Champagne-Ardenne 2020 - Quels développements pour l`avenir ?

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Champagne-Ardenne 2020
Quels développements pour l’avenir ?
Assemblée plénière
30 septembre 2013
Table des matières
4
PRÉAMBULE
5
5
6
7
La démarche d’élaboration de l’étude prospective « Champagne-Ardenne 2020,
quels développements pour l’avenir ? »
Une réflexion prospective nécessaire à partir d’un diagnostic territorial stratégique
partagé permettant l’élaboration d’une stratégie de développement à horizon 2020
Le plan d’actions
SECTION 1 : Le diagnostic stratégique et prospectif du territoire
7
Les forces et faiblesses du territoire
12
Les menaces et opportunités du territoire
15
Les enjeux majeurs à horizon 2020
16 SECTION 2 : L’élaboration d’une stratégie sélective de développement à horizon 2020
16
Les orientations stratégiques qui ont conduit au choix des scénarii de développement
17
Déclinaison des axes de développement en actions opérationnelles
19 SECTION 3 : Un plan d’actions ambitieux et opérationnel
21
L’arborescence du plan d’actions
24
Les 4 enjeux transversaux déclinés en actions
33
Les 2 grands chantiers sectoriels déclinés en actions
33
Axe 1 : S’appuyer sur les « pépites industrielles » du territoire pour favoriser le
renforcement du tissu industriel régional et encourager la transition
écologique de l’économie champardennaise
43
Axe 2 : Diversifier l’économie de proximité en développant l’offre d’activités
tertiaires à la personne et aux entreprises, l’économie touristique et
culturelle, l’ESS... notamment en milieu rural
53 CONCLUSION : Fédérer pour mieux relever les défis de la Champagne-Ardenne de demain
55 GLOSSAIRE
Préambule
Depuis 2008, le monde connaît une crise économique profonde, qui touche
tous les territoires, et dont les conséquences sont notamment mesurables sur
l’emploi, le tissu économique et la démographie des territoires les plus exposés.
La Champagne-Ardenne, comme toutes les régions fortement industrialisées,
est particulièrement touchée.
Terre de contrastes, la région porte toutefois en elle les germes de son
renouveau : une ouverture forte sur l’International, des filières industrielles solides
et innovantes, une économie sociale largement déployée, et des acteurs
économiques déterminés et mobilisés. Reste à savoir comment faire des ces
atouts de réels vecteurs de valeur ajoutée et de création d’emplois, et par quels
moyens la Région et ses partenaires peuvent initier et orchestrer ce processus.
C’est avec la conscience de ces problématiques que la Région ChampagneArdenne, entourée de tous ses partenaires, a lancé en 2012 cette démarche
prospective « Champagne-Ardenne 2020, quels développement pour l’avenir ».
L’objectif était de définir les priorités de demain, vers lesquelles concentrer
tous les efforts, et ce dans l’optique d’un développement économique solidaire
et pérenne.
Bien entendu, les sujets de la territorialisation, des infrastructures, de
l’innovation,… auraient mérité d’être abordés dans un tel exercice, mais
ils feront l’objet de prochaines étapes de réflexion concertée, dans le but de
construire in fine courant 2014 la Stratégie Régionale de Développement
Economique et d’Innovation 2014-2020, dont ce travail doit être considéré
comme la première pierre.
Pour mener à bien cet exercice, les conseillers régionaux et les directions de la
Région Champagne-Ardenne ont été accompagnés par le cabinet Ernst & Young.
« Champagne-Ardenne 2020, quels développements pour l’avenir » est une
démarche volontaire et ambitieuse pour que la Champagne-Ardenne s’appuie
sur ses multiples atouts pour devenir un territoire exemplaire et retrouver très
rapidement un dynamisme économique durable.
La démarche d’élaboration
de l’étude prospective
« Champagne-Ardenne 2020,
quels développements pour l’avenir ? »
Une réflexion prospective nécessaire
Une crise qui n’en finit pas, des indicateurs socio-économiques peu favorables, une dynamique à retrouver,
le souhait de fédérer l’ensemble des acteurs et des habitants, voici les principales raisons qui ont mené la
Champagne-Ardenne à s’interroger sur les enjeux à horizon 2020. Les bases d’une démarche prospectives
étaient posées. « Champagne-Ardenne 2020, quels développements pour l’avenir ? » a démarré en mai
2012, avec la ligne de conduite suivante :
• Etre pragmatique : la Région Champagne-Ardenne est confrontée, comme la majorité des collectivités territoriales, à une érosion de ses marges de manœuvre financières avec des ressources
limitées. Cela implique la nécessité de concentrer ses efforts pour une plus grande performance
et efficience dans la réalisation de ses missions.
• Avoir une ambition claire et partagée : « Champagne-Ardenne 2020, quels développements
pour l’avenir ? » se devait de proposer un véritable pacte du développement économique
régional à horizon 2020, qui s’appuie sur les forces du territoire, dans toutes ses composantes
(acteurs économiques, pépites industrielles et atouts stratégiques).
• Réussir les partenariats de demain : si la Région Champagne-Ardenne est l’instigatrice de cette
démarche, elle l’a menée avec la volonté de mobiliser les acteurs institutionnels, économiques
et sociaux du territoire, dans un souci de mutualisation, de synergie et de cohérence, avec
l’objectif de rendre l’action publique territoriale plus simple et plus lisible
… à partir d’un diagnostic territorial stratégique partagé
Un diagnostic territorial objectif était nécessaire pour délimiter les constats et les enjeux du territoire et pour
définir les défis à relever pour le développement économique à horizon 2020.
Le diagnostic a à la fois porté sur les facteurs d’influence externes à la région et sur les constats propres au
territoire.
Il a mis en avant les atouts dont dispose la Champagne-Ardenne, qu’ils soient économiques, territoriaux,
sociaux ou environnementaux. Il est plus que jamais nécessaire en période de crise de s’appuyer sur ceux-ci
pour construire et mettre en action un modèle de croissance économique durable et faire de la ChampagneArdenne une région d’ambition et non de repli.
Les faiblesses recensées ont quant à elles constitué la base de réflexion pour entreprendre une série d’évolutions de fond du tissu économique et asseoir les choix de demain. En effet, plus que tout autre territoire,
la Champagne-Ardenne doit pleinement accélérer ses efforts pour combattre ses fragilités structurelles (en
matière d’emploi, de formation, d’équilibre des territoires...) et pour poursuivre ses engagements dans les
segments économiques d’avenir.
En ce sens, le diagnostic stratégique du territoire, a permis de mettre en avant les principales faiblesses,
structurelles et conjoncturelles, ainsi que les piliers sur lesquels faire reposer la croissance champardennaise de demain.
