G Model ARTICLE IN PRESS ENCEP-915; No. of Pages 18 L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Article de recherche Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux Sociodemographic and mental health risk factors: Global and local conditions according to the Survey results “mental health in the general population” in 18 international locations F. Chabaud a,∗ , I. Benradia b , R. Bouet a , A. Caria b,d , J.L. Roelandt b,c a Département d’information médicale, hôpital Henri-Laborit, 370, avenue Jacques-Cœur, BP587, 86021 Poitiers cedex, France Centre collaborateur de l’OMS, EPSM Lille Métropole, 211, rue Salengro, 59260 Hellemmes-Lille, France c Inserm UMR 1123, équipe ECEVE, 75010 Paris, France d Psycom, 11, rue Cabanis, 75014 Paris, France b i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 28 mai 2015 Accepté le 5 avril 2016 Disponible sur Internet le xxx Mots clés : Facteurs sociodémographiques Troubles mentaux Épidémiologie Enquêtes internationales Population générale r é s u m é Cette étude observationnelle transversale et multicentrique sur des échantillons représentatifs de population générale adulte, portant sur près de 16 000 sujets, a été réalisée à partir de la base de données épidémiologiques et sociodémographiques collectées sur 18 sites répartis dans cinq régions du Monde, avec l’appui du centre collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (Lille, France). Elle a conduit à la mise au point d’un modèle épidémiologique ajusté global du risque de survenue d’au moins un trouble évalué par l’outil diagnostique le Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI). Le modèle confirme un niveau de risque de survenue d’au moins une pathologie psychiatrique diminuée du fait d’un « profil » favorable des variables sociodémographiques : situation matrimoniale (marié), revenus familiaux (élevés), classe d’âge (60 ans et plus), niveau d’études (universitaire), genre (masculin), pratique d’une religion (chez les croyants), activité professionnelle (exercée). Des modèles par zones géographiques et sites nous ont permis de confirmer l’hypothèse de modèles locaux : ces modèles font ressortir des variables sociodémographiques différenciés par leurs associations et niveaux de risque. Les résultats, cohérents entre eux, mesurent des niveaux de risque souvent élevés ; ils incitent à développer cet axe de recherche de la zone francophone et de langues gréco-latines mondiales. Enfin, ils pourraient orienter la décision publique en santé mentale. © 2016 a b s t r a c t Keywords: Sociodemographic factors Mental disorders Epidemiology International survey General population Introduction. – Mental Health in General Population survey (MHGP) is a socio-anthropological and epidemiological multicentre research carried out by the WHO Collaborating Centre for Research and Training in Mental Health (Lille, France). It assessed the prevalence of major mental disorders in the general population with 15,747 people aged 18 years and above in 18 sites worldwide: 6 European sites, 4 sites in the Maghreb, 4 sites in the Indian Ocean, 2 sites in the Caribbean and two sites in the Pacific Ocean. Objectives. – To assess the risk of the presence of at least one mental disorder in terms of sociodemographic factors (gender, age, marital status, family income, education level, professional activity, religious practice and social isolation) and location (zone [Europe, North Africa, Indian Ocean, Caribbean Islands and the Indian Ocean Islands] and “investigation site”). ∗ Auteur correspondant. DIM, hôpital Henri-Laborit, avenue J-Cœur, 86000 Poitiers, France. Adresse e-mail : [email protected] (F. Chabaud). http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 0013-7006/© 2016 Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 2 Methodology. – Statistical analysis was performed using data collected in 18 international sites of the MHGP survey. Logistic regression was used to model the relationship between sociodemographic and geographic factors and the presence of at least one disorder (mood disorder, anxiety disorder, psychotic disorder, abuse or dependence on alcohol or drugs), evaluated with the Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI) diagnostic questionnaire. Results. – The prevalence of mental disorders rates vary among 18 sites, ranging from 15.5 % (Andorra) to 60 % (Algiers). The adjusted global epidemiological model (18 cluster sites) confirms a decreased level of risk of at least a psychiatric pathology due to a favorable sociodemographic “profile”: marital status (married), family income (higher), age group (60 years and above), educational level (university), gender (male), practice of religion (among believers), employment (exercised). Analysis at geographical situation’s level confirms existence of sub socio-geo-demographic models differentiated by ranking and levels of variables’ modalities. Classification of variables and their modalities is clearly differentiated not only between 5 zones, but also within each of them depending on the sites that comprise it. This produces differentiated models for each of the 18 survey sites. Conclusions. – The impact of sociodemographic risk factors on mental health is confirmed regardless of World region. However, the implementation of action plans for the prevention of mental disorders requires a detailed understanding of people’s needs in terms of the disorder’s prevalence, nature and strength of risk factors, at regional and local levels. This observation provides incentives to develop this research axis in world francophone and Latin speaking areas. These epidemiological results can be refined thanks to the data collected in the MHGP surveys about each mental disorder and comorbid conditions, the recourse of populations to assistance or care, as well as results of the socio-anthropological axis. © 2016 1. Introduction et justification de l’étude L’OMS dans son plan d’action mondial sur la santé mentale 2013–2020 estime que « les troubles mentaux représentent près de 13 % de la charge de morbidité mondiale, et sont responsables de près de 11 % de la perte d’années de vie avec incapacité dans le monde » [1]. Dans les pays en développement, les troubles mentaux risquent d’augmenter de façon disproportionnée dans les décennies à venir. Cependant les connaissances au niveau international sur la fréquence et la distribution des maladies mentales, et ses relations avec les facteurs sociaux économiques et environnementaux sont actuellement très insuffisantes, ce qui a pour conséquence une prise en compte limitée de ces problèmes dans les politiques de santé mentales nationales, et une réponse très insuffisante en termes de moyens. L’enquête « Santé Mentale en Population Générale : images et réalités » (SMPG), est une recherche internationale multicentrique, qui est menée en continu, depuis 1998 sous l’égide du Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé, pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS Lille, France). Cette enquête a deux objectifs principaux : d’une part, décrire les représentations liées à la « maladie mentale », la « folie », la « dépression » et aux différents modes d’aide et de soins, et, d’autre part, évaluer la prévalence des principaux troubles mentaux, en population générale. Cette enquête a été élaborée suite à un séminaire à Madagascar en 1995, organisé par le ministère français de la coopération et l’OMS. Lors de ces rencontres régionales, des représentants de Madagascar, des Comores et de l’Île Maurice ont formulé une demande d’évaluation des besoins de santé mentale en population générale. Le manque de connaissances sur les besoins des populations étant également constaté en France, l’Association septentrionale d’épidémiologie psychiatrique (ASEP) et l’EPSM Lille Métropole ont porté le projet d’une recherche multicentrique impliquant des sites en France et dans l’océan Indien. Ainsi, l’enquête SMPG a été réalisée entre 1998 et 1999 dans 13 sites : 7 en France Métropolitaine, la Réunion, Guadeloupe, Comores, Île Maurice et 2 sites à Madagascar [2–6]. De 1998 à ce jour, l’enquête SMPG a été réalisée dans 83 sites en France et à l’étranger au cours de trois phases successives. La présente étude expose les premiers résultats issus de la mise en commun et de la comparaison entre 18 sites ayant participé à cette enquête au plan international. Les sites participants étaient : Tananarive et Mahajanga (Madagascar), l’Île Maurice, Alger (Algérie), Halkida (Grèce), Nouakchott (Mauritanie), Tunis (Tunisie), Trieste (Italie), Séville et les Asturies (Espagne), Tanger (Maroc), Principauté d’Andorre, Nouvelle-Calédonie (Nouméa et Brousseîles), Martinique, Réunion, Guadeloupe et France Métropolitaine. Les enquêtes des sites étudiés ont été réalisées selon 3 phases successives : 5 sites entre 1998 et 1999, 5 sites entre 2000 et 2004 et 7 sites de 2006 à 2010. Les sites métropolitains ont été réalisés entre 1998 et 2004 [7]. 2. Méthodologie d’enquête SMPG Les enquêtes sont réalisées sur la base du volontariat d’acteurs locaux : en fonction de la présence d’équipes de secteurs de psychiatrie volontaires (ou leur équivalent) et des moyens nécessaires à leur réalisation, notamment l’encadrement et la formation des enquêteurs, mais aussi la traduction des questionnaires et des outils d’enquête, ainsi que les moyens de saisie adaptés. Pour chaque site participant à l’enquête, les données sont recueillies par des enquêteurs formés (30 enquêteurs par site en moyenne), grâce à des questionnaires administrés au cours d’entretiens en face-à-face. Les participants à l’enquête sont des personnes âgées d’au moins 18 ans, résidant dans la zone géographique définie pour l’étude. Leur consentement est recueilli après une information sur les objectifs et les conditions d’enquête et l’assurance de l’anonymat et de la confidentialité des réponses [8]. L’échantillon de 900 individus représentatifs de la population générale a été prédéfini selon la méthode des quotas, tenant compte de 4 critères : l’âge, le sexe, la catégorie socioprofessionnelle et le niveau d’études. En 1998, le protocole d’enquête a été soumis au Comité consultatif sur le traitement de l’information en matière de recherche dans le domaine de la santé (CCTIR). 2.1. Questionnaires L’enquête comporte trois questionnaires, toujours dans le même ordre, permettant de recueillir des informations sur : • les représentations liées à la « maladie mentale », la « folie », la « dépression » et aux différents modes d’aide et de soins ont été Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 3 Fig. 1. Modèle de régression logistique des facteurs sociodémographiques associés à la présence d’au moins un trouble psychique (MINI) tous sites confondus (n = 13 411). Les tests de qualité du modèle de régression logistique ont été considérés comme satisfaisants selon les tests de l’hypothèse nulle globale (rapport de vraisemblance, Score Wald, p < 0,0001), et selon l’association des probabilités prédites et des réponses observées (% concordant : 63 %, c = 0,637). explorées grâce à un questionnaire élaboré spécifiquement pour cette enquête ; • la prévalence des principaux troubles psychiques a été évaluée à l’aide du questionnaire diagnostic le Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI) [9,10], qui explore les troubles de l’humeur, les troubles anxieux, les troubles liés à l’usage d’alcool et de drogue, et les troubles d’allure psychotique (actuels et vie entière), le risque suicidaire et l’insomnie (actuelle). L’enquête pilote a permis notamment de valider l’utilisation du MINI par des non-cliniciens [8]. Des questions complémentaires rajoutées à la fin du MINI explorent l’impact des troubles côtés positifs sur la vie quotidienne et l’utilisation d’aide ou de soin ; • des informations sociodémographiques : le genre, l’âge, la situation maritale, le niveau d’études atteint, la situation professionnelle, le nombre de personnes au foyer et ses ressources financières. Des questions facultatives sur la religion, la pratique religieuse et le pays d’origine sont posées avec la possibilité de refus. 3. Analyse statistique Les données utilisées dans la présente étude, sont issues du questionnaire diagnostic MINI et des données sociodémographiques de chacun des 18 sites d’enquête retenus. Tableau 1 Risque de pathologie déclarée selon les variables sociodémographiques tous sites confondus (n = 13 411). OR Zone géographique (modalité de référence : Europe) Maghreb 2,272 1,779 Pacifique Océan Indien 1,235 1,164 Caraïbes IC à 95 % 2,020 1,531 1,099 1,016 2,556 2,066 1,387 1,334 Situation matrimoniale (modalité de référence : marié) Séparé 1,800 1,550 1,358 1,139 Veuf, veuve 1,241 1,133 Célibataire 2,091 1,620 1,360 Les résultats sont saisis sur le logiciel EPIINFO dans chaque site, puis un contrôle qualité est opéré au département d’information et de recherche médicale (DIRM) de l’Établissement public de santé mentale (EPSM) Lille Métropole. Une restitution des résultats d’enquête a été organisée par chaque site en collaboration avec les partenaires locaux, à l’attention des professionnels, des décideurs et la population locale. Revenu (modalité de référence : maximum) Faible 1,725 1,378 Moyen supérieur 1,400 1,127 2,125 1,685 Âge (modalité de référence : 60 ans et +) 18–39 ans 1,710 1,554 40–59 ans 1,489 1,361 1,964 1,773 Niveau d’étude (modalité de référence : niveau universitaire) Cycle primaire 1,667 1,454 1,366 1,201 Cycle secondaire 1,451 1,220 Non scolarisé 1,912 1,553 1,726 2.2. Centralisation des données Genre (modalité de référence : homme) Femme 1,257 1,164 1,357 Activité professionnelle (modalité de référence : actif) 1,138 Inactif 1,049 1,236 Pratique religieuse (modalité de référence : pratiquant) Non pratiquant 1,171 1,075 1,275 La construction d’un fichier agrégeant les sites internationaux a nécessité une harmonisation préalable des différents fichiers de données. Cette harmonisation était indispensable du fait du caractère étalé dans le temps et dans l’espace de cette enquête, réalisée durant trois phases successives, et à des adaptations locales des méthodes d’enquête selon les ressources, organisation et compétences disponibles dans les différents sites. Chaque modalité de variable est testé par rapport à la référence de risque 1 de la variable par exemple, le sexe féminin présente un OR de 1,257 [IC : 1,164–1,357] versus (vs) le sexe masculin dont l’OR est 1 par construction. Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 4 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx Fig. 2. Modèle de régression logistique des facteurs sociodémographiques associés à la présence d’au moins un trouble psychique de la zone Maghreb (n = 3302). Les tests de qualité du modèle de régression logistique sont satisfaisants selon les tests de l’hypothèse nulle globale (rapport de vraisemblance, score Wald, p < 0,0001), et selon l’association des probabilités prédites et des réponses observées (% concordant : 65,7 % ; c = 0,659). Un total de 15 747 personnes âgées de 18 ans au moins lors de la passation ont été incluses, réparties dans 18 sites d’enquête. Chaque site comprenait de 575 à 920 participants. Les items du MINI étaient très bien remplis à l’exception de certains items concernant le risque suicidaire ou l’insomnie qui n’ont pas été proposés lors de la première phase d’enquête (6313 sujets sur 7 sites pour le risque suicidaire, et 7059 sujets manquants pour l’insomnie). Seules les questions concernant tous les sites d’enquêtes, et seuls 6 indicateurs principaux du MINI ont été exploités dans le cadre de cette présentation. Les taux de réponse aux différentes questions étaient généralement très favorables, compris entre 99 et 100 % de l’ensemble de l’échantillon, y compris pour les variables descriptives sociodémographiques comme la catégorie professionnelle, le niveau d’études ou la situation maritale. 3.1. Principales étapes suivies pour l’analyse statistique des données La méthode statistique choisie est la régression logistique, qui permet de modéliser la relation entre une variable qualitative à deux classes (présence/absence d’au moins une pathologie au MINI), et des variables dites explicatives, indépendantes, ou d’exposition, qui peuvent être soit quantitatives soit catégorielles (ici les variables sociodémographiques, les zones et les sites). On utilise le plus souvent cette technique en épidémiologie pour mesurer l’association entre chaque variable d’exposition et la « maladie », compte tenu de l’effet des autres variables. Elle permet notamment d’éviter les biais de confusion qui guettent les études de croisements bivariés. Le plan d’analyse de l’étude comportait les étapes suivantes : • modélisation du risque de choix des indicateurs : indicateur principal de morbidité (au moins 1 trouble évoqué par le MINI), indicateurs illustratifs sociodémographiques (9 VSD), indicateurs des sites d’enquêtes (18) représentatifs des populations locales, regroupés secondairement sur une base empirique de proximité géographique, socioculturelle et historique en 5 grandes zones (Europe, Maghreb, Océan Indien, Îles Caraïbes, Îles du Pacifique). Ce regroupement des sites par unités de 3000 à 5000 observations n’a aucune prétention à la représentativité statistique, elle permet de vérifier l’hypothèse d’un « effet zone », qui lui-même améliore la qualité du modèle global « toutes zones réunies », et permet de définir un plan d’analyse gradué en 3 étapes : global, par zones, et enfin par sites ; Tableau 2 Risque de pathologie déclarée selon les variables sociodémographiques et sites de la zone Maghreb. OR IC à 95 % 2,489 1,598 0,818 1,995 1,300 0,654 3,106 1,965 1,021 Âge (modalité de référence : 60 ans et +) 2,083 40–49 ans 1,939 30–39 ans 1,675 50–59 ans 1,671 18–29 ans 1,492 1,386 1,181 1,178 2,910 2,713 2,375 2,372 Revenu (modalité de référence : maximum) Minimum 1,955 1,426 Inférieur 1,430 Moyen supérieur 1,303 0,986 1,031 2,934 2,063 1,985 Niveau d’étude (modalité de référence : niveau universitaire) 1,743 1,286 Cycle primaire débuté 1,736 1,269 Cycle primaire fini 1,518 1,146 Cycle secondaire débuté 1,211 0,869 Cycle secondaire fini 1,349 1,000 Non scolarisé 2,363 2,376 2,011 1,686 1,820 Situation matrimoniale (modalité de référence : marié) Veuf, veuve 1,629 1,589 Séparé 1,228 Célibataire 1,103 1,162 1,012 2,406 2,173 1,489 Pratique religieuse (modalité de référence : pratiquant) 1,417 Non pratiquant 1,148 1,750 Genre (modalité de référence : homme) 1,294 Femme 1,105 1,516 Activité professionnelle (modalité de référence : actif) 1,252 Inactif 1,064 1,473 Site (modalité de référence : Tanger) Alger Tunis Nouakchott Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 5 Fig. 3. Site Nouakchott (n = 695). Fig. 4. Site Tanger (n = 893). • analyse statistique uni et bi variée : description des prévalences et prévalences croisées selon les zones. Comparaison des pourcentages par les tests de Chi21 . Ces données ayant fait l’objet d’une précédente communication1 , ne seront pas présentées ici ; • modélisation du risque de déclaration des pathologies selon les zones, les sites d’enquête représentatifs, et les variables sociodémographiques (modèle de régression logistique). 1 Ve Congrès international d’épidémiologie ADELF – EPITER. 12-14 septembre 2012, Bruxelles. Communication orale : prévalence des troubles mentaux dans 20 sites internationaux. Enquête santé mentale en population générale : images et réalités. Chabaud F., Benradia I., Bouet R., Caria A., Roelandt J.L. Le modèle retenu est un modèle global d’analyse de régression logistique catégoriel permettant d’évaluer le risque de déclaration d’au moins une pathologie [au moins une pathologie déclarée parmi celles du MINI] conditionnellement à la présence ou à l’absence des variables indépendantes (9 VSD, zones, sites). Les variables indépendantes sont celles retenues au seuil statistique de risque de 10 % dans les analyses croisées bi variées. Les variables sociodémographiques ont été codées en fonction des hypothèses d’un modèle général du risque de pathologie déclarée en relation avec les facteurs sociodémographiques rapportés dans la littérature [11–18], les modalités de référence représentant le risque minimum par rapport aux autres modalités : situation matrimoniale mariée, revenu familial maximum, classe Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 6 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx Fig. 5. Site (Alger n = 839). Fig. 6. Site Tunis (n = 875). d’âge 60 ans et plus, niveau d’étude universitaire, genre masculin, pratique d’une religion, existence d’une activité professionnelle. La variable-clef de l’analyse est constituée par la présence/absence d’au moins une pathologie au MINI. Un total de 2336 observations ont été éliminées du fait de valeurs manquantes, 13 411 ont été prises en compte dans l’analyse, dont 4658 présentaient au moins une pathologie. La qualité des modèles a été jugée comme bonne selon le critère de convergence du modèle, les valeurs du test du rapport de vraisemblance, et selon le critère de la valeur prédictive du modèle ; • modélisation du risque de pathologies par zones et sites, nous avons ainsi pu définir un modèle de risque de pathologie déclarée commun aux 5 zones et 18 sites, décliné ensuite en 5 sousmodèles par zones de regroupements géographiques de 3000 à 5000 observations, chacune d’entre elles incluant de 2 à 6 sites d’enquête, puis 18 sous-modèles de 550 à 900 observations pour chaque site local d’enquête représentatif de la population. 