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UE2 Biopathologie
E. Chirpaz
Date : 11/09/2014 Plage horaire : 14h - 16h
Promo : DFGSM2 2015/2016 Enseignant : E.Chirpaz
Ronéistes : GANGATE Nour
TESCHER Alexandre
Surveillance épidémiologique des cancers en France
I. Organisation
1. Introduction
2. L’exemple : le dépistage des cancers
3. Organisation
II. Les indicateurs
1. Incidence, prévalence, mortalité
2. La survie
III. Les objectifs de la surveillance épidémiologique des
cancers
IV. Les différentes sources de données
1. Les registres des cancers
2. Les données de mortalité
3. Bases médico-administratives
4. Autres sources de données
5. Au total
6. Estimations nationales
7. Quelques données
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I. Organisation
1. Introduction
L'Evidence Based Médecine correspond à la médecine factuelle.
Maintenant, tout ce qui est fait en médecine est basé sur les preuves scientifiques et c'est là
que l'épidémiologie et la recherche clinique ont toute leur place.
L'Evidence Based Médecine a été développée par des épidémiologistes canadiens au début
des années 1980. Il s'agit de fonder les principes de la pratique clinique sur des preuves. Ce
concept est à intégrer dans une démarche globale de Santé Publique au « sens large ».
Auparavant, on donnait des traitements de manière instinctive. Mais actuellement, on ne
travaille que sur des preuves, c’est le concept des essais thérapeutiques, ce que l’on appelle
l’EBM. Dans ce cadre s’est développé les biostatistiques, dont la médecine et l’épidémiologie.
2. L’exemple : le dépistage des cancers
Lorsqu'on met en place le dépistage d'un cancer, il y a des Critères OMS de dépistage utile :
- il faut qu'il se rapporte à un problème de Santé Publique
- les maladies qui sont à un stade latent doivent être identifiables
- les maladies doivent avoir un stade préclinique suffisamment long, dans lequel on
peut faire le dépistage de la maladie
- l’histoire naturelle de la maladie doit être connue
- un traitement efficace doit être disponible
- un test de dépistage doit être performant et acceptable
- le bilan économique doit être positif (le dépistage doit être rentable économiquement)
En général dans le dépistage des cancers, le critère d'évaluation est la diminution de la
mortalité.
Les dépistages de cancer du col, du sein et du colon sont des dépistages efficaces selon
certaines conditions : un frottis tous les 3 ans (pour les 25-65ans), une mammographie tous
les 2ans (pour les 50-74ans) et un hémoccult tous les 2 ans pour le colon (pour les 50-74ans)
Ainsi, on fait baisser la mortalité de 15à 90% selon la pathologie.
Cela pour montrer que maintenant on fait de la médecine clinicienne et de la santé publique,
qui se basent sur des données objectives.
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Certains examens ont été démontrés inefficaces pour :
- les cancers du poumon (faire des radios et/ou cytologie), la mortalité s'est avérée
inchangée.
- les neuroblastomes, le dépistage par analyse des catécholamines urinaires ne sert à
rien non plus.
On fait ainsi du surdiagnostic, et on ne change pas le pronostic. L’incidence des formes graves
restent inchangée.
A propos du problème du cancer de la prostate et son dépistage par le dosage des PSA
(prostatic specific antigen):
- Problème de Santé Publique Oui
- Stade latent identifiable Oui
- Histoire naturelle comprise Oui
- Traitement efficace Oui mais peut provoquer des séquelles
- Test performant et acceptable Oui mais risque de faux positifs
- Bilan économique Non fait
- Diminution de la mortalité Pas prouvée
Le cancer de la prostate est un cancer qui est dépistable par dosage des PSA. C'est une
pathologie qui concerne la personne âgée qui évolue très lentement et pour laquelle beaucoup
de gens meurent.
Et quand on fait un dépistage du cancer de la prostate, il nous arrive de trouver des faux
positifs. On va faire des traitements qui sont très agressifs avec des séquelles urinaires,
sexuelles notamment. On "agresse" alors des gens qui n'auraient pas besoin d'être traités.
Il y a un vrai problème sur le dépistage du cancer de la prostate étant donné son évolution
très lente avec de grands délais entre les diagnostics. Depuis 30 ans, les épidémiologistes se
posent la question suivante : est-ce nécessaire de dépister le cancer de la prostate à partir du
dosage des PSA et à partir de quel âge?
