INTRODUCTION A LA PETROLOGIE Géologie En minéralogie, on observe les roches sous deux aspects principaux : - l'aspect cristallochimique - l'aspect cristallographique Cet assemblage n'est pas aléatoire mais spécifique selon la stéréochimie des atomes formant des minéraux. Géodynamique : les roches ne sont pas déposées aléatoirement sur la surface terrestre (Ex : province,…). Au sein de l'écorce terrestre, nous étudierons les phénomènes magmatiques (pétrologie endogène) La pétrologie c'est l'étude des roches, de leur composition, de leur nature et de la façon dont elles se mettent en place dans la croûte terrestre. Il faut considérer les roches comme des indices pour retracer l'histoire de la terre. En regroupant les différents indices, on va pouvoir préciser la vision de l'histoire de la terre. I) Les grands types de roches. A) Classification des roches. La classification des roches la plus classique se base sur leur genèse c'est à dire d'où elles viennent. Il existe 3 types de roches : - les roches sédimentaires : qui sont des produits de toutes l'altération de toutes les autres roches : les roches mères. Elles représentent en 5 et 8% des matériaux de l'écorce terrestre. - les roches magmatiques, qui sont le produit de la cristallisation d'un bain silicaté appelé magma. Ils sont issus de la fusion partielle ou totale d'autres roches, appelées roches mères qui peuvent être situées aussi bien dans la croûte que dans le manteau. Il représente 65% des roches de la croûte terrestre. - les roches métamorphiques qui sont issus de la transformation d'autres roches sous l'influence de la température et/ou de la pression par changement de composition. Elles représentent 27% des roches de la croûte terrestre. Figure 1 : classification géochimique des roches (qui reste quand même une classification générale). Deux séries sont importantes : ¤ La série la plus représentée à plus de 85% des les reliefs continentaux : la série Sialferrique. ¤ Puis loin derrière la série calcimagnésique à 10% La séquence la mieux représentée dans la série Sialferrique est l'aluminoargileuse 52%. Puis quartzo feldspathique 30% Puis quartzitique 15%. B) Cycle (évolutif) des roches. Définition : Une altération est une désagrégation d'une roche sous l'influence des éléments météoritiques (température, pluies…). La diagenèse est une transformation peu intense des roches, qui conduit à une plus grande induration (cimentation, compaction, déshydratation...) L'anatexie, c'est le passage d'une roche de l'état solide à un magma par fusion partielle ou totale. II) La démarche en pétrologie. La démarche n'est pas la même si on a une roche endogène ou supergène ou déformée par métamorphose. A) Démarche en pétrologie du magmatisme. 1) La relation entre minéraux d'une même roche. La relation entre les minéraux précise la chronologie de formation de la roche. On fait appel d'abord à la notion de texture qui est la façon dont les minéraux sont en rapport les uns par rapport aux autres au niveau dimension, petit gros et rapport de forme. ¤ Texture grenue : structure macrocristalline (visible en lumière polarisée non analysée ou analysée) Les cristaux sont de tailles conséquentes (largement formés), ils ont une taille et une forme homogène. La cristallisation est totale. Tout cela traduit une cristallisation par un refroidissement lent en profondeur de la lithosphère terrestre (remontée par érosion). Cette texture est caractéristique des roches plutoniques. ¤ Texture microlitique (= matrice) porphyrique (= quelques gros cristaux) faites de quelques gros cristaux entourés d'une matrice finement cristallisée. Les cristaux ne sont pas de même nature, ils ont eu le temps de se cristalliser. Il y a eu expulsion du magma ce qui a empêché le développement des petits cristaux. Cette texture est caractéristique des roches volcaniques. ¤ Texture hyaline ou vitreuse ou hyaloporphyrique : il n'y a peu ou pas de cristaux visibles, la matrice est entièrement vitreuse. Donc il y a eu un refroidissement rapide. Cette texture est caractéristique de roches volcaniques "trempées" au contact de l'eau. 2) La composition chimique des roches magmatiques. La composition chimique va donner des indices pour connaître le contexte géodynamique de la roche. Figure 2 : Composition chimique et contexte géodynamique : Ces éléments ne sont pas repartis identiquement. Leur répartition dépend de leur lieu de formation. On prend comme indice leur respectives en Si, Fe, Mg... On fait des analyses chimiques beaucoup plus détaillées afin de placer ces roches dans des contextes géodynamiques plus détaillés. B) Démarche en pétrologie du métamorphisme. 