DIALOGUE AVOCAT-ÉCONOMISTE Sous la responsabilité de Gildas DE MUIZON, économiste, Microeconomix Olivier Oli i FRÉ FRÉGET ÉGET Avocat à la Cour Allen & Overy Gildas Gild de MUIZON RLC Économiste Microeconomix 1829 Comment articuler le droit et l’économie dans l’application du droit de la concurrence ? Le rôle croissant joué par l’analyse économique est devenu un lieu commun. Avocats de la concurrence et économistes sont fréquemment conduits à collaborer étroitement dans le cadre de la défense d’entreprises suspectées de pratiques anticoncurrentielle ou de la notification d’opérations de concentration. Quelle est la place de chacun d’eux ? Regards croisés. Revue Lamy de la concurrence : Vous intervenez tous les deux en droit de la concurrence. Pouvez-vous en quelques mots nous expliquer ce que cette notion recouvre pour vous ? Pourquoi économistes et avocats sont-ils appelés à travailler ensemble ? Gildas de Muizon : L’analyse économique occupe une place grandissante dans le domaine du droit de la concurrence. La modélisation microéconomique constitue en effet l’un des corpus théoriques fondant le droit de la concurrence : certaines pratiques sont sanctionnées parce qu’elles produisent des effets négatifs sur les consommateurs. Pour chaque cas d’espèce, c’est l’analyse approfondie des caractéristiques économiques du marché, de sa structure concurrentielle, du comportement du consommateur, de la nature du bien considéré, etc. qui permet de déterminer si leur effet sur le bien-être est négatif. L’analyse économique est ainsi au cœur de toute procédure liée à l’application du droit de la concurrence, tant dans le domaine du contentieux, lorsqu’il s’agit de sanctionner les abus de position dominante ou les cartels que dans le cadre du contrôle des fusions et acquisitions. Olivier Fréget : Le droit de la concurrence constitue aujourd’hui un ordre juridique intégral autonome, largement transnational. C’est-à-dire un ensemble de règles spécifiques ayant son propre champ territorial (les marchés) interprétées par des juridictions spécialisées travaillant en réseau et disposant de pouvoirs considérables (autorisation des concentrations, sanction de comportements anticoncurrentiels) selon une méthode suigeneris dans laquelle l’analyse économique occupe une large place mais qui n’est pas exclusive. D’autres considérations 98 R E V U E L A M Y D E L A C O N C U R R E N C E • A V R I L - J U I N 2 0 11 • N ° 2 7 juridiques voire de politique économique peuvent entrer en ligne de compte. Son objet principal est de maintenir les structures de marché ouvertes, « contestables » en permettant aux acteurs économiques d’y exprimer leurs talents sans interdire à d’autres d’y entrer. Comme tout droit, il vise à contenir la rivalité entre les acteurs à un niveau optimal afin que ceux-ci, soit en s’alliant, soit en abusant de leur pouvoir économique, ne privent pas les consommateurs ou leur liberté, ni leur confisquent les avantages reconnus à une économie libérale (décentralisation des décisions économiques, meilleures allocations des ressources rares, meilleurs rapport prix/qualité). Dans ce cadre l’analyse économique constitue un formidable outil pour éclairer les pratiques ou opérations et… un danger non moins grand lorsqu’elle s’érige en législateur exclusif de ce qui doit être admis ou pas. Notre dialogue avec nos « confrères économistes » s’inscrit toujours dans cette dialectique : éclairer la règle et ses conditions d’application mais ne pas prétendre en être l’outil exclusif d’appréciation de sa violation. Cela donne souvent à de très beaux débats à l’occasion des dossiers ! RLC : Alors comment faites-vous pour travailler ensemble avec, semble-t-il, de si grandes différences d’approches ? O.F. : Ce sont nos différences d’approches, voire de culture, qui nous rapprochent en fait ! Si le droit de la concurrence n’était qu’une forme d’économie appliquée, notre collaboration n’aurait aucun intérêt. Certains juristes prétendent ainsi déléguer aux économistes le soin de leur dire ce que la règle des droits veut dire quand d’autres économistes prétendent supplanter l’analyse juridique en y substituant un modèle analytique. Mais ce n’est plus alors du Droit mais une forme implicite Droit l Économie l Régulation G.deM. : Les missions que nous confient nos clients exigent d’être créatif et innovant. À chaque fois, les questions soulevées et les réponses apportées sont spécifiques. Et bien souvent nos travaux éclairent le client sur ses propres décisions. La théorie microéconomique et l’analyse