É Immunologie et onco-hématologie dossier Injection de lymphocytes du donneur pour la rechute d’une hémopathie maligne : comment en améliorer l’efficacité ? Searching to improve the antitumoral effect of donor lymphocyte infusions C. Alanio*, J.L. Cohen**, S. Maury*** RÉSUMÉ H .... .... Mots-clés : Allogreffe de cellules souches hématopoïétiques – Injection de lymphocytes du donneur – Effet greffon contre tumeur – Lymphocytes T régulateurs. .... .... L’ .... .... COH Vol.VII - no 2 .... .... injections de lymphocytes du donneur (ILD) sont classiquement utilisées dans le traitement des rechutes après allogreffe de cellules souches hématopoïétiques, mais leur efficacité reste incomplète. Afin d’augmenter leur effet antitumoral (Graft versus Tumor [GvT]), plusieurs tentatives de stimulation des lymphocytes du donneur ex vivo, ou in vivo après leur réinjection, ont été développées. Bien que ces expériences aient apporté des résultats encourageants, elles n’ont pas été adoptées en pratique courante. Récemment, nous avons testé la possibilité de dépléter les lymphocytes T régulateurs des ILD avec l’idée de stimuler ainsi la prolifération des lymphocytes alloréactifs. Chez des patients en rechute après allogreffe et sans antécédent de maladie du greffon contre l’hôte, cette approche permet d’induire des manifestations d’alloréactivité incluant un effet GvT. Elle ouvre des perspectives pour l’optimisation des ILD en pratique courante. nts, vous n des aires efficacité de la greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) allogéniques pour le traitement des hémopathies malignes repose à la fois sur la myéloablation induite par le conditionnement et sur le transfert, au sein du greffon, de cellules immunocompétentes du donneur exerçant un effet antitumoral (1). Cet effet Graft versus Tumor (GvT) a été suggéré initialement en comparant les taux de rechute entre des patients recevant un greffon non manipulé et ceux recevant un greffon déplété en lymphocytes T (2, 3). Il a ensuite été prouvé cliniquement dans le cadre des rechutes de patients atteints d’une leucémie myéloïde chronique (LMC) après greffe, où l’injection de Summary »»Les ays. .... thématique Although routinely used for relapse after allogeneic hematopoietic stem cell transplantation (HSCT), donor lymphocyte infusion (DLI) is often not successful in controlling malignancy. Previous attempts to increase response rates, using ex vivo or in vivo activated T-cells, have provided encouraging preliminary results. However, these strategies have not been incorporated into a wide clinical use. Regulatory T-cells (Tregs) may reduce alloreactivity, the major component of the graft versus tumor (GvT) effect. We recently tested the possibility to deplete Tregs from DLI in order to improve alloreactivity and likewise the GvT effect of donor T-cells. In patients relapsing after HSCT and who did not experience graft-versus-host disease before, this approach permits to induce alloreactivity manifestations including a GvT effect. It offers a rational for DLI optimization in a wide clinical use. Keywords: Allogeneic hematopoietic stem cell transplantation – Donor lymphocyte infusion – Graft versus tumor effect – Regulatory T-cells. lymphocytes du donneur (ILD, ou DLI en anglais, pour Donor Lymphocytes Infusion) pouvait induire une nouvelle rémission sans nécessiter de chimiothérapie complémentaire (4). Les ILD sont aujourd’hui utilisées dans presque toutes les pathologies malignes concernées par la transplantation médullaire, et notamment dans le cadre des rechutes (5). On distingue les ILD thérapeutiques, majoritaires, administrées aux patients en rechute de leur maladie ou chez qui le chimérisme du donneur (après conditionnement d’intensité réduite) reste incomplet, et les ILD préventives, d’application plus restreinte, administrées de façon programmée à des intervalles définis Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2012 *Centre d’immunologie humaine, département d’immunologie, Institut Pasteur, Paris. **CIC biothérapie, hôpital Henri-Mondor, Créteil. ***Service d'hématologie clinique, hôpital HenriMondor, Créteil. 