1/23 Infections nosocomiales, BMR, BHRe, pression de sélection antibiotiques Dr. Oana Dumitrescu Faculté de Médecine « Lyon Sud Charles Mérieux » [email protected] 05/09/2016 2/23 05/09/2016 3/23 05/09/2016 4/23 05/09/2016 5/23 05/09/2016 6/23 05/09/2016 7/23 05/09/2016 8/23 05/09/2016 9/23 05/09/2016 10/23 05/09/2016 11/23 05/09/2016 12/23 BMR et BHRe 05/09/2016 13/23 Les bactéries multi-résistantes (BMR): définitions • Entérobactérie résistante aux céphalosporines de 3 ème et 4 ème génération – Mécanisme d’inactivation enzymatique • BLSE = β-lactamase à spectre étendu • Hypercase = céphalosporinase hyperproduite • S. aureus résistant à la méticilline (SARM) – Mécanisme de modification de la cible • Par acquisition d’une PLP2a qui a une affinité moindre pour les bêta-lactamines 05/09/2016 14/23 Les bactéries multi-résistantes (BMR): enjeux • Infection à BMR = impasse thérapeutique • Diffusion BMR favorisée par la pression de sélection antibiotique (corrélation entre la prévalence de BMR et la consommation antibiotique) • Epidémies à BMR : transmission croisée entre les patients au cours des soins Surveillance du portage de BMR dans certains services à risque (réanimation) 05/09/2016 15/23 La recherche de BMR : pourquoi et comment • Intérêt: – Connaitre les porteurs asymptomatiques pour prendre de mesures de précaution (préconisés par le service d’Hygiène) – Dans certains cas (allogreffe) : connaitre les porteurs asymptomatiques risque ++ translocation • Prélèvements (recommandations SFHH): – Ecouvillon rectal • Recherche d’entérobactéries résistantes aux céphalosporines de 3 ème génération – Ecouvillon nasal et/ou plaies chroniques • Recherche de SARM 05/09/2016 16/23 La recherche de BMR : quels moyens pour quels résultats ? • Recherchés sur milieu chromogène spécifique SARM ou entérobactéries C3GR • Réponse pour SARM : – Positive après 18-24h d’incubation si colonies d’aspect caractéristique – Définitive (positive ou négative) à 48h • Réponse pour entérobactéries C3GR : – Définitive (positive ou négative) à 24 h 05/09/2016 17/23 Entérobactéries BMR : faut-il distinguer les deux mécanismes ? • Le mécanisme de transfert de résistance entre différentes bactéries – BLSE est le plus souvent plasmidique : • Risque important de passage à un autre germe • Nécessité d’un isolement du patient – Hypercase est le plus souvent chromosomique • Peu de risque de transmission • Isolement non systématique • Mais, il existe aussi des hypercases plasmidiques VIGILANCE! 05/09/2016 18/23 Les BHRe • Bactéries hautement résistantes émergentes – Entérocoques résistants aux glycopeptides (ERV/ERG) – Entérobactéries productrices de carbapanémases • BHRe quels enjeux ? – Impasses thérapeutiques – Epidémies par transmissions croisées – Risque de transfert de résistances vers les SARM (ERV) • Qui dépister? – Rapatriement sanitaire – ATCD d’hospitalisation à l’étranger dans l’année précédente – Patient contact d’un cas « index » 05/09/2016 19/23 Entérobactéries productrices de carbapénémase (EPC) • Carbapénèmes: – Imipénème, méropénème, doripénème et ertapénème. – Β-lactamines de « secours » dans les infections à BMR • Résistance aux carabapénèmes chez les entérobactéries – Défaut de perméabilité membranaire par altération des porines (mécanisme non-transférable) – Inactivation enzymatique par production de carbapénemase (mécanisme plasmidique transférable) 05/09/2016 20/23 Entérocoques résistant à la vancomycine (ERV) • Résistance acquise par un support génétique, l’opéron van (le plus souvent