économétrique constituent de formidables outils de modélisation des comportements des entreprises et des consommateurs. Ils peuvent être mobilisés pour mieux évaluer les conséquences probables d’une décision et mieux comprendre les déterminants du passé pour éclairer l’avenir. Par exemple l’analyse économétrique des données permet d’en extraire beaucoup d’informations pertinentes et souvent mal connues du client. Ab on n vi ezte vo ! us G.deM. : Je suis parfaitement en accord avec Olivier. Les équipes d’économistes travaillent en étroite collaboration avec les avocats pour nourrir l’argumentaire juridique de raisonnements économiques. Les économistes sont ainsi des experts techniques, qui, de la même façon qu’un expert informaticien ou un expert en pollution des eaux, apportent un éclairage sur certains mécanismes permettant de mieux comprendre les faits. C’est un dialogue permanent entre la vision business des opérationnels de nos clients, la vision juridique de leurs avocats et la vision de l’économiste, qui enrichit l’ensemble et renforce la solidité des thèses défendues. O.F. : Lorsqu’une équipe d’économistes et de juristes parvient à bien fonctionner ensemble en interaction étroite avec une entreprise, ils fournissent une véritable assistance stratégique à leur client, éclairant les conséquences de leurs opérations, leur permettant d’anticiper les réactions possibles de leurs rivaux et des autorités. Propos recueillis par Julie VASA Rédactrice en chef BULLETIN D’ABONNEMENT Revue Lamy de la Concurrence À retourner à l’adresse suivante : Wolters Kluwer France - Service Clients - Case Postale 402 1, rue Eugène et Armand Peugeot - 92856 Rueil-Malmaison cedex - www.wkf.fr Fax : 01 76 73 48 09 - Oui, je m’abonne à la Revue Lamy de la Concurrence (réf. 00158) et je choisis : L’abonnement 2 ans au prix de 833 € HT (850,49 € TTC) ; je bénéficie alors de 3 mois de lecture gratuite. Pour 2 ans 833 € HT seulement L’abonnement 1 an au prix de 462 € HT (471,70 € TTC) au lieu de 952 € HT soit 3 mois de lecture gratuite Pour 1 an : 462 € PERSPECTIVES DIALOGUE RLC : Comment ce travail en commun s’articule-t-il avec la stratégie des entreprises ? « de gouvernement d’experts ». Au surplus, aucun juge ne peut raisonner ainsi et souvent ces approches ne fonctionnent pas. Ce qu’un juriste demande à un économiste c’est de l’aider avant tout à éclairer les faits et ainsi l’aider à déterminer les règles les plus pertinentes et les conséquences d’une application de la règle si elle est interprétée de telle ou telle manière, – une sorte de grille d’analyse d’un réel économique qui ne se lit pas aussi facilement que les habituels litiges entre deux personnes. L’analyse économique peut aussi ouvrir des perspectives, fournir « un autre point de vue » et donc permettre de justifier un infléchissement de la règle dans un sens ou un autre. Mais cela peut entraîner une mutation de la règle laquelle va poser des difficultés juridiques complémentaires. HT Vous trouverez ci-joint mon règlement de _____________€ TTC par chèque à l’ordre de Wolters Kluwer France SAS, je recevrai une facture acquittée. Je réglerai à réception de la facture. Mme Mlle M. 002579 007 Nom : __________________________________________________________________________ Prénom : ______________________________________________________________________ Fonction : ____________________________________________________________________ Établissement : ______________________________________________________________ Adresse : ______________________________________________________________________ La Revue trimestrielle de la concurrence ___________________________________________________________________________________ Compris dans votre abonnement annuel 4 numéros de la Revue Lamy de la Concurrence 1 cédérom archives actualisé, accès @revue en ligne Le texte intégral des sources commentées et citées Le service d’actualités en ligne « Dernière minute Concurrence » Un partenariat privilégié avec les Matinées-débats Concurrence de la Lettre des Juristes d’Affaires A_RLC_1-10 Conditions de vente, informations et commandes : www.wkf.fr Droit l Économie l Régulation Code postal : Ville : ___________________________________________________________________________ Téléphone : Télécopie : E-mail : ________________________________________________________________________ N° Siret : Code NAF : Siège Établissement Nombre de salariés à mon adresse : __________________________________ * TVA 2,10 %. 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