Le diagnostic, qui s’est voulu objectif et sans concession, a été dévoilé aux partenaires le 6 septembre 2012
dans le cadre de la Foire de Châlons-en-Champagne.
… permettant l’élaboration d’une stratégie de développement à horizon 2020
Les défis que la Champagne-Ardenne a souhaité relever au travers de cet exercice de prospective constituent
autant de challenges pour penser et améliorer la capacité collective d’action, optimiser la faculté
d’adaptation et d’innovation de chaque partenaire, améliorer la réactivité de chacun.
Avant de lancer cette réflexion prospective, le Président du Conseil régional a sollicité le Conseil économique social et environnemental régional afin qu’il apporte un éclairage sur les principales évolutions qui
pourraient impacter la région Champagne-Ardenne, pour les 10 à 20 années à venir.
Partant du principe que les modèles économiques doivent intégrer de plus en plus de facteurs,
énergétiques, climatiques, écologiques, sociaux, …le CESER s’est attaché à mettre en évidence les facteurs
qui influencent la dynamique de développement des territoires, et ce, par grand secteur d’activité économique (bâtiment, travaux publics, agriculture, viticulture, filière forêt-bois, industrie, tourisme, commerce
et services).
Les préconisations du CESER, destinées à faire évoluer les dispositifs économiques régionaux, ont servi de base
à la réflexion prospective dans l’optique de différencier la région Champagne-Ardenne des autres régions et
d’adopter une stratégie de développement économique claire, lisible, visible et partagée.
Le plan d’actions
De cette réflexion est né un plan d’actions opérationnel, destiné à répondre aux défis majeurs que la
Champagne-Ardenne doit relever à horizon 2020, notamment en terme d’emplois.
Parmi les 47 actions retenues pour les développements d’avenir de la région Champagne-Ardenne, 13 ont
été fléchées comme étant prioritaires.
Des choix stratégiques ont dû être réalisés pour déterminer ces priorités autour desquelles seront fédérés les
acteurs du développement économique territorial (État, Région, Départements, Établissements Publics de
Coopération Intercommunales et Communes, chambres consulaires, acteurs de l’économie sociale, branches
professionnelles…).
Section 1 :
Le diagnostic stratégique et prospectif
du territoire
Constats et enjeux : le diagnostic stratégique et prospectif a dressé les constats
objectifs qui ont permis d’identifier les enjeux du territoire et définir les défis à
relever pour le développement économique à horizon 2020.
1 - LES FORCES ET FAIBLESSES DU TERRITOIRE
► Un territoire contrasté :
Une localisation favorable, au cœur de plusieurs grandes zones économiques
La Champagne-Ardenne bénéficie d’une localisation stratégique au carrefour de plusieurs territoires à envergure européenne et mondiale. L’espace régional est tourné à la fois vers le bassin parisien, le Grand Est et
l’interrégion France-Belgique et plus largement vers l’Europe du Nord (et la Northern Range1 en particulier).
Par ailleurs, la réalité des flux économiques souligne plus particulièrement la densité des liens avec l’Ilede-France et la Lorraine.
Des pôles urbains de taille modeste structurent le territoire régional.
Globalement, le territoire est faiblement peuplé et peu urbanisé. Il figure en effet parmi les régions les
moins denses du territoire national. Environ 51% de la population vit en milieu rural contre près de 25%
d’urbains à l’échelle nationale.
En outre, l’absence d’agglomération de premier rang pénalise le territoire. Si Reims est la 12e ville de France,
elle n’en est que la 29e agglomération (au sens de l’unité urbaine2). En revanche, le territoire se structure
autour d’un chapelet de pôles urbains de taille intermédiaire (Reims, Troyes, Charleville-Mézières, Châlonsen-Champagne, Chaumont, Saint-Dizier…), ce qui lui confère une véritable spécificité à l’échelle française.
Un territoire étiré et contrasté, à la recherche d’un positionnement stratégique.
Des territoires aux disparités importantes coexistent au sein de la région ; ainsi, les densités des départements varient de 30 habitants/km² (en Haute-Marne) à 69 habitants/km², soit plus du double, dans la Marne.
Par ailleurs, une forme de fracture territoriale se marque entre territoires urbains et ruraux, alimentée par un
phénomène de déprise démographique, particulièrement sensible dans les territoires les plus ruraux.
Face à des agglomérations qui parviennent à maintenir leur attractivité, d’autres territoires subissent de fortes
mutations. En particulier, les vallées industrielles du Nord Est de la région qui sont confrontées à un déclin
industriel, doublé d’une faible attractivité résidentielle.
1
2
Correspond à l’alignement des principaux ports européens le long du littoral de la mer du Nord, servant de façade maritime à l’Europe rhénane
Source : INSEE, population légale 2010
Enfin, étiré sur près de 400 km du Nord au Sud, l’espace régional agrège plusieurs identités territoriales
distinctes, et ne bénéficie donc pas d’une identité régionale unifiée et partagée par l’ensemble de ses habitants.
► Des dynamiques démographiques défavorables
Une dynamique démographique impactée par le solde migratoire…
Autant la région Champagne-Ardenne connaît des tendances démographiques plutôt stables, voire en léger
recul (-0,1% de sa population entre 1999 et 2011), autant à l’horizon 2040, si les tendances démographiques récentes perdurent, la Champagne-Ardenne pourrait voir sa population diminuer de 2 % par rapport
à 2007. Le nombre de Champardennais passerait alors de 1,339 M. Hab. en 2007 à 1,312 M Hab. en
2040. Ce recul s’explique par un solde migratoire défavorable (-0,4%) qui souligne l’enjeu d’attractivité
résidentielle du territoire.
Ces tendances touchent inégalement les territoires champardennais ; l’Aube, par exemple, connaît un
nouveau souffle démographique.
… et un vieillissement important de sa population
Parallèlement, la région connaît un vieillissement significatif de sa population, et tout particulièrement en
milieu rural : la part des moins de 20 ans est passée sous le seuil des 25%. Ce vieillissement fait émerger
de nouveaux enjeux pour la région en matière de préservation de l’autonomie et d’offre de services à la
personne adaptés.
► Une situation dégradée en termes d’emploi, qui nuit à l’attractivité de la région
Des destructions d’emplois préoccupantes
Le tissu économique régional rencontre des difficultés, à l’instar d’un grand nombre de territoires français,
et enregistre des destructions d’emplois, notamment industriels. Ces destructions d’emplois sont à mettre
en lien avec le caractère trop faiblement diversifié de l’économie, spécialisée dans des secteurs soumis à
une très forte concurrence internationale : l’enjeu de la diversification économique prend toute son ampleur
dans un contexte où les territoires les plus diversifiés ont affiché une meilleure résilience économique.