83 Immunologie et onco-hématologie dossier thématique après la transplantation, le plus souvent dans le cadre d’un greffon initialement déplété en lymphocytes T. Les facteurs prédictifs de la réponse après ILD sont le nombre de lymphocytes T CD3+/kg injectés (> 10 × 106) et la survenue d’une GvH post-ILD (6, 7). La GvH, dans sa forme aiguë ou chronique, représente à la fois la principale complication, parfois létale, rencontrée après ILD, et l’un des principaux facteurs significativement associés à un effet bénéfique sur la maladie hématologique. Cette dualité rend difficile la mise au point de stratégies visant à diminuer l’incidence de la GvH après ILD. Aujourd’hui, la principale approche utilisée pour limiter ce risque consiste à injecter des doses successives et progressivement croissantes de lymphocytes du donneur, à des intervalles variables, selon l’évolution clinique (8). L’idée sous-jacente à cette utilisation est que l’incidence de la GvH augmente avec la dose de lymphocytes injectés et que l’on peut ainsi atteindre un juste équilibre entre la GvH et l’effet GvT désiré. Les résultats obtenus avec cette approche, bien que les schémas varient selon les études, sont encourageants. Chez des patients en rechute après allogreffe, pour lesquels il y a peu d’alternatives et dont le pronostic est sévère, l’ILD constitue une option thérapeutique acceptable, même si son efficacité reste actuellement très relative dans la plupart des pathologies considérées. En effet, dans une série rétrospective de 140 patients traités par ILD, les taux d’obtention d’une rémission complète étaient de 60 % pour la LMC (n = 55, toutes formes de la maladie confondues), mais de seulement 15 % pour la leucémie aiguë myéloïde (LAM) [n = 39] et de 18 % pour la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) [n = 11] (9). Dans ce cadre, de nombreux efforts de recherche visent actuellement à améliorer l’efficacité antitumorale de l’ILD sans pour autant augmenter la mortalité. Ils sont présentés ci-après. Combiner chimiothérapie et ILD Stimulation des lymphocytes T du donneur Présentation des lymphocytes T régulateurs L’ensemble des mécanismes empêchant une activation pathologique du système immunitaire contre les tissus (le “soi”) tout en préservant les réponses dirigées contre les agents exogènes (le “non-soi”) est appelé “tolérance immunitaire”. Celle-ci a 2 composantes : ✓✓ la tolérance centrale, qui agit au lieu même de génération des lymphocytes ; ✓✓ la tolérance périphérique, qui contrôle les lymphocytes matures une fois ceux-ci libérés dans la circulation. Les lymphocytes T régulateurs (Treg) sont des cellules immunitaires qui jouent un rôle primordial dans la tolérance périphérique et la régulation du système Une première approche consiste à stimuler les lymphocytes T du donneur avant de les injecter à des patients ne répondant pas à une ILD standard. L’activation des cellules peut se faire soit in vitro avant l’injection, soit in vitro et in vivo après l’injection, par de l’IL-2 recombinante humaine (10, 11). Plus récemment, l’activation des lymphocytes s’est faite in vitro par costimulation par des billes anti-CD3 et anti-CD28 (12). Bien que ces essais aient apporté des résultats encourageants, les techniques qui s’y rattachent n’ont pas été adoptées en pratique clinique courante. 84 Une deuxième approche consiste à combiner l’administration d’une chimiothérapie à l’ILD afin d’en intensifier l’effet. Cette approche repose sur 2 concepts : ✓✓ l’un suppose que l’effet antileucémique sur des cellules tumorales en faible quantité aura plus de chances de succès ; ✓✓ l’autre se fonde sur une activation plus forte (et donc un effet GvT plus important) provoquée par les lymphocytes T du donneur dans un contexte lymphopénique induit par la chimiothérapie. Dans le seul essai clinique publié, utilisant de fortes doses de lymphocytes T, la survenue de GvH gravissimes, souvent mortelles dans