n PUBLICATION «L’excès Magazine» prend l’encre V Aline Fragnoli aime écrire, Eva Kurt immortaliser les artistes sur scène. Toutes deux rêvaient de lancer leur propre magazine dédié à la musique. V La récompense du Prix jeunesse du Jura 2012 est venue comme un encouragement et leur a permis de disposer du pécule nécessaire pour se lancer. V La première fournée de «L’excès Magazine» arrive toute chaude cette fin de semaine, avec une tournée de livraisons spéciales à travers le canton. Look de jeunes filles en fleur dans le vent. Aline Fragnoli et Eva Kurt, à même pas vingt ans, lancent leur magazine. La première (19 ans) habite Lajoux et est passionnée d’écriture. La seconde (17 ans) vient de Delémont et pratique la photographie en autodidacte. Elles partagent une passion: la musique. Des amis les mettent en contact sur un réseau social. C’est ainsi que naît L’excès Magazine. «C’est une des nombreuses idées folles d’Aline», lance dans un éclat de rire Eva. Le Prix jeunesse du Jura s’est présenté comme une opportunité pour démarrer un projet encore fou à ce stade. Elles empochent les 5000 francs du prix: un bas de laine pour lancer un premier tirage…et a priori assez pour un second qui pourrait arriver à l’automne. Avant de devoir songer à la rentabilité d’un tirage papier qui passe inévitablement par une ouverture aux annonces de publicité ou alors à un prix renchéri de la vente au numé- Aline Fragnoli, à gauche, et Eva Kurt, les jeunes éditrices de «L’excès Magazine» qui sort tout juste de presse. PHOTO ROGER MEIER ro. Le magazine coûte aujourd’hui un peu plus d’une tune. Artistes régionaux Cette nouvelle publication fait la part belle à la musique, en particulier aux artistes régionaux. Trois groupes indigènes sont mis en évidence dans ce premier opus, Dramatic Sex Foundation, The Clive et Essex Groove. Et pour les mettre en valeur, rien de tel que des présentations de grands noms fédérateurs, estiment les jeunes filles: Orelsan, Danakil, Caravan Palace ou encore Dj Basto dans ce numéro initial. «On a présenté des artistes qu’on écoute», explique Aline Fragnoli. Elle est plutôt pop et hip-hop. Sa compère davantage versée vers le rock voire le métal. L’excès Magazine, où sontelles allées chercher ce nom? «On n’aime pas se contenter de la norme», martèle Eva. «C’est aussi un nom court, simple à retenir», ajoute Aline. Une petite dizaine de contributeurs en herbe alimente les colonnes de cette nouvelle publication en format A4 tirée pour ce ballon d’essai à 500 exemplaires. Alors que la majorité des titres de médias effectue une transition de leur contenu sur support numérique, les jeunes éditrices misent sur la formule papier. «Publier notre magazine en ligne aurait été la solution Z», affirme Eva, pour dire une solution de dernier recours. Toutes deux sont excitées à l’idée de présenter leur bébé au grand public. Elles battront le pavé cette fin de semaine et la suivante dans les trois chefs-lieux du canton pour une vente plutôt originale à la criée (plus de détails sur le passage de la caravane annoncée bigarrée: lexces-magazine.ch). «Sinon on tapissera nos chambres» Elles sont aussi un brin fébriles. Aline dit d’un ton assuré ne pas redouter le flop, mais davantage le jugement de ses amis proches. «Si on ne les vend pas tous, on tapissera nos chambres», lance Eva. Numéro collector d’un magazine appelé à grandir et à s’installer durablement dans le paysage médiatique ou souvenir de jeunesse placardé? L’essentiel, pour elles, n’est-il pas d’avoir vécu leur rêve? JACQUES CHAPATTE