TD 1 - Matériaux de l’électrochimie (EPEE) Les "bronzes "fluorés LA NON-STOECHIOMETRIE PAR INSERTION de K+ dans la structure KxFeF3 Introduction ` Les matériaux d'intercalation sont des composés oxydants susceptibles d'être réduits par les métaux et en particulier les alcalins (Li, Na, K,...). Une telle réaction qui se produit spontanément à température ordinaire avec fort dégagement de chaleur, correspond, d'une part à un don d'électrons de l'alcalin à la structure d'accueil et d'autre-part à l'intercalation simultanée dans les sites disponibles du cation Li+, Na+, K+,... formé. Cette réduction-intercalation se produit à la "positive" d'un générateur électrochimique pendant la décharge. Le matériau hôte est alors appelé cathode à stockage de réactifs. Ceci traduit la migration des ions de l'anode vers, puis dans la cathode pendant la décharge. Le système électrochimique permet de recouvrer sous forme électrique l'énergie dégagée par la réaction d'intercalation : décharge xK + <H> – Kx<H> charge En inversant le sens du courant, on observe une réaction de désintercalation de l'alcalin. On effectue ainsi une recharge, ce qui permet de revenir à l'état initial. Sujet Nous allons traiter plusieurs matériaux d'intercalation, dont la structure d'accueil dérive de la structure pérovskite, susceptibles d'être utilisés comme matériaux de cathode dans un générateur électrochimique fonctionnant en régime de décharge : les "bronzes" oxygénés ou fluorés. Les "bronzes" oxygénés ou fluorés peuvent être décrits à partir du squelette pérovskite du type AxMX3 où M = Métal de transition à degré d'oxydation multiple, X = O ou F, A = alcalin ou alcalino-terreux. Les deux extrêmes du domaine de solution solide sont obtenus pour x= 0 et x=1. Ce sont respectivement les cas de pérovskite lacunaire MO3, cas de FeF3 pour x=0 et la pérovskite déficitaire du type AMO3, cas de KFeF3 pour x=1. Trois domaines structuraux différents de non stoechiométrie existent pour KxFeF3 qui peut s'écrire KxFeIIxFeIII(1-x)F3 définissant les trois formes allotropiques : a - Forme Bronze hexagonal pour 0,18 < x < 0,33 b - Forme Bronze quadratique pour 0,4 < x < 0,6 c - Forme : Pérovskite déficitaire pour 0,94 < x < 1 Questions La structure pérovskite KxFeF3 est constitué de 3 domaines structuraux : 1 - Bronze hexagonal pour 0,18 < x < 0,33 2 - Bronze quadratique pour 0,4 < x < 0,6 3 - Pérovskite déficitaire pour 0,94 < x < 1 Nous traiterons la phase hexagonale de la structure KxFeF3 Bronze hexagonal pour 0,18 < x < 0,33 On donne le groupe d'espace P63/m c m . Les paramètres de maille sont : a = 7,5 Å et c = 7,4 Å Les positions atomiques sont les suivantes : K+ en site 2b, Fe2+/3+ en site 6g (x = 0,48) et F- en site 6f et 12j avec x = 0,42 et y = 0,22 On donne les rayons ioniques suivants (en Å) en fonction de la coordinence: F-II = 1,145 K+XII= 1,74 Li+VI = 0,68 1) Faire la projection côtée dans le plan (001) selon la direction cristallographique [001]. 2) Quels sont les polyèdres de coordination des Fe2+/3+ et des K+ ? 3) Quelle est la formule du réseau octaédrique sans K c'est à dire déterminer n dans (MX3)n ? 4) Quelles sont les cavités disponibles sans K ? 5) Evaluer la taille des canaux ? Est-ce que l'ion K+ peut "habiter" cette structure hôte ? Même question avec Li+. 