Chapitre sur la mort dans l`œuvre non théâtrale de Maurice

« Comme une rosée de plomb » :
La Mort dans l’oeuvre théâtrale de Maurice Maeterlinck
Brecht Wille (20042109)
Ma Vergelijkende Moderne Letterkunde
Mémoire de Master
Promoteur : Prof. Dr. Pierre Schoentjes
Université de Gand - Département de français
Année universitaire: 2007-2008
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Avant-propos
Avant de commencer ce mémoire, je tiens à remercier Prof. Dr. Pierre Schoentjes,
mon promoteur, pour ses conseil, ses encouragements, sa confiance et sa patience. Aussi pour
m’avoir donné la possibilité d’approfondir ce sujet dans le domaine de la littérature française.
La réalisation de cette étude n’aurait pas été possible sans le soutien moral de mes
parents et de ma sœur.
Image : Emile Henri Tielemans, La Princesse Maleine, 1923 (gravure sur bois)
Titre : Maurice Maeterlinck, Pelléas et Mélisande, Acte III, scène 4 (« Il y a un air humide et lourd comme
une rosée de plomb, et des ténèbres épaisses comme une pâte empoisonnée… »)
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1. Introduction
Encore une étude sur le premier théâtre de Maurice Maeterlinck ? À première vue le
thème n’est pas très innovateur et que reste-t-il à dire sur ce sujet ? Gaston Compère écrivait
déjà en 1955 :
Parler encore du théâtre de Maurice Maeterlinck peut sembler à certains une
gageure, à d’autres une entreprise sans intérêt et qui même ne va pas sans
ridicule.1
Heureusement le but des sciences humaines n’est pas de faire à chaque fois une invention
bouleversante. Il s’agit plutôt d’introduire une nouvelle perspective ou d’une nouvelle
technique d’interprétation2. Les interprétations des textes de Maeterlinck ont certainement
changé depuis les premières études, et il est donc intéressant de comparer les différences ou
les convergences.
Est-ce que les textes de Maeterlinck ont aujourd’hui encore leur importance ?
Certainement. Gustave Vanwelkenhuyzen écrit en 1963 :
Vivante, c’est-à-dire qu’elle [l’œuvre de Maeterlinck] présente des caractères
accordés encore à notre manière de penser, de sentir, de comprendre, peut-être
même de nous exprimer, de nous représenter. C’est-à-dire qu’en outre, ou que
d’autre part, elle est toujours lue, goûtée, commentée et citée par les meilleurs
esprits.
Si, à de tels signes, se reconnaît la vie posthume d’un écrivain, celle de
Maeterlinck, au lendemain du centenaire de sa naissance, n’est pas douteuse.3
Une autre preuve de l’actualité de Maeterlinck était le Timefestival du 19 au 28 avril 2007 à
Gand, sa ville natale, où le thème central était le symbolisme et la figure centrale évidemment
Maurice Maeterlinck.
Les pièces du premier théâtre de Maeterlinck sont trop riches pour les analyser
entièrement. Nous nous concentrons dans ce mémoire sur le thème de la mort N’y a-t-il pas
de sujet plus joyeux ? »4). C’est un thème évident :
La mort se cache derrière chaque geste, chaque mot, chaque bruit. Tout
contribue à créer une atmosphère propice à déclencher sur toute l’étendue du
discours théâtral un mécanisme de signification qui a la mort pour objet.5
1 Gaston Compère, Le Théâtre de Maurice Maeterlinck, Bruxelles, Palais des Académies, 1955, p. 7.
2 Michiel Leezenberg, Gerard de Vries, Wetenschapsfilosofie voor de Geesteswetenschappen, Amsterdam,
University Press, 2000, p. 21.
3 Gustave Vanwelkenhuyzen, Maurice Maeterlinck vivant, in « Annales. Tome Neuf », Gand, Fondation
Maurice Maeterlinck A.S.B.L., 1963, p. 63.
4 Maurice Maeterlinck, La Princesse Maleine, Genève, Slatkine Reprints, 1979, tome 1, Acte V, scène 2.
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Ce qui n’est certainement pas exagéré. Nous voyons que la mort occupe dans chaque pièce
une place centrale, mais qu’elle n’apparaît pas toujours de la même façon. Il est donc
intéressant d’examiner les différentes apparences de la mort dans les pièces du premier théâtre
de Maeterlinck.
Puisque Maeterlinck n’était pas seulement un auteur de théâtre, nous commencerons
notre mémoire par un chapitre dans lequel nous regarderons de plus près quel rôle la mort a
joué dans la vie de l’auteur. Nous mentionnerons aussi son premier texte de fiction nous
voyons l’importance du thème de la mort dès le début de la carrière littéraire de Maeterlinck.
Notre auteur a écrit beaucoup de textes « philosophiques », qui sont très importants pour
comprendre la vision de Maeterlinck sur la mort dans tous ses aspects. Nous nous baserons
sur quelques-uns de ces textes, tous écrits après le grand succès des pièces de théâtre.
Dans le deuxième chapitre nous examinons le courant littéraire dont Maeterlinck
faisait partie, le symbolisme. Est-il possible de donner une définition générale du
symbolisme ? Quelles étaient les caractéristiques du symbolisme en Belgique ? Et quelle était
l’interprétation personnelle de Maeterlinck à propos du symbolisme ? Maeterlinck a trouvé
dans Jan van Ruysbroeck, un moine flamand du quatorzième siècle, un ancêtre qui l’a guidé
pendant sa recherche d’une esthétique personnelle. Ainsi nous comprendrons mieux la
situation particulière de Maeterlinck comme francophone dans un environnement flamand.
Dans le troisième chapitre nous nous concentrons sur quelques textes théoriques de
Maeterlinck sur la mise en scène de ses pièces de théâtre. Ceci montre la diversité de
l’auteur : poète, auteur de théâtre, essayiste, théoricien,… Quelle est l’originalité de
Maeterlinck dans le théâtre de son temps ? En quoi ce théâtre de son temps consistait-il ? Que
signifiait le théâtre symboliste sur scène ?
Après ces trois chapitres d’introduction et d’approfondissement, nous aborderons notre
analyse des huit pièces qui appartiennent au premier théâtre de Maeterlinck : La Princesse
Maleine, L’Intruse, Les Aveugles, Les Sept Princesses, Pelléas et Mélisande, Alladine et
Palomides, Intérieur et La Mort de Tintagiles. Dans l’introduction de chaque pièce nous
mentionnerons quelques particularités de la pièce qui n’appartiennent pas toujours à notre
sujet d’investigation, mais qui sont quand même intéressantes, comme la date de publication,
la date de la première représentation,…
5 Roger Vandenbrande, La mort voilée: mise en scène et mise en langage chez Maeterlinck, ou analyse d’un
registre sémantico-pragmatique, in « Annales. Tome Vingt-Sept », Gand, Fondation Maurice Maeterlinck
A.S.B.L., 1989, p. 37.
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Pour chaque pièce nous commencerons un nouveau chapitre, mais dans chaque
analyse nous référerons aussi aux autres pièces. Il y a en effet beaucoup de parallélismes à
établir entre les pièces de la même époque, mais aussi avec les textes « philosophiques » de
Maeterlinck. Nous n’oublierons pas que la mort est le grand thème de notre mémoire. La mort
apparaît dans les pièces de Maeterlinck souvent main en main avec l’amour. Nous verrons que
ces deux forces se ressemblent plus qu’on ne penserait à première vue.
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