le bras chimiothérapie, a conduit à l’interruption prématurée de l’étude (13). Améliorer la présentation des antigènes tumoraux Une troisième approche vise à améliorer la présentation des antigènes tumoraux afin de rendre les patients plus sensibles à l’effet GvL. Elle repose notamment sur des données obtenues in vitro sur des cellules de leucémie myéloïde, qui peuvent être différenciées en cellules dendritiques (DC) à l’aide de cytokines telles que l’IFNα ou le GM-CSF (14, 15). Cette méthode est en cours de perfectionnement. Manipulation ex vivo d’une sous-population des lymphocytes du donneur L’approche que nous présentons ici repose sur la manipulation ex vivo, avant l’injection, d’une sous-population des lymphocytes du donneur, à savoir les lymphocytes T CD4+CD25+Foxp3 immunorégulateurs (T-régulateurs). Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2012 Injection de lymphocytes du donneur pour la rechute d’une hémopathie maligne : comment en améliorer l’efficacité ? immunitaire afin de conserver l’homéostasie lymphocytaire. Ils maintiennent la tolérance au soi et préviennent l’auto-immunité. Ils modèrent l’inflammation induite par les pathogènes et autres agressions environnementales telles que les allergènes, et participent à l’établissement et au maintien d’une flore microbiotique au niveau intestinal. Cette population a été initialement identifiée chez la souris (16). Elle y représente environ 5 % des T CD4+ et se caractérise par une expression forte et constitutive du marqueur CD25 (chaîne α du récepteur à l’IL-2) ainsi que par des fonctions immunorégulatrices observables in vitro et in vivo. La complexité des travaux portant sur les Treg chez l’homme vient en partie de la difficulté à identifier précisément cette population. En effet, les Treg expriment de façon forte et constitutive le marqueur CD25, mais celui-ci n’est pas spécifique, car il est également sur­ exprimé par les T effecteurs activés (Teff). En moyenne, on retrouve dans le sang humain plus de 30 % de T CD4+CD25+, dont seuls 2 à 4 % ont une expression forte de CD25 et peuvent être considérés comme des Treg. La difficulté est donc de bien définir la limite entre les CD25 forts (Treg) et les CD25 intermédiaires (Teff), et que celle-ci soit reproductible entre différents laboratoires, différents patients et différents examinateurs. D’autres marqueurs fortement surexprimés par les Treg ont été identifiés et aident à leur identification. Le principal est le facteur nucléaire de transcription Foxp3 (Forkhead box P3), dont la surexpression est primordiale pour l’acquisition de fonctions régulatrices par ces cellules. Une déficience en Foxp3 entraîne un syndrome lymphoprolifératif avec des manifestations d’autoimmunité qui touchent de multiples organes, que ce soit chez la souris (mutant scurfy) ou chez l’homme (syndrome Immunodysregulation Polyendocrinopathy and Enteropathy, X-linked [IPEX]). On peut citer également le GITR et le CTLA-4 intracellulaire, et l’absence ou la faible expression membranaire du récepteur à l’IL-7, CD127. Cependant, tout comme CD25, aucun n’est totalement spécifique des Treg, un pourcentage significatif de Teff activés ayant un profil immunophénotypique semblable sans pour autant avoir de propriétés régulatrices. Les Treg Foxp3+ expriment un récepteur T à l’antigène à leur surface, qu’ils utilisent pour reconnaître spécifiquement leur antigène cible ; ils ont un répertoire qualitativement distinct des T conventionnels. Leurs mécanismes d’action sont nombreux et souvent multiples : inhibition de la prolifération des Teff, inhibition de la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires, inhibition de la maturation des DC, inhibition de la prise de contact des Teff avec les DC, production de cytokines à action anti-inflammatoire (TGFβ, IL-10, AMPc), ou encore conversion des DC en cellules tolérogènes. Treg et alloréactivité L’allo-immunité correspond à la reconnaissance d’antigènes étrangers codés par le système du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH), et