changements de température que les autres.
Jusqu'où la nature peut-elle s'adapter ?
''Ces migrations animales et végétales rapides en réaction au changement climatique pourraient
indiquer que nombre d'espèces seraient en danger d'extinction dans des zones où les conditions
climatiques se détériorent'', analyse le professeur Chris Thomas.
Si Wendy Foden, biologiste à l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) voit une
note d'optimisme dans la capacité des espèces à s'adapter, elle craint néanmoins que la nature ne
s'adapte pas à un changement climatique plus rapide.
Sophie Fabrégat, actu-environnement
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