RÉSuMÉ
Plusieurs réalités ont été mises en lumière :
1) Contrairement à ce qui est parfois soutenu, les brevets d’invention ne constituent pas
un frein aux transferts de technologies, et particulièrement aux technologies durables,
vers les pays en développement, pour le motif que la plupart des brevets ne sont pas
déposés dans ces pays, de sorte que les technologies sont accessibles librement et
gratuitement.
D’ailleurs, dans le cadre des négociations internationales sur le changement climatique,
un seul pays, en l’occurrence l’Inde, continue de plaider fortement pour une mise à
disposition des brevets aux pays en développement, non plus à titre gratuit, mais avec
le soutien nancier du Fonds vert sur le climat, ou à l’aide d’une baisse de la sévérité
des droits, en soutenant que la propriété intellectuelle est une barrière à la diffusion des
technologies vertes.
2) L’enjeu primordial est le transfert et la maîtrise du savoir-faire. Le savoir-faire, par
essence secret et complexe car regroupant un ensemble d’informations disparates, ne
peut pas se transférer au moyen d’une contrainte juridique telle que la licence forcée.
Pour accéder à une nouvelle technologie, les pays en développement doivent donc
convaincre les investisseurs et les détenteurs de technologies de réaliser ces transferts.
Le développement d’infrastructures liées à la propriété industrielle (ofces, formation
de juges, de conseils en brevet, d’avocats, etc.) est une stratégie très utile, parce que
si les droits de propriété industrielle sont protégés, les détenteurs de technologies
sont plus enclins à accorder des licences et à transférer leurs technologies. Pour limiter
le coût du développement de ces infrastructures, la mutualisation est une solution
efcace. C’est la voie choisie par les pays membres de l’OAPI (Organisation africaine de
la propriété intellectuelle), seul ofce dans le monde qui délivre des titres de propriété
industrielle valables dans 17 pays.
3) L’autre constat essentiel est que l’innovation est aujourd’hui multipolaire et les
entreprises des pays développés sont donc désormais en concurrence avec celles
des pays émergents, voire avec celles des pays en développement, sur le marché
des technologies propres. Les pays en développement ont ainsi à leur disposition
une multitude d’émetteurs en mesure de réaliser ces transferts (pays développés
« traditionnels », grands émergents, pays en développement ayant acquis une
expertise dans certains domaines, etc.). La conséquence est qu’une part croissante
des technologies, hormis celles de pointe, est accessible à de très nombreux acteurs,
de sorte qu’à l’occasion de la majorité des transferts de technologies, le rôle de la
propriété intellectuelle pure (brevets) a tendance à s’amenuiser au prot du savoir-faire
et de l’accompagnement technique.