Conjoncture n° 243 – Janvier 2011
Conjoncture française
En France, le rythme de l’expansion au troisième
trimestre (1,2 % l’an) a été peu différent de celui de la
zone euro (1,4 %), mais cette croissance n’a fait que de
se rapprocher de son rythme tendanciel sans avoir
connu de véritable phénomène de rattrapage. Alors que
le gouvernement cherchait dès 2005 les réformes
structurelles indispensables pour accroître la croissance
potentielle de 2,2 % l’an à 3 %, il espère maintenant
atteindre les 2 % en 2011 ou 2012. La dynamique
allemande, qui tranche avec celle observée en France,
s’explique en partie par l’effet de rattrapage des
exportations et des investissements qui y sont liés.
En 2010, la France n’a pas réussi à redresser sa balance
commerciale et sa compétitivité à l’exportation. Le
déficit commercial reste stabilisé au niveau élevé de 48
milliards d’euros l’an. Le déficit des échanges de
produits énergétiques tend encore à s’alourdir. Si les
exportations de biens et services ont profité de la
reprise des échanges mondiaux, progressant de 19,4 %
en valeur sur un an, elles restent encore en retrait de
8 % par rapport à leur plus haut niveau d’avant–crise
au premier trimestre 2008. En comparaison,
l’Allemagne a entièrement rattrapé le terrain perdu.
2010200920082007200620052004200320022001
45000
40000
35000
30000
25000
C O M M E R C E E X T E R I E U R
E x p o r t a t i o n s
e n m i l l i o n s €
I m p o r t a t i o n s
Selon Coe-Rexecode, la part des exportations de la
France est tombée à un plus bas de 3,5 % en moyenne
sur les dix premiers mois contre 3,9 % en 2009. Par
rapport aux autres pays de la zone euro, la part baisse
également, tombant à 13,1 % au lieu de 13,5 % en
2009, notamment au profit de l’Allemagne.
Le travail, le capital et la productivité sont les
déterminants de la croissance potentielle. Or, si les
coûts horaires de la main d’œuvre en Europe
continuent de décélérer, le coût français a augmenté de
3,1 % sur la période été 2009 - été 2010. La hausse est
bien plus vive que celle observée en Allemagne où le
coût de la main d’œuvre n’a augmenté que de 0,5 %.
Selon des calculs, le coût horaire de la main d’œuvre
en France serait en moyenne de 33,9 euros au troisième
trimestre 2010, contre 28,2 pour la moyenne de la zone
euro et 30,1 en Allemagne.
L’absence de redressement des résultats des entreprises
distingue l’économie française de celle de l’ensemble
de la zone euro en dépit des enquêtes de l’INSEE ou de
la Banque de France qui annoncent une franche
amélioration de la situation de trésorerie des entreprises
industrielles. Alors que le taux d’autofinancement
ressort à plus de 92 % dans l’ensemble de la zone euro
au deuxième trimestre 2010, celui-ci a reculé à 60,4 %
au troisième trimestre en France. Il est plus faible
qu’en 2007, avant même l’entrée en récession. Il a en
revanche regagné plus de quinze points par rapport à
son niveau préalable à la récession pour les sociétés
non financières de la zone euro. La divergence
d’évolution des profits s’explique notamment par le
redressement de la masse salariale versée par les
sociétés non financières un peu plus rapide en France
que dans la zone euro Le potentiel d’accélération de
l’investissement productif apparaît ainsi réduit en
France relativement à la zone euro.
Cependant, l’amélioration des anticipations d’évolution
des effectifs formulées par les chefs d’entreprise
annonce la poursuite de la progression des effectifs
salariés marchands (+50 000 au premier semestre
2011) qui serait moins dynamique qu’en 2010.
Pourtant, les enquêtes réalisées par l’INSEE
poursuivent leur amélioration en ce qui concerne
l’activité industrielle, les services ou le bâtiment. La
production industrielle a augmenté de 6 % sur un an à
fin novembre.
20102009200820072006200520042003
120
110
100
90
80
P R O D U C T I O N I N D U S T R I E L L E ( h o r s B T P)
C V S 2 0 0 5 = 1 0 0
F r a n c e
A l l e m a g n e
Z o n e e u r o
La progression de la dépense des ménages a
probablement été permise par une réduction de leur
effort d’épargne fin 2010. Les achats de produits
manufacturés ont augmenté de 1,5 % sur un an en
novembre, mais de 16,5 % l’an sur les trois derniers
mois. Les revenus salariaux des ménages ont
quasiment stagné en 2010 (+1,8 %) vu que la hausse
des prix à la consommation a été de 1,8 % en
glissement et de 1,5 % en moyenne. Si des réserves
d’épargne demeurent, la poursuite de la dynamique de
la demande des ménages peinera à s’amplifier en
l’absence de nouvelle accélération des revenus
d’activité.
Si le contexte en 2011 ne devrait pas être très porteur
pour le crédit à la consommation dont l’encours n’a
connu qu’une progression de 2,2 % sur un an fin
novembre, il l’est beaucoup plus pour les prêts à
l’habitat dont l’encours a augmenté de 7,2 % sur un an
fin novembre et de 7,7 % l’an sur les trois derniers
mois. Le taux d’intérêt moyen appliqué aux nouveaux
crédits aux ménages reste bas (4,55% en novembre
2010 au lieu de 5,17 % il y a un an). La hausse des taux
des prêts immobiliers devrait être très progressive et
peu élevée courant 2011.