1) Caractéristiques des roches métamorphiques. Ce sont des roches qui ont subi des transformations qui sont globalement de deux types : minéralogique d'une part et structurale d'autre part. Ex 1 : Monxogranite / Gneiss oeillé (? ortho gneiss) Ce sont des roches qui ont le même aspect global et la même composition minéralogique : quartz, orthose, biotite (noir) et quelques plagioclases. ==> Ces deux roches ont la même composition chimique. On doit donc admettre que ces roches entretiennent des relations de parenté. Le Gneiss est un Monxogranite qui a subit de simples transformations structurales. Le Monxogranite est une roche plutonique et le Gneiss oeillé est une ex roche magmatique métamorphisée. Pour une roche d'origine sédimentaire, on parlera d'ex roche sédimentaire : para…Pour une roche d'origine magmatique, on parlera d'ex roche magmatique : ortho… Ex 2 : Un gabbro / Une Eclogite : minéraux différents. Mais une composition chimique similaire. Figure 4 : Comparaison chimique gabbro et éclogite L'éclogite est un gabbro qui a subit des transformations structurales et minéralogiques. 2) Interprétation des transformations structurales : ¤ La schistosité est l'aptitude d'une roche à se débiter en feuillets qui ont tous la même composition minéralogique. Ex : l'ardoise : feuillets identiques très fins : La schistosité est le résultat conjoint d'une augmentation de la température et de contraintes perpendiculairement à la direction des feuillets. Ex : Micaschiste riche en mica avec contrainte orientée perpendiculairement à l'alignement des minéraux. ¤ La foliation est l'aptitude d'une roche à se débiter en feuillets mais de composition différente. Gneiss : Ex : Gneiss : présentant des lits clairs de quartz et orthose et des lits foncés de mica : biotite et muscovite (marron). Gneiss folié ¤ Mylonite : ce sont des structures témoignant d'un broyage assez important de la roche. Il existe 3 indices de broyage : - Quartz fracturé avec une extinction roulante (3 couleurs) - La présence de séricite : minéraux de transformation des cristaux alcalins. - Fracturations cassantes des plagioclases. Conclusion : Certaines roches métamorphiques présentent des alignements minéralogiques. Ils ne sont que des enregistrements des orientations des contraintes qu'elles ont reçues. 3) Chronologie des transformations minéralogiques. On va se baser sur la cristallisation et la déformation de microstructures de certains minéraux pour établir une chronologie relative. Toutes les roches métamorphiques présentent des indices de transformation qu'elles ont subi. a) Microstructure poecilitique : Formation progressive d'un cristal de storotide qui se réalise à partir d'un certain de nombre de "germes" cristallins qui se rejoignent pour former un mono cristal de storotide. Ce quartz interne à la storotide est chronologiquement plus vieux. Cette microstructure poecilitique témoigne d'un métamorphisme postérieur à la présence du quartz. Ex : Staurotide poecilitique : b) Microstructure hélicitique : (en forme d'escargot.) Ex : grenat Le quartz est inclus dans le grenat donc le quartz est donc plus vieux que le grenat. Grenat hélicitique: c) Quartz à extinction roulante: Il est fait d'au moins 20 parties de différentes couleurs selon l'axe d'extinction : extinction roulante. Le quartz ne se clive jamais. Sa structure ne fait que se déformer sous l'effet des contraintes. Cela est caractéristique d'un mécanisme de haute pression et basse température. Quartz " roulant " : d) Les ombres de pression : Ex : du grenat qui s'est mis en place dans une roche métamorphique avant l'épisode de déformation. On observe une orientation ordonnée des micas et autour des grenats du quartz qui vont se mettre en place par des zones d'ombres de pression, protégées par le gros cristal de grenat. Ombres de pression : Le grenat est antétectonique. Le quartz est syntectonique. 4) Localisation dans un domaine géologique. Il y a naissance de minéraux spécifiques au métamorphisme, qui n'existaient pas avant, se développant dans des domaines de température et de pression spécifiques : domaine de stabilité spécifique à chaque minéral. Ex : Gneiss à sillimanite : stable au dessus de 620°C. On peut utiliser des minéraux comme thermomètre et d'autres comme baromètre. On déterminera les conditions de pression et de température pour leur stabilité. III) Démarche en pétrologie sédimentaire. C'est la description qui étudie les processus d'altération et les conditions de transport des matériaux et les conditions de mise en place des " corps sédimentaires "et ceci sert à décrire des couches appelées " strates ". Ces corps sédimentaires décrivent une organisation spatio-temporelle. A) Le principe des causes actuelles d'uniformutarisme. - causes anciennes ou Principe Un des buts de la pétrologie sédimentaire est de reconstituer les milieux de dépôts (comme un policier essayerait de retracer le déroulement d'une histoire passée). Le présent est la clef pour comprendre le passé. Lyell Hutten 1830 : " Les anciens changements produits à la surface de la Terre sont dus à des causes analogues quant à leur nature et leur intensité à celle qui agissent de nos jours. " 1) L'uniformité des lois naturelles : On admet que les évènements se sont toujours produits de la même manière et avec la même intensité. Ce principe aborde l'uniformité des lois naturelles dans le temps et l'espace. Il s'agit d'un postulat (= " a priori "). 