par différents loci d’antigènes mineurs d’histocompatibilité. Elle implique à la fois l’immunité innée et l’immunité acquise. Cette dernière joue un rôle primordial via les lymphocytes T CD4+ et/ou CD8+, dits allogéniques, qui peuvent directement reconnaître des molécules étrangères du CMH et leurs peptides associés présentés par des cellules présentatrices d’antigène allogéniques, ou indirectement reconnaître des peptides étrangers présentés par des cellules présentatrices d’antigène syngéniques. Les Treg naturels ont un rôle physiologique dans la régulation de la tolérance aux alloantigènes paternels durant la gestation, ainsi qu’aux allergènes de l’environnement (17). Ainsi, chez la souris, l’élimination des Treg par un anticorps anti-CD25 entraîne la perte des fœtus en cours de gestation lorsque les 2 géniteurs sont de fonds génétiques différents. En greffe d’organe, une série d’études précliniques chez la souris a montré que les Treg du receveur étaient critiques pour l’induction de tolérance et la prise de greffe au long cours (18). En transplantation hématopoïétique, plusieurs études ont analysé le compartiment de Treg au sein du greffon et/ou dans le sang du receveur, afin de corréler ces données à l’incidence de la GvH aiguë ou chronique (19). On pense aujourd’hui qu’il existe une corrélation inverse entre le nombre absolu de Treg du greffon − ou plutôt le ratio entre Treg et T conventionnels au sein du greffon − et la survenue d’une GvH aiguë (20). Concernant le nombre de Treg dans le sang des patients greffés, les résultats des différentes études sont globalement discordants. La localisation semble être un élément important à prendre en considération : en effet, les patients greffés présentant de forts taux de Treg dans la muqueuse intestinale ont un risque diminué de GvH aiguë ou chronique. Chez l’animal, dans un modèle murin de greffe de CSH, la déplétion en CD25 chez le donneur accélère la GvH, alors que leur injection prévient ou améliore la GvH aiguë ou chronique et accélère la reconstitution immunitaire (21). Enfin, en pathologie tumorale, les Treg chargés physio­ logiquement d’induire une tolérance vis-à-vis des antigènes du soi ont un effet délétère en induisant une puissante immunosuppression vis-à-vis des antigènes tumoraux, qui sont justement souvent des antigènes du soi. Ils représentent en pratique clinique un important Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2012 85 Immunologie et onco-hématologie dossier thématique mécanisme d’échappement tumoral, et un obstacle important au succès de l’immunothérapie en pathologie tumorale (22). Ces cellules sont donc la cible de nombreux essais cliniques visant à réduire leur nombre et/ou leurs fonctions au sein du microenvironnement tumoral, et donc à augmenter l’immunité naturelle anticancéreuse. La déplétion en Treg accentue l’effet GvH/GvT après ILD Depuis que l’on a découvert que les Treg participent à la suppression des réponses antitumorales, la possibilité d’inhiber leur fonction est devenue un atout pour le développement d’immunothérapies anticancéreuses efficaces (23). Dans le cadre de l’ILD, améliorer l’efficacité thérapeutique reste un défi important pour des patients ayant souvent peu d’alternatives. Nous avons ainsi cherché à optimiser l’effet antitumoral après ILD par déplétion des lymphocytes T régulateurs CD25+ contenus dans la lymphaphérèse (figure 1). Cet essai clinique s’adressait à des patients réfractaires à une ou plusieurs ILD ; ils devaient également n’avoir jamais présenté de manifestations de GvH par le passé, ni après Cytaphérèse la greffe, ni après une ou plusieurs ILD antérieures. Chez ces sujets, que l’on pourrait qualifier de réfractaires à l’alloréactivité, l’objectif était de déclencher pour la première fois depuis la greffe des stigmates cliniques d’alloréactivité (GvH et/ou GvT) grâce à une ILD déplétée en Treg (d-ILD). Grâce à la collaboration de 5 centres français de greffe, 17 patients ont été inclus dans cet essai (24). Une dose moyenne de 4,3 × 107 