6) Montrer que x ne peut dépasser 0.33 Table internationale de cristallographie du groupe P63/m c m N°193 TD 2 - Matériaux de l’électrochimie (EPEE) ELECTRODES NEGATIVES ET POSITIVES DANS LES BATTERIES Lithium-ion SECURITE et CYCLAGE INTRODUCTION La batterie Lithium-ion a une masse plus faible et un volume plus faible pour une densité d'énergie plus élevée que des systèmes classiques, tels les batteries Ni-Cd ou les batteries Ni-MH. De plus, elle montre un coefficient d'autodécharge plus faible que les Ni-Cd et le Ni-MH. Une comparaison plus détaillée des performances de ces trois systèmes de batteries est donnée dans le tableau ci-dessous : En plus de ces caractéristiques, il est à noter que la batterie lithium-ion a une bonne stabilité chimique en température (Tmax≈ 70°C) et l'absence de métaux toxiques la rend attrayante d'un point de vue écologique. Principe de fonctionnement En général, le pôle positif de la batterie lithium-ion est constitué d'un oxyde de métal de transition lithié de type LiMO2 (avec M=Co, Ni) ou LiM2O4 (avec M=Mn) pour lequel la désinsertion et l'insertion de lithium s'effectue aux alentours de 4V vs Li/Li+. L'électrolyte est un liquide aprotique (LiC6 est trés instable en présence d'atomes d'hydrogène labiles) non aqueux conduisant par ions Li+ (solution d'un sel de lithium). Le pôle négatif de la batterie est constitué d'une électrode de matériau carboné, coke ou graphite. Ceux-ci intercalent de manière réversible le lithium entre 0 et 0,3V vs Li/Li+. Notons qu'il est préférable d'utiliser un matériau d'insertion plutôt que du lithium métallique. En effet, dans ce cas, il peut y avoir un dépôt de lithium sous forme de dendrites qui peut engendrer un court-circuit voire l'explosion de la batterie. Comme le montre le schéma de fonctionnement de la batterie lithium-ion ci-dessous, le transport des ions Li+ est assuré à travers l'électrolyte de l'électrode négative vers la positive en décharge et inversement en charge. Lors de la charge, le lithium se désinsère du LiMO2 pour s'insérer dans le carbone. L'électrode positive Li1-xMO2 voit son potentiel augmenter, alors que celui de l'électrode négative, LixC6 baisse. Comme ce mécanisme transfert est inversible lors de la décharge, il est appelé système "rocking-chair". Initialement, la batterie lithium-ion est à l'état déchargé : le carbone ne contient pas de lithium inséré tandis que LiMO2 est lui totalement inséré. Questions : 1 - Quelles sont les réactions aux électrodes et la réaction bilan ? 2 - Calculer la capacité faradique théorique Qth obtenue par la réduction du graphite au stade LiC6 (x=1) Schéma de fonctionnement de la batterie lithium-ion lors de la charge Intérêts du lithium [Fau] 1) Potentiel standard le plus bas de tous les éléments (c'est toujours la négative): E0 = -3 V/ENH 2) Capacité massique trés élevée : 3.87 Ah/g du fait de la faible masse atomique du lithium 3) Grande facilité de mise en oeuvre sous air sec 4) Passivation réversible sous air sec Sous azote, il se nitrure et devient dur, cassant et dangereux d'où la fabrication de générateurs étanches. En raison d'une réactivité importante du lithium métallique à l'interface lithium/électrolyte liquide, les batteries à ions lithium sont dangereuses. Une solution à ce problème de sécurité consiste à remplacer l'électrode négative au lithium métallique par un composé d'insertion du lithium intercalant réversiblement les ions lithium. Les phénomènes à l'interface électrolyte/électrode de graphite sont similaires pour la cellule lithium/électrolyte/graphite et pour la batterie lithium-ion, seule la source de lithium diffère. Afin d'avoir un excès de lithium et de faciliter le montage des cellules, l'étude de l'électrode à base de carbone se fera ici sur une demi-pile dans laquelle le lithium joue le double rôle d'électrode de référence et de contre-électrode, tandis