Par Vincent Albouy. Illustrations de Jean-Louis Verdier .
Les fourreaux des psychés
immédiat. C’est enfin une bonne
protection contre le mauvais temps
et les fluctuations de température.
La chenille se déplace grâce à ses
vraies pattes, très robustes. Les
quatre paires de fausses pattes,
munies de crochets, ne lui servent
qu’à s’accrocher solidement au
fourreau. Elle peut ainsi le tirer ou
le porter avec elle. Inquiétée, elle
fixe le fourreau au substrat avec
un peu de soie, puis se réfugie à
l’intérieur, obturant l’ouverture
avec ses pattes.
Les psychés broutent les algues,
les lichens et les mousses qui se
développent sur les troncs, les
pierres, les piquets, la végétation.
D’autres consomment les tissus
tendres de plantes supérieures
(Fig. 3), frais ou en décomposition.
À l’occasion elles peuvent agré-
menter le menu habituel de
quelques protéines animales,
quand un cadavre d’insecte se
trouve sur leur chemin.
La nymphose s’effectue dans le
fourreau solidement fixé sur un
support quelconque. Les mâles,
toujours ailés, en sortent par l’ex-
trémité arrière. La dépouille nym-
phale est en général visible, à moi-
tié dégagée du fourreau (Fig. 4).
Leurs pièces buccales sont atro-
phiées, comme celles de la fe-
melle, et ils ne se nourrissent pas
à l’état adulte. Leur durée de vie
n’étant que de quelques heures,
l’émergence des deux sexes est si-
multanée. Les mâles repèrent les
femelles à l’odeur, utilisant pour ce
faire leurs antennes très sensibles,
souvent plumeuses.
Dans la sous-famille des Taléphori-
nés, les femelles sont aptères mais
des crottes. Les adultes quitteront le
fourreau par ce trou.
Les chenilles s’attellent dès leur
naissance à la construction du
fourreau. Souvent, il est bâti avec
des fragments prélevés sur le four-
reau maternel. C’est un spectacle
amusant que ce petit troupeau de
fourreaux miniatures environnant
celui de la mère, et le copiant
presque à l’identique, si ce n’est la
taille (Fig. 2).
Un sac de soie filé par la chenille
constitue la structure du fourreau.
Ses dimensions internes sont
adaptées à la taille de la chenille.
Celle-ci doit pouvoir s’y étirer en
longueur sans en sortir. La largeur
doit être suffisante pour permettre
à l’animal de se retourner à l’inté-
rieur. Il agrandit donc son abri au
fur et à mesure de sa croissance.
Quelques espèces se contentent
de cet abri de soie simple. La plu-
part y agrègent des fragments et
débris végétaux, animaux ou mi-
néraux comme nous l’avons vu
plus haut. Les éléments sont très
soigneusement choisis par la che-
nille, qui en estime la dimension
et le volume avant de les fixer. Au
besoin, quand le matériau est
tendre, quelques coups de mandi-
bule rectifient l’encombrement.
Les fourreaux sont un élément de
protection précieux pour les che-
nilles dont seuls la tête et le thorax
sont sclérifiés. L’abdomen mou et
très vulnérable n’est pas exposé à
l’air libre. Le fourreau offre aussi
un camouflage relativement
efficace, le revêtement
étant toujours pré-
levé dans l’envi-
ronnement
Figure 1 -
Fourreau
hélicoïdal
d’Apteroma
helicoidella
Figure 2 - Fourreaux
de jeunes chenilles
fraîchement écloses de
Psyche casta entourant
le fourreau maternel.
Figure 3 - Chenille de Rebelia
herrichiella dans son fourreau
rongeant une feuille de fraisier
Insectes 10 n°135 - 2004 (4)
Le fourreau, typique de chaque es-
pèce, est construit de matériaux
divers, débris végétaux, brindilles, pe-
tits cailloux, terre, sable, et même dé-
bris animaux comme des coquilles
ou des fragments d’invertébrés
morts. La plupart sont droits et allon-
gés, mais certains adoptent des
formes plus originales, comme le
fourreau hélicoïdal, bâti en sable fin,
d’Apterona helicoidella, qui ressemble
à une coquille d’escargot (Fig. 1).
Si l’habillage est très varié, la struc-
ture est invariable. Le fourreau com-
porte toujours deux ouvertures, une
à chaque extrémité. Celle à l’avant,
par où passe la tête et le thorax de la
chenille, lui permet de se nourrir et
de se déplacer. C’est par cette ouver-
ture que la chenille fixe solidement
le fourreau à un support avant cha-
cune des cinq mues que réclame sa
croissance, et avant la nym-
phose. L’ouverture à l’ar-
rière sert durant toute
la vie larvaire à
l’évacuation