4. Résultats 4.1. Modèle global toutes zones géographiques Les variables prédictives du risque de déclarer au moins un trouble psychique retenues par le modèle ajusté2 étaient par ordre de risque décroissant (au seuil statistique 5 %) : la zone 2 Chaque variable du modèle ajusté présente un risque significatif, compte tenu des effets associés de toutes les autres variables retenues dans le modèle. Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx géographique, le statut marital, le revenu familial, la classe d’âge, le niveau d’étude, le genre, l’activité professionnelle, la pratique d’une religion chez les croyants. L’isolement social (seul vs vit à plusieurs) est la seule variable à ne pas avoir été retenue par le modèle (Tableau 1). La nationalité d’origine qui avait été initialement proposée n’a pas été intégrée du fait de problèmes de codage. L’ensemble des odds ratios (OR) et des intervalles de confiance (IC) est compris dans l’intervalle entre 1 et 2,5 (Fig. 1). Le modèle utilisé est un modèle sans interactions entre variables explicatives. 4.2. Modèle zone Maghreb et ses sites 4.2.1. Modèle global Les variables prédictives du risque de déclarer au moins un trouble psychique retenues par le modèle ajusté étaient par ordre de risque décroissant (au seuil statistique 5 %) : le site d’enquête, la classe d’âge, les revenus familiaux, le niveau d’études, le statut marital, la pratique religieuse (chez les croyants), le genre et l’activité professionnelle. La variable d’isolement social n’a pas été retenue par le modèle. De même que le modèle global, le modèle de la zone Maghreb classe le site d’enquête en tant que premier facteur de risque significatif et exclut l’isolement social (Fig. 2). La classe d’âge est le second facteur de risque le plus important. Les personnes âgées entre 40 et 50 ans sont les plus à risque de présenter un trouble. Les plus jeunes et les aînées (les 18–29 ans et les plus de 60 ans) semblent être les plus protégés. En troisième position des facteurs de risque arrive le revenu familial. Les personnes déclarant des niveaux de revenu familial les plus faibles seraient les plus à risque de présenter un trouble. Les facteurs de risque sociodémographiques de présence de troubles sont classés par ordre de force d’association décroissante (Tableau 2). 4.2.2. Modèles par site L’analyse des facteurs de risque associés à la présence d’un trouble par site d’enquête dans la région Maghreb révèle des différences en termes de variables impliquées et de niveau d’effet entre les 4 sites de la zone. 7 Tableau 3 Risque de pathologie déclarée selon les variables sociodémographiques en zone Europe et dans les 6 sites d’enquête de la zone. OR IC à 95 % Revenu (modalité de référence : maximum) Inférieur 2,880 Minimum 2,450 1,926 Moyen supérieur 1,312 1,067 0,898 6,321 5,626 4,128 Situation matrimoniale (modalité de référence : marié) 2,190 Séparé 1,386 Veuf, veuve Célibataire 1,368 1,694 1,060 1,124 2,833 1,811 1,667 Âge (modalité de référence : 60 ans et +) 2,102 30–39 ans 1,788 18–29 ans 1,753 40–49 ans 1,421 50–59 ans 1,620 1,349 1,357 1,105 2,727 2,370 2,266 1,827 Site (modalité de référence : Séville) France Trieste Halkida Asturies Andorre 1,537 1,428 1,372 1,282 0,734 2,633 2,467 2,346 2,235 1,344 Niveau d’étude (modalité de référence : niveau universitaire) Non scolarisé 1,859 1,166 Cycle primaire débuté 1,792 1,325 1,546 1,196 Cycle secondaire débuté 1,373 1,079 Cycle primaire fini 1,325 1,045 Cycle secondaire fini 2,962 2,423 1,998 1,747 1,679 Activité professionnelle (modalité de référence : actif) 1,266 Inactif 1,069 1,500 Genre (modalité de référence : homme) 1,254 Femme 1,088 1,445 2,011 1,877 1,794 1,693 0,993 Les sites présentant des prévalences importantes (60,1 % à Alger et 52,4 % à Tunis) sont ceux impliquant des facteurs de risque les plus nombreux. Cependant, ces facteurs sont différents dans les 4 sites. En effet, à Nouakchott (Fig. 3), seul le niveau d’étude est prédictif du risque de présenter un trouble selon le MINI. À Tanger (Fig. 4), deux facteurs supplémentaires sont identifiés : le statut Fig. 7. Modèle de régression logistique des facteurs sociodémographiques associés à la présence d’au moins un trouble psychique de la zone et sites Européens (n = 4363). Les tests de qualité du modèle de régression logistique sont satisfaisants selon les tests de l’hypothèse nulle globale (rapport de vraisemblance, score Wald, p < 0,0001), et selon l’association des probabilités prédites et des réponses observées (% concordant : 63 % ; c = 0,635). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 8 Fig. 8. Site Andorre (n = 787). marital et l’âge des enquêtés. À Alger (Fig. 5), ce sont les facteurs liés au niveau d’étude, au genre et à l’activité professionnelle qui ont été repérés comme étant des facteurs de risque. Enfin, à Tunis (Fig. 6), en plus des facteurs repérés dans les 3 autres sites, s’ajoute le niveau de revenu familial qui représente le facteur de risque le plus important. 4.3. Modèle zone Europe et ses sites 4.3.1. Modèle global Les variables prédictives du risque de déclarer au moins une pathologie retenues par le modèle ajusté étaient par ordre de risque décroissant (au seuil statistique 5 %) : revenus familiaux, statut familial, classe d’âge, site d’enquête, niveau d’études, activité professionnelle et genre. Les variables de pratique religieuse parmi les croyants et celle d’isolement social n’ont pas été retenues par le modèle. Le modèle (Fig. 7) diffère du modèle global par l’ordre de classement des variables, le revenu familial arrivant en tête des facteurs de risque, alors que dans le modèle global tous sites, le facteur le plus significatif était la zone géographique. Dans les deux cas, le statut familial arrive en seconde position, et la classe d’âge arrive en 3e position, alors qu’elle était précédemment en quatrième. On remarque là aussi pour les OR la bonne cohérence du classement des modalités des facteurs de risque avec celui des Fig. 9. Site Séville (n = 552). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 9 Fig. 10. Site France randomisé (n = 726). résultats publiés. Les résultats détaillés du modèle sont présentés au Tableau 3. 