2) L'uniformité des processus : Les processus sont invoqués pour expliquer les transformations de la Terre dans le passé, sauf que pour certains évènements, il faut faire appel à des causes disparues ou d'Intensité affaiblie de nos jours. (Causes génératrices de la crise Crétacé Tertiaire). 3) L'uniformité de rythme : On parle souvent de gradualisme (sous principe de l'uniformutarisme) qui dit que les transformations sont supposées lentes, progressives et non cataclysmiques. (Mais ça n'exclu pas les séismes …etc...).En général, comme ils sont localisés, on suppose qu'ils ne peuvent pas se produire souvent à l'endroit étudié. Comme tout principe, ce principe d'uniformutarisme implique donc des limites : - L'existence de nombreuses roches, particulièrement abondantes dans les séries géologiques qui ne semblent plus exister de nos jours. Ex : La craie avec lits de silex. De nos jours, il ne se dépose plus de craie et donc plus de silex interstratifié. Ex : Les minerais de Fer oolithique (" petite sphère ") n'existent plus. Ex : La komatiite est une roche volcanique issue de fusions assez poussées, plus que celles qui ont lieu actuellement. - Le présent n'est pas représentatif de l'Ancien. Le quaternaire apparaît comme étant une période assez particulière, notamment en ce qui concerne l'alternance de phases glaciaires et interglaciaire. - On ne va pouvoir reconnaître dans l'Ancien que des choses que l'on connaît actuellement. On ne reconnaît des mécanismes physico-chimiques dans l'ancien que les mécanismes déjà connus à l'heure actuelle. Ex : les moraines consolidées : les tillites : il y a eu cimentation. Ex : Découverte des fumeurs noirs : Dans les années 60, on a trouvé de nouvelles sédimentations avec des dépôts particuliers et aujourd'hui, on en reconnaît des similaires ; mais avant 1960, on est passé à coté. - On ne va pouvoir comparer l'Actuel à l'Ancien qu'avec ce qui a été conservé de l'Ancien (transformation par la diagenèse, métamorphisme…) donc ces documents ne seront pas vraiment représentatifs des conditions réelles moyennes. - Il y a eu sur Terre des modifications irréversibles sur de nombreux plans : Apparition de nouveaux continents, d'importants changements de la composition de l'atmosphère, la plupart des milieux ont été colonisés par la vie, de nombreuses crises biologiques marquées par des extinctions massives d'espèces, l'évaluation de la distance Terre Lune n'a pas toujours été la même. Faune de Burgess : ==> A la base, l'uniformutarisme a été fondé par des géologues qui voulaient une évolution progressive. Aujourd'hui c'est devenu un dogme. En pétrologie sédimentaire on renforce ce concept d'uniformutarisme et on l'utilise comme outil de travail (on évite de la considérer comme un dogme). ==> On résonne en terme d'écologie des organismes, d'évolutions climatiques (générale ou locale), de circulations océaniques et de répartition des terres émergées ; qui ont changés et qui interdisent l'utilisation de ce principe comme un dogme. On ne peut donc pas se passer de ce principe, mais on va utiliser comme le présent c'est à dire comme une des clés du passé mais pas comme une réplique du passé. B) Notions de strates : Toutes les roches sédimentaires à toutes les époques géologiques vont être organisées en structures discontinues : les strates. Ex : Normandie : superposition d'unités de nature et d'épaisseur variable. Figure 5 : Les dispositions de strates : On a des unités de roches clairement définies par des limites. Si on observe des sédiments récents, non consolidés, encore " primaires ", on observe des variations assez nettes de la nature mais aussi de l'aspect des sédiments. Mais ces variations sont très progressives. A l'affleurement, les limites entre les différentes couches sont nettes. Pendant la diagenèse, les différences entre les différents dépôts sont exacerbées (tranchées). Les termes " Strates " et " bancs " sont synonymes, sauf que " banc " peut être utilisé qu'en cas d'observation à