RECUPERATION D’HORLOGE TOUT OPTIQUE ET REMISE EN FORME D’IMPULSIONS DANS UNE CAVITE LASER FIBREE UTILISANT UN AMPLIFICATEUR OPTIQUE A SEMI-CONDUCTEURS Arnaud Fernandez1, Lu Chao2, Jacques W. D. Chi1 1 2 ENIB, laboratoire R.E.S.O, C.S. 73862, 29238 Brest CEDEX 3 France Université Polytechnique de Hong-Kong, département E.I.E, Kowloon, Hong-Kong [email protected] RESUME Nous présentons un dispositif tout optique, capable de récupérer de manière continue la fréquence d’horloge d’un signal retour zéro (RZ) à un débit compris entre 10GHZ et 12.5GHz. Le signal d’horloge récupéré s’avère être Gaussien de largeur mi-hauteur ~13ps, doté d’un faible jitter temporel ~200fs et quasiment libre de tout chirp. Pour ce faire nous avons inséré dans la cavité une fibre à compensation de dispersion (DCF) dans le but d’éliminer le chirp et l’asymétrie engendrés par l’amplificateur optique à semi-conducteurs (SOA). De plus cette configuration en anneau, SOA+DCF, nous permet de récupérer l’horloge sur une plage de 40nm correspondant à la bande passante du SOA. MOTS-CLEFS : récupération d’horloge ; blocage de modes actif ; fibre à compensation de dispersion ; amplificateur optique à semi-conducteurs. 1. INTRODUCTION La récupération d’horloge tout optique (OCR) est l’une des fonctions les plus importantes requises pour la régénération 3R dans les réseaux à multiplexage en longueur d’onde (WDM) et à multiplexage temporel (TDM). De plus, le développement de systèmes de transmission fibrée à haut débit, au-delà de 10Gb/s, confirme l’OCR être un composant clé pour extraire l’information d’horloge d’un signal optique de données. Cependant les signaux d’horloge sont rarement dénués de chirp, limitant ainsi leurs performances lors de l’utilisation dans les systèmes de démultiplexage optique TDM [1]. Dans le but de réduire le chirp de l’impulsion causé par le SOA et de récupérer l’horloge quelque soit le taux de répétition des données entrantes, nous proposons une technique d’OCR basée sur la gestion de la dispersion. Le choix de la dispersion de la cavité laser, par l’intermédiaire d’un échantillon de DCF de longueur préalablement définie, confère à ce système la capacité de s’auto synchroniser au flux de données entrantes, de plus la DCF compense une large partie du chirp suite à l’amplification dans le SOA et remet en forme l’impulsion avant sa ré amplification. En prime, les impulsions générées demeurent insensibles aux fluctuations de paramètres comme la variation de la polarisation. 2. DISPOSITIF EXPERIMENTAL Le dispositif expérimental est illustré par la figure Fig.1, il comprend un SOA de 28dB de gain petit signal pour un courant de polarisation de 290mA, la durée de vie des porteurs est de 13ps. Deux isolateurs assurent la propagation unidirectionnelle du signal avant et après le SOA, la dispersion dans la cavité est assurée par un tronçon de fibre DCF de 192m de dispersion D=-139ps/nm/km, le reste de la cavité est composé de fibre SMF de dispersion D=16ps/nm/km. La dispersion totale de la cavité s’élève à -26. 3ps/nm réduisant de manière significative la différence de vitesse de groupe entre longueurs d’onde voisines sur une plage de quelques nm. Un filtre passe bande de bande passante 6nm est employé pour sélectionner la fenêtre spectrale dans laquelle nous désirons récupérer l’horloge. La longueur totale de la cavité est de 211m, correspondant à une fréquence fondamentale de 0.87MHz. Les données pseudo aléatoires (PRBS) du signal RZ sont issues de la mise en cascade de deux modulateurs d’amplitude LiNbO3. générateur PRBS 1.55µm laser CW AM PC Générateur de signal RF PC PC 192m DCF AM EDFA Circulateur Isolateur Filtre 6 nm 1 2 SOA 3 Coupleur 20:80 DL Sortie Isolateur FIG. 1 : Le montage OCR: P.C, contrôleur de polarisation; A.M, modulateur d’amplitude; D.L, ligne à retard; DCF, Fibre a Compensation de Dispersion. 