4.3.2. Modèles par site Les variables identifiées par le modèle comme facteurs de risque (FR) diffèrent selon le site considéré. Le niveau de risque n’est pas forcément corrélé avec le nombre de FR actifs : Séville et Andorre (Fig. 8 et 9) présentent un niveau de risque plus faible que la France Trieste ou la Grèce (Fig. 10–12), alors que 4 FR différents ont été identifiés. On remarque que le statut marital est présent dans tous les sites, et que l’âge et l’activité professionnelle sont présents dans 4 sites sur 6, dont 2 ont également le genre comme FR ; seule la France (qui n’est pas un site mais un tirage aléatoire d’observations) présente un FR niveau d’études identifié. Le revenu familial ressort comme FR en France et à Trieste. Une analyse séparée par genre de chaque site permet de révéler d’autres FR, comme le revenu et le niveau d’étude chez les femmes en Grèce, la pratique religieuse chez les femmes aux Asturies (Fig. 13), le facteur isolement social (vit seul) chez les femmes à Séville, la pratique religieuse chez les hommes en Andorre. 4.4. Modèle zone Océan Indien et ses sites 4.4.1. Modèle global Les variables prédictives du risque déclaré d’au moins une pathologie retenues par le modèle ajusté sont par ordre de risque Fig. 11. Site Trieste (n = 836). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 10 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx Fig. 12. Site Grèce (n = 832). décroissant (au seuil statistique 5 %) : revenus familiaux, niveau d’étude, sites d’enquête, statut familial, genre (Fig. 14). Par rapport au modèle global toute zone, on remarque l’absence des variables classe d’âge, pratique religieuse et activité professionnelle. Le classement des risques (OR ± IC) des modalités des variables est conforme aux données de la littérature et cohérent avec celle du modèle global. Les résultats détaillés du modèle sont présentés au Tableau 4. 4.4.2. Modèles par site Les sites de Tananarive et Mahajanga (Fig. 15 et 16) qui se situent tous deux à Madagascar ont en commun la variable de statut familial, le risque lié au mauvais niveau d’étude et à une classe d’âge défavorable est aussi présent à Tananarive ; le classement de certaines modalités de risque est parfois particulier : la classe d’âge la plus défavorable est celle de 50 à 59 ans et 40–49 ans, l’absence de scolarisation présente un risque équivalent au niveau d’étude universitaire. L’île Maurice (Fig. 17) se situe au niveau de risque le plus faible des 4 sites de l’Océan Indien. Elle présente le même profil que Tananarive concernant le niveau d’étude, et que la Réunion (Fig. 18) concernant le risque lié au genre féminin. Par contre, elle est seule à présenter un risque lié à l’isolement social. Enfin l’activité professionnelle ressort, mais avec un niveau de risque statistiquement peu significatif. Fig. 13. Site Asturies (n = 839). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ARTICLE IN PRESS ENCEP-915; No. of Pages 18 F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx Tableau 4 Risque de pathologie déclarée selon les variables sociodémographiques en zone Océan Indien et dans les 4 sites d’enquête de la zone. OR Revenu (modalité de référence : maximum) Inférieur 2,021 Minimum 1,865 1,554 Moyen supérieur IC à 95 % 1,038 0,952 0,815 3,933 3,656 2,963 Niveau d’étude (modalité de référence : niveau universitaire) 1,749 1,211 Cycle primaire débuté 1,641 1,153 Cycle primaire fini 1,473 1,067 Cycle secondaire débuté Cycle secondaire fini 1,054 0,725 Non scolarisé 1,037 0,639 2,525 2,335 2,033 1,532 1,680 Site (modalité de référence : La Réunion) 1,719 Tananarive 1,067 Mahajanga Île Maurice 0,699 1,375 0,839 0,548 2,150 1,357 0,891 Situation matrimoniale (modalité de référence : marié) Séparé 1,555 1,008 Veuf, veuve 0,870 Célibataire 1,094 0,644 0,709 2,211 1,578 1,067 Genre (modalité de référence : homme) Femme 1,347 1,145 1,584 L’île de la Réunion est, quant à elle, la seule à présenter un sur-risque de pathologie mentale en relation avec un niveau de ressource faible ou moyen. En conclusion, là encore les profils de risque sont contrastés en fonction des sites, y compris si deux sites se situent dans une même île. L’analyse séparée par genre pour un site donné confirme l’existence de modèles de risque locaux contrastés qui restent encore très largement à explorer. 4.5. Modèle zone des Caraïbes et ses sites 4.5.1. Modèle global Les variables prédictives du risque de déclarer au moins un trouble retenues par le modèle ajusté étaient par ordre de risque 11 décroissant (au seuil statistique 5 %) : Le niveau d’étude, la classe d’âge, le statut marital, l’activité professionnelle et le genre (Fig. 19). Les variables site d’enquête, revenu familial, pratique religieuse et isolement social n’ont pas été retenues dans le modèle (Tableau 5). Un faible niveau d’étude est le facteur de risque le plus important dans la zone Caraïbes, à la différence du modèle global, où ce facteur n’arrive qu’en 5e position. 4.5.2. Modèles par site Les facteurs de risque de présenter un trouble psychique identifiés dans les deux DOM des Caraïbes sont similaires (Fig. 20 et 21). Contrairement au modèle global de la zone où le niveau d’étude est la variable la plus fortement associée à la présence de trouble, les modèles de régression logistique de chaque site démontrent qu’être séparé en Guadeloupe (OR = 2,1 ; IC [1,2–3,07]) ou célibataire en Martinique (OR = 1,65 ; IC [1,19–2,29]) sont les facteurs de risque les plus importants. Après le statut marital, ce sont les variables genre et socio-économiques (revenus et activité professionnelle) qui sont associées à la présence de troubles dans les deux sites caribéens. 4.6. Modèle zone du Pacifique et ses sites 4.6.1. Modèle global Les variables prédictives du risque de présenter un trouble au MINI dans la région pacifique sont : le revenu familial, la classe d’âge et le site d’enquête (Fig. 22). Le modèle de la région pacifique met en avant seulement 3 variables prédictives du risque de présenter un trouble psychique. Ce risque est inversement proportionnel au niveau de revenu familial (minimum > inférieur > moyen supérieur > maximum) et à l’âge des personnes enquêtées (18–29 ans > 30–39 ans > 40–49 ans > 50–59 ans > 60 ans et plus). Les Calédoniens de la Brousse et Îles seraient moins à risque de Fig. 14. Modèle de régression logistique des facteurs sociodémographiques associés à la présence d’au moins un trouble psychique de la zone de l’Océan Indien (n = 2957). Les tests de qualité du modèle de régression logistique sont satisfaisants selon les tests de l’hypothèse nulle globale (rapport de vraisemblance, Score, Wald, p < 0,0001), et selon l’association des probabilités prédites et des réponses observées (% concordant : 63 %, c = 0,639). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 12 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx Fig. 15. Site Tananarive (n = 754). présenter un trouble que les Nouméens (OR = 0,55 ; IC [0,42–0,71]) (Tableau 6). 