vanA) – modification de la cible des glycopeptides : le dipeptide terminal D-Ala-D-Ala du précurseur du peptidoglycane -> D-Lac-D-Ala – Enterocoques faecium et plus rarement faecalis • A ne pas confondre avec la résistance naturelle de bas niveau aux glycopeptides (présence de l’opéron chromosomique vanC) – E.gallinarum, E. casseliflavus et E.flavescens 05/09/2016 21/23 Les enjeux particuliers des VRE • Transfert de résistance vers S. aureus – l’émergence des Staphylococcus aureus résistants à la vancomycine (VRSA), par transmission du gène vanA 05/09/2016 22/23 VRSA : la résistance « vraie » aux glycopeptides (médiée par VanA) Vancomycine Cible de la D.AlaD.Lactatefaible affinité Vancomycine D.AlaD.AlaL.LysL.LysD.gluD.gluL.AlaL.AlaNAG - NAM - NAG - NAM – NAG – NAM - NAG – NAM L.AlaL.AlaD.gluD.gluD.Ala D.Ala- GGGGG- L.LysD.Ala- GGGGG- L.LysD.AlaD.AlaL.LysL.LysD.LactateD.AlaD.gluD.gluL.AlaL.AlaNAG - NAM - NAG - NAM – NAG – NAM - NAG – NAM - 05/09/2016 23/23 Comment dépister les EPC et ERV ? • Prélèvement : écouvillon rectal • Moyens : - Culture sur milieux spécifiques chromogénique (réponse 24H pour EPC et 48H pour ERV) - Test rapide de biologie moléculaire : Cepheid (réponse 2H) EPC E. faecium E. faecalis 05/09/2016 24/23 Conduite à tenir en cas de BHRe • Gestion par l’Unité d’Hygiène • Isolement contact, personnel dédié, cohorting • Enquête autour du cas pour l’identification et le dépistage des cas contact • Levée de l’isolement si : – 3 prélèvements négatifs à une semaine d’intervalle 05/09/2016 25/23 Pseudomonas aeruginosa et autres bacilles à Gram négatif non-fermentants 05/09/2016 26/23 Pseudomonas aeruginosa • Bacille à Gram négatif ≠ entérobactéries (ne fermente pas les sucres : non-fermentant) • Niche écologique : environnement (sol, eaux) • Pathogène opportuniste humain • Phénotype naturel de résistance aux antibiotiques – péniA, céphalosporines • Responsable d’infections (IU, respiratoires, sur matériel, postop, etc.), favorisées par – Pression de sélection antibiotique Infections nosocomiales – Gestes médicaux/ chirurgicaux (iatrogénie) – Immunodépression générale (aplasie) ou locale (mucoviscidose) 05/09/2016 27/23 Autres bacilles à Gram négatif non-fermentants • • • • • Pseudomonas putida, flavescens, etc Stenotrophomonas maltophilia Sphingomonas paucimobilis Achromobacter sp, Alcaligenes sp Burkholderia cepacia, B. pseudomallei (agent bioterrorisme), B. mallei • Germes environnement • Peu adapté a la pathogénie humaine -> opportunistes en cas d’immunodépression générale (aplasie) ou locale (mucoviscidose) • Phénotypes naturels de résistance aux antibiotiques inhabituels : – Résistance aux bêta-lactamines (surtout céphalosporines) – Résistance aux aminosides • A l’origine d’infections nosocomiales 05/09/2016 28/23 Dégâts collatéraux de l’antibiothérapie : pression de sélection 05/09/2016 29/23 Dégâts collatéraux de l’antibiothérapie • Impact sur la flore des patients (microbiote) • Impact sur l’écologie de l’environnement (sélection de souches multi-résistantes) – BMR, BHR – P. aeruginosa, autres BGN non-fermentants 05/09/2016 30/23 Microbiote intestinal (1) • Ensemble des micro-organismes qui colonisent le tube digestif humain – 1 humain = 1014 bactéries dans tractus digestif (10 fois plus que de cellules eucaryotes) : côlon +++ – Composition : un millier d’espèces/individu • Firmicutes (Gram positif : Bifidobacterium, Lactobacillus, Eubacterium, Clostridium) 28 à 62% • Bacteroidetes (Anaérobies à Gram négatif, Bacteroides) 16 à 22% • Proteobacteria (Entérobactéries) 0,5 