CD3+/kg (range: 1-10) a été injectée aux receveurs sans aucune toxicité aiguë. Sur les 17 patients, 2 ont développé une GvH après d-ILD alors qu’ils n’en avaient jamais présenté au décours de traitements antérieurs. Cet effet était associé à un effet GvT documenté dans les 2 cas. Chez 3 autres patients, un effet GvT sans manifestations cliniques de GvH a été observé. Chez les patients toujours résistants à l’alloréactivité, nous avons ensuite émis l’hypothèse que les Treg présents chez le receveur au moment de l’injection pouvaient limiter l’aptitude de la d-ILD à induire l’allo­ réactivité. Nous avons donc administré une d-ILD dans un contexte de lymphodéplétion du receveur, qui permet à la fois d’éliminer les Treg du receveur et d’entraîner Anti-CD25 Fraction positive Fraction totale Fraction négative (déplétée) CD4 CD4 Injection aux 17 patients en rechute après allogreffe CD25 Foxp3 CD25 Foxp3 Figure 1. Déplétion des cellules CD25+ du donneur. Les cellules du donneur sont incubées avec un anticorps anti-CD25 couplé à des microbilles, puis passées sur colonne magnétique. La fraction négative, déplétée en cellules CD25+, est alors collectée et conditionnée en vue de son injection au receveur. L’analyse en cytométrie de flux de l’expression des molécules CD25 et Foxp3 parmi les lymphocytes T CD4+ atteste d’une déplétion en Treg constamment supérieure à 90 %. 86 Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2012 Injection de lymphocytes du donneur pour la rechute d’une hémopathie maligne : comment en améliorer l’efficacité ? ILD Greffe allogénique Cy-Flu + ILD déplétée en Treg Cy-Flu + ILD non manipulée Rechute de l’hémopathie maligne Réponse insuffisante Réponse insuffisante Absence de GvD Cy-Flu • Cyclophosphamide : 1 g/m2/j J-5 • Fludarabine : 30 mg/m2/j J-5 à J-2 Figure 2. ILD déplétée en Treg : proposition d’un schéma pour une extension d’utilisation en routine. l’expansion et la prolifération homéostatique des cellules effectrices infusées. Cette lymphodéplétion était obtenue grâce à l’administration de cyclophosphamide (1 g/m2 à J-5) et de fludarabine (30 mg/m2/j à J-5, J-4, J-3 et J-2) avant l’injection de l’ILD déplétée. Ainsi, chez 4 patients qui avaient déjà reçu une d-ILD sans effet notable, l’addition d’une lymphodéplétion a entraîné de façon constante l’induction d’un effet GvH/GvT. Globalement, nos résultats montrent que, chez ces patients, l’injection de cellules T effectrices déplétées en Treg dans un environnement lui-même déplété en Treg est optimale pour l’induction d’une alloréactivité. Conclusion Ainsi, l’induction de GvH dans cette cohorte très spécifique de patients était significativement associée à une meilleure survie globale (83 % ± 15 % versus 27 % ± 13 % [p = 0,035]). Cependant, certains sujets ont eu un effet GvL sans GvH, et d’autres ont développé une maladie progressive malgré l’induction d’une alloréactivité. Point important : toutes les GvH induites après d-ILD ont pu être contrôlées par une corticothérapie simple, ce qui montre la sécurité de cette approche. Même si l’efficacité de cette nouvelle stratégie devrait idéalement être évaluée de manière contrôlée, la mise en place d’un tel essai n’est pas simple, du fait notamment de l’hétérogénéité des patients et de leur statut hématologique au moment de l’ILD. D’ores et déjà, une utilisation compassionnelle de cette approche est possible, sous réserve d’un financement par le centre en charge du patient. Tenant compte de notre expérience actuelle et des données de la littérature, la place de l’ILD déplétée en Treg peut être définie de la manière suivante (figure 2) : ✓✓ elle est réservée aux patients n’ayant pas développé de stigmates francs de GvH après la ou les ILD précédentes ; ✓✓ elle doit être combinée à un traitement lymphopéniant de type Cy-Flu, qui augmente clairement son efficacité ; ✓✓ elle doit, dans la mesure du possible, être précédée d’une ILD non manipulée, combinée à ce même traitement lymphopéniant. ■ Références 1. Horowitz MM, Gale RP, Sondel PM et al. 