5. Discussion 5.1. Modèle général du risque de morbidité psychiatrique 4.6.2. Modèles par site L’analyse des facteurs de risque dans chacun des sites calédoniens révèle qu’en Brousse et Îles (Fig. 23), seules les variables relatives au revenu familial et à la classe d’âges sont associées au risque de présenter un trouble psychique. En revanche, à Nouméa (Fig. 24), en plus de ces deux variables, le statut martial et le niveau d’étude sont également identifiés comme étant prédictives du risque de présenter un trouble psychique selon le MINI. Le modèle d’analyse de régression logistique retient 8 variables sociodémographiques sur 10 introduites dans le modèle. Il confirme l’hypothèse d’un niveau de risque de survenue d’au moins une pathologie psychiatrique diminué du fait d’un « profil » favorable des variables sociodémographiques : zone géographique Europe, situation matrimoniale mariée, revenu familial maximum, classe d’âge 60 ans et plus, niveau d’étude universitaire, genre masculin, pratique d’une religion, existence d’une activité professionnelle. Tous les intervalles de confiance sont statistiquement Fig. 16. Site de Mahajunga (n = 669). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 13 Fig. 17. Site Île Maurice (n = 833). significatifs et varient entre [2,02–2,556] pour la zone Maghreb et [1,171–1,275] pour la pratique religieuse chez les croyants. Le sur-risque des OR ajustés correspond à l’hypothèse générale d’un « modèle transversal » commun à toutes les sociétés humaines, qui relie chaque niveau de chaque variable socio-démoéconomique à un niveau de risque de la population vis-à-vis de son statut de santé mentale ; par exemple, les personnes ayant un niveau d’études primaire présentent un sur-risque de 67 % par rapport à la classe de référence constituée par les personnes ayant atteint et validé le niveau universitaire. Les résultats de la modélisation « tous sites confondus » confirment cette hypothèse pour chacune des variables ayant fait l’objet d’une mesure systématique et homogène, compte tenu de l’effet associé des autres variables modélisées : par exemple les personnes en activité professionnelle présentent moins de risque de pathologie déclarée que celles qui sont inactives, à zone géographique, situation matrimoniale, niveau d’étude et revenus du ménage équivalents. Les OR les plus élevés sont liés à la zone géographique (regroupement de 2 à 6 sites), et sont très contrastés selon la zone considérée ; ces forts contrastes sont liés à la typologie des VSD selon les zones : elle concerne non seulement le niveau des variables VSD, mais aussi leurs interrelations. Ainsi la zone Maghreb présente un OR de 2,272 par rapport à la zone Europe, et on remarque que les VSD les plus « prédictives » pour les pathologies déclarées (Tableau 3) sont différentes de celles des Européens (Tableau 4) ceci montre qu’au-delà du modèle général commun à toutes les zones, existent des modèles locaux mettant en jeu des interactions entre variables. Fig. 18. Site de La Réunion (n = 786). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ARTICLE IN PRESS ENCEP-915; No. of Pages 18 F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 14 Tableau 5 Risque de pathologie déclarée selon les VSD présentes dans Zone et sites des Caraïbes. OR IC à 95 % Niveau d’études (modalité de référence : niveau universitaire) Non scolarisé 2,326 0,796 Cycle primaire fini 2,094 1,349 1,872 1,025 Cycle primaire débuté Cycle secondaire fini 1,728 1,231 1,474 1,057 Cycle secondaire débuté 6,796 3,250 3,419 2,426 2,056 Âge (modalité de référence : 60 ans et +) 2,085 30–39 ans 1,986 50–59 ans 1,930 40–49 ans 18–29 ans 1,886 1,294 1,219 1,193 1,156 3,361 3,234 3,122 3,078 Situation matrimoniale (modalité de référence : marié) 1,876 Séparé 1,584 Célibataire 0,974 Veuf, veuve 1,220 1,193 0,524 2,885 2,103 1,811 Activité professionnelle (modalité de référence : actif) 1,676 Inactif 1,290 2,178 Genre (modalité de référence : homme) Femme 1,606 1,268 2,035 Trois variables présentent dans le modèle des OR plus bas, il s’agit de la pratique religieuse (OR = [1,075–1,275]), de l’activité professionnelle [OR = 1,049–1,236] et du genre [OR = 1,164–1,357]. • concernant la pratique religieuse chez les pratiquants, on remarque que cette variable est complexe, car basée sur une seconde information conditionnelle (« êtes-vous croyant ? »), et qu’il est très difficile d’obtenir des données homogènes entre les différents sites du fait des différences de religion et de pratiques. De plus, certains sites sont à religions mixtes, alors que dans d’autres, une seule religion est exclusivement présente. Dans ces conditions, il nous paraît intéressant de mettre en évidence un effet protecteur de la pratique, non seulement dans la zone Maghreb, mais aussi dans « tous sites confondus », quel que soit le niveau de cette protection. Bien entendu cet effet est à confirmer et affiner ; • l’activité professionnelle est globalement protectrice, de manière modérée, du fait que sont déjà pris en compte les revenus, le niveau d’étude, et l’âge ; Tableau 6 Risque de pathologie déclarée selon les VSD et sites de la zone Pacifique Sud. OR IC à 95 % Revenu familial (modalité de référence : maximum) 2,994 Minimum Inférieur 2,209 Moyen supérieur 1,705 1,888 1,445 1,203 4,749 3,377 2,416 Âge (modalité de référence : 60 ans et +) 2,955 18–29 ans 2,116 30–39 ans 1,525 40–49 ans 1,245 50–59 ans 2,004 1,437 1,021 0,788 4,358 3,114 2,280 1,967 Site (modalité de référence : Nouméa) Brousse et îles 0,549 0,423 0,712 • concernant le genre, il est un facteur de risque important de pathologie déclarée (25 % de sur-risque de pathologie déclarée), présent dans toutes les zones géographiques, sauf le Pacifique Sud, et parfois très élevé comme dans la zone Caraïbes (60 % de sur-risque) et l’Océan Indien (35 %). Il serait encore plus important si n’étaient pas également pris en compte dans l’analyse, le niveau d’étude, le revenu et la situation matrimoniale et l’activité professionnelle. 5.2. Sous-modèles géographiques du risque de morbidité Cinq modèles par zones et 18 par sites ont été décrits dans cet article, confirmant ainsi l’existence de sous-modèles socio-géodémographiques différenciés par le choix des variables retenues et par leurs niveaux d’OR. Le Tableau 7 présente une synthèse des 18 modèles de régression logistique ajustés par site. Les critères de qualité sont respectés, malgré des effectifs réduits dans chaque site, ce qui incite à une certaine prudence dans l’interprétation des résultats. De plus, les modèles présentés ne comportaient pas d’interaction entre les variables VSD, afin de simplifier l’exposé des résultats. Les VSD les plus fréquemment retenues (Tableau 7) dans la typologie des sites sont la situation familiale (13 sites), l’activité (9 sites), la classe d’âge (9 sites), le niveau d’études (7 sites), le revenu (6 sites) du ménage, de même que le genre (6 sites), on remarque que l’isolement (vivre seul/vivre à plusieurs), ressort comme facteur de risque dans un site, alors qu’il n’apparaissait pas Fig. 19. Modèle de régression logistique des facteurs sociodémographiques associés à la présence d’au moins un trouble psychique de la zone et sites des Caraïbes (n = 1485). Les tests de qualité du modèle de régression logistique sont satisfaisants selon les tests de l’hypothèse nulle globale (rapport de vraisemblance, SC, et Wald, p < 0,0001), et selon l’association des probabilités prédites et des réponses observées (% concordant : 63 %, c = 0,637). