1. Introduction
Encore une étude sur le premier théâtre de Maurice Maeterlinck ? À première vue le
thème n’est pas très innovateur et que reste-t-il à dire sur ce sujet ? Gaston Compère écrivait
déjà en 1955 :
Parler encore du théâtre de Maurice Maeterlinck peut sembler à certains une
gageure, à d’autres une entreprise sans intérêt et qui même ne va pas sans
ridicule.1
Heureusement le but des sciences humaines n’est pas de faire à chaque fois une invention
bouleversante. Il s’agit plutôt d’introduire une nouvelle perspective ou d’une nouvelle
technique d’interprétation2. Les interprétations des textes de Maeterlinck ont certainement
changé depuis les premières études, et il est donc intéressant de comparer les différences ou
les convergences.
Est-ce que les textes de Maeterlinck ont aujourd’hui encore leur importance ?
Certainement. Gustave Vanwelkenhuyzen écrit en 1963 :
Vivante, c’est-à-dire qu’elle [l’œuvre de Maeterlinck] présente des caractères
accordés encore à notre manière de penser, de sentir, de comprendre, peut-être
même de nous exprimer, de nous représenter. C’est-à-dire qu’en outre, ou que
d’autre part, elle est toujours lue, goûtée, commentée et citée par les meilleurs
esprits.
Si, à de tels signes, se reconnaît la vie posthume d’un écrivain, celle de
Maeterlinck, au lendemain du centenaire de sa naissance, n’est pas douteuse.3
Une autre preuve de l’actualité de Maeterlinck était le Timefestival du 19 au 28 avril 2007 à
Gand, sa ville natale, où le thème central était le symbolisme et la figure centrale évidemment
Maurice Maeterlinck.
Les pièces du premier théâtre de Maeterlinck sont trop riches pour les analyser
entièrement. Nous nous concentrons dans ce mémoire sur le thème de la mort (« N’y a-t-il pas
de sujet plus joyeux ? »4). C’est un thème évident :
La mort se cache derrière chaque geste, chaque mot, chaque bruit. Tout
contribue à créer une atmosphère propice à déclencher sur toute l’étendue du
discours théâtral un mécanisme de signification qui a la mort pour objet.5
1 Gaston Compère, Le Théâtre de Maurice Maeterlinck, Bruxelles, Palais des Académies, 1955, p. 7.
2 Michiel Leezenberg, Gerard de Vries, Wetenschapsfilosofie voor de Geesteswetenschappen, Amsterdam,
University Press, 2000, p. 21.
3 Gustave Vanwelkenhuyzen, Maurice Maeterlinck vivant, in « Annales. Tome Neuf », Gand, Fondation
Maurice Maeterlinck A.S.B.L., 1963, p. 63.
4 Maurice Maeterlinck, La Princesse Maleine, Genève, Slatkine Reprints, 1979, tome 1, Acte V, scène 2.