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Br J Haematol 2007;136(6):833-6. >>> Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. VII - n° 2 - avril-mai-juin 2012 87 Immunologie et onco-hématologie dossier thématique >>> Références 13. Miller JS, Weisdorf DJ, Burns LJ et al. Lymphodepletion 18. Wood KJ, Sakaguchi S. Regulatory T cells in transplantation followed by donor lymphocyte infusion (DLI) causes significantly more acute graft-versus-host disease than DLI alone. Blood 2007;110(7):2761-3. 19. Cohen JL, Boyer O. The role of CD4+CD25hi regulatory T cells in the physiopathogeny of graft-versus-host disease. Curr Opin Immunol 2006;18(5):580-5. combination with GM-CSF induces the differentiation of leukaemic antigen-presenting cells that have the capacity to stimulate a specific anti-leukaemic cytotoxic T-cell response from patients with chronic myeloid leukaemia. Br J Haematol 2000;111(2):596-607. 20. Rezvani K, Mielke S, Ahmadzadeh M et al. High donor 15. Kolb HJ, Rank A, Chen X et al. In-vivo generation of leu- noregulatory T cells: new therapeutics for graft-versus-host disease. J Exp Med 2002;196(3):401-6. 16. Sakaguchi S, Sakaguchi N, Asano M et al. Immunologic self-tolerance maintained by activated T cells expressing IL-2 receptor alpha-chains (CD25). Breakdown of a single mechanism of self-tolerance causes various autoimmune diseases. J Immunol 1995;155(3):1151-64. 17. Aluvihare VR, Kallikourdis M, Betz AG. Regulatory T cells mediate maternal tolerance to the fetus. Nat Immunol 2004;5(3):266-71. 21. Cohen JL, Trenado A, Vasey D et al. CD4(+)CD25(+) immu22. Colombo MP, Piconese S. Regulatory-T-cell inhibition versus depletion: the right choice in cancer immunotherapy. Nat Rev Cancer 2007;7(11):880-7. 23. Nishikawa H, Sakaguchi S. Regulatory T cells in tumor immunity. Int J Cancer 2010;127(4):759-67. 24. Maury S, Lemoine FM, Hicheri Y et al. CD4+CD25+ regula- tory T cell depletion improves the graft-versus-tumor effect of donor lymphocytes after allogeneic hematopoietic stem cell transplantation. Sci Transl Med 2010;2(41):41ra52. LEVACT® 2,5 mg/ml, poudre pour solution à diluer pour perfusion. Composition* : 25 mg de chlorhydrate de bendamustine/flacon de 26 ml. 100 mg de chlorhydrate de bendamustine/ flacon de 60 ml. Indications thérapeutiques : Traitement de première ligne de la leucémie lymphoïde chronique (stade Binet B ou C) des patients chez qui une polychimiothérapie comportant de la fludarabine n’est pas appropriée. Traitement en monothérapie du lymphome non hodgkinien indolent en progression, pendant ou dans les 6 mois, chez des patients ayant reçu un traitement par rituximab seul ou en association. Traitement de première ligne du myélome multiple (stade II en progression ou stade III de la classification de Durie-Salmon) en association avec la prednisone chez des patients de plus de 65 ans qui ne sont pas éligibles pour la greffe autologue de cellules souches et qui présentent une neuropathie au moment du diagnostic excluant l’utilisation de traitement comportant du thalidomide ou du bortezomib. Posologie et mode d’administration* : Perfusion IV de 30 à 60 minutes. Administration sous le contrôle d’un médecin qualifié et expérimenté en matière de chimiothérapie anticancéreuse. Leucémie lymphoïde chronique en monothérapie : 100 mg/m2 de surface corporelle de chlorhydrate de bendamustine à J1 et J2 ; toutes les 4 semaines. Lymphomes non hodgkinien indolents en monothérapie chez les patients réfractaires au rituximab : 120 mg/m2 de surface corporelle de chlorhydrate de bendamustine à J1 et J2 ; toutes les 3 semaines. Myélome multiple : 120150 mg/m2 de surface corporelle de chlorhydrate de bendamustine à J1 et J2, prednisone 60 mg/m2 IV ou per os de J1 à J4 ; toutes les 4 semaines. Le traitement doit être interrompu ou reporté lorsque le taux de leucocytes et/ou de plaquettes devient respectivement < 3 000/µl ou < 75 000/µl. En cas de toxicité non hématologique, il est recommandé une diminution de dose de 50 % en cas d’apparition d’une toxicité de grade 3 