l'affleurement et non dans les carottes. Les bancs sont des strates dures qui donnent les reliefs. La strate est définie par ces surfaces limites et non par son épaisseur et sa nature. La strate est quelque chose d'actif, de dépôts sédimentaires mais le toit et le mur correspondent à des périodes totalement passives : absence de dépôt. Un joint est une interstrate qui donnera autant d'indices pour reconstituer les événements passés. Une strate est une unité de sédimentation. C) Terminologie pour description des affleurements sédimentaires. La couche est une mise à l'affleurement en relief des strates les plus résistantes à l'érosion, mais aussi à l'affleurement en creux des strates les moins résistantes. On a donc une dynamique liée aux conditions météorologiques en terme de comportement mécanique. Une barre est une unité constituée par une ou plusieurs couches particulièrement identifiables dans le paysage. Ex 1 : La barre tithonique dans les Alpes. C'est en fait un cœur anticlinal assez pincé. Ex 2 : La barre d'Urgonien. Les calcaires d'Urgoniens sont épais. (350 m de puissance) D) Les niveaux condensés : Epaisseur de sédiments faible (quelques cm) correspondant à une longue période temporelle d'après le contenu paléontologique. D'un point de vue minéralogique, ils ont le plus souvent des compositions particulières : (phosphatés ou encroûtement ferrugineux) qui sont des dépôts chimiques entre deux dépôts détritiques. E) Les niveaux fossilifères : On trouve des fossiles partout. On notera que les roches azoolites (c'est à dire sans fossile) sont rares. Il arrive que certains niveaux soient riches en fossiles et sont donc interprétés comme une accumulation mécanique des restes d'organismes. Ex : Chute de courants : Tout se dépose au même endroit. Ex : Parfois, on a des strates condensées purement biologiques où les fossiles forment l'unique apport sédimentaire. Une strate correspond à une unité de roche sédimentaire qui elle même correspond à l'enregistrement géologique d'une durée pendant laquelle toute les conditions de sédimentation étaient homogènes. Dans ces conditions, après consolidation par diagenèse, ces sédiments vont donner des roches sédimentaires à l'aspect homogène et distinct sous et subjacentes. Une strate n'implique jamais une épaisseur ou une roche particulière. C'est une durée de stabilité des conditions locales de dépôt. Ex : Une roche peut être une strate d'épaisseur nulle, " virtuelle ". Figure 8 : Du sédiment à la roche sédimentaire : F) Notion de Faciès : Cette notion est véritablement à la base de l'analyse sédimentologique. Le faciès d'une roche est l'ensemble de ses caractères lithologiques (on parlera de lithofaciès) et de ses contenus biologiques (on parlera de biofaciès.) Ex : Calcaire marneux à limnées : roche composée essentiellement de carbonates et d'argiles avec un biofaciès de limnées :( gastéropodes d'eau douce). C'est un microfaciès. Assez rapidement, la notion de faciès est devenue une notion " génétique ". Pour ce calcaire marneux à limnées, on parle de faciès lacustre (les gastéropodes proviennent des " lacs " d'où le nom) On part du principe que les limnées anciennes ont eu les mêmes exigences écologiques que celles actuelles. La notion peut aussi être élargie, pour désigner des types de sédimentation différents pour une même époque. Ex : Trias à faciès Alpin différent du Trias à faciès Germanique. G) Les constituants : Il en existe 2 types : ¤ Éléments figurés qui peuvent être des particules qui proviennent de la destruction d'anciennes roches. Ex : grés à ciment calcaire LPNA. On parle alors de fraction détritique (0 à100 %) ¤ Les Solutés qui en cristallisant vont donner des matrices, des ciments qui vont provenir de l'altération des continents ou d'un hydrothermalisme du dépôt : autrement dit, c'est la fraction chimique de la roche. Ex : grés à ciment calcaire LPA On estime à 3,5 le rapport (fraction détritique)/(fraction chimique). Conclusion : 1. Pour faire un bon pétrologue magmatique, il faut bien connaître les roches sédimentaires et métamorphiques, tout simplement car elles peuvent fondre pour donner naissance au magma tout en se mettant en place en s'encaissant. 2. Pour faire un bon pétrologue métamorphique, il faut bien connaître toutes les roches affectées par le métamorphisme c'est à dire les roches sédimentaires et magmatiques. 3. Pour être un bon pétrologue sédimentaire, il faut bien connaître les deux autres types de roches. 4. Quelle que soit la discipline, lorsqu'on veut décrire les paysages anciens pour les reconstituer, il faut pouvoir faire abstraction des déformations des phénomènes tectoniques postérieurs (Autrement dit être un bon tectonicien).