IGAS, RAPPORT N°RM2011-063P I
Synthèse
Le circuit du médicament en établissement de santé recouvre deux circuits, distincts et
interconnectés.
Le premier circuit, clinique, est celui de la prise en charge médicamenteuse du patient hospitalisé,
depuis son entrée, au moment où son traitement personnel est pris en compte, jusqu’à sa sortie au
moment où une prescription, qui sera dispensée en ville, est effectuée. Au sein de l’hôpital, ce
circuit clinique inclut les phases de prescription, dispensation et administration.
Le second circuit, logistique, concerne le médicament en tant que produit, de l’achat jusqu’à la
délivrance dans l’unité de soins, rejoignant le circuit clinique au stade ultime, celui de
l’administration du médicament au patient.
Chacune des phases de ces deux circuits fait intervenir des acteurs différents. Leur formation
initiale et continue, leur positionnement sur les tâches où leur plus value est maximale ainsi que
leur coordination et collaboration, conditionnent la qualité, la sécurité et l’efficience de la prise en
charge thérapeutique du patient.
La mission de l’Inspection générale des affaires sociales devait capitaliser les précédents rapports
établis sur le thème du circuit du médicament à l’hôpital, en complétant l’expertise sur des
établissements non universitaires ayant mis en œuvre des initiatives intéressantes sur ce champ et
en explorant l’ensemble de la problématique dans ses dimensions sécurité, qualité, efficience et
pilotage. Elle a inscrit ses travaux et réflexions dans le cadre des évolutions impulsées ces dernières
années par les pouvoirs publics pour améliorer la prise en charge des patients à l’hôpital. Ses
recommandations s’appuient sur les exigences et les possibilités ouvertes par la loi portant réforme
de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST), en particulier son volet de
modernisation des établissements de santé, ainsi que celles de ses dispositions qui organisent les
collaborations entre professionnels de santé et ont pour objectif de garantir la continuité du
parcours de soins. Ces recommandations convergent vers un objectif commun, qui a constitué le fil
directeur des travaux de la mission : l’intérêt des patients.
La prise en charge médicamenteuse du patient hospitalisé, un enjeu de qualité.
Avec l’instauration des démarches d’accréditation puis de certification, la démarche qualité a
connu une nette accélération. Les progrès accomplis dans le domaine du médicament sont
cependant inégaux et imparfaits. Les visites de certification effectuées par la Haute autorité de
santé (HAS) en 2008, 2009 et 2010 montrent que le médicament est le domaine où le plus grand
nombre de recommandations et de réserves sont émises. Le médicament fait désormais partie des
domaines où la HAS impose des exigences renforcées et fait l’objet d’une attention particulière de
la part des experts visiteurs.
Le circuit du médicament est un processus complexe, hétérogène qui implique de nombreux
professionnels de santé. Il repose sur une chaîne de savoir-faire dans laquelle la transmission de
l’information et la coordination des interventions sont des facteurs essentiels.
Parce qu’il repose sur des facteurs humains, le circuit du médicament comporte des risques
importants d’erreurs. Ces risques sont accrus dans un environnement hospitalier soumis à une
obligation de performance, une accélération de la mobilité professionnelle des personnels, une
réduction de la durée moyenne de séjour des patients et une augmentation constante du nombre de
molécules référencées, avec une part importante de molécules innovantes encore mal maîtrisées et
souvent très onéreuses. Mais le facteur humain, source d’insécurité, est également une source de
richesse, puisqu’il permet la prise en charge thérapeutique sur-mesure et son adaptation constante,
parfois en urgence absolue.