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 15 Fig. 20. Site Guadeloupe (n = 705). dans l’analyse « tous sites ». Enfin, la pratique religieuse chez les croyants apparaît comme facteur protecteur dans deux sites. Certains OR atteignent un niveau très élevé : situation familiale (OR = 4,09) à Tanger, revenus du ménage à Trieste (OR = 4,08) et en Nouvelle-Calédonie (OR = 5), classe d’âge en France (OR = 5,46) à Nouméa (OR = 4,4), niveau d’étude en Mauritanie (OR = 3,9) et à l’Île Maurice (OR = 5). On remarque enfin des associations de VSD plus marquées dans certaines zones et sites : ainsi les revenus du ménage et la situation de famille arrivent en tête des OR de la zone Europe et de ses sites. Contrairement à la zone Maghreb pour laquelle la classe d’âge de 40–49 ans est à risque avant les revenus, dans l’Océan Indien les revenus et le niveau d’études sont prédominants, dans le pacifique les revenus et la classe d’âge de 18 à 29 ans, et enfin dans les îles Caraïbes le niveau d’études et la classe d’âge de 30–39 ans. De ces différentes analyses ressort une grande diversité de classement et de niveaux d’OR des VSD selon les zones et les sites, faisant ressortir d’une part, l’importance prédominante des revenus et de la situation de famille dans la zone Europe et les zones francophones et de langues gréco-latines étudiées, celle de la classe d’âge, des revenus et des niveaux d’étude en zone Maghreb. On remarque qu’il n’y a pas de hiérarchie entre la typologie des zones et celle des sites, c’est-à-dire que le fait qu’une VSD soit majeure dans une zone n’implique pas qu’elle le soit sur l’ensemble des sites de cette zone (par exemple les revenus arrivent en tête des FR en Europe [Fig. 7], mais ne ressortent comme FR que dans un seul site sur 6 [Tableau 7] de cette même zone) ; ceci semble valider l’idée qu’une zone géographique et culturelle donnée présente une typologie de risque particulière, qui n’est pas superposable à celle des sites qui la composent. Il s’agit bien sûr d’une hypothèse, qui demande à être étayée par d’autres travaux, visant à obtenir des échantillons plus Fig. 21. Site Martinique (n = 780). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 16 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx Fig. 22. Modèle de régression logistique des facteurs sociodémographiques associés à la présence d’au moins un trouble psychique de la zone et sites du pacifique (n = 1304). Les tests de qualité du modèle de régression logistique sont satisfaisants selon les tests de l’hypothèse nulle globale (rapport de vraisemblance, Score Wald, p < 0,0001), et selon l’association des probabilités prédites et des réponses observées (% concordant : 61,6 % ; c = 0,642). représentatifs de zones géographiques, dont il faut rappeler ici le caractère empirique. Malgré sa grande diversité, cette typologie des FR des zones et des sites reste globalement cohérente avec la typologie générale établie dans le modèle « tous sites », c’est-à-dire que par exemple des revenus minimums sont toujours un sur-risque de pathologie par rapport aux revenus maximum, quel que soit le niveau considéré ; cette cohérence interne des résultats avec le « modèle général » et avec toutes les publications internationales est un premier niveau de validation important. Pour améliorer la compréhension des modèles locaux, il apparaît de plus nécessaire de vérifier des hypothèses spécifiques concernant les interactions entre VSD locales, et de prendre en compte les comorbidités (problèmes de consommation d’alcool ou de drogues). 5.3. Limites Les limites principales étaient liées aux difficultés de codage et de standardisation de certaines variables comme l’isolement (vivre seul(e) ou à plusieurs au domicile), la pratique d’une religion (conditionnelle à la réponse sur le fait d’être croyant). La nationalité d’origine n’a pas pu être prise en compte dans les analyses du fait de difficultés de codage. Concernant les pathologies, le seul item retenu pour l’étude était la présence d’au moins un trouble psychique déclaré au MINI, ce choix correspondait à la volonté d’évaluer le risque de morbidité de la manière la plus large possible, les comorbidités liées à l’utilisation de drogues illicites et d’alcool ou les troubles du sommeil n’ont pas été pris en compte dans l’étude, ce qui représente une limite certaine, tout comme la non-différenciation des pathologies du MINI est une limite à la précision des résultats sur le plan épidémiologique. 5.4. Intérêt pour la recherche Contrairement aux pays anglo-saxons, les pays dans l’aire d’influence francophone ou de langues gréco-latines ne bénéficiaient pas de données épidémiologiques et socioanthropologiques de population générale recueillies sur une base standardisée fiable avec un encadrement logistique et Fig. 23. Nouvelle-Calédonie site de Brousse (n = 538). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ARTICLE IN PRESS ENCEP-915; No. of Pages 18 F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 17 Tableau 7 Présentation des OR des VSD pour les modèles de régression logistique des déclarations de pathologies MINI dans les 18 sites d’enquête (les modèles par zones ne sont pas représentés dans le tableau pour ne pas alourdir la présentation). Zone Sites Sit. mat. Revenu Âge cl. Études Genre Prat. rel. Activité Isolement Toutes Maghreb Maghreb Maghreb Maghreb Europe Europe Europe Europe Europe Europe Océan Indien Océan Indien Océan Indien Océan Indien Caraïbe Caraïbe Pacifique Pacifique Tous Alger Nouakchott Tanger Tunis Andorre Asturies Grèce Séville Trieste France Mahajunga Tananarive Île Maurice Réunion Guadeloupe Martinique Nouméa Brousse 1,8 1,72 1,71 1,67 1,8 3,9 1,29 1,26 1,52 1,17 1,14 1,3 NS 4,09 2,3 2,34 2 2,26 2,2 1,98 3,25 2,5 1,95 2,12 1,71 2 3 6,7a 2,78 2,8 3,8 2,37 1,53a 2,2 3,8 1,35 1,5 1,95 1,53 1,95 0,35a 4,08 5,46 2,74 2 3,2 5 2,9 2 2,1 5 3,12a 4,4 2,8 1,96 2 1,45 1,5 1,63 2,44a 0,61 5,2 1,6a 1,4 1,8 Tous les OR présentés dans ce tableau sont statistiquement significatifs par rapport aux modalités de référence de chaque variable au seuil statistique de risque de 5 %. a Odds ratios (OR) complémentaires fournis par une analyse prenant en compte l’interaction classes d’âges*genre. méthodologique suffisant. Les enquêtes SMPG réalisées dans 18 sites volontaires durant 15 ans viennent donc combler un certain manque de données comparables dans ce domaine. La grande cohérence interne et externe des résultats et la qualité des modélisations nous amènent à penser que cette initiative de rassemblement des données multicentriques de l’enquête SMPG devrait être poursuivie et amplifiée dans plusieurs directions : • constitution d’une base de données centralisée anthropoépidémiologique des enquêtes SMPG, en élargissant le champ de la recherche aux données socio-anthropologiques, en intégrant d’autres sites d’enquête ; • approfondissement des résultats épidémiologiques globaux, en particulier par l’enrichissement avec les comorbidités, l’étude de modèles d’interaction des VSD, l’affinement par pathologie et/ou par groupes socioprofessionnels pour vérifier les hypothèses ; • approfondissement des modèles locaux sur des sites d’étude privilégiés permettant de mettre en place des suivis longitudinaux de population avec implication des professionnels des sites. 