et une interruption du traitement en cas d’apparition d’une toxicité de grade 4. Insuffisance hépatique : Pas d’ajustement de doses nécessaire chez les patients ayant une insuffisance hépatique légère. Réduction de 30 % de la dose recommandée chez les patients présentant une insuffisance hépatique modérée. Aucune donnée pour les patients présentant une insuffisance hépatique sévère. Insuffisance rénale : Pas d’ajustement de doses nécessaire chez les patients ayant une clairance de la créatinine > 10 ml/min. L’expérience chez les patients présentant une insuffisance rénale sévère est limitée. Pédiatrie : Pas d’expérience chez l’enfant et l’adolescent. Patients âgés : Aucun élément suggérant que des ajustements posologiques soient nécessaires. Contre-indications : Hypersensibilité au chlorhydrate de bendamustine ou à l’un des excipients (voir Excipients). Allaitement. Insuffisance hépatique sévère (bilirubine sérique > 3,0 mg/dl). Ictère. Myélosuppression sévère et anomalie importante de la numération formule sanguine (le taux de leucocytes et/ou de plaquettes respectivement < 3 000/µl ou < 75 000/µl). Intervention chirurgicale lourde moins de 30 jours avant le début du traitement. Infections, notamment en cas de leucopénie. Vaccination contre la fièvre jaune. Mises en garde spéciales et précautions d’emploi* : Myélosuppression*. Infections*. Réactions cutanées*. Patients présentant des troubles cardiaques*. Nausées, vomissements*. Syndrome de lyse tumorale*. Anaphylaxie*. Contraception*. Extravasation*. Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interaction : Aucune étude d’interactions in vivo n’a été réalisée. En cas d’association à des agents myélosuppresseurs, l’effet sur la moelle osseuse de Levact® et/ou des médicaments associés peut être potentialisé. Tout traitement diminuant l’indice de performance du patient ou altérant la fonction médullaire est susceptible d’augmenter la toxicité de Levact®. L’association de Levact® avec de la cyclosporine ou du tacrolimus peut entraîner une importante immunosuppression avec un risque de lymphoprolifération. Les agents cytostatiques peuvent réduire la formation d’anticorps lors de l’utilisation de vaccins à virus vivants atténués et augmenter le risque d’infection pouvant entraîner une issue fatale. Il existe une interaction potentielle avec des inhibiteurs du CYP1A2. Grossesse et allaitement* : Grossesse : Levact® ne doit pas être administré pendant la grossesse sauf si absolument nécessaire. Femme en âge de procréer / contraception : Les femmes en âge de procréer doivent utiliser des méthodes de contraception efficaces avant et pendant le traitement par Levact®. Les hommes traités par Levact® doivent être avertis de ne pas concevoir d’enfant pendant le traitement et ce jusqu’à 6 mois après la fin de celui-ci. Allaitement : contre-indiqué. Effets sur l’aptitude à conduire des véhicules et à utiliser des machines* : Les patients doivent être informés que s’ils présentent une ataxie, une neuropathie périphérique ou une somnolence, ils doivent éviter d’entreprendre des tâches potentiellement dangereuses telles que conduire ou utiliser des machines. Effets indésirables* : Les effets indésirables les plus fréquents du chlorhydrate de bendamustine sont des réactions hématologiques (leucopénie, thrombopénie), des toxicités dermatologiques (réactions allergiques), des symptômes généraux (fièvre) et des effets gastro-intestinaux (nausées, vomissements). Pour les données recueillies au cours des essais cliniques, CONSULTER IMPERATIVEMENT LA MONOGRAPHIE. Un petit nombre de cas de syndrome de Stevens-Johnson et de nécroses toxiques épidermiques ont été rapportés (en association avec l’allopurinol ou avec l’allopurinol et le rituximab). Le ratio CD4/CD8 peut être diminué. Une diminution du nombre des lymphocytes a été mise en évidence. Chez les patients immunodéprimés, le risque d’infection peut être augmenté. Après administration extra-vasculaire accidentelle, des cas isolés de nécrose ont été rapportés ainsi que des nécroses