En corollaire, un chômage élevé
Sur le front de l’emploi, le taux de chômage a connu une augmentation significative. Cette augmentation
est d’autant plus forte pour les classes d’âge dont l’insertion professionnelle est la plus difficile (séniors
notamment).
Une mutation progressive du marché du travail local vers les services
Le marché du travail régional, face à la diminution de l’emploi industriel salarié, connaît structurellement une mutation à marche rapide vers le secteur des services aux entreprises notamment, même si la
progression s’est tassée au cours de la dernière décennie.
Taux de chômage
Évolution de l’emploi salarié par secteur
Source : Insee
Source : Insee
► Un tissu productif marqué par la présence d’une agriculture puissante et d’une industrie soumise à de
fortes pressions
Un poids significatif de l’agriculture
L’agriculture est surreprésentée dans l’économie régionale, avec près de deux fois plus d’emplois agricoles
qu’en moyenne en France. La région Champagne-Ardenne est la 2ème région agricole de France (60%
de la surface régionale), notamment grâce à ses productions à grande échelle (céréales, betteraves,
champagne…) et à ses productions nouvelles à fort potentiel (on peut citer par exemple le chanvre dont les
débouchés non-alimentaires sont nombreux).
L’agriculture et les agro-industries représentent 50 000 emplois sur le territoire (hors saisonniers), soit 6%
des emplois régionaux, et représente 15% de la valeur ajoutée régionale. L’appareil industriel régional est
puissant avec la présence de grands comptes et de grandes coopératives.
Une économie régionale fortement industrielle
La région est la 3ème région industrielle de France.
L’industrie tient effectivement une part significative dans l’économie régionale puisqu’elle représente près
de 19% de l’emploi et 10% des entreprises dans la région, contre respectivement 14% et 7% en France.
45,30%
36,80%
+ 4 points
par rapport au
niveau national
Un poids 2 fois
plus important
qu’en France
31,40% 30,50%
18,70%
14,30%
6,50% 6,90%
6,70%
3%
Agriculture
% = Poids de l’emploi par secteur d’activité
Industrie
Construction
Commerce,
transports,
services
Administration
publique,
enseignement,
santé, action sociale
Champagne-Ardenne
France
Source : INSSE - données CRCI - 2010
Néanmoins, l’industrie et en particulier les agro-industries sont peu présentes sur des fonctions à forte
valeur ajoutée : l’appareil industriel demeure très concentré sur la première transformation, et trop
faiblement sur les productions industrielles à plus forte valeur ajoutée.
Une place prépondérante des industries soumises à une très forte concurrence internationale
La métallurgie est un secteur historiquement prépondérant dans la région. Il constitue aujourd’hui encore le
1er secteur industriel de la région, avec 23% des effectifs de l’industrie régionale et un tissu dense de PME
régionales. Le secteur se caractérise par des synergies interfilières naissantes qui restent à développer
(ex. intégration TIC/électronique, fonctionnalisation…). Toutefois, des faiblesses structurelles comme la
faible attractivité des métiers ou la dépendance aux grands donneurs d’ordres de l’automobile, interrogent
la capacité de développement de ce secteur soumis à une forte concurrence internationale.
L’automobile constitue également un secteur historique du territoire. Il représente un poids important dans
l’emploi régional (il représente près de 6% de l’emploi salarié de l’industrie régionale). La région connaît
une forte concentration de sous-traitants de rangs 2 et 3. Toutefois, le secteur est fragile et a connu de fortes
diminutions de l’emploi ces dernières années (- 2 000 emplois en 4 ans).
Le secteur énergétique tient également un rôle important dans l’économie régionale. La région bénéficie en
effet de gisements énergétiques significatifs (éolien, méthanisation, bois énergie…), en lien avec le besoin de
diversification du mix énergétique. De nouvelles filières émergent sur le territoire, telles que la méthanisation (Biogaz Vallée) ou le démantèlement nucléaire (centrale de Chooz) mais doivent encore passer un
seuil critique pour stabiliser un développement à plus grande échelle. Toutefois, elles ne présentent pas un
potentiel significatif de création d’emplois (ex. maintenance éolienne…).
La logistique, avec 1 000 entreprises, emploie près de 17 000 personnes. Le développement soutenu de la
logistique fluviale et des investissements contribuent à améliorer la connectivité du territoire. La plateforme
logistique de Vatry constitue un atout à l’échelle de la région, même si son développement reste encore à
consolider. Toutefois, si la région se situe au cœur de grands flux logistiques, la forte concurrence des
autres grandes régions logistiques et la difficulté à fixer sur le territoire une partie de la richesse de ces flux
représentent de véritables défis pour l’avenir de la filière.
Le textile technique est également un secteur industriel important dans la région. Il représente le 7ème secteur
industriel régional avec 4 500 emplois. Le secteur a connu un repositionnement de la filière textile traditionnelle sur les textiles techniques à forte valeur ajoutée dans le domaine médical, des vêtements de protection...
Le secteur bénéficie d’une productivité et d’un taux de valeur ajoutée supérieurs à la moyenne nationale
ainsi que d’une forte visibilité à l’échelle nationale grâce à Maille 3D, une des 4 plateformes technologiques
de pointe en France. La filière reste cependant soumise à une très forte compétition internationale ; ses
effectifs ont été divisés par 2 entre 1990 et 2006. Néanmoins, cette filière est le témoin d’une montée en
gamme réussie, grâce à l’innovation et à l’attaque des marchés.
Des services, en particulier aux entreprises, encore peu développés sur le territoire
Du fait de la prépondérance de l’industrie et de l’agriculture dans l’économie régionale, l’économie champardennaise est relativement peu tertiarisée, et ce malgré le rattrapage récent. Elle accuse près de 10 points de
différence par rapport à la moyenne nationale pour la part des emplois tertiaires.
Les services aux entreprises sont en effet peu développés sur le territoire par rapport aux autres régions
françaises. L’absence de grande agglomération explique également en partie le moindre développement de
ce secteur.
Développement des services aux entreprises dans les régions françaises Source Ernst & Young
► Un territoire engagé dans une dynamique entrepreneuriale
Un « rattrapage » entrepreneurial en cours
La densité régionale de créations d’entreprise par rapport au nombre d’actifs est parmi les plus faibles à
l’échelle nationale.
Toutefois, depuis 2002, la Champagne-Ardenne a connu la 5e augmentation du nombre de créations
d’entreprises à l’échelle nationale (+62% en 6 ans3). Cette dynamique entrepreneuriale est largement
portée par l’auto-entrepreneuriat, qui représente 62% des créations d’entreprises. Elle est par ailleurs au
2e rang pour la création d’entreprises innovantes rapportée aux effectifs de recherche publics et privés
présents en Champagne-Ardenne4.
