A Paris à vélo
Après les JO, c’est peut-être le projet auquel Bertrand Delanoë tient le plus. Et la mairie peut
se réjouir : le 15 juillet, comme prévu, 10 648 vélos exactement seront mis à la disposition des
Parisiens, dans 750 bornes Vélib. A terme, c’est plus de 20 000 vélos qui seront mis en
circulation, répartis dans 1 441 stations dans toute la capitale.
« Essayer le vélo, c’est l’adopter , déclare Pierre Toulouse, vice-président de Mieux se
déplacer à bicyclette (MDB), une association de cyclistes. En circulant à vélo, on se rend vite
compte que les choses sont accessibles et, en plus, c’est agréable, rapide et bon pour la santé
! »
Pratique, écologique, l’utilisation du vélo à Paris rencontre malgré tout quelques obstacles,
notamment celui de la sécurité. « C’est une bonne idée, mais le vélo à Paris, c’est vraiment
dangereux, note François, retraité et potentiel utilisateur de Vélib. Le vélo en soi ne me pose
pas problème, c’est plutôt le comportement des autres utilisateurs qui m’inquiète. » Une
crainte peu justifiée, selon les associations cyclistes et les autorités. « Plus il y a de vélos dans
une ville, meilleure est la sécurité générale, et celle des cyclistes en particulier, explique ainsi
Pierre Toulouse. »
Si l’idée fait l’unanimité, même dans les rangs de l’opposition, la réalisation du projet
provoque néanmoins des grincements de dents. Dans les rangs des automobilistes d’abord, qui
voient plusieurs centaines de places de parking disparaître. « Personne ne peut s’opposer à la
mode du vélo, concède Laurent Hecquet, délégué général de l’association 40 Millions
d’automobilistes. Mais il ne faudrait pas que le vélo se développe au détriment de la place
réservée à la voiture. »
Rapports de forces inversés
Plus largement, c’est « une autre façon de voir la ville » que la mairie met en avant. Une ville
où les rapports de forces entre voitures et cyclistes seront inversés. Parce que l’effet Vélib ne
s’arrêtera probablement pas aux vélos mis en circulation par la mairie de Paris : « Les
cyclistes qui se sentaient isolés et n’osaient pas rouler dans la capitale vont ressortir leur
vélo ou en acheter un », indique-t-on chez Decaux. « On va doubler presque d’un coup le
nombre de cyclistes à Paris », renchérit Pierre Toulouse. Du côté des automobilistes, on se
méfie d’un enthousiasme trop hâtif. « On ne s’improvise pas cycliste, surtout en ville. Le vélo
donne en plus un faux sentiment de liberté, qui amène à ne pas respecter le Code de la route.
C’est dommage que la réflexion sur la sécurité n’ait pas été menée jusqu’au bout », regrette
Laurent Hecquet.
Surtout que le nombre de voitures ne sera pas réduit pour autant. « Ce sont d’abord les
usagers des transports en commun qui utiliseront Vélib , précise Pierre Toulouse. Les gens
qui sont accrochés à leur voiture le resteront. Passer du tout-voiture au vélo, ça ne peut se
faire qu’à longue échéance. » Pas de gain immédiat sur la pollution donc, même si l’argument
écologique est mis en avant par la mairie. « Pour l’instant, le label Vert sert surtout à
légitimer cette initiative. Mais à long terme, ça renforce la volonté politique de passer à des
solutions plus radicales, comme l’instauration d’un péage à l’entrée de la ville par exemple. »
Clémence Holman
12/07/2007 - © Le Point - N°1817
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