toxiques épidermiques, un syndrome de lyse tumorale et une anaphylaxie. Des cas de tumeurs secondaires ont été rapportés incluant un syndrome myélodysplasique, des pathologies myéloprolifératives, une leucémie myéloïde aiguë et un carcinome bronchique. Surdosage*. Propriétés pharmacodynamiques* : Groupe pharmacothérapeutique : agents antinéoplasiques, agents alkylants, Code ATC : L01AA09. Données de sécurité préclinique*. Incompatibilités* : Ce médicament ne doit pas être mélangé avec d’autres médicaments à l’exception de ceux mentionnés en « Instructions pour l’utilisation, la manipulation et l’élimination ». Durée de conservation* : 3 ans. La poudre doit être reconstituée immédiatement après ouverture du flacon. La solution concentrée reconstituée doit être diluée immédiatement dans une solution de chlorure de sodium à 0,9%. Précautions particulières de conservation* : Conserver le flacon dans l’emballage extérieur d’origine, à l’abri de la lumière. Précautions particulières d’élimination et de manipulation* : La poudre pour solution à diluer pour perfusion doit être reconstituée avec de l’eau pour préparations injectables, puis diluée dans une solution de chlorure de sodium pour préparations injectables à 0,9 % et ensuite administrée en perfusion par voie intraveineuse. Les conditions d’asepsie et de sécurité exigées pour une injection intraveineuse doivent être respectées. Titulaire de l’AMM : Astellas Pharma GmbH - Postfach 50 01 66 - 80971 Munich – Allemagne. Exploitant de l’AMM : Mundipharma SAS 2, rue du Docteur Lombard – 92130 Issy-les-Moulineaux. Numéro AMM : EU/1/01/187/001 ; CIP 34009 577 863 2 8 (25 mg, B/5) ; 34009 577 864 9 6 (25 mg, B/20) ; 34009 577 865 5 7 (100 mg, B/5). Liste I. Conditions de prescription et de délivrance : Médicament soumis à prescription hospitalière. Prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou en hématologie, ou aux médecins compétents en cancérologie. Médicament nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement. Agréé aux Collectivités. Inscrit sur la liste des spécialités prises en charge en sus des GHS (JO 17/02/2011). Tarif de responsabilité : 25 mg, B/5 : 71,132 € HT par UCD (3400893539705) et 100 mg, B/5 : 273,814 € HT par UCD (3400893539873). Information médicale : tel : 01.55.38.92.30 – Edition Février 2012 ® : LEVACT est une marque enregistrée. * Information complète, consulter le RCP disponible auprès de Mundipharma et/ou sur le site internet de l’Afssaps. *Au cœur de l’humain kaemia-derived dendritic cells. Best Pract Res Clin Haematol 2004;17(3):439-51. FOXP3-positive regulatory T-cell (Treg) content is associated with a low risk of GVHD following HLA-matched allogeneic SCT. Blood 2006;108(4):1291-7. Réalisation 14. Chen X, Regn S, Raffegerst S et al. Interferon alpha in tolerance. Nat Rev Immunol 2003;3(3):199-210. Photo : J-L Blérol response and graft-versus-host disease after donor lymphocyte infusions: a study on 593 infusions. Bone Marrow Transplant 2003;31(8):687-93. 8. Dazzi F, Szydlo RM, Craddock C et al. Comparison of singledose and escalating-dose regimens of donor lymphocyte infusion for relapse after allografting for chronic myeloid leukemia. Blood 2000;95(1):67-71. 9. Collins RH, Shpilberg O, Drobyski WR et al. Donor leukocyte infusions in 140 patients with relapsed malignancy after allogeneic bone marrow transplantation. J Clin Oncol 1997;15(2):433-44. 10. Slavin S, Naparstek E, Nagler A et al. Allogeneic cell therapy with donor peripheral blood cells and recombinant human interleukin-2 to treat leukemia relapse after allogeneic bone marrow transplantation. Blood 1996;87(6):2195-204. 11. Nadal E, Fowler A, Kanfer E et al. Adjuvant interleukin-2 therapy for patients refractory to donor lymphocyte infusions. Exp Hematol 2004;32(2):218-23. 12. Loren AW, Porter DL. Donor leukocyte infusions after unrelated donor hematopoietic stem cell transplantation. Curr Opin Oncol 2006;18(2):107-14. LEV0212/1 – édition février 2012. 7. Raiola AM, Van Lint MT, Valbonesi M et al. Factors predicting LEVAC