Un fort enjeu en matière de reprise d’entreprises
Si l’enjeu démographique est fort pour l’ensemble de la région, il l’est plus particulièrement pour les
dirigeants d’entreprises. En effet, entre 2007 et 2017, il est estimé que 16 000 dirigeants en âge de
prendre leur retraite fermeront ou cèderont leur entreprise5. L’accompagnement des repreneurs revêt ainsi
un caractère stratégique pour la pérennisation du tissu économique de proximité.
► Une économie qui « regarde et pense » international, en grande partie grâce au champagne
Une balance commerciale positive
Sur le plan du commerce extérieur, la région Champagne-Ardenne dispose d’un avantage comparatif fort.
La région est en effet la 15ème région exportatrice de France mais la 3ème pour le taux de couverture export/
import en 20126, alors qu’elle est située au 17e rang du classement des PIB régionaux. Sa balance
commerciale est excédentaire de +1,9 milliard. Les partenaires commerciaux de la région sont principalement européens. Cette dynamique est largement tirée par les exportations de champagne, qui représentent
plus de 25% des exportations.
Des investissements internationaux qui représentent une part importante de l’emploi industriel
La région bénéficie d’une bonne attractivité pour les investissements directs à l’étranger qui contribuent à
stimuler l’emploi régional. Les investissements étrangers tiennent une place significative dans l’emploi
industriel régional, avec 4 effectifs industriels sur 10 employés dans des entreprises à capitaux étrangers7.
La Champagne Ardenne demeure une terre privilégiée pour l’accueil d’investissements industriels.
► Une nouvelle dynamique pour les dépenses de R&D
Des efforts de R&D faibles, mais en augmentation
La région Champagne Ardenne accuse un certain retard en termes d’investissement dans la R&D. Sa part de
dépenses dédiées à la R&D dans le PIB régional demeure faible. Elle est ainsi au 20e rang du classement des
régions en termes de nombre de publications et de DIRD (Dépenses Intérieures en Recherche et
Développement)8.
3
INSEE - 4 STRATER, 2011 - 5 INSEE, 2007 - 6 Direction Régionale des Douanes, 2012 - 7 AFII - 8 URCA, 2006
Toutefois, la région a engagé une dynamique de
rattrapage en matière de R&D, en particulier avec l’appui
des acteurs de la recherche publique : la DIRD de ces
derniers est en constante progression depuis 2006, en
moyenne plus de 5% par an9. Par ailleurs, la région est au
5e rang national pour le plus fort taux d’enseignantschercheurs de nationalité étrangère10, ce qui souligne
son attractivité en termes d’excellence.
2 pôles de compétitivité à fort rayonnement qui concentrent
les projets de R&D
2 pôles de compétitivité jouent également un rôle moteur sur
le reste du tissu économique : le pôle Industries et Agro-ressources - IAR à dimension mondiale et le pôle
Materalia. Ils stimulent les capacités de R&D et contribuent au développement de la R&D via le recours aux
appels à projets. Leur caractère interrégional diminue toutefois quelque peu leur effet levier sur le territoire
champardennais.
En dehors de ces 2 pôles, les autres secteurs stratégiques régionaux sont peu structurés et manquent
d’appui technique (hormis quelques exceptions, par exemple la filière textile technique avec la plateforme
Maille 3D ou encore la Biogaz Vallée). L’enjeu de structuration et d’approche collective de l’innovation est
fondamental pour décupler les forces champardennaises : pour cette raison, le territoire régional s’inscrit
dans une logique de coopérations extra-régionales, notamment à travers les pôles de compétitivité, l’Institut
de recherche technologique (IRT), ou encore le Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES).
► Une
offre de formation et d’enseignement supérieur/recherche attractive, qui séduit des étudiants
extérieurs à la région mais ne les fixe pas sur le territoire
Une offre de formations variée et de qualité
La région bénéficie d’une offre de formation diversifiée et de qualité, répartie sur l’ensemble du territoire.
En effet, elle bénéficie de l’implantation récente de grandes écoles telles que Centrale et d’une antenne
de Science-Po Paris ; la création d’une promotion d’ingénieurs en alternance à Nogentech (UTT de Troyes)
contribue également à enrichir l’offre de formation.
Un autre atout différenciant réside dans le caractère pionnier de l’offre de formations diplômantes.
Les filières courtes, technologiques et professionnelles, restent majeures, et la densification de l’offre
de haut niveau doit répondre aux enjeux de développement du territoire régional. De même, l’attractivité
estudiantine doit constituer une priorité forte.
2 - LES MENACES ET OPPORTUNITÉS DU TERRITOIRE
Outre les tendances socio-économiques
constatées sur le territoire, la ChampagneArdenne est en parallèle soumise aux
évolutions des facteurs exogènes et
sociétaux qui impactent la politique
économique du territoire : allongement de la durée de vie, révolution
numérique, principe de précaution,
traçabilité, conjoncture internationale
incertaine… Ne pas tenir compte
des
évolutions
socio-économiques,
technologiques et environnementales
biaiserait la nature des défis à relever.
9
INSEE -
10
Ministère de la Recherche, 2010
► Economie : une mondialisation économique de plus en plus pressante
De nombreux constats pèsent sur la compétitivité de la France et par ricochet sur le territoire champardennais :
• la perte d’attractivité de la France qui voit la Grande Bretagne attirer 20 % des projets d’investissements
étrangers créateurs d’emplois en Europe en 2011 (17 % en France)
Répartition des projets d’investissements étrangers créateurs d’emplois en Europe
source AFII 2011
• la réduction de la taille moyenne des nouvelles implantations (ex : moyenne des Investissements
directs étrangers – IDE- de 70 à 40 emplois en 5 ans)
• le déficit en grands centres de décision et sièges internationaux
• le phénomène de désindustrialisation (16 % du PIB vs 22 % en moyenne européenne et 30 % en Allemagne)
• la chute des capacités exportatrices (déficit supérieur à 50 milliards d’€)
• une proportion d’entreprises de taille intermédiaire - ETI - insuffisante
► Environnement : vers un épuisement des ressources naturelle
La transition énergétique est en marche. En réponse aux modifications climatiques, qui semblent irréversibles,
et à la pression sur les ressources fossiles, le développement durable et l’achat responsable, créent une véritable
économie.
Le Ministère de l’écologie, de l’énergie et du développement durable a mené une étude sur les filières
industrielles stratégiques de la croissance verte en France. Les filières vertes en émergence présentes en
Champagne-Ardenne sont nombreuses.