5.5. Intérêt pour l’aide à la décision Sur le plan de l’aide à la décision, il apparaît nettement que le modèle global ne prédit pas les différences locales. Celles-ci devraient être absolument illustrées car elles conditionnent les plans locaux d’actions en santé mentale. L’OMS a mis en place un outil d’évaluation des politiques nationales dans son Atlas de la santé mentale [19]. Les données épidémiologiques locales n’y figurent pas car les études sont inexistantes, alors même, que remplir l’ensemble des données de morbidité institutionnelles, est une tâche ardue. La mise en œuvre des politiques nationales nécessite également une appréciation des données épidémiologiques locales. Fig. 24. Site de Nouméa Nouvelle-Calédonie (n = 805). Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009 G Model ENCEP-915; No. of Pages 18 ARTICLE IN PRESS F. Chabaud et al. / L’Encéphale xxx (2016) xxx–xxx 18 L’enquête SMPG dans les 18 sites internationaux présentés a montré à l’évidence qu’aucun site n’est identique à un autre, dans la description des facteurs de risques pour les diagnostics de troubles mentaux. De plus, cette enquête a permis d’évaluer les recours aux soins et aux aides au sens large, suivant les troubles et les sites. Les recours sont évidemment différents en fonction des sites. Ces données feront l’objet d’une publication ultérieure venant compléter les résultats présentés. Une implémentation pertinente d’un plan de santé mentale nécessite une double lecture des données épidémiologiques et sociodémographiques au niveau national et régional. Enfin, pour la promotion et la prévention de la santé mentale, il est indispensable de ne pas se tromper de cible. Les déterminants sociaux donnent bien des indications et qu’importe que ce soit ceci qui favorise les troubles psychiques ou le contraire. L’important est de pouvoir avoir des politiques efficientes donc ciblées pour ceux qui en ont le plus besoin. Toute connaissance est utile en la matière. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Remerciements Les enquête SMPG ont été réalisées grâce aux responsables des sites : Andriantesceno M, Armangué M, Burquel C, Colson C, Cazenave B, Cheour M, Denisot L, Eynaud M, Fernandez Diaz J, Hami K, Kacha F, Lopez M, Marsili M, Merle S, Motay S, Hould Hamadi A, Stylianidis S, Ursulet G. Les bases de données ont été constituées grâce à : Porteaux C et Génin M. Références [1] OMS. Plan d’action pour la santé mentale 2013–2020. http://apps.who.int/iris/ bitstream/10665/89969/1/9789242506020 fre.pdf. [2] Roelandt JL, Caria A, Mondière G. La santé mentale en population générale : images et réalités. Présentation générale de l’enquête. Inf Psychiatr 2000;76(3):279–92. [3] Barbiera N, Isslame M, Issulahi A. La santé mentale à la Grande Comore. Résultats de l’enquête La santé mentale en population générale : images et réalités. Inf Psychiatr 2003;79:903–11. [4] Andriantseheno M. La santé mentale à Madagascar. Inf Psychiatr 2003;79:913–9. [5] Motay P, Burhoo P. La santé mentale à l’île Maurice. Inf Psychiatr 2003;79:921–4. [6] Eynaud M, Casse R, Dellas B, et al. La santé mentale en Guadeloupe : résultats préliminaires de l’étude « La santé mentale en population générale : images et réalités ». Inf Psychiatr 2000;76(3):293–8. [7] Bellamy V, Roelandt JL, Caria A. Premiers résultats de l’enquête Santé Mentale en population générale : images et réalités. Inf Psychiatr 2005;81(4):295–304. [8] Caria A, Roelandt JL, Bellamy V, et al. « Santé mentale en population générale : images et réalités (SMPG) » : présentation de la méthodologie d’enquête. Encephale 2010;36(3 Suppl. 1):1–6. [9] Lecrubier Y, Sheehan DV, Weiller E, et al. The Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI). A short diagnostic structured interview: reliability and validity according to the CIDI. Eur Psychiatry 1997;12:224–31. [10] Sheehan DC, Lecrubier Y. The Mini International Neuropsychiatric interview (MINI): the development and validation of a structured diagnostic psychiatric interview for DSMIV and ICD-10. J Clin Psychiatry 1998;59(Supp. 20):22–3. [11] Alonso J, Angermeyer MC, Bernert S, et al. 12-Month comorbidity patterns and associated factors in Europe: results from the European Study of the Epidemiology of Mental Disorders (ESEMeD) project. Acta Psychiatr Scand Suppl 2004;(420):28–37. [12] Pickett KE, James OW, Wilkinson RG. Income inequality and the prevalence of mental illness: a preliminary international analysis. J Epidemiol Community Health 2006;60:646–7. [13] Fryers T, Melzer D, Jenkins R. Social inequalities and the common mental disorders. Soc Psychiatry Psychiatr Epidemiol 2003;38(5):229–37. [14] Castelain JP. Prévalences des troubles psychiques et caractéristiques socioéconomiques : éléments pour une analyse de l’exclusion et de la précarité. Inf Psychiatr 2005;81(4):351–6. [15] Caron J, Fleury MJ, Perreault M, et al. Prevalence of psychological distress and mental disorders, and use of mental health services in the epidemiological catchment area of Montreal South-West. BMC Psychiatry 2012;12:183. [16] Surault P. Santé mentale et déterminants sociaux. Encephale 2010;36 (3 Suppl. 1):27–32. [17] Barbaglia MG, Have MT, Dorsselaer S, et al. Negative socioeconomic changes and mental disorders: a longitudinal study. J Epidemiol Community Health 2014;9. [18] King M, Marston L, McManus S, et al. Religion, spirituality and mental health: results from a national study of English households. Br J Psychiatry 2013;202(1):68–73. [19] World Health Organization. Mental health atlas; 2011 [http://www.who. int/mental health/evidence/atlas/en/]. Pour citer cet article : Chabaud F, et al. Facteurs de risque sociodémographiques et troubles mentaux : modèle global et spécificités locales, d’après les résultats de l’enquête « santé mentale en population générale » dans 18 sites internationaux. Encéphale (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2016.04.009