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Les Velib, un phénomène économique, social et politique
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La dimension économique des Vélib’
a) Quelle société exploite les Vélib’ parisien? Comment se
rémunère-t-elle? C’est la société JCDecaux.
Elle se rémunère par les recettes de publicité, grâce à la
concession des panneaux publicitaires que lui a faite la
mairie.
b) Pourquoi la société JCDecaux a-t-elle signé un avenant avec
la mairie? Parce qu’elle avait sous-estimé le coût du vandalisme.
Désormais c’est le contribuable parisien qui en assurera
une partie.
c) Dans quel pays JCDecaux fait-elle fabriquer ses Vélib’? Pour
quelle raison? En Hongrie, essentiellement pour des raisons
de coûts de fabrication.
La dimension sociologique
a) D’après le journaliste, quel groupe social est le principal
utilisateur des Vélib’? Définissez-le.
Il s’agit des «bobos», contraction de bourgeois-bohème,
fraction de la bourgeoisie caractérisée par son libéralisme
culturel (tolérance, cosmopolitisme, sensibilité écologique),
mais dont le mode de vie se distingue peu de celui de la
bourgeoisie traditionnelle.
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Pourquoi les Vélib1, fétiches des bobos, sont vandalisés.
INTRODUCTION Découvrir les SES
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L’affiche a été dessinée par Cabu. On la voit partout en ce
moment dans Paris. Un catcheur sur un ring démantibule
un Vélib’, sous l’œil réprobateur du public. Slogan :
«Casser un Vélib’, c’est facile... Il ne peut pas se défendre.»
Pour la Mairie de Paris, qui a lancé cette campagne, la
cote d’alerte est dépassée. Huit mille Vélib’ ont été volés
depuis leur mise en service en juillet 2007 […]. Et 16000
ont été vandalisés.
Le symbole d’une ville policée, écolo, est devenu une
nouvelle source de délinquance. Le Vélib’ devait civiliser
les déplacements urbains. Il a accru les incivilités.
Personne ne l’avait prévu. Ni la Ville de Paris, qui fait du
Vélib’ un titre de gloire. Ni Jean-Claude Decaux, qui assure
l’exploitation des quelque 20000 deux-roues en location
circulant dans la capitale, moyennant la concession2 des
panneaux publicitaires. […]
Comme tous les emblèmes de la société de consommation,
le Vélib’ suscite les convoitises. Ce n’est pas un cadre et
deux roues qui sont volés mais une icône urbaine, un
attribut du bourgeois bohème, le «bobo», figure moquée
mais enviée. […] Annick Lepetit (PS), adjointe au maire
de Paris, chargée des transports, refuse de faire de ces vols
un symbole : «Il ne faut pas se focaliser sur le cas des Vélib’,
mais le replacer dans son contexte, la délinquance en général.»
Ainsi les voleurs de Vélib’ seraient des délinquants
ordinaires. Au profil très éloigné de leurs utilisateurs
habituels. Ceux-là sont privilégiés socialement : 69 %
appartiennent à la catégorie CSP+3. Pour les dégradations,
c’est différent. Tout le monde a sa part de responsabilité.
b) En quoi le Vélib’ met-il à jour des conflits entre groupes sociaux ?
Pour des milieux plus jeunes, défavorisés et de fait exclus de la
ville et de sa modernité, il est le symbole de groupes sociaux
bien intégrés et aisés.
La dimension politique
a) Pourquoi la mairie de Paris a-t-elle mis en place le système des
Vélib’? Pour des raisons pratiques (améliorer la circulation dans
la capitale) mais aussi pour des raisons idéologiques: instaurer
un autre rapport à la ville plus «policé, écolo».
b) Repérez la composante politique du vandalisme anti-Vélib’.
Sensibilité d’extrême gauche (anti-société de consommation),
mais aussi tendance «anars».
En vous servant de l’exemple du vélib’, montrez
en quoi la rentrée scolaire à une dimension économique,
sociale et politique.
La rentrée a un coût mais elle relance aussi un certain nombre
de secteurs (édition, fourniture,…). Elle impose son rythme au
reste de la société (on parle de rentrée sociale). Enfin si elle est
«réussie» elle conforte politiquement le gouvernement.
7
8 Bilan
Vélib’ tagués, freeride, sorties
de soirées arrosées, paris
stupides, « anars » anti-
Decaux… […]
Les vols, les incivilités et les
étourderies ont alourdi la
facture. Dépitée, la société
JCDecaux est avare de détails
sur ce vandalisme, qu’elle
n’avait pas anticipé. Mais
elle a quand même obtenu
de la Mairie de Paris un
avenant4 à l’accord qui les
lie. Au-delà de 4 % de perte
annuelle, la Ville s’engage
à prendre en charge, à hauteur de 400 euros l’unité, le
remplacement des Vélib’ volés ou détruits. Selon Annick
Lepetit, il pourrait en coûter 1,6 million d’euros par an
aux contribuables parisiens.
Le remplacement accéléré du parc fait l’affaire des ouvriers
de l’usine de Toszeg, en Hongrie, au sud-est de Budapest,
où JCDecaux fait fabriquer les Vélib’. Mais leur satisfaction
est relative. Comme l’a rapporté le magazine Challenges,
ces ouvriers sont payés à peine 2 euros de l’heure, soit
352 euros par mois, nettement moins que le salaire
moyen du pays (743 euros). La casse des Vélib’ serait plus
onéreuse encore si ces ouvriers étaient normalement
rémunérés.
Bertrand Le Gendre, Le Monde, 13 juin 2009.
1. Vélib’(contraction de vélo et liberté) est le système de vélos en libre-service de Paris depuis le 15juillet 2007. 2. Gestion d’un service public par une société privée.
3. Professions libérales, cadres supérieurs, etc. 4. Modifications du contrat initial.
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