CONSOMMATION COLLABORATIVE :
QUELS ENJEUX ET QUELLES LIMITES POUR LES CONSOMMATEURS ?
Colloque INC 7 novembre 2014 - Ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique
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INSTITUT NATIONAL DE LA CONSOMMATION
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nouvelle. Par ailleurs, la France est bien positionnée dans cette créativité. Elle se caractérise par une
réelle envie de consommer et de produire autrement.
Il convient de rappeler les bases du modèle économique qui nous a permis de nous développer
depuis la révolution industrielle. Ce modèle est fondé sur l’extraction des ressources naturelles que
nous transformons afin de les consommer puis de les jeter. Cette économie linéaire a engendré le
progrès moderne. La création de richesses est ainsi basée sur la production et la possession de biens.
Force est de reconnaître que ce modèle a engendré un développement ayant abouti à une forme de
prospérité supérieure à celle du XIXème siècle. Néanmoins, ce modèle de production basé sur
l’extraction de ressources naturelles ne prend pas en compte la finitude de la planète, limitée en
ressources naturelles.
Par conséquent, ce modèle d’extraction, de transformation et de déchets a aujourd’hui atteint sa
limite. L’économie circulaire remet en cause cette économie linéaire pour revaloriser la matière et le
produit en intégrant la performance d’usage de la matière et des produits. La performance d’usage
prend en compte l’utilisation et le temps d’usage d’une matière. Cette économie circulaire
ambitionne de créer des boucles de création de valeur positive depuis la conception des biens
jusqu’à la réparation, la réutilisation, le recyclage et la réintroduction. Contrairement aux idées
reçues, l’économie circulaire ne se limite pas à la gestion des déchets ou au recyclage. L’idée centrale
de cette économie est d’imiter la nature : dans la nature, les déchets n’existent pas puisque tous les
éléments sont des nutriments. L’enjeu du modèle économique du XXIème siècle est de s’assurer que
toute matière est utile.
La consommation collaborative, l’économie du partage ou l’économie de la fonctionnalité
permettent d’améliorer la performance d’usage. Le partage d’un produit comme une voiture
améliore sa performance d’usage : le rendement de la matière utilisée est ainsi augmenté. En
moyenne, une voiture est utilisée 5 % de son temps. En partageant cette voiture à plusieurs, la
performance d’usage de la matière est augmentée. Le lien entre l’économie circulaire et l’économie
collaborative est donc très étroit. Selon moi, la consommation collaborative est une étape pour
améliorer l’usage des matières et des biens. Cependant, je ne suis pas certaine que l’économie
collaborative remette en cause le modèle capitaliste. Au sein de la consommation collaborative, les
échanges entre particuliers coexistent avec des modèles capitalistiques qui permettent d’accélérer
cette forme de consommation.
Rémy GERIN
Réinventons-nous le modèle coopératif ? En d’autres termes, la consommation collaborative est-elle
la coopérative 3.0 ?
Anne DE BETHENCOURT
Oui, dans une certaine mesure. Cependant, la consommation collaborative est caractérisée par une
grande diversité de pratiques, de l’association de quartier d’échanges d’appareils électroménagers
jusqu’à l’exemple d’Airbnb, qui atteint des milliards de capitalisation. Qu’appelons-nous
consommation collaborative ? Ce nouveau mode de consommation prouve qu’il n’est plus possible
d’agir seul. En d’autres termes, le consommateur ne souhaite plus être limité à son rôle de
consommateur. Au XXème siècle, le bon citoyen était le bon consommateur qui possédait des biens.
Aujourd’hui, le consommateur aspire à disposer de l’usage des biens sans nécessairement les