que le graphite constitue l'électrode de travail. La cellule lithium/électrolyte/graphite est initialement à l'état chargé, le lithium constituant le pôle négatif et le graphite le pôle positif de la cellule. Lors de la 1ère décharge de la cellule lithium/électrolyte/graphite, le lithium provenant de l'électrode négative s'insère dans le carbone. A - ELECTRODE NEGATIVE AU LITHIUM 1. Deux cas fondamentalement différents des mécanismes de réactivité au niveau de l'interface matériau carboné/électrolyte [FIS] (cas de la demi-pile) 1. 1. Mise en évidence de la formation d'une couche de passivation 1. 1. 1. Décrire la réaction électrochimique qui se produit durant la première réduction électrochimique du graphite lors de la décharge 1. 1. 2. D'après la figure 1 intitulée "Formation de la couche de passivation dans un électrolyte neutre vis à vis du graphite", interpréter les zones 1, 2 et 3 lors de la réduction 1. 1. 3. Une fois la couche de passivation formée, quelle est la capacité d'insertion du graphite en mAh/g? Fig. 1 : Formation de la couche de passivation dans un électrolyte neutre vis à vis du graphite 1. 1. 4. On peut montrer une corrélation entre l'importance de ces pertes et la surface réelle du graphite et ceci même avec des graphites de types trés différents (Figure 2). Quel est le rôle de la microstructure ? Fig. 2 : Graphique des pertes irréversibles (Zones 1+2 ci-dessus) en fonction de la surface BET de différents types et de différentes granulométries d50 de 3 à 33 µm 1. 1. 5. Interpréter le cyclovoltampérogramme ci-joint (Figure 3) obtenu sous une vitesse de 1,25mV.mn-1 dans une cellule de type bouton graphite/électrolyte/Li [YAZ] ainsi que la chronopotentiométrie (Figure 4). Prévoir la forme de la courbe au 2eme cycle de décharge : Figure 3 Figure 4 1. 2. Formation d'une couche de passivation accompagnée d'une réaction d'exfoliation entre le graphite et le solvant Carbonate de Propylène (PC) - Interpréter la zone 4 dans la figure 5. - En déduire l'évolution de la capacité. Fig. 5 : Comportement du graphite dans un électrolyte (ici PC) non neutre vis à vis du graphite 2 - Cyclage comparatif d'un coke et d'un graphite [GU] La première génération des piles "rocking-chair" est à base de graphite désordonné (coke). - Quel est l'intérêt de remplacer du coke par du graphite (Figure 6) ? - Quantifier l'augmentation de la capacité spécifique. Fig 6 : Cyclage comparatif d'un coke et d'un graphite 3 - Stabilité mécanique[BES] La répétition des courbes de charge et de décharge induisent des contraintes mécaniques dans les électrodes à base d'alliage de Li, d'où la formation de fissures . D'aprés le tableau 1, quel serait le meilleur candidat comme matériau d'électrode ? Tableau 1 : Variations de volume entre M et LixM Autres solutions : Fabriquer des électrodes en couches minces et/ou composites en couches minces avec incorporation de métaux finement dispersés Al+ Si, Al+ Mn, Al+ Cu, LiAl+ Cu. objectif : bon cyclage avec électrolytes organiques CONCLUSION 1 - Quelle est la différence fondamentale entre la batterie Li-ion et la demi-pile ? Expliquer pourquoi l'électrode Li1+xMn2O4 qui présente un excés de lithium est parfois utilisé. 