Les filières industrielles stratégiques de la croissance verte en France
► Société : les secteurs les plus créateurs d’emplois à horizon 2030
Les services opérationnels et les prestations intellectuelles aux entreprises sont bien positionnés à côté des
services répondant aux besoins collectifs et d’aide à la personne. (source : centre d’analyse stratégique).
En parrallèle, une étude menée par Darès Analyses en 2012 positionne les métiers en lien avec l’action
sociale et la santé parmi les 10 métiers bénéficiant des plus importants volumes de créations d’emploi entre
2010 et 2020.
Ces prévisions sont en accord avec celles de la Champagne-Ardenne, compte tenu notamment du viellissement de sa population et de la faible tertiarisation de l’économie régionale,
Les 10 métiers bénéficiant des plus importants volumes de créations d’emploi entre 2010 et 2020
3 - LES ENJEUX MAJEURS À HORIZON 2020
Le diagnostic stratégique a recensé les menaces endogènes et exogènes qui pèsent ou vont peser sur le
développement économique de la Champagne-Ardenne. Pour y faire face, 8 grands enjeux ont été identifiés
à horizon 2020 :
Ces enjeux constituent les défis de demain, défis à partir desquels les orientations stratégiques ont été
définies.
Section 2 :
L’élaboration d’une stratégie
de développement à horizon 2020
Vers une stratégie sélective de développement : pour relever les 8 défis de
développement économique à horizon 2020, la Région Champagne-Ardenne a
balayé plusieurs scénarii pour n’en sélectionner que deux.
1 - LES ORIENTATIONS STRATÉGIQUES QUI ONT CONDUIT
AU CHOIX DES SCÉNARII DE DÉVELOPPEMENT
► Une ambition régionale résolument tournée vers la croissance de demain
Le territoire régional dispose de nombreux atouts sur lesquels construire la croissance économique durable
de demain. Ces forces doivent en faire une région d’ambition.
Sa position géographique, ses atouts territoriaux objectifs (ressources naturelles, disponibilités foncières,
qualité de vie…), ses savoir-faire industriels reconnus, des compétences en R&D qui s’enrichissent… sont
autant de briques constitutives d’un modèle de développement partagé et respectueux des territoires. Face
aux mutations socio-économiques fortes auxquelles le territoire est actuellement soumis, toute forme de
pessimisme ne saurait tenir. Il est plus que jamais nécessaire de transformer ces atouts en véritables
moteurs d’un développement économique et démographique pérenne.
La région doit entreprendre une série d’évolutions de fond de son tissu économique et opter pour des choix
gagnants.
► Faire le pari de l’industrie et de la diversification pour asseoir la croissance de demain
Face au repli démographique et aux destructions d’emplois, la Région et l’ensemble de ses partenaires
doivent se mobiliser afin d’enrayer les difficultés structurelles et renforcer la dynamique de croissance.
Pour ce faire, il est primordial, d’une part, de favoriser l’émergence d’activités tertiaires en lien avec les
atouts du territoire, et d’autre part, d’opérer une montée en gamme des bases économiques de quelques
filières industrielles clés offrant le plus fort potentiel de différenciation économique à forte valeur ajoutée.
Au premier rang desquelles, les agro-industries, le secteur de la métallurgie/matériaux, le secteur du textile
technique… comme figures de proue d’un modèle économique qui fait le pari d’une industrie à fort impact
positif sur le reste du tissu économique.
Pour réussir ce pari, la région doit également redynamiser son attractivité afin de fixer les entreprises et les
projets sur le territoire et d’attirer les ressources nécessaire à son développement économique.
► Une révolution énergétique qui doit être le carburant du modèle champardennais
Plus que tout autre territoire, la Champagne Ardenne, de par ses ressources et ses savoir-faire, est une
région « d’énergies ». L’ambition régionale se veut résolument écologique : la transition et la performance
énergétique sont inhérentes aux mutations économiques en cours. Maîtrise de l’énergie et compétitivité ne
vont plus l’un sans l’autre…
Engager encore plus fortement la mutation écologique de l’économie régionale constitue une ambition très
forte, avec la conviction d’un potentiel d’emplois très significatifs à moyen/long terme : par le
développement des énergies renouvelables grâce à l’ensemble des ressources naturelles, par le
renforcement de filières industrielles et servicielles de l’économie circulaire (déconstruction, recyclage…)
et par l’accroissement de la performance énergétique, parce que l’énergie la plus propre et la moins chère
devient chaque jour un peu plus celle que l’on ne consomme pas.
La région ne fait ainsi pas de l’environnement un simple « atout marketing » mais un véritable axe majeur
de son développement et une posture économique, avec la conviction d’un effet d’entraînement très fort
sur l’ensemble du tissu économique. En ce sens, la Région se fixe ainsi un objectif très fort d’exemplarité :
exemplaire dans la maîtrise de son énergie, exemplaire par la volonté d’en faire un axe majeur de son
développement. Ce n’est pas un hasard si la Champagne-Ardenne est la 1ère région en puissance éolienne
installée !
► Construire une région solidaire de tous et de tous ses territoires
Tout modèle de développement ne saurait être durable sans une volonté de respect de la diversité des
territoires et d’équilibre.
Les contrastes territoriaux champardennais constituent surtout des opportunités pour inventer des services
et une ingénierie collective innovante et insuffler des dynamiques territoriales nombreuses (circuits courts,
dynamiques entrepreneuriales, énergies…).
► Une ambition portée par 2 grands moteurs qui doivent structurer la dynamique d’une action territoriale
collective et collaborative
Face à ces défis et face au besoin, dans un contexte de compétition internationale croissante et de raréfaction
des ressources publiques, de diversification économique, la Région a formulé des choix et des paris très
marqués pour souligner son engagement à faire du modèle de croissance de demain un engagement collectif
pérenne et réussi. Voici les deux scénarii retenus :
scénario 1 = AXE 1 : s’appuyer sur les « pépites industrielles » (agro-industries, industries
de pointe…) pour favoriser le renforcement du tissu industriel régional et encourager la transition
écologique de l’économie champardennaise
scénario 2 = AXE 2 : diversifier l’économie de proximité en développant l’offre d’activités
tertiaires à la personne et aux entreprises, l’économie touristique et culturelle, l’ESS …
notamment en milieu rural
2 - DÉCLINAISON DES AXES DE DÉVELOPPEMENT
EN ACTIONS OPÉRATIONNELLES
Pour relever les paris que s’est fixés la Région Champagne-Ardenne, cette dernière s’est dotée d’une feuille
de route claire et détaillée, sous la forme d’un plan d’actions qui répond aux enjeux socio-économiques
aujourd’hui clairement identifiés pour le développement territorial à horizon 2020.
