Au final, les défrichements, combinés à l’apparition
de la charrue au 10e siècle, modifient profondément
le paysage au point qu’à la veille de la Révolution
française, la forêt bourguignonne ne couvre
plus que la moitié de sa surface actuelle. Pour
lutter contre la pénurie de bois et mettre de l’ordre
dans la gestion forestière, Colbert rédige, en 1669,
l’ordonnance sur le fait des eaux et forêts réglemen-
tant les droits d’usage et la chasse.
Au début du 19e siècle, la refondation de l’admi-
nistration des Eaux et Forêts moderne et la pro-
mulgation du code forestier contribuent progres-
sivement à la restauration de la forêt. De grands
chantiers de reboisement (Sologne, Landes de
Gascogne, Fontainebleau) sont alors organisés
et aboutissent à la plantation de près de 4 mil-
lions d’ha en France. L’apparition du charbon, qui
va se substituer au bois au cours de la révolution
industrielle, va également fortement contribuer à
la croissance de la surface forestière. Aussi, au len-
demain de la seconde guerre mondiale, la création
du Fonds forestier national intensifie le reboise-
ment du pays notamment en vue d’approvisionner
en bois l’industrie papetière et le secteur du bâti-
ment. De nombreuses terres agricoles vont alors
être reboisées en Bourgogne. Les plantations de
résineux dans le Morvan (45 % de la forêt morvan-
delle) et de peupliers dans les vallées de la Saône et
de l’Yonne (1 % de la surface forestière) en sont les
plus manifestes.
Un espace planifié et géré
Le bois est la principale ressource renouvelable
de la forêt. Chaque année, dans une forêt donnée,
le volume de bois s’accroît naturellement. Si l’on
prélève plus que cet accroissement annuel, le
capital bois de la forêt diminue. Si on prélève
moins, le capital augmente. C’est ce qui se passe
en Bourgogne, comme en France, depuis la fin
de la seconde guerre mondiale : la récolte de
bois ne représente que deux tiers de l’accroisse-
ment annuel, le capital en bois augmente donc
chaque année. Pour gérer et exploiter au mieux ce
capital et éviter les coupes anarchiques et domma-
geables pour le milieu, les sylviculteurs des forêts
publiques et privées doivent respecter certains
principes de gestion sylvicole durable. Ceux-ci
sont issus de la politique forestière nationale qui se
décline en orientations régionales. Ces dernières
donnent lieu, à leur tour, à un niveau plus opéra-
tionnel, à l’élaboration de documents de gestion
durable des forêts (schéma régional d’aménaga-
ment, schéma régional de gestion sylvicole, etc.) .
Des modes de gestion adaptés à la
demande
Les forestiers développent des modes de ges-
tion de la forêt pour adapter l’offre de bois à la
demande. Ils procèdent à des choix particuliè-
rement difficiles en raison de la lenteur de crois-
sance des arbres et de nombreuses incertitudes
(variation de la demande dans le temps). Ces
choix dépendent des caractéristiques écologiques
de chaque milieu forestier (climat, relief, géologie,
sol et végétation naturelle) ; par exemple, dans les
terrains pentus, le traitement en futaie régulière
apparaît peu adapté car il nécessite, au moment de
la récolte, de couper l’ensemble des arbres d’une
parcelle, ce qui peut favoriser l’érosion du sol. Au
début du 20e siècle, de nombreuses forêts étaient
gérées en taillis sous futaie afin de produire du bois
d’œuvre dans la futaie et du bois de chauffage dans
le taillis. Puis, le développement du chauffage au
charbon, suivi du gaz, du fioul et de l’électricité,
a fait sensiblement baisser la demande en bois
de feu. Les sylviculteurs, encouragés par les dif-
férentes politiques forestières de l’après-guerre,
ont alors privilégié la futaie régulière qui produit
plus de bois d’œuvre. Ainsi, même si le taillis sous
futaie domine actuellement en Bourgogne, occu-
pant deux tiers des surfaces, les plantations rési-
neuses et près de la moitié des forêts domaniales
sont actuellement traitées en futaies régulières.
Avec l’amélioration récente de la connaissance
sur les stations forestières, de nouvelles pers-
pectives s’ouvrent aux sylviculteurs. Certains
d’entre eux commencent à développer, depuis les
années 2000, le traitement en futaie irrégulière,
un mode de traitement qui permet de répondre
à de multiples enjeux économiques, sociaux
et environnementaux tels
que la réduction des coûts
d’investissement et du sacri-
fice d’exploitabilité *, l’adap-
tation au changement cli-
Définitions
Taillis : partie d’un bois où les arbres sont très
petits.
Futaie régulière : peuplement dont la majorité
des arbres a le même âge.
Taillis sous futaie irrégulière : type d’aménage-
ment forestier qui mélange le régime de futaie
et de taillis.
repères n° 59 - La forêt, un patrimoine pour l’avenir - décembre 2011 5
L’exploitation des forêts pour la
récolte de bois n’est pas sans effet
sur l’écosystème forestier. Elle peut
avoir un impact négatif comme dans
les cas de circulation des engins dans
les cloisonnements, de débardage
en période humide sur sols fragiles,
de comblement de sources…
Elle peut en revanche avoir des
effets positifs comme par exemple
à travers des éclaircissements
raisonnés qui favorisent la
régénération naturelle et le
développement d’espèces végétales
et animales de milieux ouverts ; de
même, le maintien d’arbres morts
est propice aux décomposeurs et à
certaines espèces d’oiseaux comme
les pics.
© ONF
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