PERRET Cédric Master 2 Darwin Janvier 2016
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1975), Peto propose une relation positive entre incidence du cancer et taille de l’organisme
(Peto 1977). Cette théorie part d’un postulat simple : les organismes de grandes tailles ont un
plus grand nombre de cellules. Celles-ci étant chacune une cible potentielle de mutations
cancérigènes, une plus grande quantité de cellules devrait correspondre à une plus grande
probabilité d’apparition d’une cellule cancéreuse et donc du cancer. Cependant, les données
ne correspondent pas à cette théorie. Bien qu’observée au niveau intraspécifique, par exemple
chez l’Homme (Green et al. 2011) ou chez le chien (Fleming et al. 2011) où il existe une
relation significative entre la taille de l’individu et l’incidence de cancer, cette relation ne se
vérifie pas entre espèces (Rangarajan & Weinberg 2003; Caulin et al. 2015; Peto 2015). C’est
ce qu’on appelle désormais le paradoxe de Peto (Peto et al. 1975). L’avancée apportée par ce
paradoxe réside dans la preuve que non seulement l’évolution a pu sélectionner des
mécanismes de résistances au cancer mais en plus, de manière différentielle pour chaque
espèce (Roche et al. 2012).
Depuis son énoncé, celui-ci a servi de base à de nombreux modèles théoriques ainsi que
plusieurs observations notamment dans le domaine de l’oncologie comparative (Nunney et al.
2015). Associé à des recherches au niveau cellulaire, moléculaire et génétique, il a permis
d’identifier plusieurs mécanismes de résistances contre le cancer (Caulin & Maley 2012).
Pour ne citer que les plus connus, on compte la réduction du nombre de cellules souches,
(Pepper et al. 2007; Tomasetti & Vogelstein 2015; Noble et al. 2015), l’augmentation du
nombre et donc de la redondance de gènes suppresseurs de tumeurs « TSG » (et donc du
nombre de « hits » nécessaires à l‘apparition d’une cellule cancéreuse) (Abegglen et al. 2015)
ou encore la réduction de taux et de certains produits métaboliques (Dang 2015). Cependant
de nombreux autres mécanismes semblent entrer en jeu (Caulin & Maley 2012). Bien que
fortement exploré, le paradoxe de Peto repose sur des hypothèses simplistes, limitant
l’utilisation de celui-ci en tant qu’hypothèse nulle afin identifier le rôle de l’évolution
(Ducasse et al. 2015; Nunney et al. 2015). Il est encore difficile de conclure sur un mécanisme
général et l’existence de pressions de sélection différentes entre organes suggère que des
analyses plus précises au niveau tissulaire sont nécessaires (Tomasetti & Vogelstein 2015;
Noble et al. 2015; Roche et al. 2015).
Avec l’identification de mécanismes de résistances formés par la sélection, le cancer s’inscrit
lui-même dans une dynamique d’évolution. En effet, comme considéré dans les modèles
étudiant les infections (Restif & Joella 2004) et prouvé par l’existence du cancer encore à nos
jours, ces mécanismes de résistances ne seraient pas sans coûts (Moses & Brown 2003). La
présence de compromis avec des traits influant la fitness semble inévitable. Coïncidant avec