Outre les axes 1 et 2 précédemment identifiés, répondant aux enjeux stratégiques sectoriels, 4 enjeux
supplémentaires et complémentaires ont été proposés pour répondre aux chantiers transversaux
fonctionnels, soit 6 axes au total. Ces axes de développement ont ensuite été déclinés en actions
opérationnelles.
Section 3 :
Un plan d’actions
ambitieux et opérationnel
Le plan d’actions présenté ci-après reflète, tant dans sa construction que dans
son contenu, les priorités que s’est fixées la Région Champagne-Ardenne
Il constitue le produit d’une réflexion prospective :
• sans limite ni a priori pour être innovant face aux défis à relever
• sans concession sur la réalité du territoire, dans ses forces et ses points de faiblesse.
Cette feuille de route construit un ensemble d’orientations opérationnelles devant guider l’action de la
Région Champagne-Ardenne dans les prochaines années. Elle a ainsi été construite autour de plusieurs axes
forts qui fixent nos priorités stratégiques :
► 4 grands axes transversaux pour accompagner le territoire et le tissu économique dans ses évolutions
nécessaires
• Renforcer l’efficacité du pilotage et de la gouvernance (Chantier A)
• Améliorer le financement de tous les projets locaux et de tous les porteurs de projets (Chantier B)
• Accélérer la présence des PME champardennaises à l’international (Chantier C)
• Valoriser et promouvoir le territoire (Chantier D)
► 2 grands axes thématiques pour affirmer l’identité et la force économique de notre territoire :
• « Pépites industrielles », transition écologique (Axe 1)
• Economie de proximité, diversification du tissu rural (Axe 2)
6 chantiers ont été déclinés en 47 actions à entreprendre d’ici à 2020 par la
Région et/ou ses partenaires dont 13 ont été fléchées comme étant prioritaires avec une mise en œuvre la plus rapide possible.
Ces
Des chantiers issus du travail sur la stratégie 2020...
Nota bene : aucun chantier spécifique n’a été lancé sur les secteurs agricole, viticole et sylvicole dans cet
exercice de prospective. En effet, compte-tenu des spécificités de ces domaines et de leur poids dans
l’économie régionale (plus de 30% de la valeur ajoutée), ils seront rapidement traités à part, dans le
cadre de la stratégie dédiée à la gestion du 2ème pilier de la politique agricole commune pour la période
2014-2020.
1 - L’ARBORESCENCE DU PLAN D’ACTIONS
Le tableau ci-après correspont à l’arborescence du plan d’actions : il recense les 47 actions déclinées en
fonction des objectifs et enjeux identifiés.
Les 13 actions prioritaires, issues des chantiers transversaux et thématiques, sont traitées en violet et sont
détaillées individuellement.
Pour les 34 autres fiches actions, seuls les intitulés sont mentionnés.
2 - LES 4 ENJEUX TRANSVERSAUX (codifiés A, B, C et D)
Chantier transversal A :
Systématiser et renforcer la coopération entre acteurs privés et publics, associatifs, ESS, universitaires et repérer les chefs de file pour en assurer un pilotage efficace
► La Région, en tant que chef de file du développement économique régional, a un rôle essentiel à jouer
dans la promotion et la structuration des pratiques partenariales afin d’en augmenter l’effet levier. Le développement de réseaux efficaces, thématiques ou généralistes, via par exemple la création ou la structuration
de clubs ou de pôles territoriaux réunissant les acteurs économiques, s’inscrivent dans cette démarche.
Certains acteurs économiques pouvant aujourd’hui se trouver en marge de ces initiatives, doivent également
bénéficier de cette dynamique.
► Cette logique de réseau ne doit pas pour autant signifier la multiplication et l’empilement. Il est impératif
d’identifier les acteurs ayant un leadership légitime sur chaque problématique économique et de mettre en
ordre de marche l’ensemble des partenaires derrière ce leader, avec l’ambition de favoriser la transversalité
(dépasser le « faire seul ») et la clarification du « qui fait quoi » et « qui peut faire quoi » sur le territoire.
Chantier transversal B : améliorer le financement des projets locaux par une diversification des
sources de financement, permettant notamment de valoriser toutes les formes d’entrepreneuriat
► Dans un contexte économique de fortes tensions sur les ressources financières publiques et privées, les
acteurs du financement affichent une frilosité accrue et une sélectivité plus forte des projets les moins
risqués. Les porteurs de projet, notamment de petite taille, font par conséquent face à une raréfaction du
financement privé.
►
Afin de ne pas enrayer la dynamique entrepreneuriale à l’œuvre sur le territoire et de favoriser
l’émergence et le développement des projets à potentiel, il est nécessaire de sécuriser davantage les
financements en jouant sur la complémentarité des financeurs et des dispositifs.
► Parallèlement, les Français, pris dans la crainte d’un futur incertain, épargnent énormément mais restent
désireux d’investir dans des projets et des produits qui donnent du sens et de la valeur socio-économique à
cette épargne. Les ressources financières locales peuvent ainsi être davantage valorisées afin de contribuer à
l’émergence de projets porteurs de sens dans les territoires, quelles que puissent être d’ailleurs les formes
d’entrepreneuriat concernées. Et pour ce faire, les dispositifs se doivent d’être clairs, simples et mobilisés sur
les priorités. L’action publique doit ainsi maximiser son effet de levier.
►
De multiples solutions alternatives mobilisant l’épargne locale existent et doivent être soutenues, afin
d’accompagner dans toutes leurs phases, des projets viables et porteurs de sens.
Chantier transversal C : Accélérer la présence des PME champardennaises à l’international,
notamment dans les pays de proximité
► Le tissu économique régional bénéficie d’une présence et d’une visibilité internationale : la ChampagneArdenne est en effet la 3ème région française pour le taux de couverture, notamment en raison de sa
renommée pour l’exportation de productions agro-alimentaires comme le champagne.
► Toutefois, les PME régionales font trop peu souvent le « saut de l’international » : trop long, trop risqué,
trop incertain, coûteux... Pourtant, les acteurs publics locaux se sont mobilisés depuis longtemps pour
leur permettre de réduire ce risque et de faciliter leur expansion à l’international. Mais, si nombre de ces
dispositifs existent pour accompagner et soutenir, une véritable culture de l’international doit être davantage
diffusée dans le tissu économique local.
► En ce sens, et compte tenu du poids de l’Eurozone pour les entreprises du territoire, en particulier des
pays de proximité comme la Belgique ou l’Allemagne, l’international de proximité peut ainsi jouer un rôle
d’apprentissage pour des entreprises devant s’aguerrir aux contraintes du développement international, à
ses risques et à ses bénéfices.