à 5% – Diversité interindividuelle • Nourriture, âge, pays… – Etude par séquençage haut débit • absence de standardisation 05/09/2016 31/23 Microbiote intestinal (2) • Rôles dans la digestion, métabolisme et régulation du système immunitaire • Dys-microbiote et pathologies associées – Maladies inflammatoires tube digestif (MICI) – Obésité, diabète • Ecosystème complexe – Diversité d’espèces bactériennes – Résilience dépend de la diversité (stabilité = état sain) – Interactions et réseaux entres les espèces (compétition ou coopération) – Interactions avec le système immunitaire de l’hôte 05/09/2016 32/23 Impact de l’antibiothérapie sur la flore digestive • L’antibiothérapie à large spectre modifie la composition du microbiote digestif : – Anti-anaérobies : Augmentin, Tazocilline, FQ – C3G – Vancomycine 05/09/2016 33/23 Impact de l’antibiothérapie sur la flore digestive • Appauvrissement des espèces « indigènes » – Lactobacillus, Eubacterium, Bifidobacterium – Entérobactéries (sélection des souches résistantes) • Perturbation du microbiote – Favorise l’implantation des espèces pathogènes (Salmonella, Clostridium difficile) – Favorise l’échange de matériel génétique (gène de résistance et/ou virulence) – Longue durée (plusieurs semaines, mois après l’arrêt du traitement) 05/09/2016 34/23 Diarrhée post-antibiotique à C. difficile • Diarrhée toxinique – Toxine cytopathogène de type AB – Répresseur tcdC – Ribotype 027 • Antibiotiques mis en cause : – C3G, FQ, ampicilline, clindamycine • Incidence de la mortalité corrélée à l’âge des patients 05/09/2016 35/23 Comment protéger le microbiote digestif des agressions ? • Les pro-biotiques – OMS et FAO « micro-organismes vivants qui, lorsqu'ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé, au-delà des effets nutritionnels traditionnels » – Micro-organismes vivants (souvent lyophilisés) – Choix des souches (Lactobacillus, Bifidobacterium, Saccharomyces) – Résistance à l'acidité gastrique et à la bile (persistance d’un inoculum suffisant dans le tube digestif) – Cures d'au moins 10 jours par mois • Transplantation de microbiote fécal – « La transplantation de microbiote fécal et son encadrement dans les essais cliniques » ANSM mars 2014 http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/5e5e0101 8303790194275ded0e02353c.pdf 05/09/2016 36/23 Lien entre la consommation d’antibiotiques et la résistance bactérienne Enterobactéries et C3G P. aeruginosa et Imipénème Harbarth S et al, Clin Infect Dis 2001 Mulanovich VE et al, J Antimicrob Chemother 2010 Enterobactéries et FQ Staphylococcus et Linézolide 05/09/2016 37/23 Ceftriaxone plus « efficace » pour la sélection de BMR digestives Relationship between ceftriaxone use and resistance to thirdgeneration cephalosporins among clinical strains of Enterobacter cloacae Muller et al, J Antimicrob Chemother 2004 05/09/2016 38/23 Actions correctives pour éviter l’émergence des BMR • Bon usage des antibiotiques (hôpital et ville) – Documentation bactériologie, désescalade à 72 heures, réévaluation régulière et arrêt – Efforts pour diminuer les antibiotiques large spectre (Pip/Tazo, FQ, carbapénèmes, linézolide) – Favoriser l’utilisation du céfotaxime > ceftriaxone – Molécules d’épargne des carbapénèmes : témocilline, associations ceftolozan/tazobactam, ceftazidime/avibactam • Protection/ reconstitution du microbiote intestinal : – Utilisation des pro-biotiques – Transplantation fécale • Mesures de dépistage, isolement, traitement des excreta des patients porteurs de BMR et/ou BHRe 05/09/2016