2 - Quelles sont les propriétés requises pour une électrode positive dans les batteries à ion lithium ? Références [FAU] J. F. Fauvarque, L'actualité chimique, 87, Janvier-Février (1992) [GU] D. Guyomard, J-M. Tarascon, Advanced Materials, vol. 6, N°5, 408 (1994) [ROU] J. Rouxel, M. Tournoux and R. Brec, Materials Science Forum, vol 152-153, (1994) [FIS] F. Fischer, A. Monnier, SFC, Les accumulateurs au lithium, Paris, 5/12/99 [YAZ] R. Yazami et al., SFC, Les accumulateurs au lithium, Paris, 5/12/99 TD 3 - Matériaux de l’électrochimie (EPEE) L’ELECTROCHROMISME INTRODUCTION L’électrochromisme est un phénomène qui se traduit par une variation du spectre d’absorption de la lumière visible d’un matériau sous l’influence d’un champ électrique. Il peut être soit de nature purement électronique, soit de nature électrochimique. En ce qui concerne certains oxydes de métaux de transition, on distingue ceux qui se colorent par réduction (électrochromes cathodiques) et ceux qui se colorent par oxydation (électrochromes anodiques). Ces deux types d’oxydes électrochromiques sont représentés dans la figure ci-dessous et leurs caractéristiques électrochromiques dans le tableau suivant : Il est possible d’exploiter cette propriété pour réaliser des dispositifs d’affichage. Le schéma ci-dessous représente un tel dispositif basé sur l’oxyde de tungstène WO3 cristallisé. Le mécanisme envisagé est le suivant : l’électrocoloration implique une double injection d’électrons d’une part par l’intermédiaire du conducteur électronique (ITO) et d’autre-part des cations M+ provenant de l’électrolyte (M+ = H+, Li+, Na+, K+, …). Ce mécanisme conduirait à la formation d’un bronze de type MxWO3 suivant la réaction globale : [1] WO3 + x e- + x M+ MxWO3 Il y aurait alors réduction des ions W6+ en W5+ puis transfert intervalentiel, c'est-à-dire que cet électron pourrait être délocalisé sur deux atomes de tungstène, le passage d’un site à l’autre demandant une certaine énergie, il y aurait alors absorption lumineuse. L’électrochromisme anodique et cathodique parmi les oxydes des métaux de transition peut être simplement compris par des modèles de structure de bandes. Questions 1 – Interpréter le phénomène en écrivant la réaction électrochimique se produisant au niveau de MxWO3, avec M pouvant être ici soit un métal Li, soit H. 2 – Construire la courbe théorique de la quantité relative d’ions W5+ (W5+/Wtotal) en fonction de x dans HxWO3 (x étant le taux de charge insérée). 3 – Pourquoi MxWO3 et - MxMoO3 ( (isostructural) sont des matériaux électrochromiques cathodiques alors que ReO3 n’est pas un composé électrochromique ? Pour cela, a) A partir du diagramme des niveaux d’énergie ci-dessous, effectuer le remplissage des niveaux électroniques de valence de ReO3 d’une part et d’autre-part de WO3 ou MxMoO3. Schéma de bandes pour MeO3 Les niveaux énergétiques atomiques 5d 6s 6p du métal sont indiqués, de même que les niveaux 2s et 2p de l’oxygène. On donne les configurations électroniques de valence suivantes : O2- : 2s2 2p6 W6+ : 5d0 6s0 6p0 Re6+ : 5d1 6s0 6p0 b) Déterminer la position du niveau de Fermi noté WF dans ces deux cas. En déduire le type de conduction dans ces deux composés. Que pensez-vous de leur transparence ? c) Expliciter la levée de dégénérescence des orbitales d du métal de transition. d) Lors de la réaction d’insertion de xH+ et de xe- dans WO3, selon l’équation [1], que se passe t-il pour WF ? Quelles sont les conséquences pour l’absorption du matériau ? e) Lors de la réaction de désinsertion, observe t-on un changement des propriétés optiques ? f) Même question pour ReO3. Que pensez-vous de l’absorption ? 4 – La couleur du produit de la réaction MxWO3 est fonction de x (directement proportionnelle à la charge injectée) : A partir du spectre UV-visible enregistré sur HxWO3, déterminer le taux x de H dans WO3. On donne ci-dessous la plage des longueurs d’onde associée à la couleur correspondante :