►
Les entreprises doivent également chercher de nouveaux relais de croissance sur le grand export
(BRICS) et les pays moins touchés par la crise, grâce à la mise en place d’un dispositif d’accompagnement
spécifique (études de marchés, recherche de prospects, suivi commercial. export…).
► La localisation stratégique du territoire, à proximité de pays européens à fort pouvoir d’achat, constitue un
vrai atout sur lequel capitaliser, en développant les liens économiques avec ces pays (partenariats économiques,
exportations, échanges de services, innovation...). La Région doit par ailleurs encourager et structurer cette
dynamique en s’appuyant notamment sur l’ensemble des réseaux de coopération économique, politique et
culturelle.
►
Aujourd’hui, il est nécessaire d’engager collectivement ce pari de l’international, pour toutes les
entreprises champardennaises, pour en assurer leur croissance et leur compétitivité. L’ensemble des
partenaires de l’export, piloté par la Région, sont en train de mettre en place un Plan régional
d’internationalisation des entreprises souhaité par Nicole BRICQ, Ministre du commerce extérieur.
Chantier transversal D : Valoriser et promouvoir le territoire champardennais
► Dans un contexte de compétition entre territoires et de smart specialization telle que promue par l’Union
Européenne, il devient impératif pour le territoire d’être visible et reconnu en s’appuyant sur ses avantages
comparatifs.
►
Cette dynamique implique ainsi un engagement fort de l’ensemble des partenaires derrière une
promotion commune et unifiée du territoire, jalon indispensable dans un monde concurrentiel (la plupart
des Régions françaises ont développé une stratégie de promotion et de visibilité). Le territoire champardennais
ne dispose pas en revanche aujourd’hui d’une approche marketing unifiée, incarnée dans un outil comme
pourrait l’être une marque de territoire. A contrario, le territoire dispose d’un produit emblématique, connu
mondialement, qui symbolise le savoir-faire et l’excellence française : le Champagne.
►
Ce concept de smart specialization vise à obtenir une utilisation efficiente, efficace et optimisée des
investissements publics émanant des pays et régions qui cherchent à renforcer leurs capacités d’innovation, tout en concentrant leurs ressources (humaines et financières) dans un petit nombre de secteurs très
compétitifs, ceci afin d’améliorer leur croissance économique et leur prospérité.
3 - LES 2 GRANDS CHANTIERS SECTORIELS DÉCLINÉS
EN ACTIONS (codifiées 1.1.1 à 2.6.3)
Axe 1 : S’appuyer sur les « pépites industrielles » du territoire pour favoriser le
renforcement du tissu industriel régional et encourager la transition écologique
de l’économie champardennaise
►
La région Champagne-Ardenne est la 2ème région agricole de France (par la surface consacrée avec
60% de la surface régionale) et dispose, à ce titre, de ressources importantes lui conférant un avantage
comparatif. Sur cette base s’est construit une base industrielle puissante, notamment dans le secteur de
l’agro-alimentaire et maintenant des agro-énergies, et plus globalement des valorisations alimentaires et non
alimentaires de ces ressources.
►
Si le territoire a perdu des emplois industriels au cours des 20 dernières années, près d’un emploi sur
5 (19%) reste le fait du secteur industriel. Ainsi, l’industrie doit être un moteur puissant pour l’économie
champardennaise de demain, à condition de poursuivre et accélérer le renouvellement et le repositionnement stratégique de ses bases.
►
Ce renouvellement impose de capitaliser sur les atouts régionaux tout en cherchant sans cesse à les
dépasser ; de se positionner sur des filières porteuses et d’excellence ; et de valoriser les savoirs et les savoirfaire régionaux. En un mot, d’inventer l’industrie de demain.
►
Toutefois, cette transition ne saurait être efficace et pertinente, si elle n’était pas écologique pour
protéger les ressources, et économique pour faire gagner en compétitivité des industries soumises aux
mutations et fortement exposées à la compétition internationales. L’innovation et la formation des salariés
(à de nouvelles pratiques, à l’innovation, aux langues...) sont les clés de cette transition. Ainsi, réussir
cette transition impose à tous les acteurs de s’engager très fortement dans une démarche d’excellence, qui
se caractérise par ce double objectif : une forte compétitivité économique d’une part, et la poursuite de
l’excellence environnementale d’autre part.
►
Être compétitif ne signifie pas nécessairement être le « moins offrant » mais le « mieux offrant », en
apportant de la valeur ajoutée et de la valeur d’usage. Ainsi, être compétitif, c’est faire le pari d’apporter de
l’excellence et de l’innovation. C’est en ce sens que le tissu industriel champardennais doit s’engager sans
relâche, en mobilisant toutes les forces régionales.
Chantier sectoriel 1.1 :
Capitaliser sur les atouts du territoire (démonstrateurs industriels,
outils de R&D, entreprises innovantes, présences d’écoles…) pour renforcer la différenciation du tissu
économique régional sur les agro-matériaux et les biotechnologies industrielles
Chantier sectoriel 1.2 : Renforcer le leadership et l’excellence en matière d’agro-énergies
(biomasse, biogaz, biocarburants…) et d’énergies renouvelables
Chantier sectoriel 1.3 : Améliorer la sobriété énergétique et la performance environnementale
de l’économie champardennaise
Chantier sectoriel 1.4 : Accompagner l’émergence de quelques entreprises pépites dans le
secteur de la déconstruction et du recyclage, en lien notamment avec certains atouts du territoire
(matériel aéronautique, matériel ferroviaire, démantèlement nucléaire, dépollution des sols, D3E,
déchets BTP…)
Chantier sectoriel 1.5 : Conserver les savoir-faire du territoire et en assurer leur conversion et
leur adaptation aux enjeux économiques futurs, notamment dans le secteur industriel
Chantier sectoriel 1.6 : Favoriser l’émergence d’entreprises, dotées de vraies compétences en
lien avec certains domaines d’excellence et en lien avec la recherche régionale
Axe 2 : Diversifier l’économie de proximité en développant l’offre d’activités
tertiaires à la personne et aux entreprises, l’économie touristique et culturelle,
l’ESS... notamment en milieu rural
► Plus que toute autre région française, la Champagne-Ardenne est confrontée à un double phénomène qui
fragilise un territoire déjà très sensible : une destruction d’emplois alimentée par la désindustrialisation
tendancielle et la crise conjoncturelle d’une part, un recul démographique, notamment dans les zones
rurales, d’autre part. En outre, les secteurs agricoles et industriels connaissent de profondes mutations,
poussés par la mondialisation et la concurrence internationale.