Source : C. Hill (IGR), 2008
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Ci-dessus a été représentée l'incidence des cancers de la prostate en France et aux Etats-Unis
dans les années 2000. Cette incidence a crûe de manière exponentielle dans les années 1990-
2000 puis s'est stabilisée parce que toutes les questions qui se posent autour de ce cancer
créent une diminution des personnes qui se font dépister.
L'épidémiologie vient du mot epi-dêmos qui signifie «science de ce qui s’abat sur le peuple».
C'est l'étude des facteurs influant sur la santé et les maladies des populations humaines.
Il s'agit d'une science qui se rapporte à la répartition, à la fréquence et à la gravité des états
pathologiques.
En effet, l'objectif de monter des bases de données, c'est de faire de l'épidémiologie.
L'Epidémiologie est aussi un outil de Santé Publique, nécessaire dans les domaines de la
recherche clinique, de l’observation et de l’évaluation en santé.
Selon Milos Jenicek et Robert Cléroux (1963), « l’épidémiologie est un raisonnement et une
méthode propre au travail objectif en médecine et dans d’autres sciences de la santé,
appliquée à la description des phénomènes de santé, à l’explication de leur étiologie et à la
recherche des méthodes d’intervention les plus efficaces.
Cette définition ne prenait en compte que l’aspect descriptif de l’épidémiologie dimension
descriptive (qu’on développera dans ce cours).
Mais plus récemment, des épidémiologistes ont rajouté à cette définition :
- l’épidémiologie étiologique (détermination des déterminants de santé et des facteurs
de risque) dimension étiologique
- l’évaluation des interventions (efficacité, efficience) : des méthodes d’investigation
(essais thérapeutiques, interventions de santé publique = dépistage, éducation pour la
santé, prévention…) dimension évaluative
- 3. Organisation
Comment est organisée la surveillance des cancers en France ?
En France, il y a 2 grands organismes impliqués dans la surveillance des cancers :
- l’InVS (Institut National de Veille Sanitaire) qui est un organisme public national
d’Etat, piloté par la direction d’hospitalisation. Il dépend du ministère de la santé. Il
est chargé de la surveillance, de la vigilance et de l’alerte dans tous les domaines
de santé publique. Ils ont plusieurs départements en charge, dont notamment celui
des maladies chroniques, qui a pour but de surveiller l’épidémiologie des cancers.
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- L’INCa (Institut National du Cancer) qui est un organisme d’Etat. Il prend en charge
l’organisation de la lutte contre le cancer au niveau national, notamment la
conception des plans cancers (on en est au 3e) et leur mise en application. Institut
mis en place lors du 1er plan cancer en 2004 et qui a pour fonction d’initier et soutenir
les politiques nationales en cancérologie et coordonner la lutte contre le cancer au
niveau national.
En plus nous avons :
- Le réseau FRANCIM qui est le réseau des registres des cancers (une 20aine en
France) et l’acteur principal de l’observation du cancer en France.
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- Le service des Biostatistiques des HCL qui traite les données des registres de
cancers en France, qui sort les chiffres d’incidence et de prévalence des cancers.
- Le centre d’épidémiologie sur les causes de décès (CépiDc-Inserm) traite les
certificats de décès et les statistiques sur les causes de décès.
- Il y a aussi la Sécu, la DGOS, la FNCLCC
Source : INVS
Ils récupèrent toutes ces données pour faires des statistiques et surveiller tout ce qui concerne
l’épidémiologie des cancers en terme descriptif.
Les plans Cancers mis en place en 2004, sous la présidence de Chirac qui ont pour mission
de coordonner les différents moyens de lutte contre le cancer.
Les plans cancers listent des mesures à mettre en place au niveau national sur 5 ans pour la
lutte contre les cancers (2004-2009/2009-2013).
Pour chaque plan cancer, il y a des thèmes et des déclinaisons de mesures pour avancer sur
la lutte contre le cancer.
Dans le 3ème plan, il y a tout un volet sur la surveillance épidémiologique du cancer.
Le 3e plan cancer 2014-2019 s’inscrit dans 4 dimensions :
- Guérir plus de personnes malades,
- Préserver la continuité et la qualité de vie,
- Investir dans la prévention
- Optimiser le pilotage et les organisations de la lutte contre les cancers.
Le dernier point passe par la surveillance épidémiologique des cancers car il faut avoir des
données objectives (dimension descriptive).
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