3. RESULTATS ET INTERPRETATION Dans la figure Fig.2, nous montrons les profils temporels et spectraux sans (Fig.2a et 2.b) et avec (Fig.2c et 2.d) l’échantillon de DCF, mesurés respectivement avec un oscilloscope optique à échantillonnage de bande passante 500GHz (OSO, Ando AQ7750) et un analyseur de spectre complexe (OSCA, Apex 2440A). Ces appareils nous permettent d’obtenir une mesure directe et réaliste des propriétés temporelles et du chirp des grandeurs mesurées. FIG. 2 : Horloge récupérée à 10GHz (a) Forme temporelle sans la DCF et chirp associé (points) avec une estimation grossière (trait point), le spectre correspondant (b) a une largeur mi-hauteur de 0.7nm (c) Forme temporelle avec une DCF et chirp correspondant (points), spectre correspondant (d) a une largeur mi-hauteur de 0.3nm, respectivement en bonne adéquation avec une fonction gaussienne (triangle) Sans DCF, il n’y a pas de compensation du chirp induit par l’auto modulation de phase dans le SOA. L’asymétrie observée respectivement sur les profils temporels et spectraux témoignent de la non linéarité apportée par le SOA [2]. Le produit DfDt=1.4 en l’absence de compensation. Notons que dans ce cas le chirp est négatif et peut être approché par une droite décroissante en tiret point (Fig.2a), justifiant l’emploi d’une fibre DCF. En effet dans une telle fibre la partie basse fréquence “rouge“ du spectre de l’impulsion va se propager plus vite que sa partie haute fréquence “bleue“, permettant au long front descendant de l’impulsion de “rattraper“ le front montant. Cette représentation physique est confirmée dans les figures, Fig.2c et Fig.2d où l’horloge récupérée a été obtenue avec 192m de DCF. Les impulsions ont une largeur mi-hauteur de 12ps et un produit DfDt=0.45, très proche d’une Gaussienne limitée par la transformation. La forte dispersion apportée par la DCF permet l’OCR de manière continue et auto synchronisée avec des données PRBS de 10GHz jusqu’à 12.5GHz. Dans la figure Fig.3, nous montrons comment une faible variation du débit PRBS entraîne un décalage de la porteuse de l’horloge récupérée, comme l’ont déjà présenté Tamura et al. [3]. Cependant, cette synchronisation ne peut subsister de manière continue, que si la bande passante du filtre optique est supérieure au saut d’une harmonique du laser (N) à une harmonique voisine (N+1), soit un décalage en longueur d’onde δλ max =3.9nm. N N+1 N+2 δλmax FIG. 3 : Longueur d’onde de l’horloge récupérée correspondant aux fluctuations du débit des données PRBS entrantes autour de 12.5GHz Avec une fréquence fondamentale de 0.87MHz, le saut en longueur d’onde entre l’harmonique N et N+1 est Δl=3.9nm, bien inférieur à la largeur du filtre optique. Notons qu’avec une fibre conventionnelle (SMF) la variation de la porteuse en fonction de la fréquence de répétition aurait été de -35 [nm/MHz], compromettant toute flexibilité de l’OCR. CONCLUSION Nous avons démontré qu’une DCF placée dans la cavité offre non seulement une horloge robuste et auto synchronisée de 10GHz à 12.5GHz, mais aussi la possibilité de remettre en forme les impulsions par la gestion intra cavité de la dispersion. Les impulsions d’horloge ont pu être observées directement par un oscilloscope rapide, et ont montré être Gaussiennes limitées par la diffraction avec~13ps FWHM et ~9mW de puissance pic, à des fréquences couvrant la bande C. Des investigations à des débits plus élevés et avec des impulsions plus courtes sont envisagées. RÉFÉRENCES [1] T Sakamoto et al, “polarization insensitive all-optical time division demultiplexing using Four-Wave mixer with a peak holding optical phase locked loop”, IEEE Photon. Technol. Lett., vol. 16, pp. 563-565, Feb 2004. [2] G.P. Agrawal and N.A. Olsson, “Self-phase modulation and spectral broadening of optical pulses in semiconductor laser amplifiers”, IEEE J. Quantum Electron., vol. 25, pp. 2297-2306, Nov. 1989. [3] K. Tamura, M. Nakazawa, “Dispersion tuned harmonically mode-locked fiber ring laser for selfsynchronization to an external clock”, Opt. Lett., vol. 21, n. 24, pp. 1984-1986, 1996.