►
Il est ainsi primordial pour l’avenir de la région de diversifier l’économie régionale, de diversifier son
portefeuille d’activités pour se construire une résilience économique lui permettant de mieux absorber les
chocs de conjoncture et de rebondir plus facilement.
► De plus, une meilleure diversification permet d’assurer une création de richesses et d’emplois pérennes
sur le territoire, et de se rendre plus attractifs aux yeux des décideurs économiques.
►
Par ailleurs, dans ce contexte de vieillissement prononcé de la population, d’émergence de nouvelles
attentes de la société (santé, environnement, qualité de vie…) et de nouveaux modes de consommation, de
nombreuses opportunités apparaissent afin de développer de nouvelles activités économiques sur le territoire : des opportunités d’affaires pour les entreprises mais également des opportunités d’emplois pour les
personnes, notamment pour les personnes en situation de chômage qui doivent être ainsi accompagnées
dans leur évolution et leur adaptation.
►
Cette diversification des activités doit s’appuyer sur la mobilisation des forces endogènes du territoire,
sur tous les territoires et en particulier dans les territoires ruraux et semi-ruraux : l’offre de services destinée aux habitants et aux entreprises de la région doit être développée, dans une logique de maintien de la
proximité ; de plus, les atouts culturels et naturels de la région doivent être mis en valeur afin de renforcer
l’attractivité touristique de la Champagne-Ardenne, trop peu mise en avant actuellement.
Chantier sectoriel 2.1 :
Développer l’offre de services de proximité en milieu rural,
notamment en proposant de nouvelles formes organisationnelles et économiques
Chantier sectoriel 2.2 : Développer et diffuser les nouveaux usages numériques, dans toutes
les entreprises et dans les territoires et s’appuyant sur les spécificités territoriales (ex. milieu rural,
personnes vulnérables…)
Chantier sectoriel 2.3 :
Développer et promouvoir le tourisme en s’appuyant sur l’offre
territoriale à forte valeur (patrimoine, patrimoine œnologique, offre nature…)
Chantier sectoriel 2.4 :
Valoriser la pluralité des formes d’entreprenariat et innover dans
l’ensemble des formes de développement économique des territoires (base résidentielle et base
productive)
Chantier sectoriel 2.5 :
Proposer un environnement de vie attractif permettant de fixer et
d’accueillir les personnes et les activités sur le territoire
Chantier sectoriel 2.6 :
Faire monter en gamme le tissu industriel par l’innovation
technologique, servicielle, sociale et organisationnelle
Conclusion
Fédérer pour mieux relever les défis de la
Champagne-Ardenne de demain
Vers la mise en œuvre de ces chantiers...
► Ce plan d’action constitue la traduction opérationnelle d’une ambition forte pour la Région ChampagneArdenne à horizon 2020.
►
Il ne saurait toutefois être parfaitement exhaustif, dans la mesure où il constitue une première étape
dans l’élaboration de la Stratégie de Développement Economique et d’Innovation de la Région ChampagneArdenne. D’autres dimensions impactent en effet fortement le développement économique régional, qui
devront faire l’objet d’un travail complémentaire : les relations interrégionales et transfrontalières, les
infrastructures de transport, l’innovation, etc…
► Il confirme un engagement important de la Région en faveur de certains écosystèmes économiques à fort
potentiel (valorisation des agro-ressources et des savoir-faire industriels, déploiement des éco-technologies
et des énergies renouvelables,..) tout en stimulant une économie tertiaire de proximité innovante tenant
compte du maintien des services publics en milieu rural. Cela assure une constance de l’action dans le
temps. Cette constance est nécessaire pour imprimer une véritable politique de développement économique
régional et produire des effets durables en faveur de la croissance.
► Il participe aussi du renouvellement de l’action régionale. Ces actions consacrent en effet des « modes de faire
», déjà en cours mais à poursuivre et approfondir. L’action collective, les partenariats et synergies entre
acteurs du développement économique s’imposent de plus en plus comme des facteurs clés de succès de
la stratégie. Ils reflètent une conviction forte selon laquelle la région Champagne-Ardenne ne parviendra à
relever ses défis qu’au travers d’une démarche qui mobilise les ressources, les idées et les compétences de
tous pour accompagner les entreprises et les territoires.
Ce plan d’action est à mettre en œuvre dans un cadre technique et financier à plusieurs échelles
• La programmation budgétaire du Conseil Régional pour 2014
• Les programmations pluriannuelles, notamment dans le cadre d’investissements lourds
• La nouvelle génération de programmes opérationnels européens 2014 – 2020 (FEDER, FSE,
FEADER...) dont les montants seront contraints
• Les moyens dont disposent les partenaires de la Région et leur évolution
► Ces actions nécessitent de se mettre collectivement en ordre de marche pour en assurer le succès opérationnel et concret. La Région engagera ainsi des discussions avec l’ensemble de ses partenaires concernant les
modalités opérationnelles (moyens techniques, financiers, humains) les plus pertinentes à engager. Et elle
prendra naturellement ses responsabilités.
Dès le lancement de cette réflexion, les élus et les services de la Région Champagne-Ardenne étaient conscients
de la nécessité que tous les chantiers à mettre en œuvre soient engagés rapidement avec l’ensemble des
partenaires du territoire.
Dans un souci d’efficacité et de proximité vis-à-vis des bénéficiaires et des concitoyens, chacune de ces
orientations laisse aujourd’hui la place à la discussion et au débat sur les modalités précises de mise en
œuvre. La Région prendra naturellement sa part de responsabilité aux côtés de ses partenaires territoriaux et
économiques. En effet, la Région ne saurait rester seule face à ces défis.
Ces orientations appellent donc à la mobilisation pleine et entière de tous, en particulier sur les actions
prioritaires, pour que les développements d’avenir deviennent réalité.
C’est donc dans un esprit d’optimisme et de ténacité que ce plan d’actions doit être conduit à l’horizon
2020.
Les défis que la Champagne-Ardenne doit relever constituent en effet autant de challenges qui imposent
à l’ensemble des acteurs – y compris la Région - d’agir encore plus efficacement et collectivement pour
traduire l’ensemble de ces priorités en bénéfices concrets. Réactivité, faculté d’adaptation et innovation
seront les clés du succès d’une croissance durable.
Il reste beaucoup à construire….
C’est en ce sens que la Région Champagne-Ardenne affiche une
volonté forte pour porter
un engagement collectif vers un modèle de développement qui réponde aux nécessités du territoire.
Glossaire
Direction du développement économique
5, rue de Jéricho - CS70441 - 51037 Châlons-en-Champagne Cedex
Tél. : 03 26 70 31 31 - Fax : 03 26 70 88 99
www.cr-champagne-ardenne.fr
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