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jeune public
luMières dans la nuit
Créé en juin dernier au Marni dans le cadre du D Festival,
Swietlika (qui veut dire « luciole » en polonais) est une
immersion dans un univers d’images et de personnages
invoquant les endroits rêvés, les refuges de l’imagina-
tion enfantine, des espaces intimes d’évasion et de salut, de
métamorphose et de liberté. Dans le noir, le scintillement de la
luciole apporte magie et poésie aux nuits étoilées et à ses trois
danseuses.
« L’idée était de faire voyager les enfants avec un visuel très fort :
des vidéos, une scénographie mouvante, etc. », précise la cho-
régraphe de double nationalité italienne et brésilienne Raffaella
Pollastrini. « Par ces images, je voulais évoquer un voyage
intérieur, une dimension onirique qui ne fixe pas de narration
claire. L’aventure se fait par tableaux, par images. Je veux que
l’enfant puisse se recréer son spectacle à lui, à partir du rêve,
du noir, de quelques moments sombres ». Pour un public dès
8 ans, Swietlika est une ode à la capacité de l’enfant de voyager
dans son intériorité tout en découvrant le monde extérieur.
« Avant cela, je n’avais jamais créé de spectacle pour le jeune
public mais je travaille déjà depuis plusieurs années avec Pierre
de Lune comme artiste intervenante dans les écoles. En travail-
lant avec les enfants, j’ai eu envie de cette rencontre-là mais via
la scène cette fois, pas en atelier. Danser pour les enfants est
une expérience incroyable parce que c’est un public très réactif,
très vrai. Ça m’a fait grandir dans ma manière d’être sur scène.
Il faut se dévoiler, sans filtre, sans masque, on ne peut pas se
cacher derrière une attitude comme il est possible de le faire
avec les adultes ».
swietliKa
18/11, 17.00, 8+, Théâtre Marni, www.theatremarni.com
Après la délicatesse de Yosh, élégant comme un cerisier du
Japon, le Théâtre de l’E.V.N.I. poursuit son exploration
d’une danse zen pour les enfants mais dans un univers
qui, cette fois, tend plutôt vers la fragilité du coquelicot.
Dans Alibi (dès 6 ans), un homme d’affaires, costard ajusté et
regard pressé, va se faire rattraper par son ombre, qui l’invite à
respirer, s’aérer, rêver. Sa mallette se mue en volière, avec des
mains en guise d’oiseaux. Un ballet d’escarpins rouges vient
chatouiller ses chaussures noires. Des origamis convoquent
l’océan et des tableaux à la Magritte finissent de nous embar-
quer dans un périple poétique, minimaliste. Derrière cette
pépite, on retrouve Fujio Ishimaru, Japonais formé au mime
à Paris puis venu en Belgique pour collaborer avec de grands
noms du théâtre jeune public comme la Galafronie. Du mime,
Fujio est passé au théâtre visuel puis à la danse depuis plu-
sieurs années. « Dans notre société si cadrée, la danse amène
une autre sensibilité aux enfants », nous explique-t-il alors qu’il
travaille déjà à une prochaine création. « Cette fois, on crée sur
un plateau qui bouge dans tous les sens. Un peu comme si on
était sur un bateau. Il faut trouver son équilibre, comme dans
la vie. Comme dans toutes nos créations, nous essayons des
tas de choses sans vraiment savoir où nous allons ». Le résul-
tat est pourtant toujours d’une précision et d’une délicatesse
phénoménales. À l’image de ce spectacle présenté au festival
Météores, qui devrait être l’« alibi » parfait de ceux qui veulent
initier les plus jeunes à la danse contemporaine. Car c’est ce
théâtre-là que l’on a envie de défendre pour les enfants : rien de
didactique, mais du beau et du tendre, du plaisir à l’état pur.
alibi
21/11, 18.00, 6+, Petit Varia, www.varia.be
© roland jalkh © valérie Burton